Hello ! Désolée pour cette parution tardive, j'ai eu un week-end chargé.
Shadow : Avouer que Shûzo l'a planté puis abandonné, ce serait le condamner à mort. Jamais l'empereur n'accepterai qu'on ait tenté de tuer son fils. D'autant plus que Shûzo était censé le protéger. Ah, il faudra attendre le prochain chapitre pour savoir ce qu'il est advenu de Shûzo ^^ Bye !
Bee-gets : Hello. Merci ! Non, justement, l'empereur ne sait rien. Concernant Ryota, il a déjà une bonne idée de ce qu'il s'est passé (ils en ont parlé lors dans le dernier chapitre de la partie I). Bah... non, ça reste un comportement toxique qu'ils ont l'un envers l'autre. Encore merci ^^
Bonne lecture !
Campagne
«Tu as eu de la chance, gamin. »
Seijuro était tombé dans la rivière Kamo. L'image du visage brisé de Shûzo était imprimée sur sa rétine.
Livré à lui-même, blessé, au milieu des flots, le prince avait lutté pour garder la tête hors de l'eau et se rapprocher de la berge. Il voyait défiler les maisons sur les côtés et ne tarda pas à se retrouver hors de la ville. Épuisé, il finit par laisser flotter son corps, priant pour ne pas heurter un rocher ou une branche.
Le prince regarda les étoiles au-dessus de sa tête. Il avait très froid et très mal.
Quand le soleil se leva, Seijuro parvint à atteindre la berge. Il attrapa une branche et se hissa jusqu'à l'herbe. Exténué, il se laissa aller et sombra.
Il se réveilla dans une maison, allongé sur un futon peu confortable. Son ventre le faisait souffrir. Le prince regarda autour de lui. Il était dans une petite chambre, pauvrement meublée. Un visage ridé se pencha sur lui. Le prince n'entendit pas ce qu'on lui disait et se rendormit aussitôt.
-… ceci avec vous.
Fatigué, il n'entendait que partiellement ce qu'on lui disait. Mais Seijuro sentit quelque chose de froid se glisser au creux de sa paume. Il reconnut les contours du médaillon de jade que Shûzo lui avait offert. Il l'avait pris dans son makura pour le rendre au mercenaire avant que celui-ci ne le poignarde.
Ce lotus représentait la fidélité de Shûzo. Le symbole de leur lien.
Il alterna court réveil avec sommeil pendant un temps indéterminé. Son vrai réveil lui permis de mieux analyser la situation. Il avait été sauvé par un vieux médecin d'un petit village près de Shimamoto.
Le vieil homme pris soin de loin, le nourrissant de lait et de galettes de riz, soignant sa blessure, lui préparant des tisanes pour tenter d'apaiser la douleur qui irradiait tout le ventre du prince.
A aucun moment le vieil homme ne sembla remarquer à qui il avait affaire et Seijuro préféra garder l'anonymat.
-Tu as eu de la chance, gamin. Une heure te plus et tu serais mort, lui répétait le vieil homme.
Seijuro, très fatigué par sa baignade forcée dans la rivière et tout le sang qu'il avait perdu, n'avait pas la force de faire remarquer au médecin qu'il avait dix-neuf ans et qu'il était loin d'être un gamin. Mais se faire appeler ainsi par le vieil homme finit par l'attendrir.
Le médecin retira au bout d'une semaine les points de sutures qu'il avait fait. La plaie allait laisser une cicatrice. Le médecin avait fait ce qu'il pouvait. Il avait recousu les organes, cautérisé les vaisseaux, et refermé. Il admit qu'il n'avait pas fait un travail très propre mais il avait agi dans la précipitation pour sauver le garçon.
-Vous m'avez sauvé la vie, répétait Seijuro quand le vieux médecin s'excusait. Je me fiche de l'esthétique de cette blessure car je suis en vie.
-Mais tout de même… vous avez déjà une lourde cicatrice sur le visage, je m'en voudrais de…
-Justement. Je suis déjà défiguré. Ne vous excusez pas.
Seijuro repris des forces et la douleur finit par devenir supportable, assez pour qu'il puisse s'asseoir. Le vieil homme lui avait conseillé de ne pas remarcher trop vite, de peur que la blessure se rouvre.
Quand la douleur n'occupait pas toutes ses pensées, Seijuro se remémorait cette soirée. Il revoyait le visage de Shûzo. Pourquoi l'avait-il poignardé ? Pourquoi l'avait-il abandonné ? Shûzo n'était plus lui-même ces derniers temps. Mais pouvait-il lui en vouloir ? Lui-même avait évolué, il était devenu quelqu'un qu'il haïssait au plus haut point. Dans sa quête de vengeance, il avait tout perdu. Ses frères, son père, son amant…
C'était ça, devenir empereur ? Est-ce que ses prédécesseurs étaient passés par tant d'épreuves ? Avait-il encore envie de monter sur le trône ?
Peut-être que tout abandonner serait plus simple. Shûzo avait probablement été exécuté par l'empereur de toute façon. Autant refaire une vie ici, dans la campagne, loin de tout.
Quand il en fut capable, le vieux médecin lui demanda de l'aider dans son jardin. Le prince dû apprendre vite pour ne pas avoir à révéler qu'il venait du palais et qu'il était incapable de différencier une mauvaise herbe d'un plant de menthe. Hormis à l'odeur.
Le prince se rendit également compte que le vieil homme était hostile envers l'empereur et qu'il comptait désormais sur le jeune homme qui se prétendait amnésique pour l'aider dans ses tâches quotidiennes. Seijuro y consentit le temps de se remettre de sa blessure et de se remuscler.
Il apprit à retourner la terre, planter les légumes, désherber. La seule chose pour laquelle il se montra naturellement doué, ce fut pour dresser le jeune et fougueux cheval du vieil homme. Il l'avait acheté pour l'aider à labourer la terre et se rendre plus vite au village mais la bête était vive et lui donnait du fil à retorde. Seijuro l'apaisa, la guida. Il l'emmenait galoper dans les rizières pour lui permettre de se défouler et ainsi qu'il revenait plus calme chez le vieil homme.
Seijuro ne réalisa que le temps avait passé que quand il vit les premières neiges sur les montagnes puis dans les plaines. L'hiver arrivait et il allait avoir vingt ans. Et cela fera dix quand que sa mère était décédée.
Cet anniversaire lui fit l'effet d'une gifle. Il ramena à la surface la haine longuement enfouie. Rester ici, c'était laisser les concubines gagner. C'était laisser Shintarô monter sur le trône. C'était rendre inutile les morts de ses frères. Ryota, Daiki, Tetsuya et Atsushi. Il les avait tués pour le pouvoir, rien de moins. Par pure ambition. Abandonner, c'était renoncer à donner un sens à ces actes et se contenter de les balayer comme si de rien n'était.
Il ne devait pas agir ainsi. Même si celui qu'il était devenu répugnait Shûzo, même s'il n'était que le pantin que l'empereur agitait, il devait finir le travail. Shintarô ne pouvait pas gagner.
