Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la 170e nuit du FoF sur le thème "Zinzolin" Ca désigne une couleur entre rouge et violet


- Mais ils sont dingues ! s'écria Gary à mes côtés.

Bien souvent, je n'étais pas d'accord avec lui. Premièrement, parce que la licorne qui me servait de meilleur ami avait la fâcheuse manie de sortir des âneries plus grosses que lui. Secondement, parce que, comme je venais de le dire, Gary était mon meilleur ami. Lui tenir tête était ainsi un devoir.

Là, toutefois, j'étais bien obligé d'acquiescer.

Comme pour appuyer nos dires, l'homme et la femme qui nous avaient kidnappé reprirent la parole :

- Et regardez la chemise de Sam l'indomptable ! Elle est zinzolin ! Connaissais-vous quelqu'un ici qui ait une chemise zinzolin ? Non ! Chez nous, elles sont rouges, ou violettes, pourpres si l'on fait une folie, mais zinzolin ? C'est incroyable ! N'est-ce pas la preuve de sa supériorité ?

Ce qui était incroyable, c'était la façon dont ils parlaient de moi. J'aurais dû être flatté de cette attention, néanmoins, j'étais quelqu'un de très droit. J'avais dû mal à accepter des louanges que j'estimais non mérités.

- Excusez-moi... dis-je.

- Oh, regardez, Sam l'Indomptable va parler ! S'exclama la femme, la voix tremblante d'émotion.

- Euh, oui, en fait... Je ne sais pas ce que ça veut dire « zinzolin », alors je ne suis pas vraiment sûr qu'on puisse dire de moi que je suis supérieur ou...

- Sam l'Indomptable est si humble...

Il se produisit une autre chose étrange : l'homme ne put terminer sa phrase, l'émotion ayant été apparemment si grande qu'il n'avait pu que finir en larmes. Tout étonné, je lançais un regard médusé à Gary, qui semblait être aussi perdu que moi. Il fallait dire que d'ordinaire, nos kidnappeurs essayaient de nous tuer. Voir de nous mutiler ou torturer. Certains essayaient même de m'épouser. Franchement, j'avais du mal à déterminer quelle situation était la pire. Mais là, l'homme et la femme ne répondaient à aucun critères sus-nommé. Ils s'étaient contentés de se jeter à genoux devant nous, avant de nous dire combien Gary et moi étions géniaux. Puis, ils nous avaient placé sur une estrade, avant d'essayer de rameuter du monde autour de nous. Depuis, ils vantaient le moindre trait de notre personnalité. Apparemment, le fait que je choisisse une chemise « zinzolin » était un gage de qualité. Si j'avais apprécié les deux premières minutes de ce traitement, alors que la foule grandissait, je commençais à me sentir mal à l'aise. Je décidais donc de m'affirmer :

- Cela a assez duré. Libérez-nous !

Voyant que ma somation n'eut que peu d'effets, je décidais d'insister :

- Vous n'avez aucune idée de à qui vous faites face. N'essayez pas de limiter la quantité de carnage que je peux causer...

Je m'étais voulu menaçant. Malheureusement pour moi, après trente secondes d'incrédulité, les deux étranges phénomènes se retournèrent en souriant vers la foule.

- Vous voyez ce qui vient de se produire ? Ce gringalet boutonneux qui ne paie pas de mine vient de faire preuve de courage, de conviction, de confiance envers lui-même. C'est Sam l'Indomptable ! C'est un exemple pour nous tous !

Là, j'hésitais entre être vexé pour le gringalet boutonneux et flatté. Je me retournais néanmoins vers Gary, complètement dépassé par la situation. Mon ami semblait être dans le même état que moi.

- Non mais tu leur as fait quoi à ces gus ? me demanda-t-il dans un murmure.

- Rien.

Malheureusement pour moi, je ne savais pas mentir. Mon visage se tint alors d'une belle couleur cramoisie. Devant le regard implacable – et pas dupe pour un sous – de Gary, je me résolut à admettre :

- Bon, d'accord, Ryan n'allait pas être là pour la Saint Valentin, je l'ai mal prit, j'ai lancé un sort pour que quelqu'un daigne vouloir me donner de l'attention. J'ai dû me tromper quelque part...

- Non, tu crois ? ironisa Gary en montrant la foule qui scandait maintenant mon nom.

Nous connaissant, nous allions nous lancer dans une dispute extrêmement mature sur ma tendance à foirer mes proportions enchantées. Néanmoins, nous fûmes prirent de court quand nos deux ravisseurs dirent une chose étrange – enfin, plus étrange que le reste de tout ce bordel :

- C'est pour cela que vous tous qui nous écoutez devez lire Les contes de Verania ! Sam l'Indomptable ici présent en est le héros. Et comment ne pas aimer un livre avec un héro aussi humain, attachant, maladroit et désespérant, et pourtant aussi brave ?

Là encore, mon cœur balança entre flatterie et vexation. Et là encore, mon esprit me ramena à l'urgence de la situation.

- Comment ça, « un livre » ? demandais-je à nos ravisseurs.

Ceux-ci ont eu l'audace de paraître surprit.

- Bah, oui, Les contes de Verania... Vous vous êtes cosplayés en Sam et en Gary – super bien fait le costume de fausse licorne d'ailleurs. C'est bien pour ça qu'on vous a fait monter sur l'estrade ! Pour que d'autres fans comme nous puissent convaincre les gens tout autour de lire les aventures de Sam l'Indomptable.

Gary m'avait souvent mal regardé. Je peux pourtant vous assurer que jamais ses yeux furent plus meurtriers qu'en cet instant. Je sentais donc qu'il était urgent d'agir.

- Oh, oui, bien sûr, tout à fait. Tout le monde, lisez ce livre. C'est... génial. Maintenant, euh, désolé je dois... j'ai envie de faire caca.

Pourquoi fallait-il toujours que je peine à trouver de belles excuses ? Heureusement pour nous, nos deux ravisseurs nous laissèrent partir. Peu étonnant, puisque apparemment, ils n'avaient pas vraiment eu envie de nous ravir.

Éloignés de l'estrade de quelques mètres, je réunis toute ma concentration dans un sort de retour.

En ouvrant les yeux, je constatais avec soulagement être revenu dans mon atelier. Gary était heureusement là aussi.

Enfin, heureusement... tout était relatif. Il était toujours furieux. Il lui fallut environ dix secondes avant d'exploser :

- Non mais bordel Sam ! Ça te suffit pas de te faire kidnapper par tout ce qui bouge, il faut maintenant que tu te débrouilles pour te faire enlever dans les autres fandoms !

Oui, présenté comme ça, la situation n'était pas idéale. Mais qu'est-ce que j'y pouvais, moi ? Le monde entier était apparemment fan de moi...


petit mot de fin : j'ai vu passer un copc qui disait "cap ou pas cap d'écrire sur quelqu'un qui essaie de gouroufier les gens sur les Contes de Verania" Je pense que le prompt était à l'origine pour un autre fandom, mais imaginer écrire dessus dans le propre fandom d'origine me faisait bien marrer. J'ai eu l'image de l'extasion des gens sur la chemise zinzolin et voilà x)