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De retour à la salle de conférence…

Bella...

De tous les hommes de Seattle avec lesquels je pouvais passer la nuit, je devais tomber sur celui qui allait devenir mon patron. J'essayai de garder mon calme mais c'était si difficile... oh mon Dieu... dur... poussée... sueur... caresses...

Ça n'aide pas.

Je pris une respiration calme et je souris et trois visages amicaux me sourirent en retour, me faisant signe de m'asseoir à la table mais l'homme que j'avais laissé au lit i peine trois heures, que je connaissais maintenant sous le nom de M. Cullen, était complètement inexpressif.

"Bonjour," dis-je nerveusement en tripotant les boutons de ma veste. Je ne quittai pas Phil, Irina et Peter des yeux pendant que je m'asseyais.

Le fait qu'il ne réagisse pas à ma présence était étrange, les autres devaient sûrement le voir. Je n'eus pas droit à un bonjour, pas même à un sourire ou à un signe de tête courtois de la part de ce beau visage.

M'a-t-il seulement reconnue ?

"Comment vas-tu, Isabella ?" demanda gentiment Peter Hale, tout en essayant de fixer discrètement ma poitrine. "Cela fait longtemps que je ne t'ai pas vue et je dois avouer que j'ai été très surpris lorsque Phil m'a annoncé que tu te joignais à nous."

"Pas autant que moi," dis-je en riant.

"Je pense que ce sera très enrichissant pour toi." Irina acquiesça et, une fois de plus, M. Cullen ne dit ni ne fit rien.

"Comme tu le sais déjà, tu travailleras pour M. Cullen." Phil resta formel, désignant M. Cullen tout en parlant. "Edward nous a rejoints il y a environ huit semaines et bien qu'il ait déjà assumé le rôle de Peter, il sera officiellement annoncé comme son remplaçant vendredi. Malheureusement, nous perdons également l'assistante de longue date de Peter, Mme Goff. Elle a très gentiment accepté de rester jusqu'à ce que tu sois à la hauteur et capable d'assumer le rôle de manière indépendante."

"D'accord." Mes paumes transpiraient et les images qui défilaient dans ma tête de M. Edward Cullen considérablement moins vêtu n'arrangeaient rien à ma situation déjà inconfortable.

"Même si j'ai assuré à Phil que ce n'était pas nécessaire, il a insisté pour que tu sois soumise à la période d'essai habituelle, Isabella," déclara Irina en s'excusant presque. "Pendant cette période, tu seras évaluée par Edward et d'autres collègues tout aussi qualifiés. Puis, à la fin de la douzième semaine, leurs avis seront pris en considération avant que ton contrat ne devienne permanent."

Une évaluation physique ? Sur cette table peut-être ? Nue ? Arrête tout de suite.

"Si M. Cullen n'est pas satisfait de ton travail, tu n'auras plus d'emploi et tu devras te débrouiller seule," me dit Phil d'un ton sévère. "Tu t'en rends compte ?"

"Absolument," l'assurai-je.

"Nous comprenons que travailler sous les ordres d'Edward est un poste qui ne t'es pas familier," dit Irina avec innocence, et je dus me mordre l'intérieur de la joue pour dissimuler mon sourire.

Edward perdit son calme en entendant les paroles d'Irina, il toussa et se bougea mal à l'aise sur sa chaise. Je supposais qu'il avait exactement la même image que moi dans sa tête - moi très en dessous de lui et c'était très familier. Il me regarda pour la première fois, la moindre teinte de rose se formant sur ses joues et un éclair momentané de cette même faim dans ses yeux.

"Cependant, je suis certaine que tu seras un atout pour cette entreprise, Isabella," poursuivit Irina, sans se soucier de la réaction d'Edward. "Il ne sert à rien de rester ici toute la matinée à bavarder, nous allons donc laisser Edward t'accompagner au bureau et te présenter aux personnes de votre étage."

"Merci, Irina," dit Edward. C'était la première fois que j'entendais sa voix et elle était différente de celle d'hier soir. Elle était plus formelle et contrôlée. Je regardai Edward qui se levait doucement. "Y allons-nous, Mlle Swan ?"

"Bien sûr, M. Cullen," dis-je gentiment et je le suivis vers la porte.

Il ne me dit pas un mot de plus pendant que nous marchions vers l'ascenseur et pendant le trajet jusqu'au quinzième étage. Je n'arrêtais pas de le regarder mais ses yeux étaient fixés devant lui, sans la moindre émotion sur son visage, et cette fois-ci, le trajet en ascenseur fut beaucoup moins intéressant.

Lorsque les portes de notre étage s'ouvrirent, il attendit que je sorte la première de l'ascenseur. L'espace était grand, ouvert, mais très peu décoré. Je regardai autour de moi et vis une femme plus âgée se lever d'un bureau situé dans le coin le plus éloigné de la pièce. Elle s'approcha de nous avec un sourire accueillant.

"Un café, M. Cullen ?" demanda-t-elle et il acquiesça.

"Noir, s'il vous plaît, Mme Goff." Elle réussit à lui arracher un sourire, mais il était crispé et manifestement forcé. "J'aimerais vous présenter Mlle Swan, votre remplaçante - à moins que je ne parvienne à vous persuader de rester ? Je doute que vous soyez facilement remplaçable."

Connard.

J'essayai de ne pas me vexer mais ce n'était pas facile. M. Abruti n'était pas si pressé de se débarrasser de moi hier soir, n'est-ce pas ?

Connard.

"J'ai bien peur que non, M. Cullen. Je suis ici depuis assez longtemps. Vous n'avez pas à vous inquiéter de toute façon, je lui apprendrai tout ce que je sais." Mme Goff me tendit la main. "C'est un plaisir de vous rencontrer, Mlle Swan."

"C'est Bella, s'il vous plaît," lui dis-je. "Moi aussi, je suis ravie de vous rencontrer."

"J'ai quelques appels à passer," annonça M. Cullen. "Pourriez-vous faire visiter les services concernés à Mlle. Swan et la présenter au reste de notre équipe, s'il vous plaît ?"

"Bien sûr, M. Cullen," dit Mme Goff avec joie.

"J'aimerais vous voir toutes les deux dans mon bureau à onze heures, juste pour faire quelques mises au point." Sans un mot de plus, il se dirigea vers un bureau qui était séparé de celui de Mme Goff par un mur de verre, givré en bas mais opaque en haut.

Dès qu'il eut fermé la porte de son bureau, Mme Goff poussa un long sifflement. "Il semble que sa bonne humeur soit partie en vitesse," se dit-elle en versant le café. "Nous aurions dû nous douter que c'était trop beau pour être vrai." Je la regardai emporter la boisson dans le bureau, recevant à nouveau un sourire crispé avant que M. Cullen ne tourne son fauteuil de façon à tourner le dos à la porte.

Lorsqu'elle me rejoignit, elle baissa la voix et chuchota : "Ce conseil est probablement le plus précieux si vous voulez survivre à ce travail."

"Quoi ?" demandai-je.

" Apprendre le langage du café."

"Le quoi ?" Je faillis rire.

"Le langage du café."

"Le langage du café," répéta-t-elle. "C'est un système à toute épreuve, Bella, croyez-moi. Vous apprendrez à connaître son humeur rien qu'en regardant comment il boit son café."

"Vraiment ?" Je ris cette fois mais elle hocha la tête sérieusement.

Elle m'emmena vers la machine à café. "Il demande le plus souvent de la crème et un sucre. S'il demande ça, vous saurez qu'il est de bonne humeur mais faites attention."

"D'accord," dis-je dubitative.

"Un expresso signifie généralement qu'il a passé une nuit blanche ou qu'il a eu une journée particulièrement éprouvante. C'était sa première demande ce matin, donc je suppose qu'il était là tard hier soir."

Je ricanai en sachant exactement pourquoi il avait besoin d'un expresso mais elle supposa que je me moquais de son langage du café. Elle rit pendant une seconde, puis dit : "Je sais que cela semble ridicule mais nous avons toutes appris le langage du café."

"Vous commencez à me faire peur," admis-je.

"Il lui arrive de demander un thé. Je lui en ai préparé un après une réunion particulièrement éprouvante avec un auteur et son agent, et cela a eu l'air de le calmer. Mais il ne boit jamais de thé le matin, toujours l'après-midi." Mme Goff prit un pot et sourit. "Voici le ticket d'or."

Je lus l'étiquette. "Cannelle ?"

"S'il demande de la cannelle, c'est que vous avez touché le jackpot. Choisissez ce moment pour lui annoncer une mauvaise nouvelle... il y a beaucoup moins de chances qu'il réagisse." Elle repose le pot en soupirant. "Après l'espresso, il a demandé de la cannelle ce matin, c'est pourquoi j'ai été surprise de le voir sur les nerfs lorsqu'il est revenu de la salle de réunion. Je me demande ce qu'il s'est produit."

Il s'est produit... trois fois la nuit dernière, en fait.

"Et maintenant ?" l'interrogeai-je. "Il a demandé du noir."

"Noir, ma chère, signifie que la journée va être longue et difficile." Elle roula des yeux.

"Super," marmonnai-je.

"Venez donc, on va vous présenter à tout le monde."

Je la suivis après les ascenseurs et vers une autre porte vitrée, à l'intérieur de laquelle se trouvait un spacieux espace de travail ouvert, avec huit ou neuf bureaux disséminés. Elle frappa à la porte et les filles assises aux bureaux les plus proches de nous tournèrent rapidement la tête.

"Détendez-vous, ce n'est que moi," dit Mme Goff en riant. "Mais il vient de demander un café noir, alors préparez-vous."

"Génial," marmonna une fille aux cheveux bruns. "Je déteste les jours de café noir."

"Vous avez dit qu'il avait demandé de la cannelle ce matin ?" grommela un homme assis le plus loin.

"Tu sais comment il est, Colin. Il faut toujours se préparer au pire." Mme Goff haussa les épaules. "Je fais visiter l'étage à Bella et je la présente à tous ceux avec qui elle va travailler."

Les hochements de tête brusques et les sourires à peine esquissés m'indiquèrent qu'ils savaient déjà exactement qui j'étais et qu'ils ne s'intéressaient pas à moi.

"Ces personnes sont les yeux de M. Cullen. Les auteurs potentiels sont invités à soumettre les trois premiers chapitres et un bref synopsis. Colin, Embry et Claire les lisent et s'ils en apprécient les prémisses, ils demandent l'histoire complète aux rédacteurs en chef adjoints. Chaque rédacteur en chef adjoint a son propre genre de prédilection et les manuscrits sont distribués en fonction de ces préférences car ils ont les connaissances nécessaires pour ce marché particulier." Elle désigna deux plateaux sur chacun des bureaux. "Vous devrez les ramasser chaque jour. Une pile est réservée aux manuscrits refusés et l'autre aux manuscrits approuvés."

"D'accord." Je pris des notes et essayai d'intégrer chaque instruction.

"Contrairement à d'autres, M. Cullen aime lire tout ce que nous approuvons avant de donner le feu vert à la publication. Il relit également certains des refus, juste pour s'assurer que nous n'avons pas raté quelque chose de bien. Il les lit généralement à la fin de la journée et les laisse sur votre bureau pour le lendemain matin." Mme Goff me conduisit vers une petite fille brune. "Voici Alice. C'est la fille de l'imaginaire et du surnaturel."

"Vraiment ?" Je souris et elle haussa les épaules.

"Oui, que puis-je dire, j'ai un faible pour les vampires et les médiums." Elle ne me sourit pas et ne dit rien d'accueillant, se contentant de se remettre au travail.

"Jessica s'occupe des romans d'amour et des romans à l'eau de rose." Mme Goff désigna la jeune fille assise en face d'Alice. "Tous les ouvrages érotiques qui nous parviennent passent aussi par elle."

J'acquiesçai et demandai à Jessica : " Les ouvrages érotiques se vendent ? "

"Comme des petits pains," me dit-elle, comme si j'avais déjà dû le savoir. "Le "Porno pour maman" est l'un des marchés qui se développent le plus rapidement."

"Waouh," dis-je. "Ce n'est pas quelque chose que j'ai lu".

"Je veux bien le croire," dit-elle avec un rire condescendant, "Vous ne me semblez pas vraiment être une lectrice."

"Jess," prévient Mme Goff. "Ce n'est pas nécessaire."

"C'est bon," lui dis-je, en regardant Jess avec insistance. "J'aime lire, j'ai toujours aimé lire. Je n'ai jamais ressenti le besoin de lire des livres érotiques... Je suppose que mon petit-ami me satisfait suffisamment."

Je n'avais pas de petit-ami et je n'en avais plus depuis longtemps, mais elle n'avait pas besoin de le savoir. J'aurais pu lui dire que j'avais eu ma propre expérience érotique époustouflante la nuit dernière avec l'homme qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de là mais je décidai vite de ne pas le faire, sachant que le fait d'être la fille qui a baisé le patron ne me rendrait pas vraiment sympathique aux yeux de ces gens.

Jessica me lança un regard pétulant et un instant je crus qu'elle allait me tirer la langue... probablement trop effrayée par mon lien avec Phil pour faire pire mais Mme Goff intervint.

"Sois gentille, Jessica. Tu ne te rends vraiment pas service avec cette attitude. Pourquoi crois-tu que M. Cullen est toujours sur tes talons ? Nous faisons tous partie de la même équipe."

"Peu importe," souffla Jessica et elle se remit au travail.

Pendant que Mme Goff passait en revue le reste de l'équipe, j'essayais de me rappeler qui était qui, mais ce n'était pas facile. Je fis en sorte d'être amicale et d'avoir l'air intéressé mais aucun ne fit l'effort de me rendre la politesse.

Après mon expérience plutôt désagréable avec l'équipe de rédaction, nous prîmes les escaliers jusqu'au seizième étage. "Chaque fois que vous venez ici, vous n'avez besoin de voir que Seth, Emily ou Jacob."

"Pourquoi ?"

"Seth, Emily et Jacob travaillent uniquement sur les comptes de M. Cullen. Les autres départements, comme les ouvrages documentaires, les livres pour enfants, les livres éducatifs, etc. ont tous leur propre équipe." Elle sourit et ajouta : "J'adore venir ici, ils sont formidables et moins tendus que le groupe d'en bas. Cela a peut-être quelque chose à voir avec leur proximité avec M. Cullen, bien sûr."

"Il a l'air très intense," convins-je et elle rit.

"Il ne supporte pas les imbéciles et il a... pardonnez-moi l'expression... un excellent système de détection des conneries. J'avais une merveilleuse relation de travail avec M. Hale, mais il n'était pas aussi impliqué dans son équipe de rédaction et lorsque M. Cullen est arrivé, ce fut un grand choc d'avoir quelqu'un qui leur soufflait dans le cou. Il ne les laisse pas s'en tirer avec la moitié des choses que M. Hale avait l'habitude de faire et lorsque nous avons appris qu'il prenait sa retraite, je pense que nous nous attendions tous à ce que M. King le remplace. La transition a certainement été difficile pour eux."

"Est-ce qu'ils aiment M. King ?" demandai-je.

"Je pense qu'ils auraient préféré son style de management à celui de M. Cullen." Elle sourit. "Mais il est indéniable que M. Cullen obtient des résultats, il a un sens aigu de ce qui se vend et c'est pourquoi ils ont écarté M. King en sa faveur, malgré le lien de parenté."

Royce King était fiancé à Rosalie, la fille de Peter, et je l'avais rencontré à quelques reprises. Il semblait toujours amical, peut-être un peu trop avec les femmes qui n'étaient pas sa fiancée, mais Rosalie ne semblait pas le remarquer ou s'en soucier... ou les deux. Rosalie ne remarquait rien et ne se souciait de rien d'autre que de ses prochaines vacances ou de sa prochaine virée shopping, peut-être pourrait-elle être la prochaine intervention de mon père ?

Alors que nous traversions le département très animé et bruyant, Mme Goff m'indiqua les départements dans lesquels travaillaient les différentes personnes. Elle m'emmena vers une section cloisonnée de l'étage et dit : "Hé, les gars !"

Comme elle me l'avait dit, Seth, Emily et Jacob n'avaient rien à voir avec ceux d'en bas. S'ils savaient qui j'étais, cela ne semblait pas avoir d'importance et ils m'accueillirent avec enthousiasme.

"Tu lui as parlé du langage du café ?" demanda Emily et Mme Goff acquiesça. "S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, Bella, assure-toi de m'envoyer un e-mail quand il arrive, si nous savons ce qu'il boit, nous pourrons nous préparer".

"Je vais m'en assurer." Je souris en lui disant : "C'était noir quand nous l'avons laissé dans son bureau."

"Noir ? Aïe, mince. Je dois lui faire une présentation plus tard," grommela Jacob. "Ce type est comme une femme qui a le syndrome prémenstruel tout le temps."

Les autres se mirent à rire mais acquiescèrent catégoriquement. Après quelques minutes de bavardage sur quoi ils travaillaient, nous les laissâmes. Alors que nous nous dirigions vers la cage d'escalier, nous tombâmes sur M. King. Royce avait une trentaine d'années et était indéniablement un beau garçon, le problème étant qu'il le savait.. Il était un peu trop sûr de son charme à mon goût.

"Bonjour, Mme Goff." Il sourit et reporta son attention sur moi. "Mlle Dwyer."

"C'est Swan," corrigeai-je.

"Désolé, j'ai oublié que Phil est votre beau-père. Et si je vous appelais Isabella ?" Il rit.

"Bien sûr," acceptai-je.

"Alors, comment Cullen te traite-t-il ? Il a la réputation d'être un dur à cuire." Il avait une nuance dans la voix et je décelai une certaine aigreur dans le fait qu'il n'était pas actuellement assis dans ce bureau du quinzième étage. "S'il vous pose des problèmes, faites-le moi savoir et je le remettrai à sa place."

"Je suis sûre que tout ira bien," lui répondis-je, sans être sûre que les choses iraient bien une seule minute.

"Je suis désolée mais nous devons y aller, M. King," lui dit poliment Mme Goff. "Nous avons une réunion dans peu de temps et je dois encore montrer quelques petites choses avant à Mlle Swan."

"Désolé de vous avoir retardées," dit-il en s'écartant pour nous laisser passer. Lorsque je passai à côté de lui, il s'approcha de moi et me serra la taille. "C'était sympa de vous voir, Isabella."

J'essayai de ne pas hurler et je suivis Mme Goff rapidement, sentant ses yeux sur moi alors que je m'éloignais. Nous étions de retour à notre bureau à dix heures et demie et Mme Goff, assise à côté de moi, passait en revue sa journée de base en tant qu'assistante de M. Cullen. Je regardais la liste des travaux et des tâches qui ne cessaient de s'accumuler et je n'avais aucune idée de la façon dont elle parvenait à tout faire en une semaine et encore moins en une journée.

Briefing matinal à huit heures précises avec l'équipe éditoriale.

Organiser des réunions avec les auteurs, les agents, les imprimeurs et les fournisseurs... confirmer les réunions avec les auteurs, les agents, les imprimeurs et les fournisseurs.

Rassembler les manuscrits achevés et remettre directement à M. Cullen ceux qui ont été approuvés.

Préparer les lettres de refus pour les manuscrits jugés inadéquats.

Attendre que les manuscrits reviennent du bureau de M. Cullen et préparer d'autres lettres de refus ou d'acceptation.

Préparer les contrats.

Afficher les contrats.

Modifier les contrats.

Courir après les agents.

Courir après les auteurs.

Répondre aux appels.

Assister aux réunions avec les auteurs, les agents, les imprimeurs et les fournisseurs en rédigeant des comptes rendus détaillés.

Faire du café.

Apporter le déjeuner.

Faire encore du café.

J'avais la tête qui tournait et je voulais sortir directement du bâtiment et rentrer chez moi. Même avec l'aide de Mme Goff, je n'y arriverais pas. J'étais vouée à l'échec mais peut-être était-ce le but recherché ?

"Je sais que cela semble décourageant maintenant," dit Mme Goff, reconnaissant manifestement mon effondrement imminent. "Et je dois admettre que je suis surprise qu'ils vous aient choisie pour ce poste particulier."

"Parce que je suis une enfant gâtée, égoïste et riche qui n'a jamais travaillé de sa vie ?" me fâchai-je. "Je sais que les gens me détestent à cause de ma relation avec Phil mais..."

"Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire," m'arrêta-t-elle en secouant la tête. "Un travail est un travail, Bella, nous devons tous commencer quelque part. Non, ce que je voulais dire quand j'ai dit que j'étais surprise... eh bien M. Cullen est particulier et difficile à gérer. J'espère qu'il se comportera bien avec vous, il a tendance à être assez dominateur s'il pense pouvoir s'en sortir."

Oh, je le sais bien.

"Comment faites-vous pour le maîtriser ?" demandai-je, intéressée. "Il avait l'air d'aller bien avec vous."

"Je ne lui laisse pas le choix, Bella, et il le sait."

J'acquiesçai, pas sûre d'avoir la même force de caractère que Mme Goff. "Ils m'ont forcé à accepter ce travail," admis-je. "Mon père pense que j'ai besoin de vivre dans le monde réel."

"Vraiment ?" Elle rit. "Pas étonnant que vous soyez un peu dépassée par les événements."

"Je crois qu'ils pensent que je vais échouer," dis-je à voix basse. "C'est peut-être pour ça que je suis ici.."

"Ou alors, ils voient peut-être en M. Cullen quelqu'un qui pourrait avoir une bonne influence," proposa-t-elle en ignorant mon air dubitatif. "Il n'a même pas encore trente ans et il a déjà accompli tant de choses. Peut-être qu'ils espèrent que sa détermination et son dynamisme pourraient vous inspirer ?"

"Qui sait ?" marmonnai-je.

Nous étions dans son bureau comme demandé à onze heures précises. Le bureau de M. Cullen était placé de manière à profiter au maximum de la vue qu'il avait sur le centre-ville de Seattle. Il y avait une table circulaire avec six chaises autour dans un coin du bureau et une bibliothèque dans l'autre. La bibliothèque était vide mais je vis des cartons et des cartons de livres déballés sur le sol. Il resta derrière son bureau et nous demanda de nous asseoir en face de lui, plutôt qu'à la table.

"Vous avez fait visiter Mlle Swan ?" demanda-t-il à Mme Goff et sa voix sembla plus douce que tout à l'heure.

"Oui, je lui ai donné un bref aperçu de ses fonctions et d'autres... conseils." Elle sourit effrontément mais il ne le remarqua pas.

Je restai assise, presque invisible, pendant que Mme Goff et lui passaient en revue certaines choses, et je me surpris à le regarder fixement. Il y avait des ombres sombres autour de ses yeux, et quelque chose me disait que ce n'était pas seulement le résultat de la nuit dernière. J'étais toujours indéniablement attirée par lui, encore plus quand je pensais à la perfection de la nuit dernière, mais je n'avais aucune idée s'il ressentait la même chose. Son comportement jusqu'à aujourd'hui m'indiquait qu'il m'avait à peine donné une seconde pensée et cela me dérangeait bien plus que cela ne le devrait.

"D'accord, je vais commencer tout de suite, M. Cullen." Mme Goff comprit qu'elle devait partir et me fit signe de la suivre.

"En fait, Mme Goff, j'ai juste besoin de parler à Mlle. Swan." Il ne me regardait toujours pas mais mon estomac se retourna et j'en oubliai presque de respirer.

"Bien sûr, M. Cullen. Voulez-vous du café ?"

"Oui, de la crème et un sucre, s'il vous plaît," lui dit-il et, en se tournant pour partir, elle me fit un signe de tête plein d'espoir.

Peut-être son humeur s'était-elle améliorée ?

Lorsque la porte se referma, je décidai d'essayer de me montrer plus détendue. Peut-être que mon attitude tendue avait déteint sur lui ? Peut-être pensait-il que j'allais tout raconter à Phil et le faire renvoyer ?

"Alors..." je lui adressai un sourire amical. "Edward, hein ?"

"M. Cullen," corrigea-t-il froidement et mon cœur se serra.

"Désolée, M. Cullen", dis-je, me demandant s'il savait vraiment qui j'étais.

"Je pense que nous devons parler de la nuit dernière..."

"Oh, tu te souviens de moi, alors ?" rétorquai-je, toute amabilité perdue. "Je commençais à penser que tu avais oublié."

Il posa ses mains sur le bureau et soupira. "Je pense que nous nous souvenons tous les deux de la nuit dernière beaucoup plus que nous ne le devrions." Il me regardait comme il l'avait fait hier soir, mais quelque chose me disait que le résultat n'allait pas être aussi amusant. "Et je pense que nous sommes tous les deux d'accord pour dire que la nuit dernière était..."

Incroyable, inoubliable, quelque chose que nous devrions refaire bientôt ?

"Etait ?" insitai-je quand il ne précisa.

"Une erreur de jugement momentanée et une mauvaise maîtrise de soi de notre part à tous les deux. Quelque chose qui ne se reproduira plus." Son ton était cassant et cela me blessa un peu. "Nous devons oublier ce qu'il s'est passé et maintenir une relation purement professionnelle."

"Vraiment ?" Je ris de colère. "C'est vraiment ce que tu veux ?"

"Oui, bien sûr," répondit, de nouveau sur un ton froid.

"Tu penses que ce qu'il s'est passé hier soir n'était qu'une erreur de jugement ? " fulminai-je, en essayant de ne pas élever la voix. "Juste un simple manque de contrôle... trois fois, Mr. Cullen ?"

Il acquiesça. "Un simple manque de contrôle."

Je secouai la tête, incrédule. "Tu es incroyable."

"Baisse d'un ton !" siffla-t-il.

"Tu es un trou du cul," lui dis-je. "J'ai été aussi surprise que toi quand je suis entrée dans cette salle de réunion, M. Cullen mais je pensais qu'en tant qu'adultes, nous pourrions gérer cela avec maturité. Je pensais que quoi qu'il arrive entre nous..."

"Ça n'allait jamais devenir quelque chose," dit-il, me coupant rapidement la parole.

"Ce n'est pas l'impression que tu m'as donnée hier soir," dis-je avec colère. "Je me souviens très bien que tu m'as demandé de passer la nuit avec toi."

"Et pourquoi penses-tu que je voulais que tu restes ?" dit-il brusquement. "Si quelqu'un m'avait réveillé ce matin au lieu de se faufiler hors de la chambre, j'aurais pu faire comprendre clairement que rien d'autre n'arriverait jamais."

Je n'étais donc qu'une baise occasionnelle, une fille au hasard dans un bar qu'il avait ramenée à son hôtel ? Cette journée ne cessait de devenir de plus en plus mémorable.

"Oh, je vois," dis-je, en essayant de dissimuler à quel point son rejet m'avait blessée. "Waouh, tu es vraiment quelqu'un."

"Je ne suis pas intéressé par une relation autre que celle qui consiste à être mon assistante." Il avait l'air détaché, froid et carrément arrogant. "C'est clair ?"

"Comme de l'eau de roche," craquai-je et je me levai. "On en a fini maintenant ?"

"Oui," dit-il calmement et je marchai d'un pas vif jusqu'à la porte. Alors que j'attrapais la poignée, il reprit la parole. "Je suis désolé, Bella, c'est comme ça que ça fonctionne." Il avait l'air sincère mais je n'acceptai certainement pas ses excuses.

"C'est, Mlle Swan," crachai-je en essayant de toutes mes forces de ne pas claquer la porte.

Connard. Tête de bite. Trou du cul.

Je retournai vers le bureau et au moment où je m'en approchais, le téléphone sonna. Mme Goff mit le haut-parleur. "Oui, M. Cullen ?"

"Faites ce café noir," aboya-t-il et la ligne se coupa.

"Oh là là, on est de retour à la case départ." Elle soupira. "Je ne sais vraiment pas ce qu'il a aujourd'hui. Je vous promets qu'il n'est pas toujours comme ça."

J'avais du mal à le croire. En fait, je commençais à penser que l'homme que j'avais rencontré hier soir, l'homme confiant, sexy et attentif, qui passait le plus clair de notre temps ensemble à s'assurer que j'étais aussi satisfaite que lui, n'était rien d'autre que le fruit de mon imagination.

Je repensai à ce matin et au fait que je l'avais laissé dormir. Pour ma défense, j'avais pensé être gentille, étant donné l'heure matinale. Je m'étais réveillée juste avant cinq heures, avec une gueule de bois, un mal de tête d'enfer et quelques heures seulement pour me préparer à mon premier jour de travail. J'avais envisagé de le réveiller, mais comme il était si tôt et qu'il avait l'air si paisible, j'avais décidé de le laisser tranquille. J'avais programmé mon numéro dans son téléphone portable et l'avais embrassé sur la joue en partant.

Il est vrai que j'espérais qu'il me rappelle. Après une nuit comme celle-là, j'aurais été bien bête de ne pas en vouloir plus. Maintenant que j'avais vu le vrai M. Connard, je n'étais même pas sûre de répondre s'il le faisait.

Oui, je le ferai probablement...

"Je pense qu'il fait trop d'efforts," déclara Mme Goff pour sa défense. "Il parle rarement de sa vie privée, je doute fort qu'il en ait une, mais les aperçus que j'ai eus de lui me font penser qu'il a dû travailler plus dur que la plupart des gens pour obtenir ces opportunités."

Je ne dis rien en réponse et essayai de le chasser de mon esprit, concentrant plutôt toute mon attention sur ce que faisait Mme Goff, mais M. Trouduc était très exigeant, demandant constamment des dossiers, des rapports, des mises à jour et du café (toujours noir).

A cinq heures et demie, j'en avais assez, ma tête me lançait et je voulais rentrer chez moi pour dormir. Je vis l'équipe de rédaction se diriger vers les ascenseurs, en riant et en plaisantant les uns avec les autres.

"Mademoiselle Brandon ?" Le son de la voix d'Edward, juste derrière moi, me fit sursauter. "Je n'ai pas encore reçu vos commentaires sur le manuscrit de Keller."

Alice, l'une des filles impolies de ce matin, se dirigea vers lui. "Je ne m'en suis pas encore occupée," répondit-elle timidement. "J'en ai lu d'autres... celui de Keller est... difficile à lire."

"Est-ce que c'est dans une autre langue ?" demanda-t-il, confus.

"Non. Alice secoue la tête. "C'est bien de l'anglais."

"Et l'anglais n'est pas votre première langue ?"

"Euh... non... je veux dire oui... bien sûr, M. Cullen." Alice avait l'air d'être sur le point de se pisser dessus.

"Alors, à moins que vous ne soyez devenue analphabète au cours des dernières vingt-quatre heures depuis que je vous ai demandé de le regarder, je m'attends à ce qu'il soit révisé et sur mon bureau d'ici demain matin."

"Oui, M. Cullen", marmonna Alice et j'essayai de ne pas sourire. M. Cullen était un adepte de l'humiliation publique.

"Mme Goff, je vais commencer à travailler sur mes manuscrits, vous pouvez donc partir pour la journée." Il parla sans même jeter un regard dans ma direction et retourna dans son bureau.

"Il aime lire seul, sans interruption," me dit Mme Goff. "Apportez-lui une pleine cafetière et laissez-le faire."

J'acquiesçai et, avec un soupir de soulagement, je dis : "Dieu merci, c'est fini."

"Cela va s'améliorer, je vous le promets. Il ne fait que vous tester. Faites ce qu'il vous demande, faites-le bien et assurez-vous de ne pas lui donner de munitions pour vous attaquer, et tout ira bien."

Je voulais lui dire que je lui avais déjà donné assez de munitions pour armer un petit pays, mais je préfèrais lui souhaiter bonne soirée.

EPOV

Je suis dans la merde. Putain.


Note de l'auteur

Ce n'est pas le type d'Edward que je préfère habituellement mais le changement a du bon !