Titre : Hope There's Someone
Auteur : lovePOEPLEandCOWBOY
Avertissement : contient certains sujets sensibles comme la dépression, le stress post traumatique, l'abus d'alcools et de drogues, l'homophobie, le viol.
L'idée m'est venue après avoir regardé le documentaire de Karl Zero : « un sur cinq »
OOO
Shun est à son boulot quand il reçoit un message de DM. Honnêtement, il avait complètement zappé ce type.
Salut, c'est DM.
Le gars du bar.
Shun ne lui répond pas tout de suite, pas même quand il rentre chez lui. Il se fait d'abord un café avant de se laisser tomber dans le canapé. Et puis ça le prend comme ça, c'est plus fort que tout, un besoin de plaire et d'attirer alors il finit par prendre son téléphone.
Comment t'oublier ?!
Il continue à siroter son café en se demandant anxieusement si l'autre va répondre. Ce qui ne tarde pas à se passer.
Tant mieux. Je me demandais si
on pouvait se voir. Je voudrais en savoir
plus sur toi.
Personne n'a jamais pris la peine de s'intéresser à lui.
D'accord. Dis-moi
où et quand ?
Une angoisse vient brièvement se promener dans sa poitrine et il dépose son téléphone sur la table du salon. Il ne sait pas pourquoi il a fait ça. Il agit avant de réfléchir. C'est un automatisme chez lui.
Donne-moi ton adresse.
Je passe te prendre à 19h.
OOO
Dans sa précipitation, Shun n'a pas pensé à cette éventualité qui se présente à lui comme un crachat au visage.
Il sort de chez lui à l'exacte moment où Hyoga sort de son appartement.
« Tu vas quelque part ? » Lui demande Hyoga même si cela semble évident.
Shun n'ose pas le regarder dans les yeux. « Heu… On peut dire ça… »
Ils se retrouvent à descendre les escaliers ensemble et le contexte est plutôt gênant vu ce qu'il s'est passé quelques jours plus tôt. Shun a tellement honte qu'il devient pivoine.
« Tu es très beau en tout cas. »
Shun n'a pas vraiment fait d'efforts vestimentaires et il ne se sent pas très beau. Hyoga a juste tenté d'être sympathique mais il ne le mérite pas.
« J'espère que ton rendez-vous se passera bien. » Finit par dire Hyoga pour effacer le malaise.
Shun a l'impression que son cœur se brise. Ses lèvres bougent mais aucun son ne sort. Il voudrait lui dire tellement de chose : Je ne sais pas pourquoi j'y vais. Je le connais à peine mais je me sens tellement seul.
« Bonne soirée. Dit Hyoga en s'éloignant de Shun qui attend devant l'immeuble.
OOO
DM l'emmène dans un bar d'impro. Les participants défilent sans qu'ils n'y prêtent une véritable intention et la soirée passe, entre deux bouteilles de vin dont Shun savoure l'amertume.
Tout se passe pour le mieux, même si Shun n'arrive pas à oublier la déception dans le regard de Hyoga. Quand DM pose sa main sur sa cuisse, c'est froid et sans affection.
C'est la première fois que, malgré l'alcool, Shun souhaite ne pas être là.
Le spectacle se termine et ils reprennent la voiture pour conduire jusque dans un parking vide. Shun a remarqué les regards que lui lance DM et quand il arrête finalement la voiture, Shun grimpe sur ses genoux pour l'embrasser. Seul le désir les dirige.
« Bordel, » dit DM d'une voix rauque ce qui fait frissonner Shun, « Tu me rends fou. » Il lèche le cou de Shun. « J'ai eu envie de toi chaque jour depuis que je t'ai vu. »
Donc, son pressentiment était exact. DM veut juste le baiser. Au moins, et même s'il a fait l'effort de l'emmener en rendez-vous, Shun ne peut pas prétendre qu'il ignorait la finalité.
Malgré des caresses qui lui rappellent qu'il n'est pas vide enfin de compte, toute cette pseudo affection lui rappelle que c'est une mauvaise décision. Pourtant, c'est grâce à ce comportement qu'il a avancé dans sa vie d'une certaine manière. Sans quoi, il aurait déjà oublié comment faire pour respirer il y a longtemps.
DM pelote ses fesses avec frénésie puis il glisse une main sous sa chemise.
C'est alors que Shun se demande comment il ressentirait les choses si c'était Hyoga.
Il ouvre subitement les yeux avant de se tendre. DM le dévisage.
« Quoi ? »
Shun rougit. « Rien. »
Mais ce n'est pas rien. Peu importe les baisers de DM ou la température qui grimpe dans la voiture, Shun n'arrive pas à oublier les lèvres de Hyoga sur les siennes, ni son regard ennuyé quand ils se sont croisés plus tôt dans la soirée.
« Attends ! » S'exclame Shun avant même de s'en rendre compte pour ensuite repousser DM par les épaules. « J'ai dit, attends. Stop ! »
Il a l'impression d'être foudroyé. Une peur insensée le paralyse et l'étouffe comme si on l'étranglait. Tout est noir.
Je t'en supplie, arrête, ça fait mal…
Ça fait toujours mal.
« Stop ! » Crie Shun alors que les mains de DM ne sont plus sur lui depuis un moment. Il se laisse retomber sur le siège passager, le visage bien trop pâle avec des yeux horrifiés, « Ne me touche pas, putain laisse-moi ! »
« Hé, » Dit DM d'une voix grave mais calme, « Tout va bien, Shun. Je ne vais rien te faire, d'accord, je ne te touche plus, tu vois ? » Il est inquiet. « Tout va bien, d'accord. Pense juste à…respirer. »
Shun cherche l'air en se réfugiant contre la portière de la voiture. Il ressemble à une bête apeurée.
« C'est quoi ce bordel ? » Demande DM quand même exaspéré. Shun se contente de secouer la tête.
« Je ne sais pas, » dit-il, « Je crois que je me suis rappelé de quelque chose… Je suis désolé. » Il se frotte fermement les yeux. « Tu peux me ramener ? »
« T'es sérieux ? On commençait juste à -»
Shun ne le laisse pas finir. Il attrape ses affaires et la bouteille de vin à moitié vide, puis il ouvre la portière pour sortir. Il fait froid. Il est passé minuit.
DM l'appelle à plusieurs reprises de la voiture mais Shun s'éloigne.
OOO
Il faut plus d'une heure trente de marche à Shun pour arriver chez lui. Alors qu'il aperçoit enfin son immeuble, la porte du hall s'ouvre et Hyoga en sort. Franchement, il se sent tellement coupable en cet instant qu'il se demande s'il n'est pas préférable de faire demi-tour. Quel monstre dégoutant.
« Hé, » l'appelle Hyoga en lui faisant signe de la main.
Shun frisonne en avançant vers Hyoga et quand ils sont finalement l'un près de l'autre, aucun des deux ne parle. Shun n'ose pas regarder Hyoga alors qu'il le scrute avec inquiétude.
« Ton rendez-vous s'est bien passé ? » Demande Hyoga.
Shun se gratte le bras avant de répondre. « Ce n'était pas vraiment un rendez-vous. »
Hyoga fronce les sourcils car il ne comprend pas et Shun se sent terriblement mal à l'aise.
« Et bien… C'était plutôt un plan cul. »
« Oh ! » S'étonne Hyoga.
Shun voudrait s'enfoncer dans le sol mais il demande : « Tu allais quelque part ? »
« Je n'arrivais pas à dormir. Je me suis dit qu'une balade pourrait m'aider. » Répond Hyoga en regardant le paysage devant lui. « Il fait un peu froid. »
Shun acquiesce. Il grelotte de froid depuis plusieurs heures maintenant, depuis qu'il a quitté DM.
Hyoga le regarde avec tendresse et il lui demande : « Tu veux te promener avec moi ? »
Shun baisse la tête. Hyoga est tellement gentil avec lui et il ne le mérite vraiment pas. C'est pour ça qu'il préfère traîner avec des étrangers. Ils ne sont jamais gentils avec lui et au moins il ne leurs doit rien. Hyoga n'est pas comme ça.
Hyoga est à tomber par terre et Shun se sent tellement vivant quand il est à ses côtés.
« Dis oui, » insiste Hyoga quand il voit l'hésitation sur le visage de Shun.
« J'ai trop froid. » Confie Shun qui ne porte qu'une chemise et une petite veste en jeans. Sans hésiter, Hyoga retire son énorme sweat à tirette pour le passer autour de Shun qui a envie de pleurer.
« Prends ça. »
Shun est envelopper dans le parfum et la chaleur de Hyoga. Depuis le début de cette soirée, c'est seulement maintenant qu'il se sent bien. « Merci. »
« On y va ? » Demande Hyoga et Shun hoche la tête.
Ils vont près d'un parc dans le voisinage. C'est plutôt petit, il y a des fleurs partout et il y a une aire de jeu. « Tu viens souvent ici ? » Demande Shun. Hyoga s'installe sur la balançoire et Shun s'installe dans la pelouse en face de lui.
« Parfois, » répond Hyoga, « J'aime explorer le coin et c'est plutôt tranquille ici. J'aime ça. »
« Tu n'arrivais pas à dormir ? » Sourit Shun et Hyoga rigole.
« Ouais… On va dire ça. Faut pas que ça devienne une habitude. »
Shun qui a souffert d'insomnie par le passé, le sait mieux que n'importe qui. A présent, c'est comme s'il était fatigué en permanence. Peut-être qu'il dort trop.
« Pourquoi tu n'arrivais pas à dormir ? »
Hyoga hausse les épaules. « C'est juste que…je repensais à de vieilles choses. »
« Comme ? »
Hyoga est frustré. « Je pensais qu'on était proche. Quand on était enfant, tu me racontais tout. Et puis un jour, tu as changé. Je n'ai pas compris. Tu t'es éloigné de moi, de nous… et après vous êtes partis… Et maintenant… Tu es là mais… Je ne sais pas. Il manque quelque chose. »
Shun le regarde et tire sur le bord du pantalon de Hyoga qui vient s'asseoir près de lui. Ils se couchent tous les deux dans la pelouse, les étoiles au-dessus des yeux. Ils restent comme ça un moment.
« Pourquoi tu es sorti avec ce type ce soir ? » Ne peut s'empêcher de demander Hyoga et Shun aurait préféré qu'il ne pose pas de question.
Honnêtement, Shun ne le sait pas non plus. Il l'a fait, c'est tout. « Je… Par habitude, j'imagine. » Dans sa tête, une voix lui hurle qu'il ne mérite pas mieux que cette vie.
Hyoga l'observe sans rien dire et Shun a parfois l'impression qu'il peut lire dans son esprit.
« Ce n'est pas comme si quelqu'un allait m'aimer assez pour ne pas me quitter. Ça se passe toujours de la même manière, une fois qu'ils ont eu ce qu'ils voulaient… Ils… Personne ne m'aimera jamais pour ce que je suis. Juste pour ce que j'ai à donner. »
« Je t'aime, moi, » Hyoga le dit si facilement que Shun a l'impression d'avoir mal entendu. Son cœur manque un battement.
« Ne dis pas de bêtises, » répond Shun, les yeux médusés.
« C'est la vérité. »
« Tu ne me connais pas. Je ne suis plus ce garçon de l'orphelinat. »
« J'en sais assez pour savoir que je t'aime. Et je doute qu'il y ait quelque chose en toi qui puisse changer cela. »
« Tu n'en sais rien. »
Shun ne parvient pas cacher la panique soudaine qui l'anime. Pourtant, il devrait être heureux. Hyoga l'aime. Seulement, il ne peut pas s'ôter de la tête que cet amour n'est pas justifié. Les êtres merveilleux comme Hyoga ne peuvent pas aimer des gens comme lui. Ça n'arrive pas.
« Shun -»
« Personne ne m'aime jamais assez pour rester avec moi. » Le coupe Shun en se levant. « On aime me baiser. On aime que je fasse la potiche mais personne ne se dit en me voyant 'c'est lui, la perle rare'. Ça n'arrivera jamais. »
« Mais pourquoi -» Commence Hyoga qui s'interrompt car Shun hoche la tête pour ne plus l'entendre, pour qu'il se taise. Un non silencieux qui fait mal à Hyoga.
« Allons, Shun, » dit-il en se levant à son tour, « regarde-moi. »
Shun ose se retourner pour lui renvoyer son regard mais il ne se sent pas bien, c'est alors que Hyoga tend les mains pour l'attraper et le serrer contre lui. Shun se laisse faire en rougissant furieusement de la proximité.
Hyoga lui dit doucement près de la joue : « Peut-être que tu devrais commencer par t'aimer toi-même, et peut-être pourras-tu comprendre qu'on puisse t'aimer. »
« Je ne sais pas comment. »
« Tu dois essayer. »
Shun n'a jamais essayé. Il a préféré abandonner.
Hyoga recule légèrement pour le regarder dans les yeux. « Pourquoi tu couches avec ces types si tu cherches quelque chose de sérieux ?»
Shun a juste envie de pleurer. C'est tellement embarrassant. « Je… Je ne veux plus me sentir seul… Je veux me sentir vivant. »
Le visage de Hyoga se fend d'un sourire. « Je peux faire ça. »
Shun inspire. Hyoga se rapproche pour déposer doucement ses lèvres sur celles de l'autre, comme s'il demandait son approbation. Shun papillonne des paupières avant de fermer les yeux, à la recherche du baiser de Hyoga. Il enlace ses mains autour du cou du blond pour approfondir le baiser.
Oh seigneur, comment peut-il se donner ainsi aux autres alors que juste en embrassant Hyoga, il a l'impression de survoler le monde.
Hyoga reprend son souffle. Sa poigne se resserre sur les hanches de Shun de manière protectrice, parcequ'il veut que Shun reste et pour la première fois depuis longtemps, Shun se sent bien.
Ils restent dans les bras l'un de l'autre durant un moment où Shun ne s'est jamais senti autant submergé par la présence de quelqu'un. Il voudrait pouvoir se fondre dans ses bras pour ne plus jamais le quitter.
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A chaque fois que Hyoga est dans les parages, l'océan semble beaucoup plus paisible. Peut-être que tout n'est pas perdu.
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A suivre…
