Autatrice : lasurvolte (de pseudo) ou mari (mais vous pouvez m'appeler aussi Plectrude si ça vous dit ^^)
Disclaimer : MHA appartient à Horikoshi.
Couple : C'est une fic BKDK, mais avec du Shigaraki/Izuku, vous êtes prévenus.
TW : violence, violence conjugale, violence psychologique, agression sexuelle.
Chapitre 1 : la colère de Bakugo le fait trébucher.
Bakugo mangeait à la cafet' de la fac. Enfin, « manger » était un bien grand mot. Disons plutôt qu'il serait si fortement sa fourchette dans sa main qu'il la tordait. Il avait les yeux rivés vers une table un peu plus loin et semblait prêt à mordre.
Kirishima soupira :
— Bakugo, tes yeux lancent des missiles là. Si la situation te dérange, pourquoi tu ne lui en parles pas ?
Bakugo aboya :
— Mêle-toi de ton cul !
— C'est plutôt toi qui devrais te mêler du tien, rétorqua Kirishima pas du tout apeuré par le sale caractère de son ami, c'est pas moi qui le reluque depuis tout à l'heure.
Bakugo grinça des dents dans un bruit très désagréable.
— Si Kaminari était là, il te chambrerait tellement, continua Kirishima. Et il aurait raison. Tu es ridicule.
Enfin, le blond tourna la tête vers son ami. Son regard flamboyait de colère. Peut-être qu'au lycée, Kirishima se serait reculé et méfié, mais ils étaient à la fac maintenant et de l'eau avait coulé sous les ponts. Il s'était habitué à Bakugo.
— Répète un peu pour voir, grogna le blond.
— Si tu le souhaites : tu es ridicule Bakugo.
Le dénommé tapa son poing si fort sur la table que son plateau se souleva et que des paires d'yeux se tournèrent vers lui. Mais il n'en avait cure.
— Tu veux que je te dise ce qui est ridicule, siffla-t-il entre ses dents, ce qui est ridicule c'est que ce crétin de Deku minaude avec cet abruti de Shigaraki. Regarde ses yeux de merlans frits et ose me dire que ce n'est pas la chose la plus stupide à laquelle tu as pu assister sur cette planète.
— Bakugo, c'est uniquement parce que tu es jaloux que tu trouves ça stupide. De mon point de vue, c'est assez mignon.
Kirishima savait qu'il était en train de le titiller et que ça ne donnerait rien de bon. Mais cela faisait deux mois que Deku avait commencé à sortir avec Shigaraki et Bakugo ne décolérait pas. Ça devenait épuisant de marcher sur des œufs pour ne pas le blesser. Il s'était dit que, peut-être, s'il le provoquait un peu, Bakugo trouverait enfin le moyen de passer à autre chose.
Quand il vit son ami se relever avec son plateau plein de bouffe qu'il n'avait pas touché, il comprit qu'il avait fait une bêtise. Peut-être aurait-il mieux fallu se taire et le laisser maugrée dans son coin à quel point cette situation le foutait en rogne.
— T'as raison, mec, souffla Bakugo comme un taureau prêt à attaquer, je ne vais pas rester là sans rien faire.
Kirishima n'eut pas le temps de le retenir, Bakugo chargeait en direction de Deku et Shigaraki. Il posa ses mains sur ses yeux pour ne pas assister à la scène, entendant juste le fracas qui se réverbéra dans toute la cafétéria.
Bakugo venait de vider son plateau complet sur la tête de Shigaraki. De la purée se colla dans ses cheveux, la sauce de la viande dégoulina sur son visage, le flan dégringola sur son col. Les assiettes et couverts se fracassèrent sur le sol.
— Oups, j'ai glissé, fit Bakugo. Quel maladroit je fais.
Deku se leva d'un bon :
— Tomura, tu vas bien ?
Le susnommé ne bougea pas durant quelques secondes, puis il regarda son petit ami inquiet et lui sourit :
— Tout va bien, Bakugo a juste trébuché.
Bakugo l'aurait bien assommé avec le plateau tellement ce mec le débectait. Si Shigaraki s'était mis en colère, s'il avait tenté d'insulter ou de frapper Bakugo, s'ils s'étaient bagarrés, peut-être que la tension du blond aurait diminué. Mais Shigaraki resta calme, trempa son doigt dans la sauce sur sa joue et le mit dans sa bouche :
— Délicieux, commenta-t-il simplement. Merci pour le repas Bakugo.
Et il eut un petit rire.
Un rire vicieux.
Le rire qui disait « tout ce que tu feras ne servira à rien parce que je suis le grand gagnant dans l'histoire ». Bakugo ouvrit la bouche avec l'envie de l'insulter de tous les noms tout en l'étripant, même si ce sort était encore trop doux pour quelqu'un comme Shigaraki. Mais Deku le prit de court, il s'approcha de son petit ami :
— Allez viens, on va aller aux dortoirs que tu puisses prendre une douche.
Et il ignora Bakugo.
Il. Ignora. Bakugo.
Le blond en fut tellement blessé qu'il ne bougea plus. Paralysé, il regarda Deku et Shigaraki partir main dans la main. Et même si Shigaraki était sale, il tourna un instant son visage vers celui de Bakugo et lui fit un clin d'œil.
Bakugo le haïssait.
Kirishima arriva près de lui, et posa doucement une main sur son épaule :
— Te fâcher ne va pas changer les choses, murmura-t-il.
Bakugo le savait, mais il se voyait étriper Shigaraki de ses propres mains quand même.
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Izuku et Bakugo se connaissaient depuis l'enfance, vivant dans le même quartier ils s'étaient rencontrés dans les jeux publics, puis à la crèche et à l'école. Ils s'entendaient super bien au début, jusqu'à ce que Bakugo se découvre plus doué que la moyenne. Il sut lire avant tout le monde, il comprenait plus vite les choses, il était meilleur en sport, il avait l'esprit vif et une certaine aura qui attirait les gens. Izuku, lui, avait plus de difficultés, on lui découvrit une dyslexie ce qui lui fit prendre du retard. Il bossait pourtant dur pour rester à niveau, et ne se débrouillait pas si mal. Mais Bakugo-le-génie se mit à le voir comme un raté et commença à le harceler. Pour se faire mousser par les autres, pour remettre ce gosse à sa place. C'était lui qui l'avait surnommé Deku et lui encore qui avait commencé les hostilités.
Pourtant cet abruti de Deku continuait à le suivre. Il lui disait des trucs du genre « tu es trop génial Kacchan ». Il avait les jambes flageolantes quand Bakugo s'en prenait à lui, mais il tenait bon.
Il fallut qu'ils rentrent au lycée pour que Bakugo tombe de son piédestal et se retrouve le nez à terre. Il n'était pas le seul à être doué, d'autres avaient des talents, même Deku qu'il croyait nul en tout montra qu'il pouvait faire des choses, lui aussi. Il avait du mal avec la lecture et l'écriture, mais il peignait comme personne. Il commença même à dessiner un manga et les gens de la classe l'aidaient pour écrire les dialogues. Il se fit des amis et même lui, « le bon à rien », fut admiré.
Petit à petit Bakugo comprit qu'il avait merdé, sacrément même. Il n'était pas mieux que les autres, il avait juste des facilités sur certains trucs. Oui il avait les meilleures notes, il se débrouillait très bien en sport, et en étude il restait le premier. Mais lui était bien incapable de dessiner quoi que ce soit, à part des bonhommes bâtons. Et ce n'était pas tout, s'il se comparait avec les autres gens de sa classe, il pouvait dire que ses gâteaux n'étaient pas aussi savoureux que ceux de Sato, qu'il n'était pas aussi doué avec un instrument de musique que Jiro. Il n'était pas aussi droit qu'Iida non plus. Chacun, chacune, avait son propre talent.
Sa fierté blessée lui permit de redescendre sur terre et de mieux se comporter, même s'il gardait son caractère explosif, il réussit à se faire de véritables amis. Pas seulement des gens qui l'admiraient. Et avec le temps, il se réconcilia avec Deku. Il cessa de l'emmerder, de le prendre de haut, il se rapprocha de lui. Izuku aurait été en droit de l'envoyer chier, mais il ne le fit pas. L'adolescent avait toujours admiré Bakugo et il était heureux de pouvoir enfin trouver un terrain d'entente avec lui.
Bakugo finit même par lui demander pardon pour son comportement et c'était ce jour-là que tout avait basculé. À cause du sourire de ce crétin de Deku. Ce sourire plein d'innocence et de reconnaissance, heureux d'entendre les excuses de Bakugo.
Merde.
Pourquoi était-il aussi mignon ?
Plus ils trainaient ensemble, plus ils redevenaient amis, plus ils étaient proches, et plus Bakugo plongeait dans un Enfer sans retour. Il avait mis du temps à l'admettre, beaucoup, beaucoup de temps, puisque le lycée était passé et qu'ils étaient désormais à la fac. Mais il savait pourtant que le sentiment était déjà là. Grignotant son cœur, son corps, son âme, jusqu'à ce qu'il n'ait plus le choix de reconnaître ce qui lui arrivait.
Il était tombé amoureux d'Izuku.
Pas un petit amour calme, pas un crush rapide. Non c'était une vraie tempête qui battait contre ses côtes et le rendait presque fou.
Pourtant, Bakugo garda le secret. Il avait réussi à redevenir ami avec Izuku, il n'avait pas envie de voir le fragile château de cartes qu'ils avaient bâti ensemble, s'écrouler à nouveau. Il se disait bêtement que cette situation lui suffisait, qu'il n'avait besoin de rien d'autre que Deku à ses côtés. Ils étaient de toute façon devenus si proches, que c'était presque comme s'ils étaient ensemble. Presque.
Quel idiot.
Mais quel putain d'idiot.
Kirishima et Kaminari étaient les deux seuls au courant de ses sentiments. Ils l'avaient chambré avec ça plus d'une fois et Bakugo s'était fâché contre eux.
— Si tu veux de l'aide pour que tu puisses être enfermé avec lui dans une pièce, demande-nous, proposait Kaminari, ça marche dans tous les films.
Et Bakugo ne cessait de répéter :
— Pas besoin, on est amis et c'est déjà bien assez.
Mais c'était faux.
Ce n'était pas assez.
Ce n'était carrément pas assez.
Bakugo n'aurait jamais cru qu'on puisse lui « prendre » Deku. Peut-être qu'il ne se confessait pas, mais dans sa tête, le jeune homme resterait avec lui pour toujours. Après la fac, ils auraient loué un appartement, adopté un chien, et peut-être que les choses se seraient faites petit à petit, peut-être que Bakugo n'aurait pas besoin de se confesser, peut-être juste qu'ils seraient passés du statut meilleurs amis à petits amis sans y réfléchir.
Dans tous les cas, ils auraient été ensemble.
Et puis Shigaraki avait débarqué dans leur vie. Un peu comme une merde d'oiseau vous tombes sur la tête. Du moins c'était l'impression qu'en avait Bakugo.
Ce mec, il ne pouvait pas le piffer. Trop gentil, trop mielleux, trop faux.
C'était à une soirée étudiante où Deku avait traîné Bakugo, lui jurant qu'ils allaient s'amuser. Et Bakugo ne savait pas toujours dire non aux yeux de merlans frits de son meilleur ami. Alors qu'il détestait les soirées étudiantes, trop de bruits, trop de gens, trop d'alcool. Il aurait préféré rester dans son lit douillet. Mais voilà c'était pour Deku.
Il se faisait chier comme un rat mort, refusant de danser, assis sur un canapé, il assistait à la soirée comme s'il n'était pas tout à fait là. Deku, lui, s'en donna à cœur joie, il virevolta sur la piste de danse et sans rien avoir bu, il dansait de toute son âme.
Putain.
Qu'est-ce qu'il était beau.
Le cœur de Bakugo chavirait et il ne regrettait plus tant que ça que d'être là. Et puis la soirée avait été gâchée.
Par ce mec aux cheveux bleus qui s'était approché de Deku, qui lui avait chuchoté un truc à l'oreille et qui avait commencé à danser avec lui. Ils s'étaient regardés en souriant, et plus le mec parlait, plus Deku souriait, et plus Deku souriait à ce mec, plus Bakugo sentait un poids lui tomber dans la poitrine. Une sacrée enclume.
À la fin de la soirée, alors que Bakugo et Deku rentraient jusqu'aux dortoirs de la fac, Deku ne fit que parler de Shigaraki. Il savait danser, il était drôle, un peu maigre, mais assez beau, et patati et patata. Shigaraki ceci, Shigaraki cela.
Bakugo en avait les oreilles qui vrillaient et le cœur qui partait en berne. Mais peut-être que ce n'était que pour cette soirée, peut-être que Shigaraki serait vite oublié.
Ce ne fut pas le cas.
Shigaraki se mêla avec une étrange facilité à leur groupe, et envoûta Deku, qui ne faisait plus que parler de tout ce que Shigaraki savait faire et combien il était cool, et sympa, et…
— Putain, mais j'en ai rien à foutre de ce mec, lâcha Bakugo au bout d'un moment.
Il n'en pouvait juste plus. Il avait l'impression de ne même plus compter. Il n'entendait plus que Shigaraki, Shigaraki, Shigaraki. Pourtant, lui, ne trouvait rien chez ce mec de plaisant. Il semblait savoir parler aux gens pour les mettre de son côté. Mais Bakugo s'en méfiait comme de la peste. Comme s'il pouvait entendre une fausse note au sein d'une mélodie trop parfaite.
— Tu me casses les oreilles à parler de lui !
Deku l'avait regardé en écarquillant les yeux et Bakugo s'était autosaboté :
— Si tu l'aimes tant que ça, tu n'as qu'à sortir avec lui.
Quel con, mais quel con.
Pourquoi avait-il fallu qu'il sorte une connerie pareille ? Et pourquoi est-ce que ce crétin de Deku avait obéi ?
Bien sûr Bakugo – le meilleur ami et c'est tout – avait été le premier au courant :
— C'est à toi que je le dis en premier, mais je sors avec Shigaraki.
Merci bien Deku.
Bakugo était resté silencieux. Que pouvait-il dire ? « C'est trop cool, je suis ravi pour toi », ou « je vais aller le buter ce mec, d'où il ose t'approcher ? ». Le premier aurait été un mensonge, le deuxième aurait été trop toxique. On ne butait pas quelqu'un parce qu'il nous « volait » la personne qu'on aimait le plus au monde. Même si on en avait très envie.
Bakugo ne pouvait pas empêcher Deku de sortir avec qui il voulait.
Mais pourquoi fallait-il que ce soit si douloureux ?
L'avenir de Bakugo éclata en morceau, ils n'auraient jamais d'appartement ensemble, pas de chien, pas de vie l'un à côté de l'autre, ensemble.
Il se sentait con.
Il avait l'impression d'être en deuil, comme si quelqu'un avait brulé la Joconde, ou rasé l'Amazonie complète.
Kirishima et Kaminari avaient bien essayé de le consoler, un de perdu dix de retrouvés et toutes ces conneries. Mais Bakugo le savait, Deku était le seul. L'amour, ça l'emmerdait, il n'avait pas de temps à perdre avec des conneries de sentiments. Il n'y avait que Deku depuis le début et il n'y aurait jamais que lui. Ça ne l'effrayait pas de finir seul et de mourir vieux entouré de chats. C'était soit ça, soit aux côtés de Deku. Et il aurait préféré la deuxième solution, parce que merde, il l'aimait.
Ses amis comprenaient qu'il soit triste, mais ils n'étaient pas dans sa tête, il ne voyait pas que Deku était une partie de lui-même. Comment tu fais pour bien respirer quand il te manque un poumon ? Bordel ! Eux se disaient que ça passerait, ça passe toujours. C'était normal d'avoir mal, mais au bout d'un moment on se faisait à l'idée et la souffrance se transformait en souvenir.
— C'est toujours ton meilleur ami, tu l'as pas perdu complètement, avait temporisé Kaminari.
— Je vais te couper une jambe et te la rendre, tu l'auras pas perdu complètement, avait grogné Bakugo.
On lui parlait du futur, que tout s'arrangerait. Mais il n'en avait rien à foutre de l'après.
C'était maintenant, maintenant qu'il crevait comme un chien abandonné sous la flotte.
Et il était sûr d'une chose.
Deku avait le droit de sortir avec qui il voulait, d'aimer qui il voulait, et tant pis si Bakugo souffrait comme un con. Mais jamais il ne ferait confiance en Shigaraki.
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— À part que t'es jaloux de lui, je comprends pas ce que tu lui reproches, lui fit remarquer Kirishima en sortant de la cafétéria à ses côtés, c'est un chic type.
— Ah oui ? Argumente, bouillonna Bakugo.
— Ben chépa, il nous parle calmement, il a félicité Kaminari pour son projet sur l'électricité, il est doux avec Midoriya, il a l'air d'être un mec bien et viril comme il se doit. Iida trouve qu'il respecte les règles et ça lui plaît, Uraraka a dit qu'il était super et ils ont parlé des heures musiques avec Jiro. Même Todoroki n'a rien dit contre lui. Mina l'adore aussi.
— Si Mina sortait avec lui plutôt que toi, tu l'aimerais moins.
— Peut-être que oui, peut-être que non. Il n'a rien fait de mal Bakugo, c'est pas sa faute tout ça. En plus, même avec toi il s'est montré cool, il t'a quand même ramené une figurine d'un personnage que tu adores.
— Il essaye de m'acheter, je vois pas en quoi ça fait de lui un type bien.
Il avait beau voir que tout le monde l'acceptait et l'appréciait, Bakugo avait l'impression que tout ça, c'était de la poudre aux yeux. Il y avait ce grincement dans un mécanisme pourtant bien huilé. Et Bakugo n'arrivait pas mettre le doigt sur ce qui clochait, mais Shigaraki lui sortait vraiment par les trous de nez.
Pas seulement par jalousie.
Mais parce qu'il ne lui inspirait pas confiance du tout.
Pourquoi est-ce que personne ne s'en rendait compte ? Pourquoi étaient-ils tous à lui lécher les pieds et à féliciter Deku. Même la tête d'œuf leur avait souhaité tout le bonheur du monde. Bakugo en était malade.
Il se remettait en question pourtant. Peut-être que c'était tous les autres qui avaient raison, parce qu'ils étaient plus nombreux et que ce n'était que la jalousie qui faisait parler Bakugo. D'ailleurs à part ses deux amis proches Kanimari et Kirishima, tous les autres avaient ignoré ses airs dégoûtés et grognons, sa détresse et sa colère. Il avait même surpris double face dire que Midoriya serait avec une personne qui le rendrait heureux. Il ne pouvait pas lutter, il devait lâcher l'affaire, se rendre compte que Shigiraki était « un chic type » comme l'avait dit Kirishima.
Peut-être que je me monte la tête, pensa Bakugo, peut-être que je me fais des films, que c'est la jalousie qui parle et rien d'autre.
Il essaya de voir Shigaraki comme un être humain banal et pas comme celui qui lui avait « volé » Deku. Shigaraki était à peine plus grand que lui, il portait des cheveux bleus dans une coiffure désorganisée. À cause de ses allergies, il avait des sortes de cernes sous ses yeux rouges, et ses lèvres étaient gercées. Il n'était pas moche, mais ce n'était pas non plus un prix de beauté. Il portait souvent des sweats dont il mettait la capuche sur son crâne.
Au niveau du caractère, il était assez difficile à cerner. Mouvant, fluide, de l'eau qui s'échappe entre les doigts de Bakugo. Il s'entendait bien avec tout le monde, mais qu'est-ce que tout le monde savait à son propos ? Bakugo lui trouvait un côté insolent, mais il n'avait aucune idée des choses qu'il aimait. S'il préférait le froid ou le chaud. S'il avait des passions. C'était comme essayait de grimper sur un nuage et de se retrouver dans le brouillard. Voilà pourquoi Bakugo se montrait si méfiant.
Non. Il ne se trompait pas.
Il n'y avait pas que la jalousie qui parlait.
Bakugo essayait de se concentrer sur ses devoirs quand on toqua à la porte de sa chambre. Il partageait celle-ci avec Kirishima et un autre gars un peu chiant qui s'appelait Aoyama et qui était persuadé d'être brillant. Il n'alla pas ouvrir, ses coloc' pouvaient s'en occuper, mais il entendit la voix de Deku et abandonna sa place pour s'approcher du jeune homme. Ce dernier le regarda les sourcils froncés :
— On peut parler ?
Bakugo lui fit signe d'entrer, mais Deku secoua la tête :
— En privé !
Le blond obtempéra, ils sortirent de la chambre et du dortoir pour se poser sur un banc un peu plus loin, dans un endroit assez calme et avec peu de passage. Deku serrait ses poings sur son pantalon et restait silencieux. Bakugo brisa le silence :
— Tu voulais me parler ?
Deku murmura quelque chose. Puis il le redit plus fort :
— T'étais vraiment obligé de faire ça ce midi ?
Bakugo resta silencieux.
— C'était vraiment dégueulasse et humiliant, ajouta Deku. Je te connais Kacchan, je sais pas pourquoi tu as un problème avec Tomura, mais clairement il te déplaît.
— Tu as deviné ça avant ou après que je lui jette mon plateau à la tronche ? demanda Bakugo provocateur.
— Kacchan !
Le dénommé soupira.
— Okay, j'admets être allé trop loin.
Deku était énervé alors il ironisa :
— Ça va, ça te brûle pas trop la langue de reconnaître tes torts ?
Bakugo se braqua, pourtant il ajouta :
— Je ne le ferai plus.
— Non et rien d'autre non plus, d'accord ? Je ne veux pas que tu t'en prennes à Tomura. S'il te plaît.
Bakugo avait envie de hurler, de dire qu'il balancerait autant de plateaux à la tronche de Shigaraki qu'il en avait envie, mais il se tut. Deku avait dit « s'il te plaît ». Ça comptait donc pour lui.
— Juste un truc Deku.
— Quoi ?
— Ce mec, je le sens pas.
— Ça je l'avais deviné.
— C'est pas une question d'apprécier ou de détester, je le sens pas c'est tout. Il ne m'inspire pas confiance.
— Kacchan, Tomura pourrait dire la même chose de toi. Tu es celui qui n'inspire pas confiance.
Bakugo reçut cela comme une gifle.
— Il ne t'a jamais rien fait, continua Deku.
— En effet. Admit Bakugo.
— Alors tu veux bien ne plus te comporter comme ça ?
— Comme tu veux Deku.
Il regardait ses pieds, mais sentait le regard de son ami d'enfance sur lui.
— Si tu recommences… Je ne sais pas Kacchan… Ne me fais pas choisir entre vous deux.
Et bam.
Deuxième gifle.
Il aurait pu exploser, imploser, il se contenta de rester silencieux. Il entendit Deku se lever :
— Salut Kacchan.
Et partir.
Bakugo resta là et ne bougea pas quand il se mit à pleuvoir par trombe d'eau. Deku l'avait mis à terre sans même le savoir. Et il avait du mal à se relever. Il murmura pour lui-même, alors que personne ne pourrait l'entendre :
— Mais je t'aime moi et c'est toi que je choisirais à chaque fois.
Quand il rentra dans sa chambre, trempée comme une soupe, Kirishima se jeta presque sur lui :
— Merde Bakugo t'es trempé.
Bakugo leva les yeux vers son ami et sérieusement lui demanda :
— Tu crois que je suis puni ?
— Comment ça punit ? T'as fait une connerie ? Tu vas te faire virer de la fac ?
— Non. Par rapport à ce que j'ai fait subir à Deku pendant notre enfance, tu crois que c'est un retour de bâton ?
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Peut-être que je le mérite au final, souffla Bakugo.
— Deku t'as dit quelque chose ?
L'eau dégoulinait des cheveux de Bakugo sur son visage créant des larmes de pluie. Kirishima eut l'impression qu'il pleurait, mais c'était de Bakugo qu'on parlait, ce n'était qu'une illusion formée par le fait qu'il était mouillé.
— Non, il n'a rien dit. Je vais me doucher.
Il attrapa ses affaires et partit s'enfermer dans la douche, laissant Kirishima dans l'incompréhension.
À suivre.
L'autatrice : voilà donc le début d'une nouvelle fic. C'est censé être une fic BKDK ne vous inquiétez pas, seulement il n'y en aura pas beaucoup ou pas en tant que couple à proprement parlé. Je crois que c'est une fic qui peut être assez difficile, donc si vous ne vous sentez pas bien ou âmes sensibles je vous conseillerai de lire ça plus tard. (Si ça se trouve, je dis ça et en fait c'est pas si difficile que ça, je ne me rends pas vraiment compte, mais je trouve que les sujets que j'aborde peuvent vraiment faire mal (sauf si je ne l'ai pas bien fait)). Bref. J'espère quand même que cette fic vous plaira, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
