Mes petits chats,
Après quelques problèmes techniques avec la plateforme, je parviens enfin à publier la deuxième partie de "Asgard Luxury Cruises" dans laquelle Thor embarque à Miami pour les Caraïbes :)
En écrivant cette histoire, j'avais une idée assez vague du navire de croisière sur lequel notre héros allait naviguer. C'était avant de voir (et de lire dans la presse) début janvier, la mise à flot du Icon of the Seas, le dernier bateau de croisière de l'armateur Royal Carribean. Cela m'a tellement horrifié que j'ai fait des recherches encore plus drastiques pour tenter de créer mon propre navire de croisière. Je me suis donc inspirée notamment des compagnies Explora Journeys (la version luxe de la MSC) et de la compagnie du Ponant (armateur français). Vous trouverez sans peine des photos sur internet si vous souhaitez vous faire une idée.
Par ailleurs, tandis que j'avançais dans mon écriture (et ma relecture), j'ai dû faire quelques modifications dans la première partie déjà publiée pour être plus cohérente. Cela ne change pas vraiment le fond de l'intrigue mais sachez que : Thor habite une maison à Fort Lauderdale et plus un appartement, il a quarante-cinq ans (plus quarante-trois) et il a donc quinze ans de différence avec Aidan. Enfin, après étude de nombreux sites de croisiéristes, j'ai réévalué le prix de la croisière spéciale Saint-Valentin à douze mille dollars à la place de cinq mille. C'est plus en adéquation avec les prestations que j'imagine et la qualité du navire.
Enfin, je réponds ici à l'adorable review qui a été posté sur cette histoire.
Chère Guest Marry, un grand merci pour avoir pris le temps de me laisser ce commentaire. Merci pour tes remarques et ton enthousiasme, j'espère que la suite de "ALC" continuera à te plaire autant. Je n'habite pas aux Etats-Unis, je n'y ai même jamais mis les pieds mais je fais beaucoup de recherches, je me énormément dans les rues grâce à Google Maps pour être au plus près de la réalité et de l'atmosphère que je veux donner. J'attache beaucoup d'importance au réalisme et au caractère plausible de mes histoires, je suis contente de lire que tu y es sensible :) Au plaisir de te recroiser, chère Marry.
Pour les plus pressés, la suite c'est un peu plus en dessous. Pour les curieux, il y a quelques notes explicatives quelques lignes plus bas avant de commencer :)
Je vous souhaite une bonne lecture et vous retrouve bientôt,
ChatonLakmé
Le Coral Ridge Country Club est un club privé créé en 1954 à Fort Lauderdale dans le quartier de Coral Ridge. Il possède un très grand parcours de golf en centre-ville, une référence pour les amateurs dans le sud de la Floride ainsi que d'autres équipements sportifs haut de gamme (cours de tennis, piscine).
Un hôtel resort (ou resort) désigne un établissement luxueux, souvent de grande taille et qui offre des prestations haut de gamme avec un service complet. Il attire les touristes et une clientèle d'affaires.
Dans la mythologie nordique, le Naglfari (ou Nagflar) est le bateau qui conduira les forces du chaos au combat lors du Ragnarök (la fin du monde). Il est conduit par le géant Hrymr ou Loki selon les textes. La traduction littérale de son nom signifie « bateau des ongles » car il est construit à partir des ongles des morts.
L'Interstate 75 est une autoroute qui traverse la Floride du nord au sud.
Bono (de son vrai nom Paul David Hewson) est le célébrissime chanteur du groupe de rock irlandais U2, créé en 1976.
Le dodgeball est un sport collectif faisant s'affronter deux équipes dans une sorte de jeu de balle au prisonnier.
L'optimist est un petit voilier à voile unique, facilement dirigeable par une seule personne, conçu en 1947 pour l'usage des enfants. Il permet d'apprendre la voile et les régates.
Le go (ou jeu de go) est un jeu de société originaire de Chine mais très joué au Japon. Il se compose d'un plateau de jeu quadrillé à angles droits (le goban) et de pierres blanches et noires qu'il faut utiliser pour contrôler la plus grande partie du territoire de son adversaire. C'est le jeu de stratégie le plus ancien au monde.
Omega (fondée en Suisse en 1848), TAG Heuer (Suisse, 1860) et Breitling (Suisse, 1884) sont des marques de montres haut de gamme. Les deux dernières produisent notamment des modèles sportifs et techniques.
Les règles de scrabble sont simples. Une partie débute quand chaque joueur tire une lettre au hasard. Celui qui possède la lettre la plus proche du A est le premier à jouer. Il mélange alors les lettres restantes et en tire sept, suivi par les autres joueurs. À chaque tour, un joueur peut placer un mot sur le plateau, décider de passer son tour ou de se défausser d'une lettre qu'il échange avec une autre restée dans le sac. Tony et Loki ont modifié les règles pour augmenter le nombre de lettres qu'ils peuvent tirer et ainsi augmenter leur chance de pouvoir composer un mot.
Asgard Luxury Cruises
o0O0o o0O0o
Deuxième partie
Aidan a eu raison sur toute la ligne.
Il a visé et tiré en plein milieu de la cible.
Paf, carton plein.
Son ex connaît bien Odin et Freya, Thor les a présentés quand c'est devenu sérieux entre eux. C'était après leur emménagement ensemble dans sa maison à côté du Coral Ridge Country Club et leurs vacances à Rio de Janeiro pendant quinze jours dans un luxueux hôtel resort. Le châtain est un homme charmant, il a fait la conquête de Freya en commentant avec elle la dernière collection d'une marque de luxe de Miami. Son père a été plus circonspect, à la fois dubitatif devant leur quinze années de différence et les étranges baskets de marque de son ex. Une autre marque très tendance et conceptuelle. C'était un peu trop pour Odin.
Aidan les connaît très bien alors ce n'est pas une surprise quand, à sa proposition de partir dans les Caraïbes pendant douze jours, ses parents ont poliment refusé. La seule consolation de Thor est qu'il entend encore leur déception dans le combiné mais « Je suis désolé mon chéri, ton père traîne une infection pulmonaire depuis le début de l'année. Le Dr Costa a dit qu'il devait se ménager et s'il reste à la maison, je ne peux pas partir avec toi, tu comprends ? »
Oui, il comprend et il n'en veut pas à personne, exception faite à sa propre stupidité. Il n'a pas insisté en disant que l'air marin peut être très bon pour soigner des poumons un peu fragiles, les gens le faisaient déjà au XIXe siècle. Non, pas utile.
Thor n'a pas non plus tenté une demande de remboursement auprès du SAV de Asgard Luxury Cruises. Il a tellement relu les clauses du contrat qu'il pourrait les réciter par cœur.
« Cette croisière est une opération spéciale de la compagnie Asgard Luxury Cruise, menée du 3 au 15 septembre. À ce titre, elle ne peut faire l'objet d'aucune annulation ni remboursement. Toute modification de la commande (catégorie de cabine, dates de croisière, etc.) donnera lieu à un surcoût ne pouvant excéder vingt pour cent du montant total de la commande. Asgard Luxury Cruises se réserve le droit de… »
Le blond aurait pu repousser son départ, par exemple décider d'une croisière en Méditerranée pendant l'été pour être dépaysé et aller flâner sur une plage en Italie. Qui sait, il aurait peut-être pu y emmener quelqu'un.
Thor a fait de soigneux calculs. Cela lui aurait coûté près de deux mille dollars supplémentaires alors il a abandonné.
Donc, il a été courageux.
Il a envoyé balader Aidan et son air narquois, ses remarques mesquines et il a fait sa valise. Seul.
Thor a confié les clés de sa maison à sa voisine, Mrs Garcia, pour prendre soin des plantes vertes. Éventuellement, elle nourrira le chat de la maison à l'angle de la rue qui vient parfois quémander à sa fenêtre et qui adore les transats autour de la piscine.
Maintenant, le blond patiente dans la file d'attente réservée aux clients VIP, au terminal B de la marina de Miami, Floride.
Il fait vingt-quatre degrés, le ciel est très bleu et il attend son tour pour embarquer à bord du Naglfari, le fleuron de la flotte de ALC. Le navire est encore loin devant lui, à plusieurs centaines de mètres mais il est si énorme que Thor peut le contempler parfaitement à son aise depuis sa place.
Il est en train de suivre des yeux la ligne parfaite du pont supérieur et les courbes de la cheminée, quand quelqu'un heurte son dos.
Le blond tourne la tête.
Un couple est en train de se disputer à voix basse, penché l'un vers l'autre. Thor croit comprendre que l'homme, un jeune trentenaire avec de petites lunettes rondes, a envie d'uriner. Sa petite-amie refuse qu'il s'éloigne d'elle, la perspective d'entrer dans le Naglfari semble la terrifier.
— « Tu aurais dû y aller avant, quand on était encore au restaurant. »
— « Je n'avais pas envie à ce moment », siffle-t-il en remontant ses lunettes sur son nez. « Merde Clara, il y a des toilettes a à peine deux cents mètres du terminal. Nous sommes passés devant en arrivant. »
— « Je ne veux pas que tu partes ! Tu n'avais qu'à anticiper, tu fais la même chose quand on va au cinéma. C'est insupportable. Nous patientons déjà depuis plus de trente minutes, je ne veux pas perdre notre place dans la file d'attente et je ne veux pas monter sans toi. C'est une croisière de Saint-Valentin, les gens penseraient que je suis seule et c'est pathétique. Tu veux que les gens pensent que je suis pathétique ? »
Thor soupire doucement. Vive la croisière de l'amour.
Quand la jeune femme croise son regard, il ravale ses mots sur leur puérilité et lui sourit gentiment.
— « Prenez ma place si vous voulez, cela vous avancera un peu », propose-t-il gentiment. « … J'attends encore quelqu'un, je préfère rester à l'arrière. »
— « Merci ! », s'exclame le jeune homme avec reconnaissance .
La voix du blond porte alors sa gentillesse ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Rapidement, une quinzaine de personnes passe devant lui en le remerciant avec de larges sourires. Thor pourrait dire que c'est trop mais un bébé dans sa poussette gazouille et fait des bulles de bave quand sa mère le pousse devant elle. Il sourit et laisse faire, reculant de client en client dans la file. Même s'il n'attend pas réellement quelqu'un. Il va embarquer seul sur le Naglfari et si cela lui semblait être une excellente idée quand il a laissé sa Audi sport sur le parking de la marina, il est un peu moins sûr de lui à présent. Les mots de la jeune femme résonnent dans son esprit. Devant elle, ça lui a soudain paru plus digne de prétexter un rendez-vous en retard que d'assumer sa solitude parmi tous ces couples.
Thor se mord les joues.
C'est ridicule, il s'en veut. C'est un peu pathétique et la voix d'Aidan résonne dans ses oreilles, aigre et moqueuse.
Connard.
Il serre les doigts sur les lanières de son sac de voyage, un simple sac en toile. Ça ne le fait pas non plus ressembler à un amoureux. Autour de lui, les couples traînent une ou deux valises, à roulettes et à coque rigide. Parfois, elles sont même accordées, même couleurs et mêmes autocollants de voyage.
Mince.
C'est la raison pour laquelle Thor a cessé d'observer les gens autour de lui pour passer le temps. Ça le fait se sentir pas totalement à sa place même s'il a rencontré des gens sympathiques. Il y a notamment ce couple qu'il a laissé devant lui, il y a bien longtemps. Le blond se trouvait partiellement à l'ombre grâce à un barnum de la compagnie, il a gentiment échangé avec eux car monsieur souffrait du soleil. Ils ont presque cent quatre-vingts ans à eux deux, sont mariés depuis 1936 et viennent d'Orlando en Floride. Cette croisière célèbre leurs noces de platine. Thor a regardé sur son portable une fois arrêté dans la file, beaucoup plus loin. Soixante-dix ans de mariage, ça force le respect. Lui a rompu avec Aidan après trois années de vie commune et il était plutôt fier de la durée de leur couple. Passé un certain âge, il devient difficile de trouver quelqu'un avec qui construire quelque chose. Thor a été absurdement flatté de voir un jeune homme de vingt-sept ans s'intéresser aussi fort à lui, sans rien cacher de son désir pour sa personne quand il lui servait ses boissons à la mode au comptoir du Palm Cafe.
Le blond fronce les sourcils.
Penser à autre chose.
Thor regarde alentour.
Il a reculé d'environ trente mètres dans la file. Ce n'est pas une mauvaise chose, la vue sur le Naglfari est meilleure. Le jeune homme le trouvait très beau sur le prospectus haut de gamme reçu dans sa boîte mail. Le voir amarré dans la marina de Miami lui donne une toute autre dimension. Le luxueux navire est superbe. Sa ligne, la double couleur de sa coque, sa cheminée rappelle la silhouette des grands paquebots transatlantiques du début du XXe siècle. Ses proportions sont monumentales et Thor peut compter le nombre de ponts et les équipements aquatiques du pont supérieur, entièrement découvert. Toutes les lignes du navire sont fluides, parfaitement horizontales et sans aucun élément pour troubler le regard.
Le Naglfari est un chef-d'œuvre flottant, bien différent des monstrueux Disneyland sur mer que proposent d'autres compagnies de croisière. Bon sang, Thor a quarante-cinq ans. Il ne trouve qu'un intérêt limité à des dizaines de toboggans aux couleurs acidulées, à des bars à thème tendances et à une piscine de mousse. C'était un peu ce qu'espérait Aidan jusqu'à ce qu'il lise le descriptif de leur croisière après leur réservation. Mais il est vrai que les deux hommes ont quinze ans de différence. Parfois, c'est vraiment beaucoup.
Thor soupire et passe une main dans sa nuque.
Penser à autre chose.
Il commence à faire chaud, les odeurs d'hydrocarbures qui flottent dans la marina sont un peu écœurantes mais il est en vacances. Il doit garder ça à l'esprit. Et cesser de mentir en disant qu'il attend quelqu'un.
Le blond lorgne sur la file voisine, celle réservée aux passagers standard de la croisière sans supplément (hors de prix) de Saint-Valentin. C'est étrange mais il a l'impression qu'elle avance plus rapidement que celle des VIP. Voilà un grand mystère sur laquelle la science pourrait se pencher, comme sur la meilleure voie de circulation à choisir quand on est bloqué dans un bouchon sur l'Interstate 75 au nord d'Hollywood.
Thor se laisse distraire par le flot des clients, les pleurs des enfants qui trouvent l'attente trop longue et les éclats de voix des impatients.
À quelques mètres à peine devant lui, dans l'autre file, il remarque un couple.
La jeune femme est rousse, elle lui tourne le dos mais quelque chose dans sa silhouette, dans sa manière de bouger lui semble familier. Elle est accompagnée par un homme brun aux cheveux déjà striés d'argent qui porte des lunettes sans monture. Il a l'air doux et contemple la rousse comme si elle était la neuvième merveille du monde. Thor sourit. C'est presque aussi touchant que les Jones et leur soixante-dix ans de mariage.
La jeune femme regarde de son côté. Elle passe délibérément le cordon qui délimite leur file d'attente, ignore les remarques polies de l'employé de ALC qui lui demande de ne pas s'éloigner, et tente d'apercevoir l'entrée du Naglfari. La rousse s'agite un peu, parle avec les mains. Les boucles fauves rebondissent sur son front pâle et ses joues. Le blond écarquille les yeux de surprise. Mince, il la reconnaîtrait n'importe où.
— « Natasha ! Natasha ! », l'appelle-t-il vivement.
La jeune femme regarde autour d'elle et ses yeux se plantent dans les siens. Le blond rit joyeusement. Oh oui, il reconnaîtrait ce regard et ce visage n'importe où. Thor lui adresse un petit salut de la main tandis qu'elle plisse les yeux. Son beau visage s'illumine soudain d'un large sourire. Le blond entend l'homme devant lui, accompagné de sa femme, grommeler entre ses dents ce qui ressemble à un compliment. Peut-être aussi un discret sifflement admiratif alors que Natasha traverse la distance qui les sépare, l'employée du croisiériste complètement oublié.
— « … Thor ? Thor Odinson ? Qu'est-ce que tu fais ici ? »
— « Comme toi, j'attends pour recevoir un autographe de Bono ». La rousse hausse un sourcil. « Quoi ? Oh non, ne me dit pas qu'il a fini la séance et qu'il est déjà parti ? »
Le blond surjoue la déception et Natasha rit joyeusement tandis qu'elle le serre fort contre elle malgré le cordon. Thor lui rend son étreinte avec plaisir. Même son parfum n'a pas changé.
— « Idiot », dit-elle affectueusement. « Si tu attends aussi désespérément de monter à bord, tu veux attendre avec nous ? »
Elle désigne l'homme brun à lunettes d'un geste. Thor s'empresse d'accepter, tout plutôt que d'être encore seul dans sa file d'attente. Elle n'avance pas de toute manière. Natasha lève le cordon pour lui permettre de se glisser en dessous.
Alors qu'ils marchent ensemble vers l'autre file, le blond se sent comme s'il avait dix ans et qu'on venait de le choisir en premier pour former les équipes en cours de dodgeball. Les regards envieux qu'il sent peser sur son dos et sa nuque sont un bonus agréable pour son orgueil malmené. Il tourne légèrement la tête. Natasha est aussi belle que lorsqu'ils étaient ensemble à l'université de Washington.
La rousse reprend souplement sa place.
— « Je te présente mon mari, Bruce Banner », dit-elle en enroulant un bras autour de la taille du brun.
— « … Est-ce que je dois t'appeler Mrs Banner maintenant ? »
— « J'ai ajouté celui de Bruce à mon nom de jeune fille. Tu sais qu'il n'y a plus personne du côté de ma famille, je ne voulais pas qu'il disparaisse. »
Thor hoche la tête, il se souvient. Il tend une main amicale au brun qui la serre, sans doute avec un peu plus de force que nécessaire. Le jeune homme remarque ses sourcils un peu froncés derrière ses lunettes, la ride d'inquiétude sur son front. Il lui répond d'un sourire sincère et bienveillant. S'il savait, il n'a rien d'une menace pour son mariage.
— « Enchanté », marmonne-t-il en remontant ses lunettes sur son nez. « … Vous connaissez Tasha depuis longtemps ? »
Thor se mord les joues pour ne pas rire. Il se souvient que son amie détestait les surnoms à l'université, même les plus flatteurs comme lorsque la fraternité des Kappa Delta Pi l'avait désigné plus belle Enchanteresse pendant deux années consécutives. Un truc un peu prétentieux d'intellectuel pour faire oublier que leurs fêtes de fin de semaine étaient réputées pour leur débauche.
La jeune femme se contente de sourire et de crocheter ses doigts sur la hanche de son mari.
— « Nous avons fait nos études en même temps à l'université de Washington », dit-il prudemment.
Il n'est pas une menace mais il sait que personne n'apprécie vraiment d'apprendre l'historique amoureux de celui ou celle qui partage sa vie. Thor est bien placé pour le savoir. Aidan l'a rendu atrocement jaloux en lui racontant un soir par le menu comment il avait perdu sa virginité avec Jared Miller en deuxième année de lycée. C'était ridicule de détails, ça n'avait pour but que de faire gronder quelque chose de possessif en lui. Son ex avait réussi au-delà de ses espérances. Thor lui avait fait l'amour avec une telle passion qu'après leur seconde étreinte, il avait supplié – supplié – d'avoir un peu de repos. Le blond n'était pas contre. Son sang battait si fort dans ses tempes et dans sa poitrine qu'il avait l'impression de faire de la tachycardie. Toujours fougueux dans l'amour mais un peu moins qu'à trente ans.
Natasha lève les yeux au ciel, une légère moue ourlant ses lèvres pleines.
— « Nous sommes aussi sortis ensemble pendant quelques semaines. Je suis vexée que tu fasses semblant de l'avoir oublié », ajoute-t-elle.
— « Je n'ai pas oublié Natasha, je ne voulais pas commettre d'impair devant ton mari. »
— « … Alors ce n'est pas parce que je ne t'ai pas laissé un souvenir impérissable ? »
La rousse bat exagérément des cils et Thor rit malgré lui. Natasha le faisait rire de la même manière il y a vingt-cinq ans.
Bruce se raidit un peu à côté de lui et le blond lui sourit gentiment. C'est une nouvelle offre de paix mais elle ne trouve pas réellement grâce chez l'autre parti. C'est la raison pour laquelle le blond se serait bien passé de dire la vérité. Natasha et lui auraient pu être de simples amis de fac, c'est d'ailleurs ce qu'ils avaient réellement été. Plus qu'un couple.
— « Natasha et moi sommes restés ensemble deux mois en tout bien tout honneur. »
— « C'était bien dommage, les filles de Iota Mu Epsilon t'avait élu étudiant avec les plus beaux abdominaux », roucoule-t-elle.
Thor lui jette un regard noir. Son amie ne l'aide pas.
Bruce se mord nerveusement les joues. Pas besoin d'être devin pour savoir que le brun est en train de le déshabiller du regard pour tenter de vérifier cette assertion vieille de plus de vingt ans en même temps qu'il rentre imperceptiblement son propre ventre.
— « J'étais attiré par les hommes, mes parents l'ignoraient et j'avais du mal à l'admettre. Quand ils ont rencontré Natasha et qu'ils ont commencé à parler de mariage après la fin de nos études, nous nous sommes séparés. Elle m'a accompagné pour ma première sortie dans un bar gay à côté du campus», explique le blond.
— « Tu es reparti avec ce mec brun absolument sublime en cursus de littérature », acquiesce la jeune femme avec nostalgie.
Thor sourit.
Natasha avait eu un succès d'anthologie parmi la clientèle féminine du Rainbow Cafe et l'aveu de son hétérosexualité avait laissé bien des cœurs brisés. C'était avant que toutes ses prétendantes ne s'extasient devant sa bonne camaraderie en apprenant qu'elle accompagnait un grand ami encore sentimentalement puceau pour l'aider. Il n'est pas nécessaire de développer plus que cela leurs souvenirs pas plus que de pousser la chose sur le mec brun absolument sublime. Le sexe avait été vraiment bon, Thor avait eu l'impression de trouver enfin sa place même si sa conversation se limitait à des considérations un peu prétentieuses sur sa thèse en littérature américaine. James Norwood avait été le galop d'essai. Trois semaines plus tard, le blond sortait avec un séduisant étudiant en droit qu'il lorgnait et qui le lorgnait depuis des mois. Freya et Odin l'avaient beaucoup apprécié aussi.
Il échange un sourire avec Natasha, son amie pense la même chose que lui. Bruce se racle discrètement la gorge.
— « … Les choses se sont bien passées avec vos parents ? », demande-t-il poliment.
— « Nous pouvons nous tutoyer », suggère-t-il immédiatement. « Ils m'ont reproché d'avoir utilisé Natasha comme couverture puis ils lui ont demandé si elle n'avait pas un frère ou un cousin gay. Ils l'appréciaient beaucoup. J'ai la chance d'avoir des parents géniaux. »
— « Comment se portent-ils ? », rebondit la rousse avec intérêt.
— « Papa a été hospitalisé en début d'année pour une pneumonie et il est encore convalescent. Maman est toujours identique à elle-même, plus forte que nous tous», sourit Thor avec tendresse.
La jeune femme serre gentiment son avant-bras en guise de soutien. Elle appréciait aussi beaucoup Odin et Freya.
Bruce s'adoucit, un peu moins stressé depuis qu'il sait que Thor aime les hommes. Même dans le cas contraire, il n'aurait rien eu à craindre. Le blond respecte toujours les gens en couple, ses parents l'ont bien élevé.
— « Tu patientais dans la file d'attente des VIP, n'est-ce pas ? Est-ce que tu ne devrais pas prévenir la personne qui t'accompagne que tu es ici maintenant ? »
— « Mince, Bruce a raison ! Thor, tu aurais dû refuser ma proposition ! », s'exclame Natasha.
Thor déglutit. Voilà une excellente opportunité de mettre en pratique ses bonnes résolutions. Il hausse légèrement les épaules.
— « … Il n'y a personne. J'avais offert la croisière à mon compagnon pour la Saint-Valentin mais nous nous sommes séparés avant le départ. Je ne pouvais pas annuler la commande et me faire rembourser alors je suis venu », dit-il rapidement.
— « Je suis désolée pour toi. »
— « Pas moi. » Thor fronce les sourcils. « Dans d'autres circonstances, il serait venu avec moi et nous nous serions quand même séparés à notre retour. Aidan avait vraiment envie de découvrir les Caraïbes en février mais pas forcément avec moi… »
— « C'est moche », siffle Natasha. « Je crois qu'il y a beaucoup d'activités proposées dans le pack Saint-Valentin mais si tu as un moment, nous serions ravis de passer du temps avec toi. N'est-ce pas Bruce ? »
— « Je mets juste un veto sur la soirée de Saint-Valentin, nous avons déjà quelque chose de prévu », élude son mari en souriant.
Thor acquiesce en riant joyeusement.
La rousse tourne la tête de l'autre côté, vers la marina de Miami. Un homme blond et trapu est en train de marcher de long en large, son portable à l'oreille et les sourcils froncés.
— « Nous sommes venus avec Clint, Clint Barton. C'est le beau-frère de Bruce, il est en pleine procédure de divorce avec sa femme ce qui est une très bonne chose si tu veux mon avis. »
— « Tu parles de ma sœur, Tasha », lui rappelle doucement le brun.
— « Ta sœur est une peau de vache », lui rétorque la jeune femme du tac-au-tac. « Elle ne m'apprécie, je ne l'apprécie pas, tu ne l'apprécies pas. Elle essaye de le saigner à blanc pour la pension alimentaire de leurs enfants alors que Clint n'a rien a se reprocher. C'est une vraie salo – »
Son mari la fait taire d'un baiser. Natasha cligne des yeux, une fois, deux fois avant de passer une main gênée dans ses cheveux flamboyants. Thor pense la voir rougir un peu, il juge plus prudent de ne rien ajouter.
— « Comme c'est un peu difficile pour lui en ce moment, on a proposé à Clint de nous accompagner sur le Naglfari. Il a trouvé le nom amusant alors il a accepté. Il est très sympa quand il ne rumine pas les sales coups de cette… de son ex-femme », ajoute-t-elle avant de s'assombrir. « Tout ce qu'on espère, c'est que l'avocat de Marian ne voit pas cette croisière à six mille dollars comme une preuve supplémentaire qu'il peut payer cinq dollars de pension alimentaire. Pour chacun de leurs deux enfants. »
— « Je ne suis pas juriste mais ça me paraît très élevé… », note Thor en haussant un sourcil.
— « C'est une foutue peau de vache. Avec tout le respect que je dois à ta famille, mon chéri », conclue Natasha en haussant un sourcil.
Bruce élude d'un haussement d'épaule et Thor observe discrètement Clint.
L'homme vocifère et à la raideur de son dos et de ses pas, il devine que la discussion est loin d'être agréable. Après quelques minutes, il l'entend finalement jurer bruyamment et raccrocher. Thor croit qu'il va jeter son portable dans la marina en criant de rage mais à la place, Clint range l'appareil dans la poche de sa veste, frotte son visage à deux mains avant de les rejoindre.
— « Est-ce que j'ai déjà dit combien je la détestais ? », grogne-t-il en se glissant sous le cordon que soulève Bruce.
— « Oui, plusieurs fois mais Natasha et moi sommes tout à fait disposés à t'entendre le répéter si cela te fait du bien. Tant que tu restes poli », répond doctement le brun.
Clint pince l'arête de son nez entre deux doigts, un sourire un peu las aux lèvres.
— « Pourquoi est-ce que ce n'est pas toi que j'ai épousé, Bruce ? Si on se séparait, jamais tu ne me ferais un truc aussi laid… »
Natasha grimace et lui jette un regard très noir, ses bras possessivement serrés autour de la taille de son mari. Clint roule des yeux, marmonne encore une injure entre ses dents serrées avant de remarquer Thor. Il hausse un sourcil.
— « Je m'absente dix minutes et vous me remplacez déjà ? », dit-il d'un ton pince-sans-rire.
— « Thor était étudiant avec moi à Washington, on est brièvement sorti ensemble avant qu'il ne décide de faire profiter exclusivement la gent masculine de ses charmes torrides », explique rapidement la rousse.
Clint hausse les épaules et lui serre la main. La poignée est ferme, décidée, franche. Tout ce que Thor apprécie. Le blond baisse les yeux et lorgne sur les lanières de son sac de voyage.
— « Une étiquette bleue… Tu es un client VIP. Qu'est-ce que tu fais avec nous ? Tu as une file exprès pour toi », note-t-il en désignant l'autre queue d'un geste.
— « Elle n'avance pas plus rapidement que celle-ci et personne ne m'attend de toute manière. Je suis redevenu célibataire à moins d'un mois du départ. »
Clint grimace et reprend sa main dans la sienne pour la serrer vigoureusement.
— « Navré pour toi et bienvenue au club des malchanceux en amour. Félicitation, tu es le second membre fondateur de ce club pas très fermé qui est promis à un brillant avenir », dit-il avec emphase. « Je suis moi-même un tout jeune presque divorcé. »
— « Clint… », siffle Natasha.
— « Pardonne à un homme blessé auquel ses enfants manquent terriblement Natasha », répond nonchalamment le blond en regardant devant lui. « Bon sang, ils auraient adoré venir ici. Cameron fait déjà de l'optimist et il se débrouille bien. Il aime faire du bateau. »
La jeune femme se mord les joues tandis que Bruce presse gentiment son épaule en un soutien silencieux. Clint n'ajoute rien mais il ne se dégage pas non plus. Il se contente de rester silencieux, la mâchoire serrée et l'air de porter la misère du monde sur ses épaules.
Un peu égoïstement, Thor se sent soulagé et rassuré dans ses propres choix de vie. La question du mariage ne s'est jamais posée avec Aidan, pas plus que celle d'avoir des enfants. Il n'a rien contre l'un ou l'autre, il est juste de ces hommes qui pensent ne pas avoir besoin du package complet du couple pour se sentir heureux. Ou peut-être est-ce parce qu'il n'a jamais rencontré la bonne personne avec laquelle se projeter suffisamment loin. Imaginer Aidan en père ? Ça lui donne juste envie de rire de dépit. Un enfant n'est qu'une source de désagrément. Ça coûte cher, ça demande de l'attention, ça les empêcherait de partir en vacances à la dernière minute comme ils avaient l'habitude de le faire.
Par contre, son ex n'aurait sans doute pas été totalement opposé au mariage. Dieu sait combien il aurait été à son avantage sur les photos, habillé d'un complet avec cravate et pochette en soie. Thor se souvient d'un mariage auquel ils ont assisté il y a longtemps, au début de leur relation. Aidan était un ami d'université d'un des deux conjoints, celui-ci épousait un riche entrepreneur de West Palm Beach. Le blond se souvient aussi de son regard envieux tandis qu'ils faisaient la fête dans un splendide domaine viticole au sud ouest de Miami.
Thor secoue la tête et pose son sac de voyage à ses pieds.
Penser à autre chose.
Au début un peu réservé, Bruce l'entraîne progressivement dans une discussion cordiale puis passionnante sur les demeures anciennes et remarquables de Miami. Ça fait passer bien plus agréablement son temps.
Leur file d'attente s'ébranle lentement.
Thor jette un regard sur sa droite. La file VIP semble avancer à grande vitesse maintenant et la leur être parfaitement immobile. Il hausse un sourcil. Encore cette histoire de voie et d'embouteillage sur l'autoroute. Il devrait peut-être la soumettre à Bruce, le brun a l'air d'avoir l'esprit vif.
Debout dans le miroir en pied de sa vaste cabine, Loki achève d'attacher la double boutonnière dorée de sa veste d'uniforme noire. Il arrange les revers brodés, tire sur les manches de sa chemise blanche pour les faire dépasser d'un centimètre en bas de la veste. Ni plus, ni moins.
Le brun hausse un sourcil.
L'effet d'ensemble est satisfaisant.
Loki vérifie ensuite le nœud de sa cravate noire et le col de sa chemise. Satisfaisant aussi. Il lisse son pantalon, marque soigneusement le pli sur ses cuisses. Le brun se retourne pour se contempler côté pile.
Bien, très bien.
Il fait quelques pas pour récupérer sa casquette brodée, posée sur le bureau voisin et jette un regard alentour.
Pour sa quinzième saison en mer, Asgard Luxury Cruises a enfin consenti de lui donner une cabine surclassée Premium Penthouse. C'est absurdement grand et luxueux, le modeste contenu de sa valise fait presque triste mine dans le dressing. Il y a un bureau dans le prolongement de l'entrée, un véritable salon avec télé, séparé de la chambre par un élégant claustra. La garde-robe est à gauche du lit, la salle de bain est derrière. Un balcon filant court sur l'ensemble de l'appartement, surélevé à droite pour accueillir un jacuzzi rond. Le jeune homme y passera peu de temps mais les autres capitaines de la compagnie bénéficient de cette marque de distinction depuis de nombreuses années. Loki n'est pas arrogant, il veut juste avoir ce à quoi il a le droit par sa position. Son jeune âge, si tant est que quarante-quatre ans – presque quarante-cinq – veuillent encore dire quelque chose, n'est pas une raison pour être traité différemment.
… Son nom non plus.
Il marmonne de satisfaction entre ses lèvres pincées. Tony a bien fait de l'avoir poussé à exiger ce luxe supplémentaire il y a deux ans. Question de respect et d'équité avec ses collègues qui le regardent encore parfois de haut.
Son regard vert s'arrête sur la chambre. Le lit king size a l'air démesurément grand pour un homme seul et ça le laisse pensif. La cabine aura l'air un peu plus occupé quand Tony y déposera le plateau de scrabble dont les traditionnelles parties animent leurs rares moments de temps libre.
Cette perspective le fait se sentir un peu mieux.
Loki soupire doucement, pose avec soin la casquette brodée sur son crâne et arrange ses cheveux noirs derrière ses oreilles. Il tire machinalement sur une longue mèche. Peut-être devrait-il aller les faire couper au salon de coiffure du Naglfari.
On frappe à la porte et le brun sourit. Il reconnaît cette manière de faire entre mille, à la fois enthousiaste et vaguement exaspérante dans sa joie.
— « Entrez. »
Tony a déjà ouvert la porte en familier et Loki lui jette un regard noir avant de se concentrer à nouveau sur son allure. On n'a jamais deux fois l'occasion de faire bonne impression, c'est la même chose à chaque nouvelle croisière.
— « Mon capitaine », le salue obséquieusement le jeune homme. « Je t'ai amené ton vice préféré. »
Loki hausse un sourcil avant de ricaner. Son capitaine en second dispose avec soin sur la table basse du salon le plateau de jeu de scrabble et la boîte contenant les lettres et les râteliers.
— « Si tu en as assez un jour, je peux te faire découvrir d'autres moyens de perdition. J'ai amené un goban dans mes bagages », ajoute Tony en lui jetant un regard éloquent. « … Tu n'es pas allé chez le coiffeur avant d'embarquer ? »
— « Je n'ai pas eu le temps. J'irais après notre départ de Miami », marmotte Loki en tirant sur une autre mèche noire.
Il savait qu'il aurait dû le faire. Il serait dommage de perdre sa luxueuse cabine à peine obtenue pour un défaut de conduite. Le règlement de Asgard Luxury Cruises est très strict sur la tenue de ses employés. Loki trouve que le miroir lui renvoie une image très flatteuse mais le reflet de Tony est plaisant aussi. Le brun porte l'uniforme blanc de capitaine en second, sa barbe est parfaitement taillée et ses cheveux bien coiffés sous sa casquette brodée d'or.
Son ami croise son regard dans le miroir et lève les yeux au plafond.
— « Je te taquine, ton uniforme de capitaine est toujours très seyant sur toi », se moque-t-il gentiment. « Laisses-moi juste arranger ça pour toi. »
Tony fait quelque chose avec le nœud de sa cravate, Loki sent ses doigts délicatement effleurer sa gorge et son cou. Le brun lui fait un clin d'œil et le pousse à nouveau devant le miroir. Loki sourit. Ce n'est plus satisfaisant, c'est parfait.
— « Tu t'es bien installé ? », lui demande-t-il en ouvrant son étui à montres.
Loki hésite entre une Omega et une TAG Heuer. Elles sont son seul vice. Tony le prend de vitesse et retire la Breitling de son coussin en cuir avant de la lui tendre.
— « C'est une cabine bien trop belle pour le temps que je vais y passer, un peu comme la tienne. Je pourrais quand même m'en contenter… », marmonne-t-il en regardant autour de lui d'un air d'envie. « Mince Loki, tu es logé comme un roi… Tu as vu la taille de ce lit ? »
Le brun acquiesce lentement tandis qu'il glisse le bracelet en acier à son poignet. Il croise à nouveau le regard de son ami dans le miroir. Tony hausse un sourcil vaguement suggestif.
— « Quoi ? »
— « Je me disais juste qu'un lit aussi grand pour une seule personne, c'est dommage… Ou ça pourrait donner des envies… »
— « Je suis en service, Tony », réplique-t-il d'un ton un peu cinglant.
— « Oh, je t'en prie. » Le brun s'assoit sur le canapé voisin et croise les jambes devant lui. « Ton histoire avec Lucas est finie depuis trois ans, tu as le droit de retomber amoureux et de faire l'amour sans avoir l'impression de lui être infidèle ou Dieu seul sait quelle autre connerie à laquelle tu crois être attaché. … Surtout de faire l'amour, mon ami. »
Loki tire brusquement sur ses manches pour terminer d'ajuster sa mise, le front barré d'un pli soucieux.
— « … C'est compliqué. »
— « Ça l'est parce que tu t'obliges à ce que ça le soit, Loki. J'ai rencontré ma femme lors de cette même croisière dans les Caraïbes il y a cinq ans », lui rappelle son ami. « Tu pourrais accueillir trois personnes dans ce lit, et en même temps. »
Le brun roule des yeux et ricane. Tony le taquine, il sait que rien n'est plus éloigné de la conception de l'amour de son supérieur. Loki est un homme fidèle et classique.
Le jeune homme se penche sur le plateau de jeu et tire deux lettres avant de les retourner.
— « Tu as un M et moi un E, je commence », dit-il en le regardant.
— « Tu peux tirer nos lettres, je te suis », acquiesce Loki.
Tony distribue les lettres, place les siennes sur son râtelier. Il hausse un sourcil et sourit.
— « C'est amusant, la manière dont les choses se déroulent parfois… »
Le jeune homme dépose avec soin sur l'étoile centrale le premier mot de leur partie.
Loki se rapproche.
D.U.O.
Il ricane.
— « Celui que nous formons est remarquable », acquiesce-t-il en pressant l'épaule de Tony. « Allons-y, nos clients sont en train d'embarquer et ils nous attendent. »
— « Tu fais celui qui ne comprend pas », marmotte Tony en se relevant souplement.
— « J'ai très bien compris mais c'est ma cabine, les règles sont les miennes », lui rétorque le brun du tac-au-tac.
— « Tyran… »
Les deux hommes quittent le quartier des officiers au pont sept, un sourire aux lèvres.
Sur le chemin vers le hall d'entrée monumental du Naglfari, ils croisent de nombreux employés qui les saluent avec empressement. Loki répond avec bienveillance à chacun d'entre eux. Son père a beau être un homme froid, il lui a appris que la meilleure manière de se faire respecter est de respecter les autres. Le brun a sous ses ordres près de deux cents matelots et membres d'équipage de bord, tous sont sous sa responsabilité. Il est heureux de retrouver parmi eux des visages familiers.
Loki descend le grand escalier d'un pas majestueux, la main sur la rampe. Des regards admiratifs le saluent auxquels il répond par des sourires courtois, voire une légère inclinaison de tête.
Après toutes ces années, le brun peine encore à comprendre l'attrait irrésistible de l'uniforme de capitaine sur la clientèle.
Il doit être présent dès l'embarquement pour distribuer des sourires et accepter les photos. La compagnie a également exigé qu'il soit tout particulièrement charmant avec les passagers VIP ayant souscris à l'offre spéciale de Saint-Valentin. Loki avait élevé des objections prudentes à cette initiative de la compagnie il y a cinq mois. Qui accepterait de payer un prix aussi élevé pour douze jours de croisière dans les Caraïbes ? Une des destinations les plus classiques des croisiéristes américains ? Il a eu tort. Tous les billets ont été vendus en trois jours. Une folie entre huit milles et vingt mille dollars. … Peut-être aurait-il pu faire quelque chose d'aussi inconsidéré pour Lucas. Peut-être…
Loki vérifie d'un regard le travail des employés qui s'affairent à orienter les clients, il sent l'atmosphère et est satisfait. Tout se déroule parfaitement bien.
Le brun donne ses premières photos, se montre intéressé et charmant, même quand il croit sentir une main s'égarer un peu trop bas sur ses reins. C'est celle d'un sexagénaire au visage lifté, accompagné d'une toute jeune femme avec un petit chien porté à la main comme un accessoire de mode. Loki a une excellente mémoire des visages, il veillera à ce que ce contact entre eux soit le seul entre eux pendant la croisière. Peu importe que le bracelet qu'ils portent, bleu et or, indique des clients ayant payé la formule la plus coûteuse de la croisière. Rien ne l'oblige à donner à ce point de sa personne.
Non loin de lui, Tony se prête aussi à l'exercice, un sourire aux lèvres et une parole aimable pour chacun.
— « Je parie deux lettres au scrabble que la valise rose de la jeune femme au chien contient la garde-robe de son toutou plutôt que des vêtements. Elle ne doit pas en porter beaucoup de toute manière », souffle-t-il en se penchant discrètement vers lui.
Loki jette un regard sur sa droite. Le couple est en train de patienter devant un des ascenseurs au fond du hall et se dévore voluptueusement la bouche. Le brun pense entendre le petit chihuahua couiner doucement, étouffant entre le torse trop musclé de l'homme et la poitrine trop refaite de la femme.
Il grimace.
— « Pari tenu mais je relance de deux lettres en ce qui concerne la garde-robe du chien. Je pense que c'est une collection croisière de haute couture. »
— « Tu plaisantes ? Je suis persuadé que c'est au moins une collection de soirée. Sa maîtresse porte déjà des escarpins à paillettes alors qu'il n'est que seize heures… »
— « Tu es assez sûr de toi pour renchérir ? », le taquine Loki en haussant un sourcil.
Tony et lui ont modifié les règles de scrabble au fil de leurs croisières ensemble pour le rendre plus divertissant. Son ami est bon à ça, mettre du rire dans leurs longues journées sur les flots. Il s'avère que Loki a aussi le goût du jeu.
— « … Non, je reste sur ma position. Nous aurons la réponse ce soir, je suis sûr qu'elle va tout donner dès le premier dîner. »
— « Je suis d'accord. Pari suivant ? »
Tony s'esclaffe. Il observe attentivement la clientèle qui entre à flot dans le hall monumental du Naglfari tout en distribuant encore photos et sourires cordiaux.
Loki est en train de signer les billets d'embarquement d'un jeune couple très excité par leur rencontre quand Tony attire à nouveau son attention.
— « … L'homme avec le sac de voyage en toile sur ta gauche. Je parie trois lettres qu'il va avoir le mal de mer. »
L'enthousiasme bruyant du couple donne des idées à d'autres. Loki se retrouve à distribuer des autographes comme une rock star il se demande à quel moment le monde a commencé à tourner à l'envers.
— « Ça n'a rien à voir avec le contenu de sa valise et ce n'est pas amusant de parier sur la santé de l'un de nos passagers », lui rétorque le brun.
— « Eh bien, parions deux lettres sur le fait qu'il porte des slips de bain plutôt que des bermudas. »
— « … On ne parie pas non plus sur ce genre de choses d'habitude. C'est trop intrusif, même quand on s'interroge sur le contenu de leurs valises », répond-il avec désapprobation.
Tony roule des yeux.
— « Tu n'étais pas non plus d'accord pour jouer quand j'ai commencé à naviguer avec toi. Regarde la manière dont je t'ai perverti… »
Loki esquisse un sourire. Touché.
Le brun lui donne un léger coup de coude dans les côtes.
— « Montres-toi audacieux Loki. Alors ? Mal de mer ou vêtement de bain ? », le taquine-t-il.
Il esquisse une petite moue, rebouche son feutre noir et cherche l'homme au sac de voyage du regard.
Oh. Oh.
Soudain, Loki n'a plus envie de jouer.
L'idée que l'inconnu puisse avoir le mal de mer est stupide, celle concernant la manière dont il s'habille pour se baigner est étrangement… invitante.
Le brun crispe ses doigts sur le marqueur avant de l'enfoncer dans la poche de son pantalon.
Il est beau. Très beau. Blond et grand et légèrement barbu. Malgré le trench dans lequel il est drapé, l'œil exercé de Loki voit les courbes harmonieuses de son corps sculpté par le sport. Il est beau et sexy. Et blond et grand et légèrement barbu. Mince. Mince. Il a aussi les yeux très bleus parce que l'inconnu vient de tourner la tête et qu'il est en train de le regarder. Loki esquisse un imperceptible signe de tête en signe de salut auquel il répond maladroitement.
Une employée de ALC est en train de lire son billet, le brun la voit lui désigner l'ascenseur privé, celui qui dessert le pont six réservé aux invités de marque et où se situent les cabines de prestige.
Loki fronce légèrement les sourcils. Il fait partie des clients de l'opération de Saint-Valentin ? Il a pourtant l'air seul et – Ah, plus maintenant. Une jeune femme rousse, sculpturale, vient d'apparaître à ses côtés. Elle lui sourit, le touche de manière familière et l'entraîne vers le fond du hall. Son épouse, sans doute. Le couple est suivi par deux hommes, un brun et un blond, chargés de valises. Sans doute des amis de l'inconnu et de son épouse, probablement aussi ensemble. Une merveilleuse croisière entre couples. Génial.
Le brun porte machinalement une main à son front et ajuste sa casquette. Il ne devrait pas ressentir ce pincement dans le creux de son ventre. C'est déplacé et il n'a fait que regarder cet homme quelques secondes. Quelle importance qu'il soit beau comme tout ce que Loki sait apprécier. … Et tout ce qu'il pourrait espérer s'il se projetait à nouveau dans une relation sérieuse avec quelqu'un.
Il esquisse un rictus. Être attiré par un client et un homme marié de surcroît, est contraire à tous ses principes. Autant l'oublier dès maintenant. Le Naglfari est vaste, ils ne sont même pas obligés de se recroiser.
Tony se racle discrètement la gorge à côté de lui. Loki élude d'un haussement d'épaule et se concentre sur les photographies pour sur les réseaux sociaux et ses sourires plus charmant les uns que les autres.
— « Mal de mer ou – ? »
— « Je n'en sais rien Tony, je n'ai plus envie de jouer », siffle le brun.
Il sent le regard de son ami peser sur son visage, brûlant et intrigué.
Tony juge plus prudent de ne rien ajouter, il lui sourit gentiment et se mêle à la foule pour faciliter la fin de l'embarquement. La démonstration de politesse parfaite de Loki a provoqué un encombrement du hall, le Naglfari risque de lever l'ancre en retard. C'est mauvais pour l'image de marque de la compagnie alors Tony aide avec célérité.
Le brun refuse les nouvelles photos d'un sourire charmant et rassure tous les déçus en disant qu'il leur accordera tout le temps nécessaire pendant la croisière. Il s'empresse de rejoindre son ami pour presser gentiment les retardataires.
Ça a le mérite de le distraire de la vision de l'inconnu blond. De sa belle épouse rousse. De son gigantesque lit king size, celui de sa luxueuse cabine ou de son bel appartement dans le quartier de Ponce-Davis à Miami au sud de la marina, désespérément vide depuis trois ans.
Natasha regarde autour d'elle avec une curiosité qui pourrait être touchante si elle ne cessait de toucher à tout, comme une enfant trop vite grandie. Bruce a renoncé à la retenir depuis qu'elle s'est accroupie pour tâter l'épaisseur de la moquette du couloir avant de siffler bruyamment d'admiration. Clint suit leur convoi en silence, son portable devant lui pour filmer comme un grand reporter documentant la vie en pleine brousse.
Thor ferme la marche et les observe en souriant doucement. C'est à la fois ridicule et follement amusant.
Ses amis ont insisté pour le suivre au pont six, réservé aux clients VIP de la croisière, et voir sa cabine. Soit, le blond n'est pas un homme égoïste. Il se demande distraitement si sa position privilégiée parmi la clientèle du Naglfari lui permettra de croiser plus souvent le capitaine à bord. Thor a rarement vu un homme aussi attirant. Brun, peau pâle, cheveux un peu longs. Il a aimé ça. Sans compter la tenue parfaite de son uniforme. Il se sent presque gêné par la puissance évocatrice de cette casquette galonnée et de cette veste à double boutons dorés.
Cela fait seulement de lui un de ces millions d'Américains sensibles à l'uniforme.
C'est quand même un peu honteux.
— « Thor ? »
Il relève les yeux.
Natasha est en train de soulever le globe en verre d'une des appliques murales du couloir. Bruce se pince l'arête du nez sous ses lunettes tandis que Clint commente son reportage sur les habitus d'une Américaine moyenne dans un milieu qui n'est pas le sien. La jeune femme siffle une insulte fleurie entre ses dents tandis que Thor s'esclaffe franchement.
— « Je ne sais pas ce que tu cherches mais si tu veux voler un souvenir, je te suggère de prendre quelque chose de moins voyant », dit-il en replaçant le globe sur son support.
— « Je cherchais la marque du fabriquant ou du designer, j'aimerais bien avoir quelque chose d'identique dans notre salon. Qu'est-ce que tu en dis, Bruce ? »
Le brun hausse un sourcil puis les épaules, un air doux sur son visage.
— « J'aime bien ce qu'on a mis, on les a pris avec nous quand on a déménagé de notre première maison. »
— « D'accord. » Natasha claque sa langue contre son palais. « Thor, montres-nous ton palais maintenant. J'ai envie de crever un peu de jalousie avant de voir mon nid d'amour avec Bruce. »
Le jeune homme suit les numéros des cabines avant de s'arrêter devant la porte 632. Il utilise la clé magnétique que lui a donné l'employée souriante dans le hall. Elle se déverrouille dans un discret petit bruit de loquet.
Thor pousse la porte et lâche son sac dans l'entrée.
Mince. C'est somptueux. Bien trop grand pour une seule personne. Les murs et le mobilier forment une harmonie taupe, blanc cassé et marron glacé, les matières sont très haut de gamme.
Le blond jette un regard au large balcon. Il a immédiatement envie d'y boire un verre de vin, installé dans un des confortables fauteuils couverts de coussins.
Bruce prend poliment son sac de voyage pour le poser au bout du lit. Natasha papillonne partout dans les quarante-cinq mètres carrés de la cabine, tornade rousse et volubile. Clint s'est familièrement assis sur le bout de lit et observe autour de lui d'un air appréciateur.
— « C'est une très belle cabine », commente le brun en remontant ses lunettes sur son nez.
— « C'est une merveille ! Tu as deux peignoirs brodés et des chaussons ! », s'exclame Natasha en revenant de la salle de bain.
— « Nous aussi Tasha », lui rappelle son mari. « Cela fait partie des prestations d'une croisière haut de gamme. »
— « J'espère bien parce que sinon, je demande à Thor de lui emprunter l'autre. Tu accepterais ? »
— « Si tu veux, je n'en utilise pas vraiment à la maison. »
La jeune femme lui adresse un beau sourire. Le blond se laisse gagner par son enthousiasme. C'est vrai qu'il y sera très bien. Natasha coule un regard dans sa direction.
— « C'est vraiment très luxueux. … Tu accepterais d'échanger avec la nôtre ? »
— « Tasha ! »
— « Quoi ? Je peux demander Bruce ! »
— « Si nous n'avons pas pris l'option Saint-Valentin c'est parce que nous n'en avions pas les moyens », lui rappelle son mari. « Nous avons le crédit de la maison à rembourser et tu sais qu'on met de côté pour… d'autres choses. »
Une ombre passe dans les yeux clairs de la jeune femme, quelque chose qui peine Thor sans réellement savoir pourquoi. Comme voir le pli un peu amer de sa bouche pulpeuse et ses épaules un peu basses.
Le blond hésite avant de secouer la tête.
— « J'espère que tu ne m'en voudras pas Natasha mais je vais la garder. Je pense que j'ai besoin de prendre soin de moi et ce lit king size pourrait m'aider. »
La jeune femme esquisse un sourire, toute brume dissipée dans son regard.
— « C'est ce que je voulais entendre. » Elle le serre contre elle. « Nous allons te laisser t'installer. Bruce et moi sommes dans la cabine 456 et Clint dans la 478 au pont quatre. On dîne ensemble ce soir ? »
Thor jette un regard à Bruce qui acquiesce gentiment. C'est un bon programme pour débuter ses vacances.
Ses amis récupèrent leurs bagages et le blond les raccompagne jusqu'à la porte. Bon sang, cette cabine est plus grande que son premier appartement. Sur le seuil, Natasha lui jette un regard par-dessus son épaule.
— « Thor ? Tu es sur les réseaux sociaux ? »
— « Un peu mais surtout pour le travail. Pourquoi ? »
— « Si tu as un compte personnel, publie donc une photo de ta cabine de star. Ou un selfie sur ton balcon. Ou les deux. Même si ton ex et toi ne vous parlez plus, vos amis se feront un plaisir de lui montrer que tu t'amuses sans lui. »
— « C'est de la vengeance. »
— « C'est vrai mais ça ne fait de mal à personne et surtout pas à toi », lui répond la rousse du tac-au-tac. « À tout à l'heure Thor. »
Le blond ferme la porte et se laisse tomber sur son lit. Son sac de voyage rebondit doucement sur le matelas avant de rouler sur le bout de canapé.
Les bras en croix, Thor réfléchit.
C'est tentant.
Il sait qu'Isaac guette sa présence sur les réseaux sociaux, il réagit en à peine quelques secondes à la moindre de ses modestes manifestations. Cet homme est la pire langue de vipère du quartier branché et gay de Wilton Village à Fort Lauderdale Aidan sera informé de son voyage en deux secondes supplémentaires.
Il sourit.
C'est vraiment tentant.
Il pourrait faire une photo séduisante, quelque chose de léger qui serait un grand doigt d'honneur à la médiocrité de son ex. Voire un cliché avec le très beau capitaine, comme Thor a vu tant de clients le faire à l'embarquement.
Le blond roule sur le ventre et enfonce son visage dans l'oreiller. Non. Malgré sa peine, il n'est pas ce genre d'homme revanchard et mesquin. Ce serait encore accordé trop d'importance à l'avis d'Aidan. À la place, il sort son portable de la poche de son manteau, appuie sur le raccourci clavier et colle l'appareil à son oreille.
— « Allô ? »
— « Maman ? C'est Thor. »
— « Je sais mon chéri. (Elle rit). Tu es à bord ? »
— « Oui, dans ma cabine. Elle est tellement luxueuse que j'en suis presque gêné. »
— « Tu es un homme résilient, tu te feras vite à ce désagrément. »
Le blond rit doucement. Il se redresse et commence à défaire ses lacets pour retirer ses chaussures.
— « Tu ne devineras jamais qui j'ai retrouvé à bord. Natasha Romanoff est là, avec son mari », reprend-il en souriant.
— « … Natasha ? Oh, la belle jeune femme rousse avec qui tu sortais à l'université. (Thor entend un léger grésillement dans le combiné et Freya qui rit) Ton père demande si elle n'a toujours pas de frère ou de cousin à te présenter. »
Thor a la vision fugace du capitaine du Naglfari dans le hall principal. Brun, peau blanche et uniforme sombre à galons dorés, rien à voir avec Natasha. Il hausse légèrement les épaules et se met à décrire avec force détail sa cabine à Freya.
Le jeune homme parvient enfin à le distraire quand il détaille par le menu la domotique accessible via un petit panneau digital dans la chambre. Le fait qu'il puisse tout commander depuis son grand lit, de l'éclairage de la cabine à la télévision, la fascine.
