CHAPITRE 10 :

Vendredi 21 décembre 2007

Hermione ne s'était pas sentie aussi nerveuse depuis longtemps. C'était leur dernière matinée ensemble avant les vacances de Noël et il y avait peu de chance qu'ils se revoient avant le Nouvel An. C'était maintenant ou jamais. Mais peut-être devait-elle attendre et le lui envoyer par hibou. Comme ça, il pourrait l'ouvrir en privé et elle n'aurait pas à être témoin de sa réaction. Elle considéra ses options en tapotant son stylo en rythme contre son carnet et en se déplaçant en croisant et décroisant les jambes. Peut-être devait-elle juste le lui donner quand ils se sépareraient pour le travail –

- Est-ce que tu as encore commandé un expresso par accident ? Demanda-t-il d'un ton lasse, perçant à travers ses pensées anxieuses.

- Pardon ?

- Tu gigotes sur ton siège comme une Cinquième Année qui viendrait de découvrir les Crapauds à la Menthe* et ton visage est tout taché et rouge. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Ses yeux s'écarquillèrent, humiliée que son étrange comportement et son apparence aient été démasqués, ce qui ne fit que décupler sa nervosité. La subtilité ne faisait définitivement pas parti de ses atouts.

- Granger, sérieusement, quelque chose ne va pas ? On dirait que tu vas –

- J'ai quelque chose pour toi ! Lâcha-t-elle bruyamment et sans élégance alors qu'il levait les sourcils de surprise.

Elle patienta en retenant son souffle pendant que la bouche de Draco s'ouvrait et se fermait sous le choc et qu'il paraissait troublé par ce qu'elle venait d'hurler. Incapable de supporter ce silence gêné plus longtemps, Hermione souffla et fouilla dans son sac.

Sortant deux petits paquets emballés, elle les déposa sur la table près de ses mains, mordillant sa lèvre.

- Tu m'as fait un cadeau ? Demanda-t-il d'une voix creuse sans la regarder dans les yeux.

- Deux, en fait, dit-elle en tentant un trait d'humour.

Le visage de Draco était impassible lorsqu'il tendit une main pale vers le premier et Hermione eut l'impression d'attendre que la guillotine ne tombe. Il prit tout son temps pour défaire l'emballage et Hermione se retint de s'arracher les cheveux. Oh par Merlin, pourquoi avait-elle pensé que c'était une bonne idée ? De toutes les choses mal pensées, débiles et présomptueuses qu'elle aurait pu faire, acheter un cadeau de Noël à Draco Malfoy était en tête de liste. Il pouvait s'acheter littéralement tout ce qu'il souhaitait – sans oublier qu'il recevait probablement toute sorte d'objets extravagants de la part de sa mère – donc pourquoi diable avait-elle pensé que sa piètre offrande serait appréciée ?

Un rire chaleureux et sincère interrompit ses doutes.

- Oh, bien joué Granger. C'est foutrement brillant. Ne pense même pas à m'en emprunter un, tous ces stylos sont à moi !

Hermione laissa échapper un long soupire de soulagement en voyant sa réaction joyeuse face au paquet de stylos billes. Il aurait fallut être aveugle pour ne pas remarquer la jalousie avec laquelle il regardait son outil tous les matins, admirant sa facilité d'utilisation en comparaison aux plumes. Et à présent, il n'aurait plus à interrompre son travail tous les matins pour lui en emprunter un.

- Je vais devoir t'apprendre à le tenir correctement, ton écriture est atroce, le taquina-t-elle et il lui lança un regard espiègle.

Alors qu'il tendait la main vers le deuxième cadeau, Hermione retint de nouveau son souffle. L'emballage tomba pour découvrir un joli petit étui en cuir. Draco l'ouvrit et en sorti le stylo en or massif qu'il contenait. Il le leva à la lumière avec ses longs doigts gracieux, l'observant avec curiosité, puis il le retourna et découvrit les mots qu'Hermione avait fait graver pour lui : Draco Lucius Malfoy. Le tournant à nouveau, ses yeux contemplèrent le dessin représentant un motif étoilé formant la constellation à son nom.

- Ça s'appelle un stylo plume, expliqua-t-elle rapidement. Les moldus les utilisent généralement pour des occasions spéciales ou pour signer des documents importants ou de grande valeur parce qu'ils sont considérés comme des biens luxueux et sont des symbols d'un certain statu à cause de la quantité d'encre limitée et du processus de recharge manuel, sans parler de l'or du stylo en lui-même. Puisque je sais que c'est toi qui t'occupe de toutes les finances de ta famille, j'ai pensé que tu aimerais avoir quelque chose de joli pour les accords ou les dons importants. Bien sûr, si tu penses que c'est stupide ou que tu ne veux pas l'utiliser, je peux toujours –

- Granger, l'interrompit-il.

- Oui ?

Elle regarda sa gorge tressauter alors qu'il avalait sa salive avant de parler.

- C'est le plus... Tu n'as pas vraiment... Tu n'aurais vraiment pas dû faire ça pour moi.

Les yeux gris qui rencontrèrent les siens étaient si intenses que la respiration d'Hermione se coinça dans sa gorge. L'émotion si forte et si sincère qu'ils contenaient... était-ce de la culpabilité ? De la honte ? Elle n'avait certainement pas eu l'intention que son cadeau lui fasse ressentir quoi que ce soit de négatif.

- Ce n'est rien Malfoy, le rassura-t-elle doucement.

- Ce n'est pas rien. Me-merci, contra-t-il et Hermione détecta une pointe de tremblements dans sa voix.

Quand il rompit enfin leur regard, Hermione senti que sa respiration était fébrile. Elle s'était tourmentée toute la semaine sur sa décision mais il avait aimé son cadeau !

Alors qu'ils marchaient silencieusement jusqu'à leur travail, Hermione senti l'étourdissement de la période de fêtes l'envahir et c'était peut-être l'euphorie liée à sa réaction positive au sujet de son cadeau, les vacances imminentes ou tout le sucre de son chocolat chaud qui influencèrent son impulsivité.

Hermione se tourna vers lui et lui fit un grand sourire.

- Si jamais tu t'ennuies la semaine prochaine dans ta grande maison, envoie moi un hibou. Joyeux Noël, Malfoy !

Avant qu'il ne puisse formuler ce qui allait être une réponse stoïque face à ses au revoir expansifs, Hermione s'avança légèrement vers lui et jeta ses bras autour de sa taille dans une rapide étreinte. Le corps entier de Draco sembla se raidir sous le choc avant que ses bras ne se referment autour d'elle dans une tentative d'accolade. L'ensemble du mouvement ne dura que quelques secondes, mais c'était suffisant à Hermione pour savourer la sensation de bras forts enroulés autour de sa petite silhouette.

Baissant les bras et mettant fin à l'étreinte, elle tourna rapidement les talons et marcha d'un pas décidé avant qu'il ne puisse voir le rose qui tâchait son visage.

Hermione était partie si vite qu'elle ne remarqua jamais que Draco était resté planté à l'endroit où elle l'avait laissé, ses yeux ne quittant son dos qu'une fois qu'elle avait disparu au coin de la rue.


Ce jour-là, la cafétéria du Ministère était moins pleine que d'habitude, ce qui signifiait que, pour une fois, Hermione pouvait s'asseoir et manger son déjeuner à l'une des tables tant convoitées près des fenêtres ensorcelées. Le temps magique affiché ce jour-là était de la neige qui tombait sous un grand soleil. Les agents d'entretiens avaient dû ressentir l'esprit de Noël.

Deux jeunes sorcières s'assirent à la table juste derrière elle, commérant gaiment au sujet du dernier numéro de Sorcière-Hebdo. Visiblement, l'édition de fin d'année était accompagnée d'une liste des sorciers célibataires les plus convoités de 2007, et les deux femmes débattaient avec enthousiasme des mérites de chaque homme.

Hermione essaya de les faire taire en se concentrant sur la dernière version de son brouillon au sujet de la régulation de l'élevage des Croups, et en se demandant si elle ne devait pas envoyer une petite lettre à Hagrid avec ses questions lorsqu'un nom familier perça à travers ses pensées.

- … Charlie Weasley, oh absolument !En plus, il dresse des dragons donc il a véritablement quelque chose de sauvage !

Hermione rit dans sa barbe. Pauvre Charlie, sa mère essayait constamment de le caser avec une sorcière ou une autre. Molly avait même fait des allusions, les années passées, sur le fait qu'Hermione et Charlie feraient un adorable couple, mais Hermione avait rapidement mis fin à cette idée. Non seulement ce serait au-delà du bizarre de sortir avec le frère de son ex petit-ami, mais elle avait le sentiment grandissant que Charlie préférait la compagnie des sorciers à celle des sorcières.

- Olivier Dubois, la question ne se pose même pas..., soupira l'une des sorcières.

- T'aimes les joueurs de Quidditch non ? Tu ne lui proposerais pas de t'occuper de son balais ?

Elles éclatèrent de rire et Hermione se mordit l'intérieur de la joue pour cacher son hilarité.

Elle les entendit tourner les pages du magazine derrière elle, passant au prétendant suivant, et elles laissèrent échapper un cri de surprise.

- Est-ce que c'est... ? Oh, waouh c'est lui ! Il n'a jamais fait parti de la liste avant !

- C'est une photo récente ? Par Merlin, il est beau à tomber, non ? Tu ne trouves pas ?

L'une des femmes fit claquer sa langue et se moqua :

- Bien sûr, si t'arrives à passer outre cette sale petite Marque des Ténèbres sur son avant bras.

Hermione se figea, un sentiment de terreur grandissant en elle. Elles ne pouvaient pas être en train de parler...

- « Unique héritier de la fortune des Malfoy... Généreux donateur pour diverses causes philanthropiques... Recruteur de Quidditch à succès... N'a pas été vu publiquement avec une autre sorcière depuis des années... », lu l'autre sorcière à voix haute alors que le cœur d'Hermione se serrait.

- Ecoute, je comprends qu'il est scandaleusement bien foutu et tout, mais quand même, tu envisagerais vraiment une relation avec quelqu'un de cette famille ?

- Qui a parlé de « relation » ? Je ne veux absolument rien sur le long terme, rigola la femme.

- Mhh, mais le long terme signifie un mode de vie très luxueux.

- Et qu'advient-il du fait d'être dégoûté par sa Marque des Ténèbres ?

- Avec la quantité d'or dans ses coffres, je pense que je pourrais passer outre...

Hermione récupéra ses papiers et son sac et sorti en trombe de la cafétéria avant de n'entendre ne fût ce qu'un mot de plus, oubliant la moitié de son déjeuner. Essuyant des larmes de rage qui lui étaient soudainement montées aux yeux, elle se précipita dans son bureau. Une fois en sécurité derrière les portes fermées, Hermione essaya de faire le tri dans ses sentiments pour comprendre ce qui avait causé ses larmes. Elle calma sa respiration et commença à se concentrer. Elle se sentait en colère, évidemment. En colère contre ces femmes pour la façon dont elles avaient parlé de son ami, et de l'aspect cruel du commérage en général. Ayant elle-même été la cible négative de la presse et d'articles carrément diffamatoires de plusieurs publications magiques, elle n'était que trop familiarisée à la férocité du moulin à rumeur sorcier.

De ce qu'elle savait en ayant appris à connaître Malfoy, c'était un adulte très pudique et il aurait très certainement été horrifié de l'attention que cette publication de Sorcière-Hebdo attirerait.

La compassion et le chagrin la traversaient également. Du chagrin pour son ami, à cause de la façon dont ses femmes avaient parlé de sa réputation, et de la compassion que beaucoup soient d'accord avec elles dans leur monde. Il n'avait été qu'un enfant, obligé de participer à une guerre et de faire des choses désespérées pour sauver ses propres parents. Il avait fait ce qu'il avait pu pendant la guerre pour prendre soin des siens, aussi malavisé qu'il ai pu être. Ces sorcières pouvaient-elles en dire autant de leurs propres conduites pendant la guerre ?

Et, tout en bas de la pile de ses émotions, elle reconnût le sentiment tenace de la honte. Moins d'un an auparavant, n'avait-elle pas aussi eu les mêmes pensées peu charitables à propos de Malfoy ? Lorsqu'il l'avait approchée pour la première fois dans le café, n'avait-elle pas imaginé le pire de lui ?

Mais ça n'excusait pas la façon dont ces stupides femmes parlaient de lui ! L'une d'entre elles voyait clairement Draco comme rien de plus qu'un riche intolérant de Sang-Pur, faisant des commentaires méprisables sur sa personnalité. Cette stupide femme pouvait fermer les yeux sur n'importe quoi pour un peu d'or, visiblement. Tandis que l'autre voyait Malfoy comme un objet avec lequel jouer et bon à jeter ensuite ; un joli bout de viande sans valeur à l'exception de sa beauté.

Hermione n'était pas aveugle, elle voyait la façon dont la plupart des femmes, et certains hommes, au café, dévisageaient Draco chaque matin. Plus d'un regard jaloux avait été jeté à Hermione depuis qu'ils s'asseyaient ensemble. C'était logique, vraiment, qu'on le reluque ouvertement dans le monde moldu. Dans ce monde, ce n'était qu'un jeune homme odieusement beau et anonyme, aux séduisants cheveux blonds, aux yeux gris en fusion et aux costumes parfaitement ajustés ornés de boutons de manchette.

Personne dans ce café moldu, à l'exception d'Hermione, ne connaissait le fardeau de ses actions passées et de son nom de famille, qu'il portait sur ses larges épaules. Hermione laissa aller un grognement et couvrit son visage de ses mains. Evidemment qu'elle avait remarqué son charme, qui ne l'aurait pas fait ? Oui, odieusement beau était exacte, particulièrement lorsqu'il prenait son air aristocratique, qu'il l'accompagnait d'un rictus ou d'un ricanement. Mais quand il souriait bel et bien ? Quand il souriait parce qu'elle avait dit quelque chose de drôle, ou qu'elle l'avait complimenté ou qu'il dévorait le dernier scone à la myrtille ? Ce sourire authentique rendait Draco Malfoy irrésistiblement beau.

Hermione secoua la tête et se redressa. Elle avait beaucoup de travail à terminer avant de pouvoir être en vacances et s'asseoir à rêvasser du visage douloureusement magnifique de Malfoy était loin d'être productif. C'est ton ami. C'est seulement ton ami. Ami. Ami. Ami. Un ami que tu as enlacé pour la première fois aujourd'hui, ce qui est totalement normal, vraiment, parce que tu enlaces Harry et Ron et Neville tout le temps.

Et es-tu toujours aussi troublée après avoir enlacé Harry ou Ron ou Neville ?

Peut-être que ce jeune et nouvel assistant dans son département avait encore laissé un exemplaire de la dernière édition de Sorcière-Hebdo dans l'open space ?


Samedi 22 décembre 2007

Draco avait dévalé les rues du Chemin de Traverse comme un homme possédé. Il avait été un incroyable égoïste, un crétin aveugle. Comment n'avait-il pas été foutu de penser à acheter un cadeau de Noël à Granger ?

Il grogna et passa une main dans ses cheveux. Ayez confiance en Granger pour prendre soin de lui offrir quelque chose d'incroyablement attentionné qui l'avait laissé sans voix la veille. Il s'était souvenu de la remercier correctement, n'est-ce pas ? La matinée n'avait été qu'un brouillard de culpabilité et de honte et d'autres sales et mélancoliques sentiments qu'il n'avait pas pris la peine d'analyser pour le moment.

Mais, sous toute cette angoisse d'avoir été pris au dépourvu et les mains vides, un sentiment entêtant de joie débridée était toujours installé dans sa poitrine.

Elle avait pensé à faire tous ces efforts pour lui ? Draco s'était creusé la tête pour trouver un souvenir récent d'un cadeau de Noël – ou de n'importe quel cadeau – qui ne venait ni de sa mère ni de Théo. Son enfance avait évidemment été remplie à ras bords d'un nombre extravagant d'objets attendant son retour le matin de Noël, cadeau de ses parents.

A présent adulte et avec son père disparu, le butin de Noël de Draco comprenait généralement de nouvelles robes, des boutons de manchette, une eau de Cologne parisienne de la part de sa mère et une bouteille très chère d'un vieil alcool de la part de Théo. De beaux présents, évidemment, mais le cadeau personnalisé de Granger de la veille l'avait presque brisé de l'intérieur.

Personne, dans la vie de Draco ces dernières années – ou même jamais d'ailleurs – n'avait mis autant de soucis et d'attention dans un cadeau pour lui. Granger avait vraisemblablement pris de son temps libre (et pas mal d'or aussi pour le stylo plume, semblait-il) tout ça pour lui offrir une petite dose de bonheur. Qu'elle le classe si haut dans sa vie était à la fois excitant et terrifiant.

Elle avait été si nerveuse face à sa réaction qu'il aurait pu imaginer que ça l'aurait brisée s'il avait réagit négativement. Il ne pouvait pas la blâmer, cette dynamique entre eux était tellement nouvelle qu'elle ne pouvait qu'anticiper un rictus de sa part ou une insulte mordante. Mais il l'avait véritablement pensé, lorsqu'il avait exprimé sa gratitude. Bordel, il devenait vraiment trop gentil, n'est-ce pas ?

Et puis il y avait eu l'accolade. L'accolade à laquelle il devrait penser plus tard, car Draco ne devait pas s'endetter d'avantage auprès d'Hermione Granger et qu'il devait se concentrer sur la manière de lui rendre la pareille pour sa bienveillance de Noël.

C'était la raison pour laquelle Draco se retrouva à arpenter tout le Londres magique lors d'une des journées de shopping les plus chargées de l'année. Par où devait-il commencer, bordel ?

Les bijoux étaient une option risible. C'était bien trop sérieux pour une amie, et en dehors de quelques pièces, petites et délicates, elle ne semblait pas en porter beaucoup, de toutes façons.

Des robes de soirée ? Par Merlin, non. Il aurait probablement une crise de panique s'il devait discuter des mensurations de Granger avec le propriétaire d'un magasin.

Des confiseries n'étaient pas suffisantes et il n'était pas certain de connaître ses bonbons préférés. Il se fit une note mentale pour se souvenir de lui poser la question plus tard.

Du vin ? Des fleurs ? Les deux options étaient trop impersonnelles. Allé, putain, réfléchit. Quelle était la passion de Granger ?

Comme si l'univers voulait répondre à sa place, Draco découvrit que ses pieds l'avaient emmené juste devant chez Fleury et Bott. Des livres, bien sûr !

Quasiment une heure après être passé entre les autres clients de la librairie bondée et avoir arpenté chaque genre de chaque section, Draco n'était pas plus avancé dans sa recherche de cadeau pour Hermione. A chaque fois qu'il choisissait un livre et en lisait le titre, il finissait par le reposer avec un soupire. Elle avait certainement déjà lu tous les livres de cette boutique. Comment diable était-il censé en choisir un qu'elle n'avait pas déjà ? Il avait besoin de quelque chose de plus original qu'un stupide livre.

Retournant à l'arrière une nouvelle fois, ses yeux se posèrent sur une table avec de jolis journaux en cuir. Il en choisit deux qu'il examina dans ses mains, une idée prenant forme dans son esprit. Ça demanderait une certaine quantité de sortilège de sa part, mais il avait assez confiance en ses talents pour que les journaux fassent ce dont il avait besoin.

Souriant avec suffisance pour lui même, il compléta ses achats et quitta la librairie. Une autre idée le frappa alors qu'il revenait dans les rues bondées et il su qu'il avait un dernier arrêt à faire avant de rentrer chez lui.

- Bonjour Draco Malfoy ! Appela joyeusement une voix rêveuse.

Draco s'arrêta net alors qu'une jeune femme aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus globuleux s'approchait de lui avec un sourire confiant. Loufoqua ? Non, Granger avait dit que c'était méchant... Luna ? Luna Lovegood. Puis Draco se souvint avec un soubresaut de honte que la sorcière souriante devant lui avait été faite prisonnière dans le donjon de son manoir pendant plusieurs mois.

- Hum, bonjour Lovegood, répondit-il timidement.

Son sourire – si c'était possible – s'agrandit.

- Oh, chouette, tu te souviens de moi ! Tu peux m'appeler Luna, si ça te fait plaisir. Ça fait des années, n'est-ce pas ? Depuis la dernière fois qu'on s'est vus ?

- J'en ai bien l'impression, tenta-t-il – complètement incertain de ce pourquoi cette sorcière c'était donné la peine de le saluer en pleine rue.

Luna pencha la tête sur le côté et plissa légèrement ses grands yeux.

- Viens-tu juste d'acheter un cadeau pour Hermione ?

C'est quoi ce bordel ?

- Je – Je veux dire que... Peut-être que j'ai pris quelque chose pour Granger, qu'est-ce que ça peut te faire ?

Si Luna Lovegood avait été blessée par son ton agressif, elle ne le montra pas. Elle haussa simplement les épaules avec insouciance.

- Je viens de te voir sortir de son magasin préféré. Tu as aussi l'air d'être pressé, comme la plupart des gens qui font leur courses de Noël à la dernière minute aujourd'hui, donc je me suis dit que tu achetais un cadeau pour quelqu'un. En plus, je sais que vous deux êtes amis maintenant, ce qui est plutôt chouette, à mon avis.

- Granger t'a dit qu'on était amis ?

Luna se contenta d'hausser de nouveau les épaules avec ses yeux écarquillés légèrement fous.

- Pas d'elle-même, non. Mais je l'ai beaucoup entendue parler avec Ginny à ton sujet, quand on était au Terrier. Parfois même mes amis peuvent oublier que j'ai deux oreilles qui fonctionnent. Ils étaient meilleurs avant pour cacher leurs conversations. Tu as l'air d'être une créature des plus curieuse, mais ensuite Hermione a eu l'air plus heureuse, ce que je pense avoir un lien avec toi.

Draco ouvrait et refermait la bouche, n'ayant plus les mots.

- Tu sais, la plupart des gens croient qu'on est de la même famille, mais je crois que ma teinte est plus jaune.

Et sans plus d'avertissement, elle s'avança dans l'espace personnel de Draco et leva une mèche de ses cheveux contre le côté de son visage.

- Mh, tu vois, j'avais raison. Mon blond est beaucoup plus jaune que le tiens.

Elle fit un pas en arrière et lui lança un regard reconnaissant.

- Lovegood, bordel c'était quoi ça ?

- Tu veux te joindre à moi à la Tête de Sanglier ?

- Est-ce que je veux... quoi ?

Luna Lovegood eu l'audace, après son étrange combine avec ses cheveux, de croiser les bas impatiemment sur sa poitrine et d'avoir l'air ennuyé de devoir répéter sa question brusque et insensée.

- Voudrais-tu te venir avec moi à la Tête de Sanglier ? Je vais retrouver Ginny et quelques autres copains pour boire des coups et d'autres joyeusetés. Veux-tu venir et célébrer l'esprit de Noël ?

Draco ne savait pas s'il devait rire, lui crier dessus ou simplement tourner les talons et la laisser au milieu de la rue, face à son charabia.

- Non merci Lovegood –

- Luna.

- D'accord, non merci, Luna. Je dois toujours terminer mes achats.

Il ne pouvait pas s'échapper de cette étrange sorcière assez vite. Comment diable Granger était-elle amie avec cette personne ?

On pourrait dire la même chose de toi, n'est-ce pas ?

- Oh d'accord, peut-être une prochaine fois, quand tu te sentiras d'avantage le bienvenu. J'espère qu'Hermione aimera le cadeau que tu as acheté. Passe un Noël festif et prudent !

Elle laissa Draco marmonner dans sa barbe et commença à s'éloigner. Il compta dix respirations avant de maudire le putain de jour de sa naissance car il la rappela.

- Lovegood ! Attends, s'il te plaît.

- Luna.

- Peu importe. Ecoute, je voulais juste te dire que je suis désolé. Je suis désolé pour le temps que tu as... Que tu as été obligée de passer dans la maison de ma famille.

Il n'arrivait même pas à se forcer à dire le mot « emprisonnée ». Lâche.

- Oh oui je me souviens! S'exclama-t-elle joyeusement, comme s'il n'avait fait que se remémorer un agréable souvenir d'eux en train de nouer des liens avec des Boursouflets.

- D'accord, eh bien, désolé à propos... de tout ça. Passe une bonne soirée avec Weasley.

Draco se retourna mais sa petite main attrapa rapidement la sienne.

- C'est Potter. Et je préfère croire que tu étais tout autant un prisonnier du Manoir que moi. Bon vent, Draco Malfoy !

Lâchant sa main, elle lui fit un signe joyeux et sautilla dans la rue, complètement inconsciente des regards incrédules des passants.


La porte de la Tête de Sanglier s'ouvrit en grinçant et Ginny leva les yeux avec enthousiasme vers Luna qui venait des rues enneigées.

- Salut Luna ! Je t'ai déjà pris une Bièraubeurre.

Ginny glissa la boisson vers son amie qui observa le verre mais secoua la tête.

- Mhh, je pense que je vais aller embêter Abelforth pour un soda de Branchiflore à la place. Rolf revient de son voyage demain et je pense que l'on va commencer à essayer d'avoir un enfant.

Ginny cligna des yeux de surprise face à son amie.

- D'accord, eh bien dans ce cas j'imagine que je peux finir celle-ci aussi. Tu viens de transplaner depuis le Chemin de Traverse ?

- Oui, j'effectuais mon contrôle annuel des Nargoles chez l'apothicaire. Les niveaux sont bas cette année, ce qui est bon signe. Oh et j'ai eu une agréable conversation avec Draco Malfoy.

La mâchoire de Ginny se décrocha tandis que Luna planait jusqu'au comptoir pour récupérer sa boisson sans alcool. Quand elle revint vers Ginny, la rousse ne savait pas quelle question elle voulait poser en premier sur les millions qui lui brûlaient la langue.

- Tu es tombée sur Malfoy ? Comment euh... Comment ça s'est passé ?

- Plutôt bien, s'exclama Luna. Je pense que je l'ai un peu troublé après qu'il se soit excusé. Oh et je l'ai invité à se joindre à nous.

Ginny tourna la tête vers la porte, s'attendant à voir un visage pâle et espiègle entrer, mais personne ne vint.

- Ne t'en fait pas Ginny, il a poliment refusé. Il était occupé à terminer ses cadeaux de Noël pour Hermione.

Au cours de son amitié de longue date avec Luna, Ginny aimait penser qu'elle était immunisée contre les déclarations ridicules que son amie lâchaient comme des bombes. La plupart des créatures ou des complots ne la faisaient presque plus sourciller. Mais Luna qui lâchait au cours d'une conversation, que Draco Malfoy courrait partout, quelques jours avant Noël, à la rechercher d'un cadeau pour Hermione ? Eh bien ça lui coupait le souffle.

Avant que Ginny ne puisse se calmer et interroger Luna, une grosse voix les appela.

- Hey ! Vous avez commencé à boire sans nous ?

Seamus s'avança jusqu'à elles avec un sourire taquin, accompagné par Dean, Parvati et Padma. Ginny et Luna firent de la place autour de la table alors que les anciens camarades de l'Armée de Dumbledore rejoignaient la fête.

Des liens solides s'étaient formés dans le groupe durant l'horrible dernière année de la guerre. Sous le commandement de Neville, cette troupe hétéroclite d'élèves laissés pour compte à Poudlard s'était soudé en grandissant, alors qu'ils essayaient de soutenir à leur manière la mission d'Harry, Ron et Hermione. A peu près une fois par mois, le plus de membre du groupe possible tentaient de se retrouver à la Tête de Sanglier pour prendre des nouvelles et agacer Abelforth.

Bientôt, le groupe avait rempli une grande partie du bar avec l'arrivée de Susan Bones, Ernie MacMilan, Hannah Londubat (née Abbott), Terry Boot, Cho Chang, Michael Corner, Justin Finch-Fletchey, Demelza Robbins et Jimmy Peakes.

Plusieurs tournées de Bièraubeurre et de Firewhisky plus tard, Parvati fit apparaître le dernier exemplaire de son magazine, contenant la liste toujours très controversée des Sorciers Célibataires les plus Convoités, pour le plus grand plaisir des femmes du groupe.

- Sérieux Parvati, merci d'avoir enfin retiré Ron de la liste. C'est pas comme si ça faisait quatre putain d'années qu'on sortait ensemble, râla Padma avec ironie.

- Tu es juste énervée parce qu'il a été super arrogant pendant un mois après ça, ricana Ginny.

Padma lui lança un regard exaspéré et murmura « insupportable salaud, je t'en foutrais du « convoité » » dans sa barbe.

- Oui eh bien, j'ai rappelé à Romilda Vane qu'elle me devait une faveur pour avoir convaincu Madame Coursant de concevoir ses robes pour le gala du Ministère, répondit Parvati d'un air faussement timide en feuilletant les pages.

Parvati était très au fait des dernières tendances de la mode des sorciers, en tant que correspondante dans ce domaine pour Sorcière-Hebdo.

- On dirait que ton frère Charlie est le seul Weasley cette année, Gin, remarqua Susan.

Et, en tournant la page elle fronça le nez.

- Beurk, Romilda a inclus Cormac McLaggen ? Cet homme est un grossier connard.

- Si tu penses que c'est mauvais, va à la page 36, coupa Parvati.

La partie féminine de la fête penchèrent toutes leurs têtes et se rassemblèrent autour du magazine alors que Susan tournait scrupuleusement les pages jusqu'à la 36. L'estomac de Ginny lui tomba dans les talons lorsqu'elle fut une nouvelle fois confrontée à l'objet de beaucoup trop de conversations avec ses amies ces derniers temps : putain de Draco Malfoy. Le magazine n'avait inclus que quelques photos – que Ginny estimait provenir de ces récentes apparitions à des matchs de Quidditch pour le travail. D'autres hommes de la liste, comme McLaggen, s'étaient portés volontaires pour être photographiés pour leur article.

- Hein, fit Cho après quelques instants de silence.

Aucune ne semblait assez courageuse pour donner son avis – dans un sens ou dans l'autre.

- D'accord, je vais le dire pour le groupe : cet homme est ridiculement beau, dit Susan fermement.

Demelza laissa aller un soupire frustré.

- T'as raison. Il est musclé. Très, très musclé.

Parvati fit des « tututut » désapprobateur.

- Allé, aucune de vous ne prend ça au sérieux. Malfoy était un Mangemort, au cas où vous auriez oublié. Je n'arrive pas à croire que Romilda ai cru que c'était approprié ! Il les a laissé entrer dans notre école !

Ginny se mordit la langue, réprimant l'envie de prendre la défense de Malfoy. Elle savait que la mort de Lavande, dans les mains de Fenrir Greyback, hantait toujours Parvati, et que toute personne associée avec ce loup-garou dépravé ou ses potes Mangemorts était un point sensible pour elle. Ginny n'avait pas vraiment envie de débattre en l'honneur de Malfoy – peu importe à quel point sa situation avait été tragique – quand elle était elle-même toujours en train de réfléchir à ses propres sentiments vis à vis de ce personnage manifestement repentant.

A sa grande surprise, Susan prit les rênes à sa place.

- C'était un gosse idiot et effrayé, commença-t-elle gentiment. Et je ne sais pas si beaucoup d'entre vous ont passé du temps avec lui récemment, mais j'ai travaillé sur un projet avec lui cet été et cet automne et il était tout simplement professionnel.

Le groupe s'était tourné de surprise vers Susan qui haussa les épaules.

- Il a aidé mon département à organiser le match international de charité de Quidditch avec la France. Non seulement il parle couramment français, mais de près, on peut voir comment sont ses costumes sombres et ajustés sous ses robes.

La plupart des jeunes femmes lâchèrent des gloussements tendus et on abandonna bientôt le sujet Malfoy. Mais l'esprit de Ginny ne pu s'empêcher d'y revenir et d'essayer de faire coïncider toutes les bribes d'informations qu'elle avait eu de la part d'Hermione, Luna, Maureen Tyler et maintenant Susan Bones.

On gagne vraiment pas mal de points de sympathie ces temps-ci Malfoy, hein ? Par Merlin, peut-être que les Niffleurs ont vraiment appris à voler...


*Crapauds à la menthe : Peppermint Toad, la marque disparaît dans la version française. (source Harry Potter Fandom)


Hello !

J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu! N'hésitez pas à me faire vos remarques en commentaires ou en message privé.
Chapitre suivant vendredi prochain!

A bientôt !