Chapitre 19


~ Le lendemain, chambre d'invité n°22, Marineford, 08h59 ~


Calée sous une maigre couette, je profite des quelques minutes qui me restent de mon agréable sommeil. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit à cause de l'intense journée d'hier. Mon désir de tuer commence à me donner des cauchemars et je revois les visages de mes victimes me suivre dans mes nuits…

- Chesca, debout ! crie soudainement une voix depuis le couloir.

- Ah, gné quoi ?! Qu'est…. Qu'est-ce qui se passe ? Quelle heure… est-il ?!

Je me redresse difficilement dans le lit, la vue complètement embuée et le cerveau encore profondément endormi. J'entends quelqu'un tambouriner à la porte avec acharnement me forçant à m'habiller d'un peignoir avant d'ouvrir. J'ouvre péniblement la porte et je me retrouve face à Smoker, le torse toujours dévêtu comme à son habitude. Je garde mes yeux sur son visage pour ne pas rougir comme une gamine et le fixe hébétée.

- Réunion d'urgence dans la salle de réu ! L fait une allocution dans tout le Nouveau Monde et l'amiral en chef veut qu'on y assiste tous ! répond mollement Smoker.

- Tch, c'est une blague ?! Pas que je ne veuille plus voir vos doux visages, j'ai clairement autre chose à foutre que de me taper une énième réunion ! maugréais-je.

- Ooooh, atteeention à votre vocaabulaire, vice-amiraaale ! tonne la mélodieuse voix de Kizaru.

Je pivote la tête comme Smoker et le fixe avec un certain agacement. Lui est toujours habillé de son costard jaune, et il semble parfaitement éveillé contrairement à moi. Je referme mon peignoir pour cacher un maximum de mon corps quand je vois ses yeux briller en me voyant.

- Tout le monde ne se réveille pas aussi tôt que vous, amiral Kizaru. Excusez-moi d'être de mauvaise humeur quand on me dérange à une heure pareille.

- Il est déjà 9 heures du matin tu sais, grimace Smoker.

- Justement, c'est l'heure à laquelle je me lève pour travailler à 9h15 tous les matins. J'ai décalé mes horaires avec les soirées de dingue que je me fais à corriger tous vos dossiers pleins de fautes.

- Oooh touché, glousse Kizaru en s'éloignant. Heeeureeeusement qu'on a une feeemme parmi nous pour ce booulot ! On a d'aaautre occupaaation plus intéressaaante !

- …

Je le fixe d'un œil mauvais tandis que je serre mes poings, la bouche fermée pour garder ma langue de serpent dans ma poche. Smoker soupire avant de le suivre.

- Ne tarde pas trop, Akainu ne va pas apprécier. Déjà qu'il est de mauvais poil.

Génial ! Il va encore passer ces nerfs sur moi parce que je vais être en retard ! Ils ne pouvaient pas venir me chercher plus tôt ! Je me dépêche de claquer la porte, d'aller m'habiller avec mon uniforme et de me brosser convenablement les cheveux avant de courir à sa suite, en quelques minutes. J'aperçois mes collègues qui entrent chacun à leur tour dans la salle de réunion, tous l'air sombre et je me faufile juste derrière Momonga. Ce dernier ne me remarque même pas et nous rentrons tous dans un silence pesant. Akainu et Kizaru sont déjà présents dans la salle de réunion. Je sens l'ambiance déjà brûlante dans la pièce. Je marche rapidement comme mes collègues à mon siège et prend rapidement mon petit carnet avec un stylo pour prendre des notes. Chacun relève la tête et fixe l'amiral en chef, attendant qu'il prononce un mot.

Je remarque alors un détail troublant. Un denden est posé sur son bureau et nous fixe dans notre globalité. Je jette un coup d'œil à mes collègues pour voir si quelqu'un l'a également remarqué mais personne n'y fait attention. Quelqu'un nous observe, c'est certain, j'en donnerais ma main à couper, et cette personne ne peut être que…

- Bonjour à tous, résonne une voix trafiquée depuis le denden. Ici L.

J'entends des chuchotements dans mes collègues alors que les regards se dirigent vers la source de la voix. Je remarque alors la présence de son homme de main, Watari habillé de son long imperméable noir et au chapeau cachant son visage. Si je voyais son visage, je pourrais lui ordonner de mettre fin à la vie de L sans doute. Mais c'est m'attaquer trop vite à ce monument. J'ai envie de jouer avec lui. Moi le prédateur, et lui la proie.

- Vous êtes le premier groupe auquel je m'adresse aujourd'hui. Il est inutile de rappeler que je suis en communication avec votre organisation dans le but unique d'attraper Kira et de stopper ses crimes.

- Alors, c'est vrai ce qu'on raconte dans les journaux ? demande spontanément Stainless. Les rumeurs de Kira ?

- Kira est le nom que les journaux ont donné à ces criminels, en effet, répond L. Malgré le fait que cela glorifie l'égo de ce criminel, je crois que nous allons prendre à son jeu. Nommons-le Kira pendant nos réunions ainsi tout le monde pourra suivre.

Quelques grognements mécontents retentissement dans la salle. Je tente de garder mon calme et mon air neutre. Il ne va pas se faire des amis avec ce ton orgueilleux.

- A partir d'aujourd'hui, je souhaiterais que chacun d'entre vous choisisse son camp, déclare-t-il. J'entends vos messes basses. N'êtes-vous pas des hommes et des femmes défendant les innocents contre les criminels et la barbarie ? Si c'est le cas, tâchez de vous adapter à mes méthodes et de vous y plier. Ceux qui ne souhaitaient pas participer à cette enquête sont invités à quitter cette réunion.

Je sens des collègues grincer des dents sous l'intonation du détective. J'en fais également partie. Il me donne envie de vomir avec son air hautain ! Je ne suis pas la seule à le penser je pense. Le vice-amiral Strawberry lève la main pour prendre la parole, et l'amiral en chef Akainu hoche la tête, lui accordant sa demande. Il se lève alors de son siège et s'adresse directement à L.

- Comment pouvons-nous faire confiance à une personne dont nous ne connaissons aucune information ?! Si nous vous faites confiance et tenez à ce que l'on participe à l'enquête, il faudra vous dévoiler !

- J'y viendrais quand l'Amiral en Chef vous aura rencontré lors d'un entretien individuel comme je lui ai suggéré, rétorque L. D'autres questions ?

- Où en êtes-vous dans votre enquête sur Kira ? demande Smoker en crachant sa fumée. C'est bien beau de parler et de faire le malin dans votre coin, mais on a aucune preuve que ce Kira est bien un être vivant comme vous et moi.

- Je vous apporterais la preuve bientôt. Mais sachez que Kira est un être sûr de lui et de sa vision des choses. Probablement une personne jeune qui s'est découvert une passion pour le meurtre de criminels pour assouvir son désir de Justice et une frustration interne. Je vous démontrerais tout cela lors d'un affrontement. En attendant, l'Amiral en Chef Akainu va vous rencontrer un à un. J'ai hâte de vous rencontrer, messieurs… et mesdames, fait la voix avant de couper l'appel.

- ….

La silhouette de Watari s'approche pour récupérer le denden avant de quitter la pièce aussi rapidement qu'il est apparu. Tout le monde reste collé dans le fond de son siège. Akainu est le premier à prendre la parole et écrase son cigare dans son cendrier.

- Bien. Cette réunion est terminée. Je vais donc commencer les entretiens. Seule la vice-amirale Chesca reste dans cette pièce, les autres, veuillez tous retourner à vos occupations ! Vous viendrez devant mon bureau 10 minutes avant votre heure de passage et je ne tolérerais aucun retard ! tonne-t-il. Exécution !

Les corps se lèvent mécaniquement et je me crispe dans mon fauteuil tandis que le regard carnassier d'Akainu se pose sur moi. Cet enfoiré. Il a changé mon heure de passage. Et avec le coup de pression de L que je viens d'avoir, cela ne va pas jouer en ma faveur. Je croise les jambes, pour prendre une position confortable dans mon siège le temps que tout le monde parte dans leur bureau.

- Je vais commencer les entretiens ici, siffle Akainu à Kizaru sans lui accorder un regard. Tâche de ne pas traîner en longueur et je veux que tout soit fini avant 18 heures ce soir.

- Cooompris, acquiesce Kizaru en se levant.

De sa démarche lente et souple, il quitte le bureau et ferme la porte derrière lui, nous laissant en tête à tête, comme je le craignais.