Chapitre 1 : Les deux étrangers
Le soleil se couche après cette longue journée dans le monde de la magie. Nous sommes au dernier jour du mois de juillet. Dans quelques heures, un nouveau matin apparaitra. Pourtant, rien ne change dans ce monde cruel. Toujours autant de massacres, de sang versé, de larmes séchées, d'enfants orphelins. Demain, les sorciers liront dans la Gazette qu'un nouveau drame est survenu, cette fois dans une ville moldue dans le sud du pays. En gros titre apparaitra « Jusqu'où ira Vous-savez-qui dans sa quête du pouvoir ? ». Une liste de noms inconnus seront inscrits. Ce seront les sorciers morts en essayant de s'opposer au Seigneur des Ténèbres, d'autres étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment comme c'est très souvent le cas dans cette roue du destin bien sombre.
Nous sommes en 1978, dans une forêt qui a une apparence bien sinistre dans une époque qui l'est tout autant. C'est un lieu peu visité, voire même jamais, sauf pour ceux qui savent voir au-delà des apparences. Ceux dont la magie coule dans leur veine et qui sont à la recherche des plus grands secrets de ce monde.
Un coup de vent bouge les feuilles dans un rythme endiablé, perturbant grandement la chouette effraie perchée sur son arbre. Elle regarde le monde de ses grands yeux jaune tournant la tête à gauche et à droite pour voir si elle est en danger, car maintenant que la nuit apparait, les prédateurs commencent à chasser. Elle entend un bruit sur sa gauche, elle lève la tête et voit un écureuil qui rentre dans son trou. Rien de dangereux ! Rien d'alarmant !
Soudain, un coup de vent bien plus puissant que tous les autres fait bouger son arbre et ses ailes. La chouette agrippe plus férocement sa branche pour ne pas tomber quand apparait, au milieu de plusieurs arbres, un symbole. Elle lève ses yeux jaunes et découvre un immense cercle avec des figures étranges qui tournent autour de ce rond, qui ne doit pas être dans un tel lieu. Elle bat ses ailes, incertaine de ce qu'elle doit faire. Doit-elle fuir ou attendre ? Quand soudain, une lumière jaillit de ce cercle, une lumière si vive, si intense, si puissante, que la chouette sait d'instinct que les forces de la nature sont présentes. Avant même de prendre sa décision, le rayon disparait et avec lui, le symbole. Il n'y a plus que deux personnes portant toutes les deux une cape qui les recouvre complétement. Dans le noir, on ne peut distinguer leur visage. La chouette les observe, fascinée par ces créatures bien étranges. Jusqu'à que l'une d'entre elles prennent la parole d'une voix puissante :
- Crois-tu que nous sommes arrivés ? Que nous sommes au bon endroit ?
C'est une voix de femme qui lui répond :
- J'espère car en tout honnêteté, je n'ai pas envie de recommencer le sortilège. J'avoue que cela m'a épuisé. Et puis de toute façon, il n'y a personne ici. Il faut aller dans un village ou une ville pour savoir. En attendant, enlevons ces capuches et ces masques.
En disant ces mots, la jeune femme retire sa capuche. Elle se tient droite et fière dans les ombres de la nuit. Au clair de lune, on devine de longs cheveux s'écoulant en une cascade informe et rebelle. Plongée dans cette pénombre, le crépuscule ne laisse entrevoir que l'éclat froid de ses iris. Quand la chouette croise finalement son regard, elle voit des yeux rouges. Rouge carmin. Elle fait quelque pas en avant mais se retourne très vite vers son compagnon. Sa chevelure ébène s'envole et l'animal distingue une forme sur son front. C'est une cicatrice en forme d'éclair.
Le jeune homme s'avance vers elle. Il enlève aussi sa cape. Il a des cheveux noirs en bataille. Il tourne sa tête de droite à gauche. Ce sont des yeux verts expressifs et intenses qui sondent les arbres. En se mettant à côté de son amie, une mèche de cheveux tombe sur son front dévoilant une cicatrice identique à sa compagne.
- Allons-y alors, mais nous devons changer d'apparence dès maintenant puisque nous ne savons pas qui nous pouvons croiser.
Un bourdonnement étrange semblant sortir de nulle part accompagne alors un spectacle bien étrange. Le garçon changea, subtilement, devenant une pâle copie de lui-même. Méconnaissable, et pourtant proche de son apparence originale, ses traits auparavant si marquants se fondent dans le décor. De son ancien visage, il ne gardait que cette singulière cicatrice.
- Ne perdons pas de temps.
De la même manière que le jeune homme, la femme change d'apparence. La noirceur de son épaisse chevelure coule le long des mèches, une couleur pâle comme les blés prenant sa place. Elle ferme les yeux, laissant couler la magie jusque dans ses iris de feu. Son nouveau regard azur, terne comme les mers du Nord, se fixe immédiatement sur le chemin de terre se dessinant sous ses pieds.
Mais toujours avec la cicatrice cachée derrière sa mèche.
Tous les deux se prennent la main et disparaissent dans la nuit.
La chouette, qui est toujours présente, prend enfin son envol dans cette forêt qui vient d'accueillir des personnes bien étranges et qui pourtant sont d'une importance capitale pour le futur du monde magique et du monde moldu car sur leurs épaules reposent l'espoir d'un futur bien meilleur.
