Petit mot de l'auteure : dans la continuité des "trucs qui sont arrivés hier" il a grave grêlé
Jour 16 : Disney
UA Encanto (un peu remanié)
Tous les habitants de la Vallée étaient fascinés par les Madrigal. Ce n'était guère étonnant : la famille possédait des dons tous plus merveilleux les uns que les autres. C'étaient grâce à leurs dons que le village prospérait et que tous pouvaient avoir une vie paisible. Dès qu'une fête était organisée à la Casita, la prestigieuse demeure des Madrigal, tous se ruaient donc pour avoir une chance de voir leurs protecteurs.
Yara ne faisait pas exception.
Pourtant, contrairement aux autres, elle n'avait que faire du charismatique Rickard, qui avait reçu l'ultime don en échappant aux Targaryen. Elle se fichait bien aussi d'Eddard, de Brandon ou de Lyanna, les frères et sœurs prodiges, tout comme le pouvoir de Bran de parler aux animaux ou bien la super force de Arya. Non, elle, ce qui l'intéressait, c'était une toute autre personne : Sansa.
Sansa était la première fille de Eddard et Catelyn Madrigal. Elle avait reçu un don magnifique : celui de faire pousser des fleurs et autres végétaux. C'était un don puissant ; il assurait à la vallée de ne jamais manquer de rien, quand bien même le ciel était peu clément. Yara était aussi à peu près sûre qu'il pouvait aussi constituer en une arme dangereuse : si elle contrôlait des lianes, peut-être pourrait-elle étrangler ses ennemis ? Les assommer à coups de cactus ? Pourtant, au lieu de la pousser à expérimenter ses dons, ses parents l'avaient toujours bridé. Sansa était la plus belle des fleurs, ne cessaient-ils de répéter. C'était l'aînée, la première fille, celle par qui le don serait transmis quand elle aurait des enfants. De ce fait, elle se devait d'être tout bonnement parfait dans le rôle qu'ils lui avaient attribués : celui de la fine fleur prête à être cueillie. De ce fait, dès que Sansa faisait naître autre chose qu'une fleur à la beauté immarcescible, celle-ci était écrasée, renvoyant à Sansa l'idée qu'elle n'était bonne qu'à créer des simulacres de perfections.
Yara en était révoltée. Elle avait ainsi prit l'habitude de retrouver Sansa dès que l'occasion se présentait. Si la convaincre de ses bonnes intentions avait été difficile, Sansa avait fini par s'ouvrir à elle. Au fil du temps, elles avaient expérimenté en cachette les pouvoirs de la Madrigal. Leurs sessions d'entraînement s'étaient vite muées en des échanges plus doux. Yara attendait ainsi avec hâte la moindre occasion de pouvoir revoir son amie et amante.
Quand les Madrigal avaient annoncé que la cérémonie d'ouverture de la Porte de Rickon allait avoir mieux, Yara avait donc sauté de joie. Si Sansa arrivait parfois à s'éclipser de la Casita, le plus pratique était encore de s'y voir là-bas !
Le soir de la cérémonie, Yara arborait ainsi un grand sourire. Celui-ci se fana toutefois rapidement en voyant l'air sombre de Sansa. Quand elle l'interrogea du regard, elle hocha légèrement la tête, comme pour signifier « pas maintenant ». Yara fit ainsi mine de suivre les festivités, jusqu'à ce qu'un papier ne soit glissé dans sa poche.
« Minuit sur le pont, vient seule »
Le mot n'était pas signé, mais était accompagné d'un pétale de rose. Yara laissa ainsi passer les minutes jusqu'à l'heure indiquée. À minuit, elle sortit discrètement de la maison où la fête battait son plein. Comme elle l'avait deviné, Sansa se trouvait au lieu de rendez-vous. Heureuse de pouvoir enfin la voir, Yara s'approcha et l'embrassa. Si Sansa lui rendit son baiser, il manquait de conviction.
- Que se passe-t-il ? S'inquiéta-t-elle.
Elle vit des tulipes naître tout autour de Sansa, signe de son mal-être.
- Je vais me marier, annonça-t-elle finalement de but en blanc.
Yara sentit une pierre tomber dans son estomac. Elle avait toujours su que leur idylle était destinée à se faner, que leur rupture était enregistrée depuis longtemps. Néanmoins, une part d'elle avait toujours espéré ne jamais entendre ces mots. Elle aurait ainsi voulu pleurer, voir hurler, déverser sa colère sur Sansa. Toutefois, elle n'en fit rien. Elle savait bien que celle qui souffrait le plus de cette situation était bel et bien Sansa elle-même.
- Qui ça ? se contenta-t-elle donc de demander, la mort dans l'âme.
- Joffrey Baratheon.
Un choix logique. Les Baratheon n'étaient pas aussi puissants que les Madrigal – mais qui l'était, en même temps ? - mais ils possédaient des terres et un certain prestige.
- Le parfait parti pour la parfaite famille Madrigal, n'est-ce pas... ajouta amèrement Sansa.
- Tu pourrais... dire non.
C'était une suggestion idiote, comme s'employa à lui rappeler le regard désespéré de Sansa.
- Tu sais bien que c'est impossible. Je suis née pour me marier et faire des enfants. Pour perpétuer la lignée.
Oui, Yara le savait.
Tout comme elle savait aussi que Sansa ne pourrait jamais fuir la Vallée ; Rickard enverrait Robb la chercher et son ouïe sur développée ne manquerait pas de la retrouver. Yara se demanda amèrement si Robb choisirait de ne pas entendre les pleurs de Sansa quand elle devrait s'offrir à Joffrey. Par respect pour elle, elle garda cette réflexion pour elle.
À la place, elle lui prit la main.
- Je t'aimerai toujours. Demain comme dans dix ans... Un seul mot de ta part, et je pars avec toi, loin d'ici.
Yara savait que Sansa était aussi consciente qu'elle de l'impossibilité de cette solution. Mais tout ce qui importait pour le moment, c'était de lui faire comprendre qu'elle ne serait jamais toute seule. Quand Sansa lui serra la main en retour, des larmes perlant de ses yeux mais un léger sourire ornant ses lèvres, elle sut qu'elle avait réussi à le lui faire comprendre.
- Je t'aimerai toujours, dit à son tour Sansa.
Elle déposa un baiser désespéré sur ses lèvres, avant de la laisser seule dans la nuit.
À quelques centaines de mètres, la Casita était toujours parée de mille feux, la foule acclamant la famille qui venait de lui arracher le cœur à tout jamais.
