Dans les bras d'un autre
Chapitre 15
Il trouva la chambre froide, à quelques pas de la cuisine, et se laissa tomber entre deux hautes piles de cartons, qui formaient comme deux tours jumelles, entre lesquelles il s'abandonna.
Il était vraiment pathétique. Il fallait vraiment qu'il ait une crise de panique dans un moment comme celui-là ?
- Du calme, Sasuke, marmotta-t-il entre deux respirations saccadées. Respire.
Il s'efforça de suivre ses propres conseils, et après un court instant, il reprit contrôle de lui-même. La température était très basse ici et de petits nuages blancs se détachèrent de sa bouche à mesure qu'il expirait. À tout cela s'ajoutait son mal de cœur, une nausée insistante qui ne le lâchait pas depuis son réveil.
C'était une de ces journées où il aurait vraiment dû rester au lit !
Le jeune homme avait la tête enfoncée entre ses genoux, qui eux étaient remontés, lorsqu'il entendit quelqu'un arriver en trombe. Il s'agissait d'une jeune femme aux courts cheveux violets, à la peau claire et aux seins proéminents, que l'on devinait très bien sous son tablier à l'effigie du restaurant. Elle avait des formes évidentes, mais toujours plus ou moins cachées sous un long trench coat.
- Sasuke ? Ça va, demi-portion ?
Sasuke redressa la tête et soupira en apercevant Anko. Anko était une fille de la Fac. Elle travaillait à temps partiel comme lui pour payer ses études. Du peu qu'il en savait sur elle, elle n'avait pas de famille proche, pas de père riche comme lui et devait bosser pour se bâtir une carrière. Elle avait environ 28 ans, ou peut-être un peu plus.
- Je t'ai vu filer ici comme un voleur alors que je me dirigeais vers la salle des employés. Qu'est-ce qui va pas ?
Le jeune homme roula des yeux en essuyant une larme traîtresse. Il se mit debout, reniflant pitoyablement.
- Ouais. Tout va bien, désolé. Hum… j'ai la gueule de bois.
Elle éclata de rire.
- Hahaha ! Ça je connais ! Hé, s'exclama-t-elle soudain. Je rêve ou c'était Naruto Uzumaki dans la salle à manger y'a deux secondes là ?
Sasuke leva un sourcil. Anko avait le sourire admiratif que tout le monde avait lorsqu'on croisait une célébrité.
- Euh… ouais. Ouais, c'est lui.
- Dis donc ! Il est aussi canon en vrai que dans les magazines de sport !
Sasuke ne put répliquer que la jeune femme avait déjà continué son chemin et disparu vers la salle des employés, qui se trouvait au bout du corridor. Il soupira et, se donnant du courage, décida de retourner au boulot. Il ignora son envie de vomir et le mal de crâne qui pointait et se dit qu'il fallait bien qu'il bouge ses fesses…
Il faillit se buter à une large silhouette lorsqu'il sortit de la pièce.
Il freina brusquement et releva la tête pour découvrir Naruto Uzumaki. Son cœur cessa de battre pendant un moment, et il dévisagea le séduisant hockeyeur devant lui, ne croyant pas tout à fait à ce qu'il voyait. Une partie de son cerveau lui indiqua que le blond n'avait pas le droit d'être ici, mais l'autre ne pouvait dissocier son regard bleu et magnifique de la soudaine tristesse qui y logeait.
Triste ? Pourquoi Naruto semblait-il… bouleversé ?
Le bleu de ses iris semblait cacher une tempête, mais aussitôt, presque comme s'il avait deviné que Sasuke l'avait remarqué, Naruto esquissa un large sourire et son regard s'illumina, chassant d'un coup de balai l'émotion qui s'y trouvait avant.
- Hey. Je… Désolé, je ne devrais pas être là, mais…
Naruto inspira profondément et, mains dans les poches de son long manteau noir, finit par le regarder dans les yeux.
- Je voulais m'assurer que tu allais bien. Hier soir, ça n'allait pas. Pour être honnête, je… Je me suis inquiété.
Son cœur se remit à battre d'un coup, comme un moteur après avoir été rebranché et repartit avec une bonne dose d'électricité. Il ravala sa salive difficilement, ne pouvant se résoudre à détourner les yeux maintenant que Naruto avait plongé en eux. Il était plus que jamais captivé, et pourtant il était encore conscient de sa dégaine. Il était conscient qu'il inspirait sûrement de la pitié au blond et rien d'autre, mais… Mais ce moment était si doux et si plaisant qu'il avait envie d'en profiter au maximum, peu importe ce qu'il signifiait pour les autres, ou pour Naruto…
- Ça va, parvint-il à marmonner.
Mais toi ? voulut-il demander.
- Toi, est-ce que ça va ?
Sasuke fut le premier surpris d'entendre sa propre question, mais il en mourait d'envie. Naruto sembla également pris de court, mais secoua la tête rapidement, comme pour passer à autre chose sans attendre.
- Oui, oui, hum.
Il hésita, puis fit un pas vers lui.
- Dis-moi, Sasuke, demanda Naruto, coupant court à ses tourments internes. De quoi te souviens-tu à propos d'hier soir ?
- Pas grand-chose, euh… à part que j'ai fait un fou de moi.
Il y avait quelque chose dans le regard de Naruto… Comme… Comme s'il voulait qu'il se souvienne d'un truc en particulier. Il eut beau réfléchir, Sasuke ne parvint qu'à se récolter une plus grosse migraine.
- J'espère que je ne t'ai rien dit d'embarrassant.
- Non, lui assura Naruto avec un vague sourire. T'en fais pas. C'est pas ça.
Alors c'est quoi ?
- Tu es sûr que tu… ? commença Naruto, mais il fut interrompu par Anko, qui reparut derrière Sasuke.
- Oh bon sang, j'y crois pas ! s'exclama-t-elle.
Naruto lui jeta un coup d'œil, embarrassé, et recula de plusieurs centimètres, au grand regret de Sasuke.
- Naruto Uzumaki !
Sasuke pencha la tête tandis qu'Anko s'approchait et accaparait toute l'attention du magnifique blond.
- C'est moi, oui, admit Naruto, gêné. Je suis désolé, je ne devrais pas être là.
- Pas de soucis ! On peut faire une exception pour une superstar du hockey ! s'amusa la jeune femme.
- C'est quoi, tout ce boucan ?! retentit une tierce voix, au bout du couloir.
Sasuke refoula un juron en se frottant le front d'une main lasse, reconnaissant le ton sans précédent de son patron. Orochimaru, un homme bizarre et chelou, était propriétaire du café. Il était aussi le type le plus repoussant que Sasuke avait rencontré dans sa vie.
Vêtu d'un veston chic et d'une cravate violette, il s'enfonça dans le couloir jusqu'à eux. Une fois à leur niveau, il les fusilla du regard tout autant qu'ils étaient.
Sasuke croisa le regard de Naruto et échangea un sourire avec lui, tout deux partageant la même pensée : « C'est qui, cet énergumène ? ».
- Je vous paie pas pour discuter tranquillement dans le couloir !
- J'y retourne, bredouilla Sasuke.
- Je dois aussi y aller, annonça Naruto.
- C'est ça, allez ! s'écria Orochimaru. Au travail !
Sasuke leva les yeux au ciel avant de se détourner et de s'élancer vers la salle à manger du restaurant. Il avait des excuses à faire à Juugo pour l'avoir abandonné au comptoir pendant tout ce temps…
- C'est une grosse partie ce soir, commenta Anko en marchant à côté du blond.
Ils discutèrent pendant le trajet. Naruto parla vaguement de la partie de ce soir, après quoi Anko lui demanda une rapide selfie avec lui, qu'ils prirent en quelques secondes. Puis, la jeune femme s'éloigna pour se mettre au travail, nouant son tablier derrière son dos.
Sasuke, quant à lui, ne put faire autrement que remarquer la silhouette rigide de Sai qui se tenait près du comptoir, contre le mur. Il les fixait avec des couteaux dans les yeux. Peut-être aurait-il dû se sentir menacé ou mal à l'aise par les états d'âme du petit ami de Naruto, mais Sasuke ne trouva pas la force de s'en faire outre mesure. Même qu'il avait bien du mal à supporter la présence de Sai. Il ne l'aimait pas du tout, en réalité.
Alors, Sasuke le fusilla du regard à son tour avant de se retourner vers Naruto. Un étrange sentiment protecteur l'envahit en posant les yeux sur le blond, qui souriait innocemment à un client qui était venu le trouver pour demander timidement un autographe.
- Bon match ce soir, Monsieur Uzumaki ! Nous vous regardons à la télé à chaque fois !
- Merci, monsieur ! s'exclama-t-il. C'est gentil !
Le client s'éloigna, satisfait de sa rencontre avec le joueur de hockey. Sasuke se rendit compte du même coup que le café était drôlement rempli depuis sa petite escapade dans les cuisines. Il ferait mieux de se dépêcher à retourner travailler !
Mais soudainement, il se trouva face à face à Naruto. Le blond lui sourit presque maladroitement, comme s'il était soudainement gêné avec lui. Sasuke vit même d'adorables rougeurs lui monter aux joues. S'il avait cru que Naruto pouvait être encore plus mignon… Il s'était gourré.
- Je dois… commença Sasuke.
- Ouais, bien sûr !
- Et euh… Merci, pour hier soir. C'était très gentil de ta part.
- Sans problème, Sasuke, prononça Naruto et Sasuke se laissa porter par chaque mot dans la voix grave et suave de Naruto qui sonnait comme une douce musique à ses oreilles – particulièrement lorsqu'il prononçait son prénom.
- Et bon match, ce soir, ajouta Sasuke en se plantant derrière le comptoir.
Naruto, qui s'était éloigné de quelques pas, retournant près de Sai, regarda dans sa direction avec un nouveau sourire.
- Je te promets un but, Sas'ke ! lança-t-il.
- Deux, rétorqua Sasuke avec malice.
Sasuke crut que ses jambes le lâcheraient lorsque Naruto lui fit un clin d'œil. Mais le regard noir de Sai fut suffisant pour le ramener sur Terre. Le couple s'éloigna ensuite, sortant du café en faisant tinter la clochette à la porte. Bizarrement, cette journée n'était pas si mal qu'elle avait commencée. Excepté l'ombre que Sai faisait planer autour de lui – autour de Naruto – Sasuke se sentait mieux déjà. Il n'avait en tête que le foutu sourire de Naruto, ses yeux bleus presque thérapeutiques. Son visage, sa beauté, sa gentillesse… Tout en lui donna à Sasuke la force de se remettre au boulot, alors que depuis son réveil, il n'avait qu'une envie et c'était de retourner se cacher sous les couvertures.
Il aida Juugo à passer la file de clients qui râlaient contre l'attente pour avoir leur café. Pendant les trois heures qui suivirent, Sasuke se fit pardonner à Juugo en travaillant trois fois plus fort que d'habitude. Il servit le café aux gens installés au table, emporta les assiettes à d'autres et passa même une heure entière à nettoyer.
Vers 17 heures, il y eut une accalmie dans le café, et Sasuke s'effondra contre le comptoir, poussant un grand soupir.
Juugo lui tapota l'épaule.
- Tu n'étais pas obligé d'en faire autant, s'esclaffa-t-il.
- J'ai agi comme un gamin, marmonna-t-il.
- Bon, moi j'ai terminé, s'enquit le grand rouquin. À plus, Sasuke !
Juugo dénoua son tablier et l'accrocha avant de disparaître dans le couloir derrière. Sasuke soupira, puis leva un œil pour s'assurer qu'il n'y avait personne qui attendait.
Alors, il s'appuya les coudes sur le comptoir, et sortit son portable.
Toujours rien de la part de Sakura.
Après une courte hésitation, Sasuke entreprit d'écrire à la jeune femme.
(17 :34) Salut Sakura… Tout est flou dans ma tête à propos d'hier, je ne me souviens de rien… Je… S'il te plaît, appelle-moi.
Sasuke supprima le message et tenta à nouveau :
(17 :34) Je peux tout expliquer… Appelle-moi.
Le jeune homme grommela dans sa barbe. Putain, c'est nul. Un peu de nerf, Sas'ke…
Il inspira puis tapa frénétiquement sur l'écran de son portable.
(17 :35) Je sais que tu me détestes maintenant, et tu en as toutes les raisons. Mais je te dois des excuses, Sakura. Je suis vraiment désolé.
Il appuya sur Envoyer avant de perdre tout son courage. Il avait encore un nœud dans l'estomac et une boule dans la gorge en pensant à ce qui s'était passé hier. Depuis son réveil, il avait essayé de ne pas trop y penser, pour éviter encore plus de panique.
Apparemment, sa relation avec Sakura était terminée. Il n'arrivait pas à y croire depuis que son père le lui avait appris ce matin. Il avait essayé de découvrir où Itachi avait pu avoir cette info avant de la transmettre à son père, mais rien sur les publications Instagram de ses amis ne le suggéraient.
Visiblement, il avait trompé la jeune fille. Avec son frère.
Comment pouvait-on merder plus ?
Il soupira une énième fois mais finit par abandonner. Sakura n'allait pas lui donner de réponse maintenant. La meilleure chose qu'il pouvait faire… c'était lui ficher la paix.
Ses pensées allaient dans tous les sens. Il songea à Sakura, et à son sentiment de culpabilité, puis il songea à Kurama… Il se souvenait par petits flashs de leur moment ensemble, de leurs longs baisers sensuels, et le souvenir lui donnait des chaleurs, ainsi qu'une vague envie de recommencer. De le revoir.
Et puis il y avait Naruto.
Naruto qui l'éblouissait à chaque fois qu'il posait les yeux sur lui.
Naruto qui appartenait à un autre, et donc qui était inaccessible.
- Alors, en fait, ce Naruto Uzumaki…
Sasuke se redressa, se tournant vers Anko lorsque celle-ci arriva à ses côtés. Sa voix était forte et amusée et elle flanqua ses deux mains sur ses hanches, le regardant avec malice.
- …t'es totalement amoureux de lui, hein ?
La mère de Sakura ouvrit la porte après deux coups de jointures. Karin sourit poliment.
- Je suis une amie de Sakura. Mon nom est Karin…
- Mebuki, se présenta la gentille dame. Tu peux monter. Mais je dois te prévenir qu'il se peut qu'elle ne veuille voir personne.
- Je sais, soupira Karin en faisant un pas à l'intérieur. J'étais de la petite fête, hier, je… Je sais ce qui s'est passé.
Mebuki eut une expression grave.
- Sasuke l'a trompée. J'ai encore du mal à m'y faire. Bien sûr, je crois Sakura, c'est ma fille. C'est elle que je crois. Mais Sasuke n'est pas un mauvais garçon… Oh, toutes vos histoires, les jeunes… Je n'y comprends rien, mais je déteste voir des larmes dans les yeux de ma fille.
- Je comprends, madame, murmura Karin.
Elle se tint là, silencieuse, devant le visage vaguement colérique de Mebuki. Finalement, celle-ci lui fit signe de monter.
- Vas-y. Elle est dans sa chambre.
- Merci, souffla Karin avant de se tourner et gravir les marches.
Elle ne pouvait pas dire qu'elle était une grande amie de Sakura. Elles ne se connaissaient pas vraiment, en réalité. La première fois que Karin avait vu Sakura, elle l'avait trouvée nunuche, idiote et superficielle. Mais depuis, elle devait admettre qu'elle l'aimait bien. Elle n'était pas aussi bête qu'elle l'avait cru au départ, et maintenant, Karin avait franchement de la peine pour elle.
Surtout lorsqu'elle ouvrit la porte de sa chambre sans frapper et qu'elle la trouva couchée sur son lit, emmitouflée dans ses couvertures. Sakura leva la tête vers elle et la fusilla aussitôt du regard – mais ses yeux rouges et enflés, son mascara qui avait coulé sur ses joues probablement depuis hier, rendaient son allure drastiquement moins menaçante.
- Bon sang, ta tête est un carnage, murmura-t-elle.
Sakura bondit sur son lit et lui lança le premier objet qu'elle trouva à la portée de main : un cahier de notes à reliure rigide. Karin leva les bras devant elle pour se protéger.
- Sors d'ici !
- Oh ! Du calme ! T'es folle ou quoi ?
- Je ne veux voir personne, laisse-moi tranquille ! cria Sakura en continuant de lancer des objets.
Karin se tourna et ferma la porte avant de s'avancer dans la chambre de Sakura, en bloquant les missiles jusqu'à ce qu'elle soit assez proche.
- Veux-tu bien te calmer ? Je suis ici en amie.
- T'es pas mon amie, gronda Sakura. En fait, tu dois être bien contente maintenant, Sasuke est libre, tu vas pouvoir le réclamer !
Karin fronça les sourcils.
- Alors là ma vieille, tu fais fausse route.
- C'est vrai, t'as raison, répliqua Sakura froidement. Après tout, c'est mon frère qu'il était en train d'embrasser !
Sur ce, un nouveau flot de larmes monta aux yeux de la jeune femme. Karin soupira et se détendit. Elle s'approcha et attrapa les poignets de Sakura.
- Viens là.
Sakura se débattit, mais Karin força une étreinte, attirant la jeune fille dans ses bras. Sakura lutta un instant, mais finit par s'accrocher à Karin et pleura quelques instants. Après, Karin lui prit la main et l'emmena dans la petite salle de bain attenante. Sakura soupira en s'asseyant au bord de la baignoire pendant que Karin mouillait une petite serviette.
Elle vint ensuite essuyer les yeux enflés de Sakura.
- Pourquoi tu fais tout ça ? Qu'est-ce que tu fous ici à la fin ?!
- C'est pas la peine de pleurer pour des mecs, lança Karin. Ne pleure pas, d'accord ? Sasuke… Il y aura d'autres mecs, tu sais ?
- Je ne comprends pas. C'est ton ami… Pourquoi tu me dis tout ça ?
- Une fille n'a pas le droit de supporter une autre nana dans un moment difficile ?
Sakura leva un sourcil avant de pousser un rire.
- Dis donc…
- Bon écoute.
Karin déposa la petite serviette et se repositionna devant la jeune femme.
- Je voulais juste te… OK, tu vas sûrement m'envoyer balader, mais… Avant de condamner Sasuke, écoute-moi.
Devant le regard meurtrier de Sakura, Karin leva les paumes.
- Je n'essaie pas de lui trouver des excuses, je t'assure, Sakura. Je le trouve vraiment idiot en ce moment, je lui en veux de t'avoir fait du mal. Franchement, c'est pas croyable de foutre la merde à ce point-là, et il va devoir régler ses problèmes, à commencer par sa tête. Ça ne tourne pas rond là-dedans, je te jure. Mais il…
Sakura la surveillait d'un œil prudent et méfiant, et Karin tourna plusieurs fois sa langue dans sa bouche. Ce qu'elle venait de déclarer était la vérité. Elle avait de la peine pour Sakura, et elle pensait sincèrement que Sasuke était un gros idiot. Mais il y avait l'envers de la médaille, aussi.
- Hier, il était complètement bourré, Sakura.
- Oh, tu vas me faire croire qu'un peu d'alcool va excuser un geste comme celui-là ? Il m'a trompée ! Il m'a fait du mal et…
- Je sais, Sakura, je sais. Ça ne justifie pas ses gestes, mais… Il était bourré au point où il ne se souvient de rien, Sakura. Il était intoxiqué. Il ne savait pas du tout ce qu'il faisait, en fait.
- Tu… tu mens.
- Pourquoi ferais-je une chose pareille ?
- C'est pas son genre de…
- Et c'est pas son genre de rouler une pelle à un mec, non plus. Si ça peut te réconforter, ce n'est pas… toi.
Sakura détourna la tête, perdue dans ses réflexions. Elle semblait sur le point de fondre en larmes de nouveau.
- Ce n'est pas moi, mais… s'il aime… s'il préfère les mecs, a-alors c'est… c'est bien moi, le problème.
Elle leva une main et essuya ses yeux doucement. Elle tremblait légèrement, et malgré l'explosion de colère de tout à l'heure, Sakura semblait maintenant hésitante à montrer ses émotions. Karin devinait qu'elle avait envie de pleurer et pleurer encore et, seulement réalisa-t-elle à quel point elle était amoureuse de Sasuke.
Alors de nouveau, Karin s'approcha et lança ses bras autour d'elle.
- Toi, tu crois quoi ? tenta Sakura d'une toute petite voix qui tremblait.
- Moi ?
- Tu es son amie… Il a dû t'en parler…
- Honnêtement, Sakura ? Je crois que j'ai su que Sasuke était gay avant même qu'il ne le sache lui-même.
Sasuke sursauta durement lorsque son téléphone se mit à vibrer brusquement sur la table de cuisine. Il s'était assoupi là, alors qu'il était en train d'étudier pour les derniers contrôles avant Noël.
Le jeune homme se frotta les yeux avant de récupérer son appareil. Il faisait noir autour de lui, à part la lampe du salon. Quelle heure était-il ? Il devait être tard. Il se rappelait être rentré passé 19 heures, après son quart de travail. Il avait grignoté quelques restants dans son frigo en regardant la télé, avant de finalement commencer ses travaux. Il avait bossé pendant au moins deux heures avant de s'endormir…
Sasuke fronça les sourcils en apercevant l'heure sur l'écran de son portable : minuit et demi. L'appel entrant venait d'Itachi.
Qu'est-ce qui se passe ?
Il glissa son pouce pour accepter l'appel.
- Itachi ?
- Hey Sasuke ! s'exclama Itachi, visiblement soulagé de l'entendre. Désolé, est-ce que je t'ai réveillé ?
- Ouais, mais… c'est pas grave. Qu'est-ce qui t'arrive ? marmonna le jeune homme.
- Je voulais juste t'aviser de ce qui s'est passé. Tu as regardé le match à la télé ?
- Non, pourquoi ? souffla-t-il de sa voix ensommeillée.
- Bon, écoute, je suis sur la route avec les autres mecs de l'équipe. Nous avons quelques parties à jouer à l'étranger, mais… Naruto est à l'hôpital.
L'annonce d'Itachi le foudroya. Il sentit son cœur dégringoler et son estomac se tordre douloureusement. Son corps se raidit et il bondit comme une fusée, tous ses sens en alerte.
- Quoi ?! Que… comment ?
- Un accident sur la patinoire durant la partie. Il s'est cogné la tête brutalement. Ce sont des choses qui arrivent, Sasuke. Il est entre de bonnes mains, t'en fais pas.
- Mais…
- Si tu pouvais juste lui rendre visite, demain ? Pour lui remonter le moral et lui tenir compagnie… Le connaissant, il doit s'en vouloir de ne pas pouvoir continuer à jouer avec le reste de l'équipe.
- B-Bien sûr, marmonna Sasuke, ignorant la terreur qui venait de frapper tout son être, et qui avait laissé ses jambes tremblantes et molles.
- Et hum… toi, tu vas bien ? demanda Itachi après un court silence.
- Ouais. Ça va, répondit Sasuke machinalement.
Même si c'était loin d'être la vérité.
Itachi lui souhaita bonne nuit et Sasuke jeta ensuite son téléphone comme s'il redoutait une autre mauvaise nouvelle. Un long, insupportable silence s'ensuivit.
Ses mains tremblaient incessamment et il avait un trou dans le ventre. Un trou qui faisait mal et qu'il ne put combler, peu importe à quel point il tenta, s'efforça de se calmer. Heureusement, il parvint à repousser la crise de panique et fixa ses cahiers ouverts sur la table. Il regarda le reste de son appartement vide, plongé dans le calme du soir… Demain, il avait un examen, et le jour suivant, il en avait deux autres. Il était passé minuit. Naruto avait eu un accident. Naruto était blessé, sûrement inconscient et seul à l'hôpital. Et la simple pensée d'un hôpital faillit rendre Sasuke malade.
Mais rien n'allait le soulager, pas après ce qu'il venait d'entendre. Il ne dormirait pas non plus alors, sans plus réfléchir, Sasuke se précipita à sa chambre pour enfiler un manteau. Il ramassa son téléphone et s'éclipsa à la course.
Direction l'hôpital.
A suivre...
Coucou ! :)
Joyeux Noel et joyeuses fêtes de fin d'année. J'ai eu du temps pour écrire et je voulais vous donner la suite plus rapidement comme cadeau :)
A bientôt et j'espère que vous avez aimé la tournure de ce chapitre... Il annonce des rapprochements à venir.. ^^
Bisous,
Tch0upi
