Hermione faisait face à l'une des grandes étagères de sa librairie, les mains posées sur les hanches. Son regard scannait un à un les livres de cuisine, dans l'espoir de trouver quelque chose d'original qu'elle pourrait apporter à Drago.
Cela faisait quelques jours qu'elle y pensait. Depuis qu'elle s'était réveillée à ses côtés, en fait. Elle s'en était tant voulu de s'être montrée ainsi devant lui, d'avoir mis de la distance entre eux pendant des jours, qu'elle voulait se faire pardonner d'une quelconque manière. Elle voulait retrouver ce temps où tout était simple entre eux, où tout était bien.
Alors elle faisait un pas vers lui, elle lui tendait la main. Elle ne voyait pas d'autre moyen de le faire, elle était paniquée à l'idée de lui présenter des excuses. Elle trouvait ça banal et à la fois difficile. Elle qui n'avait jamais eu de mal à s'excuser dans sa vie se retrouvait bien embêtée. Ce n'était pas de la fierté, simplement un malaise qu'elle ne parvenait pas à cerner. Après tout, que pourrait-il répondre à ça ? Comment était-il censé réagir ? C'était idiot. Il ne valait mieux pas en parler, elle ne voulait pas se ridiculiser. Comme si des excuses suffisaient à ce que tout rentre dans l'ordre. Elle ne méritait pas de pardon pour une telle bêtise.
Il fallait bien plus que ça. Il fallait qu'elle lui montre qu'il comptait pour elle, que leur amitié comptait. Elle le lui devait. Il avait été parfait, si bon avec elle. Ainsi, un cadeau lui semblait être le parfait moyen d'enterrer la hache de guerre. Du moins, la hache du silence.
Hermione avait tout de suite pensé à lui ramener des livres de cuisine, quelque chose qui lui plairait forcément. Elle avait opté pour les types de cuisine qu'elle préférait, dans l'espoir secret qu'il prépare de lui-même les plats qu'elle chérissait tant. Elle n'avait jamais osé lui suggérer quoi que ce soit pour les repas.
Elle s'était ensuite souvenue de toutes les fois où elle l'avait surpris occupé à lire des romans, voire des recueils de poésie. Elle le revoyait, allongé dans le canapé de la bibliothèque, du Verlaine dans les mains. Elle se demandait même qui d'eux deux lisait le plus. Ainsi avait-elle décidé de prendre de tout. Après tout, on ne lisait jamais assez à ses yeux.
Elle attrapa un troisième livre de recettes, cette fois-ci sur la nourriture libanaise, puis se dirigea vers le rayon des romans les plus récents. Elle voulait lui choisir ses ouvrages favoris de ces dernières années, sachant que la bibliothèque de ses grands-parents ne contenait rien d'il y a moins de quinze ans. Elle en sélectionna deux et se promit de lui en fournir davantage s'il aimait ses propositions.
Sa lèvre inférieure coincée entre ses dents et des livres plein les bras, Hermione retourna à son comptoir et régla ses achats. Pour une fois qu'elle dépensait son argent autrement que pour les courses et le vétérinaire d'Albert. Elle était heureuse de le faire pour lui.
Sa journée n'était pas vraiment terminée, mais elle n'avait eu que deux clients et elle n'avait aucune envie d'attendre plus longtemps. Elle était impatiente. Elle voulait voir la réaction de Drago, vérifier que ses choix étaient les bons et que cela lui faisait plaisir. Elle voulait voir son visage s'illuminer de ces sourires si rares qu'il lui offrait. Elle voulait sentir l'appréhension au creux de son ventre lorsqu'elle le verrait ouvrir ses cadeaux. Et surtout, elle avait hâte de le retrouver. Pour de bon.
Elle décida donc de fermer la librairie plus tôt afin de rentrer au plus vite. Elle ne pouvait pas attendre. Quinze minutes plus tard, Albert et elle étaient sur le chemin du retour.
Drago était dans la cuisine lorsqu'elle arriva, comme toujours. C'était ce genre d'habitudes qu'elle chérissait, qu'elle avait craint de perdre lors de ces derniers jours. Savoir qu'il serait là, chez elle, dans sa cuisine, lorsqu'elle rentrait, était une chose qu'elle ne se serait jamais imaginée avoir tant besoin. Elle avait besoin de le savoir ici, de le savoir près d'elle.
Elle le trouva attablé à l'ilot, occupé à broder de nouveaux motifs sur ses vêtements. Elle sourit sans même le vouloir alors qu'elle s'appuyait contre le chambranle de la porte, les livres qu'elle avait apportés dans les bras.
Elle ne put s'empêcher de l'observer faire pendant quelques secondes. Il était si concentré sur sa tâche qu'il ne semblait même pas remarquer qu'elle était là.
De loin, elle put distinguer qu'il formait des fleurs sur les poches arrière de l'un de ses jeans. Des tournesols, des roses et même quelques fougères. Il devenait de plus en plus talentueux, si bien qu'Hermione devait se retenir de lui demander de broder tous ses vêtements pour ne pas paraître complètement folle. Elle chérissait plus que tout ceux qu'il avait proposé d'orner de ses créations. Sa salopette blanche était devenue sa préférée depuis qu'il y avait ajouté quelques soleils sur les poches arrière.
– Tu comptes rester plantée là longtemps ? fit Drago après un certain temps.
Hermione sursauta et sentit ses joues chauffer alors qu'elle se redressait, comme prise en faute. Il leva les yeux au même moment et sourit. Il la regardait avec une certaine appréhension dans les yeux, une timidité touchante. Il semblait craindre sa réaction face à cette taquinerie.
Hermione lui sourit en retour et s'approcha de lui avec hésitation. Désormais en face de lui, elle avait peur d'un rejet, peur qu'il ne la laisse pas faire. Toute son excitation se terrait derrière des appréhensions. Et s'il la trouvait étrange de lui offrir quelque chose ? Et s'il lui rendait les livres avec l'une des grimaces hautaines qu'il faisait encore lors de leur adolescence ?
Elle se mordit la lèvre inférieure en réalisant que ces pensées étaient complètement idiotes. Il n'était plus ce Drago là. Plus du tout. Elle s'en voulait d'y avoir ne serait-ce que pensé. Elle fit glisser vers lui les ouvrages qu'elle avait apportés et attendit sa réaction. Juste un peu de patience, quelques petites et ridicules secondes.
Il la regarda avec confusion, avant de poser son aiguille pour les étudier. Il examina chacune des couvertures avant de lever les yeux vers elle. Il ouvrit la bouche, prêt à la questionner, mais elle ne lui en laissa pas le temps.
– C'est pour toi, fit-elle en crispant ses doigts de pied dans ses chaussures. Je… Pour me faire pardonner.
Elle était désormais certaine que ses joues étaient aussi rouges qu'une tomate. Elle aurait dû formuler les choses autrement ! Il allait forcément trouver tout cela étrange. Elle était étrange.
Si Drago sembla étonné, il resta silencieux. Cela ne fit qu'aggraver les appréhensions d'Hermione l'espace de quelques secondes. Tout un tas de questions lui traversaient l'esprit alors qu'il semblait chercher comment répondre.
Finalement, il se contenta de sourire, d'ouvrir l'un des livres, puis de fixer son regard dans le sien.
– Merci, Hermione, souffla-t-il.
Elle sentit son cœur s'alléger dans sa poitrine. Tout s'envolait. Il n'y avait plus que son sourire et le sien. C'était bien, c'était mieux.
oOo
Drago était installé au petit bureau de la bibliothèque, plusieurs piles de livres autour de lui et l'un d'eux ouvert sous ses yeux. Il profitait de l'après-midi pour commencer les recherches qu'il s'était promis de faire pour aider Hermione.
Si au départ il s'était installé dans le canapé de la pièce pour lire l'un des ouvrages qu'elle lui avait ramenés, il s'était vite rappelé à l'ordre et avait commencé à fouiller à travers les étagères. Il n'avait pas trouvé grand-chose, les livres étant tous assez vieux, mais il s'était tout de même déniché quelques bouquins qui touchaient plus ou moins à son sujet : les insomnies, les cauchemars, et surtout, l'addiction. Ils étaient certes moldus, mais il espérait y trouver des informations utiles pour comprendre le fonctionnement de tout cela. Après tout, ça ne devait pas être si différent.
Drago ne s'y connaissait pas du tout, il n'avait pas la moindre idée des effets que les potions pouvaient avoir sur l'organisme, pas plus qu'il ne savait ce que vivait très exactement Hermione lorsqu'elle n'en prenait pas. Est-ce qu'elle était elle aussi hantée par des cauchemars de la guerre ? Est-ce qu'elle avait des problèmes de sommeil depuis toujours ? Est-ce qu'elle ressentait des effets purement physiques, tels que des douleurs ? Il n'en avait aucune idée, mais il comptait bien se renseigner le plus possible pour trouver des solutions. Il refusait de la retrouver une nouvelle fois dans un tel état, il refusait qu'elle souffre encore, qu'elle pâtisse d'un quelconque manque. Il trouverait. Pour elle.
Alors qu'il lisait la quatrième de couverture de l'une de ses trouvailles, quelques coups furent frappés contre la fenêtre. Derrière la vitre, un corbeau noir aux yeux jaunes l'observait d'un seul œil comme s'il était sa future proie. Il remarqua qu'une lettre était accrochée à sa patte et se souvint alors qu'Hermione lui avait un jour parlé du corbeau que Weaslette avait adopté. Que lui voulait-elle ?
Drago leva une main hésitante vers la poignée de la fenêtre et laissa entrer Rogue. Celui-ci se posa juste devant lui et leva sa patte, de laquelle Drago détacha aussitôt la lettre. Le corbeau ne se fit pas prier, il s'envola une seconde plus tard, signifiant ainsi à Drago qu'aucune réponse n'était attendue.
Il décacheta la lettre et reconnut l'écriture de son meilleur ami. Rassuré de ne pas avoir affaire à Ginevra, il commença sa lecture.
"Drago,
J'aurais aimé de tout cœur pouvoir t'en parler en face, mais je crains qu'une rencontre entre Granger et Harry soit pour le moment une terrible idée.
J'espère que tu te portes bien et que Granger aussi. Pansy m'a dit qu'elle était passée te voir il y a quelques jours, mais qu'elle n'avait pas pu rester longtemps, ce qu'elle regrettait. Ça m'a fait penser que nous pourrions essayer de nous voir tous les quatre, juste Blaise, Pansy, toi et moi, qu'en dis-tu ? Comme au bon vieux temps. Je pense que ça ferait du bien à tout le monde.
Mais ce n'est pas pour cette raison que je t'écris. Le sujet n'est pas facile à aborder, je dois le reconnaître, mais je vais aller droit au but. J'ai un projet. Un projet pour que toutes ces conneries s'arrêtent, pour que nous puissions montrer au monde sorcier ce qu'il s'est réellement passé.
Je sais que cela paraît utopiste, que tu n'as probablement pas envie de t'en mêler, d'affronter tout ça à nouveau, mais lis jusqu'au bout, je t'assure que ça en vaut le coup.
J'aimerais publier un livre, enfin un livre illustré. Harry a dit qu'on appelait ça une bande-dessiné chez les moldus, ou bien un roman graphique. Peu importe le nom, c'est bien le dernier de nos soucis. J'aimerais que ce livre contienne ton témoignage, le récit de tout ce que tu as vécu pendant la guerre, et après. Et avec ça, j'aimerais pouvoir l'illustrer, à ma manière.
Ton témoignage est à mes yeux le plus juste quant à la situation que nous voulons dénoncer. Tu as tes torts, comme nous toutes et tous qui avons été enfermés, mais en grande majorité, nous savons toi et moi que tu n'as pas eu le choix. Ce ne serait que justice que de montrer la vérité.
Je sais, ça paraît fou et surtout, ce serait revivre tout ça, devoir passer à l'écrit tout ce que tu as vécu. On parle d'années de souffrance, j'en suis conscient. Mais réfléchis-y, Drago. Même si tu ne profitais jamais des changements que cela pourrait apporter, d'autres le feront. Les choses pourraient changer, nous pourrions ouvrir les yeux à tous ces idiots qui s'imaginent que nous sommes des monstres.
Je sais qu'Harry est perplexe, j'ai vu dans ses yeux qu'il n'y croyait pas, qu'il doutait que les choses changent grâce à un bouquin. Mais qu'avons-nous à perdre en essayant ? Au pire, ce sera un projet comme un autre, quelque chose pour nous occuper, ou pour nous libérer de tout ça.
Réfléchis-y, prends le temps qu'il te faudra, j'attendrai. Mais s'il-te-plaît, pense à tout ce que cela pourrait apporter, Drago.
Dans l'attente de ta réponse,
Théo."
Drago reposa la lettre sur le bureau et laissa son regard se perdre vers la vue que lui donnait la fenêtre. Il n'eut pas le temps de songer véritablement au contenu de la lettre, qu'il fut sorti de ses pensées par l'ouverture de la porte derrière lui.
Il se tourna juste à temps pour voir entrer Hermione et se leva aussitôt, attrapant la lettre au passage.
– Hermione ! fit-il en la rejoignant avec précipitation. Regarde ce que j'ai reçu. C'est Théo.
Si elle parut surprise de son ton si animé, elle n'en dit rien et se contenta de récupérer la lettre qu'il venait de lui tendre. Il avait l'impression d'être un enfant venu montrer quelque chose à un adulte, une trouvaille, un caillou, ou même un dessin affreux qu'il aurait fait. C'était risible.
Il la fixa pendant de longues minutes, son cœur battant la chamade. Il imaginait ses réactions, la manière dont elle prendrait les choses. Est-ce qu'elle trouverait ça idiot ? Ou bien est-ce qu'elle les aiderait ? Est-ce que son visage serait déformé par la confusion, ou bien par un sourire fier et impatient ?
Il n'avait qu'à peine réfléchi à la question, il ne savait pas s'il accepterait, mais il était déjà prêt à essayer de la convaincre s'il se prêtait au jeu. Quoi qu'il décide, il voulait qu'elle soit de la partie, qu'elle participe d'une manière ou d'une autre.
Il attendit qu'elle eut terminé sa lecture avant de reprendre la parole. Il était bon pour cela, patienter, passer des minutes, des heures à contempler toutes les options. Il compta les secondes dans sa tête, comme si le temps allait passer plus vite. Il sentit la peau de sa lèvre inférieure se fissurer à force de la mordiller.
– Qu'est-ce que tu en penses ? demanda-t-il avec une certaine impatience dans la voix.
Elle avait enfin levé la tête, sa lecture terminée. Le moment tant attendu était là, il allait enfin avoir son avis.
Elle le fixa sans rien dire pendant quelques secondes, il se sentait étudié de toute part sous son regard. Il finit par détourner les yeux vers la lettre qu'elle tenait toujours, sentant ses joues chauffer.
Il n'aurait pas dû faire ça. Il aurait dû prendre le temps d'y réfléchir avant de lui en parler. Peut-être que cela ne l'intéressait pas. Peut-être qu'elle se fichait de ce qu'il pouvait bien faire de sa vie, ou de son histoire. Il avait chaud tout d'un coup, il avait honte de s'être précipité.
Seulement, elle le surprit avec une réponse à l'opposé de ses pensées négatives.
– Qu'est–ce que toi tu en penses ? finit-elle par dire.
Il haussa une épaule et se passa une main dans les cheveux. Ils étaient trop longs.
– Je ne sais pas, je…
Il soupira. Il avait à peine eu le temps d'y réfléchir. Il lui avait pratiquement sauté dessus, impatient qu'elle partage cette nouvelle avec lui. Il avait été idiot, trop impulsif. Il aurait dû prendre le temps d'étudier la question, de réfléchir aux mots de son meilleur ami et à ce que sa proposition représentait pour lui.
Maintenant qu'il prenait du recul, il réalisait l'ampleur d'un tel projet. Pour lui, comme pour le monde des sorciers.
Il resta silencieux. Il ne savait pas quoi répondre, c'était beaucoup de questions à la fois, beaucoup de détails qu'il ne pouvait pas envisager en si peu de temps. Il se sentait incapable de prendre une telle décision, de savoir quelle était la meilleure chose à faire, et ce malgré les mots rassurants et encourageants de Théo. Il avait du mal à se rendre compte de tout ce que cela impliquait.
– Peut-être que tu devrais prendre le temps d'y réfléchir, tu ne crois pas ?
La voix d'Hermione était douce, comme si elle craignait de le brusquer. Elle n'avait pas tort, il en était conscient. Les questionnements qui affluaient dans son esprit en si peu de temps n'étaient pas sains, il se sentait vulnérable, comme si la panique risquait de le submerger à tout instant.
Il hocha la tête et elle lui sourit doucement. Il se sentait soutenu, écouté, presque apprécié. C'était bien.
Drago resta enfermé dans le bureau jusqu'à la nuit tombée. Il avait noirci plusieurs pages blanches avec tout un tas de réflexions et de questions lorsque Hermione passa la porte de la pièce pour la seconde fois de la journée.
Il n'était pas certain d'avoir toutes les clés pour prendre une telle décision, il n'était même pas sûr de le vouloir complètement, mais le regard qu'elle lui lança lui permit de faire un choix. Peut-être était-ce de l'espoir qu'il voyait dans ses yeux, peut-être qu'au fond, elle espérait qu'il parle au monde de ce qu'il avait vécu. Il n'arrivait pas à savoir.
Elle le questionna sans un mot.
– Je me dis que ce n'est pas une si mauvaise idée, avoua-t-il après quelques secondes.
– Mais ?
– Mais j'ai peur d'écrire tout ça, se confia-t-il en braquant son regard dans celui d'Hermione.
Elle avait un sourire doux aux lèvres. Elle ne le jugeait pas, elle l'écoutait. C'était bon.
– Je pourrais t'aider, suggéra-t-elle en s'approchant de quelques pas.
Son cœur manqua un battement à ces mots. Était-elle sincère ? Voulait-elle vraiment l'aider ? Si facilement, sans qu'il n'ait besoin de le lui demander ?
– Tu ferais ça ? demanda-t-il en haussant les sourcils. Enfin, je veux dire, oui, bien sûr, avec plaisir, je… je ne veux juste pas que tu te sentes obligée de le faire, ce n'est pas si important, et puis je ne veux pas que…
– Drago, l'interrompit-elle avec un petit rire.
Il leva à nouveau les yeux vers elle. Il n'avait pas réalisé qu'il fixait ses mains qui jouaient avec son alliance.
– Je le ferai avec plaisir si tu en as envie.
Il en avait envie. Merlin, il était même déterminé désormais. Théo avait eu la meilleure des idées, c'était un projet motivant, quelque chose de concret. Comment avait-il pu hésiter si longtemps alors que la réponse lui semblait maintenant évidente ? Il pourrait prendre sa revanche sur son passé, mettre tout ça définitivement derrière lui.
Il hocha la tête. Oui. Oui, c'était bien ainsi. C'était une bonne idée. Il pouvait le faire.
Il braqua son regard dans celui de son amie et sourit. Un sourire doux, sincère. Un sourire reconnaissant.
– Merci, Hermione.
oOo
Blaise était installé au premier rang du Magenmagot. Il portait sa robe prune habituelle, où le grand M était brodé. Il n'aimait pas cette couleur, elle ne lui allait pas au teint et il avait l'impression d'être habillé en ces clowns moldus dont lui avait un jour parlé Pansy.
Pansy. Cette dernière se trouvait dans le public de l'audience. Elle lui jetait des coups d'œil réguliers, stressée qu'elle était par les événements. En effet, aujourd'hui se déroulait le vote ultime, après un appel des avocats concernés, de la loi autorisant les visites à Azkaban de tous les prisonniers, quels que soient leurs crimes.
Or cette fois, ni Blaise ni Pansy ne se trouvait à la barre. La jeune femme s'y était retrouvée une ou deux fois pour parler de sa fondation à l'assemblée et leur prouver que des solutions existaient pour les détenus, mais elle n'avait pas sa place cette fois-ci. Quant à Blaise, il s'occupait de moins en moins des affaires telles que celles-ci qui nécessitaient la présence de l'entièreté du Magenmagot. Depuis qu'il en faisait partie intégrante, le ministre de la Magie lui mettait régulièrement la pression pour qu'il relègue ces projets à ses collègues.
Ainsi se retrouvait-il face à Hannah, Katie Bell – qui avait fini par se joindre à leur cause –, un certain Grant Norris, avocat de plusieurs détenus de longue date, et Thomas Rocade, venu témoigner personnellement.
Il n'avait qu'à peine échangé avec Hannah à propos de l'affaire. Elle était distante depuis des semaines et cela avait le don de le paniquer. Il aurait voulu être à sa place, pouvoir défendre son projet de loi de la bonne façon. Mais il ne le pouvait pas et il était frustré de ne pas l'avoir assez longtemps briefée.
Il était anxieux, terriblement anxieux. Sa jambe se secouait d'elle-même depuis le début de l'audience et il avait rongé la grande majorité de ses cuticules. Les débats avaient lieu depuis déjà trois heures et Blaise n'en voyait pas le bout. La plupart des membres du Magenmagot étaient encore pervertis par les idées des anti-pardons et ceux-ci ne se gênaient pas pour donner des arguments sans aucun lien avec la loi, mais qui, comme toujours, rabaissaient un peu plus les prisonniers.
Elphias Doge le fixait depuis l'un des bancs du Magenmagot. Il arborait ce regard rieur qu'il avait toujours à son égard, comme s'il essayait de lui faire comprendre que ses projets ne menaient à rien. Il avait été le premier à le rabaisser, alors même que leurs ambitions étaient similaires. C'était à n'y rien comprendre.
Blaise soupira et se passa une main sur le visage. Il savait que le ministre ne tarderait pas à demander la suspension de l'audience et cela ne jouerait pas en leur faveur. Les anti-pardons ne voyaient aucun problème à suivre les membres du Magenmagot en dehors des temps autorisés pour faire valoir leur cause, une chose qui était difficile à dénoncer, car difficile à prouver.
– Ce sont des humains ! Leur infliger cette solitude ne résoudra rien ! s'exclama Katie Bell pour la énième fois. La Justice ne devrait pas être vengeance !
Cette phrase installa un silence dans la salle. Blaise lança un clin d'œil fier à sa collègue. Les sorciers et sorcières de l'assemblée chuchotaient à voix basse, alors que les avocats venus pour défendre leur cause se souriaient discrètement.
– Nous ne pouvons pas les faire payer pour leurs erreurs de la même manière que certains l'ont fait, reprit Katie d'une voix forte.
Les chuchotements se firent plus forts. Bientôt, le public de l'audience se joignit à ce capharnaüm et il n'en fallut pas beaucoup plus pour que le ministre laisse tomber son martelet sur son pupitre.
– Silence ! dit-il d'une voix magiquement augmentée. La séance est suspendue !
Des exclamations de mécontentement se firent entendre dans toute la salle à ces mots. Le public était debout et réclamait le retrait de cet ordre, tandis que les membres du Magenmagot chuchotaient de plus en plus fort les uns avec les autres.
Blaise, qui avait senti la chose venir, resta assis dans son siège et soupira. Les choses n'avançaient pas assez vite à son goût.
Du coin de l'œil, il vit le ministre se passer une main sur le visage et regarder son vice-président. L'espoir gonfla dans la poitrine de Blaise.
– Bien, bien ! reprit Kingsley d'une voix forte. Mais par Merlin, rasseyez-vous, ou vous serez tous évacués et la séance se terminera à huis-clos !
Sa remarque fit mouche et une seconde plus tard, l'entièreté du public était rassise.
Le ministre secoua la tête et se leva de son siège, il se racla la gorge et jeta un dernier coup d'œil à son vice-président. Ce dernier hocha la tête.
– Ceux qui sont pour le passage de la loi convenant l'autorisation des visites à tous les prisonniers d'Azkaban.
Des dizaines de mains se levèrent, mais pas assez pour que Blaise puisse être certain qu'il s'agisse d'une majorité. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.
– Ceux qui sont contre le passage de cette loi.
Seulement neuf mains se levèrent. Le public se déchaîna. Blaise croisa le regard de sa femme et lui sourit. Ils avaient gagné.
On se retrouve bientôt pour la suite ! Merci à Lyra et Damelith pour leur soutien !
Nova
