Dans les bras d'un autre
Chapitre 13
Il avait l'impression de planer au-dessus de son corps. La sensation était douce, merveilleuse, délicieuse – un plaisir incroyable heurta les cordes les plus sensibles en lui… fit danser ses pensées… et bercer son cœur. Sasuke ne sut exactement d'où ça venait, jusqu'à ce qu'il se rende compte que Naruto était en train de l'embrasser. De l'embrasser.
C'étaient bien les lèvres pulpeuses du blond sur les sienne, si ? Ou bien avait-il finalement perdu la carte ? Avait-il tellement bu qu'il hallucinait maintenant des choses qui étaient impossibles et inconcevables ? Naruto appartenait à un autre… Était-il encore conscient ? Était-ce un rêve ? Était-il en train de rêver que le mec qu'il aimait s'intéressait un tant soit peu à lui ?
Sasuke garda les yeux grands ouverts, incrédule, tandis que Naruto avait fermé les siens. Ses longs cils caressaient le haut de ses pommettes, sa peau bronzée était si belle, si douce, ainsi que l'était également sa bouche. Naruto était si incroyablement beau et parfait.
Le joueur de hockey ne bougeait plus, il avait simplement posé ses lèvres sur les siennes. Comme s'il avait peur des représailles. Sa main flottait sous le menton de Sasuke, et lentement, elle se déploya contre sa joue, ses longs doigts allant prendre en coupe son visage dans la plus grande douceur du monde.
Sasuke ferma enfin les yeux… et sentit Naruto faire mouvoir ses lèvres. Le plus jeune écouta son cœur détonner soudainement et, sans même hésiter, se mit à récidiver. Il embrassa le blond en retour. Le baiser, tendre et délicat, fit pourtant allumer un incendie dans sa poitrine. Sasuke eut conscience d'une petite portion de ses pensées tandis qu'il se redressa sur le comptoir où il était échoué. Comme s'il sentait la vie revenir dans son corps après un interminable coma, il entrouvrit les lèvres, laissant la langue du blond s'y immiscer, attrapant d'une main timide le tee-shirt de Naruto, voulant l'attirer plus près de lui…
S'il avait été attiré par le mec roux d'un peu plus tôt – comment s'appelait encore le frère de Sakura ? – si son corps avait réagi à celui d'un autre homme, il se sentait maintenant interpelé jusqu'au plus profond de son âme. Il avait envie de Naruto, de tout ce qu'il était, de son corps chaud, mais aussi de son regard hypnotisant. Ses lèvres étaient douces, si chaleureuses, si délicieuses… ses bras étaient invitants… Sasuke les imagina autour de lui, le portant, l'enlaçant, le protégeant…
Le baiser s'enflamma peu à peu, chacun des deux garçons se retrouvant à bout de souffle bien vite. Sasuke se laissa contrôler comme jamais dans sa vie, mais il était aussi étourdi. Il songea furtivement qu'il avait sûrement une haleine horrible après avoir été malade… Mais Naruto tenait son visage et semblait apprécier l'échange autant que lui. Il avait un petit ami non ? Sasuke n'était plus sûr de rien…
Puis, tout d'un coup, le charme se rompit. Naruto s'écarta d'un coup, comme s'il s'était brûlé, ou comme s'il venait de se rendre compte de son acte, mais demeura assez près pour que Sasuke puisse encore sentir son souffle chaud sur sa bouche. Il leva les yeux, ivre de lui, mais l'objet de ses désirs fuyait son regard. Naruto semblait profondément choqué et confus.
Lentement, après un moment qui parut à Sasuke une éternité, Naruto leva enfin la tête et plongea dans ses orbes couleur nuit, si profondes et éperdues que Naruto en eut le vertige.
- Qu'est-ce que je suis en train de faire… souffla-t-il.
Sasuke n'arriva pas à formuler une réponse. Naruto le fixa. Longuement.
- Je ne peux pas… je peux pas, murmura-t-il.
Il recula puis, à l'horreur de Sasuke, se détourna. Paniqué, pensant que le blond allait sortir de la pièce, Sasuke se redressa et sauta du comptoir pour le rattraper.
- Naruto… non, attends… !
Mais il avait bu plus que de raison ce soir, en plus d'avoir peut-être ingurgité d'autres drogues quelconques, alors ses jambes molles furent incapables de le soutenir. Sa tête tournait trop vite et il vacilla dangereusement. Il voulut se retenir de peine au mur, mais réussit plutôt à s'y écraser comme une météorite.
Au bruit du brun se percutant au mur, Naruto, qui n'avait fait qu'un pas dans la pièce, se retourna aussitôt.
- Sasuke, bon sang… Attention, tu vas te faire mal, dit-il en aidant le brun à se stabiliser.
- R-Reste, articula celui-ci avec difficulté.
- Je… Il faut te mettre au lit, marmonna Naruto après une courte réflexion.
Sasuke était complètement intoxiqué. Comment avait-il pu profiter de cet état de faiblesse, et puis, comment avait-il pu tromper son petit ami ?
Il ne serait certainement pas le premier. Sai l'avait déjà trahi. Ce n'était qu'un juste retour du balancier.
Oui, mais ce n'est pas une raison de commettre la même erreur, rétorqua une voix dans sa tête. Erreur ? Avait-ce été une erreur d'embrasser Sasuke ? Est-ce qu'une erreur pouvait sembler pourtant si juste ? Si… agréable ?
Naruto hésita un instant, s'assurant que le jeune homme était stable. Ce regard qu'il dardait sur lui… le faisait frissonner. Et les images d'un peu plus tôt qui lui revenaient : Sasuke, au mur, embrassé par un type quelconque qui promenait ses mains sur lui. Le corps du jeune homme à la merci de ce type… et pourtant, une part de Naruto avait trouvé Sasuke si sensuel, si attirant, si envoûtant.
Qu'est-ce qui lui prenait ? Sasuke était profondément empoisonné par l'alcool et la drogue, c'était un miracle qu'il tienne encore debout – bon, en réalité, il ne tenait effectivement pas debout. C'était étonnant qu'il soit plutôt encore conscient. D'ailleurs, il n'aurait sans doute aucun souvenirs de tout ça au matin. Et c'était mieux comme ça. Naruto n'aurait pas dû l'embrasser, ni le toucher, ni même penser à lui comme ça. Sasuke était un vent de fraîcheur dans sa vie, un ami qui lui faisait du bien, mais ça devait s'arrêter à ça. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas avoir de sentiments pour un autre.
Et pourtant, le visage de Sai ne vint à aucun moment éclipser celui de Sasuke. Il n'y avait que Sasuke.
- Laisse-moi t'aider à te mettre au lit, continua-t-il tandis que le jeune homme s'affaissait graduellement contre lui. Tu te sentiras mieux après avoir dormi…
- C'était plaisant, gémit doucement le brun dans ses bras, à demi-conscient. Tu sais… tu embrasses bien… Il a de la chance, ton mec…
Naruto ravala sa salive difficilement, frémissant à ces mots, dénués de sens mais surtout dénués de réflexion – Sasuke ne savait plus ce qu'il racontait.
Alors, décidé à prendre ses responsabilités et faire ce qu'il était venu faire en premier lieu, Naruto se pencha, attrapa ses jambes et le souleva de terre pour l'emmener à travers le couloir jusqu'à sa chambre. Sasuke s'agrippa fortement à ses épaules comme s'il avait peur de tomber, ce qui ne risquait pas d'arriver puisque la poigne de l'athlète était forte et solide.
En quelques secondes, Sasuke se laissa devenir tout mou dans ses bras, sa tête se mettant à balloter. Il allait s'assoupir en une seconde aussitôt qu'il l'aurait posé sur son lit. Naruto songea rapidement à Itachi, qui lui avait demandé de prendre soin de son petit frère… Il avait bu, il s'était même blessé.
Et qu'est-ce que Naruto trouvait de mieux à faire ? Il l'embrassait. Non mais quel idiot…
Naruto chassa toutes pensées tandis qu'il grimpa au bord du lit pour déposer Sasuke par-dessus les draps. Il le pensait endormi, mais Sasuke leva la tête vers lui. Ses deux yeux noirs étaient bien ouverts et brillaient dans la pénombre.
Il esquissa un lent sourire.
- Et toi… ?
- Moi quoi ?
Sasuke hésita longtemps, si longtemps que Naruto se dit qu'il avait sûrement perdu le fil.
- Pourquoi m'as-tu embrassé ? demanda-t-il enfin.
Naruto serra la mâchoire, encore suspendu au-dessus de lui. Il ne sut quoi répondre. Son cœur se comprima douloureusement, mais au bout d'un moment, il répondit :
- C'était une erreur, Sasuke. Je… j'en suis désolé, je…
Il se redressa. Sans laisser à Sasuke la chance de répondre à ses dures paroles, et dans un silence que Naruto trouva lourd, il retourna à la salle de bain pour récupérer des cachets. Sasuke en aurait sûrement besoin, afin d'atténuer une gueule de bois qu'il aurait sans contredit dès l'aurore. Il remplit un verre d'eau et retourna déposer le tout à la chambre du jeune homme, sur sa table de chevet.
Il jeta un œil à Sasuke et le découvrit déjà profondément endormi. Sans surprise. Il allait dormir pour de nombreuses heures – Naruto se fit une note mentale de prendre de ses nouvelles demain, via des textos directement ou alors par l'entremise d'Itachi. Il n'aurait probablement pas le courage de le regarder en face.
Naruto ressentit de drôles de sensations à simplement le regarder comme ça. Le doux baiser qu'ils avaient échangé plus tôt le hantait. Qu'est-ce qui lui avait pris, au juste ?
Je ne suis qu'un idiot.
Naruto se pencha, glissa une main sur le front du plus jeune. Il sentit son souffle sur sa main puis chercha son pouls. Le cœur de Sasuke battait lentement, calmement. Rassuré, Naruto décida alors de s'enfuir, après avoir amené un petit seau au cas où il serait malade à nouveau. Il le plaça près de son lit et s'éclipsa dans la nuit.
Ce soir-là, lorsqu'il se faufila chez lui, il n'osa pas rejoindre Sai sous les couvertures de leur lit. Il se dit que c'était pour ne pas le réveiller, mais Naruto savait au fond de lui qu'il se mentait à lui-même. Il savait que c'était futile d'espérer que ce moment serait oublié aussitôt.
Il n'était pas sûr de pouvoir oublier ce baiser. Jamais dans toute sa vie Naruto avait-il ressenti quoique ce soit d'aussi fort en embrassant quelqu'un. En fait, Naruto n'avait tout simplement aucune envie de voir Sai en ce moment.
Ce baiser venait de changer absolument tout pour lui.
Sakura rentra chez elle en larmes. Elle poussa la porte après l'avoir déverrouillée à la hâte, ses mains qui tremblaient et sa vision brouillée. Elle se mordit les lèvres violemment jusqu'à en avoir très mal afin de stopper les sanglots et claqua la porte une fois à l'intérieur.
La jeune femme grimpa les marches à toute vitesse et se réfugia dans sa chambre – au même instant, quelqu'un entra dans la maison après elle et monta l'escalier à sa suite, mais se buta à la porte de sa chambre que Sakura ferma juste à temps.
- Sakura, ouvre-moi ! s'écria Kurama à travers la porte close.
Il n'entendit que des rouages de l'autre côté et des pleurs étouffés. Sa poitrine se comprima. Même s'il ne regrettait pas ses moments avec Sasuke, Kurama regrettait somme toute d'avoir fait de la peine à sa sœur, et il réalisait seulement maintenant à quel point il avait blessé Sakura.
- Saku, appela-t-il de nouveau en cognant quelques petits coups.
- Fiche-moi la paix ! cria-t-elle.
Leur tapage finit par tirer leurs parents du sommeil. Kurama jura tout bas en apercevant, à l'autre bout du couloir, sa mère sortir de leur chambre en peignoir. Elle avait l'air endormi, mais inquiète. À sa suite, leur père surgit à son tour.
- Kurama ? Qu'est-ce qui se passe, mon grand ? demanda Mebuki.
Le silence reprit ses droits dans la maison et Kurama n'entendit plus les sanglots de sa sœur – Sakura avait sûrement entendu ses parents s'approcher. Kurama ressentit une vague de culpabilité, à l'idée que sa petite sœur camoufle sa tristesse devant eux. Si elle était honnête, elle leur dirait ce qui s'était passé, mais si elle le faisait, elle révélerait à leurs parents l'orientation sexuelle de leur fils. Kurama ne savait pas s'il était prêt à ce que cette facette de sa personnalité soit annoncée. Non pas qu'il était honteux d'aimer les hommes, mais personne n'était au courant dans sa famille, excepté Sakura, maintenant. Il ne voulait pas précipiter les choses ni être obligé de l'annoncer en même temps que le fait qu'il avait pratiquement baisé le petit copain de sa sœur. Il ne voulait pas être ce type-là…
Trop tard, mon vieux, fit une voix dans sa tête. Tu n'avais qu'à y penser avant…
- Mon chéri ? s'enquit sa mère en arrivant à ses côtés. Tout va bien ?
- Qu'est-ce qu'il se passe avec Sakura ? renchérit son père.
À ce moment-là, la porte de la chambre de Sakura s'ouvrit pour en montrer la jeune fille, les yeux rouges et son mascara dégoulinant sur ses joues.
Mebuki dévisagea sa fille en écarquillant les yeux.
- Sakura, mais qu'est-ce…
- Tout va bien, grommela-t-elle mais sa voix tremblait beaucoup trop. Mon petit ami m'a trompée ce soir, mais tout va très bien ! Maintenant, est-ce que je peux avoir la sainte paix ou alors on se tape une réunion de famille à deux heures du matin ?!
Ses paroles crues et dures choquèrent les trois autres et, après un court silence, leur mère toussota puis toucha doucement le bras de son fils. Le paternel s'interposa également.
- OK, je crois qu'on devrait laisser ta sœur tranquille, déclara-t-il.
Kurama jeta un dernier regard navré et douloureux en direction de Sakura, mais celle-ci ne fit que reculer de nouveau dans sa chambre en claquant la porte. Il détestait voir les traces de larmes sur sa peau diaphane… Sakura n'avait rien fait pour mériter ça. Comment avait-il pu ne pas réaliser l'ampleur de ses gestes ? Il aurait réellement dû suivre ses propres règles et ne pas s'enticher des mecs de sa sœur ! En même temps, la jeune fille aurait souffert tôt ou tard, Sasuke n'était clairement pas le match parfait pour elle…
Sauf que le sentiment était profondément amer en lui, de savoir qu'il avait causé à sa sœur une double trahison.
- Tu dors ici ? demanda doucement Mebuki, ignorant totalement le fait que Sakura avait été trompée par son petit ami, mais aussi par son grand frère.
- Non, marmonna Kurama. Non, je vais y aller…
- Tu es encore à l'hôtel, mon chéri ? Pourquoi tu ne restes pas à la maison, ton ancienne chambre est encore intacte.
- Ouais, mais c'est bon, maman. Ça va.
- OK… tu sais que tu es toujours le bienvenu, non ? Même si ta sœur est fâchée…
J'en doute…
Kurama soupira puis se détourna, pivotant sur ses talons. Sous les yeux agrandis et incrédules de ses parents, il s'éclipsa.
Il n'était pas sûr que sa sœur lui pardonne de sitôt. Il devrait aller chercher ses affaires et rentrer. Son domicile actuel se trouvait à Suna, peut-être devrait-il y retourner pour éviter de blesser encore Sakura ? D'un autre côté, malgré ses fautes et malgré le désastre de ce soir, il ne pouvait s'empêcher de continuer à penser à Sasuke. Son visage, et son corps… ce magnifique corps sous ses mains…
Le rouquin soupira à nouveau et, une fois dans sa voiture, se passa une main sur le visage avant de démarrer.
Sasuke émergea de son sommeil comme d'un long coma. Fronçant les sourcils avant d'ouvrir les yeux, il sentait déjà la migraine lui marteler le crâne. Bon sang… que s'était-il passé ? Est-ce qu'un rouleau compresseur lui était passé sur la tête ?
Le jeune homme grommela tout bas, faiblement, avant de bouger sur son lit. Son corps tout entier était courbaturé. Il avait un vague souvenir de la fête chez Ino, un très, très vague souvenir. Tout était embrouillé dans son esprit, il se souvenait de Sakura et de sa robe noire… Il avait passé un long moment à rouler une pelle à un mec… Naruto ? Non, non, pas lui. Sasuke sentit son cœur se mettre à battre la chamade à la pensée de Naruto. Non, s'il avait embrassé le magnifique joueur de hockey, il s'en souviendrait !
C'était Kurama. Sasuke avait du mal à voir comment il avait fini dans ses bras, mais il était certain que c'était lui. Sa bouche chaude dans son cou, sur ses lèvres… Et il s'était cassé la gueule en tombant du lit, après que… Après que quoi, déjà ?
- Hum, toussota une voix grave près de lui et Sasuke sursauta brusquement.
Quelqu'un était assis sur son lit, à côté de lui. Une grande silhouette qui jetait de l'ombre, barrant la lumière du soleil qui filtrait à travers les minces rideaux de sa chambre. Sasuke releva la tête, se tortillant sur ses draps en s'étirant lentement. Il s'attendait à y voir Itachi – d'ailleurs, qui l'avait ramené chez lui ? il n'avait aucun souvenir de comment la fête s'était terminée – mais ravala sa salive difficilement lorsqu'il vit nulle autre que son père.
Fugaku Uchiwa était chez lui.
Dans sa chambre.
Assis au bord de son lit.
Et il le fixait avec un lourd regard indéchiffrable.
À suivre...
Salut ! Désolée de cette longue attente, j'ai été prise par un blocage sans fin...
J'espère que ce petit chapitre vous a plu, il est court, mais le suivant sera posté plus rapidement que celui-ci :)
Bisous et à bientôt,
Tch0upi
