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Indubitablement.

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Ce n'est que bien plus tard, alors qu'il gravissait la colline menant au domicile de son futur (peut-être) employeur, que les pièces du puzzle s'ajustèrent dans sa tête.

Putain…

Putain !

Il se serait frappé.

Bien sûr qu'il connaissait Little Hangleton ! Il y était déjà allé dans son adolescence. Comment avait-il pu être aussi CON pour oublier ce « petit incident » !

Il se figea au milieu du chemin, le visage pâle. Il était tout bonnement en train de monter à l'échafaud. Se jeter dans la gueule du loup.

C'était donc ce qu'»elle« voulait ? Sa mort ? Ou peut-être quelque chose de bien pire...

Il réfléchit un instant. Non. »Elle« l'avait renvoyé ici avant que Voldemort… et bien… ne devienne véritablement Voldemort. En 1956, il avait déjà commencé à diviser son âme…mais il était encore… humain. N'est-ce-pas ?

Alors… souhaitait-»elle« qu'il le tue avant qu'il ne devienne un monstre ?

Une petite voix ricana dans sa tête. Harry, perdu, regarda autour de lui. Mais qu'est-ce qu'il était en train de foutre, bordel ?

Il faisait demi-tour quand une voix l'appela : « Monsieur ! Monsieur, je vous en prie ! Attendez ! »

Une petite femme d'un certain âge était en train de dévaler le chemin dans sa direction, le souffle court. Arrivée à sa hauteur, Harry remarqua que, si son visage était marqué par les rides et la fatigue, ses yeux, eux, pétillaient d'un mélange de gratitude et d'enthousiasme.

« Monsieur ! Oh, je suis désolée de vous avoir fait attendre. (Elle sourit chaleureusement) Anton m'a parlé de vous et j'ai espéré votre arrivée toute la matinée ! »

Harry se recula légèrement et le sourire de la femme s'agrandit : « Pardon ! Je ne me suis pas présentée ! Maddy, Maddy Davidson. Je travaille ici, au Domaine. Anton m'a dit que vous seriez peut-être intéressé par un emploi. C'est si gentil de votre part de proposer votre aide ! »

Harry, mal à l'aise, frotta longuement sa barbe mal taillée : « Eh bien, en fait, je... vous comprenez, je ne suis pas sûr que... »

Maddy l'interrompit d'un ton encourageant : « Oh, j'avais tellement besoin d'aide ! C'est si grand ici. Vous êtes vraiment un don du ciel ! Vous verrez, vous n'aurez pas à vous inquiéter de votre salaire. »

Harry, reculant davantage, passa une main dans ses cheveux d'un geste nerveux. Il allait répondre lorsque le galop d'un cheval se fit entendre.

Un jeune homme d'une trentaine d'années, cheveux noirs soigneusement peignés, élégamment vêtu, stoppa son cheval à leur niveau. Il détailla longuement Harry d'un air dégoûté avant de laisser échapper un rire méprisant : « Qu'est-ce que c'est que ça ? »

Maddy s'inclina légèrement en signe de respect : « Lord Gaunt, permettez-moi de vous présenter notre nouvel employé. Il vient d'arriver. »

Le jeune Lord, laissa échapper un nouveau rire froid : « J'ignorais que nous faisions dans la charité, désormais. Voilà donc ce à quoi nous en sommes réduits ? »

Harry le fusilla du regard. Il l'avait reconnu du premier coup d'œil : Thomas Marvolo Riddle, Lord Voldemort. Le plus bel enfoiré que le monde n'ait jamais porté.

Et beau il l'était.

Harry en eut le souffle coupé.

Bien sûr, il l'avait déjà vu enfant ou adolescent, dans des souvenirs, mais là... le voir en vrai… Si loin de la version défigurée qu'il deviendrait plusieurs années plus tard…

Ne disait-on pas que le Diable était le plus beau de tous les anges ?

L'idée de le tuer sur le champ lui traversa l'esprit. Il pouvait lui saisir la jambe, le faire tomber de son cheval et le rouer de coups. Ou lui fracasser sa jolie petite tête sur un rocher…

Il hésita.

Une grimace de haine passa fugacement sur son visage et il essaya rapidement de se recomposer un air indifférent.

Thomas Riddle sembla remarquer les expressions changeantes sur le visage d'Harry, car il se pencha légèrement sur son cheval en le fixant d'un regard impénétrable : « On se connaît, peut-être ? »

Harry ne répondit rien, ancrant son regard dans celui du jeune Lord. Ce dernier se tourna froidement vers Maddy : « Lavez-le. Rasez-le. Et trouvez-lui de quoi s'habiller correctement. Je ne pourrais pas supporter un tel... accoutrement sur mes terres. »

Harry ouvrit la bouche pour exprimer son refus catégorique de travailler pour lui. Qu'il préférait crever que de faire cela.

Mais il fut horrifié quand il entendit sa propre voix répondre d'une manière presque automatique : « Très bien. »

Maddy s'inclina respectueusement alors que le jeune Lord repartait au galop, laissant Harry abasourdi par ses propres paroles.

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