Bonjour à tous et toutes !

Un petit peu d'action pour vous mettre dans l'ambiance avant des choses beaucoup plus sucrées au prochain chapitre. Bonne lecture à tous !

8

Jour 36

L'atmosphère était à l'orage mais, la température était trop élevée pour qu'il neige à nouveau. Les chemins étaient pour la plupart dégagés mais boueux et la pluie qui arrivait achèverait de nettoyer les derniers amas de neige grise entassés dans les recoins.

Sam avait relevé que le cycle des saisons sur Edora semblait plus court que sur Terre ce qui leur donnait l'impression que le temps passait beaucoup plus vite.

Jack sciait du bois dans la cour. Il se dépêchait car il voulait terminer et rentrer une provision de bûches suffisante avant qu'il se mette à pleuvoir.

Sam sortit avec un saladier et se dirigea tranquillement vers le poulailler. Elle ouvrit la clôture et entra, poussant les poules pour atteindre les œufs qu'elle rangea dans son plat.

Elle jeta un coup d'œil vers Jack et sourit en voyant qu'il la regardait aussi. Leurs relations s'étaient adoucies depuis qu'ils s'étaient confiés l'un à l'autre et qu'ils s'étaient embrassés quelques jours plus tôt, au bord de l'étang.

Pourtant, le baiser ne s'était pas encore reproduit, comme s'ils avaient tous deux peur de ce que pourrait signifier « en vouloir plus ».

Néanmoins, Sam avait l'impression que le Colonel avait baissé sa garde et qu'il était plus ouvert.

Il avait construit un jeu d'échecs en bois et ils prenaient plaisir à y jouer ensemble le soir, à la lueur du feu, en se racontant des anecdotes qui leur rappelaient la Terre et leurs compagnons.

L'ombre du SGC planait toujours entre eux mais, cela ressemblait désormais plus à un vieil ami qu'à un ennemi dressé entre eux.

Sam s'apprêtait à aller tirer de l'eau au puits lorsque Jack l'interpela :

– Laisse, je vais m'en occuper, Sam !

Le tutoiement était venu naturellement, après le baiser, à l'initiative de Jack.

– Omelette et pommes de terre, ce soir ? demanda-t-elle.

– Parfait !

Sam retournait tranquillement à la maison lorsque des cris se firent entendre, en provenance de la route.

Jack tourna aussi la tête, guettant l'origine du bruit. Il aperçut au loin des hommes qui couraient à travers champs tandis qu'un cheval arrivait au galop en direction de la maison.

Jack abandonna sa scie et rejoignit rapidement Sam à l'entrée de la cour.

Léandro leur fit signe et stoppa son cheval qui souffla bruyamment.

– Qu'est-ce qui se passe ? demanda Jack.

– Tommy n'est pas rentré après l'école ! On le cherche partout !

Sam sursauta. Elle avait libéré les enfants avant midi. Tommy était parti tout seul en lui disant que sa maman devait le retrouver sur le chemin. Le village était petit et les villageois avaient coutume de veiller les uns sur les autres. Personne n'aurait pu lui faire de mal.

– Je suis passé voir s'il vous avait dit quelque chose qui pourrait nous indiquer où le chercher, expliqua l'homme âgé.

– Non, il a dit qu'il devait retrouver sa mère.

Sam était si pâle que Jack glissa sa main sous son coude pour la soutenir.

– Vous avez organisé des battues ? questionna encore Jack.

– Oui. Nous devons le retrouver avant la nuit.

– Je vais vous accompagner, dit-il. Juste le temps de me changer et je vous suis !

– Je viens aussi, déclara Sam.

Léandro allait protester que la place d'une femme était à la maison mais, il n'en eut pas le temps. Jack lui répondit :

– On revient dans cinq minutes. Attendez-nous.

Les deux militaires disparurent chacun dans leur chambre et ressortirent quelques minutes plus tard en treillis et rangers. Tandis que Sam remplissait une gourde et rassemblait le kit de premiers secours, Jack vérifiait le contenu de son sac à dos. Il prit les objets que Sam lui tendait et lui dit :

– Prends ta radio, on pourra communiquer plus facilement si on doit se séparer.

Sam courut jusqu'au placard où elle avait rangé son propre sac. Elle en sortit l'appareil et vérifia la batterie.

– Ok, je suis prête, dit-elle en enfilant sa veste d'uniforme de couleur verte.

Jack l'attendait dans l'entrée, le sac déjà sur le dos. Sam tira la porte derrière elle.

– Prenez le chemin qui contourne le lac et rejoint le village par la lisière, conseilla Léandro. Les équipes de recherche se retrouveront sur la place du village au crépuscule pour faire le point si personne ne l'a trouvé.

– Entendu.

L'homme fit faire demi-tour à son cheval et repartit vers le village tandis que Jack prenait la tête, marchant d'un pas mesuré bien que soutenu.

– Une idée de ce qui a pu lui passer par la tête ? questionna-t-il alors qu'ils attaquaient le bord de l'étang.

– Aucune. C'est un gamin éveillé et un peu turbulent mais, il ne désobéirait pas à sa mère.

Jack continua de réfléchir tout en marchant et en scrutant les environs à la recherche de traces de pas d'enfant dans la boue.

– La curiosité est parfois mauvaise conseillère, souffla-t-il en repensant douloureusement à son fils.

Sam leva la tête à cette phrase et demanda :

– Je leur ai demandé de faire un exposé sur leur animal préféré… Est-ce que tu crois qu'il aurait pu aller en forêt à cause de ça ?

– C'est possible… Il a peut-être simplement vu quelque chose qui l'a attiré hors de son chemin. Mais, il peut aussi bien s'être caché au village ou être allé jouer au moulin.

Jack ne voulait pas que Sam commence à culpabiliser pour rien. Il avait besoin qu'elle reste concentrée sur les recherches.

L'orage se rapprochait et le ciel était en train de s'assombrir dangereusement. Il fallait vite retrouver le gosse.

Sam était surprise de la facilité avec laquelle ils avaient tous deux retrouvés leurs réflexes de mission. Ils longèrent efficacement la lisière jusqu'à l'entrée du village où ils retrouvèrent d'autres habitants qui fouillaient les maisons et les cachettes possibles.

– Toujours rien ? demanda Sam.

– Aucune trace et il va bientôt faire nuit, déclara Laira en soutenant la mère de l'enfant, en pleurs dans ses bras.

– Mon Tommy… Je vous en supplie, ramenez-moi mon petit… hoqueta la pauvre femme.

– On va le trouver, lui souffla Sam en lui serrant doucement le bras pour la réconforter.

Elle échangea un bref regard avec Jack qui hocha simplement la tête et déclara :

– On y retourne. On monte dans la forêt cette fois. Il s'y est peut-être égaré.

Laira hocha la tête, un remerciement dans les yeux.

Sam emboîta à nouveau le pas du Colonel et, une fois sortie du village, proposa de prendre le sac à dos pour le soulager un peu.

Jack hésita puis accepta. Il aurait peut-être à porter Tommy plus tard s'il s'était blessé. Mieux valait qu'il garde ses forces. De toutes façons, le sac était moins lourd que leur parquetage habituel puisqu'il n'avait emporté que l'essentiel.

Le sentier grimpait dur et rapidement. La haute futaie cacha la lumière du jour, obligeant les deux militaires à sortir leurs lampes de poche. À mesure qu'ils progressaient, ils criaient le nom de l'enfant à intervalles réguliers et écoutaient, désespérés de percevoir enfin une réponse.

Le froid commençait à devenir mordant et la forêt rappelait à Sam de mauvais souvenirs.

Jack s'aperçut qu'elle ralentissait le pas et vit que son regard s'égarait avec inquiétude vers les bruits qui peuplaient le sous-bois de murmures.

– Tu devrais redescendre, Sam, proposa-t-il. Retourne au village. Ils l'ont peut-être retrouvé à présent. Tu me préviendras par radio.

Sam s'immobilisa près de lui et scruta son visage à la lueur de sa torche.

– Je vais bien, répondit-elle, à contre-courant de son discours, lui montrant qu'elle avait compris qu'il se faisait du souci pour elle.

Jack soupira :

– Je ne veux pas que tu tombes encore malade…

– Je suis plus couverte cette fois et je ne suis pas perdue. Je suis avec toi.

Il hocha la tête et désigna la trace qui se divisait en deux un peu plus haut.

– On va devoir se séparer si on veut couvrir plus de terrain. Je propose qu'on explore chacun un côté du sentier durant dix minutes en restant en contact radio. Ensuite, on avisera.

– Entendu. Je prends à droite.

Jack s'enfonça donc dans l'étroit passage sur la gauche, écartant les feuillages et les branches qui gênaient son cheminement. Il grimpa raide dans un éboulis de pierres, se demandant si un enfant aussi jeune que Tommy aurait pu emprunter cette voie. Il allait renoncer et rebrousser chemin lorsque son attention fut attirée par une sorte de grotte. L'entrée était en partie dissimulée par du lierre qui descendait d'un tronc d'arbre penché sur le côté droit de la tanière.

Ouvrant sa radio, il appela :

– Sam ?

– Je te reçois.

– J'ai trouvé une grotte. Il a peut-être voulu l'explorer. Je vais entrer et vérifier. Et de ton côté ?

– Rien pour le moment.

– Très bien. Prochain contact dans 5 minutes. O'Neill, terminé.

– Reçu. Carter, terminé.

Jack souleva le rideau de lierre et pénétra dans la cavité rocheuse d'un pas prudent, braquant sa torche au sol, au plafond et sur les côtés avant d'avancer franchement à l'intérieur.

La terre était sèche et ne portait aucune empreinte ni humaine ni animale.

– Tommy ? Appela Jack.

Sa voix rebondit contre les parois jusqu'au fond de la grotte. Le tunnel devait faire quatre ou cinq mètres. Il s'achevait en cul-de-sac.

Il n'y avait aucune trace de l'enfant nulle part.

O'Neill ressortit rapidement pour réaliser que des gouttes commençaient à tomber.

– Sam ? Je n'ai rien trouvé dans la grotte. Le chemin est trop raide pour qu'un enfant s'y aventure. Je te rejoins.

– Bien reçu. Je suis à environ un kilomètre au nord-est de ta position.

Jack confirma et se mit en route, pestant contre la descente vraiment pentue qui lui tirait sur ses genoux.

Les remèdes de Glenda avaient fait des miracles mais, le temps humide et les conditions de marche lui rappelaient qu'un jour ou l'autre, il faudrait qu'il envisage sérieusement de prendre sa retraite de l'armée… s'ils rentraient un jour à la maison.

Le Colonel n'était plus qu'à deux cents mètres du but lorsque sa radio grésilla à nouveau :

– Jack ! Je crois que j'ai trouvé quelque chose !

O'Neill allongea le pas, courant presque pour retrouver Sam.

La jeune femme le guettait, immobile sous l'averse.

– Il y a des ponchos dans le sac, on devrait les mettre avant d'être trempés, proposa Jack.

Sam déposa le sac à dos au sol et fouilla à l'intérieur avant d'en sortir les deux vêtements de pluie. Ils s'habillèrent rapidement, soulagés d'être à l'abri de l'humidité.

– Alors ? Qu'est-ce que tu as trouvé ? demanda Jack en chargeant le sac sur son dos.

– C'est par là !

Effectivement, il y avait une trace dans la boue au milieu du chemin. On aurait dit que quelqu'un avait glissé et était tombé. D'après la profondeur de la marque, cela pouvait être un enfant.

– Ouais. On va continuer par-là, déclara Jack.

Ils se remirent en route tout en appelant l'enfant.

La forêt était dense et la haute futaie coupait un peu la pluie, les protégeant de l'orage qui gagnait en puissance. Un vent fort s'était levé, dispersant leurs voix et les perdant dans le bois. Un éclair déchira le ciel et le coup de tonnerre survint quelques instants plus tard.

– Bon sang… grommela Jack. On doit trouver un abri, Sam ! cria-t-il.

Le Major tendit le bras en hurlant par-dessus la force de la tempête :

– Là !

Un morceau de tissu bleu voletait follement, accroché à une branche pleine de piquants.

– Tommy portait une veste de cette couleur ce matin ! Il est forcément tout près !

Jack jeta un coup d'œil à la trace boueuse qui disparaissait vers ce qui ressemblait à une lisière.

– Allons-y ! dépêchons-nous !

Sam lui emboîta le pas, veillant à rester dans ses six heures.

Au bout d'une centaine de mètres, les arbres s'éclaircissaient et le lit d'une rivière apparut. De gros rochers rendaient l'accès au bord de l'eau difficile et scabreux, surtout avec la pluie. Les surfaces des blocs, usées par les remous de la rivière, étaient rendues glissantes par l'orage. Jack s'arrêta un instant sous le dernier arbre pour souffler, écartant la capuche de son poncho et secouant la visière trempée de sa casquette. Sam haletait lorsqu'elle le rejoignit un instant plus tard. Sa frange s'égouttait sur son front et l'eau coulait sur ses joues rougies de froid.

– Est-ce que ça va ? demanda-t-il en lui tendant la main.

Elle s'en saisit et se rapprocha de lui en hochant vaillamment la tête. Jack la serra dans ses bras et frotta doucement son dos pour la réchauffer un peu.

– Je vais essayer de grimper sur un de ces blocs pour avoir une vue un peu plus dégagée, expliqua-t-il en scrutant le paysage et son chaos de rochers.

La rivière grondait en contrebas, furieuse.

Sam secoua la tête et, posant sa paume sur la veste mouillée de Jack, au niveau de sa poitrine, elle déclara :

– Non, je vais y aller.

Stratégiquement, elle avait raison. Elle avait de meilleurs appuis et elle était plus souple que lui.

– D'accord.

Elle lui sourit, sûre d'elle.

Se dégageant de sa douce étreinte, elle sautilla d'un rocher à l'autre, avant d'escalader l'un des plus gros. Elle se stabilisa à genoux au sommet et regarda soigneusement les alentours. En amont, la pente était trop abrupte et trop étroite pour que quiconque ait l'idée d'y aller. Mais en aval en revanche, le lit de la rivière s'élargissait malgré les nombreux blocs qui entravaient le courant et créaient des zones de rapides dangereuses.

Si Tommy était tombé à l'eau, ils ne le retrouveraient pas vivant…

Sam sentit sa gorge se serrer.

Une brusque rafale de vent lui plaqua une gerbe d'eau de pluie au visage, l'obligeant à fermer les yeux un instant. Lorsqu'elle les rouvrit, elle aperçut une tache sombre, entre deux rochers, à trois cents mètres en aval. Elle ne pouvait pas être sûre à cette distance avec la mauvaise visibilité mais, cela ressemblait à la veste de l'enfant.

Redescendant avec prudence de son perchoir, Sam retrouva Jack sous l'arbre.

– Je crois que j'ai vu quelque chose dans cette direction…

Jack hocha la tête mais, alors qu'elle s'apprêtait à se mettre en route, poussée par l'urgence, il lui saisit le bras. Elle tourna la tête, surprise et croisa son regard sombre et inquiet :

– Sam… S'il n'est pas là-bas, nous devrons abandonner et rentrer au village. Il fait trop nuit pour continuer à chercher.

Il avait raison. Ils se mettraient en danger en poursuivant les recherches.

– Je sais…

– Allons-y, passe devant.

Sam se fraya un chemin sur les abords de la rivière, négociant le passage le plus sûr et le moins pénible.

Jack la suivait sans mot dire, surveillant le niveau d'eau qui montait dangereusement à mesure que l'orage se rapprochait et que la pluie s'intensifiait.

Sam tendit enfin le bras en direction de la forme sombre, à moitié immergée à quelques mètres du bord.

– Qu'est-ce que tu en penses ? demanda-t-elle.

– Je vais aller voir.

Il déposa le sac à dos sur un rocher et en sortit une corde. Il l'enroula autour de sa taille. Voyant le regard inquiet de Sam, il lui cria à travers la bourrasque :

– On ne sait jamais, le courant a l'air plutôt fort.

Elle saisit fermement l'autre côté de la corde et l'attacha autour de son propre corps pour pouvoir le retenir s'il glissait et tombait dans le cours d'eau.

O'Neill avança prudemment, stabilisant chacun de ses pas avant d'en faire un nouveau. À mesure qu'il progressait, il devinait de mieux en mieux la forme de l'enfant, accroché dans un tas de branches arrachées et coincé dans une sorte de marmite bouillonnante.

Jack sentait le froid lui serrer les mollets à mesure qu'il entrait plus profondément dans la rivière pour l'atteindre. Il avait raison, le courant était puissant et tourbillonnait avec force, cherchant à l'entraîner. Il se pencha vers le petit corps et tira le col de la veste pour retourner l'enfant.

Il ne bougeait pas et était pâle comme la mort. Son visage était zébré de bleus. Il avait dû glisser et tomber à l'eau puis avait sûrement été drossé par la rivière sur plusieurs mètres avant de finir dans ce trou. Une chance car sans ça, ils ne l'auraient jamais retrouvé.

– Charlie ! appela-t-il, sans réponse.

À genoux dans l'eau glacée, Jack serra le corps du petit contre sa poitrine et vérifia son pouls.

En un instant, Jack O'Neill n'était plus sur Edora, dans ce torrent furieux. Il était dans sa maison de Colorado Springs, pressant sur son cœur son petit garçon au visage éclaboussé de sang et dont la vie s'effilochait entre ses mains.

Sur l'autre rive, malgré le vent, Sam avait entendu le nom que Jack avait hurlé. Le cri de l'âme d'un père à jamais dévasté par sa perte.

Le petit Tommy ressemblait tellement à Charlie que ça lui avait serré le cœur lorsque Sam l'avait vu pour la toute première fois. Elle ignorait que le Colonel avait remarqué la ressemblance jusqu'à cet instant.

Jack soupira. L'enfant toussa. Il respirait. Il était vivant. Le soulagement intense qui envahit le Colonel lui fit reprendre pied dans la réalité, soudain conscient qu'ils devaient le redescendre rapidement au village.

Sans réfléchir, Jack jeta l'enfant sur son épaule, le tenant fermement d'un bras tandis qu'il se guidait avec la corde tendue pour revenir vers Sam.

À mi-chemin, son pied dérapa sur un rocher pointu et O'Neill bascula en arrière. Le poids de Tommy le déséquilibra, l'empêchant de retrouver son équilibre. Le hurlement de Sam lui parvint alors qu'il tombait lourdement dans la rivière. Sa main libre amortit une partie de la chute en s'accrochant à un rocher et il serra fermement l'autre autour des jambes de l'enfant pour ne pas lâcher son précieux fardeau. Cependant, son dos heurta l'angle aigu d'un autre bloc situé sur sa droite. Jack grimaça, retint un gémissement mais il se redressa rapidement. Il franchit les derniers mètres le séparant de la terre ferme en serrant les dents.

Sam lui saisit l'avant-bras pour l'aider à sortir de l'eau et le délesta aussitôt du poids de l'enfant.

– Est-ce que ça va ? lança-t-elle à l'homme tout en vérifiant les constantes de Tommy, soulagée qu'il soit encore en vie.

– Ouais… grogna-t-il.

Il ôta son poncho et le tendit au Major :

– Enroule-le là-dedans, ça le protégera un peu du froid. Je vais le porter.

Elle ne chercha pas à protester, obéit et prit le sac. Elle était trop fatiguée par leur longue marche nocturne pour envisager de porter le garçon sur son dos sans trébucher au moindre pas.

Ils se mirent en route d'un pas rapide, Sam en tête ouvrant la marche et cherchant le chemin le plus court vers le village.

Malgré leurs efforts, il leur fallut plus d'une heure avant d'apercevoir les lueurs des maisons et la fumée des cheminées.

À bout de forces, Sam poussa enfin la porte de la maison de Laira qui semblait rassembler un grand nombre d'habitants. Sous la force de son geste, le battant alla cogner contre le mur, attirant l'attention des occupants sur les deux militaires trempés et épuisés.

Jack fit basculer son fardeau vers l'avant et le déposa avec douceur sur un banc. Aussitôt, la mère de l'enfant poussa un cri et courut jusqu'à lui.

– Il est en vie, la rassura Jack en écartant le poncho qui cachait le visage blême du petit garçon.

– Garan ! Des couvertures ! Léandro, va chercher Glenda, veux-tu ? ordonna Laira en aidant la mère en larmes à ôter les vêtements mouillés de Tommy pour pouvoir le sécher et le frictionner.

Puis, voyant Jack et Sam qui frissonnaient aussi, elle leur dit :

– Vous pouvez vous sécher et vous changer dans ma chambre.

– Merci mais, nous allons rentrer chez nous pour nous reposer. Nous reviendrons demain prendre des nouvelles, lui répondit Jack.

– Comme vous voulez. Merci infiniment à vous deux…

La mère de Tommy quitta un instant son fils des yeux pour saisir la main de Sam, la plus proche d'elle.

Son regard encore brillant alla de l'un à l'autre des deux soldats en uniforme :

– Soyez remerciés pour avoir retrouvé mon petit garçon…

Sam lui serra la main avec affection et souffla, émue :

– Prenez bien soin de lui… Bonne nuit.

– Bonne nuit ! lui répondirent plusieurs voix dans la maison.

Jack glissa sa main dans le bas du dos de Carter et la guida en silence vers la porte.

Une fois dehors, il ne retira pas sa main et Sam se rapprocha de lui, sa hanche frôlant la sienne à chaque pas tandis qu'ils cheminaient vers leur logis.

Jack poussa la porte.

Il faisait encore bon à l'intérieur même si le feu s'était en grande partie consumé en leur absence. O'Neill posa le sac à dos dans un coin près de l'entrée pour qu'il s'égoutte puis, il retira ses rangers et sa veste trempée. Il accrocha le vêtement sur le dossier d'une chaise et la tira vers la cheminée pour qu'elle sèche plus vite.

Puis, tandis que Sam se délestait de son poncho, sa veste et ses chaussures et se glissait vers la chambre, Jack tisonna le feu. Les cendres étaient presque froides. Il rajouta plusieurs bûches, du petit bois et un peu de papier. Une flamme jaune jaillit du charbon et avala le papier en crépitant avant de s'attaquer aux brindilles. Jack souffla dessus et remua doucement pour alimenter le feu en air.

En quelques minutes, une douce chaleur commença à remplir la pièce.

Sam ressortit de la chambre. Elle s'était changée et avait enfilé un grand pull bleu marine et un pantalon qu'elle avait dû trouver dans les affaires d'homme de la maison. Il était trois fois trop large pour elle et plissait sur ses pieds. Elle semblait délicate et fragile ainsi vêtue alors qu'il savait qu'elle pouvait tuer un homme à mains nues.

– Tu devrais enlever ton tee-shirt, il est trempé, observa-t-elle.

Jack réalisa qu'elle avait raison cette impression de froidure humide était si ancrée dans sa chair qu'il ne s'en était pas aperçu avant. Il voulut retirer le vêtement et le mettre à sécher mais une douleur cuisante lui déchira le dos, lui arrachant un grognement de douleur. Sam se rapprocha aussitôt, passablement inquiète.

– Est-ce que ça va ?

– Ouais… ce n'est rien… Ce doit être quand je suis tombé dans le torrent, tout à l'heure…

– Laisse-moi jeter un coup d'œil.

Jack aurait préféré refuser mais, à présent que l'adrénaline refluait dans ses veines, la blessure était difficile à occulter.

Sam tira un tabouret et lui fit signe de s'asseoir. Avant même qu'il puisse ouvrir la bouche pour protester, il sentit les mains de Sam agripper le bas de son tee-shirt. La caresse de ses jointures effleura ses côtes tandis qu'elle froissait le vêtement vers le haut, lui communiquant un doux frisson que Sam ne manqua pas. Il s'assit et leva lentement les bras avec un grognement de douleur pour aider la jeune femme à lui retirer le vêtement.

Sam déposa le tee-shirt sur le dossier de la chaise avant de revenir inspecter le dos de l'homme.

Elle inspira vivement en découvrant le placard ecchymotique qui barrait son côté droit, de l'omoplate aux côtes, sur une quinzaine de centimètres de large et sur six ou huit centimètres de haut. Le bleu était violacé, presque noir par endroit, un peu enflé.

Jack sentit la pulpe des doigts de Sam effleurer la zone meurtrie avec à peine plus de poids qu'une plume. Il grimaça en réalisant l'étendue de la blessure.

– Ne bouge pas, lui ordonna la voix douce de Sam.

Elle s'éloigna et revint quelques instants plus tard avec un flacon des huiles données par Glenda.

Sam versa un peu du produit délicatement odorant dans sa paume puis se frotta les mains l'une contre l'autre pour répartir et chauffer le liquide. Avec délicatesse, elle commença à masser l'hématome pour soulager la douleur. Jack se contenta de soupirer doucement sous la caresse de ses doigts. Lorsqu'elle eut couvert toute la zone lésée, Sam hésita puis remonta lentement vers les omoplates et la nuque de Jack en un massage plus appuyé. Un gémissement de plaisir échappa involontairement à Jack et Sam vit une légère rougeur colorer le cou de l'homme.

Encouragée, elle poursuivit donc, accentuant ses caresses sur les muscles tendus de ses épaules puis sur la longueur de sa colonne vertébrale. Tout en massant, elle compta les cicatrices qui constellaient la peau bronzée de son dos et de ses bras elle connaissait l'origine de certaines d'entre elles mais bon nombre lui étaient inconnues.

Jack expira longuement, s'abandonnant au bien-être de l'instant et aux sensations intimes et puissantes que faisait naître en lui le contact des mains de Sam sur son corps.

Il en oublia jusqu'au temps qui passait lorsque soudain, à travers la brume des endorphines, il frissonna et ouvrit les paupières en réaction à un contact inédit.

C'était doux et chaud sur son épaule nue.

Le cœur de Jack accéléra en réponse à la caresse sensuelle et érotique.

À n'en pas douter, c'était un baiser…

A suivre…

Attention, changement de codification à prévoir pour le prochain chapitre… On entre dans la zone sensuelle de l'histoire...

Dans l'attente de vous lire…