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La sonnerie du réveil à cinq heures le lendemain matin me donna envie de pleurer. Après avoir passé la majeure partie des six semaines à m'ignorer, Edward avait décidé qu'il avait beaucoup de choses à se faire pardonner. Ce n'est pas que je m'en plaignais, bien sûr, mais cela signifiait que nous ne dormions pas beaucoup.
"C'est le bruit le plus affreux qui soit," grommela Edward en se couvrant le visage d'un oreiller. "Eteins-le."
"C'est toi qui as eu la brillante idée de me garder cette nuit," lui rappelai-je et je me redressai en baillant. "Si tu avais été un gentleman et que tu m'avais raccompagnée chez moi hier soir, nous aurions bien dormi tous les deux à l'heure qu'il est."
Il jeta un coup d'œil de derrière l'oreiller et sourit. "Je préfère que tu sois ici," dit-il en s'endormant. "Et comme je l'ai dit hier soir, j'ai six semaines de comportement de trou du cul à essayer de rattraper."
Je ne pus pas m'empêcher de sourire - un sourire vraiment énorme, à s'en fendre le visage, et je fus reconnaissante de la quasi-obscurité qui régnait dans la pièce. "C'est vrai," acquiesçai-je.
"Et puisque nous sommes tous les deux réveillés maintenant..." dit-il d'un ton bourru. "Je pense à un moyen de me faire pardonner un peu plus."
"N'y pense même pas," grognai-je et il gloussa.
"Tu n'es vraiment pas du matin."
"Je suis sérieuse, Edward, je ne fais pas l'amour le matin," bâillai-je. "Jamais."
"C'est un défi ?" rit-il. "J'aime les défis."
"Si tu veux considérer ça comme un défi, alors je te garantis que tu ne vas pas réussir, M. Cullen," le prévins-je. "C'est un défi que tu ne vas pas gagner."
"Si je t'excite vraiment, Bella," dit-il en souriant, "Crois-moi, tu n'aurais aucune chance."
"Tête de bite," je le frappai avec mon oreiller et je me levai.
"Quoi ?" demanda-t-il, posant l'oreiller de côté. "Comment viens-tu juste de m'appeler ?"
"Tête de bite," dis-je en essayant de retrouver mes vêtements.
"Devrais-je être offensé ?" demanda-t-il en faisant la moue et je ris.
"Hum, honnêtement ? Oui, tu devrais. Je t'ai donné ce nom après que tu aies été une énorme tête de bite avec moi dans ton bureau le premier jour." Je me tortillai dans mon jean. "J'ai failli t'appeler M. Tête de bite en face tellement de fois…"
"Je suppose que je l'ai mérité," dit-il tristement en se redressant.
"Pour information, je l'utilise maintenant de manière purement affectueuse. Je ne pense pas que tu sois une tête de bite, bien au contraire." Je lui envoyai un baiser. "Il faut que j'y aille."
"Reste ?", murmura-t-il en se levant du lit et en m'attrapant la main. "Juste un peu plus longtemps ?"
"Arrête." Je reculai. "On va être en retard."
"Et alors ?" dit-il d'un ton séducteur.
"Nous avons une réunion." J'appuyai ma main sur son torse nu et essayai de le repousser. "Je dois y aller... vraiment. Tu ne gagneras pas."
"Ce défi est toujours d'actualité." Il rit et passa la main derrière moi pour ouvrir la porte. En m'embrassant sur la joue, il dit : "Mais je crois que j'ai gagné la meilleure chose qui soit."
"Tu as vraiment les meilleures répliques," je lui soufflai un autre baiser et le laissai debout, extrêmement nu, dans l'embrasure de la porte.
Je gardai mes vêtements extrêmement professionnels, sachant que nous devions vraiment nous comporter au mieux lorsque le bâtiment serait ouvert comme d'habitude. Edward était déjà dans son bureau quand j'arrivais et je n'eus même pas enlevé mon manteau quand mon téléphone vibra.
J'espère que tu ne portes plus cette chemise, Mlle Swan ? E x
Je me souris à moi-même et regardai à travers la vitre. Il gardait les yeux sur l'écran de l'ordinateur, mais je pouvais voir l'énorme sourire sur son visage.
C'est une autre chemise, c'est promis. On ne peut pas en dire autant de mes sous-vêtements. B x
J'allumai la machine à café et m'assis à mon bureau avec l'intention de me mettre au travail.
Maintenant, je sais que ce n'est pas vrai, Mlle Swan. Ils sont toujours dans mon bureau. E x
J'ignorai son message et lui apportai son café. "Cannelle ?" devinai-je et il rit.
"Suppose que c'est toujours cannelle à partir de maintenant, Mlle Swan." Il prit la tasse de ma main et laissa ses doigts effleurer délibérément mon poignet. "Merci."
"Es-tu prêt pour les autres ?" demandai-je, faisant référence à l'habituel débriefing du matin.
"Oui, finissons-en." Il fit la grimace puis demanda, presque anxieux : "Tu seras sage ?"
"Sage ?" ris-je.
"En réunion," dit-il en se levant. "Je ne pense pas pouvoir me concentrer si tu es sexy et enjolieuse."
"Enjolieuse?" Ce n'est pas un mot."
"C'est un mot," dit-il en se rapprochant de moi de quelques pas. "Tu es enjolieuse quand tu te mords la lèvre et que tu fais semblant de travailler."
"Je travaille !" lui dis-je. "Et je n'essaie pas d'être enjolieuse, tu ne penses juste qu'à une seule chose."
"Tu n'as pas besoin d'essayer d'être enjôleuse, Bella, tu l'es tout simplement. Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué, je suis sûr que tu le sais." s'emporta-t-il de nouveau, alors je posai discrètement ma main sur son bras.
"Je voulais seulement que tu t'en rendes compte," admis-je et il se détendit.
"Oh, je l'ai remarqué." Il sourit et retourna à son bureau. "Alors pas de comportement enjolieur?"
"Je ferai de mon mieux, M. Cullen," dis-je gentiment et je me tournai pour partir, en remuant mes fesses.
"Tu ne vas vraiment pas bien te comporter," gloussa-t-il.
Il se trouve que je me suis bien comportée. M. Cullen, lui, ne l'a pas fait.
"Mlle Swan ?" demanda-t-il avec son habituel ton froid et sec. "J'ai besoin de détails sur l'affaire Yorkie. J'aimerais montrer à Jacob ce que j'ai prévu jusqu'à présent. Vous trouverez le dossier dans le tiroir de mon bureau."
"Tout de suite, M. Cullen." Je vis l'ombre d'un sourire en coin sur son visage mais je n'y prêtai pas attention jusqu'à ce que j'ouvre le tiroir. Ma culotte déchirée se trouvait juste au-dessus du dossier.
"Quelque chose ne va pas, Miss Swan ?" demanda-t-il innocemment. "Nous attendons."
"Non, Monsieur. Je l'ai juste là." Je mis la culotte dans ma poche et refermai le tiroir rapidement. "Voilà, M. Cullen."
Crétin...
"Jacob, j'ai besoin que ce soit ta priorité absolue. Tu as ma permission de déléguer tes autres missions jusqu'à ce que ce soit terminé. C'est une grosse affaire pour nous et nous devons donner le meilleur de nous-mêmes." Il était à nouveau dominant et autoritaire et je ne pus m'empêcher de penser au samedi matin.
"Je veux aussi discuter de ceci," dit-il brusquement et presque tout le monde sursauta lorsqu'un dossier atterrit sur la table avec un claquement retentissant. "C'était un refus... vous avez remarqué que j'ai dit "était" ?"
Oh-oh.
C'était le manuscrit qu'Edward m'avait surpris en train de lire et dont il avait ensuite annulé le rejet initial après que je me sois mise à fulminer.
"C'est ton domaine, Colin, n'est-ce pas ?" demanda-t-il d'un ton glacial et je déglutis.
"Je ne pensais pas..." commença Colin nerveusement. "Ça ne m'a pas vraiment interpellé et..."
"Tu as lu quelques chapitres, bien sûr ?" demanda Edward et Colin hocha la tête. "Non, tu n'as pas lu. Laisse-moi te dire ce que je pense qu'il s'est passé, Colin. Tu as lu le résumé, tu as décidé que ça ne ressemblait pas à quelque chose qui méritait d'être publié et tu l'as rejeté. Le résumé est nul, je te l'accorde, mais n'importe qui ayant lu le premier chapitre l'aurait accepté."
"C'est ma faute, je suis vraiment désolé," marmonna-t-il. "Merci de l'avoir relevé, M. Cullen."
Je ne m'attendais pas à ce qu'il reconnaisse mon rôle dans cette histoire, aussi sa réponse me choqua-t-elle.
"Je ne l'ai pas fait. Tu devrais remercier Mlle Swan pour cela, Colin, et t'assurer de le faire à un moment ou à un autre." Tout le monde me regarda et je rougis furieusement. "Réparer tes erreurs n'est pas l'une de ses tâches, alors puis-je vous demander à tous d'élever votre niveau de jeu. Nous ne pouvons pas nous permettre de rater les livres qui valent la peine d'être publiés et je ne tolérerai pas le travail bâclé."
"Merci..." commença Colin mais il fut interrompu.
"Pas maintenant, Colin." Edward secoua la tête et ajouta : "Je veux voir tous les manuscrits qui te seront soumis au cours des deux prochaines semaines. Dès que tu auras fait ton évaluation, apporte-les dans mon bureau. Je dois déterminer s'il s'agit d'une erreur ponctuelle ou d'autre chose. Est-ce que c'est clair ?"
Colin acquiesça une fois et j'eus envie d'embrasser Edward devant tout le monde pour m'avoir donné raison. Cependant, je ne pensais pas qu'il considérerait cela comme une bonne conduite et j'imaginai donc d'autres façons de le remercier plus tard. La réunion se termina quelques minutes après l'humiliation de Colin et Edward nous fit tous sortir, à l'exception d'Emily qui devait passer en revue quelques autres points avec lui.
Dès que je retournai à mon bureau, je pris mon téléphone et je lui envoyai un message.
Je te remercie. C'était vraiment gentil. B x
Je le vis prendre son téléphone et je souris.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César, Bella. Assure-toi qu'il te remercie. E x
Je souris pour moi-même, le côté doux de sa personnalité était trop beau pour rester caché derrière la façade de trou du cul qu'il mettait en avant. En parlant de ça...
Oh et dans un autre ordre d'idée... tête de bite ! B x
Son sourire s'élargit une fraction de seconde avant qu'il ne se reprenne.
Je ne te suis pas. E x
Bien sûr que non. Et au fait j'ai rendu la culotte à sa légitime propriétaire. B x
Je n'ai pas pu résister. Tu me pardonnes ? E x
Tu devrais peut-être ajouter un peu plus de temps de réconciliation à ta longue liste. B x
Considère que c'est fait. Tu ne l'as pas apprécié du tout ? E x
En fait, M. Cullen, c'était plutôt sexy. Ça m'a fait penser à samedi... moi nue... sur ton bureau... c'était amusant. Pouvons-nous le refaire bientôt ? Ou peut-être que cette fois-ci, je pourrais te rendre la pareille ;) B x
Je ris doucement en le voyant tirer sur le bouton supérieur de sa chemise et s'agiter sur sa chaise.
Ça va, monsieur Cullen ? Tu as l'air un peu agité. B x
Il jeta un coup d'œil à travers la vitre, essayant de paraître en colère mais il n'y parvenait pas. Je voyais qu'il mourait d'envie de sourire et je me contentai de rire à nouveau.
Tu es une femme diabolique, diabolique. E x
Je décidai de le laisser se concentrer sur la réunion et je repris mon travail. J'entendis les portes de l'ascenseur s'ouvrir mais je n'avais pas encore levé les yeux que le visiteur prit la parole.
"Bonjour, Isabella."
Je me raidis en entendant la voix de Royce et jetai un coup d'œil nerveux dans le bureau d'Edward. Il me tournait le dos, regardant un dessin sur lequel Emily travaillait.
"Bonjour," marmonnai-je.
"Mon petit doigt m'a dit que tu avais un peu la gueule de bois vendredi." Il sourit et s'assit sur mon bureau. "J'espère que Cullen ne t'a pas trop engueulé."
"Je n'avais pas la gueule de bois," dis-je avec désinvolture. "Qui vous a dit que j'avais la gueule de bois ?"
Il haussa les épaules et demanda : "Cullen n'a-t-il pas dû reporter la réunion parce que tu ne te manifestais pas ? J'espère que nous ne perdrons pas le contrat pour ça, mais la rumeur dit qu'Eric Yorkie parlait exclusivement à Felix Green ce matin à la première heure."
"Vous devez trouver une autre source, mieux informée, pour vos ragots et vos ouï-dire, alors, M. King", lui ai-je dit d'un ton glacial. "Edward a obtenu le contrat samedi matin, il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter."
Royce n'avait pas l'air content de ça mais il le dissimula rapidement et posa sa main sur mon épaule. "C'était super de te voir au club. On devrait recommencer... juste toi et moi."
"Non merci," dis-je poliment, mais mon cœur s'emballait, et pas de la même manière qu'Edward le faisait s'emballer. Je reculai ma chaise pour essayer de rompre le contact, mais il se pencha plus près de moi sur le bureau.
"Je suis sérieux, Isabella, tu avais l'air assez bonne pour être mangée. J'ai été un peu déçu que nous ne puissions pas partir ensemble." Il frotta son pouce sur ma nuque et je la repoussai rapidement.
"J'aurais préféré que vous ne fassiez pas ça," lui dis-je avec colère.
"Pourquoi ?"
"C'est déplacé et ça ne m'intéresse pas." Je me levai et m'éloignai de mon bureau. "Je suis très occupée, M. King. Vous avez besoin de quelque chose ?"
"J'aimerais juste que tu me laisses te sortir et te montrer ce que tu manques," dit-il en réduisant à nouveau la distance entre nous. Je regardai à nouveau vers le bureau d'Edward mais il me tournait toujours le dos. "Nous serions très bien ensemble."
"Je ne suis pas d'accord. Les hommes qui ont des petites amies, des femmes ou des fiancées ne m'intéressent pas et pour être tout à fait honnête, Royce, vous me mettez vraiment mal à l'aise, s'il vous plaît, écartez-vous."
"Tu ne feras pas de scène, Isabella. Tu as besoin de ce travail, tu te souviens ?" Il rit eta essaya de me toucher le visage. "Je pense qu'il y a beaucoup de choses que tu supporterais avant de courir vers ton papa."
Il avait presque raison - je ne voulais pas provoquer une scène et pas parce que je craignais pour mon travail... je craignais pour celui d'Edward. Je pensais à sa colère d'hier et je ne savais pas comment il réagirait face à Royce maintenant. J'étais sur le point de le repousser aussi fort que possible lorsque nous fûmes interrompus.
"Mlle Swan, il faut vraiment que je vous parle." Alice se tenait près de mon bureau, l'air sérieusement énervé. "C'est urgent."
"Excusez-moi," marmonnai-je en la repoussant.
Alice se tourna vers les toilettes et je la suivis. Dès que la porte se referma j'allais lui demander ce qu'il se passait lorsqu'elle me dit : "Tu vas bien ?"
"Oh." Ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais et je hochai la tête une fois. "Oui."
"Il avait l'air plutôt remonté."
"Il ne supporte pas qu'on lui résiste," dis-je à voix basse. "Je ne savais pas trop comment m'y prendre avec lui sans provoquer une scène énorme."
"C'est un con," marmonna Alice. "Mme Goff m'a demandé de garder un œil sur toi. Apparemment, elle a remarqué qu'il avait un penchant pour toi le premier jour. J'allais aux toilettes quand j'ai entendu sa voix."
"Merci," chuchotai-je et elle sourit.
"Pas de problème. Tu devrais le dire à M. Cullen," suggéra-t-elle.
"J'espérais que ça ne serait pas nécessaire," admis-je, ne sachant toujours pas si ce comportement amical était sincère. "Pourquoi es-tu si gentille ?"
"Oui, je suppose que je te dois des excuses pour la façon dont j'ai agi." Elle rit et secoua la tête. "Je déteste l'admettre... mais je pense que nous avions peut-être tort et que Mme Goff avait raison à ton sujet. Je pensais que tu étais ici pour obtenir rapidement un poste important comme celui de M. King. Tout le monde sait qu'il n'a obtenu le poste que grâce à M. Hale et Rosalie. J'ai juste supposé..."
"Tu n'es pas la seule." Je souris.
"Tu fais un excellent travail," dit-elle. "Personne ne peut le nier et Jessica te doit aussi des excuses encore plus grandes pour t'avoir laissé prendre le blâme pour son erreur."
"Ce n'est pas grave," dis-je, encore incertaine. "Je devrais y retourner... M. Cullen n'aime pas que je quitte mon bureau."
"C'est un dur à cuire, c'est sûr," convint-elle. "Ne dis pas aux autres que j'ai dit ça, mais je le respecte pour ce qu'il a fait ici en si peu de temps. Mais je compatis avec toi."
"Pourquoi ?"
"Nous devons le subir pendant une heure le matin et peut-être une ou deux autres fois dans la journée…" rit-elle. "Tu l'as pendant neuf heures... Je ne sais pas comment tu peux le supporter."
Je haussai les épaules. "Je crois que j'ai appris à étouffer ses aboiements."
"Il va falloir que tu m'apprennes à faire ça," sourit-elle.
En sortant de la salle de bains, je remarquai que Royce traînait toujours autour de mon bureau.
Elle me proposa d'attendre mais je secouai la tête.
"Non, je m'en occupe. Merci, Alice," dis-je sincèrement.
"Bien sûr." Elle me fit un sourire amical et me demanda : "Tu vas à la fête de samedi ? C'est la fête de départ à la retraite de M. Hale et de Mme Goff."
"Oh, oui. Cela devrait être amusant," répondis-je, ne sachant pas si le fait de boire de l'alcool en compagnie d'Edward entraînerait autre chose qu'un comportement totalement inapproprié.
"Cool." Elle sourit et retourna au bureau d'édition.
Quand je revins à mon bureau, je demandai à Royce d'un ton glacial : "Vous avez besoin de quelque chose ?"
Il inclina la tête vers le bureau d'Edward. "J'ai besoin de voir Cullen."
"Je vais voir s'il peut être dérangé." En temps normal, je n'aurais pas interrompu Edward mais il était hors de question que je reste seule avec ce sale type et je n'avais honnêtement aucune idée de la façon dont je pourrais m'y prendre sans qu'il ne se retrouve avec mon genou dans l'aine. Je me dirigeai rapidement vers la porte et frappai une fois avant de l'ouvrir. "Je suis désolée de vous déranger, M. Cullen."
Il se retourna et fronça légèrement les sourcils, mais sa voix était douce. "Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Monsieur King est ici pour vous voir," dis-je calmement et sa mâchoire se serra. "Je peux lui dire que vous êtes occupé... hum... mais..."
Il remarqua mon expression et secoua la tête. "Non, c'est bon, Bella. Je suis désolé, Emily, nous devrons finir cela plus tard."
"Bien sûr, M. Cullen." Emily prit ses affaires sur le bureau.
"Dois-je le faire entrer ?" demandai-je en restant nerveusement dans l'embrasure de la porte, réticente à l'idée de retourner auprès de Royce.
"Non," répondit-il fermement et se leva.
"On se voit au déjeuner, Bella ?" demanda Emily en s'approchant de la porte.
"Oui, bien sûr." Je souris.
Edward suivit Emily hors de la pièce et s'adressa à Royce avec raideur "Je n'avais pas réalisé que nous avions prévu une réunion."
"Nous n'en avions pas," dit Royce dit, toutes les politesses ayant disparu depuis qu'Edward était là. "J'ai appris que vous aviez perdu l'affaire du Yorkie et j'ai pensé vous présenter mes condoléances. Isabella et moi en parlions justement et elle semblait penser que vous aviez réussi à le sauver."
"M. King avait l'impression que nous avions perdu le contrat parce que j'étais absente le vendredi matin. Je lui ai dit qu'il avait été mal informé et que le contrat avait été conclu le samedi," dis-je à Edward avec insistance et il hocha la tête une fois. "Il n'a pas l'air de me croire."
"Mlle Swan vous a informé correctement. L'agent de Yorkie et moi nous sommes mis d'accord samedi matin." Il ne donna pas plus de détails et sa posture était rigide et un peu intimidante.
"Phil sait-il que tu étais absente ?" me demanda Royce et avant que je n'aie eu le temps de dire un mot, Edward l'intercepta, se plaçant devant moi.
"M. Dwyer l'apprendra lorsque nous ferons le bilan de nos douze semaines de travail," dit Edward, d'une voix presque venimeuse. "Mlle Swan m'a appelé tôt vendredi matin pour m'expliquer pourquoi elle serait en retard et nous avons simplement reprogrammé une réunion. Je ne vois pas en quoi cela vous concerne, Royce ?"
Je dois reconnaître qu'Edward était si convaincant que je le crus, presque.
"On dit par ici qu'elle est sortie en boîte et qu'elle était trop ivre pour se présenter au travail," dit-il avec désinvolture, et la froideur d'Edward s'estompa légèrement.
Ne sachant que faire d'autre pour désamorcer la situation, je pris la parole " Vous m'avez vu, M. King, je n'étais certainement pas ivre et vous m'avez même offert un daïquiri sans alcool."
"Alors pourquoi étais tu absente ?" insista-t-il.
"Encore une fois, je vous demande de vous occuper de vos affaires," dit Edward avec fermeté. "Mlle Swan est mon assistante et à part M. Dwyer, il n'y a personne d'autre ici à qui elle doit rendre des comptes. Maintenant, avez-vous besoin de me parler de quelque chose ou non ?"
"Pas maintenant," répondit-il froidement. Edward resta à la même place, montrant clairement qu'il ne bougerait pas jusqu'à ce que Royce s'en aille. "Félicitations pour l'affaire du Yorkie, mais j'en ai une encore plus importante en vue."
"Bien," lui dit Edward. "Chaque accord est bon pour la société."
S'il s'attendait à plus de réaction, il ne pouvait qu'être déçu, car Edward restait totalement indifférent. Royce marmonna un au revoir mécontent et se dirigea vers l'ascenseur. Je retournai directement à mon bureau mais Edward attendit qu'il soit parti avant de bouger le petit doigt.
Il s'approcha de mon bureau et s'accroupit à côté de moi. "Que s'est-il passé ?" Ses yeux étudiaient mon visage à la recherche de la vérité.
"Pas grand-chose," mentis-je et Edward le remarqua.
"Bella ?" demanda-t-il doucement. "Dis-moi ce qu'il t'a dit."
"C'était juste une version différente de la même chose flippante. Il n'arrive pas à accepter le message. Ce n'est pas grave." Je levai les yeux et vis Edward qui me fixait. "Je ne le ferais pas... même quand je pensais que tu me détestais... je ne le ferai jamais... il me donne la chair de poule."
"Et c'est tout ?" demanda-t-il comme s'il savait qu'il y avait quelque chose que je ne lui disais pas.
"Grâce à Alice, oui," lui dis-je et il fronça les sourcils. "Alice l'a interrompu..."
"L'a interrompu en train de faire quoi ?" demanda-t-il, à nouveau tendu et rigide. "Bella, qu'a-t-elle interrompu ?"
"Pouvons-nous en parler une autre fois ?" demandai-je et il soupira.
"Ne me repousse pas," chuchota-t-il et cette fois je soupirai.
"Je ne veux pas que tu te fâches à nouveau," admis-je. "Et ce n'était pas grand chose... il pense juste que je suis intéressée, Edward et je pense qu'il allait... peut-être qu'il aurait pu... merde je ne sais pas. S'il te plaît, est-ce qu'on peut laisser tomber ?"
"Pour l'instant," dit-il, la voix tendue. "Mais s'il fait ou dit quoi que ce soit d'autre qui te mette mal à l'aise, dis-le moi." Il jeta un coup d'œil rapide dans la pièce puis me serra la main. "Ou à Phil si tu préfères."
"Je préfère ne rien dire à Phil, du moins pour l'instant." Je voyais bien qu'Edward était très énervé par cette histoire et je ne voulais surtout pas en faire un drame. J'essayai de le rassurer : "Edward, Royce King n'est au fond qu'une pute opportuniste. Tout le monde sait qu'il a trompé sa fiancée de nombreuses fois et il y a bien assez de filles qui veulent coucher avec lui... Je suis sûre qu'il se désintéressera quand il réalisera que ce n'est pas avec moi que ça se passera."
"Sa fiancée est la fille de Peter Hale," dit-il et j'acquiesçai. "Et maintenant que Peter a pris sa retraite, il pourrait essayer de s'assurer d'avoir toujours le soutien des bonnes personnes. Tu es la belle-fille de Phil…" Il continuait à me tenir la main.
"Je le dirai à Phil s'il ne comprend pas, d'accord ?"
"S'il te plaît, Bella." Edward acquiesça et relâcha ma main. "Je devrais retourner au travail."
"Tu veux un café ou autre chose ?" demandai-je en me levant mais il m'arrêta.
"Je vais le chercher." Il gloussa et demanda super poliment : "Mlle Swan, puis-je vous offrir un café ?"
"A la cannelle, c'est bien." Je ris et le regardai avec amusement apporter la boisson. "Eh bien, regardez-moi ça. M. Cullen se montre serviable."
"Ne t'y attends pas trop souvent, j'ai une réputation de tête de bite à défendre." Il fit un clin d'œil et retourna à son bureau.
"Tout va bien ?" Emily me regardait pousser mon déjeuner dans mon assiette. "Tu avais l'air... bizarre quand Royce King est venu voir M. Cullen."
"Grâce à Alice, ce n'était vraiment rien." Je levai les yeux vers elle et haussai les épaules. "Il me donne la chair de poule."
"Tu peux me parler, Bella," me sourit-elle gentiment. "Entre amies."
"Je ne sais pas... Je suppose qu'il ne semble pas comprendre que je ne suis pas intéressée." Je renonçai à manger, mon appétit s'était totalement évanoui. "Il est tactile et après jeudi, je me sens encore plus mal à l'aise avec lui."
Merde.
"Que s'est-il passé jeudi ?" demanda-t-elle.
"Euh..." J'hésitai.
"Bella ?"
"Je suis sortie avec Amber et Carmen," dis-je à voix basse. "J'ai bu une coupe de champagne quand nous sommes arrivées et rien d'autre. J'ai croisé Royce au bar, il nous a offert un verre, on a parlé quelques minutes et je l'ai laissé là."
"D'accord." Elle fronça les sourcils. "Que s'est-il passé ?"
"Quelqu'un nous a envoyé un verre et comme une idiote, je l'ai bu. Je ne sais pas qui l'a envoyé ni ce qu'il y avait dedans, mais les filles sont convaincues que c'était Royce. Je me suis sentie bizarre et j'ai fini par me sentir malade et désorientée. Je me suis endormie sur le sol de la salle de bain et je me suis réveillée à l'heure du déjeuner." Je vis les yeux d'Emily s'écarquiller. "Je pense que j'ai peut-être été... hum..."
"Tu penses que tu as été droguée ?" dit-elle. "As-tu appelé la police, Bella ?"
"Non... Je veux dire que rien ne m'est arrivé, les filles m'ont ramené à la maison." Je secouai la tête. "Et qu'est-ce que j'allais dire ? Un homme que je n'ai jamais vu m'a offert un verre et je pense que j'ai peut-être été droguée mais je n'en suis vraiment pas sûre… ?"
"Tu leur parles de Royce," dit-elle férocement.
"Leur dire quoi ? Qu'un type qui a essayé plusieurs fois était dans le même club et que c'était donc probablement lui ?" Je faillis rire devant l'absurdité de la situation. "J'aurais dû être plus prudente."
"Que s'est-il passé quand tu es arrivée au travail ?" chuchota-t-elle. "Je veux dire, qu'a dit M. Cullen ?"
Comment allais-je m'y prendre ?
"Il m'a renvoyée chez moi et m'a fait travailler le samedi. J'espérais que tout cela avait l'air cool et posé.
Emily sourit. "C'est tout ce que tu veux me dire ?"
"Hein ?"
"M. Cullen a annulé tous ses rendez-vous vendredi après-midi... Je suis presque sûre qu'il a été absent presque toute la journée." Elle rit. "Et tu rougis complètement."
Je gémis et me cognai la tête sur la table. "Emily," pleurnichai-je. "Ce n'est pas ce que tu crois."
"Vous êtes tous les deux... ?"
"Non," dis-je avec insistance. "M. Cullen m'a ramenée chez moi après que j'ai vomi dans la poubelle. J'ai eu droit au discours sur l'irresponsabilité bla, bla, bla... et puis je crois qu'il s'est rendu compte que je n'avais pas seulement la gueule de bois."
"Tu as vomi dans la poubelle ?" demanda-t-elle, amusée, et je hochai la tête. "Je parie qu'il est devenu fou !"
"Oui," dis-je. "Je ne sais pas ce qu'il a fait vendredi après-midi... J'étais à peu près inconsciente."
"Tu vas le dire à Phil ?" demanda-t-elle et je secouai la tête. "Bella."
"Ecoute, je ne veux pas courir vers Phil à chaque fois que quelque chose ne va pas. Tout le monde semble aimer Royce et à part quelques personnes, personne ne m'aime. Tu imagines ce qu'il va se passer si on apprend que je l'ai accusé de quelque chose comme ça ?" gémis-je. "Je suis sûre qu'il comprendra et que ce n'est probablement même pas lui qui a envoyé le verre."
"Tu y crois vraiment ?" demanda-t-elle, dubitative.
Et la vérité, c'est que je n'y croyais pas...
Edward...
Peut-être que je devrais aller voir Phil et lui faire part de mon inquiétude quant à l'intérêt de King ? Mais elle ne veut pas qu'il soit impliqué - elle est tellement têtue. Je ne comprends pas son intérêt... enfin si, je veux dire, bien sûr que je vois son intérêt, mais quand même pour la droguer quand elle était avec ses amies ? Je ne comprends pas. S'il la regarde encore de travers, je le dirai à Phil et s'il pose un doigt sur elle... je le tuerai, putain.
Note de l'auteur
Le cas de Royce fait partie de l'histoire à venir, mais pour l'instant je pense qu'il est temps de s'amuser avec E&B :)
