Chapitre 18

~ Bureau de la vice-amirale Chesca, 20h28~

Assise derrière mon bureau, je mâchouille nerveusement un cure-dent, réfléchissant à ce futur entretien avec l'amiral en chef et l'amiral Kizaru. La réunion s'est finie d'une étrange manière avec une convocation personnelle et avec un scénario que je n'avais pas envisagé une seule seconde. Il nous convoque tous les uns après les autres pour savoir qui est capable de travailler sur « l'affaire Kira » comme il aime l'appeler. De mon point de vue, j'ai bien peur que cet entretien ne cache un objectif bien plus sombre et sournois. Au moins, tous mes collègues y passent, ca me rassure quelque peu et heureusement pour moi, je suis l'un des première convoquée. Nous ne connaissons pas encore les modalités de l'entretien mais ce que nous savons, c'est que nous allons être reçu soit par le tyran Akainu ou par Kizaru qui feront des rapports complets sur chacun d'entre nous.

Je m'étire longuement les bras en soufflant, très ennuyée par la tournure des évènements.

- Je ne sais pas s'il existe une quelconque entité au-dessus de ma tête en-dehors des dieux de la Mort, mais si un Dieu existe, faîtes que je tombe avec l'amiral Kizaru par pitié !

- Nyak Nyak ! Bonjour, le numéro demandé n'est pas attribué ! Veillez raccrocher et ne jamais réessayer ! ricane Ryuk en apparaissant du plafond.

- Très drôle Ryuk. Mais au moins, tu me confirmes que vous êtes les seules créatures au-dessus de nos têtes. Personne ne peut vous faire concurrence en termes de malfaisance de toute manière.

- Oh, mais si, il existe une créature capable de nous dépasser, réplique Ryuk en sautant au sol, son sourire tordu aux lèvres. Et il s'agit de l'humanité en général. Et toi, tu es l'un des spécimens les plus dangereux avec un tel pouvoir.

- Petit flatteur. Tu essaies de me faire croire qu'avec mes quelques morts sur la conscience, je peux te faire de l'ombre à toi et tes collègues ? Complètement absurde.

- Tu oublies que tu as un deuxième Kira dans la nature qui est très efficace également, ricane-t-il. Avec vos idéologies, vous nous dépasserez pour sûr.

Je détourne le regard pour m'arracher à la contemplation de cet être au style mélangé d'un cadavre et d'un gothique qu'on aurait cryogéniser pendant plusieurs années avant de le laisser sortir. Quoi qu'il en soit, je ne peux plus reculer. Ce cahier est le pouvoir divin qui me permettra de faire une purge sur les mers et ce en tout anonymat pour l'instant.

Je regarde l'heure sur ma montre et m'étire longuement, les muscles endoloris.

- Bon, pas question de rentrer ce soir. Je vais emprunter une chambre individuelle le temps que les choses se calment au Quartier Général. J'ai envie d'écouter les petits potins pour savoir les dernières rumeurs.

- Ton boss habite aussi ici tu sais ?! rigole Ryuk. Tu n'as pas peur de faire sa rencontre à nouveau avec un petit tête-à-tête chaleureux ?

Je sens mes poils s'hérisser sur l'ensemble de mon corps quand je m'imagine seule avec lui dans une pièce.

- Evite de parler des choses qui fâchent, stupide dieu ou tu peux dire adieu aux pommes.

Je t'entends ronchonner dans son coin mécontent d'être victime d'un odieux chantage d'humain. Je range mes dossiers sur mon bureau avant de me lèver paresseusement de mon siège et je pars prendre quelques affaires de secours dans l'unique armoire de mon bureau. Je vérifie que tout est en ordre puis sors tranquillement de mon bureau en fermant la porte derrière moi. Je serre mon sac rempli de mes affaires et au milieu de tout ça, j'ai pris le Death Note par simple mesure de sécurité. Ces temps-ci, des petits malins fouillent les bureaux des gradés à la recherche d'objets confisqués pour des raisons de sécurité.

Bien que je n'aie aucun objet de ce type dans mon bureau, je serais mal barré si quelqu'un mettait la main par hasard sur le cahier. Les soldats sont facilement impressionnables et ils ont, malheureusement la langue bien pendue. Et n'importe qui pourrait faire un essai et se rendre compte de son pouvoir destructeur ! Là, je serais fichue. Et les premières pages sont déjà bien complètes avec tous les criminels que je tue à Impel Down.

D'ailleurs, ça me donne de nouvelles questions à poser à Ryuk. Je jette un rapide coup d'œil vers la gauche et je le vois voler légèrement retrait, le visage étrangement tiré dans une grimace. Il remarque je l'observe curieusement et il se rapproche pour souffler quelques paroles angoissantes près de mon oreille.

- Je sais que je me répète mais rappelle-toi que je n'agis pas comme ton allié. Je suis contrait par le pouvoir du Death Note de t'accompagner jusqu'à ce que toi, ou le cahier disparaissiez.

- Sans déconner, marmonnais-je.

- C'est pour cela que je ne te dirais jamais si tu prends de bonnes ou mauvaises décisions, je m'en fiche carrément en fait. Mais vu que je suis amené à te suivre partout comme un chien et à vivre avec toi, je vais me permettre de me libérer la langue sur certaines choses. Mais c'est parce que c'est dans mon intérêt seulement et que ça me dérange…

- Mh. Tu es bien bavard ce soir dis-moi. Tu as mangé une commère ce matin ou comment ça se passe ?

- J'entends des pas à environ 25 mètres derrière nous et cette personne nous suit dans nos déplacements depuis que nous sommes sortis de la réunion.

Je me crispe soudainement mais continue de marcher vers ma destination malgré ma surprise. Qui a ordonné une telle surveillance au sein même du QG ? Akainu ? Le Gouvernement Mondial ou ce foutu détective de L ? Misère. Je vais devoir surveiller plus attentivement mes mouvements et ma posture au quotidien pour ne pas éveiller les soupçons. Je galère déjà à maintenir des expressions neutres ou attristées quand j'apprends de nouvelles morts au sein de notre camp. Je n'arrive pas à avoir de l'empathie pour les criminels que j'exécute et cela se voit. Ryuk remarque mon air crispé et continue son petit monologue.

- Tu pourrais très facilement connaître son nom si tu acceptais l'échange des yeux de la mort, tu sais. Souviens-toi du prix à payer contre cet échange cependant. Aucun remboursement ne te sera fait si tu regrettes ton achat ! ricane-t-il.

Je serre les dents intérieurement, l'agacement montant en flèche. J'accélère mes pas jusqu'à une chambre vide et m'y engouffre à pleine vitesse, claquant la porte violemment derrière moi et jette un œil dans le judas. Derrière la porte j'entends des pas discrets qui se rapproche pour s'arrêter devant ma porte. J'aperçois la silhouette à travers le judas et j'accours rapidement dans la pièce adjacente, composée d'une minuscule salle de bain et active la douche. Je bouge le rideau bruyamment et met la radio en fond sonore avant de revenir à pas feutrés derrière la porte. La silhouette semble s'être volatilisée car je ne l'aperçois plus et je ne sens aucune présence humaine derrière la porte. Je referme le judas et pars éteindre la douche avant de me fixer dans le miroir au-dessus du lavabo. Mon visage si joyeux autrefois semble avoir pris quelques années de plus. Mes yeux bleus ont perdu leur fierté et leur vivacité et j'ai des cernes noirs qui ornent mes yeux. Ma peau est plus pâle que d'habitude et des rides de fatigue commencent à apparaissent en plus de mes petites fossettes sur mes joues. Maintenant que je me vois dans la glace, je comprends mieux les suspicions à mon égard. Jamais, au grand dam jamais je n'ai été dans un état pareil même dans les moments les plus critiques de la Marine. J'ai toujours su garder mon sang-froid. Mais aujourd'hui, j'ai un pouvoir qui dépasse l'humanité et je m'en serre allégrement pour tuer les détritus de cette société. Et bientôt je me débarrasserais des déchets qui dirigent la Marine ! Je deviendrais celle que tout le monde craint sans connaitre le visage !

Akainu. Je vais te détruire petit à petit comme tu aimes le faire avec moi. Je vais te détruite mentalement, physiologiquement puis physiquement avant de t'achever dans ton bureau avec le Death Note.

Ce jour-là, je te sourirais aussi cruellement que tu souris quand nous sommes seuls à seuls. Et ce jour-là, je te dominerais !