Chapitre 23
~ 22h20 – Maison de Chesca ~
L'amiral Kizaru s'avance prudemment dans l'entrée de la maison de sa collègue et d'un coup de haki, vérifie que nous sommes seuls. Il relâche légèrement son attention, mais toujours le visage masqué et il s'avance d'un pas léger et rapide jusqu'à ma silhouette écroulée sur le sol. Toujours méfiant, il s'accroupit à mes côtés et il pose deux doigts sur ma jugulaire comptant le nombre de battements par minutes. Kizaru reste silencieux avant de pousser un long soupire et de m'observer, inanimée à ses pieds.
Un étrange sentiment l'habite au fond de lui et lui prend les tripes comme si quelque chose le mettait en garde comme un danger. Sans un mot, l'amiral Kizaru vient délicatement me soulever dans ses bras avant de tourner les talons pour repartir vers son navire. Il est loin de se douter qu'une ombre invisible le fixe, un sourire monstrueux sur les lèvres avant de disparaitre dans un autre monde, celui des Dieux de la Mort attendant son heure.
~ 23h05 – Navire de l'Amiral Kizaru ~
- Oui, elle s'est évanouie juste avant d'ouvrir la porte, comme par hasard ~ J'ai trouvé ça biiiizarre, déclare Kizaru en jouant avec sa plume dans son bureau. Mais peut-être que je lui faaais trop d'effets hééé ~
- Cesse de bavardages inutiles. Tu as fouillé son appartement à la recherche d'un élèment probant ? grogne Sakazuki à l'autre bout du combiné.
- Non, mais j'ai deeemandé à des soldats de surveiller les liiiieux jusqu'à demain matin pour faire une inspection minutieuse au petit jour si tu me permeeets. ~
- Permission accordée pour une fois que tu demandes, répond Akainu. Qu'en est-il des autres gradés que je t'ai demandé d'interpeller ?!
- Nous soooommes en route vers l'île Hoooolmes où habitent le vice-amiral Stainless et Tokikake. Nous y seerons d'ici 30 minutees si la mer est calme.
- Tiens-moi au courant dès que tu les as interpellés et surtout, ne les quitte pas des yeux. Si la théorie de L est correcte, Kira est parmi ces trois suspects et désormais, toi et ton équipage vous êtes seuls et personne ne pourra vous aider s'il se sent menacé et vous attaque frontalement.
- Parfaitement compriiis, Sakazuki. Nous gaardons nos masques sur le visage et limitoons les contacts avec eeux, répète Kizaru.
- Ne joue pas la tête brûlée Borsalino. Nous ne savons rien sur les pouvoirs de ce criminel, le prévient Akainu.
- J'espère sincèrement me trooomper, admet Kizaru après un moment d'hésitation. Un collègue qui tue ses collègues ? N'est-ce pas un vieeeux fantasme de journalistes et de romancieeers ?
- Sache que L ne se trompe jamais et il a mené chaque de ses enquêtes avec le plus grand sérieux. Ne l'oublie jamais.
Puis Akainu raccroche sans une forme d'au revoir ou d'adieu à son collègue et ami de toujours. L'idée d'avoir un traitre parmi les plus haut-gradés ne l'enchantent guère plus mais l'idée avait son chemin dans son esprit. L'amiral Kizaru s'étire longue jette son denden dans un tiroir avant de se lever pour se diriger vers sa luxueuse chambre de son navire. Il passe devant la chambre qui m'est attribué et il jette un coup d'œil à l'intérieur. Je suis toujours paisiblement endormie et les deux soldats chargés de me surveiller sont assis face à mon lit, les visages masqués jouant à une partie de poker. Il se retient d'aller les réprimander pour leur manque de professionnalisme mais il se souvient de l'heure tardive et il préfère leur laisser ce plaisir avant de repartir à ses appartements privés. Il ouvre la lourde porte, s'enggoufre à l'intérieur et retire aussitôt sa lourde cape qu'il dépose sur le porte-manteau. Il part ensuite dans sa salle de bain prendre une douche chaude avant d'aller se coucher, l'esprit tourmenté. Chacun des accusés sont des collègues proches malgré tout. Bien qu'il n'ait pas d'attache personnelle ou d'affection particulière pour ses propres soldats, son cœur si dur d'habitude, se resserre à l'idée qu'un meurtrier puisse revêtir l'uniforme de la Marine et ternir son image pour de sombres destins.
Mais maintenant, la Justice allait trancher et le coupable n'a plus qu'à avouer. Enfin, c'est ce qu'il pensait.
~ 02h43 du Matin – Chambre 22 – Navire de l'Amiral Kizaru ~
- Ahaha ! Encore perdu ! ricane l'un des soldats. Tu vas bientôt devoir me filer ta chère montre en or !
- Putain, t'as triché j'en suis sûr ! s'exclame l'autre en lâchant les cartes sur la table. J'avais une main parfaite sur ce tour ! J'aurais pu récupérer toutes mes mises !
- Ne sois pas mauvais perdant ! Rabioule ta montre maintenant !
Le perdant le regarde d'un œil mauvais alors qu'il détache l'attache de sa montre et la jette sur la table, sur les cartes de l'heureux gagnant. Le visage rayonnant, il la récupère et se l'attache aussi au poignet avant de soupirer.
- Dommage, elle est trop grande pour moi mais elle doit valoir quelques milliers de berry. J'la vendrais à notre retour de mission à Marineford !
- T'as intérêt à tenir ta langue sur la montre. C'était un cadeau de ma femme pour nos 10 ans de mariage, peste le soldat dépité.
- Melinda serait effectivement verte de rage à savoir que tu continues à jouer et à parier toutes tes primes dans nos petits jeux. Mais ne t'inquiètes pas, je garderais ça pour moi…
Les deux hommes continuent tranquillement leur partie de carte tandis que je commence à me mouvoir dans le lit. Attaché en étoile de mer dans le lit avec les deux poignets attachés à l'aide de menottes, je gémis dans mon sommeil et le lit grince alors que je me débats de mon cauchemar. Les deux soldats se stoppent immédiatement et ils se lèvent. Ils remettent aussi leur masque sur leur visage et l'un des deux sort rapidement de la pièce pour prévenir l'amiral Kizaru de mon prochain réveil. Le deuxième prend son arme, qu'il charge et pointe sur moi, prêt à tirer au moindre danger. Cela lui semble durer une éternité avant que je ne réveille entièrement et ouvre enfin les yeux perdus et vagues. Je secoue la tête pour chasser les cheveux devant mes yeux et tente de me redresser mais les menottes m'en empêchent. Je suis prise d'une intense panique tandis que je tente de me souvenir des dernières heures… Mais rien. Le vide absolu. Je ne me souviens pas des derniers jours… Comme s'ils n'avaient jamais existé dans mon esprit.
- Par ici amiral, elle était en train de se réveiller, résonne une voix masculine dans le couloir.
- Paaaaarfait, on va l'interroger maintenant, répond la voix nonchalante de Kizaru. Ooooh, sans oublier le foulaaaard ! Que je suis bêeete !
Je tourne la tête et aperçois la porte de ma chambre, ou plutôt de ma prison s'ouvrir sur deux silhouettes. L'un d'un soldat lambda, et l'autre que je reconnais facilement… L'amiral Kizaru avec son immense taille et son costard jaune. Mais chose étrange, leurs visages sont masqués et je ne peux voir que leurs yeux qui m'observent avec une intensité sans pareille. Il fait signe au soldat qui me maintient en joue de baisser son arme et de sortir de la chambre avec son camarade. Je regarde la scène sans comprendre alors qu'il attrape un siège et il vient s'asseoir en face du lit, ses yeux bruns brillant de curiosité.
- Bonjooour Chesca-san. Drôooole de réveeeil n'est-ce pas ?
- Amiral Kizaru…. Qu'est-ce que je fous ici et attachée dans un lit ?
- Oooh, tu m'as reconnu ! ~ Tu es maaaligne !
- Amiral, vous êtes reconnaissable à des milliers de kilomètres avec votre costard jaune poussin et votre grande taille. Même un enfant serait vous reconnaitre dans une foule d'inconnu.
- Oooh, c'est vrai. Mais ce n'eeest pas le sujet d'aujourd'hui. Saaais-tu pourquoi tu es iciiii ?
- Je ne vous aurais pas posé la question il y a 30 secondes si je le savais. Ais-je commis un impair récemment expliquant ma position ?
- Pas vraaaiment. Disons plutôoot que nous avooons des suspicions à ton égard de crimes trèès graves.
- Quoi ? Quel genre de crimes ? m'étonnais-je.
- Sakaaazuki pense que tu seraaais ce célèbre crimineeel que tout le monde surnomme Kira. Qu'en peeenses-tu ?
Sa dernière phrase passe dans mon oreille puis elle monte à mon cerveau très lentement.
- Pardon ?! Moi, être ce criminel sanguinaire qui tue à tours de bras des collègues ?! Mais vous avez perdus la tête ?! Et qu'est ce que je fous attachée ?! Vous avez des preuves de ce que vous avancez ?!
- On les cheeerchera demain maatin chez toi, rétorque Kizaru. Nous savions que tu allaaaais démentir. C'est ce que font les innocents et les cooooupables dans un preeemier temps, n'est-ce pas ? Tu en connais un raaayon avec toutes tes jolies priiises de pirates dans ta carrière ! Dommage qu'elle s'arrêteee la !
- Je ne vous permets pas de m'accuser de crimes que je n'ai pas commis ! Bien que les personnes qui ont été assassinés ne m'inspirent pas grande compassion, je ne souhaitais aucunement leur mort ! Vous savez très bien que j'ai toujours mis un point d'honneur à n'exécuter aucun des criminels sur lesquels j'ai mis la main ! C'est ma philosophie depuis mon arrivée dans la Marine !
- Qu'est-ce que c'étaait déjà ton proveeerbe ? Ah ouiii…. « Une Justice immaculée comme le drapeau vierge de la Marine ! » récite Kizaru avec un air circonspect. Mais il n'y a que les imbéciles qui ne chaaangent pas d'avis ! Aloors pourquoi pas toi ? Après tout, Kira aime la Juuustice lui-aussi. Il s'est attaquééé à des personnes corrompuuus et qui sont salis l'image de la Mariiine. C'est bien ce que tu aimes faire remaaarquer à tooout bout de champs à tes collègues.
- Il y a une différence entre faire une remarque et passer à l'action, amiral. Et je n'aurais jamais osé passer à l'acte. Cela reste des êtres humains… Même si leurs actions me posent largement question sur leur humanité parfois.
- Vooilà le problème. Qui es-tu pour juuuger de leur humanité… ? questionne Kizaru. Tu n'es pas un diiieu ni une déesse que je sache !
- ….
- Voilà un point commun supplééémentaire avec Kira. Il pense égaleeeement avoir le droit de juger l'humanité des autreeees et il a décidé d'éliminer ces personnes qu'ils considérer comme nuisibles. Tu es décidééément étonnante dans ta manière de penser. Tu as beaucoooup de point commun avec Kira.
- Je n'avouerais pas des crimes que je n'ai pas commis amiral… Vous essayez de jouer avec mes nerfs et cela ne fonctionnera pas. Maintenant, relâchez-moi !
- Pas questiiion ! Nous allons chercher deux autres collègues avant de retourner au Quartier Général pour vous interroger… ~ C'est Sakazuki qui s'occupera de tooi ~
Je pâlis aussitôt à cette unique déclaration. Mes souvenirs sont flous mais s'il y a bien quelque chose qui me terrifie, c'est cet homme, qui aime me torturer aussi bien physiquement que mentalement. Si je suis Kira…. Alors peut être que c'est cet homme qui m'aurait poussé à le devenir ! Mais je continuerais à me défendre. Je ne suis pas Kira !
Nous y sommes. Trois suspects, un coupable. La Justice sera t elle trancher ou commettra t elle une bavure jusdiciaire ?
Bisous
Chesca-Shan
