La cité noire.

Titre du 06/06/2021 : La cité noire

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects des… livres d'Agatha Christie : Général : Écrire un UA!Policier ou une fic avec un mystère

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Myrcella continua de marcher, regardant constamment derrière elle pour s'assurer que personne ne la suivait, ce qui était absurde bien sûr, il n'était après tout nullement interdit de quitter la ville de Kintzheim, mais les paroles de Yara l'avaient rendue complètement paranoïaque.

Elle portait toujours sa tenue de sport, ayant couru comme elle avait dit qu'elle le ferait à Shireen, et ça lui avait permis de se poser, de se calmer et d'évacuer au moins un peu toute la frustration qu'elle ressentait depuis que son monde avait été mis sens dessus dessous.

Une fois rassurée sur le fait qu'elle était seule, elle continua de marcher, bien décidée à aller le plus loin possible, jusqu'à ce qu'elle commence à réellement fatiguer et qu'elle puisse prouver à tous ceux qui avaient osé affirmer le contraire que non, il n'était pas impossible de sortir de la ville.

Seulement…

Elle se rendit bien rapidement compte que quelque chose n'allait pas.

Après avoir marché pendant seulement quelques mètres, ne se trouvant pas loin de la ville, elle grimaça de douleur.

Elle avait…

Elle avait une crampe.

C'était… complètement absurde, elle courait depuis des années, elle s'était échauffée le matin même, elle avait couru avant de franchir la frontière et le pire dans tout ça c'était que…

Elle n'était même pas en train de courir !

Elle n'était pas censée avoir mal là tout de suite, c'était complètement incompréhensible.

Et alors qu'elle allait très bien jusque-là, d'un seul coup, sans prévenir, cette douleur survenait, vive et brutale, impossible à faire disparaître.

Grinçant des dents, elle continua de marcher, motivée à ignorer la souffrance et à aller jusqu'au bout.

Elle s'en trouva complètement incapable.

Peu après, elle trébucha, étouffant avec difficulté un cri de douleur et de surprise, avant de manquer de tomber une nouvelle fois quelques secondes plus tard après un nouvel essai.

Elle se figea interdite, avant de devoir se rendre à l'évidence, complètement dépitée.

Elle ne pourrait malheureusement pas aller plus loin.

Marchant péniblement vers le panneau souhaitant la bienvenue à Kintzheim aux nouveaux arrivants, elle ressentit une certaine panique en sentant toute douleur disparaître de ses membres une fois de retour dans la ville qu'elle s'était acharnée à tenter de quitter quelques minutes plus tôt.

Clignant des yeux, médusée et devenant pâle comme un ligne, elle lâcha dans un souffle un :

« Putain, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? »

§§§§

Elle ne pouvait pas partir.

Elle était tout bonnement incapable de quitter la ville, et en réalisant cela, Myrcella Lannister commença lentement mais sûrement à paniquer.

Ce… ce n'était pas… elle…

Elle ne comprenait pas.

Elle pouvait le faire, techniquement, elle avait franchi la frontière, de nombreuses fois, elle avait recommencé juste pour être sûre, incapable de croire qu'il puisse s'agir d'autre chose que d'une simple coïncidence.

Pourtant…

Ça s'était reproduit.

Encore, et encore et encore, deux fois, trois fois, cinq fois, huit fois, dix fois, vingt fois, cinquante fois, jusqu'à ce qu'elle finisse par abandonner, s'avouant vaincue.

Parce qu'à chaque fois qu'elle tentait de s'en aller, quelque chose la retenait, la douleur dans ses jambes revenait et elle avait le pressentiment que tenter d'effectuer la même chose avec une voiture ne changerait absolument rien et reviendrait au même.

Comme si un fil invisible attaché à son corps la retenait à Kintzheim, quoi qu'elle puisse faire pour s'en défaire ou s'en délivrer.

Elle sentit un sanglot de rage commencer à monter dans sa gorge, et elle le retint de toutes ses forces, parce que…

Parce que si elle pleurait, si elle admettait que c'était réel, alors ça signifiait qu'ils avaient raison.

Et ça, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à l'accepter.

Aussi, elle ferma les yeux, se releva après être tombée une fois de plus et fit demi-tour vers la ville, grinçant des dents alors que la douleur disparaissait à nouveau, comme si Kintzheim la récompensait d'être restée, d'avoir obéi à des règles absurdes qu'elle n'était même pas censée connaître, qui n'auraient tout simplement jamais dû exister.

Elle regarda l'endroit que Stannis et les autres considéraient comme une prison et décida d'enfouir tout ce qu'elle venait de vivre quelque part dans un coin de sa tête et de ne plus jamais y repenser.

(Oh comme elle aurait aimé que ça puisse être aussi simple.)

§§§§

Yara avait vu Marina être dans de nombreux états depuis qu'elle l'avait rencontrée.

Mais jusque-là, elle l'avait rarement vue être totalement en panique.

C'était déjà arrivé, bien sûr, mais jamais à ce point-là.

En la voyant, elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils, inquiète.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle à son amie, soucieuse, qui tenait toujours son téléphone dans sa main.

Elle s'attendait à ce que la dunkerquoise lui parle d'un événement en rapport avec la malédiction, de quelque chose de grave, d'imprévu, peut-être en rapport avec son futur procès ou autre chose dont elles n'étaient pas encore au courant.

Comme toujours, elle ne put s'empêcher, pessimiste, d'envisager le pire.

Elle aurait pu parier sur tout ce à quoi elle venait de penser et à bien d'autres choses et tout de même avoir tort.

- Je… je… bredouilla-t-elle, semblant toujours aussi perdue et surtout paniquée. C'est Lancel.

- Quoi Lancel ?

- Il… il vient de m'appeler pour me dire que ses parents, ses frères et sa sœur, souhaitaient me rencontrer. Vu que je suis sa petite-amie, ils aimeraient tous apprendre à un peu mieux me connaître. »

Oh.

Yara n'y avait jamais réellement pensé avant, n'étant pas dans la situation de Marina, et ayant de toute façon déjà rencontré les deux parents de Sansa ainsi que son adelphie, même si de manière plus brève pour certains que pour d'autres.

Mais surtout, tout comme elle n'avait jamais vraiment fait attention à Lancel du temps où elle vivait à Westeros, ça avait aussi été le cas pour Kevan, Dorna, Willem, Martyn et Janei Lannister.

Elle connaissait leur existence, théoriquement bien sûr, mais il y avait tellement de gens dans les Sept Couronnes et à la capitale.

(Note de l'autrice : oh et est-ce que ça signifie que moi aussi j'avais complètement oublié ces personnages et leur existence et que c'est pour ça que j'ai passé presque soixante-trois chapitres sans mentionner une seule fois leurs noms de ce que je me souviens ?

Hum.

Oui.

Et aussi, est-ce que j'ai eu besoin d'aller fouiller le wikia pour trouver à peu près l'âge des frères et de la sœur de Lancel pour pas dire n'importe quoi et en rajoutant sept ans de plus ?

Aussi.

Fuit.)

Cela dit, cela n'expliquait toujours pas la lueur de panique qui brillait actuellement dans les yeux de la jeune femme.

« Et… enfin, c'est plutôt une bonne chose, non ? L'interrogea Yara, étonnée.

- Oui, oui, bien sûr, lui répondit Marina sans l'enthousiasme auquel elle s'attendait.

- Alors dans ce cas-là, est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi tu réagis comme si le ciel venait de te tomber sur la tête ?

Marina soupira et grimaça.

- Je… ne te méprends pas, je suis ravie de pouvoir enfin les rencontrer, pour de vrai, après avoir passé des années à les apprécier en tant que personnages, mais… je flippe.

- Pourquoi ?

- Parce que ce sont les membres de la famille de Lancel et des personnages que j'adore, couina-t-elle, clairement terrorisée, et qu'est-ce qu'il se passera si je fais une connerie ou je sais pas quoi ?

Yara ne put s'empêcher de sourire avec amusement et attendrissement.

Elle comprit soudainement.

À force de côtoyer Marina et de vivre avec elle, elle avait fini par oublier cette part d'elle-même pourtant si importante, son côté fangirl et son amour infini pour les personnages de fiction dont elle faisait partie ainsi que Lancel et sa famille.

Évidemment qu'elle avait peur.

- Tu as réussi à conquérir Lancel, je suis sûre que tu en feras de même avec sa famille. Ils veulent que ça se passe comment au juste ?

- Ils m'invitent à dîner, ça devrait avoir lieu la semaine prochaine, enfin je ne leur ai pas encore donné de date précise mais…

- Mais tu veux y aller.

- Oh que oui ! Même si je suis à la fois terrifiée et émerveillée, ce qui donne un mélange franchement très bizarre et pas très agréable… Ça va faire tellement étrange de les voir, pour de vrai, les parents de Lancel mais aussi son adelphie. Janei doit être une petite fille d'environ huit ans désormais et Willem et Martyn, ils ont… ils ont sans doute la vingtaine maintenant, et ils sont devenus adultes. Ils sont vivants, lâcha-t-elle d'une voix joyeuse aux accents d'incrédulité.

Yara n'eut même pas besoin de poser la question cette fois pour savoir de qui au juste elle parlait.

Les deux petits frères de Lancel, morts dans une autre version de l'histoire qu'elle ne connaissait désormais que trop bien, mais qui avaient eu la chance de survivre à la guerre contre les marcheurs blancs dans leur réalité, qui avaient pu devenir adultes, contrairement à bien d'autres.

Et comme toujours, la fer-née trouvait particulièrement adorable l'enthousiasme dont faisait preuve Marina vis-à-vis de ces personnages de papier qu'elle aimait tant et qui avaient pris vie dans son monde, faisant de son rêve une réalité.

- Oui, sourit Yara, ravie pour elle, ils sont vivants. »

Et ils le resteront, continua-t-elle dans sa tête.

Alors que Marina se détendait enfin et continuait d'évoquer les détails de cette future rencontre, Yara se mit à sourire de toutes ses dents.

C'était dans ce genre de moments qu'elle était heureuse et plus que ravie de l'avoir rencontrée et d'être devenue son amie.

§§§§

Prendre une bonne douche et manger ne servit aucunement à faire disparaître la confusion, la paniquer et la terreur qui avaient peu à peu commencé à envahir Myrcella depuis la petite expérience qu'elle avait menée en dehors de la ville.

Enfin, en dehors…

Elle n'avait pas pu aller bien loin, pas même un kilomètre, alors on ne pouvait pas dire qu'elle avait réellement quitté Kintzheim.

Aussi, elle n'avait pu que reconnaître, amère, la triste vérité.

Il était impossible de partir de la ville de Kintzheim sans ressentir une très vive douleur.

Du moins c'était son cas à elle, elle ignorait si c'était la même chose pour tous les autres qui vivaient dans cette ville, si les mêmes circonstances absurdes se produisaient pour ceux qui essayaient, ou s'il s'agissait d'autre chose.

Même si faire cette comparaison lui faisait mal, parce que cela prouvait qu'elle accordait du crédit aux inepties de Yara Greyjoy, elle ne put s'empêcher de se rappeler de ce que disait Henry Mills dans Once Upon a Time.

Que ceux qui tentaient de quitter Storybrooke en étaient empêchés et que de mauvaises choses leur arrivaient, l'exemple de Kathryn lui venant aussitôt en tête.

Est-ce que c'était également ce qui se passait à Kintzheim ?

Elle aurait aimé pouvoir dire que c'était impossible, mais…

Mais elle en avait fait l'expérience, elle avait tenté de partir et elle avait échoué.

Fouillant dans les tréfonds de sa mémoire, elle se rappela d'une chose qui la fit frémir d'horreur.

Jamais de toute son existence elle n'avait quitté la ville de Kintzheim.

Elle eut beau essayer de se souvenir d'un événement, un seul, rien ne lui vint.

Pas le moindre déménagement, pas le moindre voyage, en famille ou dans le cadre d'un voyage scolaire, elle avait fait ses études dans cette ville tout du long, de la maternelle à l'université dans laquelle elle se trouvait toujours en tant qu'étudiante et…

Jamais elle n'avait envisagé non plus de travailler dans une autre ville.

Elle ne savait pas encore ce qu'elle ferait de son avenir d'un point de vue professionnel, mais il lui avait toujours semblé évident que son futur se situait à Kintzheim et nul part ailleurs.

Cette certitude qui était autrefois si rassurante se révélait d'un coup désagréablement glaçante.

Le simple fait d'y penser lui donnait l'impression de suffoquer, d'être sur le point d'étouffer, et elle avait beau tenter de toutes ses forces de chasser cette nuée de pensées de son esprit, celles-ci revenaient encore et encore, pour la narguer.

Parce que, si elle n'avait pas réussi à prouver à Yara qu'elle avait tort ou qu'elle mentait, alors il ne lui restait plus qu'une possibilité à envisager, une qu'elle était incapable d'accepter.

Celle que cette histoire de malédiction ne soit en fin de compte rien d'autre que la réalité.

A suivre…