Chapitre 10
~ Le lendemain – Infirmerie du QG de Marineford, 07h57 ~
L'infirmerie du Quartier Général est vide et silencieuse ce matin, pour mon grand plaisir. Et elle l'a été toute la nuit également, permettant au personnel soignant de se reposer dans leur quartier sans qu'il y ait quelqu'un pour me surveiller. Je viens de passer la nuit la plus longue et mouvementée depuis que j'ai reçu ce maudit cahier de la mort. Je ne cesse d'entendre la voix de mon ex-collègue décédé Nezumi me crier du fond des enfers que je le rejoindrais tôt au tard. Je souffle longuement épuisée par les cauchemars qui n'en finissent pas et ouvre les yeux après d'interminables minutes, cherchant la motivation pour me lever. Je fixe un point invisible vers le fond de l'infirmerie, réfléchissant à mon avenir au sein de cette base. Avec Akainu comme supérieur hiérarchique, ma carrière ici risque de se stopper nette au poste de vice-amirale.
- Niak niak.. Je vais te dire un secret : Tu parles en dormant ! glousse Ryuk.
Je me redresse doucement dans le lit faisant craquer la structure métallique et pose mes pieds au sol tandis que mon cerveau se réveille de sa transe, chassant les cauchemars de la nuit. J'inspire un grand coup et me rhabille en vitesse avant de me relever pour faire le lit sous le regard attentif et curieux du dieu de la mort. Ce dernier se vexe en voyant que je l'ignore royalement, ne lui adressant même pas un regard. Je jette un coup d'œil à l'horloge et quitte l'infirmerie sans bruit. J'arrive dans le couloir principal dans lequel je croise quelques soldats matinaux qui vont au réfectoire. Je décide malgré tout de suivre la foule et jette un coup d'œil dans le réfectoire, le cœur battant. Je ne vois ni Akainu, ni Kizaru et j'en profite pour me faufiler prendre un café et un croissant avant de faire demi-tour pour partir en direction du port, pour prendre la prochaine croisière en direction de la maison. Je ne m'attarde pas davantage dans le réfectoire et le quitte précipitamment en voyant un costard jaune à ma gauche, en sortant. Je fais mine de ne pas l'avoir vu et marche rapidement à l'extérieur du QG, toujours mon café brûlant à la main et le croissant coincé entre les dents. Mais le possesseur du dit-costard n'a pas l'intention de me laisser filer aussi vite et il me rattrape en un rien de temps.
- Vice-amiraaale Chesca ! m'appelle-t-il calmement.
Je me crispe un peu et relève la tête pour le voir devant moi, ses yeux me fixant intensément, le corps courbé vers l'avant et les mains dans les poches de son pantalon comme à son éternel habitude. Je mâche le morceau de mon croissant que j'avale de travers et lui adresse le salut millitaire. Il balaie mon éternelle politesse d'un geste de la main et m'observe avec une expression étrange dans les yeux.
- Vous alleeeez mieeeux ? s'enquit-il. Vous étiez dans un sale état hier soir.
- Je vais mieux, merci de vous inquiéter, amiral Kizaru.
- Tant mieeeux alors ! Puis-je vous demander ce que vous faisiez dans les toilettes des hommes ? Vous attendiez un homme pour un petit rendez-vous amoureeeux ?
- Ahem, c'est un malentendu. Il n'y a rien de cela amiral, je vous l'assure. J'ai été prise d'un malaise dans la soirée et j'ai voulu aller aux toilettes les plus proches qui se sont avérées être les vôtres. Ne voyez pas un signe de voyeurisme quelconque ou un rendez-vous secret avec un collègue…
- Oh dommage ! rigole-t-il. On manque de potins à Marineford ces temps-ci.
Il me fait un salut de la main puis fait demi-tour, tandis que je digère lentement cette dernière phrase. Ryuk se gratte la tête, ne sachant pas quoi penser avant d'avoir une idée du siècle de son point de vue.
- Pourquoi ne ferais-tu pas de lui ta prochaine victime… ? Ça prouverait que même les Grands de ce monde ne sont pas à l'abri de ce mystérieux tueur ! propose Ryuk.
- Et l'étau se resserrerait autour de moi et de mes collègues, marmonnais-je. Il était avec nous à la réunion.
- Tu es vraiment fascinante ! me complimente Ryuk. Tu penses déjà à tout pour ne pas te faire coincer par tes copains. Mais n'empêche que tu es très hypocrite avec eux. Que vas-tu faire maintenant ?
- Demi-tour.
Malgré ma peur de le recroiser, je tourne les talons pour rentrer à nouveau dans la base et je me dirige sans hésiter dans l'endroit le plus infesté de rats et de vilaines araignées. J'emprunte les couloirs secondaires amenant en direction des bureaux des contre-amiraux, et bifurque à un énième tournant sombre et me stoppe devant la porte métallique menant aux archives. Je sors mon trousseau de clés et cherche péniblement la clé correspondante. Une fois trouvée, j'ouvre la porte dans un grincement crispant et me retrouve devant un escalier sombre et froid. Je laisse mes peurs les plus profondes de côté et commence ma longue descendante dans la caverne d'Ali Baba. Je ne prends pas la peine de vérifier si je suis toujours suivi du dieu de la mort, car il me suivra jusqu'à ma mort… Sauf si cette dernière m'attend en bas et qu'il a déjà tout prévu. Cette seule pensée me fait manquer un battement de cœur et je m'arrête au milieu des escaliers pour tourner la tête, et le voir derrière voir, volant avec ces ailes noires. Nos yeux se croisent et il penche la tête, curieux.
- Quoi ?
- … Quand mon heure arrivera, ce sera l'œuvre du destin ou ce sera toi qui inscriras mon nom dans ton cahier ?
- Niak… Très bonne question. Quand ce sera à ton tour de mourir, c'est moi qui noteras ton nom dans mon Death Note.
En disant cela, il tapote son cahier de la mort attaché à sa ceinture à tête de mort. Je regrette immédiatement d'avoir posé cette question et reprend mon chemin, la boule au ventre. Dois-je vraiment continuer cette alliance avec un tel monstre ? Mais ce cahier est l'outil qui pourrait me permettre de me venger efficacement d'Akainu tout en restant discrète et innocente aux yeux de tous. Mon cœur balance de plus en plus à chaque fois que j'en apprends un peu plus sur le fonctionnement de cette chose ! J'essaie de garder la tête froide et j'arrive enfin dans la salle des archives construite sous le Quartier Général pour conserver les dossiers et documents désormais hors d'usage. Je prends mon courage à deux mains et m'avance dans la pénombre à la recherche d'un escargot-lumière que je trouve après quelques minutes, sur une petite étagère près de l'escalier. Je l'allume et dirige la lumière vers l'avant tout en m'avançant dans l'espace sombre et glauque des archives. Ayant longtemps fait du classement, je sais où trouver ce qui m'intéresse. Je m'enfonce lentement dans les archives et parviens aux immenses étagères sur lesquelles sont rangées les listes des soldats par faction et unité au sein du QG avec en supplément des trombinoscopes. Je prends l'un des classeurs et fouille entre les différents intercalaires à la recherche de l'unité de l'ex-amiral Akainu.
- Que recherches-tu ici ? me questionne Ryuk en observant par-dessus mon épaule.
- Les documents relatifs aux hommes d'Akainu tout simplement.
Je continue ma recherche pendant une vingtaine de minutes avant de trouver le Saint-Graal dans un classeur poussiéreux à l'autre extrémité de l'étagère. J'arrache la liste des soldats, les trombinoscopes des différentes unités et les photos de groupe qui peuvent m'être utiles et les rangent sous ma robe au niveau de ma poitrine. J'entends Ryuk rire grassement derrière moi.
- Prête à tout pour ne pas être démasquée ? Tu t'es décidée à bientôt passer à l'action on dirait !
- Dis-moi Ryuk, la règle de base du Death Note, que dit-elle exactement ? l'interrogeais-je sans ciller.
- La personne dont le nom est écrit dans ce cahier meurt, répond Ryuk surpris. Tu as des pertes de mémoire gamine ?
- Continue au lieu de faire des sarcasmes !
- Il faut avoir en tête le visage de la personne dont on écrit le nom sinon cela ne fonctionne pas. Ainsi, si plusieurs personnes ont le même nom, elles ne seront pas impactées, résume-t-il ennuyé.
- Très bien. Dont, si je suis la logique de tes règles…. On peut tuer toutes personnes dont on connait le visage et le nom et sans être à ses côtés… Et si on écrit juste le nom, elles meurent d'une simple crise cardiaque. C'est parfait, je vais pouvoir travailler de chez moi dès aujourd'hui sans que personne ne puisse me suspecter. J'espère que cela fonctionne avec des photographies, car sinon tu vas m'entendre Ryuk !
Je range les classeurs et efface les traces de mes mains avant de tourner les talons pour retourner à l'étage, l'air calme et détendu. Je remonte tranquillement les escaliers et referme la porte derrière moi, avant de partir en direction du port, le cœur étrangement léger.
Profite bien de la paix Akainu, car le calme de la base va bientôt être une vieille histoire !
Ca y est, Chesca est en roue libre, ca va saigner !
Qui sera la prochaine victime des griffes de notre future tueuse en série Kiza ?
A vos review's !
Chesca-Shan
