Petit mot de l'auteure : écrit pour l'anniversaire de Sophie Turner !

Jour 22 : Falaise

post saison 8


La falaise lui semble immense. Sansa sait pourtant qu'il n'en est rien ; tout d'abord, parce qu'il s'agit plus d'une cascade que d'une falaise, et qu'elle fait seulement huit mètres. Elle sait aussi que Yara ne l'y aurait pas emmenée si cela avait été dangereux. Mais voilà. Si son esprit arrive à être rationnel, son cœur, lui, est en panique, devant ce qui lui semble être un gouffre sans fin.

Elle a toujours eu peur des hauteurs. Enfant, à Winterfell, il lui suffisait de voir Bran escalader les murs du château pour avoir l'impression de mourir. Elle rejoignait alors sa mère, tâchant en vain de mettre un peu de plomb dans le crâne de son frère. Elle-même se tenait toujours loin de tout précipice, peu importe que le précipice en question ne soit qu'à deux mètres d'elle. Les Sept l'avaient faite avec le vertige, ainsi allait la vie.

Et pourtant, elle se trouve là, à huit mètres du sol. Elle n'a été aussi haut qu'une seule fois dans sa vie : lorsqu'elle était sur les remparts de Winterfell. À l'époque, elle s'était avancée puis avait sauté parce qu'il n'y avait aucune autre issue pour elle. Aujourd'hui, les choses sont différentes. Elle n'a plus rien à fuir. Personne ne l'oblige à sauter.

Elle pourrait faire demi-tour que cela ne ferait aucune différence.

Sauf peut-être pour elle. Parce que même si elle est devenue la reine Sansa, trônant sur le Royaume du Nord, héroïne de la grande Guerre, quand elle se regarde dans le miroir, elle ne voit toujours qu'une petite fille effrayée par ses démons. Et ça, c'est insoutenable. Elle doit faire quelque chose, quelque chose de grand, quelque chose qui lui prouve qu'elle n'est plus l'enfant faible et geignarde qu'elle a été.

Et pour ça, elle doit sauter.

Elle doit affronter sa peur, en ressortir vivante et grandie, et là, peut-être qu'elle pourra enfin se sentir puissante.

Mais là encore, son esprit et son cœur ne sont pas d'accord. Cet idiot de cœur qui bat au rythme de ses angoisses se refuse à faire tout mouvement. Très vite, son souffle la lâche aussi ; elle se sent suffoquer.

Puis, dans sa main, se pose une autre main.

- Tu n'es pas obligée de sauter, lui dit Yara.

- Si, murmura Sansa.

- D'accord. Alors tu n'es pas obligée de sauter toute seule.

La fer-née lui serra la main un peu plus fort pour marquer ses propos.

- Quoi qu'il arrive, je suis avec toi.

Sansa a la gorge trop nouée pour répondre quoi que ce soit. Affronter ses peurs seule est trop effrayant. Mais avec Yara... cela lui paraît être possible.

Alors elle hoche la tête.

Quand leurs pieds décollent, Sansa ne ressent plus aucune panique : elle sait que Yara sera là à l'atterrissage.