Titre : Hope There's Someone

Auteur : lovePOEPLEandCOWBOY

Avertissement : contient certains sujets sensibles comme la dépression, le stress post traumatique, l'abus d'alcools et de drogues, l'homophobie, le viol.

L'idée m'est venue après avoir regardé le documentaire de Karl Zero : « un sur cinq »

OOO

Un soir, Shun se retrouve dans le salon de Hyoga, la tête posée sur les genoux du blond. Ce dernier passe les doigts dans la longue chevelure de Shun qui a du mal à se concentrer sur la télévision.

Le téléphone de Shun n'arrête pas de vibrer. Shun prend son téléphone et commence à lire les messages en marmonnant avant de le remettre sur la table du salon avec un air agacé.

« Rien de grave ? »

« Non. C'est juste le type de l'autre soir. »

« Qu'est-ce qu'il te veut ? »

« Parler, j'imagine. » Shun réfléchit. « Je l'ai laissé en plan la dernière fois. »

Hyoga ne dit rien.

Peu de temps après, le téléphone de Shun se met à vibrer longuement. Hyoga peut voir le nom de DM s'afficher.

« Il n'a pas encore compris ? Qu'est-ce qu'il te veut à la fin ? » Bougonne Hyoga.

« Je ne sais pas. » Dit Shun en coupant son téléphone pour de bon. « Enfin…si, je sais mais je m'en fiche. » Ce qui intrigue Hyoga qui commence à réfléchir.

« Tu as dit que tu l'avais planté, » se rappelle Hyoga. « Qu'est-ce que tu voulais dire ? »

« En fait… » Shun trouve un fil sur le manche de son pull et il commence à tirer dessus. « On était dans sa voiture sur le point de…et j'ai paniqué. » Il sent la honte le recouvrir comme une couverture épaisse. « Je me suis souvenu de quelque chose et…c'est con, hein ? J'étais bourré de toute façon. »

Le poids du regard de Hyoga est sur lui. « Tu t'es souvenu de quoi ? »

« Juste…quelque chose. Ça n'avait pas de sens. Ça ne m'était jamais arrivé. Je ne suis pas du genre à partir en courant. »

« Peut-être que tu devrais. » Dit Hyoga. « En tout cas, ne pas rester avec ceux qui te mettent mal à l'aise. »

« Mais -»

« Il n'y a pas de 'mais'. Tu peux tout arrêter à n'importe quel moment. Tu le sais, non ? »

Shun tire un peu plus sur la ficelle de son pull et il devient évident qu'il essaie de trouver une parade.

« Shun… »

« Bien sûr que je le sais ! » Siffle Shun avant de se dégonfler comme un soufflé. « C'est juste… Non. Rien. Je n'ai plus envie de parler. »

Hyoga l'observe pendant une éternité dans le silence absolu puis il finit par acquiescer.

« D'accord. C'est ton choix. J'aimerais juste savoir une chose. Pourquoi tu as accepté un rencard avec ce gars si tu ne le sentais pas ? »

Shun réfléchit mais il sait déjà la réponse. Par contre, Il n'est pas certain que Hyoga puisse la comprendre.

« Il me rappelait quelqu'un. Quelqu'un qui a été important dans ma vie. »

« Un ex ? »

Shun acquiesce. « Je n'ai eu qu'un petit ami. C'est du passé maintenant. Mais…j'étais nostalgique, tu vois ? Je ne sais même plus comment ça s'est terminé, » continue Shun, « Un jour, il n'y avait plus de nous. J'essaie de ne plus y penser. C'est plutôt flou. Parfois, je me rappelle juste du sentiment de réconfort. A cette époque, je pensais qu'il était le seul à pouvoir m'aimer. »

« Fadaises, » Rétorque Hyoga. Pourtant, Shun n'en pense pas moins aujourd'hui.

« Peut-être mais je me demande parfois si c'est à cause de ça que je sors autant, ou que je bois au point de me laisser baiser par n'importe qui, » explique amèrement Shun et il peut voir Hyoga frémir à ses paroles. « Enfin…la plupart du temps, je n'y réfléchis même pas. »

« Tu es souvent alcoolisé quand tu as des relations sexuelles ? »

« Je baise seulement si je suis bourré. » Le corrige Shun avant de pouvoir se reprendre, et Hyoga le dévisage avec effroi. Ou alors, c'est peut-être du dégout. Shun détourne la tête.

Le silence grandit entre eux et devient insupportable. Shun boit le restant de son verre et le dépose sur la table. Il se retourne vers Hyoga en se frottant la paume des mains contre son pantalon.

« Je devrais y aller, » se décide-t-il. « Il commence à se faire tard. »

« Je ne vais pas me coucher tout de suite de toute manière. » Dit Hyoga qui se lève en même temps que Shun. « Laisse-moi te raccompagner. »

Hyoga est tellement, tellement gentil que Shun a envie de pleurer. Ils se retrouvent à nouveau dans le petit hall de Hyoga où Shun avait espéré que Hyoga l'embrasse.

« Je suis désolé si je t'ai mis mal à l'aise. » Dit Hyoga. « Ce n'était pas mon intention. Tu peux me dire quand je vais trop loin. »

« Ce n'est pas le cas. Je…je me sens plutôt bien avec toi. »

Hyoga ne dit rien et il s'appuie contre la porte en regardant Shun. « Tu devrais essayer. Je veux dire, faire l'amour en étant sobre. C'est…tellement bien. » Il rougit furieusement en se pinçant les lèvres. « Seulement avec quelqu'un de confiance. »

Shun sent son cœur accélérer. « Ouais. »

Hyoga se gratte l'arrière du cou, embarrassé. Puis il dégage de la porte pour l'ouvrir à Shun qui la franchit. Juste à ce moment-là, Hyoga parle à nouveau :

« Hé…ne laisse pas les hommes profiter de toi. Tu mérites tellement mieux que tout ça, que tout ces crétins qui veulent seulement te baiser. »

Shun entend son cœur cogner dans sa poitrine et son estomac se dénoue lentement.

« Merci, » murmure-t-il avant de s'éloigner pour déverrouiller la porte de son propre appartement et disparaître dedans.

OOO

Ce n'est pas un bon jour. Shun le sait dés l'instant où il quitte son lit. Il se dit d'ailleurs qu'il aurait dû y rester. Le monde entier se dresse contre lui pour l'écraser, pour l'étouffer. Il ne se sent pas bien et subitement, c'est comme si tout son être se consumait sur place alors il décide d'aller sous la douche pour apaiser un peu cette tension. Il se lave. Il frotte mais ça ne l'aide pas.

Il arrive malgré tout à se traîner jusqu'à son travail où un client fini par lui hurler dessus, où un gosse fait une crise de colère, où son patron le réprimande pour une erreur qu'il n'a même pas commise. Alors, sur le chemin du retour, il s'arrête simplement dans un petit magasin pour acheter de l'alcool.

Arrivé dans son immeuble, il s'arrête brièvement devant la porte de Hyoga. Il se demande si ça dérangerait le blond qu'il traîne un peu avec lui.

« S'il te plait, Hyoga. J'ai besoin de toi. Juste aujourd'hui. Juste pour une fois. Je n'arrive plus à me supporter. Je veux oublier. Je t'en prie, fais-moi ressentir quelque chose. »

Mais ça serait égoïste et Hyoga n'est pas comme ça. Il est trop généreux. Alors Shun s'éloigne pour entrer dans son appartement, en se laissant abattre par son désespoir.

A l'intérieur, les murs se replient sur lui et Shun prie simplement pour que quelqu'un le serre dans ses bras. Il voudrait juste se sentir en vie.

Il boit trop et trop vite. Il fume un peu aussi. Il est défoncé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Heureusement qu'il y a l'alcool et la drogue pour le faire oublier. Pour feindre la chaleur d'une autre personne le temps d'un moment. Pour la première fois depuis longtemps, Shun n'envisage pas de sortir à la rechercher de quelqu'un qui voudra bien le tenir contre lui.

Au lieu de ça, il met de la musique métal dans son salon et il commence à hurler sur les morceaux avant de se laisser tomber par terre pour regarder le plafond en pleurant. Il ne sait même pas pourquoi. Il sait juste qu'il lâche prise et qu'il pleure.

Dehors, la nuit est tombée. Il se sent finalement capable de se redresser pour se lever. Il trébuche inexorablement jusqu'à la porte d'entrée, puis il titube jusqu'à celle de Hyoga. Il frappe.

Hyoga ouvre. Bien sûr.

« Shun ? » Demande Hyoga, surpris. « Ça n'a pas l' -»

Shun se jette sur la bouche de son voisin pour l'embrasser. Sous la force, Hyoga se retrouve acculé contre le mur du hall où il tente de repousser Shun. Ce dernier ne s'arrête pas, au contraire il se cramponne d'avantage comme si Hyoga était une bouée. Il ressemble à une furie et ses doigts viennent se déposer dans le cou du blond qui ne bouge pas. Shun réalise avec horreur que l'étreinte n'est pas réciproque, et il s'écarte brutalement à bout de souffle et complètement hagard.

« Je t'en prie, » s'étrangle-t-il, « Fais-moi l'amour. Je t'en supplie. J'ai tellement besoin de toi. » Il dépose un baiser sur la joue de Hyoga. « On peut faire tout ce que tu voudras mais, je t'en prie, fais que je me sente vivant, Hyoga. »

Et c'est seulement à cet instant qu'il réalise que des larmes mouillent ses joues. Il renifle et il essaie de les chasser d'un revers de manche.

Hyoga le dévisage avec tellement de colère que Shun tremble.

« Shun, mais qu'est-ce que tu fouts ?! » Lui demande Hyoga en retirant les mains de Shun qui sont toujours autour de son cou. Ce dernier n'arrive pas à répondre et il se met à pleurer de plus belle.

« Shun, tu es saoul… » La colère a disparu pour laisser place à l'inquiétude de Hyoga. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

La lèvre inférieure de Shun se met à trembler dangereusement et soudain, ses jambes ne le tiennent plus et il glisse sur le sol en pleurant dans les bras de Hyoga. Hyoga s'assoit près de lui et essaie de le serrer dans ses bras mais Shun ne veut pas.

A quoi pensait-il ? Comme si Hyoga pouvait aimer quelqu'un comme lui.

Shun recule pour s'éloigner de Hyoga et il finit par se relever.

« Shun- » Essaie Hyoga mais Shun secoue seulement la tête avant de s'enfuir dans les escaliers.

Pendant un moment, Shun n'entend rien sauf l'écho de ses propres pas puis il entend la porte de l'immeuble qui s'ouvre et se referme, des pas le rattrapent.

C'est Hyoga.

« Mais qu'est-ce que tu fais ? » Hurle Hyoga en attrapant le poignet de Shun, « Où est-ce que tu vas ? »

Shun se libère de la poigne de son ami et il essaie de le regarder avec colère mais il n'y arrive pas. Hyoga semble tellement inquiet.

« Laisse-moi tranquille ! »

« Allez, je vais te ramener chez toi, mais…calme toi, d'accord ? »

« Je ne veux pas. »

« Shun, on doit en parler. Je suis désolé si je t'ai énervé…viens, d'accord ? »

« Non ! » Pleure Shun secoué par les sanglots. « Je suis épuisé. Foutu. Brisé. »

« Laisse-toi du temps. »

« Tu pourras m'attendre ? Tu voudras encore de moi ? » Sanglote Shun qui a l'impression de faire un caprice d'enfant. C'est alors qu'il aperçoit des larmes dans les yeux de Hyoga.

« Putain—Shun, rien n'est fichu, » lui dit Hyoga la voix tremblante. « Brisé…on l'est tous d'une certaine manière, non ? Et ça n'a pas vraiment d'importance. Tu n'es pas moins digne d'intérêt. Tu n'es pas trop brisé pour être aimé. »

« Alors pourquoi tu ne m'aimes pas ? » Demande Shun, « Pourquoi personne ne m'aime jamais assez ? »

Hyoga donne l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules.

« Ce n'est pas parceque je refuse tes avances que je ne t'aime pas. » Dit-il.

L'air froid de la nuit souffle subitement et Shun frissonne même s'il porte un pull. Le pull de Hyoga pour être exacte, et il se sent tellement ridicule. Le pull est imprégné de son odeur, et c'est un réconfort sans nom pour Shun qui voudrait s'y perdre à tout jamais.

« Allez, Shun, » lui dit gentiment Hyoga en tendant la main. « Rentrons. Je vais faire du chocolat chaud, ou du thé si tu préfères. S'il te plait. »

Shun secoue négativement la tête. Il n'arrive même pas à regarder Hyoga dans les yeux.

« Je ne suis jamais assez bien pour personne, » sanglote-t-il. « On a trop honte de moi, ou alors on se moque juste de moi. La plupart du temps, j'ai l'impression que mon existence est une erreur. Et je me sens…tellement vide tout le temps que j'ai besoin de me faire du mal. Et je recommence encore et encore. Je me jette dans les bras du premier venu qui finit par me jeter. Tout ce que j'aimerais, c'est…c'est me sentir vivant. Je veux me réveiller avec un soleil dans le cœur et ressentir toutes ces choses que la vie pourrait m'offrir. » Il se frotte les joues, ce qui n'empêche pas d'autres larmes de suivre.

« Je ressens tout ça avec toi, » avoue-t-il finalement. « Je me sens vivant à tes côtés. »

« Et tu le peux encore, » essaie désespérément Hyoga avec tellement d'espoir que ça brise le cœur de Shun, « mais tu dois me laisser faire. »

« Je n'y arrive pas. » Shun secoue la tête en reculant. « Je ne peux pas. Je ne sais plus comment faire. Je suis trop abîmé. »

Ensuite, il se retourne pour partir en courant et s'éloigner de Hyoga, s'éloigner de tout ce qui le fait souffrir.

Hyoga ne le suit pas.

OOO

L'océan est déchaîné. Il ne sait plus respirer.

OOO

Ikky ne semble pas surpris de recevoir un appel de Hyoga au milieu de la nuit. Ça devait arriver.

« Ikky… ? » Le frère de Shun l'entend reprendre son souffle. Il entend aussi le bruit des vagues et du port, « qu'est-ce qu'il se passe avec ton frère. Si tu sais quelque chose, tu dois m'expliquer. »

Ikky se redresse dans son lit en essayant de ne pas réveiller sa compagne. Il sort discrètement de la chambre en collant son téléphone plus près de son oreille.

« Ce que je vais te raconter là, c'est uniquement car je sais que tu es ma dernière chance pour le sauver. »

OOO

A suivre…