Salut à tous ! Un grand merci pour à ceux qui lisent, bien sûr, mais aussi à ceux qui commentent, qui placent l'histoire dans leurs favoris et leurs fanfictions suivies. Ca aide à partager l'histoire au plus grand nombre et après tout, c'est aussi le but.

Bonne lecture ! Et je vous préviens : il y a du suspens à la fin !


Sirius avait bondi sur ses pieds avant même de le réaliser.

« Quoi ? » gémit-il.

Dora ne répondit pas, l'air sinistre.

« Quand ? Où- Comment ? Pourquoi ? »

« Il y a deux nuits. Elle était dans son appartement, juste- j'sais pas, occupée à faire ce que Bones fait quand elle est seule. Quelqu'un s'est apparemment introduit chez elle. Rattler est allé chez elle quand elle n'est pas venue au travail hier. Je ne sais pas dans quel état elle était quand il l'a trouvé, mais apparemment, elle n'était pas en état de bouger ou d'appeler à l'aide. »

Inconsciente, murmura l'esprit de Sirius, tandis que des compétences longuement oubliées refaisaient surface dans sa tête. Ou elle aurait lancé un Patronus.

« Elle a été emmené à Sainte-Mangouste et son état est stable, mais personne n'est autorisé à la voir. »

Elle hésita, puis son visage se crispa.

« Fol-Oeil ne gère pas très bien. Personne, en fait. »

« Alors ils veulent mon aide ? » demanda Sirius, sceptique.

Dora se mordit la lèvre et Sirius fronça les sourcils, fixant le dossier sur la table, puis sa cousine.

« Dora ? »

« Je veux ton aide. » dit-elle finalement.

Sirius la dévisagea.

« T- Mais- »

« J'ai fait une copie du dossier, admit-elle rapidement. Comme je te l'ai dit, personne ne gère – par Merlin, Fol-Oeil est juste assis dans son bureau, à regarder de vieilles photos et Scrimgeour ... »

« Quoi Scrimgeour ? »

« Et bien, dit-elle en regardant autour d'elle comme si elle avait peur qu'on l'entende. Tu ne crois pas qu'il y a une raison pour laquelle Scrimgeour est chef du Bureau des Aurors et pas responsable du Département de Justice Magique ? »

« Évidemment. Amélia est faite pour ce poste – elle et Rattler, d'ailleurs – mais Scrimgeour gérerait tout aussi bien, dit Sirius. Il pourrait être Ministre un jour, s'il continue comme ça- »

« S'il vit assez longtemps, murmura Dora, l'air inquiète. Écoute, Scrimgeour est super et tout ça, mais il est fait pour obéir aux ordres, pas pour les donner- »

« Il donne des tas d'ordres. » dit Sirius.

Il avait personnellement expérimenté pas mal de ces ordres.

« Oui, mais- Je veux parler de gestion. Il est du genre à agir avant de réfléchir, établir un plan sur le tard, alors que Bones est très organisée et très- »

« Prudente. » suggéra Sirius.

Dora acquiesça.

« Et il n'y a rien de mal à ça. C'est juste un fait, mais il y a une raison pour laquelle c'est Bones qui donne les ordres à Scrimgeour et pas l'inverse, malgré la différence d'âge, malgré la différence en termes d'expérience, malgré- »

Elle s'interrompit et prit un moment pour se reprendre. Sirius avait la nette impression qu'elle y avait beaucoup réfléchi et il était plutôt impressionné. Pour ses dix-huit ans, elle présentait une très bonne compréhension des politiques inter-services et des questions de pouvoir.

« On s'éloigne du sujet. Je veux juste dire que Scrimgeour hésite maintenant – à essayer de deviner ce que Bones voudrait qu'il fasse- »

« Il devrait juste demander à Rattler- »

« Rattler ne gère pas très bien non plus, dit-elle. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont – étaient – deux à gérer le service. C'est un poste pour deux personnes. »

« Et il n'a pas la même expérience. Il était Tireur d'élite. » dit Sirius en pensant à voix haute.

Dora acquiesça sombrement. Rattler avait une expérience des menaces telles que celle qu'ils vivaient actuellement, mais comme Scrimgeour, il était du genre à attaquer d'abord et à poser des questions ensuite. Lui et Amélia étaient des personnes très différentes à ce sujet. Cela marchait bien car ils trouvaient un équilibre, mais sans Amélia, il n'y avait rien à équilibrer. Sirius jura et Dora ajouta quelques gros mots de plus. Ensuite, elle balaya la pièce du regard, un peu gênée, comme si elle s'attendait à ce que Kreattur apparaisse et la gronde.

« Tout le service est en train de se renfermer, dit-elle. C'est- Peut-être qu'ils sont sous le choc ou- Je ne sais pas. En tout cas, on ne peut pas rester assis et attendre que ça passe. On doit enquêter sur cette affaire, on doit découvrir qui est leur prochaine cible, et pourquoi, et comment les arrêter- »

« Il y a eu des signes avant cette attaque ? demanda Sirius. Est-ce qu'Amélia agissait étrangement ? Est-ce qu'elle a été menacé ? »

« C'est la seule qui pourrait te dire ça, dit Dora. Mais non, pas à ce que je sache. »

Elle se tut à nouveau, avant de regarder durement Sirius, qui eut alors très envie de se mettre à se triturer les doigts.

« Ça veut dire que tu vas aider ? »

« Tu demandes vraiment ? » demanda Sirius en attirant le dossier à lui.


« Lupin. »

Remus se crispa et regarda autour de lui.

« Qu'est-ce que vous faites là ? » demanda-t-il, tandis que l'homme l'approchait.

Bien sûr, Remus le reconnut dans la seconde, mais au milieu de la foule réunie au Chaudron Baveur – qui était plutôt dense, si proche de Noël – il doutait que quiconque ait remarqué cet homme.

« Je sais que je suis le leader d'un groupe de sorciers talentueux et très dangereux- »

Remus leva les yeux au ciel.

« -et que cela m'occupe vraiment beaucoup, mais même moi, je trouve le temps de sortir de temps à autres. »

L'homme lui offrit un léger sourire et s'assit en face de Remus, qui regrettait maintenant de ne pas avoir choisi de manger au bar.

« En particulier quand j'ai un agenda- »

« Vous m'avez suivi jusqu'ici ? » demanda Remus.

Soit il n'avait pas entendu, soit il choisit délibérément d'ignorer le ton froid de Remus, mais l'homme reprit la parole.

« S'il vous plaît, Lupin, le monde ne tourne pas autour de vous. »

« A plus tard alors. » dit Remus.

Il croisa le regard de Tom et plaça un gallion sur la table pour payer son burger et sa bièraubeurre, avant de se lever et de s'éloigner. Il ne fut pas du tout surpris d'entendre l'autre homme le rappeler. Avec réticence, il fit demi-tour et se rassit.

« Intéressant. » dit-il à haute voix.

L'autre homme arqua un sourcil.

« Il semblerait, dit Remus sur un ton léger. Que le monde – ou en tout cas, votre monde – tourne finalement autour de moi, du moins pour le moment. »

« Oh, par Merlin- »

L'autre homme eut l'air agacé, mais ne finit pas sa phrase.

« J'ai besoin de votre ai- »

« Non. » répondit Remus, avant même d'avoir entendu ce que l'autre homme voulait.

« Vous étiez d'accord- »

« Pour ne rien dire à Sirius, dit Remus en le coupant. Je ne compte pas coopérer davantage. »

Des mois de frustration se sentirent dans sa voix, une voix qu'il réussit à garder basse et calme. Crier n'aiderait personne.

« Vous savez à quel point c'est agaçant, de regarder vos meilleurs amis sauter des repas, s'empêcher de dormir, rester tard à travailler pour essayer de découvrir votre prochaine action ? Ils sont fatigués, stressés, perdus et Dora culpabilise pour ce qui est arrivé à Amélia la semaine dernière. Ils se demandent tous les deux pourquoi diable je n'essaye pas d'aider- »

« Vous n'aidez pas ? »

L'autre homme eut l'air sincèrement étonné.

« Bien sûr que non, lâcha Remus. Si je leur mens ou que je leur donne de faux indices, l'un d'entre eux va s'en rendre compte. Je ne leur dis pas tout, mais je ne compte pas leur mentir. Je les respecte trop pour ça. Et je ne compte pas les aider non plus, parce que j'ai des ordres qui me disent spécifiquement de faire l'inverse. »

Cette dernière phrase était pleine d'amertume. L'autre homme le dévisagea pendant un moment.

« Moi et mes … partisans … nous apprécions votre coopération- »

« Honnêtement, je me fiche de savoir si c'est apprécié ou non. » s'écria Remus.

Pour la première fois, l'autre homme le regarda avec méfiance, se rappelant peut-être que Remus était, en fait, dangereux. Peut-être même qu'il se demandait quand avait lieu la prochaine pleine lune.

« Je ne le fais pas parce que vous- »

« Je sais pourquoi vous le faites, dit l'autre homme. Et je suis bien conscient que ce n'est pas pour me rendre heureux. »

Remus soupira.

« Ce n'est pas- Écoutez, je soutiens votre … cause … ou peu importe comment vous voulez l'appeler, dit-il. Et c'est la seule raison pour laquelle je fais ça- »

Il pointa un doigt en direction de l'autre homme, qui acquiesça et le regarda avec méfiance.

« -mais ne vous attendez pas à ce que je m'implique. Vous avez monté ça vous-même et je ne travaillerais pas contre Sirius- »

« Vous l'avez déjà dit, dit l'homme en levant les yeux au ciel. D'ailleurs, vous êtes déjà impliqué ... »

Remus lui lança un regard noir.

« Très bien, très bien. Pas la peine de mettre sa baguette dans- »

« Pourquoi vous êtes là ? » demanda Remus, sa patience menée à bout.

« Pour des informations. »

Remus jeta un œil à sa montre, soupira et fit signe à Tom, pour lui demander d'amener une autre bièraubeurre. L'autre homme commanda un whisky Pur-Feu. Ils attendirent en silence que les boissons arrivent. Remus prit alors une gorgée et croisa ses mains.

« Que voulez-vous savoir ? »


Sirius frappa à la porte et l'ouvrit, se disant qu'elle serait verrouillée s'ils ne voulaient pas de visiteurs, et aussi que Mary et Susan étaient probablement habituées aux visites surprises.

Pour confirmer cela, Mary, qui était attablée avec un livre, leva les yeux d'un air impatient. De la surprise – une des rares choses qu'elle pouvait ressentir – passa sur son visage et la bouche de Susan s'entrouvrit.

« Bonjour. » dit-il.

« Sirius. » dit Mary en souriant.

Sirius eut presque l'impression que le sourire était sincère.

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

« Je suis venu voir Amélia Bones. » dit Sirius en glissant ses mains dans ses poches.

Il remarqua une photo de Lily, Alice, Mary et Marlène et passa quelques secondes à la fixer avant de détourner le regard. Une morte, une folle, une femme sans-cœur et une femme brisée, pensa-t-il.

« Je pensais que tu aurais pu- »

« Non. » répondit Mary.

« Ma- »

« Non. »

Et avec ça, Mary quitta Sirius des yeux et reprit sa lecture.

« S'il te plaît ? J'ai besoin de lui poser quelques questions sur ce qu'il s'est passé quand elle a été attaqué. »

Mary ne répondit pas.

« C'est important. »

« Elle se repose. » dit Susan, ouvrant la bouche pour la première fois.

« Elle a eu une semaine de repos. Elle doit être stable, au minimum. Je n'ai besoin que de quelques min- »

« Je suis la guérisseuse en charge, dit Mary. Et j'ai dit non. Elle a besoin de se reposer et ne recevra aucun visiteur- »

« Aucun visi- »

La tendance de Mary à lui couper la parole commençait à l'agacer.

« Elle a été attaqué, presque tué. Je suis sûre que tu peux comprendre notre réticence à laisser quiconque l'approcher. Tu n'entreras pas. Donc à moins que tu aies besoin de quelque chose d'autre, c'est le moment de partir maintenant. »

« Mary, s'il te plaît. Elle sait peut-être quelque chose d'important- »

« Je suis sûre que oui. »

« Et j'ai besoin de cette information. C'est moi. Je ne lui ferais pas de mal. C'est une ancienne amie de- »

« Tu devras te débrouiller autrement. » dit-elle.

La colère était un mot trop fort pour décrire l'état de Mary, mais la frustration correspondait certainement. Sirius se demanda pourquoi elle refusait avec autant de véhémence.

« Personne- »

Ses yeux se posèrent sur la photo, comme si elle essayait aussi de diriger ses mots vers là, vers une personne qui se trouvait dessus.

« -n'a le droit d'entrer. »

« Marlène est venue aussi, pas vrai ? » demanda Sirius.

C'était évident. Lily avait disparu, Alice – aux dernières nouvelles – n'était pas en état d'enquêter et Mary elle-même était là, bornée. Il n'y avait qu'une autre fille sur la photo.

« Oui, dit Mary. Et je lui ai aussi dit de partir. »

Sirius se figea pendant une demi-seconde, avant de faire volte-face.

« Enfin. » entendit-il Mary dire avec impatience, tandis qu'il ouvrait la porte et s'empressait de sortir.


Il en fallait beaucoup pour surprendre Marlène ces jours-ci. Alors, lorsque mi-décembre, Sirius se pointa à sa porte, retirant la neige des épaules de sa veste en cuir noir, elle hésita à peine avant de reculer pour le laisser entrer à l'intérieur. Il l'avait retrouvé dans une prison moldue. Ce n'était pas très surprenant qu'il la retrouve ici, à son domicile.

« Oui ? » demanda-t-elle en arquant un sourcil.

Sirius ouvrit rapidement la bouche – il y avait apparemment quelque chose qu'il avait hâte de dire ou de demander – mais ce qui sortit de sa bouche n'avait pas l'air de correspondre à ce qu'il avait d'abord eu en tête.

« Tu vas bien ? »

« Évidemment, dit-elle en levant les yeux au ciel. Je suis toujours entière, pas vrai ? Toujours là- »

« -et pas en prison, finit-il avec sérieux. Oui, c'est sûr. »

Elle le regarda l'observer avec un air qu'elle ne pouvait lire.

« Mais Amélia- »

« -est une bonne amie et ce qui lui est arrivée est horrible. Mais elle ne va pas mourir et elle est entre de bonnes mains, dit Marlène. Ce n'est pas la fin du monde. »

Elle prit une longue inspiration.

« Et tu t'es dit ça combien de fois depuis que c'est arrivé ? » répliqua Sirius.

« Ça ne te regarde pas. » répondit-elle.

« Tu le penses vraiment ? » demanda Sirius, avec une voix douce tout à coup.

Marlène grimaça et fit volte-face.

« Attends ! soupira-t-il, et elle entendit qu'il la suivait. Marly, s'il te plaît, j'ai besoin de te parler. »

Elle ne s'arrêta pas. Au contraire, elle continua de marcher jusqu'à arriver dans son salon. Elle se laissa tomber sur l'un des canapés, croisa les bras et les jambes et fusilla Sirius du regard, Sirius qui se tenait dans l'encadrement de la porte, l'air hésitant.

« Alors ? » demanda-t-elle.

Il s'approcha avec la prudence d'un homme qui s'avançait vers un Cognard qui n'était pas tout à fait sécurisé dans sa boîte et s'assit sur le canapé opposé.

« Qu'est-ce que tu faisais à Sainte-Mangouste ? »

« Qui a dit que j'étais là-bas ? » demanda-t-elle en gardant un visage impassible.

Elle savait pourtant que Sirius était parfaitement capable d'avoir déjà l'information.

« Mary, dit Sirius, faisant soupirer Marlène. Elle n'était pas très contente de toi. »

« Elle s'en remettra. » dit Marlène.

Et c'était vrai. Mary ne pouvait littéralement pas conserver de rancœur parce qu'elle n'avait plus la capacité émotionnelle de le faire. Sirius haussa les épaules.

« Qu'est-ce que tu faisais à Sainte-Mangouste ? »

« La même chose que toi. » dit-il en soutenant son regard.

« J'en doute. » répondit-elle.

« Enquêter. » dit-il en arquant un sourcil.

« Sans permission. » dit Marlène en lui adressant un regard désapprobateur.

« Quand est-ce que ça m'a déjà arrêté ? » demanda Sirius.

« Ce n'est pas une règle stupide fixée par un professeur, Sirius, dit-elle. Des vies sont en- »

« C'est exactement pour ça que je voulais de l'aide, dit-il en fronçant les sourcils. J'aurais pensé qu'après l'Ordre, toi, tu aurais compris. »

Marlène hésita. Elle se replaça sur le canapé, rapprochant ses genoux de sa poitrine de façon à pouvoir poser son menton dessus. Elle observa Sirius pendant un long moment, son instinct se disputant avec l'avis qu'elle avait essayé de s'imposer les mois derniers.

« Si personne ne t'a demandé d'aider, alors peut-être que tu devrais- »

« Toi aussi ? demanda-t-il, tranchant. Après tout ça, tu vas vraiment me dire que je devrais prétendre ne rien savoir et ne rien faire ? »

« Sirius, tu ne comprends pas, s'entendit-elle dire. Juste- l'affaire est entre de bonnes mains- »

« Je sais. » dit Sirius en lui adressant un regard éloquent.

Marlène le fixa, visiblement troublée par l'aveu.

« Comment- »

« C'est Dora qui s'en occupe, dit Sirius en baissant la voix. Et Fol-Oeil. »

« Non, répondit Marlène, confuse. C'est Gawain et moi. »

Elle s'arrêta, réalisant ce qu'elle venait juste de dire. Alors elle attrapa le coussin le plus proche d'elle et le lança sur Sirius avec autant de force que possible.

« Tu m'as piégé pour que je te le dise ! »

Sirius, qui avait évité le coussin, savait qu'il valait mieux ne pas le relancer. Au lieu de ça, il s'assit dessus.

« Si tu ne fais ne serait-ce que murmurer un mot à quiconque, alors crois-moi que je- »

« Que tu me feras quelque chose d'horriblement gênant ou vil, j'en suis certain. » ricana Sirius, mais il avait l'air troublé.

« Exactement. » confirma-t-elle platement.

Sirius jouait distraitement avec une sorte de collier qu'il portait et fronçait les sourcils en regardant le sol. Il réfléchissait apparemment fortement à propos de quelque chose.

« Sirius ? » demanda-t-elle, hésitante.

Il ne sembla pas l'entendre.

« Sirius ? »

« Il faut que j'y aille. » dit-il, l'air toujours incertain lorsqu'il se leva.

Il avait déjà disparu dans le couloir qu'il reprit la parole.

« Il y a un truc qui vient juste d'arriver. »

Marlène se leva pour le suivre.

« Au nom de Merlin, Sirius, tu parles de quoi ?! T'étais là tout le temps, tu n'as reçu ni lettre, ni appel sur ton Sidekick, tu n'as parlé à personne sauf moi, comment quelque chose aurait pu arriver ? »

Sirius haussa les épaules et ouvrit la porte d'entrée. Elle leva la main, attrapa sa manche et tira pour qu'il se retourne vers elle. Son visage était illisible et elle n'aimait pas ça.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je ne sais pas. » dit-il.

Elle pensa qu'il était honnête. Elle lâcha sa manche si soudainement qu'il pensa probablement qu'elle s'était brûlée.

« Je- On se voit plus tard. »

Marlène se mordit la lèvre, sans savoir si elle devait lui demander des explications ou juste le laisser partir.

« Merci pour- et bien, pour m'avoir laissé entrer. » dit-il.

« Je t'en prie. »

Sirius s'en alla, jetant un dernier regard par-dessus son épaule, mi-inquiet, mi-confus.


« Je ne savais pas à qui d'autre en parler, dit doucement Sirius en s'asseyant. Je ne sais pas- j'ai peur. Je veux dire, je fais complètement confiance à Lunard … et s'il s'est montré bizarre ces temps-ci, je suis sûr qu'il y a une bonne explication derrière ça, mais- Aaah ! La dernière fois que j'ai douté de lui, c'était finalement Peter le responsable, et ne pas lui avoir fait confiance – ne pas m'être confié à lui – a été l'une des plus grosses erreurs que j'ai jamais faite. Mais je sais qu'il y a quelque chose. Filer en douce pour aller à des réunions, ne pas répondre clairement quand je lui demande où il était et le fait qu'il était de sortie le jour où Amélia … Je sais, dit-il, anticipant la réponse avant qu'elle n'arrive. Je sais, c'est sans doute une coïncidence, mais j'ai quand même un mauvais pressentiment. Et je déteste ça, poursuivit-il. Je déteste ne pas réussir à lui faire parfaitement confiance en ce moment. Je me sens comme le type le plus idiot du monde, parce qu'il n'a jamais été autre chose que loyal et moi, je suis là à l'accuser de- Je ne sais même pas de quoi je l'accuse ! »

Sirius passa une main dans ses cheveux et donna un coup de pied dans l'objet le plus proche, qui se trouva être une chaussure. Elle vola dans la pièce et frappa le mur avec un bruit sourd.

« Peut-être qu'il est impliqué et peut-être qu'ils ne sont pas malveillants … Mais alors pourquoi il n'aurait rien dit ? Et pourquoi auraient-ils attaqué Scrimgeour et envoyé Amélia à Sainte-Mangouste ? Et puis, il y a Dora- Je fais confiance à Dora, mais je fais aussi confiance à Marlène, et elles ne peuvent pas être toutes les deux en charge de l'affaire ! Et je sais que Marlène a essayé de me tuer, mais elle ne m'a jamais menti, alors je ne vois pas pourquoi elle commencerait maintenant, et ce n'est certainement pas son genre de s'impliquer avec des Mangemorts ou qui que soient ces foutus Serpent Sworn. Mais c'est pas le genre de Dora non plus, mais le Ministère n'assignerait pas une affaire à deux Aurors différents et leur apprenti sans que les autres le sachent ! Tu sais qu'ils ne feraient pas ça ! Et à moins que Fol-Oeil ou Robards soient derrière ça- »

Sirius n'aimait pas ces possibilités.

« -alors je- je ne peux pas- ça n'a aucun sens. Je ne sais pas quoi faire, James. Je n'en ai aucune idée. Le dossier que Dora a rapporté ne comporte quasiment rien et maintenant, je me demande même si les infos sont fiables … Je ne suis même pas censé aider, mais je ne peux pas vraiment laisser les choses comme elles sont, pas vrai ? Pas quand ils pourraient être après Harry. »

Sirius cacha son visage dans ses mains.

« C'est juste- Je ne peux parler à personne d'autre – Lunard est bizarre ces temps-ci, Dora, Marly ou Robards pourraient potentiellement travailler pour les Serpent Sworn et je ne peux pas lâcher tout ça à Harry. Rogue et Dumbledore n'ont pas plus d'idée que moi et c'est juste- j'ai vraiment besoin d'aide, Cornedrue. »

Depuis l'une des photos sur le mur, James lui souriait et Sirius lui rendit un sourire triste.

« Le Maître n'obtiendra pas de réponses ici, Kreattur ne le croit pas. »

Kreattur entra dans la pièce, tenant dans les mains une assiette de biscuits et une tasse de thé fumante, qu'il tendit à Sirius. Ensuite, avec hésitation, comme s'il s'attendait à être rabroué, Kreattur s'assit sur le lit à côté de Sirius et lui tapota le genou.

« Merci. » dit Sirius en fixant les biscuits.

Il ne se sentait pas vraiment de manger, mais il appréciait le geste. Kreattur tapota de nouveau son genou.

« Est-ce que Kreattur peut faire quelque chose pour aider le Maître ? » demanda Kreattur avec espoir.

« Tu ne sais rien sur les Serpent Sworn, par hasard ? » demanda Sirius, sans s'attendre à une réponse positive.

Les oreilles de Kreattur tombèrent et il secoua la tête.

« Kreattur n'a rien à partager avec le Maître sur ce sujet. » dit Kreattur.

Il soupira et passa un moment à admirer sa bague, avant de lever les yeux et de regarder la photo de James avant de se tourner vers Sirius.

« Kreattur pense que, dans ces moments stressants, le Maître est sage de se montrer prudent, mais pas envers ses amis. Plus facile à dire qu'à faire, Kreattur le sait bien. »

Il parlait de la voix la plus douce qu'il pouvait, malgré sa voix de crapaud.

« Mais le Maître Sirius a choisi de bons amis. Des amis en qui il peut avoir confiance, Kreattur le pense. »

Kreattur adressa un sourire sans dent à Sirius.

« Même si ce sont des hybrides et des traîtres à leur sang. »

Il tapota le genou de Sirius pour la troisième fois et hocha la tête.

« De bons amis, c'est vrai. »

« Merci Kreattur. » soupira Sirius.

« Ça va s'arranger, dit Kreattur avec optimisme. Le Maître verra. »

Et avec ça, il sauta du lit et disparut dans son habituel bruit de craquement.

« Je l'espère. » dit Sirius à la pièce vide.


Harry s'ennuyait. Il s'était lui-même cuisiné des œufs et du bacon pour le dîner pour donner une soirée de repos à Kreattur. Il avait mangé, fait la vaisselle, lavé la cuisine, rangé sa chambre et la salle d'entraînement, préparé une potion de changement de couleur de cheveux à glisser dans le thé de Patmol à un moment donné demain (c'était un samedi), il avait fait ses devoirs et emballé tous ses cadeaux de Noël pour la semaine prochaine.

Harry s'ennuyait vraiment beaucoup. Et il ne pouvait même pas aller se coucher car il n'était que huit heures et qu'il serait incapable de s'endormir avant au moins une heure.

« Maître Harry, dit Kreattur en sortant de son placard. Kreattur se demande si peut-être, le Maître pourrait aller fait les cent pas ailleurs ... »

« Désolé. » dit Harry, penaud.

Kreattur disparut de nouveau dans son placard, l'air soulagé.

Finalement, Harry se rendit dans la salle d'entraînement, lançant des sorts sur les murs et sur le mannequin d'entraînement. Lui et Patmol n'avaient pas beaucoup travaillé les sortilèges dernièrement – Patmol craignait qu'il soit trop avancé lorsqu'il commencerait Poudlard – et cela faisait du bien de s'entraîner un peu, même si c'était des vieilles choses.

Il se laissa tomber sur le sol, fatigué, et pensa que peut-être, il pourrait travailler sur son incantation d'Animagus. Mais il décida quelques secondes plus tard qu'il n'avait pas envie de s'embêter avec ça et décida qu'il allait faire la seconde meilleure chose. Peut-être qu'il pourrait essayer de voir à quoi ressemblaient les pleines lunes, une fois qu'il serait un Animagus … c'était un intérêt purement scientifique … pas du tout lié à sa grande curiosité.

Il courut jusqu'à sa chambre et attrapa le miroir de son père, avant de se laisser tomber sur son lit.

« Sirius Black. » dit-il.

Le miroir brilla et montra le salon de Lunard et le petit banc de la cuisine en arrière-plan. Harry eut l'impression d'entendre le hurlement d'un loup, mais il ne pouvait voir ni Patmol, ni Lunard. Ostendere me omnia, pensa-t-il, espérant qu'il serait capable de voir à travers les murs de la maison de Lunard.

Cependant, le reflet dans le miroir se contenta de briller en jaune doré. C'était la magie de Lunard, planant comme une brume dans la maison. Il y avait des traces de la magie rouge de Patmol et même l'arc en ciel de Tonks. Le miroir lui-même brillait d'un rouge profond avec des rayures dorées. Harry savait que c'était la magie de James et regarda avec fascination la magie virevolter – comme les ailes d'un Vif d'Or – sans partir nulle part pour autant. Il interrompit le sort sur le miroir et la maison de Lunard disparut. Tout ce que Harry pouvait voir maintenant était son propre reflet. Le rouge et or de sa magie, le vert de ses yeux, le noir de ses cheveux et de son … front ... ?

Harry fixa son reflet, stupéfait. Sa cicatrice était noire. Noire, avec du vert et de l'argent- Non, pensa Harry. Non, c'est impossible. Mais c'était pourtant ça. Noir, vert et argentée comme le médaillon, comme les sorts de protection dans la caverne, comme Voldemort. Il posa à nouveau son regard sur le miroir, horrifié, et tenta de frotter son front pour retirer ça.

Ça ne partait pas. Il essaya encore et encore, bien qu'il savait que c'était inutile. Il ne pouvait rien sentir, mais il ne savait pas si c'était mieux ou pire. Il ne savait pas depuis combien de temps c'était comme ça. Il ne savait pas si ça le contrôlait. Il ne savait pas jusqu'à quel point il contrôlait sa propre personne, s'il était aussi mauvais que Voldemort ou s'il allait le devenir. Il ignorait si Voldemort savait que sa magie vivait toujours en Harry et s'il pouvait utiliser ça pour lire son esprit ou attaquer des gens de la même façon que le médaillon l'avait attaqué. Et s'il attaquait Patmol ? S'il se réveillait un jour et décidait de tuer des moldus ? Comme Hermione ? Ou Blaise ? Ou Mme Phelps ou n'importe qui d'autre ?

Les fenêtres explosèrent tout à coup, ainsi que les lampes. Les rideaux tombèrent d'un coup sur le sol. Harry laissa échapper un petit sanglot et sortit de la salle d'entraînement en courant. Au moment où il pénétra dans sa chambre et attrapa son sac à dos sous le lit, il s'était assez calmé pour réfléchir à ses options.

Je ne peux pas rester ici, pensa-t-il, étrangement détaché, tandis qu'il sortait des vêtements de son armoire et les fourrait dans son sac. Patmol … Patmol va- Harry se mordit la lèvre. Lunard a Tonks maintenant. Il attrapa une autre paire de baskets et les glissa aussi dans le sac. Je ne peux pas aller au Ministère, parce qu'ils vont m'emmener directement chez Ombrage et ça n'aidera personne … Dumbledore pourrait m'aider … Mais il ne voudra pas me garder près de ses élèves quand il réalisera que j'ai Voldemort en moi … Rogue, c'est hors de question, car il vit à l'école … Je ne peux pas retourner chez les Dursley non plus. Patmol va chercher là-bas et je pourrais leur faire du mal.

Il serait seul, réalisa Harry, peu importe où il irait. Il attrapa une photo des Maraudeurs et de Lily sur son bureau et la plaça avec précaution dans la poche frontale de son sac. Puis, après un instant d'hésitation, il attrapa la clé de son coffre à Gringotts et le gros sac de gallions qu'il avait gagné en guise d'argent de poche.

Il passa silencieusement près du placard de Kreattur pour se rendre dans la bibliothèque, où il attrapa La défense magique pratique et ses utilisations contre les forces du mal et Baguettes en guise d'armes.

Il s'en alla ensuite. Il passa par la porte d'entrée et la referma aussi silencieusement que possible, avant de tourner à gauche, n'osant pas regarder la maison de Marlène. Une fois à distance, il sortit sa baguette.


« Il ne répond pas. » dit Sirius, les sourcils froncés.

Affalé sur le canapé, Remus accepta un bol de porridge de la part de Sirius et se redressa en grognant.

« Peut-être qu'il dort encore. » suggéra Remus.

« Peut-être. » dit Sirius, pas convaincu.

« Je t'en prie, va vérifier si ça va, dit Remus, grimaçant en s'asseyant. Tu veux que je vienne aussi ? »

« Non, reste là, dit Sirius. Termine ton petit-déjeuner et je reviendrais avec du thé. »

Sirius entra dans la cheminée et ressortit dans la cuisine silencieuse du Square Grimmaurd. Il prit une inspiration prudente, mais aucune odeur particulière ne ressortait. La table était propre, la vaisselle près de l'évier avait été lavé, mais pas rangé, ce qui voulait dire que c'était Harry qui s'en était chargé. Souriant doucement, Sirius agita sa baguette et envoya la vaisselle se ranger dans le placard.

Il hocha la tête, satisfait, et se rendit à l'étage. Ce fut là qu'un mauvais pressentiment apparut – le même qui l'avait ennuyé toute la matinée. Ce n'était rien de trop grave, mais toutes les portes étaient fermées et cela inquiéta franchement Sirius.

Il grimpa les escaliers quatre à quatre jusqu'à atteindre le pallier du quatrième étage et il ouvrit la porte de Harry à la volée.

Harry ne leva pas les yeux en lui demandant ce qu'il faisait. Harry ne lui lança pas de sort. Harry ne l'appela pas depuis le rez-de-chaussée en lui demandant pourquoi il faisait autant de bruit en montant les escaliers. Harry n'était pas là, mais la chambre était sans dessus dessous. Les lampes avaient éclaté, tout comme la fenêtre, la chaise du bureau était renversée et les choses qui se trouvaient à la base sur le bureau de Harry étaient maintenant éclatées au sol. Une odeur de panique emplissait la pièce.

Sirius retourna rapidement sur le pallier et murmura 'Homenum Revelio'. La silhouette de Kreattur brilla d'une lueur orangée à travers le mur du placard, mais Sirius fut incapable de trouver ne serait-ce qu'une étincelle pour indiquer la présence de son filleul.

« Kreattur ! » appela-t-il.

Kreattur sortit de son placard, l'air confus.

« Où est Harry ? » demanda-t-il.

« Le Maître Harry est dans- »

« Non. » dit Sirius.

La panique s'immisça dans son esprit, comme des fourmis grouillantes.

« Non, il n'y est pas. »

Les yeux de Kreattur s'agrandirent.

« Va chercher Lunard, dit Sirius d'une voix tremblante. Va- Kreattur, s'il te plaît, maintenant. »

Kreattur fut de retour quelques secondes après. Sirius n'avait pas bougé et était en train d'essayer de comprendre ce qui avait pu arriver.

« Sirius ? grogna Remus, en se redressant lorsque Kreattur le relâcha. Que- »

« Harry a disparu. » s'écria Sirius.

Remus s'avança dans la pièce, ses narines frémissantes tandis qu'il prenait conscience des odeurs.

« Je ne sens personne d'autre- »

« Non, dit Sirius, en validant l'information. Non, moi non plus. »

Alors le bazar avait été causé par de la magie accidentelle.

« Mais il était effrayé, Lunard ! Tu peux sentir ça ?! »

« Oui, je peux. » s'écria Remus.

Son irritation disparut aussitôt.

« Où aurait-il pu aller s'il n'a pas été enlevé- »

« Si je savais, je ne serais pas- »

« Je sais, répondit Remus, troublé. Je sais. »

« Les Serpent Sworn ? » demanda Sirius, en se sentant malade.

« Non, dit Remus, gris cendre. Non, c'est impossible- Ils ne feraient pas ... »

« Et bien alors, où est-il ? » s'écria Sirius en tapant dans le mur.

Une des lampes du pallier éclata. Sirius ne pensait pas s'être senti aussi instable depuis son évasion d'Azkaban.

« Je ne- Sirius, regarde. »

« J'ai regardé, Lunard, il n'est pas là ! »

« Non, Sirius, regarde. »

Sirius suivit Remus jusqu'à la penderie. Les tiroirs étaient ouverts, mais il n'y avait plus de vêtements. Ils en avaient lavé la veille, alors les tiroirs devaient être plutôt plein. Sirius jeta un œil sur la chaise retournée. Habituellement, le sac à dos de Harry traînait là. Mais il avait aussi disparu, maintenant que Sirius regardait bien.

Lentement, Sirius leva les yeux sur Remus, qui avait l'air aussi perdu et effrayé que lui.