Hello !
J'espère que vous vous portez bien ! Bon... On est plus tout à fait dans les clous du "mois prochain" x) Et je me garderai bien de promettre quelque chose de précis pour le prochain (déjà écrit mais qui doit être sévèrement relu et étoffé). Disons... entre 1 et 2 mois... x)
Quoi qu'il en soit, j'espère que ce chapitre vous plaira : bonne lecture ! =)
Ccassandre24 : Merci pour ton soutien indéfectible ! Je suis vraiment heureuse de savoir que cet arc un peu décroché de ce qu'on pourrait attendre d'un Dramione classique te plait ! J'espère que cette année se passe bien pour toi ! A bientôt !
Guest : Avec plaisir ! Bonne lecture ! =)
V : La suite, la voilà ! Je suis heureuse de savoir que ça te plaît ! Bonne lecture ! =)
jaimelanougatine : Ahaha je suis contente de savoir que tu apprécies le personnage d'Abigail ! Voici du rab ! ;) Bonne lecture !
57 - « Et si je ne je sais plus tout ce que j'ai vécu, c'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu » («La courbe de tes yeux...», Paul Eluard)
Elle installait ses affaires avec méticulosité dans l'habitacle de sa petite Peugeot 205 beige que lui avait cédé sa mère au début de ses études. Des biscuits nappés de chocolats, une pleine bouteille de soda pétillant et des bonbons. Elle avait dans sa boîte à gants son livret de CD et elle comptait bien se repasser tous ses albums préférés : Muse, les Red Hot, Radiohead et elle en passait des meilleurs. Ce n'est pas parce qu'on part en expédition kamikaze qu'on ne doit pas se faire plaisir. Au contraire.
Un roman à l'eau de rose pour oublier le marasme de sa vie amoureuse, des habits pour deux jours, son oreiller fétiche, sa trousse de toilette, une carte routière du comté, un appareil photo jetable, une lampe torche, des jumelles, de quoi crocheter une serrure, un tournevis, une pince monseigneur, et un pied de biche.
Elle n'allait rien voler. Elle allait juste «regarder». Et de toute façon, c'était à moitié abandonné : les parents de Théodore étaient sensés être morts et il vivait à Londres.
Une fois sa journée de cours terminée, elle prendrait la route immédiatement. Finissant à quinze heures, elle devait arriver entre vingt heures trente et vingt et une heures là-bas, si elle évitait les bouchons en sortant de Londres. Elle mangerait et dormirait au pub du village , le «Honeysuckle's pub» qui proposait aussi une ou deux chambres aux voyageurs. Elle se coucherait tôt. Elle aurait alors toute la journée du samedi pour enquêter. Elle repartirait le dimanche matin.
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Abigail, épuisée, gara sa voiture sur le parking public de la grande et unique place d'Ardwell. Elle éteignit le moteur, coupa le contact et la voix plaintive de Thom Yorke s'arrêta net. Elle avait fini par croire qu'elle n'y arriverait jamais ! C'était la première fois qu'elle conduisait aussi longtemps seule et ça avait été vraiment éprouvant... Mais elle y était ! Elle sortit et se saisit de son sac de voyage dans lequel étaient regroupés tous ses effets personnels. Ce dernier fit un cliquetis suspect en raison des nombreux outils qu'il contenait.
Par les fenêtres des maisons modestes qui encerclaient la place, quelques lumières filtraient, tantôt celle colorée d'un écran de télévision, tantôt celle d'une lampe de chevet à l'étage. Vingt-deux heures. Seul le pub était vivement éclairé. Sans attendre davantage dans le froid de ce début de mars, elle se dirigea vers l'établissement d'un pas décidé.
Lorsqu'elle ouvrit la porte, tous les regards se tournèrent vers elle. Des expressions étonnées.
Ardwell était au bout d'une petite péninsule, c'est à dire un bout du monde. Ainsi, n'allaient à Ardwell que ceux qui voulaient aller à Ardwell. Même le hasard avait renoncé à Ardwell. Alors, que pouvait bien faire une jeune fille à vingt-deux heures dans ce trou paumé ? La jeune fille elle-même commençait à se le demander. Quoiqu'il en soit, avec ou sans raison, elle y était et elle devait dormir.
-Bonjour, réussit-elle à articuler avec un sourire crispé.
Sans un mot, le tenancier, visiblement en pleine partie de Yams avec deux clients, reposa les dés qu'il s'apprêtait à jeter. Il se dirigea vers son comptoir et en sortit de dessous un jeu de clés accrochées à un anneau duquel pendait, au bout d'une chaîne, un petit ballon de foot en tissus aux couleurs du club de Carlisle.
-C'est pour la chambre ? Vérifia-t-il tout de même.
-Oui.
Alors, il passa la porte à l'arrière du bar en bois sombre et aux carreaux floutés et jaunis. Elle contourna le bar et le suivit dans un silence parfait de la salle. Au fond d'un court couloir se trouvait un sombre escalier en bois en forme de coude qui grinçait sous les pas. Sur le palier, deux portes dont l'une était déjà ouverte par le patron.
-Voilà, commenta-t-il succinctement.
Elle hocha de la tête en souriant, découvrant la tapisserie fleurie jaunâtre. Le sol du même carrelage brun que le rez-de chaussé. A sa droite se trouvait la salle de bain dont la teinte taupe des vasques du lavabo et de la douche rappelait celle de la frise en volutes qui se déroulait à hauteur du regard. Tout respirait les années soixante-dix. Elle devinait que sa fenêtre donnait sur la place.
-Il vous faut quelque chose en plus ?
-Vous faites toujours à dîner ?
L'homme acquiesça d'un signe de tête :
-C'est daube à la bière et purée. Tarte aux pommes en dessert... Je vais dire à Margaret de vous faire réchauffer tout ça.
-Merci, sourit-elle.
Et sur ce, il descendit les escaliers avec fracas. Pour s'éclipser de nuit discrètement, ça allait être coton.
Elle prit une douche rapide puis descendit. Une des tables avait été dressée : une assiette en céramique glacée de brun, et dont le contenu fumait, avait été déposée sur la nappe en papier rouge d'une table rustique.
-Vous vous êtes perdue ?
Abigail releva vivement la tête de sa purée grumeleuse. C'était l'un des clients qui jouait au yams. Il la dévisageait avec suspicion.
-Non, sourit-elle. Je cherche un camarade...
Elle ménagea un temps de suspens en comptant très fort sur la curiosité mal placée de son interlocuteur. Avide des rumeurs et commérages en lien avec la famille Nott, elle ne voulait cependant pas paraître trop fouineuse, au risque d'attirer sur elle la méfiance. Il fallait avant tout déterminer si oui ou non quelqu'un vivait à Ardwell Park.
-Ah oui ? Questionna le quadragénaire d'un ton bourru. Qui ça ?
-Oh, vous ne devez pas le connaître...
-Dites toujours. Tout le monde connaît tout le monde ici.
-Il s'appelle Théodore Nott...
-Nott, si on connaît ! Réagit le deuxième joueur de Yams. C'est la famille la plus riche du coin !
Un reniflement dédaigneux depuis le fond de la salle. Une vieille femme, habillée d'une chemise à carreaux jaunes et verts ainsi que d'une doudoune grise sans manche, finissait sa chope de Guiness.
-Ils sont pas riches.
-Ah ouais ? Alors tu vas nous dire pourquoi ils vivent dans un château, Bonnie ?
-Tais-toi Ralph. T'as jamais eu la curiosité ni les couilles de le voir de près, leur château. Moi, oui. Il est en ruine. Et de mémoire d'homme, il a toujours été en ruine, t'as qu'à aller demander au vieux Henry si c'est pas vrai. Y a plus de toit, les fenêtres sont percées, le chèvrefeuille et les ronces recouvrent tout. Les hortensias ont effacé le tracé de l'allée. On ne peut même plus y accéder : fauchés je te dis ! Il n'habitent pas là...
-Alors pourquoi est-ce que Joe dit qu'ils reçoivent toujours du courrier, hein ? Et les cris qu'on entendait de temps en temps ? -Cela dit cela fait bien un an et demi qu'on entend plus rien.
Bonnie haussa les épaules, comme si les contradictions qu'on pouvait lui donner lui passaient par-dessus la tête : elle avait son idée, et rien ne pourrait la faire changer d'avis.
-En même temps, vu toutes les conneries qu'on reçoit, moi aussi j'oublierais de changer mon adresse si je déménageais, réussit-elle à rétorquer après un temps, en plongeant dans sa chope.
-Et les factures ?
-Ils s'en foutent des factures : ils sont fauchés, je te dis. Et pour les cris... Tu connais très bien la rumeur...
-Ne dis pas n'importe quoi, le château peut pas être hanté ! Les fantômes, ça n'existe pas ! S'exclama Ralph un peu trop vivement pour quelqu'un de rassuré.
-Mais, on les voit jamais, les Nott ! Où c'est qu'ils feraient leurs courses si ils vivaient là ? Y a que des fantômes pour faire ça, je te dis.
-On a vu le fils il y a deux semaines, contra Ralph.
-Évidemment, qu'on l'a revu, triple buse ! Il est revenu pour l'enterrement. Il est reparti juste après. Réfléchis un peu, Ralph !
-L'enterrement ? coupa précipitamment Abigail, soucieuse de ne pas laisser passer une information importante.
-Oui, il enterrait son père, répondit le premier client qui lui avait adressé la parole avant d'être interrompu par Bonnie et Ralph. La procession entre l'église et le cimetière est passée sous mes fenêtres. Toutes les processions passent sous mes fenêtres. C'est que j'habite sur le seul chemin qui mène au cimetière. Tous les Nott y sont enterrés depuis...
-Depuis toujours, coupa le patron.
-Ouais, depuis toujours, insista Ralph, content de dire un truc sur lequel il pouvait avoir raison.
-Je les ai vus aussi en rentrant du Tesco, reprit Bonnie. Une misère. Ils étaient quatre en tout derrière le cercueil. J'ai même hésité à les rejoindre tellement ils m'ont fait de la peine... Mais j'avais le poisson à mettre au frais, alors je suis rentrée chez moi.
-Puis ils sont venus ici, continua le patron du bar. Ils ont mangé en silence. Aussitôt fini qu'ils sont repartis.
-Ben oui, qu'est-ce que vous voulez vous dire après un enterrement ? Ajouta Bonnie.
-Ça c'est sûr, ponctua Ralph.
Abigail croulait sous les informations et elle regrettait de ne pas pouvoir sortir son calepin pour noter au fur et à mesure tous les renseignements qu'elle collectait.
Théodore lui avait menti concernant son père : elle s'y attendait... Elle n'était plus à un mensonge près... Ça ne la blessait plus. Au contraire, c'était intéressant car cela relançait la réflexion : pourquoi avoir caché que son père était encore en vie ? Quel lien avec le secret ? Est-ce qu'il craignait qu'elle ne veuille rencontrer son père ? Ou qu'elle ne pose trop de questions ? Son père n'était-il pas capable de garder le secret comme l'avaient fait Drago et les autres ? A moins... que ce ne soit pas elle le problème mais le père...? Peut-être qu'il ne voyait pas d'un bon œil la relation d'un non-moldu avec une moldue ?
Mais cela voulait aussi potentiellement dire qu'il n'y avait pas eu d'accident de voiture il y a trois ans ? Alors, d'où pouvaient provenir les cicatrices que Théodore avait sur le torse et le dos ? Abigail frissonnait en priant pour que celles-ci soit réellement accidentelles et pas l'origine des cris qui perçaient jusqu'au village...
Elle savait déjà que la maison familiale était inhabitée mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit à ce point à l'abandon. Juste cette histoire de boîte-aux-lettres à laquelle ils recevaient toujours du courrier. C'était étrange ! Et cela ressemblait furieusement au procédé du pensionnat. Il semblait alors que protéger les lieux eux-mêmes devait être nécessaire pour garder le secret.
Visiblement, les personnes dans ce bar avaient envie de parler de cette famille qui soulevait tant de mystère. Cela devait être ce genre de sujet serpent de mer qui animait les soirées lors desquelles on n'avait pas grand chose à se dire. Ce devait être toujours les mêmes histoires, les mêmes questions, les mêmes faits débattus sans qu'ils ne progressent d'un iota. Elle pouvait alors les questionner sans crainte : ils s'en donneraient à cœur joie.
-Ils n'étaient que quatre ? fit-elle, faisant mine d'être interloquée pour les pousser à développer.
-Oui ! s'exclama Bonnie, toujours un peu peinée. Avec lui, il y avait trois jeunes de son âge... Un grand avec des cheveux d'un blond presque blanc... Ces jeunes, ils ont de ces dégaines parfois...
Drago, sans aucun doute. Elle imaginait sans peine que les deux autres étaient Blaise, Pansy ou Hermione.
Pour un événement aussi important qu'un enterrement, il était étonnant que l'un deux manque à l'appel... surtout connaissant leur solidarité à toute épreuve, puisqu'ils avaient été capables de monter avec Théodore toute la mascarade du dîner en octobre. Comment expliquer cette absence ? Une dispute ?
Mais bref : les mouvances au sein de leur groupe n'étaient que le cadet de ses soucis.
-Ils avaient été quand-même plus nombreux le jour de l'enterrement de la mère... Réfléchit à voix haute Bonnie. Une bonne centaine, si je me souviens bien
-Quand cela a-t-il eu lieu ? demanda Abigail.
-En décembre... Il y a plus de dix ans de ça maintenant... Il était tout pitchoun le pauvre. Et il était si sage et si sérieux... Pas un pleur, pas un cri. Il suivait son père silencieusement. Maintenant que je me rappelle, le blond y était peut-être aussi, avec son père, aussi blond que lui. Déjà, à l'époque, ça m'avait marqué. Quelle idée cette coloration... Lui aussi était sage... comme une image.
Abigail acquiesça. La présence de Drago ne l'étonnait pas. Au moins, pour sa mère, il n'avait pas menti... Et elle avait désormais la certitude qu'ils se connaissaient d'avant le pensionnat.
-Pourquoi tu le cherches, le fils Nott ? Demanda Bonnie.
-Parce qu'il a disparu et on est tous inquiets, mentit-elle, tout à fait sûre qu'ils n'auraient aucun moyen de vérifier. C'est mon copain, vous comprenez ?
Il fallait enfoncer le clou.
Ils acquiesçèrent d'un air entendu.
-Tu vas aller au manoir ? demanda Ralph d'une voix blanche.
-Je pensais y aller demain.
-Tu vas l'accompagner, bien-sûr, se moqua la vieille femme.
-Je... je... Si on m'avait prévenu avant, je...
-Te fatigues pas à trouver des excuses, l'interrompt Bonnie.
Puis, s'adressant à Abgail :
-Tu y accéderas par un chemin qui passe derrière l'église. Vas-y tôt. Et rentre tôt.
La conversation s'interrompit lorsqu'une femme blonde entre deux âges et au visage quelconque entra. Elle demanda à son tour une chambre sous les regards surpris de toute l'assemblée. Immédiatement, le patron la mena à celle qui lui restait de libre.
-Eh ben, il aura fait son chiffre d'affaire du mois en une soirée, commenta Bonnie en se levant. Elle ramena sa chope vide au comptoir en posant quelques pièces de monnaie à côté.
-Sois prudente. Ton amoureux, il est pas net. Et crois-moi, il vaut peut-être mieux que le manoir soit hanté... Car les cris qu'on entendait régulièrement... Je ne veux pas savoir ce qui les provoquait si c'était pas des fantômes... Bonne soirée ! lança-t-elle à la cantonade en sortant et les autres répondirent mollement.
-Passe au cimetière demain matin avant neuf heures, reprit le premier client. C'est moi le gardien. Je te prêterai du matériel.
-Merci, sourit-elle.
Sur ces mots il quitta le pub , suivi de nombreux autres et Abigail monta se coucher, priant que la nuit passe vite.
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Abigail se réveilla à huit heures. Elle se leva immédiatement, le cœur déjà battant. Elle allait découvrir Ardwell park aujourd'hui ! Évidemment, elle n'avait que très peu dormi à cause de l'excitation... Mais il était huit heures et elle allait enfin voir à quoi ce manoir ressemblait. Une fois habillée, elle descendit prendre son petit déjeuner rapidement puis quitta le pub.
-Abigail !
Elle se retourna automatiquement.
-Tu manges ici ce soir ? Demanda Margaret sur le pas de la porte.
-Oui !
Du mouvement à la fenêtre du premier étage. Celle de la chambre voisine à la sienne. Le rideau se balançait mollement, comme si on venait de l'écarter pour le laisser ensuite retomber. La femme qui était arrivée tard hier, sans doute.
Elle n'y prêta pas plus attention. C'était un non-évènement.
Elle prit pour de bon le chemin du cimetière. Là, l'y attendait Tom, comme promis. Il lui donna des bottes, un peu trop grande pour elle. C'étaient celles de sa collègue partie en congés maternité. Une blouse épaisse, une polaire, des gants de jardiniers et des lunettes de protection pour pouvoir passer à travers les ronces sans risquer de se blesser ou d'abîmer ses vêtements. Enfin un sécateur, qu'elle rangea dans la poche avant de sa blouse et une machette pour se tailler un chemin dans la jungle.
-Fais attention, sois revenue avant le coucher de soleil... Après tout, on n'est pas sûr à cent pour cent que les fantômes n'existent pas...
-Je ferai attention, sourit-elle, surprise de toute cette sympathie qu'elle suscitait... Sans doute en lien avec son intérêt pour les légendes locales.
-On s'est mis d'accord avec Bonnie. Si tu ne reviens pas, on viendra te chercher.
-Merci ! A ce soir !
-A ce soir.
Et sur ces mots, elle le quitta. Elle profita d'être au cimetière pour se perdre dans ses allées parfaitement entretenues. Elle trouva la tombe d'Imogène Nott, morte en 1987. Simple, mais élégante, en marbre noir. Déposée dessus, une fleur d'hortensia toute fraîche. Elle n'avait pas pris la pluie de la soirée. Abigail se figea. Est-ce que c'était Théodore ? Dans ce cas, est-ce qu'ils s'étaient croisés sans qu'elle ne s'en rende compte ? Était-il au manoir, quoi qu'en dise Bonnie ? Il devait être passé ce matin. Cependant, Tom n'avait rien remarqué, si non il lui en aurait parlé... Curieux.
Elle poursuivit sa promenade et remarqua qu'effectivement, le cimetière était blindé de Nott, certaines, en calcaire blanc, étaient si vieilles qu'on peinait à lire le nom complet et le prénom. A force de déambulation, elle finit par trouver la tombe de Léonatus Nott. Prénom aussi étrange que «Drago». Une autre fleur d'hortensia. Alors, c'était devenu une certitude : c'était lui. Il était passé là il y a peu. Elle allait devoir redoubler de prudence.
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-Non, non, ça ne va vraiment pas. Apportez-moi plutôt la première... Celle-ci est trop bouffante.
Pansy se défit de la robe vert pâle pou ré-essayer la première d'une délicate couleur prune.
-Oui, celle-ci est bien mieux... Elle est plus distinguée que la verte... Et souligne mieux ma taille que la bleu-nuit... Et vous pouvez ranger la lavande : elle ne fait pas assez «mariage»...
Par la fenêtre, on pouvait voir les sorciers se promener tranquillement, accompagnés de tout un tas de paquets. C'était un beau matin de début mars, ce qui était assez rare pour être souligné. Pour une fois, la lumière avait supplanté la grisaille.
-Hé ! Dis-le, si je t'ennuie ! Me rabroua-t-on.
-Avoue aussi que tu te passes très bien d'avis et de conseil, souriais-je malicieusement en réponse à la moue boudeuse de Pansy.
-Quand-même ! Rétorqua la sorcière, qui n'avait rien de mieux à répondre.
-Il faut dire aussi que ton jugement est infaillible en matière de robe et d'élégance et j'aurais bien trop peur de t'induire en erreur en te donnant mon avis...
-Mais oui, fous-toi de moi en plus de ça, pouffa-t-elle.
Elle me scruta pensivement, comme elle le faisait souvent quand elle était inquiète pour moi.
-J'ai ce qu'il me faut de toute façon.
Et sur ces mots, elle se défit de la robe prune qui lui servirait pour le vin d'honneur. En tout, il lui en fallait pas moins de cinq : une pour l'accueil des invités, une pour la cérémonie, une pour le vin d'honneur, une pour le repas et une pour la soirée dansante. L'usage voulait qu'elle en change également lors de la soirée, mais Pansy avait des goût simples.
-Tu as des achats à faire avant de retourner chez toi ?
-Nott m'a demandé d'acheter du parchemin... grommelais-je.
Il en commandait toujours des tonnes par correspondance. Je me demandais ce qu'il pouvait bien faire de toutes ces rouleaux et mon reste de colère à son encontre me faisait envisager les possibilités les plus grossières.
Hélas, cette semaine, très pris par la fac, il avait oublié de s'en occuper et m'avait donc demandé si je pouvais lui rendre ce service, sachant que je devais de toute façon perdre ma matinée sur le chemin de traverse avec la future mariée.
Pansy paya rapidement la note et nous nous dirigeâmes vers Fleury et Bott pour faire la commission. Lors du trajet, je remarquai qu'elle me regardait à la dérobée. Une fois devant la porte de la boutique elle marqua un temps de pause en me regardant intensément, puis, elle leva les yeux au ciel et poussa la porte d'un air décidé.
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Lorsqu'Hermione sortit de la réserve les bras chargés de volume racontant une aventure abracadabrantesque, revendiquée comme vraie par son «charismatique» auteur (chassez un sorcier mégalo, il en revient un au galop), elle se figea. Cette fois-ci, ce n'était pas un rêve, elle reconnaîtrait sa silhouette parmi mille. Et la présence de Pansy à ses côtés confirmait son intuition : il était là. Elle fit demi-tour en vitesse pour se précipiter dans la réserve, le cœur battant. Il était là !
Elle fut prise de tremblements et c'était un miracle qu'elle ne se soit pas évanouie sous le coup de l'émotion. Sa tête tournait et bourdonnait comme un essaim d'abeilles. Elle posa le carton de livres à ses pieds avant de le laisser tomber et appuya son front brûlant contre le pilier en fer d'un des rayons.
Il était là !
Évidement, il allait bien finir par un jour acheter un livre tout de même ! Il fallait qu'elle se ressaisisse ! Peut-être que c'était le moment ? D'au moins essayer... Sans trop savoir ce qu'elle faisait ni ce qu'elle s'apprêtait à faire, elle sortit de la réserve et retourna au rayon où elle l'avait aperçu de dos, aux aguets : il pouvait être n'importe où. Hélas, après avoir passé au peigne fin chaque rayon, elle devait se rendre à l'évidence : il avait déjà disparu.
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Abigail revint vers le centre du bourg pour prendre à gauche, passa devant l'église puis prit un chemin pavé qui passait derrière, comme lui avait expliqué Bonnie. Les blocs de granit se transformèrent en terre boueuse. Abigail remercia mentalement Tom pour les bottes. Ses nouvelles vans noires ne l'auraient pas supporté. Elle nota également dans un coin de sa tête : pour une enquête sur le terrain, prévoir des habits adéquats.
Après avoir passé plusieurs bosquets, la végétation s'épaissit. Le chemin la faisait désormais pénétrer dans un sous-bois de chênes verts et touffus. Après une bonne dizaine de minutes de marche, elle trouva la boîte aux lettres, entretenue. Contrairement à ce qu'elle s'était imaginé, elle n'était pas pleine à craquer. Cela voulait dire qu'on relevait régulièrement le courrier. Elle jeta un bref regard autour d'elle pour vérifier qu'elle était seule puis passa sa petite main dans la fente et, à l'aide d'une branche un peu tordue au bout, elle réussit à lever la came de la serrure batteuse.
Pas de courrier. Abigail trépigna. Pas moyen, donc, d'estimer de quand datait la dernière relève. Ça pouvait être la semaine dernière comme ce matin même... Cela, additionné aux hortensias, la confortait dans l'idée que quelqu'un, Théodore sans doute, était passé récemment. Peut-être que si elle avait le temps, elle pourrait demander au facteur, ce fameux... Joel ? Joe ?
Elle referma la boite et son verrou à l'aide de sa branche.
Une fois la boîte passée, le chemin redevenait soudain pavé et un frisson la parcourut sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Une peur glaciale qui la prenait jusqu'au cœur de ses os.
Elle s'arrêta un instant. Il y avait encore quelques minutes, des oiseaux chantaient. Et là, ils s'étaient tus.
C'était un silence parfait, troublé par le bruit de ses pas. Elle reprit sa marche, tremblant de tous ses membres. Jamais elle n'avait ressenti une telle terreur. Son cœur, en battant à tout rompre, semblait vouloir franchir ses lèvres. Elle sentit ses cheveux se hérisser sur sa tête et serpenter entre eux un frisson tandis qu'une sueur froide faisait coller ses vêtements à son corps.
Était-ce l'écho ? Il lui semblait que le bruit de ses pas était dédoublé... Mais ce devait être son imagination. Pourtant une intuition lui faisait croire qu'on la suivait de près, de si près qu'on était presque à la toucher. Elle se retourna vivement : personne. Il n'y avait que des chênes... des chênes, des chênes, de chênes, rien que des chênes... à perte de vue... et toute trace de civilisation avait disparu. Même la boîte aux lettres, entre les troncs... et elle se figura qu'elle pourrait très bien se perdre. Elle lutta de toutes ses forces pour ne pas faire demi-tour, comme si ses jambes avaient une volonté propre à soumettre.
Il n'y avait pas de raison, se répétait-elle. Elle devait avancer ! Un pas ! Puis un autre ! Elle allait simplement trouver une maison abandonnée ! Seulement ça et rien d'autre ! Et au pire, ou au mieux, elle ne savait pas, elle y trouvait aussi Théodore en train d'y bivouaquer. Ils s'engueuleraient sans doute, elle repartirait en pleurant et puis c'était tout. Quant aux cris entendus par les villageois... Il y avait beaucoup de bruits qui pouvaient y ressembler mais qui n'en étaient pas, n'est-ce pas ? Une porte qui grince dans le vent par exemple... Non ?
Elle avança sur quelques pas et sursauta presque en se rendant compte qu'un haut mur s'élevait devant elle. Elle se demanda bien pourquoi elle ne l'avait pas remarqué jusque là. Il était rongé par le lierre qui semblait sceller un portail rouillé. Le sentiment d'angoisse s'était allégé et c'était tout un poids sur sa poitrine qui avait disparu... Mais elle ne prit pas le temps d'y faire attention : seulement, elle allait mieux et c'était le principal.
Elle se mordit la lèvre, indécise, en considérait le portail. Comment passer ?
Elle escalada facilement le mur grâce au lierre et se mit à califourchon dessus pour observer les environs, sans doute exactement comme avait pu le faire Bonnie quand elle était jeune.
Il y avait une clairière dans une dizaine de mètres et, parmi les branchages, une couleur beige-rosée laissait deviner les murs du manoir. Les feuilles des arbres obstruant tout. Abigail pensa alors que Bonnie était venue en hiver : quand tout était dénudé, on devait parfaitement voir le bâtiment.
Hélas, entre elle et lui, un champ de ronces et d'hortensias fleuris enchevêtrés. En plein mois de mars ! Est-ce qu'il y avait une sorte de... micro-climat ou autre ?
Quoi qu'il en soit, se frayer un chemin là dedans allait être tout à fait agréable... Pas moyen que qui que ce soit traverse ce bazar... A moins qu'il n'y ait une entrée secrète ?
Hors de question de sauter car ça équivalait à se jeter dans un bain d'épine. Elle redescendit et considéra le portail. Elle revêtit les gants de jardiniers et les lunettes de protection puis plongea les mains dans la végétation à l'endroit où devait se trouver une poignée ou un cadenas. Après avoir tâtonné un court instant, elle trouva le manche et l'actionna. On ne sait jamais. Il résista et un son de chaîne se fit entendre. Un cadenas brillait entre les feuilles. Le double tour de chaînes fines ne résista pas longtemps à l'assaut de la pince monseigneur qu'elle avait prise dans son sac à dos.
Elle était folle. Elle était en train de violer une propriété privée. Mais elle devait savoir ! Elle le rembourserait pour la chaîne. Et quoi qu'elle trouve, elle mentirait au reste du monde. Mais que elle, elle sache par pitié ! Qu'elle sache ce qui lui avait retiré son Théodore !
Elle tira la poignée du portail vers elle et elle céda assez facilement dans une plainte sonore de fer rouillé. Une nouvelle fois, une vague de profonde angoisse qui lui donnait une furieuse envie de prendre ses jambes à son cou la submergea. Mais elle devait tenir bon. Rien n'était rationnel.
Devant elle, les ronces et les hortensias la dépassaient en taille. C'était colossal. Il était neuf heures trente... à treize heures, dernier carat, elle devrait commencer à rebrousser chemin. Arrivée ou non.
Une sorte d'abattement la prit. Elle n'allait jamais y arriver... Elle allait essayer de toutes ses forces, comme à chaque fois... Mais cette fois-ci, elle n'y arriverait pas, c'était certain. Si près du but ! Quelques larmes de découragement perlèrent au coin de ses yeux, qu'elle essuya avec le revers de sa manche.
Elle prit à pleine main la machette et elle sentit qu'elle n'était rien de moins ou de plus qu'une barbare. Les fleurs étaient si belles ! Les abattre c'était comme un crime, une offense à elle ne savait quel esprit ou quelle divinité.
-Pardon, petites fleurs, mais je dois vraiment savoir ce qui retient Théodore ! Se sentit-elle obligée de dire avec cette désagréable impression de perdre petit à petit pied avec la réalité : ce n'était que des fleurs, bon sang !
Et elle leva les bras avec la ferme intention d'en découdre mais la machette s'abattit dans le vide. Il y avait une allée ! Il allait falloir un peu jouer des coudes avec les ronces mais ça irait ! Comment était-il possible qu'elle n'ait rien vu ? Peut-être que le plafond de verdure était trop épais pour la voir d'en haut et puis... le découragement l'avait privé un temps de son sens de l'observation. Mais qu'importe, elle aurait toute sa vie pour réfléchir à cela : il lui fallait avancer !
Elle s'engouffra dans le passage sans hésitation laissant les ronces et les branches lui caresser le corps en les poussant délicatement. Et dans ce tunnel opaque de végétation, le chèvrefeuille répandait une odeur qu'elle aspirait par grandes bouffées et dont elle se délectait comme s'il s'agissait de son parfum à lui. Un sentiment de bien être, sans doute tout aussi factice et absurde que ses montées d'angoisse précédentes, imprégna tout son être. Les boules colorées des hortensias lui semblaient être des sortes de lampions qui guidaient ses pas. Au bout d'une petite dizaine de minutes de marche ralentie, elle sortit de la masse de végétation pour déboucher juste devant les marches du fameux manoir.
Bonnie n'avait pas menti : de là où elle se trouvait, bien qu'elle manquât un peu de recul, elle pouvait deviner qu'il avait perdu tout ou une partie de sa toiture et les fenêtres étaient toutes dépourvues de vitres ou de volets. Là où il y aurait du y avoir une porte se trouvait une ouverture béante. Elle gravit les marches pour arriver à une terrasse où le buis régnait en maître. Sans hésiter, elle s'engouffra dans un étroit passage, monta les quelques marches du perron et pénétra les lieux.
Au sol, un dallage très raffiné en marbre, occulté par de nombreux débris de végétation. Instinctivement, elle prit le parti de monter à l'étage, malgré le risque d'effondrement. S'il y avait des choses à trouver, elle se disait que ce serait dans les chambres et les bureaux. Une fois sur le pallier, elle franchit une double porte ouverte et dont les boiseries marquetées gardaient toute leur splendeur malgré la poussière.
C'était le salon avec absolument tout son mobilier. Rien n'avait été vidé, de la grande table qui trônait en son centre, à la petite horloge en or massif sur la cheminée. Une grande bibliothèque, complète, dont les livres étaient dévorés par les mites. Sur un des sièges style Louis XV, un nid où roucoulaient un couple de ramiers. C'était étrange... C'était comme si le temps s'était arrêté, ensevelissant tout dans l'oubli. Rien n'avait été pillé et toutes les dégradations n'étaient dues qu'à la végétation ou au vent. Elle fut de nouveau accueillie par cette odeur de chèvrefeuille qui se faisait particulièrement entêtante dans cette pièce. La plante devait avoir ondulé sur la façade jusqu'aux fenêtres. D'ailleurs, on pouvait voir les fleurs s'agiter au vent par la fenêtre. Elle s'en rapprocha pour profiter de la vue.
Est-ce que, parfois, d'une manière ou d'une autre, Théodore venait ici ? Et pourquoi ?
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Est-ce qu'il rêvait ? Était-il encore perdu dans une de ces hallucinations dont son cerveau avait le secret ? Pourtant elle paraissait si réelle, à se rapprocher de la fenêtre près de laquelle il se tenait ! Éclairée par les rayons du soleil, elle avait tout d'une apparition... Plus belle encore que dans ses souvenirs. Baignée dans cette lumière, la face illuminée, ses yeux clairs semblaient transparent, comme une eau de fontaine dans laquelle on aurait pu se purifier. Et quand il passait sur vous, ce regard avait le pouvoir de vous rendre aussi transparent que lui.
Elle fronça les sourcils en une moue intriguée en parcourant des yeux la bibliothèque et cela eut l'effet d'un électrochoc. C'était bien elle, avec sa vie intérieure ! C'était tout elle ! Et pas un de ces spectres du regret, comme il avait l'habitude d'en croiser depuis décembre dernier.
Elle semblait ne pas le voir, elle même perdue dans les brumes d'un mirage causé par le sortilège de protection. Parfois, elle faisait un écart, sa trajectoire n'était pas rectiligne, comme si elle évitait des choses.
Pourtant, le manoir était on ne peut plus rangé et propre. Quelle vision pouvait-elle avoir ? Quel pouvoir l'enchantement exerçait-il sur elle ?
Il dut s'écarter de l'embrasure de la fenêtre où il s'était adossé pour lire le courrier avant de le classer pour ne pas interférer avec elle.
Accoutrée comme le jardinier de la commune, ses longs cheveux noirs et lisses en queue de cheval décoiffée, ce visage à la mine soucieuse dont il avait cent fois dessiné les contours... Il ne put s'empêcher de pouffer discrètement en constatant ce que la détermination de la jeune femme pouvait lui faire faire. Cependant, il redevint vite sérieux : Comment avait-elle pu se fournir ces habits ? Et cette machette ?! Il priait pour qu'elle n'ait rien volé, car son désir de savoir la transformait parfois en véritable tête brûlée. La preuve : si elle était ici, cela voulait nécessairement dire qu'elle était entrée par effraction.
Elle explorait, les yeux passant chaque détail au peigne fin. Il aimait quand elle était comme ça. Elle était en train d'enquêter. Est-ce qu'elle avait enquêté... sur lui ? Elle n'avait sans doute pas voulu lâcher le morceau concernant le secret. Il ne put retenir un sourire attendri lorsqu'il la vit se pencher par la fenêtre pour observer les environs. C'était une jolie vue. Une des plus jolies du manoir et si elle montait au deuxième étage, elle apprécierait encore davantage.
Comment avait-elle réussi à arriver jusque là ? De mémoire d'homme elle était la première moldue à réussir, les autres se décourageant en subissant les sorts de protections devant donner la plus glaciale des frayeurs à tous ceux qui ne pratiquent pas la magie. Elle, ne s'était pas dégonflée. A croire qu'elle n'avait aucun instinct de survie. Elle n'avait peur de rien. Elle qui, sans pouvoir, était pourtant si fragile ! Lui, avait peur de tout.
Un élan d'affection le prit et, faisant fi de toutes les précautions possibles, il l'étreignit, sans avoir aucune idée des conséquences. Elle allait peut-être découvrir sa présence, mais il s'en fichait : elle était le centre de tous ses soucis désormais. Plus rien d'autre ne comptait. Merlin ou Dieu, il était bien incapable de savoir qui pouvait lui être favorable, faites qu'elle lui pardonne de l'avoir abandonnée !
Elle s'immobilisa, les sens en alerte.
-Tu m'as manqué, lui souffla-t-il à l'oreille et elle sursauta.
-C'est le vent, c'est le vent, ce n'est que le vent, enfin. Ressaisis-toi !
Elle se détourna de lui brusquement. Elle tremblait de tout son corps, terrorisée.
-Ça ne peut être que ce putain de vent ! cria-t-elle à travers la pièce. Et rien d'autre !
Elle essuya rageusement une larme de peur et il se gifla mentalement. Évidemment, se faire étreindre par quelqu'un d'invisible, ce ne devait pas être quelque chose de très rassurant... ni entendre des murmures.
Elle renifla la paume de ses mains, puis leurs dos, ses vêtements et enfin l'air l'entourant.
Elle avait du travaillé si dur pour arriver jusqu'ici ! Elle méritait de découvrir la vérité par elle-même, quitte à lui faire ensuite promettre de ne rien dire. Il lui faisait confiance.
Il fallait qu'elle trouve sa chambre. En fouillant un peu, elle trouverait sa plume et son encrier ainsi que son parchemin, puis ses bulletins de notes de Poudlard où étaient clairement inscrits toutes les matières évaluées, toutes plus étranges les unes que les autres. Et puis, il y avait des photographies sorcières et son vieux nimbus 2001 dans un coin. Si elle ouvrait son armoire, elle trouverait son uniforme et ses robes de sorcier. Enfin, son nécessaire à potion. Dans sa bibliothèque, des livres traitant de sujets des plus loufoques aux yeux des moldus. Surtout cette saloperie de monstrueux livre des monstres. Et puis, son jeu d'échec version sorcier où ses pièces somnolaient tranquillement jusqu'à ce qu'on daigne les réveiller pour une partie. Toute sa vie de sorcier était là.
Le vent s'engouffra soudainement dans la pièce et elle ferma les yeux alors que ses longs cheveux noirs battaient son visage. Puis, elle fit un pas, puis un deuxième en sa direction. Elle semblait humer quelque chose.
-Peut-être que ça ne vient pas de la fenêtre finalement... murmura-t-elle pour elle-même.
Désormais, elle était tout contre lui. Alors, il plaça ses mains dans les siennes, légèrement, sans serrer, comme le pourrait faire un courant d'air. Elle fit une nouvelle fois un pas et il fut obligé de reculer. Puis, un nouveau pas et à son tour il dut faire un pas en arrière. Ainsi, il la mena, et elle progressait d'elle même, semblant suivre une odeur, son odeur, les yeux fermés. Ils quittèrent le grand salon pour monter les escaliers. Elle trébucha sur la première marche. Elle ouvrit subitement les yeux pour se repérer et il lui sembla qu'ils échangeaient un long regard. Le premier depuis longtemps. Une fois intégré la hauteur calibrée des marches, elle referma les yeux et il lutta de toutes ses forces pour ne pas l'embrasser.
Enfin, ils arrivèrent sur le pallier et il la guida jusqu'à sa chambre. Une fois dans la pièce, il retira ses mains et s'écarta pour la laisser explorer à sa guise. Elle s'arrêta et renifla autour d'elle, comme pour déceler un parfum qui se faisait plus ténu. Enfin, elle ouvrit les yeux.
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-Est-ce que... c'est sa chambre ?! Réalisa-t-elle à haute voix. C'est sa chambre !
Et elle éclata de rire de soulagement et de joie.
-C'est vraiment sa chambre !
L'espace était recouvert de chèvrefeuille qui avait du ramper depuis la fenêtre pour s'approprier tout l'espace, année après année et il embaumait l'air, plus encore que dans le salon.
Par réflexe elle secoua la tête pour chasser l'impression absurde d'avoir été guidée jusque là. La légère pression dans ses mains n'avaient dû être qu'une illusion, peut-être une réaction de son corps à force de respirer à plein poumon la forte odeur des fleurs. Elle avait une étrange sensation qu'ouvrir les yeux, c'était comme sortir d'un rêve et cette intuition qui lui avait fait suivre l'odeur était à la fois bonne et mauvaise. Bonne d'abord parce qu'elle l'avait menée là où elle voulait, et mauvaise parce qu'elle ne reposait sur rien de tangible, rien de raisonnable. Elle était alors une sorte d'Alice au Pays des Merveilles, suivant une logique qui lui échappait parfaitement... mais qui fonctionnait. Une part d'elle semblait comprendre et cela l'inquiétait. N'était-elle pas en train de perdre pied ?
Elle n'avait pas le temps de s'en inquiéter maintenant et elle verrait si ce sentiment perdurait une fois revenue à la civilisation. Après tout, la solitude était souvent la source de chimères qui disparaissaient une fois le monde des homme retrouvé. Elle se rapprocha du bureau et s'assit sur le fauteuil.
Elle sourit, attendrie, en voyant les cadres photos. Dans l'un d'eux se trouvait un portrait d'elle qu'il avait prise cet été, alors qu'ils étaient partis quelques jours dans le parc naturel du Surrey faire de la randonnée. Elle était au sommet d'une énième tour de château qu'ils avaient visité. C'était un de ses plus beaux souvenirs, tellement lumineux et coloré !
Ainsi, il venait ici régulièrement... Pourquoi alors tout était si délabré ? Pourquoi décorer avec des photos un lieu inhabité ? Ça n'avait pas vraiment de sens...
Sur les autres photos légèrement floues, comme si elles avaient été prises alors qu'ils bougeaient, elle reconnut Blaise et Pansy qui se câlinaient et puis Drago et Blaise souriant accoutrés étrangement avec des sortes de longs manteaux verts et gris clair, trempés jusqu'aux os et boueux comme pas possible. Équipés solidement, un peu comme pour faire du roller mais sans casque. Ils tenaient chacun un manche en bois qui leur arrivait à peu près jusqu'à l'épaule. Le cadrage faisait qu'on ne voyait pas en dessous de mi-cuisse. Est-ce qu'il s'agissait de battes ? De lances ?
Mais soudain, un détail retint son attention. En arrière plan, une autre personne, en manteau noir et jaune. Cette personne était... dans les airs ?! enfourchant le même manche... Et au bout, des brindilles... Est ce que c'était une sorte de balai ?! Ce devait être une illusion d'optique.
Elle continua de fouiller le bureau. Elle trouva du parchemin, de l'encre et des plumes taillées. Elle aussi s'amusait à ça quand elle était petite en trempant du papier dans du café. Elle se faisait gronder car elle en mettait partout. Il fallait croire que Théodore avait poussé le vice assez loin puisqu'il semblait toujours utiliser ce genre de matériel et qu'il ne figurait sur la table aucune trace de stylo à bille ou de papier «normal».
Un porte document se trouvait dans un coin. Elle s'en saisit sans hésiter et l'ouvrit. Elle y trouva des bulletins scolaires, qui ressemblaient fortement à ceux du Pensionnat. Cependant, le Pensionnat semblait désormais s'appeler «Poudlard». Cette information surprit à peine Abigail. Après tout, ils faisaient tout pour le cacher alors, donner un faux nom était attendu. Elle s'intéressa un instant au blason écartelé. Un lion doré contourné sur un fond gueule, un serpent argent sur un fond sinople, un blaireau sable sur un fond or et un aigle argent sur un fond azur... Tiens, vert et argent comme les uniformes de Drago et Blaise... et jaune et noir comme le garçon en arrière plan... Est-ce qu'il s'agissait de filières ou de classes différentes ?
Elle poursuivit distraitement sa lecture : elle avait déjà vu ses notes dans son dossier d'inscription. Cependant, elle sursauta lorsqu'elle se rendit compte que ce bulletin là n'avait absolument rien à voir avec le document auquel elle avait eu accès. C'était dément.
«Sortilèges» ? «Métamorphoses» ? «Potions» ?! Qu'est-ce que c'était que ce délire ? C'était du faux, non ? Et pourtant, ils étaient cachetés et signés par cette même Minerva McGonagall qui avait écrit la lettre de recommandation... Du. Dé. Lire. «Histoire de la magie ?!» Vraiment ?! «Etude des moldus» ?! Ainsi, «ils» les étudiaient ?! Etaient-ils si différents ?
D'accord... donc... de la magie, hein ? C'était ça le secret ?!
-Mais non, arrête un peu, la magie, ça n'existe pas, enfin ! Dut-elle se dire à voix haute pour s'en convaincre. La magie, ça n'existe pas ! Ce n'est pas possible !
Elle se leva brusquement de la chaise, mal à l'aise, le cœur battant. Est-ce que Théodore, Blaise, Drago, Pansy, Hermione étaient des... des magiciens ? Si cela était vrai, c'était cohérent avec toute l'énergie déployée pour cacher la vérité. Si le monde entier était au courant, elle n'osait imaginer ce que cela donnerait.
La chasse au sorcière du Moyen-Age lui revint en mémoire. Si, en réalité, elle voyait parfaitement ce que cela donnerait.
Personne ne devait savoir. Et elle se sentait presque désolée d'avoir forcé un passage. Elle rangea son appareil photo jetable qu'elle venait de sortir de son sac. Il ne devait y avoir aucune preuve.
Elle s'intéressa ensuite à l'âtre de la cheminée. Il était encore chaud. On avait fait un feu récemment. Toute la semaine avait été pluvieuse et et il avait sans doute fallu chasser l'humidité. Elle avait manqué de peu Théodore.
Elle poursuivit son inspection en se dirigeant vers son armoire. Toute une partie était vide-Avait été vidée sans doute. Il n'y restait que des habits étranges... encore ces longs manteaux à capuche, assez différents que ceux sur la photo puisqu'ils étaient noirs, et seulement noir. Cependant, elle reconnu au niveau de la poitrine un blason rappelant celui sur le bulletin... Mais qui ne faisait référence qu'au quart représentant le serpent vert et argent... Ainsi, Drago et Blaise et Théodore avaient été dans la même classe, peut-être ? Rien d'étonnant à ce qu'ils soient amis. Elle remarqua alors sur un cintre deux cravates aux mêmes couleurs. C'était sans doute leur uniforme de Poudlard.
Elle délaissa ensuite l'armoire qui semblait avoir révélé tous ses secrets lorsqu'elle se rendit compte qu'un balai, qui ressemblait furieusement à ceux sur la photo, se trouvait calé dans un coin de la pièce. Elle le prit à deux mains et le tint devant elle à l'horizontal puis le lâcha. Bien sûr, il retomba lamentablement par terre.
Soudain, sa montre digitale sonna et elle sursauta. Treize heures. Elle devait rentrer. C'était comme sortir d'un brouillard et elle recouvrait ses esprits. Ce n'était pas possible ! Elle divaguait ! La magie ça n'existe pas ! Elle avait accepté l'idée bien trop rapidement à son goût, quelques minutes plus tôt.
Elle pesta puis se dirigea vers les escaliers pour les descendre en vitesse. Une fois dehors, elle s'engouffra sans problème dans la masse de végétation.
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Le ventre de Théodore était noué au possible. Elle semblait ne pas encore avoir accepté l'idée que la magie puisse exister. Est-ce qu'elle finirait par l'admettre, avec force manifestation ?
Qu'elle se fasse à l'idée était déjà un défi mais ce n'était pas le seul car il fallait aussi que la nouvelle ne lui fasse pas peur ! Une nouvelle crainte qui n'avait jamais vraiment effleuré l'esprit de Théodore désormais l'assaillait : et si elle n'y croyait pas ? Et si elle refusait de voir ? Car tout ceci entrait parfaitement en opposition avec la vision du monde très logique de la jeune femme.
Il transplana pour la rejoindre de l'autre côté du mur, feignant une promenade. Priant Merlin et tous les Saints pour ne pas être repoussé, que ce soit pour l'avoir abandonnée ou par refus de l'existence de la magie.
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Il était clair maintenant que la végétation se refermait sur son passage... Comme par... magie ! C'était un truc de malade. C'étaient des magiciens, bon sang...!
Mais non, ça pouvait pas êtres des magiciens ! La magie, comme les fantômes, ça n'existait pas ! Continuait-elle à se répéter inlassablement. Il fallait qu'elle arrête de se laisser aller. C'était du gros n'importe quoi ! Décidément, ce lieu, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, avait réellement altéré sa capacité de jugement.
Sans qu'elle ne sache pourquoi... Sans qu'elle ne sache comment... C'était peut-être ça la magie...?
Que la magie existe avait tout de même une part logique dans la situation : il fallait bien que ce soit un mystère à la hauteur des efforts qu'ils employaient pour se cacher ! Alors, cette odeur qui l'avait guidée, ce jardin dont les ronces s'écartaient... Mais aussi Blaise qui sursaute lorsqu'elle dit que quelque chose n'est pas sorcier... Et Théodore qui réussit à faire le ménage, le repassage et la cuisine en un temps record, et qui trouve toujours un moyen de la rejoindre en un temps impossiblement court !
C'était ça, cette anomalie, qui faisait partie d'eux et dont il ne pouvait pas parler... C'était ça !
Mais c'était si... fou ! Si incroyable. Elle ne devait même pas prendre la peine d'essayer d'expliquer ce qu'elle avait découvert : personne ne la croirait.
Non ! Ce devait être un «non» catégorique : la magie ça n'existait pas, enfin ! C'était les champignons dans la daube d'hier soir qui avaient peut-être une petite vertu hallucinogène sur le long terme ?
Ou alors... ou alors... tout ceci n'était qu'une vaste blague, une sorte de caméra cachée de l'espace et elle, idiote qu'elle était, fonçait dedans... Non? Après tout, tout cela ne devait pas être très compliqué à concevoir...! «Je vais suivre l'odeur du chèvrefeuille» Mais quel esprit pouvait être assez débile pour avoir une idée pareille ? Il n'y avait qu'elle ! Voilà. C'était la solution la simple et la plus logique. Ils se foutaient tous de sa gueule. Théodore en tête de liste, le salopard. Si elle le retrouvait, il allait voir ! Il allait moins faire le ma...
Elle arrivait au bout de l'allée. Des éclats de voix. Elle s'arrêta net. Elle s'accroupit et se tassa contre le mur végétal dont les ronces s'écartèrent gracieusement pour lui faire un abri. Effets spéciaux sans doute.
-...vais lui parler, soyez rassurée...
La voix ressemblait en tout point à celle de Théodore.
-... infraction au règlement...
Et une voix de femme qu'elle n'arrivait pas à identifier. Abigail se pencha sur le côté pour voir la scène.
C'était bien Théodore ! Mais elle se retint de courir vers lui, car il avait les bras en l'air, comme s'il se rendait sous la menace d'un revolver. La femme, celle qui avait dormi dans la chambre à côté d'elle, était de dos et brandissait bel et bien quelque chose vers lui mais ça ne ressemblait en rien à une arme à feu. Une sorte de bâton en bois.
Est-ce que c'était... une baguette magique ?! Comme la fée de Cendrillon ! Ou la fée clochette ! Et ils faisaient de la magie avec ça !
N'importe quoi. C'était vraiment n'importe quoi. Entre ça, le balai et le chaudron dans l'armoire... Il ne manquait plus que le chat noir et ils avaient la panoplie complète ! C'était d'un ridicule ! Ça semblait sortir tout droit d'un magasin de farces et attrapes ! Et pourtant, l'air peu rassuré de Théodore la dissuada tout à fait de sortir de sa cachette car tout ceci, magie ou pas, semblait dépasser le simple cadre de la blague.
-Ecoutez, M. Malfoy, Zabini, Miss Parkinson ont agi sous la contrainte. Je suis le seul responsable. Et laissez à Miss Peterson sa mémoire ! Vous n'avez aucun droit de la lui effacer. Elle n'a jamais rien révélé au monde moldu. Je l'emmènerai dès aujourd'hui au ministère et elle signera le contrat.
La voix vibrante de Théodore déchira les entrailles d'Abigail et elle comprit alors que la situation était particulièrement grave. Elle ne comprenait pas grand chose de la scène si ce n'est qu'elle-même devait être recherchée pour avoir découvert le secret, sans doute à cause de la lettre qu'elle avait envoyée à Minerva MacGonnagal et qu'elle risquait, apparemment, de se faire effacer la mémoire. Comment ?
En tous cas, son enquête, mais aussi les mensonges de Théodore avaient des conséquences qui retombaient sur tout le groupe.
-Vous n'en savez strictement rien, M. Nott et vous n'imaginez pas les mois d'enquête qui nous attendent pour retracer toutes les personnes à qui elle a pu en parler. Vous aurez des comptes à régler avec la justice, je m'en assurerai personnellement ! Rendez-vous compte ?! Elle a été capable d'enquêter et de remonter jusqu'ici à cause de votre négligence ainsi que celle de M. Malfoy, M. Zabini et Miss Parkinson... Nous allons...
-Vous oubliez Miss Granger, il me semble, coupa Théodore, d'un ton sardonique. Mais ça vous plaît bien, hein ? De coffrer quelques petits Serpentards en plus...
-Il n'y a aucune discrimination dans le fait de vous arrêter, M. Nott, répondit la femme d'un ton méprisant. Et... par ailleurs... aucun renseignement ne nous a mené jusqu'à Miss Granger.
-Mais bien sûr... ! Eh bien, je vous le dis : il y avait aussi Miss Granger.
-C'est de la diffamation ! Porter atteinte à la réputation d'une héroïne de guerre va vous coûter très cher !
-Demandez-lui vous-même !
-Taisez-vous ! Et gardez votre suffisance de Sang-Pur pour vous.
-Oh tiens ! Une référence à mon sang ! Comme c'est éto...
Sur ces mots, un éclair de lumière rouge surgit du bâton de la femme qui toucha Théodore en plein cœur. Ce dernier tomba à la renverse, comme pétrifié, et sa tête frappa violemment de sol.
Abigail sursauta et étouffa un cri derrière ses deux mains. Son cœur manqua un battement : ce n'était pas des effets spéciaux, ça ! C'était bel et bien de la magie, bon sang de bois ! Elle ne rêvait pas ! De la magie ! De. La. Magie !
Elle sentit pousser contre son pied. Elle baissa le yeux et vit une grosse bûche qui venait tout juste d'apparaître. Encore un hasard trop heureux pour que cela soit honnête... Mais elle s'en horrifierait plus tard.
Alors, sans trop savoir pourquoi, elle se saisit de la bûche à deux mains et sortit de sa cachette sans faire de bruit. Elle devait désarmer la magicienne qui désormais se rapprochait du corps de Théodore. Elle se faufila sans un bruit et, d'un coup sec et bien ajusté grâce à son bon niveau de tennis qu'elle tenait de sa secondary school, elle atteignit le coude droit de la femme. La femme hurla de douleur et lâcha les deux baguettes. Abigail se jetta à terre pour les récupérer, priant pour que cela soit nécessaire pour la protéger de sa magie.
-Rends-moi ma baguette ! vociféra la femme, bien inutilement.
-Certainement pas !
-Tu ne peux même pas t'en servir ! Continua-t-elle de beugler mais Abigail sentait l'inquiétude poindre chez son adversaire.
-Ce n'est pas parce que je ne peux pas m'en servir que je ne peux pas la détruire ! On est à égalité maintenant, à condition vous soyez vous aussi ceinture noire de judo !
Du bluff de première qualité. Mais il fallait bien tenter.
Et sur ces mots, Abigail saisit la baguette en bois blanc que la femme brandissait un instant plus tôt et commença à la tordre de ses deux mains.
-Arrête !
-Alors vous allez nous laisser !
-Très bien ! Je m'en vais ! Mais ne la brisez pas ! Supplia-t-elle en s'éloignant à reculons.
-Plus vite ! Avant que je ne change d'avis !
-D'accord ! D'accord !
Et elle se retourna pour descendre le chemin en courant.
Abigail rangea instinctivement les baguettes dans ses bottes et se précipita vers Théodore. Elle ne prit pas le temps de l'ausculter, écartant d'emblée l'hypothèse qu'il puisse être mort, plus par déni que par conviction, et elle le porta jusqu'à l'intérieur du jardin, l'endroit où elle se sentait désormais le plus en sécurité. De nouveau, les hortensias et les ronces s'écartèrent puis se refermèrent sur eux. Faites que ce lieu protège son maître !
