AVERTISSEMENT : Ce chapitre décrit une crise d'angoisse.


CHAPITRE 13 :

Février 2008

Est-ce que c'était plus impoli de lui dire ou de ne rien faire ? Draco préféra finalement risquer de la mettre en colère.

- Mh Granger ?

- Quoi !?

C'était donc l'un de ces matins. Le genre de matin où, lorsque Draco osait interrompre ses gribouillages, elle lui sautait à la gorge. Son humeur exécrable était certainement causée par son manque de sommeil – à en juger par les marques violettes sous ses yeux, le teint cireux de son visage habituellement rose et ses cheveux attachés n'importe comment dans un espèce de chignon au dessus de sa tête. Ça, et le fait qu'elle se soit déjà emporté contre Draco parce qu'il buvait son café trop bruyamment.

- Tu as de l'encre sur le nez, la joue gauche et le front, l'informa-t-il poliment en choisissant d'ignorer sa crise de nerfs enfantine.

Hermione leva les yeux au ciel et se saisit d'une fine serviette en papier, pour essayer d'essuyer les traces sur son visage.

- C'est mieux ?

- Pas du tout.

- Argh !

Fixant Draco comme s'il était responsable que son visage soit tâché d'encre, Hermione prit le bout de la manche de sa blouse de travail mais, avant qu'elle ne puisse l'utiliser, Draco protesta avec horreur.

- Granger as-tu le sens de la bienséance ? Ce n'est pas à ça que ça sert !

Soupirant avec indignation, il plongea sa main dans la poche intérieure de sa veste et jeta un mouchoir blanc dans sa direction. Le retournant dans ses mains, un sourire fendit le visage mécontent d'Hermione pour la première fois de la matinée.

- Donc tu as des mouchoirs avec tes initiales, pouffa-t-elle en réussissant enfin à enlever l'encre de sa peau.

- Evidemment Granger, dit Draco en levant les yeux au ciel avec bonhomie, je suis un gentleman.

- Plutôt un sale gosse avec une fiducie, ricana Hermione.

- Attention paysanne, ou plus jamais je ne te prêterai mon précieux mouchoir.

Hermione rit et le lui rendit.

- Tiens. Sauf si tu veux que je le lave avant ?

Draco agita la main impérieusement.

- Un sale gosse avec une fiducie, tu te souviens ? Je pourrais avoir des voiles entières faites avec mes réserves. Garde le comme un souvenir de ma chevalerie.

Ce fût au tour d'Hermione de lever les yeux au ciel avec amusement et Draco était heureux de voir qu'il avait réussit à lui remonter le moral. Habituellement, quand elle était de cette humeur, ça se traduisait pas un silence maussade jusqu'à ce qu'ils aillent au travail.

- Est-ce que tu veux m'expliquer pourquoi tu agis comme un Scroutt à Pétard sous alimenté ce matin ?

Il gagna un regard cinglant mais elle soupira ensuite et s'adossa à sa chaise.

- J'ai passé le week-end avec mes parents, dit-elle doucement.

Draco savait que la relation qu'entretenait Hermione avec ses parents la rendait parfois triste, mais elle semblait plus affectée que d'habitude.

- Ils vont bien ?

- Très bien. C'est juste... A chaque fois que je leur rend visite, je sens que le fossé se creuse entre nous.

- Ont-ils dit quelque chose qui t'a contrarié ?

- Non, ce n'est pas ça, répondit-elle pensivement en posant son menton dans ses mains, penchée sur la table.

Elle regarda dans le vide et Draco la connaissait suffisamment à présent pour savoir qu'elle prenait une minute pour organiser ses pensées avant de parler.

- Je peux le voir sur leur visages, Malfoy. Ce sont les plus petites choses qui le provoque. Si je dis « Merlin » ou « Godric » à la place de « Mon Dieu » ou « Jésus Christ », il y a cette ombre qui passe dans leur yeux. Parfois j'ai l'impression d'être une étrangère pour eux parce que j'ai perdu certaines expressions ou tournures de phrases moldues. Parfois j'ai l'impression d'appartenir à deux mondes différents. Ce que je veux dire c'est que mes parents ont su utiliser un portable avant moi ! Tu imagines ? Ils ont dû m'apprendre, à moi, à en utiliser un !

- Oui, j'imagine, dit-il d'un ton sec, quelqu'un qui à dû t'apprend à faire quelque chose.

Normalement cela lui aurait valut une tape amusée sur le bras, mais Hermione semblait sourde à ses interruptions et elle continua d'une voix aiguë et plus anxieuse.

- J'ai fait toutes ces choses extraordinaires et fantastiques ! Je suis entrée par effraction dans une banque sous haute sécurité et j'en suis sortie ! Sur le dos d'un Dragon Pansedefer Ukrainien ! Et je ne pourrais jamais, au grand jamais, le leur raconter ! Tellement d'aspect de ma vie qu'ils.. ne connaitront... jamais... et... je ne peux pas... je n'arrive pas... jamais...

Il observa son visage se briser et ses traits s'écarquiller alors qu'elle essayait de reprendre son souffle pour se calmer. Son corps n'avait pas l'air d'avoir décidé s'il voulait hurler ou pleurer et avait oublié de respirer pendant tout ce temps. C'était à ça qu'il ressemblait pendant ses crises de panique ? C'était absolument terrifiant à regarder.

- Granger ? Granger est-ce que ça va ?

Evidemment que non, mais peut-être que s'il posait la question, elle entendrait sa voix et se calmerait. Hermione ne fit aucun signe qui montrait qu'elle l'avait entendu ou qu'elle se souvenait qu'il était assis là.

Des larmes surgirent soudainement de ses yeux et coulèrent le long de ses joues. Ses mains commencèrent à tordre l'avant de sa blouse alors que ses grands yeux larmoyants fixaient le vide et que sa respiration était saccadée et laborieuse.

Draco fit rapidement le tour de la table et s'accroupi devant elle, directement dans son champs de vision.

- Granger. Regarde moi. Il faut que tu me regardes.

Encore une fois, elle n'eut aucun signe indiquant qu'elle pouvait ne serait-ce que le voir, mais son corps commença à se balancer dans de légères convulsions. Il devait réfléchir rapidement, sinon elle continuerait à s'emballer et peut-être qu'elle allait se mettre à crier. Draco se souvint de la façon dont elle l'avait aidé – lorsqu'il avait flirté avec l'idée de briser la sobriété de son addiction à la potion de Sommeil – et il élabora un plan.

- Je reviens. Il faut que tu te battes, je sais que tu peux le faire, murmura-t-il – peu convaincu qu'elle lui ai prêté la moindre attention.

Il marcha aussi vite qu'il le pu sans courir jusqu'au comptoir.

- Un verre d'eau pour mon amie, s'il vous plaît. Je crois qu'elle ne va pas bien, dit-il avec urgence mais d'une voix douce à la vieille propriétaire.

La femme jeta un rapide coup d'oeil à Hermione, serra les lèvres et ramena à Draco un verre d'eau si vite qu'il crut qu'elle l'avait invoqué par magie.

- Attendez, appela-t-elle doucement alors qu'il repartait déjà vers Hermione.

Elle attrapa le premier muffin sur lequel elle pu mettre la main et le poussa vers lui.

- Faites lui manger ça aussi. Ça peut être dramatique si son taux de sucre est trop bas. Mon mari a servi au Vietnam, je sais ce que c'est.

Draco ne comprit pas tout ce qu'elle venait de dire mais la remercia tout de même.

Il posa l'eau et le muffin sur la table et s'accroupi de nouveau devant elle. Les yeux d'Hermione étaient fermés si forts qu'il se demanda s'ils seraient injectés de sang quand elle réussirait à les rouvrir.

- Granger ?

Rien. Elle pleurait simplement en silence, les yeux clos, secouant la tête de droite à gauche comme si elle tentait de chasser toutes les horribles pensées qui la tourmentaient.

Draco était complètement perdu et plus qu'effrayé. Comment pouvait-il l'aider ? Penché devant elle, il plaça ses mains avec précaution sur le haut de ses genoux. Il pressa délicatement sa jambe, pensant que c'était le meilleur moyen pour l'atteindre.

- Granger, quelles sont les propriétés de la mandragore ? Demanda-t-il doucement.

A son plus grand étonnement, elle cessa de trembler et ses yeux s'ouvrirent en papillonnant.

- Qu-quoi ? Qu'est-ce que tu as dit ?

Draco fut si soulagé qu'elle lui parle, même si sa respiration était bien trop rapide et sa voix totalement paniquée. Ses pouces dessinèrent de légers cercles sur ses cuisses.

- Les propriétés de la mandragore. Fais en une liste pour moi.

Ses sourcils se froncèrent mais elle ne lâcha pas son regard.

- La man-mandragore ou...Man-mandragora est un... est un revitalisant très puissant. Il est... utilisé pour... Pour ramener les personnes ayant été pétrifiées à leur état normal... Le cr-cri de la... Leur cri est fatal pour ceux qui l'entendent.

- Brave fille. Récite la Troisième loi de Golpalott.

Hermione inspira une longue bouffée d'air et continua de le regarder dans les yeux.

- La Troisième loi de Golpalott stipule... que... l'antidote d'un poison composé... doit être égal à plus que la somme... des antidotes de chacun... de ses composants.

Elle marqua une pause et ferma les yeux pendant un moment, prenant des inspirations profondes et régulières. Draco sentait qu'elle était sur le point de complètement repousser la panique. Il lui pressa de nouveau légèrement la cuisse.

- C'est ça Granger, reste avec moi. Je t'en prie, reviens vers moi, murmura-t-il de façon encourageante.

Quand elle rouvrit de nouveau les yeux, Draco était prêt avec une autre question.

- Où dois-je chercher si je veux trouver un bézoard ?

- Un bézoard est une pierre qui se trouve dans l'estomac des chèvres et qui sert d'antidote à la plupart des potions, récita-t-elle à toute vitesse comme la véritable Hermione-Granger-qui-englouti-tout-un-manuel à nouveau.

Draco sourit avec suffisance.

- Bon retour parmi nous Granger, dit-il – laissant rapidement tomber ses mains en réalisant qu'elles étaient toujours sur ses jambes. Tiens, ajouta-t-il en lui tendant le verre d'eau et le muffin. Bois ça, entièrement. Et si tu ne t'occupes pas rapidement de ce muffin aux pépites de chocolat, alors je m'en charge.

Il eu un faible gloussement de sa part alors qu'il se réinstallait de l'autre côté de la table.

Hermione suivit les instructions, buvant lentement et prenant de petites bouchées du muffin. Quand elle eu terminé le verre d'eau, elle le déposa et fit un petit sourire à Draco.

- Merci. Je suis désolée que tu aies eu à voir ça, dit-elle doucement – mais sa déclaration le terrassa.

- Granger, de quoi tu t'excuses ?

Comment pouvait-elle être gênée de quoi que ce soit ? Elle venait de se battre et de gagner. Par Merlin, elle avait enduré une douleur sans égal. Si quelqu'un avait bien le droit de s'écrouler par moment, c'était Hermione Granger.

Elle haussa faiblement les épaules.

- Je n'ai pas fait de crise de panique comme ça depuis un bon moment. Je suis sûre que c'est lié à mon manque de sommeil.

- Est-ce que... Tu en fais souvent ?

Son ton était prudent, ne sachant pas si elle serait assez à l'aise pour partager ce genre de chose avec lui.

- Pas autant que... Juste après la guerre. D'habitude, j'en ai seulement quand je suis très fatiguée ou stressée ou que je n'ai pas mangé correctement. Ces derniers temps je n'en ai qu'à la maison, après certains cauchemars.

- J'imagine que c'est encore quelque chose que l'on a en commun, confessa-t-il s'en pouvoir s'en empêcher.

Hermione rencontra son regard et Draco la senti de nouveau : cette connexion, cette attirance qui venait d'un endroit tout au fond de lui et qui l'attirait vers cette incroyable femme assise devant lui.

Ils ne parlèrent pas pendant un moment, se contentant de se fixer pendant que les mots de Draco planaient entre eux.

Il s'éclairci la gorge pour briser la tension.

- Est-ce que tu as un mantra ? C'est une méthode que l'on m'a recommandé et ça... m'aide à m'en sortir. Ça aide à m'ancrer, en quelques sortes.

Hermione secoua la tête.

- Non, quel est le tiens ?

- Ah, ah ! C'est tricher ça Granger. Tu ne voudrais pas copier mon travail, n'est-ce pas ? Comment pourrais-tu apprendre ?

Draco eu un sourire en coin et fut remercié par un autre gloussement de la part d'Hermione.

Elle consulta sa montre et rassembla doucement ses affaires pour les fourrer dans son sac.

- On devrait y aller, commenta-t-elle doucement.

- Oui, absolument. Je vais aller au travail et tu vas prendre un jour d'arrêt maladie. Donc dépêchons nous de te ramener chez toi.

Elle leva brusquement les yeux vers Draco.

- Je te demande pardon ? Je ne peux pas prendre un jour d'arrêt maladie !

- Si. Tu le peux et tu vas le faire, répondit-il calmement.

Hermione ricana et balança son sac de travail sur son épaule avant de se tourner et de pratiquement courir hors du café. Draco leva les yeux au ciel dans son dos et la suivi dans la rue.

- Granger ne m'obliges pas à t'assommer. Tu dois rentrer chez toi et te reposer.

- Pas du tout ! J'ai beaucoup trop de choses à faire aujourd'hui !

Avec seulement quelques longues enjambées, Draco pu la rattraper et l'empêcher physiquement d'avancer davantage le long du trottoir. Elle s'arrêta juste avant de lui rentrer dedans et croisa les bras sur sa poitrine.

- Pousse toi, s'il te plaît, demanda-t-elle fermement.

- Non, répondit Draco tout aussi fermement, baissant la tête pour lui sourire en coin.

Elle souffla et agita les bras, et Draco retint un rire car elle ressemblait à un petit oiseau en colère quand elle agissait de cette façon.

- Ce n'est pas drôle Malfoy ! Je dois aller au travail !

Draco se rasséréna en réalisant que la taquinerie ne le mènerait nulle part.

- Granger, commença-t-il doucement. S'il te plaît. Rentre chez toi. Ton travail sera toujours là demain. Tu viens juste d'avoir une crise de panique et tu m'as dit toi même que tu n'avais pas dormi ou mangé correctement hier. Si tu ne prends pas soin de toi-même, comment veux-tu te remettre ? Arrête de jouer les braves pour une fois et fais une pause, d'accord ?

Ses yeux perdirent de leur intensité et de leur colère et il pu voir sa détermination s'écrouler. Elle soupira longuement et remonta son sac un peu plus sur son épaule. Le combat semblait la quitter et Draco fut soulagé qu'elle retrouve enfin la raison.

- Tu as raison.

- Mes oreilles me font-elles défaut ou viens-tu juste d'admettre que j'ai raison ?

Il ne pu pas empêcher la raillerie de quitter ses lèvres mais Hermione leva les yeux au ciel cette fois.

- Tu as raison, dit-elle à nouveau d'un ton légèrement résigné. Je ne suis d'aucune utilité pour mon département dans cet état. J'ai l'impression que je pourrais dormir pendant un mois.

- Que ton département aille se faire foutre Granger ! Tu dois prendre soin de toi, pour toi.

Draco ne savait pas où il allait chercher se genre de déclaration mais Hermione plongea ses yeux dans les siens avec un air curieux. Il s'éclaircit la gorge maladroitement.

- Est-ce que mh... Tu veux que je te raccompagne ?

Elle secoua la tête, évitant de continuer à se ridiculiser.

- Non, j'habite qu'à quelques pâtés de maison, dans l'autre sens, et je pense qu'un peu d'air frais me fera du bien avant que je m'enferme pour le reste de la journée.

Draco haussa les épaules et fit un pas en arrière.

- Très bien. Je te verrais peut-être demain si tu te sens mieux.

Il commença à faire demi tour mais une main délicate l'arrêta dans son mouvement.

Hermione lui tenait la main et elle était incroyablement chaude.

- Merci. Je ne sais pas comment je m'en serais sortie sans toi aujourd'hui, murmura-t-elle.

Draco ne pouvait plus respirer. Il ne pouvait plus penser. Il ne pouvait plus bouger. La seule partie de son corps dont il avait encore conscience était sa main gauche, actuellement enveloppée dans la poigne de Granger. Il fixa leurs mains jointes et n'osa pas laisser son regard se poser sur son visage. S'il le faisait, Draco était terrifié que les mots ne glissent de sa bouche. Je ne sais pas comment j'ai pu faire sans toi. Je ne sais pas si j'y arriverai un jour.

Le moment dura un temps de trop et Draco su qu'il devait dire quelque chose pour rompre cette connexion, ou il resterait planté là toute la journée, se délectant de la sensation de sa petite main dans la sienne.

Finalement, il la pressa légèrement et la lâcha avec un « évidemment Granger, c'est à ça que servent les amis ».

Il se retourna et s'en alla, n'osant pas regarder en arrière pour s'assurer qu'elle parte dans la bonne direction. Je suis en contrôle. Je suis en contrôle.


Tenant sa parole, une fois qu'Hermione eu quitté Malfoy elle alla directement chez elle, puis dans son lit. Elle fut agréablement surprise de découvrir qu'il était quasiment l'heure de dîner quand elle se réveilla.

Heureusement, elle était passée en coup de vent au Terrier dimanche, après avoir passé le reste du week-end chez ses parents, et Molly l'avait renvoyée chez elle avec un chaudron presque plein de ragoût de bœuf. Après avoir engloutis les délicieux restes, Hermione arriva pour la deuxième partie du journal télévisé moldu puis lu un chapitre de son dernier texte runique et elle décida d'aller se coucher tôt et de retourner dans le confort de son lit pour se blottir contre Pattenrond.

Mais son plan de dormir jusqu'au matin ne se déroula pas comme prévu.

Hermione se réveilla avec un cri, les yeux mouillés et la respiration saccadée alors qu'elle agrippait sa poitrine. Sa baguette était soudainement dans sa main, pointée vers un tortionnaire qui n'était pas là et qui était mort depuis longtemps. Elle ravala un sanglot et reposa sa baguette sur la table de chevet. Repliant ses genoux contre sa poitrine, Hermione se laissa aller aux tremblements et aux pleurs qui la traversèrent, essayant de ne pas regarder la place à côté d'elle – vide depuis des années.

C'était lors de ce genre de nuits qu'Hermione regrettait le plus sa relation avec Ron.

Pas pour des raisons romantiques, non. Elle et Ron s'étaient séparés en termes plutôt amicaux et il n'y avait rien de plus que de l'affection entre eux à présent.

Mais Ron avait toujours su comment la réveiller d'un cauchemar. Il connaissait les mots et les gestes rassurants dont elle avait besoin lorsqu'elle se réveillait avec des sueurs froides, criant dans le vide et pointant sa baguette vers le spectre de Bellatrix Lestrange.

La sensation d'une présence masculine et virile dans son lit, les bras étroitement enroulés autour d'elle, lui manquait. Encore une fois, pas forcément Ron, juste une personne fiable qui pouvait servir de soutien physique et émotionnel quand elle avait l'impression de s'effondrer.

Lorsqu'ils s'étaient séparés, Ron n'avait cessé de rappeler à Hermione que si elle avait besoin de lui – de jour comme de nuit – il serait là. Ron, plus que la plupart de ses amis, connaissait les complexités des terreurs nocturnes d'Hermione, et il y eu une époque où elle avait accepté son offre. Mais, après qu'il ai commencé à sortir avec Padma, Hermione sut qu'elle ne pouvait plus cheminetter chez Ron au beau milieu de la nuit, sanglotante pendant qu'il lui caressait le dos et qu'il lui faisait du thé. Donc non, elle ne pouvait pas aller chez Ron cette nuit.

Harry et Ginny dormaient probablement aussi. Luna était à l'étranger avec Rolf. Elle détestait l'idée de déranger Molly et Arthur, même s'ils avaient dit à Hermione à plusieurs reprises qu'elle était la bienvenue à n'importe quelle heure, quelque soit la situation, et qu'ils essaieraient de l'aider.

Mais non, elle ne s'immiscerait pas chez d'autres couples, ce ne serait pas juste. Hermione réalisa – et pas pour la première fois – que tout le monde autour d'elle avait quelqu'un.

Sauf qu'elle avait quelqu'un aussi. Dans un sens.

Son esprit s'orienta vers Malfoy et la façon dont il avait été capable de la sortir de sa crise de panique. Il avait montré de l'intérêt pour son bien être. Le ton qu'avait pris sa voix quand il l'avait suppliée : « Je t'en prie, reviens vers moi ».

C'était à la fois anormalement adorable et un peu égoïste. Alors qu'elle réfléchissait à leur amitié, Hermione sut qu'elle et Malfoy avaient besoin l'un de l'autre. La part cynique de son cerveau lui dit que c'était parce qu'ils étaient tous les deux si pathétiquement seuls qu'ils s'accrochaient à cette amitié pour éviter de l'être.

Mais ce n'était pas vrai. Pas totalement. De son côté, Hermione avait tout un tas d'amis et, si elle le voulait, pouvait obtenir l'attention et l'affection des hommes. Draco Malfoy n'était pas sa seule option. Et il n'était certainement pas une option convenable.

Au contraire, la démonstration de son instabilité mentale ce matin lui avait prouvé à quel point il accordait de l'importance à leur amitié. Quelques mois plus tôt, quand il s'était excusé auprès d'elle, Hermione s'était inquiétée de n'être qu'un pion sur son chemin vers la rédemption. Cette pensée n'avait été qu'éphémère et était plus liée à son manque de confiance en elle qu'à de réelles mauvaises intentions de sa part à lui. Puis elle s'était demandée si Malfoy continuait de traîner avec elle juste parce qu'il n'avait personne d'autre dans sa vie et qu'elle n'était qu'une distraction.

C'était à moitié vrai, raisonna Hermione. Malfoy n'avait pas beaucoup de gens dans sa vie, mais Hermione avait finit par comprendre que c'était un choix délibéré – en partie. Lorsqu'il lui avait raconté à quel point ses vacances avaient été horribles, elle avait réalisé que – s'il le voulait – il pouvait être la coqueluche de la société des Sang-Pur. Sa famille était toujours odieusement riche et, Narcissa étant en quelque sorte dans les bonnes grâces d'Harry Potter, cela signifiait qu'ils avaient encore un peu d'influence politique. Draco n'avait qu'un mot à dire et un bon nombre de sorcière de Sang Pur feraient la queue pour être la prochaine Mme Malfoy.

On pouvait dire la même chose de ses anciens potes de Serpentard. Le seul nom que Malfoy avait jamais prononcé était celui de Théodore Nott. Mais il avait dit que toute l'ancienne troupe assistait au bal du Nouvel An de sa mère. Encore une fois, si Draco disait ce qu'il fallait, il pouvait être la star de son cercle social, assistant aux soirée et galas des Sang-Pur tous les week-end.

A la place, Draco avait choisi de se rendre tous les matins – avant d'aller à un boulot qu'il n'avait pas besoin d'avoir – dans un café Moldu – qu'il n'avait pas besoin de fréquenter – pour passer du temps avec Hermione.

Une connexion tangible existait entre elle et Malfoy. Elle l'avait senti ce matin là en prenant sa main pour le remercier. Amitié, désir, le nom de cette connexion n'avait pas vraiment d'importance pour elle car c'était déjà assez important qu'elle existe.

Et donc, Hermione enlaça ses genoux contre sa poitrine et considéra ses options. Il était trois heures du matin et elle n'avait personne chez qui cheminetter. Le visage de Malfoy flotta devant ses yeux mais elle savait que c'était hors de question. Premièrement, leurs cheminées n'étaient pas connectées et, deuxièmement, elle se sentirait comme une gourde complètement idiote si elle devait lui donner des explications si tard dans la nuit. En plus, si elle tenait le coup encore quelques heures, elle pourrait le voir en personne.

L'idée de voir Malfoy en vrai provoqua une vague de chaleur qui se répandit dans tout son corps. Elle était furieuse contre son cerveau paniqué de ce matin. Les mains de Draco avaient agrippé ses jambes et, pour le restant de ses jours, Hermione ne pourrait pas se rappeler de cette sensation parce que son esprit avait été dans le brouillard.

Maudit soit Malfoy et ses mains curieusement attirantes. L'envie de le toucher avait été si forte aujourd'hui, qu'elle avait fini par tendre la main pour attraper la sienne avant de le remercier et de lui dire au revoir. Et quand sa poigne l'avait serré en retour ? Hermione avait presque fondu comme la neige sur le trottoir autour d'eux.

Hermione savait qu'il avait été jaloux de son rendez-vous avec Anthony – après son curieux changement d'humeur quand elle lui avait révélé que rien ne s'était passé. Elle n'était plus cette fille inconsciente de Quatrième Année, qui ne se rendait pas compte de la réaction immature de Ron Weasley à propos du fait qu'elle aille au bal de Noël avec Viktor Krum. Elle avait nié, à l'époque, que Ron puisse être romantiquement intéressé par elle. Elle avait nié et nié pendant des années, jusqu'à ce qu'elle soit celle qui fasse le premier pas, l'embrassant lors de la bataille finale de Poudlard.

En fait, elle était lassée de leur courir après. Si Draco voulait quelque chose de plus avec elle, il n'avait qu'à porter ses couilles et lui poser la question.

Mais le ferait-il ? Et combien de temps Hermione devrait-elle attendre ? Peut-être qu'il ne considérait Hermione que comme une présence platonique dans sa vie.

Elle senti ses membres recommencer à trembler et elle su qu'elle allait bientôt retomber dans la spirale de l'anxiété. Que lui avait suggéré Malfoy ce matin déjà ? Un mantra ?

Fermant les yeux et resserrant ses genoux un peu plus fort contre elle, Hermione retomba dans le confort de son enfance. Aux jours avant la magie, avant Poudlard, avant que sa famille ne soit irrévocablement endommagée. Il y avait une chanson que son père chantait et qui lui remontait toujours, à tous les coups, le moral.

We all live in a yellow submarine. A yellow submarine. A yellow submarine.

We all live in a yellow submarine. A yellow submarine. A yellow submarine.