Chapitre 18 : Retrouvaille, deuil et manticore

Cela faisait presque une demi-heure que Théodore patientait sur le quai de la gare en compagnie de son ami :

-Tu crois qu'elle va réussir à trouver le chemin toute seule ? Ça m'étonnerait que le Professeur Mcgonagall l'accompagne de nouveau ici…murmura le jeune homme l'air inquiet.

-Fais-lui confiance, je pense qu'elle est bien plus débrouillarde que tu ne le penses…

Depuis qu'il avait accepté de s'occuper d'Harmony, Théodore avait tendance à la couver un peu trop. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais à force d'accepter qu'elle le suive partout où il allait et à n'accepter pratiquement que son unique compagnie, les deux adolescents étaient devenus inséparables.

Harmony Marshall fit son apparition à la gare de King's Cross à 10h40. Théodore la regarda se diriger vers eux avec un grand sourire aux lèvres. Elle semblait ravie de les retrouver. Lui aussi était très content de la revoir s'il en croyait l'étrange sensation qu'il avait au niveau du bas ventre. Lorsqu'elle arriva à leur hauteur, Blaise plus tactile et plus spontané que lui, enlaça rapidement la jeune femme. Lorsque ce fut son tour, Théodore eu comme un mouvement de recul tandis que la jeune femme se jetait presque à son cou.

-Tu m'as manqué…Lui souffla-t-elle à l'oreille.

-Toi aussi…répondit-il tout bas pour qu'elle seule puisse l'entendre.

Ils se détachèrent maladroitement l'un de l'autre, en rougissant tous les deux. A 11h précise, ils montèrent à bord du train et n'eurent aucun mal à trouver un compartiment vide.

-Alors ces vacances ? questionna Harmony en s'asseyant sur la banquette d'en face celle où se trouvaient les deux garçons.

La jeune femme pu apercevoir une petite lueur de tristesse dans les yeux bleus de son accompagnateur quand celui-ci répondit distraitement :

-Elles ont mieux terminé qu'elles n'ont commencé…Et les tiennes ? Tes parents étaient contents de te retrouver ?

-Oui, ils m'ont posé un milliard de questions ! Et à part le repas du Réveillon en famille qui a été un peu pénible, j'ai passé de bonnes vacances.

Le soir de leur retour à Poudlard, Théodore eu beaucoup de mal à monter au dortoir pour se mettre au lit. Le chagrin lié à la perte de son père était toujours bien présent et le rendait morose.

-Tu veux en parler ? Lui demanda gentiment Harmony installée près de lui sur l'un des canapés de la salle commune.

-Non…murmura Théodore le regard fixé sur le feu qui brûlait dans l'âtre.

-Tu veux faire une partie d'échec ? Je suis sûr que me battre à plate couture te fera retrouver le sourire !

L'adolescent rit doucement et tourna son regard vers la jeune femme :

-Tu es gentille mais je t'assure que te battre à plate couture aux échecs n'arrangera rien…

Théodore avait appris à Harmony à jouer aux échecs et même si la jeune femme avait plutôt bien compris et assimilées les règles, elle n'était pas très douée.

-Tu veux que je te fasse la lecture alors…

Le jeune homme soupira. Elle faisait tout pour le distraire et lui changer les idées, mais lui n'avait envie de rien.

Jetant un œil à sa montre, il vit qu'il était déjà 23h. Prenant sur lui, il se leva du canapé et dit à la jeune femme :

-Il est tard, l'on devrait dormir…P asse une bonne nuit.

-Tu ne veux pas que je vienne avec toi ? Le questionna Harmony pleine d'espoir.

Malgré son expérience inexistante dans l'art de la séduction et des relations amoureuses, Théodore n'était pas dupe et commençait enfin à se rendre compte des signaux que lui envoyaient la jeune femme même si pour l'instant il n'était pas encore prêt à y répondre.

-Non, ça ira ne t'en fais pas…murmura-t-il.

Comme il s'y attendait, cette nuit-là il dormit très mal, réveillé en sueur et en sursaut par de nombreux cauchemars.

Le lendemain matin, c'est le teint livide et de grands cernes autour des yeux, qu'il descendit dans la salle commune.

-Va voir Madame Pomfresh, elle doit avoir des potions de sommeil où ce genre de chose…Lui conseilla Blaise installé à la même table qu'Harmony.

-J'irais peut-être y faire un tour, si ça ne passe pas…grogna Théodore manifestement de mauvaise humeur.

Le premier cours de la journée était celui de Défense Contre les Forces du Mal.

-J'espère que ce sera de la théorie aujourd'hui…geignit Harmony.

La jeune femme facilement impressionnable, s'était faite de grosses frayeurs durant le cours de Défense Contre les Forces du Mal.

-Moi aussi…répondit Théodore en réprimant un long bâillement.

Alors qu'ils pénétrèrent dans la salle de classe à la suite de leurs camarades, les bureaux avaient été poussé libérant un grand espace.

-Laissez vos sacs au fond de la classe, vous n'aurez besoin que de votre baguette aujourd'hui ! clama leur nouveau professeur.

Théodore et Harmony échangèrent un regard dépité.

-Tu sais, tu n'es pas obligé d'y participer si ça te fait peur…Lui rappela doucement le jeune homme en déposant son sac au fond de la classe.

-De toute façon, je n'ai pas le niveau pour me défendre mais même quand je n'y participe pas, ça reste impressionnant…J'espère que ça ne sera pas une créature trop dangereuse.

-Venez, approchez-vous ! J'ai une espèce remarquable à vous faire voir ! s'exclama le Professeur.

Celui-ci sortit de la salle de classe un instant et revint en trainant une cage recouverte d'un drap qui semblait assez lourde.

-La créature à laquelle vous allez vous confronter aujourd'hui est très dangereuse mais nous prendrons des précautions pour interagir avec elle en toute sécurité.

Le professeur souleva le drap de la cage et dévoila une créature hybride comportant le visage d'une femme, le corps d'un lion et une queue semblable à un dard qui rappelait celle d'un scorpion.

-Qui peut me dire le nom de cette créature ?

Harmony leva timidement la main avant de répondre.

-Il s'agit d'une manticore.

-Très bien Miss Marshall, cinq points pour Serpentard.

Harmony avait pratiquement dévorée tous les livres de la bibliothèque concernant les créatures magiques et commençait à avoir quelques connaissances solides en théorie. En pratique, elle avait très peur des créatures que l'on qualifiait de « dangereuses » et se contentait de les observer de loin.

-La manticore est une créature extrêmement farouche et très intelligente. Cependant malgré sa part humaine, elle garde son instinct animal et ne peut s'empêcher de vouloir dévorer chaque être humain qui se trouve sur son passage.

Le groupe des Serpentard de septième année était très silencieux et semblait profondément inquiet.

-Pour que nous puissions travailler avec elle en sécurité, je vais la sortir de sa cage mais elle restera attacher. Ce que j'aimerais que vous fassiez, c'est de tenter de passer devant elle. Elle se montrera forcément hostile envers vous et vous devrez vous défendre. Pour l'instant je ne vous donne pas les sortilèges qui fonctionnent le mieux fasse à une manticore et je vous laisse faire des essais. Qui veut commencer ?

Personne ne leva la main. Au bout de cinq bonnes minutes de silence, Théodore fini par se dévouer. De toute façon, ils allaient certainement tous y passer.

Alors qu'il se plaçait à une bonne distance de la cage de l'animal, le Professeur fit sortir la manticore et la rapprocha un peu plus du jeune homme.

-Vous ne craignez rien Monsieur Nott, elle est attachée et je suis là en cas de débordement…Lui murmura son professeur à l'oreille.

L'adolescent toujours immobile devant la manticore, ne la quittait pas des yeux. Celle-ci était couchée au beau milieu de la pièce et la regardait de ses yeux perçants. Lentement, Théodore tenta de faire un pas sur le côté, mais la manticore se leva aussitôt et tenta de lui donner un coup de patte de ses griffes acérées. Le jeune homme, effrayé, se recula précipitamment. La manière douce n'allait pas fonctionner, il allait devoir se servir de sa baguette. Pointant celle-ci sur la femme mi-lion, mi-scorpion, il fit une nouvelle tentative. La manticore lui donna un nouveau coup de patte en grognant de mécontentement. Aussitôt, Théodore se protégea avec le charme du bouclier. Cependant, même s'il le maitrisait parfaitement, celui-ci n'était pas éphémère et le bouclier s'évanouit au bout de quelques secondes. Le jeune homme avait presque réussi à passer derrière la manticore mais rapide comme l'éclair, celle-ci tenta de lui envoyer son dard vénéneux. In extrémis, il fit un bond sur le côté pour l'éviter et tenta de la pétrifier en vain. La créature s'avança vers lui, l'acculant presque contre le mur. Son cœur battant la chamade, le jeune homme cria le premier sort qui lui vint à l'esprit :

-Stupéfix !

La manticore le reçut de plein fouet mais le sortilège ne semblait avoir fonctionner qu'à moitié. Celle-ci était couchée sur le sol dans un état semi-comateux mais recommençait déjà à reprendre ses esprits.

-C'était très bien, Monsieur Nott, vous pouvez retourner à votre place, je m'occupe d'elle ! le félicita son professeur en tirant sur la chaine de l'animal pour l'éloigner tandis que Théodore rejoignait rapidement ses camarades.

-Tu as été excellent ! le félicita Harmony.

A bout de souffle et tremblant de tous ses membres, Théodore adressa un faible sourire à la jeune femme avant de gémir à voix basse :

-Il faut que je m'asseye…

Se laissant glisser à même le sol, il s'assit en tentant de se calmer. Pas très courageux non plus, même s'il avait fait preuve d'un grand sang-froid, la manticore lui avait fait une belle frayeur. La jeune femme s'assit aussitôt près de lui et sortit de sa poche un morceau de chocolat qu'elle lui tendit.

Reprenant petit à petit ses esprits, le jeune homme pu noter à la fin du cours les meilleurs sortilèges pour neutraliser une manticore que le Professeur leur dictait.

-Qu'est-ce qu'on a maintenant ? Lui demanda Harmony tandis qu'ils sortaient de la salle de classe.

-Etude des Runes…Ça sera beaucoup moins éprouvant…répondit Théodore qui restait un peu pâle mais qui semblait s'être remis de sa rencontre avec la manticore.

Tous les Serpentard ayant affrontés la manticore se trouvaient dans le même état que lui ce qui le rassura un peu.

Alors qu'ils sortaient du dernier cours de la journée qui était celui de Sortilège, un bruit assourdissant se fit entendre les faisant sursauter tous les deux. Instinctivement, Théodore regarda tout autour de lui, la main sur sa baguette, Harmony derrière lui, quand un homme au teint translucide apparut dans les airs et se mit à piailler. Harmony, hurla et se jeta dans ses bras.

-Ça ne m'aurait pas étonné ! Nott et Marshall ! Le fils de mangemort et la pièce rapportée de chez les moldus ! Piailla Peeves de nouveau.

-Va-t'en Peeves…grinça Théodore entre ses dents, tenant toujours la jeune femme entre ses bras.

Peeves s'en alla non s'en leur avoir adressé quelques remarques grivoises, qui firent rougir le jeune homme. La jeune femme blottie contre sa poitrine, il sentait le cœur de celle-ci ainsi que son propre cœur battre à mille à l'heure. Passant une main dans les cheveux d'Harmony, il lui chuchota à l'oreille :

-C'est terminé, il est parti…

Doucement la jeune femme releva la tête vers lui. Leurs regards se croisèrent un instant. Très mal à l'aise de ce contact physique inattendue et particulièrement proche, Théodore aurait dû lâcher immédiatement la jeune femme, mais il n'y parvenait pas…

Encore tremblante, Harmony observa un moment les yeux bleus de son accompagnateur et son regard dévia vers ses lèvres qui n'étaient qu'à quelques centimètres des siennes. Elle avait une folle envie de l'embrasser mais n'osa pas. Pour masquer sa gêne, elle se détacha elle-même du jeune homme et le questionna :

-Qui est-ce que c'était ?

-Peeves, l'esprit frappeur du château. Il n'est pas réellement méchant mais il adore nous prendre par surprise comme ça…

Contraint de lâcher la jeune femme, Théodore se recula de quelque pas. Leur proximité avait fait naitre au creux de ses reins une douce chaleur qui n'allait pas tarder à descendre au niveau de son entrejambe. Il avait été très tenté d'embrasser la jeune femme lorsqu'elle se trouvait dans ses bras, mais sa timidité avait pris le dessus et l'en avait empêché. Tandis qu'ils marchaient silencieusement dans les couloirs du château pour retourner à la salle commune, l'adolescent pris une décision. Si dans un mois, Harmony n'avait pas fait ce premier pas tant attendu, c'est lui qui le ferait et tant pis si elle le repoussait…