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Proposition
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»Elle« s'était bien foutue de sa gueule, cette sale connasse.
Non seulement, »elle« l'avait envoyé (sans son consentement et à moitié à poil) dans le passé, mais en plus »elle« s'était arrangée pour que tout l'alcool qu'il pourrait consommer se transforme irrémédiablement en eau plate.
C'était… plus que tout ce qu'il pouvait supporter.
Quand le père et sa fille l'avaient largué à Little Hangleton, la première chose qu'Harry avait fait, avait été de trouver un pub pour boire un coup.
Il avait beaucoup marché, beaucoup parlé et avait eu beaucoup de chocs émotionnels. Il trouvait donc que prendre un petit verre était tout à fait justifié.
Seulement, quand il avait posé ses lèvres contre le bord frais de la pinte, il avait tout de suite su ; Il avait tout recraché sous l'œil agacé du barman : « Mais vous vous foutez de moi ? C'est de la flotte ! »
Le gros homme avait arraché la bière de ses mains avant d'en boire une longue gorgée. Puis il s'était emparé du marcel d'Harry et l'avait traîné sans ménagement dehors.
Jeté comme un malpropre.
Harry était persuadé avoir entendu, à ce moment-là, un rire sarcastique l'entourer. Il avait levé ses poings vers le ciel et avait hurlé.
Mais rien ne s'était passé.
De toute façon, il n'avait pas une seule thune sur lui. Qu'est-ce qu'»elle« voulait qu'il fasse, exactement, sans argent, sans baguette et en 1956 ?
»Elle« lui avait dit qu'elle voulait se rattraper. Se faire pardonner la vie merdique qu'il avait eu jusqu'à présent.
Alors d'accord. Il avait peut-être un peu merdé en lui trouant le ventre de part en part (sans faire exprès, devait-il le répéter !). Mais ça pouvait arriver à tout le monde, non ?
Ron lui-même avait passé plusieurs jours à vomir d'horribles limaces à cause d'un sortilège raté. Et il ne s'était pas plaint plus que ça !
Bon. Peut-être qu'il s'était plaint. Mais il n'avait pas envoyé toute l'école en 1956, lui !
Harry s'assit sur une pile de caisses en bois et massa consciencieusement sa jambe douloureuse.
Il devait trouver de quoi occuper son esprit, sinon il sentait qu'il allait pleurer. Pleurer de fatigue. De colère. De tristesse. De rage. De déception. Et probablement d'un peu d'auto-apitoiement.
Il avait 28 ans, putain. 28 foutues années. Et qu'est-ce qu'il avait accompli, jusqu'ici ? Rien. (Si on excluait : s'être définitivement débarrassé du Grand Mage Noir) Toute sa vie avait été construite sur du vide. Alors forcément, son futur était de la même essence.
Vide.
Vide.
Vide.
Avant de le balancer par la fenêtre, »Elle« lui avait dit un truc comme « Votre bonheur est entre vos mains, Monsieur Potter. ». Mais qu'est ce qu'il pouvait bien faire de ça, lui qui ignorait ce qu'était le bonheur ?
Comment ça se trouvait ?
Comment ça se construisait ?
Il avait beau regarder les paumes de ses mains, elles restaient désespérément… vides.
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« Excusez-moi ? » une petite voix le tira de ses pensées. Il releva la tête et aperçu un jeune garçon roux (peut-être 15 ou 16 ans, tout au plus) qui le regardait avec intérêt.
Harry passa une main légèrement tremblante dans ses cheveux et se râcla la gorge pour s'éclaircir les idées : « Oui ? Je peux t'aider ? »
« On cherche des gens, si ça vous intéresse. »
Harry laissa son regard se perdre dans l'horizon : « Non merci. »
Le garçon recula d'un pas, indécis : « Oh… pardon… j'ai cru que vous aviez besoin d'argent. »
Argent… le mot se fraya un chemin jusqu'au cerveau d'Harry qui se redressa subitement : « Je veux dire… OUI ! Dis m'en plus ! »
Le garçon eut un sourire hésitant et il pointa une direction du doigt : « Le jeune maître est un peu… difficile. Mais il est au pied du mur : les serviteurs sont presque tous partis. Et il ne peut pas gérer un si grand domaine tout seul. Alors si vous êtes travailleur, patient et motivé, vous pourriez pas mal gagner votre vie ! »
Harry se gratta la nuque, pensif : « Tu veux dire que c'est un poste de… majordome ou un truc comme ça ? Je croyais qu'on était en 1950, pas en 1800… »
Le garçon rit, un peu gêné : « C'est parce que ce sont des nobles. Ils vivent dans un autre monde ! Je ne sais pas trop pour quel poste vous serez recruté… ils sont quasiment tous vacants. Mais si vous voulez, je vous dessine un plan pour y aller. Vous verrez bien ! »
Harry le remercia chaleureusement avant d'ajouter : « Au fait, tu ne connaitrais pas un coin où je peux passer la nuit ? Gratuitement je veux dire. »
Le jeune lui adressa un regard compréhensif.
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