Chapitre 4 : Lord et Lady Rogue
C'était fait, elle était Madame Rogue… non, Lady Rogue ! Hermione était mariée et, de ce fait, pouvait se vanter de faire partie de l'élite de la société. Enfin, façon de parler, car jamais elle ne ferait une chose pareille bien entendu, surtout vu les circonstances bien peu glorieuses de son mariage.
Juste après la cérémonie, les invités commencèrent à se lever et son époux tenta visiblement de prendre la parole mais son témoin le fit avant, tout en s'inclinant légèrement devant elle :
- Félicitations Lady Rogue, dit-il alors. Depuis le temps que j'entends parler de vous, je suis enchanté de pouvoir enfin vous rencontrer.
- Merci, répondit-elle en s'inclinant à son tour devant le blond. Mais il ne faut pas croire tout ce que vous avez pu lire sur moi dans la gazette.
- Oh, je ne me fis que rarement à ce que les médias peuvent bien raconter, dit-il avec un air amusé avant de donner un coup amical sur l'épaule du marié. Mais je me fis volontiers à ce que votre mari m'a dit de vous !
- Serait-il possible que tu évites de me déboiter l'épaule ? grogna-t-il d'ailleurs.
C'était assez étrange à voir, c'était un peu comme si la réincarnation de la joie de vivre était amie avec celle de la dépression elle-même. Puis le blond regarda à nouveau Hermione en semblant se souvenir d'un détail :
- Oh, excusez moi Lady Rogue, j'ai oublié de me présenter, je doute qu'il vous ait parlé de moi, ni de qui que ce fusse d'ailleurs ! Je suis monsieur Rivoyre Christian..
- Enchantée monsieur Rivoyre.
- J'ai déjà entendu parler de vous, intervint Ginny qui était restée silencieuse jusque là. N'êtes vous pas le guérisseur de l'hôpital Sainte Ébonite ?
- C'est bien moi, s'étonna le susnommé.
- Vos travaux sur la mise en magie des soins moldus est très intéressante. Difficile à comprendre, mais intéressante ! Mon père en a beaucoup entendu parler au ministère et a tenté de nous expliquer un peu tout ça.
Finalement, les deux témoins finirent par parler ensemble et Hermione vit que Rogue tenta une nouvelle fois de lui parler. Il roula les yeux au ciel alors qu'une fois encore quelqu'un le devança :
- La cérémonie était parfaite, vos parents et vous-même avez fait de l'excellent travail Lady Hermione.
- Oh c'est… c'est très gentil, répondit la principale intéressée en voyant sa toute nouvelle belle-mère lui sourire, merci beaucoup Lady Rogue. Je suis ravie de vous rencontrer !
- Je savais déjà que tu avais bon goût Severus, mais ta femme est vraiment charmante, ajouta-t-elle en regardant son fils.
- Il est vrai, concéda-t-il.
La jeune sorcière regarda son époux avec étonnement. Il la trouvait charmante ou bien était-ce pour la forme ? C'était difficile à dire, son air impassible étant toujours là pour fausser la donne. Lady Rogue senior regarda à nouveau sa bru avec bonne humeur :
- Je suis certaine que nous allons nous entendre à merveille. Severus m'a dit que vous aimiez beaucoup lire, je pense que notre bibliothèque vous plaira. Mais surtout, il m'a expliqué que vous vous intéressiez beaucoup aux animaux et aux créatures, il y en a d'innombrables aux alentours du manoir !
- Il vous a dit tout ça sur moi ?
- Aurait-il été préférable que je parle de votre manie à poser des questions inutiles ? souffla-t-il d'exaspération.
- Les chamailleries commencent déjà, s'amusa sa mère. Ne vous en faites pas Hermione, mon fils est toujours d'humeur ronchonne, mais il n'a pas un mauvais fond.
- Oui, je suis un homme si facile à vivre, ironisa-t-il.
Sa mère secoua la tête mais se garda bien de toute réflexion. Hermione en fit de même, il était préférable de se taire plutôt que de dire une vérité inentendable pour une maman : son fils était un goujat qui usait de la ruse pour vivre comme lui l'entendait uniquement ! Rogue regarda sa femme avec insistance sans rien ajouter de plus. Il n'en avait de toute façon pas le temps, il y eut un véritable défilé de félicitations qui continua, et qui dura un moment. Heureusement n'y avait-il pas beaucoup d'invités, c'était bien suffisant.
Quand ce fut à Dumbledore de s'approcher, il inclina la tête vers Hermione et lui sourit, d'un air joyeux certes, mais désolé en même temps. Il savait pertinemment la réalité derrière cette union, tout comme Sirius. Heureusement, ils étaient les deux seuls et cela ne faisait aucun doute vu l'étonnement de ses amis lorsqu'ils eurent appris les fiançailles à l'époque. Hermione n'était pas entrée dans les détails, il valait mieux après tout, pour éviter une vague d'énervement surprotectrice de la part de ces derniers.
- Le blanc vous va très bien Lady Rogue. La reine Victoria était une dame visionnaire en terme de mode, cela ne fait aucun doute.
- Ma mère fait partie des femmes qui ont beaucoup de goût, répondit Hermione en regardant elle-même sa robe. Elle lui allait encore mieux qu'à moi.
- Croyez-moi Lady Rogue, vous êtes radieuse. Et vous Severus, eh bien, je constate que la tenue traditionnelle de la lignée Prince vous va toujours aussi bien. Vous portez le…
- Si vous parlez du Kilt, je serais contraint de vous renvoyer à Poudlard avant le déjeuner Albus.
- J'allais dire le Balmoral mon ami, plaisanta l'aîné. Je suis en tout cas ravi de voir que tout s'est bien déroulé, je suppose que c'est de bon augure pour la suite.
- Il n'en fait aucun doute, répondit Rogue en haussant les épaules.
Au moins y avait-il une personne sûre sur les deux jeunes mariés. Dumbledore sourit amicalement et finalement, Hermione se retrouva seule avec son époux, alors que les invités se dirigeaient tous à l'intérieur.
- Alors comme ça j'aime la lecture, les animaux et je suis charmante ? demanda-t-elle en regardant Rogue qui fut à nouveau coupé dans son élan.
Oui, elle l'avait fait exprès et s'amusait de le voir s'agacer sans pouvoir pleinement s'énerver à la vue des nombreux témoins potentiels. Peut-être le regretterait-elle plus tard, mais ses inquiétudes de la veille et du matin même étaient comme… moins flagrantes. Elle n'aurait su dire pourquoi, éventuellement car elle se retrouvait enfin face à lui, sur une durée plus longue que d'ordinaire, mais le monstre semblait moins terrifiant. C'était un mage noir mais il n'en demeurait pas moins humain après tout.
- Me suis-je fourvoyé sur vos centres d'intérêts ? demanda-t-il à son tour sans répondre à la question.
- Non, admit sa femme, mais je me demande bien d'où vous savez tout ça.
- Je me suis renseigné sur vous avant de vous épouser. J'ai demandé à Albus, Minerva, et même par la suite à vos parents, qu'elle genre de damoiselle vous étiez.
- Cela vous intéressait de le savoir peut-être ?
- N'avez-vous pas, vous-même, cherché des renseignements sur moi ?
- Si, mais j'ai eu plusieurs fois des informations aussi contradictoires que votre personne est ambivalente.
- C'est sûrement lié à mon côté monstrueux, s'amusa-t-il en haussant les épaules. Enfin, je n'en reste pas moins qu'un simple être humain non ?
Hermione constata une fois de plus une ironie palpable alors qu'il avança juste après sa dernière réplique. Avait-il lu dans ses pensées ? Elle n'était pas sans savoir que certains sorciers y arrivaient, mais était-ce son cas ? Il semblait en tout cas vouloir faire une insinuation dans ce sens là. Si c'était le cas, la jeune femme allait devoir se montrer prudente jusque dans les moindres recoins de sa tête. Il ne manquait plus que ça !
À l'heure du repas, tout le monde s'installa à table dans la salle à manger de la demeure McGonagall et tout se déroula dans une ambiance bon enfant. La jeune femme, décidant de ne pas se torturer inutilement toute la journée, eut tout loisir de profiter de ses amis qu'elle n'avait pas eu l'occasion de voir depuis longtemps. Harry et Ron avaient la chance d'avoir déjà pu intégrer le ministère, sans l'autorisation de personne, pour entrer chez les Aurors. Ginny allait bientôt entamer sa dernière année d'étude et se projetait déjà officieusement dans la vie maritale avec Harry, non sans proclamer qu'elle espérait une cérémonie aussi belle que celle d'aujourd'hui.
Hélas, les moments joyeux du repas ne durèrent pas indéfiniment et bientôt, les invités durent partir et les jeunes mariés aussi. Jane et John les félicitèrent une fois de plus tout en prenant à tour de rôle leur fille dans leurs bras, lui souhaitant tout le bonheur du monde. Ils se reverraient bien entendu, mais ces « au revoir » sonnaient tant comme des adieux qu'elle eut la sensation désagréable de vouloir pleurer.
Pour la nuit de noce, Rogue lui avait vaguement expliqué pendant le repas qu'ils iraient dans sa demeure de Londres, où sa mère séjournait en règle générale. Pour leur laisser une certaine intimité, dont Hermione se serait bien passée, sa belle-mère avait été invitée à dormir chez Minerva. En revanche, ce qui surprit la jeune mariée au moment du départ, ce fut de s'y rendre en voiture :
- Je ne pensais pas que vous seriez aussi pressée de rentrer, se moqua-t-il. Mais si vous voulez vraiment vous retrouvez chez nous plus vite, nous pouvons toujours utiliser la cheminette de Minerva.
- Je ne suis pas contre une balade, répondit-elle simplement.
Elle s'approcha alors du véhicule et observa les chevaux attelés à ce dernier. Il s'agissait de magnifiques chevaux de traits, des shires baies et noir tous aussi immenses les uns que les autres.
- Ils sont magnifiques.
- Certes, concéda Rogue. Mais vous ne devriez pas vous en approcher.
- Pourquoi cela au juste ?
- Les abraxans ne sont pas aussi imprévisibles que les gronians, mais je ne saurais que vous conseiller de ne jamais vous en approcher de côté alors qu'ils sont attachés. Vous risqueriez de vous prendre un coup d'aile. Quand ils seront dételés, vous aurez tout loisir de les approcher convenablement, de face.
- Ce sont des abraxans ?
Rogue la regarda avec un air tout aussi surpris qu'elle, si ce n'était plus. Il garda le silence quelques secondes puis fit un petit geste de la main. Les shires baie et noir se transformèrent sous les yeux de la lionne en de robustes chevaux ailés.
- Un sortilège de confusion ! s'exclama-t-elle.
Elle aurait aimé paraître moins émerveillée, mais c'était trop tard. Hermione se retint néanmoins de féliciter son époux pour sa pratique de la magie. Elle l'avait déjà plusieurs fois vu à l'œuvre et il était certain qu'il était doué. La pratique de la magie sans baguette n'était pas donnée à tout le monde, encore moins sans avoir à dire une formule de vive voix.
- Puis-je vous demander ce que vous avez vu, quand je suis venu la dernière fois avec ma propre monture ?
- Un frison, je crois, répondit-elle en réfléchissant. Ce n'était pas un shire car son pelage était entièrement noir.
- Oh… je vois !
Elle n'aurait su dire s'il était énervé, choqué, juste amusé ou content. Elle voulut lui demander de quelle race était sa monture mais il ouvrit simplement la portière du véhicule et lui tendit la main pour l'aider à grimper. Elle préféra le faire seule, elle n'avait pas besoin d'aide après tout, puis elle s'installa face à la route, proche de la fenêtre de la portière opposée. Rogue fit un signe au cocher et s'installa en face de sa femme.
- Combien de temps de route avons-nous ? demanda-t-elle alors que les chevaux commencèrent à avancer au sol.
- Environ 3 heures, nous ne prendrons pas la voie des airs, il n'y a pas assez de nuages au dessus de Londres aujourd'hui. Vous avez donc le temps de vous reposer.
- Combien de temps resterons nous là bas ?
- Une nuit, puis nous pourrons entamer le voyage de noce. Vous avez des membres de votre famille à voir en particulier ?
- Je n'ai que mes parents, mon père a perdu les siens il y a plusieurs années et ceux de ma mère… disons qu'ils ne l'ont jamais comprise et que nous n'avons plus de contact avec eux depuis bien trop longtemps pour que j'aille les voir. Je suppose que nous n'aurons que votre famille à visiter.
- Je n'ai que ma mère, répondit-il en regardant le paysage par la fenêtre.
- Votre père est décédé ? demanda-t-elle sans tact, elle s'en rendit bien compte. Désolée, je ne…
- Oui, il est mort, lança-t-il sans la regarder.
- Il y a longtemps ?
- J'avais 7 ans, on peut dire que cela commence à faire un moment.
- Que s'est il passé ?
- Sapristi, vous ne cessez donc jamais de poser des questions ?
- Je fais juste l'effort de m'intéresser à vous, dit-elle légèrement vexée par cette remarque.
Hermione croisa les bras devant elle et regarda à son tour dehors. Elle ne mettait pas toujours les formes quand elle discutait, mais elle avait pourtant réellement voulu faire un effort. Elle allait tout de même devoir vivre avec lui !
- Mon père était moldu, répondit-il finalement après un moment de silence. Ma mère était tombée follement amoureuse de lui, mais en plus de ne pas être sorcier, ce n'était qu'un simple maréchal-ferrant. Ils se sont mariés envers et contre tous, à Gretna Green, sur un coup de tête. Je suppose que ma mère voulait mettre son propre père dans l'embarras en faisant ça, quoi qu'il en fut, je suis né de cette union. Puis quand j'ai eu 7 ans, il est mort d'un banal accident au travail. Un cheval s'est emballé et l'a piétiné !
Il avait dit cela avec un détachement total, ce qui donna des frissons à la jeune sorcière. Rogue regardait toujours dehors comme s'il s'ennuyait et bien qu'elle aurait pu se taire, elle ne put s'empêcher de poser encore une énième question :
- Comment avez-vous pu devenir Lord si votre mère a été reniée ?
Rogue soupira et reporta son regard sur elle :
- Mes pouvoirs magiques s'étaient déjà réveillés à l'époque de la mort de mon père. Mon si célèbre grand-père en a eu vent et a expliqué à ma mère qu'il accepterait de faire de moi son héritier, si elle daignait revenir au manoir pour épouser un homme convenable pour se repentir. Elle était devenue une paria aux yeux de la Lorderie, mais personne ne refusait jamais rien au Lord des ténèbres, faire effacer les déboires et trouver un nouveau prétendant à sa fille n'a donc pas été trop compliqué.
Bien que son visage était toujours aussi vide de toutes émotions, le ton de sa voix ne laissait pas présager que les actions de son grand-père fussent pleines de bons sentiments. Pourtant, il s'agissait de sa fille et de son petit fils ! Rogue continua son récit et Hermione écouta attentivement :
- Ce fut un ami proche de mon grand-père qui accepta de l'épouser pour tenter de faire oublier ce qui s'était passé. Un homme aux mêmes mœurs que lui, quelqu'un qui était donc adorable en somme… au moins n'ai-je pas eu à le supporter longtemps.
Cela semblait pire que ce qu'elle avait imaginé mais Hermione se sentit soulager en comprenant que cet homme était mort rapidement. Sa nouvelle belle-mère semblait être une femme si gentille, elle ne méritait clairement pas de vivre sous le joug d'un époux détestable.
- Quant à moi, on m'a demandé de porter le nom de Prince, pour faire comme si mes deux parents ne l'avaient jamais été, et je l'ai fait, pour ma mère. En tout cas jusqu'à la mort de mon grand-père ! J'avais 24 ans quand il nous a enfin quitté et dès que j'ai repris les rênes de la demeure familiale, j'ai aussi repris le nom de mon père.
- Un pied de nez qui a du retourner votre grand-père dans sa tombe, fit-elle remarquer sans cacher un certain soulagement.
- Certes, mais c'était le prix à payer pour avoir renié et dénigré sa propre fille ! Il l'aurait laissée seule et sans le sou si je n'avais pas été sorcier et surtout, s'il avait eu un autre héritier à mettre à la place. Mais mes deux oncles sont morts de la dragoncelle et il ne voulait simplement pas que son héritage parte à son cousin.
- Vous vous êtes vengé à votre façon si je comprends bien.
- Ce n'est pas la manière dont je vois les choses, expliqua-t-il alors en remportant à nouveau son regard dehors. Mon grand-père avait pour principe que chaque chose avait un coût… c'est la seule leçon de sa part que j'ai totalement acquise.
Il posa son coude sur un rebord du véhicule et posa sa joue sur son poing fermé. Hermione comprenait mieux la noirceur qui entourait ce sorcier, mais elle comprit surtout la réaction de celui-ci quand elle l'eût comparé avec son grand-père. Se pouvait-il qu'il ait au fond de lui une part d'humanité qu'il voulait simplement cacher aux yeux des autres ? C'était assez difficile à croire pour autant…
Il l'avait tout de même piégée honteusement, juste pour empêcher Sirius de vivre heureux. Avait-elle donc été le prix à payer de son propre plan ? Il n'avait sûrement pas eu l'intention de se marier à nouveau un jour, mais ce n'était pas si cher payé pour lui, alors qu'il gâchait surtout sa vie à elle en ayant fait ça. Après tout, lui, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire d'être marié ? La seule chose qu'il allait se retrouver « contraint » de faire, c'était de faire en sorte que sa femme ne manque de rien. Elle en revanche, perdait la possibilité de vivre heureuse en mariage et de fonder potentiellement une famille… même si ce n'était pas son but, il ne pouvait pas le savoir et l'en avait privé d'une certaine manière !
Il devait vraiment haïr Sirius, pour avoir voulu à ce point démolir la possibilité de ce dernier de vivre avec une femme aimante. Pourtant, Lord Black était un homme si généreux, il n'avait rien d'un couard qui aurait pu volontairement faire du mal à qui que ce fut. Alors, que c'était il passé pour qu'une telle rancœur prenne naissance entre eux ? Si elle pouvait revoir Sirius, et cela arriverait forcément un jour, alors elle se promit de penser à le lui demander.
- Si jamais vous souhaitez faire une pause, n'hésitez pas à demander au cocher !
- Ça devrait aller, merci.
Rogue ne répondit pas et se contenta de fermer les yeux. Il semblait fatigué et prêt à s'endormir, ce n'était pourtant pas une journée très épuisante et il n'était que 14 ou 15h. Elle le laissa néanmoins tranquille, elle avait déjà parlé, bien assez, et craignait que d'autres questions ne finissent par éveiller le mage noir en lui.
Quand ils passèrent par un grand portail, Hermione comprit qu'ils arrivaient. La demeure était en périphérie de Londres, loin de l'agitation de la fourmilière. Elle regarda par la fenêtre pour se rendre compte de son nouvel environnement. Le parc était arboré et verdoyant, bien entretenu mais plus petit que chez Minerva. Elle vit ensuite la demeure qui était plus proche d'un manoir que d'une maison de maître. En se penchant un peu plus pour voir les statues qui ornaient la toiture, elle ne fit pas attention et bouscula son époux dont le coude, et par la même occasion la tête, glissa jusqu'à se cogner contre la paroi du véhicule.
- Par Merlin, je suis désolée !
Rogue redressa la tête et lui lança une regard noir avant de constater qu'ils étaient arrivés. Se frottant les yeux à l'aide de son pouce et de son index, il reprit contenance :
- Bienvenue à la maison Londonienne, grommela-t-il. La route n'a pas été trop longue ?
- Non, c'est allé assez vite…
Severus sembla satisfait et ouvrit la portière, sauta à l'extérieur et regarda la demeure où vivait donc sa mère en temps normal. Il ne se tourna pas pour aider la jeune mariée à descendre, elle n'aurait pas accepté de toute façon. Hélas, la descente était plus complexe, ses jambes étant engourdies, mais elle ne voulait pas le laisser paraître. Rogue se tourna néanmoins et eut un sourire mauvais :
- Alors, vous attendez quoi ?
- Je prends mon temps, répliqua-t-elle.
- Souhaitez-vous dormir dans la voiture ?
- C'est toujours plus grand que certaine demeure du bas peuple, fit-elle remarquer.
- Vous n'avez jamais vraiment fait partie du bas peuple, fit-il remarquer à son tour.
- Ça reste pas si mal que ça ! maugréa-t-elle.
Rogue eut, l'espace d'un court instant, un sourire plus amusé que mauvais. Il reprit néanmoins bien vite un air froid et tendit sa main vers sa femme :
- Les chambres à l'intérieur sont bien plus confortables.
Hermione lui attrapa alors par dépit et descendit en tentant de ne pas trébucher. Une fois au sol, Rogue ne lâcha pas tout de suite sa main, trop occupé à regarder quelque chose derrière elle. Quand elle tourna la tête, elle ne remarqua rien de particulier, si ce n'était un écureuil qui courait jusqu'à un arbre. Il lui lâcha enfin la main et dit alors :
- Suivez-moi, je vais vous présenter le personnel du lieu.
- Le personnel ? s'étonna la jeune mariée.
- Oui, ma mère ne fait pas elle-même la cuisine et le ménage !
Ils entrèrent dans la demeure et se trouvèrent face à cinq personnes. Rogue présenta ainsi le majordome, la gouvernante, la cuisinière et les deux femmes à tout faire de la demeure. Étrangement, il n'y avait aucun elfe, à moins qu'ils ne se fussent cachés quelque part. Hermione se présenta elle aussi aux domestiques puis son époux lui fit une visite express de la cette demeure dans laquelle elle se serait bien vue vivre.
- Demain nous serons dans notre demeure principale, expliqua-t-il. Au vu de nos familles inexistantes, il ne sera pas nécessaire de faire de voyages longs et fastidieux. Je doute que tout vous montrer ici soit nécessaire, néanmoins si vous souhaitez vraiment tout voir, nous pourrons refaire un tour après le dîner.
Il était vraiment pressé et marchait vite de salle en salle, luxueuses et claires, décorées avec goût par Lady Rogue. Car oui, il expliqua à sa femme que sa mère avait elle aussi finit par récupérer le nom de son premier époux et ce, dès que le nouveau Lord eut pris le pouvoir de la famille.
Le repas du soir fut délicieux et Hermione demanda à la gouvernante de féliciter la cuisinière quand elle le pourrait. Elle avait fini son dessert depuis un moment mais son époux prenait plus de temps, lisant plusieurs lettres en même temps. Ce n'était pas très poli, quelles que fussent ses missives, mais au moins la jeune mariée eut le loisir de discuter avec les membres du personnel présent, sans que cela ne semble choquer son mari.
Puis il termina enfin et le majordome eut un large sourire pour les époux :
- Nous allons nous retirer pour la nuit mon Lord, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez néanmoins pas à nous sonner.
- Merci, répondit-t-il avant de regarder sa femme. Je vous laisses me suivre.
Elle obéit pour une fois sans tergiverser, se sentant à son tour fatiguée. Elle n'avait pas dormi en route, elle, après tout. Puis, une fois dans la chambre, Rogue ferma la porte derrière eux et elle se souvint qu'ils allaient dormir ensemble… puis, elle se rappela ensuite un autre détail : ils n'allaient pas dormir tout de suite !
Perdue, elle se mit à rougir et n'osa plus regarder son mari. Qu'allait elle devoir faire ? Question bête, il était clair que ce qu'ils allaient « devoir faire » impliquait qu'elle se déshabillasse, mais cela lui semblait affreusement gênant. Elle n'avait jamais ne serait-ce que montré sa cheville à un homme et voilà qu'elle allait devoir lui montrer tout le reste.
- Souhaitez-vous que j'éteigne les lumières ?
- Nous serons dans le noir complet ?
- Si vous le voulez, oui, enfin presque. Je ne suis pas encore capable d'éteindre la lune.
- Je… je crois que ce sera suffisant d'éteindre les bougies !
Rogue s'approcha d'elle doucement, prenant le temps d'éteindre les sources de lumières au passage. Une fois devant sa femme, seul la lumière de l'astre nocturne, qui passait légèrement dans la pièce, éclairait timidement la chambre à coucher. Hermione voyait à peine les traits du visage de son mari qui était, pourtant, si proche d'elle qu'elle sentit son souffle. Allait-il l'embrasser à nouveau ?
- Je suppose que vous savez ce que nous allons faire.
- Je ne suis pas ignorante vous savez !
- Alors je vais vous déshabiller, dit-il sans chercher à être condescendant.
- Je sais le faire moi-même !
- Je préfère le faire moi-même, cela m'aiderait pour la suite.
- En quoi cela vous aidera exactement ?
Rogue soupira et prit la main d'Hermione. Celle-ci eut un hoquet de surprise alors qu'il la plaça sans vergogne sur son entrejambe. Elle allait s'indigner mais il expliqua simplement :
- Le but de la chose c'est que je sois en capacité d'entrer et pour l'instant, ce n'est pas le cas.
- Vraiment ? s'étonna-t-elle en sentant pourtant une bosse solide par-dessous le pantalon de son mari. Mais quelle taille cela doit prendre ?
Non pas qu'elle paniquait, mais les dessins des livres médicaux de ses parents n'étaient clairement pas en échelle 1/1 ! Rogue lui relâcha la main et glissa la sienne sur la hanche de son épouse :
- Ça va dépendre de beaucoup de détails, mais disons qu'il va doubler de volume, environ.
Voilà, maintenant elle paniquait ! Elle allait se plaindre mais Rogue posa ses lèvres contre les siennes. Elle se tut alors et se concentra sur le baiser, se demandant comment cela pouvait être aussi doux sans qu'il n'y ait de sentiments entre eux. Dans le même temps, alors qu'elle commençait à apprécier un peu trop ce contact buccal à son goût, elle sentit les mains de Rogue glisser de ses hanches jusqu'à son dos, puis sur ses fesses. Ses caresses devenaient indécentes mais elle ne protesta pas, comme si sa voix s'était perdue derrière ses lèvres, déjà bien occupées.
Rogue s'attaqua ensuite à la fermeture de la robe, dans le dos, petit à petit. Alors qu'il arrivait au bout de sa tâche, il fit glisser le haut du vêtement de la jeune mariée, lui retirant les manches et le buste en même temps. Elle n'eut pas froid pour autant, alors que la plus importante de ses barrières de tissus tombait au sol.
Il relâcha ses lèvres alors qu'elle était maintenant seulement en sous vêtements. Hermione se sentit presque déçue et cette idée lui fit peur : devenait-elle une dépravée ? Ce n'était pourtant qu'un début car, sans qu'elle ne s'y attende, Rogue l'embrassa à nouveau, mais dans son cou. La jeune mariée ouvrit la bouche et lâcha un bruit étrange qu'elle ne contrôla pas, tel un soupir mais pas de ceux qui montre de la lassitude.
Bientôt, les lèvres de Rogue glissèrent sur sa clavicule et, plus indécemment que jamais, jusqu'à son corset qu'il avait déjà commencé à défaire sans même qu'elle ne l'eût remarqué ! D'un coup, son sous vêtement tomba aussi et Hermione sentit un air frais et libérateur sur sa poitrine. Ce ne fut pas uniquement ses seins, qui semblaient se durcir étrangement, qui réagirent car son entrejambe fut lui-même stimuler indirectement. Pour la première fois de sa vie, elle eut l'impression de sentir des muscles à cet endroit, se contractant presque, comme appelant désespérément à être touché.
Sa mère avait-elle raison en disant que ce n'était pas désagréable ? Cela semblait être le cas, d'autant plus quand la bouche de Rogue laissa place à sa langue pour titiller sa poitrine déjà si sensible. Une fois de plus, elle laissa échapper un son, peu naturel, passer ses lèvres de façon impudique, ce qui semblait étrangement plaire à son époux. Ne se montrait il pas plus fringuant dans ses attentions quand elle ne pouvait retenir ce genre de bruits ? Elle eut tout loisir de le vérifier quand elle poussa un couinement alors qu'il venait de mettre une main par-dessus son pantalon de dentelle.
Il joua avec l'intimité de sa femme par-dessus ce tissu si fin et à la fois trop encombrant. Plus il le faisait, plus la respiration d'Hermione devenait bruyante et plus il s'appliquait à la toucher, c'était affreusement agréable ! Elle avait la sensation que ses jambes ne pourraient bientôt plus la porter et à cet instant précis, Rogue passa ses mains sous ses fesses et la colla à lui avant de la soulever. Par réflexe, elle passa ses jambes autour des hanches de son mari et sentit que la bosse qu'elle avait tâtée juste avant était bien plus imposante.
Il l'embrassa à nouveau pendant qu'il la portait, la forçant à baisser la tête pour en profiter. Le baiser fut néanmoins différent, il bougeait ses lèvres, lui attaquait la bouche en ouvrant et fermant la sienne sur elle. C'était comme une bataille qu'elle décida de mener elle aussi, faisant grogner son mari d'une façon quasiment similaire à elle.
Alors qu'ils se chamaillaient la victoire de leur bouche, il l'allongea sur le lit et se retrouva au dessus d'elle, l'écrasant presque de son poids sans que cela ne la gène réellement. Au contraire, elle se retrouva à se plaindre sans mots alors qu'il se redressait, debout au bord du lit. Il attrapa le dernier sous vêtement de la jeune mariée et le lui retira. Maintenant entièrement nue, elle comprit que Rogue se déshabillait lui-même. Elle regretta presque la noirceur des lieux, la lune ne lui laissant qu'à peine voir une ombre se dévêtir à la hâte.
À quoi pouvait ressembler le torse de Rogue ? Elle avait déjà vu des cultivateurs torse nu, mais jamais un homme comme lui, il devait être bien plus fin et imberbe. Quand elle comprit qu'il retirait son pantalon, elle se mordilla la lèvre… à quoi pouvait ressembler le membre d'un homme une fois grossi par l'excitation ?
Elle ne le verrait pas, mais elle le sentirait, elle le savait. Ce n'était néanmoins pas pour tout de suite car, pour l'heure, il posa son genoux sur le lit mais ne se mit pas entre ses jambes comme elle l'avait pensé. Il remit sa main sur son mont et la caressa à nouveau, cette fois directement sur son fondement et de façon plus calculée.
Hermione recommença à sentir ces fourmillements qui semblaient la mener vers un endroit inconnu, la faisant soupirer à plusieurs reprises alors que sa respiration devenait plus saccadée. Puis, alors qu'il se pencha pour s'attaquer de nouveau à sa poitrine avec sa langue, la Gryffondor poussa un grognement digne d'une lionne. Jamais de sa vie elle n'avait ressenti une telle sensation et la tension dans son entrejambe explosa tel un volcan en éruption. Son sexe se contracta à plusieurs reprises, chaque spasme lui lançant une décharge électrique qui lui faisait perdre le sens de la réalité.
C'était donc ça le sexe ? Est-ce que cela allait recommencer une fois qu'il serait en elle ? Elle savait que cela n'était pas fini, les livres expliquaient clairement que l'homme atteignait la jouissance dans la femme après tout ! Mais une chose était sûre, les ouvrages n'étaient pas complets, car jamais elle n'avait lu qu'une telle réaction était possible chez la femme, et encore moins que l'usage des mains et de la langue de l'homme était possible.
Il fallut quelques secondes à Hermione pour reprendre ses esprits, ce qui avait laissé le temps à Rogue de se placer entre les cuisses de sa femme. Elle était maintenant avec ses jambes écartées de part et d'autre des hanches de son époux. C'était curieux mais son entrejambe semblait réclamer ce qui était sur le point d'arriver.
Il utilisa sa main sur son propre membre pour le placer contre le sien et le frotter entre ses plis. Hermione ferma les yeux en sentant ce contact si particulier et si intime. Puis il se plaça au centre et commença à avancer doucement :
- Je vous préviens Milady, cela ne va pas être aussi agréable pour vous que pour moi ! murmura-t-il en se penchant vers son oreille.
- Allez-y doucement s'il vous plaît, demanda-t-elle en étant aussi pressée que stressée.
- Inspirez ! ordonna-t-il alors. Maintenant, expirez…
Elle avait obéi machinalement et avait probablement bien fait. Lors de son expiration, son mari donna un à coup et entra en elle. Hermione poussa un cri de douleur et sentit une larme solitaire glisser jusqu'à son oreille. Voilà, ça correspondait déjà beaucoup plus à ce qu'elle s'était imaginé… la douleur était certes naturelle, mais vive.
- Ça va aller, murmura-t-il cette-fois.
Essayait-il de la rassurer ou bien de se persuader qu'il ne venait pas de la pourfendre en deux ? Il était en elle et ne bougeait plus, attendant elle ne savait trop quoi. La douleur commençait à passer, ne laissant plus qu'une sensation désagréable qui restait néanmoins gérable.
Quand sa respiration reprit un rythme normal, elle sentit Rogue bouger à nouveau, lentement, faisant ressortir son membre en partie avant de le faire rentrer à nouveau, toujours aussi doucement. La gêne était toujours là mais la douleur en elle-même avait disparue, permettant au Lord de recommencer la manœuvre encore une fois, engendrant un frottement répétitif en elle.
- Ce… ce n'est pas fini ? s'étonna-t-elle en le sentant recommencer le mouvement.
- Ça prend un peu de temps ce genre d'activité, dit-il comme s'il s'agissait d'une évidence. Vous pensiez qu'il suffisait d'entrer et que tout était terminé ?
- Je… je ne sais pas, mentit-elle.
- Ce serait bien morne si la chose était aussi rapide.
- Pour vous peut-être, ne put-elle s'empêcher de répondre.
- Avec le temps, vous aimerez ça autant que ce que je vous ai fait avant, expliqua-t-il. Seule la première fois est douloureuse.
Hermione ne répondit rien, préférant éviter de penser aux prochaines fois potentielles, incertaine quant au fait quelle aimerait ça un jour. Après, il était vrai que les attouchement précédents avaient été agréables… même bon d'ailleurs ! Mais est-ce que cela en valait le coup pour ensuite être empalée de la sorte ? Peut-être que certaine femme aimait cela ou du moins s'y accommodaient. Aurait-ce été son cas si elle s'était retrouvée mariée à Sirius ? Elle avait plus d'une fois entendu dire que les sentiments pouvaient avoir un rôle à jouer dans cette activité.
Rogue ne bougea plus. Hermione se demandait ce qu'il préparait, puis le sentit se retirer de son antre.
- C'est fini ?
- Oui, c'est terminé, marmonna-t-il.
Cela n'avait pas été si long que ça finalement. Rogue se leva et avec le peu de luminosité, il sembla à Hermione qu'il ramassait son pantalon pour le renfiler. N'était-il pas censé juste se coucher ou alors enfiler plutôt un pyjama ?
- Que faites-vous ? demanda-t-elle.
- J'ai des choses à faire, répondit-il vaguement. Vos affaires de nuit sont dans le placard si vous le souhaitez, avec vos autres vêtements. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, la sonnette pour les domestiques est de chaque côté du lit.
- Bien, dit-elle sans insister.
- Dormez bien Milady.
Hermione le vit plus ou moins s'incliner avant de sortir de la chambre. Cela ne s'était pas terminé comme elle l'avait imaginé. Du moins le final avait-il été bien plus brusque que le reste. Au moins n'avait-elle pas eu aussi mal que prévu et son époux n'avait pas été si violent qu'elle l'eût craint. En revanche, elle avait pensé qu'il s'endormirait avec elle pour cette nuit de noce, non pas qu'il irait faire quelconques activités nocturnes étranges. Après, ce n'était pas si grave, ce n'était pas comme si elle voulait absolument passer la nuit avec lui.
Hermione attrapa sa baguette et alluma par magie la petite lampe à huile la plus proche. Elle constata en se levant la présence de sang sur les draps et regarda son entrejambe, légèrement entachée de rouge comme si elle était dans sa mauvaise période du mois. La douleur aurait clairement pu être bien pire…
Se nettoyant comme elle put avec l'aide de la magie, elle renfila un sous vêtements et passa une chemise de nuit avant de changer les draps, toujours avec sa baguette. Elle s'allongea juste après et garda la lumière allumée, préférant ne pas rester dans le noir cette nuit. S'enroulant dans les draps, elle repensa à sa journée, au mariage, à la silhouette de Sirius au loin et à Rogue… son époux. Moins barbare qu'elle ne l'eût pensé, mais tout de même sombre et incompréhensible.
« Dormez bien Milady »
Quel drôle de façon de l'appeler… enfin, elle comptait en effet bien dormir, tranquille et seule.
