Point de Non Retour

Auteur : Niteryde

Traduction : Dimitrova et Shaya10

Chapitre 10 : De l'intérieur à l'extérieur

Un petit soldat Tsuful solitaire montait la garde devant la porte qui menait au lieu de détention des prisonniers Saïyens. Droit comme une statue, fusil en mains, il regardait droit devant lui tandis que d'autres soldats et scientifiques le dépassaient sans lui accorder la moindre attention. L'atmosphère était tendue et dans l'air flottait l'odeur de la guerre. La force et l'astuce de Végéta étaient légendaires et toutes les précautions avaient été prises pour s'assurer une vengeance digne de ce nom.

Le soldat ne put s'empêcher de sourire à cette pensée.

Alerté par quelque chose, il jeta un coup d'œil soupçonneux à la porte derrière lui. Il sembla hésiter avant d'interpeller du regard le premier soldat qu'il vit venir dans sa direction.

« Eh, toi, viens par ici.», dit-il en faisant signe au Tsuful.

« Qu'est-ce qu'il y a ? », demanda rudement le soldat de grande taille en s'approchant, le fusil à la main.

« Je crois avoir entendu quelque chose en bas », répondit le premier soldat, en désignant la porte du menton. « Au fait, qu'est-ce qui lui prend autant de temps à Arès ? »

« Des rapports disent qu'une autre capsule spatiale a été retrouvée pas très loin d'ici. C'estsûrementun homme de Freezer.», l'informa le second soldat. « On ne sait pas encore si c'est un Saïyen ou pas, mais ça m'en a tout l'air. »

« Malédiction! », lança le soldat de petite taille en baissant les yeux. « Qu'est-ce qu'on va faire ? »

« Arès essaie d'utiliser les détecteurs qu'on a pour traquer cet intrus. Végéta et son rejeton ne sont plus la priorité pour l'instant. »

Le premier soldat hocha la tête avec gravité et jeta à nouveau un coup d'oeil vers la porte.« En parlant de ça, j'ai un mauvais pressentiment au sujet de ces deux-là. Je veux aller vérifier, pour être sûr que tout va bien… mais pas tout seul, je veux quelqu'un pour garder mes arrières. »

Le grand Tsuful s'esclaffa et leva les yeux au ciel.« Ils sont tous les deux enchaînés et affaiblis. Tu te fais juste des idées. T'es nouveau ici, pas vrai ? Pourquoi t'as aussi peur? »

« J'ai entendu des histoires sur Végéta, idiot. J'ai pas peur, j'suis juste pas stupide. », grogna le premier soldat en colère, avant de se retourner et d'ouvrir la porte lui-même.« Contente-toi de venir avec moi pour vérifier, tu veux ? »

Le plus grand des deux poussa un profond soupir d'impatience. « D'accord. Faisons ça vite alors. » Il passa devant le plus petit soldat en le bousculant au passage avant de se diriger vers les sombres escaliers.

« Hn... », grogna le plus petit soldat en lui emboîtant avec un petit sourire en coin, refermant la porte derrière lui.

« J'arrive pas à croire que je suis vraiment en train de faire ça.», marmonna le plus grand soldat alors qu'il descendait les escaliers.« Saletéde nouvellerecr... »

Soudain, surgissant de l'angle en bas de l'escalier, deux mains empoignèrent la tête du grand soldat et lui brisèrent la nuque, le tuant sur le coup. Le plus petit soldat recula, sous le choc, tandis que le corps sans vie de son camarade s'effondrait par terre. Son meurtrier sortit lentement du coin de l'escalier et se campa devant lui.

Ils se dévisagèrent en silence pendant quelques instants, tendus. Finalement, le soldat jeta un coup d'œil par-dessus son épaule en direction de la porte, puis se retourna vers l'adolescent aux cheveux lavande, contusionné et plein de sang, qui se tenait devant lui. Avec un grognement d'approbation, le soldat retira son casque, libérant ses cheveux noirs qui se dressèrent instantanément comme une flamme.

« Je te croyais incapable de tuer, gamin. », dit Végéta d'une voix rude et indifférente en envoyant son casque rouler sur le côté. Trunks discerna un infime soupçon de surprise dans son regard noir ; l'œil brûlé était à présent ouvert mais complètement injecté de sang.

Trunks baissa le regard vers le corps étendu entre eux, et ses yeux bleus s'assombrirent.

Les cinq minutes pendant lesquelles il avait attendu le retour de son père avaient été les plus longues de sa vie. Pendant ce court laps de temps, alors que peut-être son père allait être découvert et tué, Trunks avait ressenti la pire angoisse de sa vie. Assis seul dans leur prison, baignant dans le sang et face à un cadavre à demi-nu… avec la souffrance qu'il éprouvait et celle dont il avait été témoin... dans ce monde de violence… avec les yeux vides et froids du jeune soldat tué par Végéta braqués droit sur lui…

Comme le regard de Gohan…

Quelque chose en Trunks était finalement en train de se briser.

« Je suis avant tout un partisan de la survie. », répondit enfin Trunks d'un ton plus rauque que d'habitude en relevant les yeux pour croiser ceux de son père. Il eut un petit sourire qui donna l'impression à Végéta de se regarder dans un miroir. « Tuer ou être tué, pas vrai ? »

Végéta fixa l'adolescent. Il avait prévu de s'occuper intégralement du pauvre bougre malchanceux qui descendrait avec lui, et il avait été stupéfait quand le gamin avait pris les devants. En observant minutieusement les yeux du jeune homme, Végéta put voir aussi clairement que le jour que Trunks commençait enfin à craquer. C'était exactement ce que Végéta avait espéré, c'était précisément ce qu'il avait voulu voir depuis qu'il était tombé sur le gamin la première fois.

Et pourtant, inexplicablement, il n'en éprouvait aucune joie ni fierté. Il n'y avait aucun sentiment de victoire, aucune satisfaction. Ressentant soudain le besoin de détourner les yeux du regard étonnamment froid du garçon, Végéta fronça les sourcils et se pencha en avant pour attraper un des pieds du soldat mort.

« Hn… Les Tsufuls sont préoccupés en ce moment alors nous avons un peu de temps. », grogna le Saïyen en traînant le corps sur les marches jusqu'à leur cellule pendant que Trunks marchait lentement derrière lui.

« Préoccupés ? », demanda Trunks, curieux.

« Il semblerait que nous ayons de la compagnie. », dit Végéta, en grimaçant tout en lâchant enfin le corps. « Mets-toi au travail, petit. », ordonna-t-il avant de se retourner et de laisser Trunks à nouveau seul, sans un regard pour son fils.

Avec précaution, l'adolescent s'accroupit devant ce nouveau cadavre. Sans perdre de temps, il lui ôta son casque. Il évita sagement le regard glacé de la mort et posa le casque par terre avant de commencer à dépouiller le soldat de son uniforme blanc.

Végéta revint quelques instants plus tard par l'ouverture que Trunks avait créée par sa précédente explosion mais cette fois il avait remis son casque. Celui-ci lui permettait de dissimuler sa douleur bien plus facilement. Il laissa tomber un fusil près de Trunks, tenant de son autre main avec aisance une deuxième arme. Ignorant l'adolescent, Végéta traversa la cellule et s'adossa au mur. Il fut tenté brièvement de s'asseoir par terre pour se reposer mais il savait qu'il devrait rester debout à partir de maintenant. S'il s'asseyait, il n'était pas sûr de pouvoir se relever. Louchant à travers les barreaux, il guetta un quelconque bruit indiquant que quelqu'un descendait.

« Dépêche-toi, petit. », grogna Végéta en lançant un regard impatient à Trunks.

« Que voulais-tu dire quand tu disais que nous avions de la compagnie ? », demanda Trunks tandis que Végéta baissait les yeux sur le fusil entre ses mains.

« Les Tsufuls ont trouvé une capsule spatiale qui n'est pas à nous », répondit Végéta tout en levant son fusil et en le pointant sur le cadavre devant Trunks. Il appuya sur la détente mais rien ne se produisit. Il grogna et se remit à examiner le fusil avec frustration.

« Tu penses que Nappa ou Raditz sont revenus nous chercher ? », demanda Trunks en arrachant une botte au soldat.

« Ce serait le meilleur scénario possible », admit Végéta à contrecœur, espérant au plus profond de lui qu'il s'agissait de l'un d'eux et pas d'un membre du Commando Ginyu. Il avait perdu toute notion du temps et ne savait pas depuis combien de temps lui et le garçon avaient été enfermés par les Tsufuls. Après un certain temps sans faire de rapports à la base, on était considéré comme un déserteur… Les mains de Végéta se mirent soudain à trembler involontairement. Il prit un air renfrogné et resserra sa prise sur son fusil, souhaitant faire cesser le tremblement. « Je suis sûr qu'on le découvrira bien assez tôt », ajouta-il en regardant une fois de plus à travers les barreaux.

« Ouais, mais si ce n'est pas Nappa ou Raditz, qui... ? »

« Par l'enfer, gamin ! », lança Végéta, furieux. « Ferme-la et remets-toi au boulot ! »

Trunks s'activa instantanément aussi vite qu'il le pouvait avec ses blessures. Végéta jeta de nouveau un coup d'œil en direction des barreaux, il dut fermer les yeux, pris par une vague de nausée et de vertige. Sans cet appui contre le mur de pierres, il n'aurait certainement pas pu rester debout. Il pouvait entendre son cœur tambouriner dans ses oreilles et sentait une sueur froide lui envahir l'échine.

« Eh, est-ce que ça va ? », demanda Trunks en essayant de ne pas paraître inquiet, mais Végéta semblait sur le point de s'écrouler.

« Hein ? », Végéta força instantanément ses yeux à s'ouvrir. Il cligna des yeux plusieurs fois et secoua la tête. Il fallait tenir. Il regarda de nouveau Trunks et reprit très rapidement ses esprits. « Je n'ai besoin de personne pour prendre soin de moi, hybride. », dit-il avec colère et mépris.

Trunks lui lança un regard noir. « C'est Trunks. »

« De quoi est-ce que tu parles, maudit gamin ? »

« Trunks. Mon nom est Trunks. », dit l'adolescent en enfilant son casque, emprunt définitif pour compléter son costume Tsuful.

Végéta le fixa avec incrédulité avant de hocher la tête. « J'ai un fils hybride qui s'appelle Trunks », cracha-t-il, dégoûté, en regardant encore une fois à travers les barreaux. « Mes humiliations n'auront donc jamais de fin. »

« Je pensais juste qu'il fallait que tu le saches. », marmonna Trunks en baissant les yeux vers son costume blanc métallique pour s'assurer qu'aucune trace de sang n'y transparaissait.

"Au cas où on nous ne sortions pas d'ici vivants", ajouta Trunks silencieusement. Il se pencha avec précaution et ramassa le fusil que Végéta avait laissé tomber près de lui. Il l'examina avec curiosité. Il était grand mais étonnamment léger.

« Ils ne marchent pas. », dit Végéta en se décollant du mur et en s'avançant vers son fils.

« Mais ils doivent bien fonctionner. Sans ça, pourquoi les transporteraient-ils ? », demanda Trunks.

Il leva l'arme et visa le mur opposé à celui contre lequel Végéta s'était appuyé quelques minutes plus tôt. Végéta grogna, agacé. Mais bon sang, pourquoi ce gosse était-il aussi têtu ?

« On a des choses plus importantes à… » La voix de Végéta se tut quand Trunks appuya sur la détente. Quelque chose qui ressemblait à un laser rouge jaillit du fusil et fendit le mur de pierre supposé impénétrable comme si c'était du beurre.

Silencieux, rapide, mortel. Végéta et Trunks fixèrent tous deux le trou béant.

« Très bien, parfait. On échange, petit. », dit Végéta, en balançant brusquement son fusil contre la poitrine de Trunks et en prenant celui de l'adolescent à la place.

« Qu'est-ce qui ne va pas avec le tien ? », demanda Trunks en jetant un œil au nouveau fusil qu'il avait entre les mains avec un froncement de sourcils.

« Il ne marche pas. », grogna Végéta, sentant la sueur froide recouvrir son torse à présent. Un nouveau tremblement involontaire de ses mains lui arracha un soupir de frustration alors qu'il quittait la cellule. Il avait l'impression que sa tête allait exploser d'une minute à l'autre.

Il ne monta que deux marches avant de se rendre compte que Trunks ne le suivait pas. Végéta ferma les yeux et fit craquer sa nuque pour s'empêcher de hurler son exaspération. Il se retourna, un œil fermé à cause du douloureux mal de tête qu'il combattait, et revint vers Trunks, faisant mine d'ignorer combien cette simple action était pénible pour son corps affaibli.

« Non mais qu'est-ce que tu fous, gamin ? », lança le prince dès que l'adolescent fut en vue. « Il faut qu'on se bouge, maintenant! »

« Je sais, je sais, j'ai presque fini. », dit Trunks avec un froncement de sourcil tandis que Végéta s'approchait plus près. Il pencha la tête sur le côté avec curiosité quand il vit que Trunks avait en réalité démonté le fusil. « J'ai déjà vu ce modèle auparavant. Encore juste quelques secondes. »

Végéta prit un air renfrogné et regarda Trunks. « Tu t'y connais en armes ? »

« Oui, ma mère en développait des tonnes pour nous aider à survivre. », admit Trunks, ses mains se mouvant de manière experte pendant que Végéta l'observait. « J'ai dû apprendre à m'en servir et enseigner aux autres comment les utiliser. Je fais ça depuis que j'ai l'âge de parler. Bien sûr en grandissant, j'ai arrêté de m'en servir, mais ma mère a continué à développer des armes pour aider les autres à se défendre… Ça ne nous a pas beaucoup aidés, n'empêche », reconnut-il amèrement.

« … Ta mère développait des armes ? », demanda Végéta, les yeux écarquillés, totalement éberlué. Son cerveau se mit à calculer rapidement alors qu'il se demandait qui diable était la mère de ce garçon. Il ne considérait aucune des femmes avec qui il avait couché comme étant… eh bien... intelligente.

« Oui, ma mère est un génie. J'ai déjà vu quelque chose comme ça avant quand j'étais petit. », dit Trunks en refermant le fusil d'un geste sec. Il l'épaula, le pointa sur le mur et tira. Comme on pouvait s'y attendre, cette fois, il fonctionnait vraiment. Végéta fixa le trou que le laser avait laissé dans le mur alors que Trunks s'esclaffait : « Comme je l'avais dit, ce sont des trucs d'amateurs ». L'adolescent sourit avec arrogance.

Végéta fixa de nouveau Trunks pendant quelques secondes de son regard intense et indéchiffrable. Finalement, il grogna avec amusement. « Eh bien, au moins on peut dire que ta mère n'était pas bonne qu'à une chose. », ajouta-t-il avec un petit sourire narquois. A ce commentaire, Trunks vira immédiatement au rouge cramoisi sous la visière de son casque, ce qui fit éclater de rire Végéta.

« Allez, petit, sortons d'ici. »

Le prince se retourna et se dirigea vers les escaliers, en ricanant toujours légèrement en aparté de la réaction du gamin qui le suivait docilement. Végéta jeta un bref coup d'œil par dessus son épaule à l'adolescent qui s'efforçait de monter les escaliers à sa suite. Son rire s'évanouit quand Végéta prit conscience de la manière dont Trunks se forçait à le suivre sans se plaindre ni laisser échapper un son malgré sa douleur évidente. Végéta fronça les sourcils et continua de monter les escaliers en regardant droit devant lui.

Apparemment, le garçon était plus résistant qu'il ne l'aurait cru.

Mais après tout… il était son fils.

Végéta franchit enfin la porte, les yeux grands ouverts et alertes, paraissant au grand jour comme un banal soldat sans blessure physique à proprement parler. Le verre teinté de son casque l'aidait providentiellement à cacher son oeil injecté de sang. Tant que personne ne se mettait juste sous son nez pour voir ses brûlures, il était hors de danger.

Trunks émergea une seconde après son père. L'adolescent cligna des yeux plusieurs fois, ébloui par la vive lumière qui l'accueillait tandis qu'il refermait la porte derrière lui. Cela contrastait avec le sombre souterrain dans lequel ils avaient été prisonniers.

"Allons-y, petit.", fit Végéta télépathiquement à Trunks avant de se retourner et repartir tranquillement. Trunks le suivit, son visage rougissant à cause de l'horrible douleur qui le poignardait alors qu'il s'efforçait d'afficher une démarche normale. Malgré tout son courage, il boitait légèrement et quiconque y regarderait vraiment d'un peu près le percevrait. Parfaitement conscient des blessures de Trunks, Végéta marchait aussi vite qu'il le pouvait tout en permettant quand même au jeune homme de suivre son rythme. Pendant tout ce temps, Trunks s'émerveillait de l'illusion de facilité de la démarche de Végéta.

Tentant de détourner sa propre attention de la douleur physique, Trunks examina l'énorme base militaire dans laquelle ils se trouvaient. Il devait y avoir des centaines de soldats qui allaient et venaient, tous vêtus du même costume blanc et métallique que les leurs. Trunks avait vraiment du mal à croire que tant de monde avait rejoint le camp d'Arès juste pour venir à bout de trois Saïyens. Avait-on vraiment besoin d'une armée entière pour éliminer Végéta, Nappa et Raditz ?

Après quelques secondes de réflexion, Trunks conclut que c'était probablement le cas.

Végéta s'arrêta subitement de marcher et Trunks lui rentra pratiquement dans le dos.

« Regarde là-bas, gamin », ordonna le prince en indiquant d'un mouvement de tête à Trunks de regarder à gauche.

« Qu'est-ce qu'i voir ? », murmura Trunks en essayant de repérer quelque chose qui sortait de l'ordinaire, mais personne ne leur prêtait attention.

« Toi. », fut la simple et froide réponse.

« Que... ?»

Avant que Trunks n'ait le temps de comprendre, Végéta lui assena le plus violent coup de pied qu'il put, enfonçant cruellement le talon de sa botte dans le genou déjà blessé de Trunks et brisant net les os au niveau de l'articulation. Pris complètement par surprise, Trunks s'effondra sur le sol, incapable d'étouffer un retentissant hurlement de douleur et de trahison.

Avec le talent d'un menteur expérimenté, Végéta s'agenouilla à côté de Trunks, les yeux écarquillés, choqué, comme s'il n'avait aucune idée de ce qui arrivait à l'adolescent. Il posa une main apaisante sur l'épaule de Trunks, il se tourna frénétiquement vers le public dont ils avaient capté l'attention.

« On a besoin d'un médecin ! », leur cria Végéta. Ses paroles étaient incompréhensibles pour Trunks qui ne connaissait pas la langue Tsuful et qui avait depuis bien longtemps perdu le détecteur qui aurait pu la lui traduire. Le jeune demi-saïyen souffla entre ses dents, les yeux clos agrippant son genou et roulant sur le flanc. Végéta tapotait doucement le casque de son fils quand une équipe médicale se rua sur eux.

« Que s'est-il passé ? » demanda l'un deux à Végéta qui se mit au garde-à-vous en tenant fermement son fusil.

« Ce gamin vient de s'exploser le genou. », expliqua Végéta d'une voix pleine d'inquiétude tandis qu'il observait leurs efforts pour soigner Trunks, qui ne se laissait faire qu'avec beaucoup de réticence. Le prince fronça les sourcils, les observant à leur insu. De la sueur coula dans ses yeux et il les plissa, l'œil parcouru d'un tic nerveux à cause du stress. Un seul faux mouvement et ils seraient obligés de passer à l'action sur le champ. Il jeta un coup d'œil autour de lui et sut que si c'était le cas ils ne tiendraient pas longtemps. Vraiment pas longtemps.

« Le genou du gosse est pratiquement détruit. On doit l'emmener à l'infirmerie », dit l'un des médecins, attirant l'attention de Végéta. Celui-ci hocha la tête avec approbation.

Ils empoignèrent ensemble Trunks pour le relever mais l'adolescent poussa un sifflement menaçant. Ne comprenant strictement rien sans la traduction du détecteur, la seule conclusion que Trunks pouvait imaginer était que son père l'avait trahi et jeté en pâture aux loups pour sauver sa peau. En désespoir de cause, Trunks commença à rassembler les dernières bribes d'énergie qu'il lui restait. Avec les menottes en métal qui absorbaient son ki sous son uniforme c'était difficile mais il pouvait le faire.

Laisse-les t'aider gamin, ordonna Végéta silencieusement, à la grande surprise de l'adolescent. Trunks se tourna et fixa droit dans les yeux son père qui lui fit un subtil signe de tête. L'adolescent serra les dents, hésitant à l'idée de faire confiance à son père. Finalement, il lui accorda le bénéfice du doute. Avec une réticence extrême, Trunks cessa de lutter, même s'il restait tendu. Il ne commença à se détendre légèrement que lorsqu'il remarqua que les Tsufuls autour de lui semblaient sincèrement inquiets pour son genou.

« On t'apporte un nouveau ! », annonça le leader de l'équipe médicale en pénétrant dans l'infirmerie. Ses équipiers transportèrent Trunks à l'intérieur et placèrent l'adolescent très mal à l'aise sur une table d'examen. Végéta entra silencieusement derrière eux et examina les lieux. Sur le mur du fond se trouvaient d'innombrables médicaments. Il pencha la tête sur le côté et fronça les sourcils quand ses yeux se posèrent enfin sur le médecin dans la salle. C'était un vieil homme aux cheveux blancs en bataille et aux perçants yeux bleus, vêtu d'une blouse blanche toute simple.

« Eh bien, qu'avons-nous là ? » demanda gaiement le médecin en se tournant vers Trunks qui lui jeta un regard gêné. « Un autre accident d'entraînement ? »

« Son genou est détruit. », expliqua un des Tsufuls qui restait dans la pièce pour aider tandis que les deux autres membres de l'équipe médicale repartaient, ne jugeant pas la situation critique. Dissimulant sa méfiance du mieux qu'il le pouvait, Trunks tressaillit et souffla douloureusement quand ils commencèrent à examiner son genou. Jetant un regard à la troisième et silencieuse personne dans la pièce, Trunks grogna discrètement en voyant que Végéta ne faisait pas du tout attention à eux.

Effectivement, Végéta leur tournait complètement le dos et s'approchait avec curiosité des étagères murales couvertes de médicaments. Ses yeux noirs injectés de sang les passèrent rapidement en revue : des anti-douleurs, des vitamines, de l'anesthésiant… Son expression renfrognée fit place à de la frustration, et il était sur le point de s'en détourner pour de bon quand en regardant l'étagère du haut, il vit exactement ce qu'il cherchait.

Il se retourna, se dirigea rapidement vers la porte et la verrouilla.

« Très bien, mon petit, aide-moi à retirer l'uniforme de notre jeune patient pour que je puisse examiner directement cette blessure. », dit le médecin en se tournant pour remplir une seringue avec un anesthésiant.« Cette piqûre calmera la douleur immédiatement ainsi nous pourrons soigner ce genou. »

« Entendu. », dit l'autre Tsuful en regardant Trunks et en constatant son supplice. Le visage de l'adolescent était rouge écarlate à cause de la douleur et il respirait difficilement en sifflant entre ses dents, ce qui fit froncer les sourcils du Tsuful.« Eh, détends-toi. Nous allons t'aider. C'est quoi ton nom ? »

« Son nom est Trunks. », rugit une voix rauque derrière lui et il sentit nettement le contact d'un fusil pressé contre l'arrière de son crâne. Les yeux du Tsuful s'écarquillèrent et il ouvrit la bouche pour parler mais fut tué avant d'en avoir eu l'occasion. Il s'effondra en un tas sans vie, foudroyé entre les deux yeux par le brûlant rayon laser que Végéta venait de tirer. Trunks observa ce meurtre de sang-froid sans ciller, ses yeux bleus teintés d'une indifférence peu habituelle alors que le médecin se retournait vers eux.

Les yeux du vieil homme s'écarquillèrent d'horreur devant le cadavre sur le sol. Il haleta :« Mais qu'est-ce que... » Ses mots s'étranglèrent dans sa gorge quand Végéta le mit en joue du bout de son fusil. Avant même d'avoir le temps de s'en rendre compte, le fusil était pressé directement contre son front, ce qui le fit trembler comme une feuille.

« Tu seras la prochaine carcasse dans cette pièce si tu ne fais pas EXACTEMENT ce que je dis. N'essaie pas de jouer au plus malinavec moi, vieil homme. » Incapable de supporter la chaleur une seconde de plus, le Prince des Saïyens retira son casque et le laissa tomber sur le sol, ses cheveux se relevant instantanément une fois libérés. Cette fois, Trunks tressaillit à la vue des yeux vitreux et horriblement injectés de sang de son père.

Les tremblements du médecin redoublèrent quand il croisa son regard. Il avait entendu des rumeurs sur Végéta, sur sa violence, mais n'avait jamais, ne serait-ce qu'une fois, soupçonné qu'il se retrouverait effectivement face à face avec l'homme en question. Tout à coup, il regrettait fortement d'avoir accepté ce travail.« Q-Qu'est-ce que v-vous v-voulez ? », bégaya-t-il.

« Dis-moi où est l'antidote contre le poison qu'on m'a injecté », ordonna durement Végéta.

« Je ne sais pas de quel poison il s'agit », Végéta ferma les yeux et fit craquer sa nuque, ses veines palpitant le long de celle-ci et de ses tempes. Pour une raison ou une autre, cela terrifia le vieil homme plus que n'importe quel mot que le Saïyen aurait pu dire.« M-Mais si vous me disiez les symptômes… »

« Père », coupa Trunks. Végéta ouvrit les yeux avec un effort évident, tournant son regard délirant vers Trunks. « Ils savent que nous nous sommes échappés. Je peux les entendre. Nous n'avons pas beaucoup de temps. »

Végéta grogna et pressa le fusil plus durement contre la peau du médecin.« Je n'ai pas le temps de jouer avec toi, vieil homme », siffla le prince, les mains tremblantes. « Dis-moi où est l'antidote ou j'arrache les yeux de ton putain de crâne. Compris ? »

« Comment avez-vous été empoisonné ? »

« Arès m'a envoyé une catin Tsuful et elle m'a refilé le venin. »

Le médecin leva un doigt tremblant vers l'étagère du haut. « Si c'est ce à quoi je pense, ça devrait être le petit flacon jaune tout en haut, le deuxième à partir de la gauche. »

Végéta grogna et arracha la seringue des mains du médecin.

« Tiens, petit, ça devrait aider ton genou », dit-il en tendant son bras dans la direction de Trunks. Celui-ci cligna des yeux de surprise, avant de prendre la seringue des mains de son père. « Surveille-le », ordonna Végéta à son fils, fixant le vieil homme avec un regard froid qui ne nécessitait aucune menace verbale.

Trunks fixa son père pendant un moment avant de baisser son regard vers la seringue qu'il avait à la main. Où était-il supposé la planter, bon sang ? Droit dans son genou ?

Comme s'il avait sentit son indécision, le médecin pointa du doigt silencieusement le genou de l'adolescent. Ce petit geste serviable surprit Trunks qui ressentit un horrible sentiment de culpabilité dans son cœur à l'idée de la mort inévitable du vieil homme. Il baissa les yeux vers le médecin Tsuful mort sur le sol, vers son regard mort et vide (pourquoi fallait-il toujours qu'ils le fixent ensuite ?), ce sentiment malsain et volatile qui l'avait submergé plus tôt quand Végéta l'avait laissé seul revint en force. C'était comme s'il y avait une lente combustion de haine et de violence qui brûlait profondément dans sa poitrine ; de la haine contre les Tsufuls, contre Freezer, contre l'univers tout entier et toute sa fichue injustice.

Et bien sûr, une quantité considérable de haine était dirigée envers lui-même.

La main de l'adolescent qui tenait la seringue tremblait lorsque la main du médecin se posa par dessus la sienne. Trunks tressaillit à ce contact avant d'écarter sa main.

Trop petit pour atteindre l'étagère du haut et trop faible pour simplement léviter, Végéta frappa désespérément la crosse de son fusil contre l'étagère. Il attrapa le flacon jaune dans sa chute et grimaça en tentant de lire ce qui était indiqué. Il dut cligner des yeux plusieurs fois pour y voir plus clair, mais il s'agissait bien d'un antidote. Décidant qu'il s'agissait d'une confirmation suffisante, il ouvrit la bouteille avec force et avala tout le contenu d'un seul coup.

« Très bien, petit », dit Végéta en balançant la bouteille sur le côté. « Allons-nous-en. »

Trunks déplaça son poids sur la table, balançant ses jambes sur le bord. Il se fit glisser de la table avec précaution et mit très peu de poids sur sa jambe blessée, ignorant le fait que son pied droit se trouvait à quelques centimètres d'un cadavre. Il put sentir une explosion de chaleur se répandant dans son genou et dans toute sa jambe, soulageant la douleur. Pendant ce temps, Végéta remettait son casque et se tournait vers le vieil homme dans la pièce.

« Combien de temps avant que l'antidote ne fasse effet ? » demanda-t-il.

Toujours clairement terrifié, le médecin se tourna vers le prince et fit de son mieux pour ne pas bégayer. « Il va commencer à agir immédiatement, mais les effets sont lents. »

« Hn », grogna Végéta en se tournant vers Trunks et en lui renvoyant son fusil. Il lui fit un geste de la tête, indiquant le médecin dans la pièce. « Occupe-toi de lui tout de suite », ordonna-t-il avant de se retourner et de se diriger vers la porte.

A l'écoute de l'ordre impitoyable de Végéta, la sensation de brûlure dans la poitrine de Trunks s'amplifia jusqu'à lui donner l'impression qu'elle allait le consumer vif de l'intérieur. Trunks n'hésita qu'un moment, la faible petite voix de la raison tentant vaillamment de se faire entendre dans un coin sombre de son esprit. Elle fut facilement repoussée par la terreur pure qui avait consumé l'adolescent quand il avait cru avoir à lui tout seul causé la mort de son père parce qu'il avait épargné ses ennemis. Ses yeux normalement bleus clairs se firent d'un bleu plus sombre et insensible quand Trunks leva très nonchalamment son fusil au niveau de son épaule, visant le point juste entre les yeux horrifiés du vieil homme, la main aussi ferme que du roc.

Trunks commençait juste à presser la détente quand une alarme s'alluma soudainement. Végéta jura dans sa barbe tandis que Trunks jetait un œil derrière son épaule.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? » demanda Trunks en levant les yeux vers une alarme rouge qui clignotait près du plafond dans la pièce. Végéta l'ignora pendant quelques secondes avant d'ouvrir doucement la porte d'un centimètre environ. Tout le monde courrait à présent dans la même direction, mais pourquoi ? Pour les traquer ou pour affronter quelqu'un d'autre ?

Comme s'il lisait dans ses pensées, le vieil homme dans la salle prit la parole : « Arès fait appel à une assemblée d'urgence. »

Végéta ramena son attention sur lui, plissant les yeux avec méfiance. « Dans quel but ? »

Le pauvre vieux médecin passa son regard de Végéta au garçon qui pointait toujours son arme sur lui, puis de nouveau vers Végéta. Il aurait souhaité pouvoir inventer un mensonge sur le champ, mais il n'avait honnêtement aucune idée. Il choisit de dire la vérité plutôt que de se faire prendre en plein mensonge et répondit humblement : « Je… je ne sais pas. »

Père et fils échangèrent un regard, se comprenant silencieusement.

Trunks se retourna ensuite et fit feu.

L'œil droit de l'adolescent tiqua involontairement tandis qu'il baissait son fusil, fixant sans l'ombre d'un remord le médecin Tsuful. Végéta observa et approuva la scène, contemplant la violence avec un désintérêt familier avant de se tourner vers la porte. Il jeta encore un coup d'oœil dehors, et Trunks fut juste vaguement conscient qu'il lui disait quelque chose. Le jeune homme penchait la tête sur le côté en observant avec une curiosité morbide la flaque de sang qui s'étendait sous le cadavre qu'il fixait. Ah, c'était rouge, tout comme le sien…

« Eh, gamin, allons-y », lança Végéta, ses paroles tombant dans l'oreille d'un sourd. « On doit les imiter avant qu'ils nous trouvent ici et que notre couverture soit grillée. »

Trunks fronça les sourcils en serrant les dents, essayant de se convaincre que l'homme devait mourir.

« Putain mais tu m'écoutes quand je te parle, gamin ? Je vais te laisser ici pour que les Tsufuls te massacrent si tu ne bouges pas, maintenant ! »

Tout le monde ici. Ils devaient tous mourir.

« TRUNKS ! »

Trunks cligna des yeux et sortit de sa bulle, réalisant enfin ce qu'il était en train de faire. Déglutissant avec difficulté, il détourna les yeux du corps sans vie, manquant presque marcher sur l'autre cadavre dans la pièce. Il eut un mouvement de recul en marchant dans le sang, et faillit perdre l'équilibre et tomber dedans. Il serra les dents à cause de la douleur dans sa jambe, atténuée mais toujours présente, alors qu'il s'efforçait de rejoindre son père.

« Désolé », murmura-t-il, penaud. Le regard de Végéta passa de l'entrebâillement de la porte à son fils qu'il observa en silence. Le garçon semblait stoïque et insensible, mais Végéta avait aussi appris à maîtriser cette tranquillité de façade quand il était enfant et pouvait donc parfaitement lire à travers celle-ci. Le gamin était aussi transparent que du verre : sa morale et sa santé mentale s'écroulaient de minute en minute. Merde, encore quelques années comme ça, et le gamin deviendrait exactement comme lui.

A cette pensée, le muscle de la mâchoire de Végéta se contracta. Il détourna de nouveau le regard.

« Allez, petit. Les Tsufuls veulent une guerre. Il est grand temps qu'on leur en donne une. »

Trunks n'avait jamais ressenti une telle chaleur dans sa vie. Il leva rapidement les yeux pour voir deux soleils briller intensément dans le ciel. Le fait qu'ils se tenaient sur du sable en cet instant s'accordait bien à la situation car il avait l'impression d'être dans un désert.

Jetant un œil sur sa droite, il vit son père, séparé de lui par environ cinq hommes. Tous se tenaient parfaitement alignés en quinconce, droits et concentrés comme des machines plutôt que comme des hommes, avec Trunks et Végéta dans les rangs du fond. Trunks dut battre des paupières sous la sueur qui l'aveuglait, avant de jeter un autre regard vers son père, mais Végéta l'ignorait.

Plus que tout au monde, Trunks regrettait de ne pas avoir demandé à Végéta comment il faisait pour lui parler uniquement par la pensée. Il essaya de penser aussi fort qu'il le pouvait, mais soit Végéta ne l'entendait pas, soit il l'ignorait franchement. Les deux éventualités étaient aussi probables l'une que l'autre. Ce que Trunks voulait vraiment savoir, c'était pourquoi ils étaient là au juste. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était faire confiance au plan de Végéta.

Du moins, Trunks espérait sincèrement qu'il avait un plan.

Le cœur de Trunks battait d'anticipation quand une clameur s'éleva de l'armée Tsuful, ramenant son attention droit devant lui. Loin devant, il pouvait voir Arès s'avancer à grand pas en face de ses hommes au sommet d'une plateforme surélevée. A sa droite, il sentit le ki de Végéta augmenter.

« Mes frères », retentit fortement la voix d'Arès, calmant immédiatement tout le monde. « Nous sommes ici pour faire la guerre contre le mal de l'univers, les impitoyables Saïyens… Êtes-vous prêts à vous battre pour la bonne cause? »

Avec enthousiasme et prêts à mourir pour lui, tous (sauf deux) clamèrent leur approbation.

« Mais avant de prendre notre revanche contre Végéta et sa misérable race, nous devons faire face à un démon encore plus grand… il semblerait qu'un voire plusieurs hommes de Freezer soient ici. Je le demande à chacun d'entre vous : êtes-vous prêts à partir en guerre et venger le sang innocent de nos familles et amis versé par ces monstres ? »

Les oreilles de Végéta résonnèrent quand tous clamèrent une nouvelle fois leur approbation exaltée. Il renifla avec dédain : ces idiots étaient complètement aveugles s'ils pensaient qu'ils avaient une chance contre quiconque venait d'arriver. Même le soldat le moins bien classé dans l'armée de Freezer pourrait détruire ce pathétique semblant de force militaire. Si Freezer avait envoyé un de ses lieutenants de haut-rang (ou pire encore : un membre du Commando Ginyu), alors tous ceux qui se tenaient ici étaient déjà pratiquement morts.

Lui inclus, admit-il à contrecœur.

Surtout lui.

Arès accueillit la pluie d'acclamations et de hurlements, balayant froidement ses hommes du regard à travers son casque lisse et brillant. Je sais que tu es là, Végéta, pensa-t-il furieusement en tentant de repérer deux soldats qui sembleraient plus mal en point. Il avait fait l'erreur de considérer que tout ce que les Saïyens savaient faire était de purger des planètes et de suivre les ordres de Freezer. Il avait fortement sous-estimé l'intelligence du prince, et avait à présent du sang sur les mains à cause de cette erreur. Où es-tu, espèce de lâche ?

Arès retira son casque d'une main et le leva vers ses hommes.

« Vous tous, levez vos casques bien haut et répétez après moi… »

Trunks grinça des dents quand les soldats autour de lui suivirent l'exemple d'Arès. Ni lui ni Végéta ne bougèrent d'un muscle. Ceux de Végéta étaient si tendus que ses os lui faisaient mal. Sachant son temps compté, le prince ferma les yeux et se jura silencieusement sur l'honneur de sa famille qu'il ne perdrait pas ce combat. Il allait finir ce que ses ancêtres avaient commencé, quitte à ce que ce soit la dernière chose qu'il ferait.

« Eh», dit le soldat debout sur la droite de Végéta en donnant une petite tape sur le flanc du Saïyen avec son fusil. Végéta ouvrit doucement ses yeux injectés de sang et emplis d'intentions meurtrières. « Il nous a dit de lever nos casq...»

Végéta saisit le fusil du soldat étonné et pris au dépourvu, l'épaula, et fit feu. Personne ne réalisa ce qui était en train de se passer avant que le corps sans vie du soldat n'atterrisse sur le sol, et entre-temps Végéta avait déjà tué par surprise le soldat qui se trouvait derrière lui, brisant sa nuque avec une telle violence qu'il faillit lui arracher la tête.

Végéta se releva lentement alors que les soldats près de lui reculaient, paniqués, levant leurs fusils et les braquant sur lui. Ils commencèrent à hurler des insultes et très vite, l'attention de tous fut sur lui. Ricanant, l'orgueilleux prince leva son bras et retira son casque qu'il laissa tomber sur le sable. Il jeta son fusil, ne souhaitant pas s'en servir plus longtemps. Passant toujours inaperçu, Trunks ne bougeait pas tandis qu'il observait la scène, il baissa sa main droite et serrant le poing, concentra son énergie.

Se retournant avec dans ses yeux noirs une lueur qui semblait indiquer qu'il avait enfin sombré dans la folie avec laquelle il avait flirté toute sa vie, Végéta regarda la silhouette d'Arès qui s'approchait. Il eut un sourire en coin et croisa ses bras avec nonchalance, comme s'il n'y avait qu'eux deux ici et qu'il n'était pas complètement surpassé en nombre.

« Alors tu te montres enfin, meurtrier », dit Arès d'un ton hargneux.

« Affronte-moi comme un homme, Arès. Montre à tes hommes combien tu es faible en réalité », railla Végéta, son sourire devenant sinistre. « Ou bien tu pourrais te rendre maintenant, te prosterner à mes pieds et m'appeler Seigneur Végéta. J'épargnerai peut-être un ou deux de tes hommes si tu me montres ce respect. »

Arès renifla de dégoût alors qu'il arrivait enfin à moins de deux mètres du prince des Saïyen. « Me rendre ? Pourquoi voudrais-je me rendre à un homme mort ? »

Végéta ouvrait déjà la bouche pour répondre quand disparut soudain le peu d'énergie dont son corps disposait encore. Il s'effondra impuissant à genoux et les deux mains en avant, sa vision devenant trouble. Arès sourit avec satisfaction alors que Trunks respirait fortement dans son casque, le visage cramoisi de douleur et de pure fatigue quand une légère lueur jaune émana soudainement de son poing. Sans ces maudites menottes en métal qui drainaient son ki, il aurait réduit toutes les personnes présentes en cendres.

« Il ne te reste plus beaucoup de temps, Saïyen. Pourquoi ne te contentes-tu pas d'abandonner ? », ricana Arès. Végéta se mit à rire tout bas mais ce rire se transforma progressivement en un puissant fou rire viscéral et démoniaque. La tête en arrière, il se mit à rire comme un dément tandis que Trunks l'observait les yeux écarquillés, convaincu que son père avait finalement complètement perdu l'esprit. Les Tsufuls autour de lui se regardèrent tous avec prudence, leurs fusils toujours pointés sur le Saïyen alors qu'Arès s'avançait d'un pas menaçant. « Qu'y a-t-il de si drôle ? », demanda-t-il.

« Toutes les personnes ici vont mourir », s'esclaffa Végéta.

Trunks fronça les sourcils, le cœur battant d'inquiétude, quand il sentit soudain une force de combat différente. Surplombant la scène, là où Arès s'était adressé à son armée, se trouvait un Saïyen enragé. Au dessus de sa main droite palpitait et lévitait une boule d'énergie blanche et brillante.

« Eh, les attardés! », hurla Nappa, attirant l'attention de tous. Le Saïyen grogna, une veine sur sa tempe palpitant furieusement tandis que la boule d'énergie grossissait. « C'est là-haut que ça se passe ! »

Étirant son bras en arrière, Nappa lança la boule d'énergie dans le ciel où elle explosa dans une lumière blanche étincelante.

Tous ceux qui regardèrent directement la lumière eurent leurs rétines brûlées, à l'exception d'un adolescent hybride qui se retrouva complètement hypnotisé. Laissé sans voix par l'appel profond et primitif de son sang – un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti auparavant – Trunks, tremblant, fit un pas en arrière.

Toujours à genoux et ignorant les hurlements des hommes aveuglés autour de lui, Végéta leva les yeux vers la lumière. Ses canines s'allongèrent, ses pupilles semblèrent complètement disparaître, son corps tout entier palpitait involontairement au rythme des battements de son cœur. Revenu de sa surprise qui lui avait fait oublier Végéta, Arès se retourna et comprit immédiatement ce qui se passait.

« Tuez-le ! Ne le laissez pas se transformer ! » hurla Arès en désignant Végéta. Les soldats encore en état d'obéir se retournèrent pour tirer sur Végéta dont la peau se couvrait déjà de fourrure. Avant qu'ils n'aient pu y parvenir, ils furent instantanément incinérés d'un impitoyable rayon de ki par Trunks. Avec une incroyable habilité, Trunks contrôla son rayon de telle sorte que Végéta ne soit pas blessé. Arès, projeté au sol par l'explosion, jeta enfin un regard stupéfait à Trunks. L'adolescent retira son casque et inspira une bouffée d'air frais, ses cheveux lavande pleins de sueur collés sur son front.

C'était exactement la diversion dont Végéta avait besoin.

Avec un hurlement furieux qui se transforma rapidement en un grondement viscéralement animal, Végéta grandit soudain alors que tous ceux autour de lui montraient leurs vrais visages et fuyaient de terreur. L'uniforme Tsuful de Végéta fut instantanément déchiqueté, les menottes de métal qu'il portait éclatèrent comme si elles avaient été en plastique, le laissant avec son pantalon bleu foncé d'origine et ses bottes blanches. Trunks laissa tomber son casque alors que son genou le lâchait, le faisant s'effondrer par terre. Ses yeux s'écarquillèrent quand il vit ceux de Végéta virer au rouge sang et la fourrure le recouvrir complètement. Il n'avait jamais vu quelque chose de semblable dans sa vie, ayant seulement entendu des histoires par Gohan. Il tourna son regard de l'autre côté : Nappa était lui aussi en train de se transformer, son uniforme Saïyen s'étirant facilement pour s'adapter à sa taille.

Nappa et Végéta se regardèrent avant de relâcher simultanément de puissants rugissements.

La moitié des soldats Tsuful perdirent immédiatement toute envie de se battre pour « la bonne cause » et commencèrent à courir pour sauver leur vie alors que la panique emplissait l'air. Les autres commencèrent à faire feu en désespoir de cause quand les deux Saïyens se mirent à écraser tous ceux qui bougeaient. Trunks était stupéfait par la facilité avec laquelle Végéta comme Nappa arrivaient à se mouvoir malgré leur taille. Aucun des deux n'avait de difficulté à esquiver les rayons laser que leur tiraient les Tsufuls. Il aurait pu jurer avoir entendu Végéta rire alors qu'il écrasait de son énorme botte un groupe de fuyards Tsufuls, les tuant instantanément.

Soudain, entre deux respirations, une grande et puissante main apparut et l'empoigna fermement. Son sang se glaça d'horreur, en état de sidération, il ne put que lutter vainement alors que Végéta le levait à hauteur de ses yeux.

« Qu'est-ce que tu fais, Père ! », lui hurla Trunks en plongeant le regard dans des yeux rouges insondables. « Je suis de ton côté ! »

Végéta fixa l'adolescent qui était certain que cette fois son père allait mettre sa menace à exécution et le tuer. Trunks serra fermement les dents quand Végéta leva son autre large main vers lui, posant deux doigts autour de la nuque de Trunks avant d'y appliquer une pression. Trunks ferma les yeux, se disant qu'il ne devrait pas ressentir un sentiment de trahison. Dès le début, Végéta lui avait dit franchement qu'il lui ferait payer le fait de l'avoir mis dans cette situation. Il attendit la pression écrasante qui allait le tuer, trop drainé de ses forces pour riposter.

Inutile de décrire sa stupéfaction quand Végéta appliqua juste assez de pression pour briser le collier absorbeur de ki autour de son cou. Clignant des yeux de surprise, Trunks observa la créature qui le tenait et aurait pu jurer l'avoir vu esquisser un petit sourire.

« Tu ne m'es pas utile avec ces trucs sur toi, gamin », gronda la créature d'une voix profonde et – il osa le penser – amusée. Trunks ne put s'empêcher d'être traversé par un sentiment de soulagement avec la disparition de cette chose autour de son cou. Cela prit seulement quelques secondes à Végéta pour briser les menottes de son fils comme si elles n'étaient rien, seules quelques légères étincelles picotèrent sa fourrure lorsqu'il les toucha.

« Aide Nappa à nettoyer ce bordel », ordonna Végéta en reposant Trunks au sol avant de le relâcher complètement.

« Et toi alors ? » demanda Trunks, mais Végéta s'était déjà éloigné. Trunks se dit que son père était capable de prendre soin de lui-même et baissa ses yeux sur sa main droite. Avec peu d'efforts, il forma une puissante boule de ki bleue dans la paume de sa main. Il sourit.

Maintenant ça allait mieux.

Pendant ce temps, après avoir assisté à la légendaire transformation en Ozaru, Arès décida que cela ne le concernait plus. Quelque part en cours de route, son plan génial de vengeance lui avait explosé à la figure. Il n'avait aucune idée de comment cela était arrivé. Il avait passé des années à planifier la chute de Végéta, et tout s'était passé selon le plan. Même le fils de Végéta, l'héritier du trône et un garçon dont Arès ignorait même totalement l'existence, avait été offert sur un plateau pour sa vengeance. Les étoiles s'étaient parfaitement alignées et tout ne semblait plus qu'une question de temps.

Entendant à présent les cris d'angoisse de ses hommes qui se faisaient abattre par des rayons de ki incessants et écraser par des gorilles monstrueux, Arès n'avait plus qu'une dernière option : la retraite.

Arès se précipita dans une des salles de développement scientifique de sa base militaire jusqu'au système au centre de la pièce. Ne perdant pas de temps, il ouvrit rapidement un des panneaux de contrôle et activa le système pour pouvoir mobiliser une capsule spatiale.

Ce fut tout ce qu'il put faire avant que le mur n'explose soudainement, pulvérisé. Une énorme main entra dans la salle et se saisit de lui avant qu'il ne puisse réagir.

« Eh bien, eh bien, eh bien, qu'avons-nous là ? », grogna Végéta en retirant Arès du bâtiment et en le soulevant. Il le serra et rit quand il sentit l'armure d'Arès se fissurer sous la force de sa poigne. « Je peux sentir ta peur à des kilomètres, Tsuful. »

« Sois maudit, Saïyen », cracha Arès avant de sentir la pression de Végéta se resserrer sans pitié. Arès cracha du sang en réponse, son armure cédant et mettant une pression extraordinaire contre ses côtes.

« Eh, je pensais que ton armure était supposée être impénétrable. Je suis déçu », gronda la voix profonde de Végéta. Il leva son autre bras et enleva d'une pichenette le casque d'Arès comme s'il s'était agi d'un jouet avant de rire bruyamment.

« Espèce de lâche », lança Arès, un œil fermé à cause de la douleur atroce. « Affronte-moi sans cette transformation ! »

« Qui traites-tu de lâche, idiot ? » rugit Végéta en serrant Arès encore plus fortement. « Tu m'as emprisonné comme un animal de compagnie et tu m'as empoisonné ! »

« Quoi ? Tu as peur de perdre ? Tu devrais », poursuivit Arès, railleur. Si Végéta était connu pour autre chose que sa cruauté, c'était pour son orgueil. Se sachant à deux doigts de se faire écrabouiller, Arès poursuivit sans se laisser décourager. « Je me suis entraîné aux... », il cracha du sang quand Végéta serra sa poigne avec une force à lui briser les os, « ...techniques d'énergie. Tu n'es pas de taille contre moi, Végéta. »

C'était un mensonge éhonté, mais il était un homme désespéré.

Fou de rage par le défi qui venait d'être lancé, Végéta relâcha Arès qui tomba d'une hauteur de plus de cinq mètres. Le prince se tourna vers la lumière dans le ciel et rugit de fureur, attirant soudain l'attention de Trunks et Nappa. Tous deux arrêtèrent leurs impitoyables attaques pour observer le prince. Végéta tendit une paume ouverte vers la lumière puis referma le poing. La lumière explosa soudain, et cette fois Trunks dut regarder ailleurs sinon il aurait été aveuglé sur le coup.

Arès grimaça en roulant sur son flanc dans le sable, serrant ses côtes. Tout près de lui, on apercevait les restes d'une armée jadis fière qu'il avait bâtie à partir de rien. Il cracha du sang, incapable de se remettre debout.

« Tu disais ? »

Les yeux d'Arès s'écarquillèrent quand il vit Végéta s'approcher. Sans sa transformation qui lui donnait jusque là l'air totalement indestructible, le Saïyen ressemblait à une véritable épave. Il bouillonnait de colère à présent, ne tenant debout que grâce à sa haine, mais Végéta n'avait jamais refusé un défi dans sa vie. La respiration difficile, avec seulement un œil ouvert, pressant son flanc à présent horriblement boursouflé à cause de ses brûlures, Végéta tituba vers son ennemi.

Arès s'efforça de se relever avant de prendre une hésitante posture de combat. Au fond de lui, il savait qu'il n'avait aucune chance contre Végéta au maximum de sa puissance. Mais le prince amoindri en face de lui était loin d'être à cent pour cent. Avec un peu de chance, il pourrait peut-être y arriver.

Végéta cracha une gorgée de sang sur le sable avant de lui faire un sourire narquois. « J'espère que tu es prêt à mourir, Tsuful. Je te promets que je ferai en sorte que tes derniers instants soient aussi douloureux que possible. »

« Quand tu veux, Saï... »

Végéta disparut et réapparut derrière Arès, l'agrippa par ses cheveux rouges et le tira vers l'arrière avant qu'il ne puisse terminer sa phrase. Avant qu'Arès n'ait même eu le temps de comprendre, Végéta était derrière lui, envoyant brutalement son poing droit dans son sternum. Il ricana en voyant son adversaire se tordre de douleur sur le sable.

« Et dire que je pensais que tu serais à la hauteur », grogna Végéta. « Tu me fais perdre mon temps. »

Végéta se baissa avec une grimace et empoigna de nouveau Arès par les cheveux pour le ramener vers lui. Il lui restait peu d'énergie alors il décida donc d'en finir plus vite que d'habitude. A peine Végéta eut-il décidé de mettre fin au supplice d'Arès une bonne fois pour toute qu'il reçu une poignée de sable désespérée droit dans les yeux. Il lâcha Arès et ses mains allèrent à son visage tandis qu'il hurlait des insultes tout en faisant deux pas en arrière. Ayant gagné de précieuses secondes, Arès ouvrit rapidement un compartiment dans l'armure qui couvrait son avant-bras et appuya sur un bouton caché là.

« Espèce de sale ordure, je vais te défoncer jusqu'à ce qu'on ne puisse plus te reconnaître ! » hurla Végéta, enragé, ses yeux brûlants alors qu'il titubait de nouveau vers Arès. A présent complètement livide, il se baissa et releva son ennemi par les cheveux. Arès se contenta de rire de la même manière que Végéta un instant plus tôt.

« Vas-y », railla Arès, la bouche pleine de sang quand Végéta leva un dangereux poing. « Tue-moi. Ça ne te sauvera pas. »

Végéta tressaillit en entendant ces paroles, ses yeux rouge-sang se plissant. « Quoi ? »

Arès lui fit un petit sourire narquois et Végéta sut qu'il n'aimerait pas ce qu'il allait entendre. « Je pensais qu'il y avait une chance que cela arrive. Mes hommes ont implanté une bombe dans le manteau profond de cette planète. Je l'ai déjà activée. Cette planète est sur le point d'exploser », rit-il. « Au final, c'est moi qui ai gagné, Végéta. »

La lèvre de Végéta se crispa. Il relâcha Arès qui s'effondra sur le sable, riant toujours. Il leva une main tremblante vers son ennemi, concentra toute l'énergie qui lui restait et commença à la déverser sur lui : rayon de ki après rayon de ki, et ainsi de suite. Encore, et encore, et encore. Même longtemps après la mort du rire d'Arès, Végéta continua de tirer, en serrant les dents. Être arrivé aussi loin pour uniquement se retrouver surpassé au final avait brisé quelque chose en lui.

Il ne s'arrêta de tirer que lorsque qu'une main se posa sur son poignet.

« Eh, ça suffit », dit Trunks. « Économise tes forces. »

« On doit partir, Végéta », ajouta Nappa.

Au même instant, le sol sous leurs pieds commença à gronder violemment tel un tremblement de terre. La force de celui-ci fit tomber les trois Saïyens.

« La planète est sur le point d'exploser, il faut qu'on se tire d'ici ! Où sont ces putains de capsules spatiales ? » cria Végéta à Nappa.

« Elles arrivent ! »

Le grondement cessa enfin. Le soulagement ne dura que quelques secondes avant que les trois Saïyens ne distinguent une explosion au loin. Trunks se força à se remettre sur ses pieds, sa jambe étant heureusement toujours insensibilisée. Dans l'ensemble, sa force revenait petit à petit, et il fut à nouveau sur ses pieds en un rien de temps. Il se retourna et tendit sa main à son père, mais Végéta l'écarta d'un air obstiné. Il leva la tête et lança à Trunks un regard froid de son seul œil valide.

« Tu ne rentres pas avec nous, gamin. »

« Quoi ? » fit Trunks, sincèrement surpris par ces mots. « Mais... »

Ils furent interrompus par trois capsules spatiales qui s'écrasèrent sur le sable à environ dix mètres. Végéta ne pouvait croire à quel point ces trucs lui avaient manqué.

« On doit quitter cette planète », fit Nappa. Il se retourna et remit Végéta sur ses jambes sans lui demander sa permission. Le prince grogna d'agacement à ce geste mais il était trop faible pour se mettre debout avec sa seule force. Il se retourna et regarda Trunks droit dans les yeux.

« Je veux que tu partes, petit. », lui dit-il sans ménagement, ses traits prenant son air menaçant habituel. « Donne juste la commande verbale et dit à l'ordinateur sur quelle planète tu veux aller. Je me fiche de ta destination, mais fais en sorte que je ne te revoie plus jamais. Si je te revois, je te tuerai moi-même. Compris ? »

Trunks fixa Végéta d'un air ébahi, n'en croyant pas ses oreilles. Après toutes les épreuves qu'ils avaient traversées ensemble, son père le détestait toujours. Il pouvait voir la haine aussi clairement que le jour, et ne put s'empêcher être profondément déçu. Il avait eu l'impression que Végéta avait au minimum toléré son existence au lieu de le mépriser. Pourtant il semblait qu'il s'était totalement trompé…

Nappa lança un regard désolé à Trunks avant d'emmener Végéta, soutenant le prince complètement épuisé d'une seule main. « On doit y aller, Végéta. Toi aussi, petit, à moins que tu ne veuilles frire sur cette planète. »

« Ouais », marmonna Trunks en boitant derrière eux aussi vite qu'il pouvait alors que retentissait une autre explosion, plus proche. Vraiment, il aurait dû être heureux. Il pouvait enfin rentrer sur Terre. Ce que Végéta pensait de lui était-ce si important ?

Trunks grimpa le dernier dans sa capsule spatiale, regardant instinctivement autour de lui pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'explosifs. Des lumières clignotèrent dès que la porte se referma derrière lui. Il y eut une autre explosion et le sol recommença à gronder. Trunks ferma les yeux et les frotta, tentant de se rappeler les commandes.

« Destination ? »

« Hum », bégaya-t-il d'un ton las. Dehors, il entendit les capsules de Végéta et de Nappa décoller. Il perdit complètement le fil de ses pensées quand son esprit se dirigea à nouveau vers son père. Aurait-t-il des ennuis avec Freezer si la planète était détruite ? Il sentit l'inquiétude lui retourner l'estomac à cette pensée.

« Destination ? », lui demanda à nouveau l'ordinateur.

« Ah. C'est vrai. Hum, réglez la destination sur la planète Terre. »

« Prochaine destination : planète Terre, galaxie n°7, secteur Sud. Demande confirmation. »

« Oui, c'est bien ça, allons-y », lança Trunks, impatient. Il fut instantanément ramené en arrière sur son siège quand la capsule spatiale décolla dans les airs.

« Destination fixée. La durée du voyage donne droit à un sommeil artificiel si l'utilisateur le désire. »

Il était juste temps. A peine l'obscurité de l'univers environna-t-elle sa fenêtre ovale qu'une explosion de lumière éclata, obligeant Trunks à se protéger les yeux. Épuisé, Trunks s'affala sur son siège, exhalant un profond soupir. Il était sur le point de refermer les yeux et de s'assoupir quand il aperçut un bouton familier sur le panneau de contrôle. C'était le bouton sur lequel il avait appuyé pour couper les communications la fois précédente.

En le fixant pendant de longues secondes, il sentit monter la tentation. Ce ne serait pas bien d'écouter Nappa et Végéta sans y avoir été invité. Qu'aurait fait sa mère si elle avait été là ?

Trunks appuya sur le bouton.

« - …lédiction, tu le savais et tu ne me l'as jamais dit ? », retentit la voix irritée de son père. La dureté de son ton fit tressaillir Trunks.

« Je suis désolé, Végéta. J'avais promis à ton père que je ferais de mon mieux pour veiller sur votre lignée. »

Il eut un silence pendant environ dix minutes. Trunks était sur le point de s'assoupir quand la voix de Nappa le réveilla.

« Tu penses que c'était une bonne idée de laisser partir le gamin, Végéta ? Il était coriace. »

Soudain parfaitement en éveil, Trunks attendit la réponse. Finalement, au bout de cinq minutes, la voix exténuée de Végéta s'éleva.

« Aucune importance. Ma chair et mon sang ne serviront pas Freezer. Pas tant que je vivrai. »

« Ouais, eh ben, ce monstre n'est pas du tout content de nous en ce moment. »

« C'est nouveau, tiens », marmonna Végéta.

« Ouais, mais ils parlent de désertion. Qu'est ce qu'on va fai... »

« Nappa, contente-toi de la boucler et de me laisser dormir. », répondit Végéta d'une voix lasse.

Ce fut la fin de la conversation. Trunks se pencha en avant et appuya sur le bouton pour couper la communication. L'adolescent dut se frotter les yeux tellement la tête lui tournait. L'ordre que lui avait donné son père de partir sans jamais revenir ne lui semblait plus motivé par la haine – du moins, pas complètement. Et au lieu de la joie qu'il aurait dû ressentir, il était en fait mort d'inquiétude. Végéta allait sans doute encore être réprimandé par Freezer pour quelque chose qui était principalement de la faute de Trunks. Son estomac se noua à la pensée que cette fois Freezer pourrait perdre patience et tuer son père pour de bon. Trunks pourrait-il vivre en se désintéressant du sort réservé à son père ?

Dans un moment d'écrasante lucidité, il réalisa que non, il ne le pourrait pas.

Trunks changea alors de cap et fit demi-tour.