Chasse sauvage

-Fenrir Greyback, sais-tu pourquoi tu es ici ? tonna une voix

-Vous n'avez pas le droit ! cracha Fenrir. Je suis citoyen britannique, seul ce pays peut me juger !

Mais personne ne pouvait passer à côté de la note de désespoir qui enveloppait sa voix.

-Ton loup transpire la culpabilité, siffla la voix. Tu oses te présenter devant nous en arguant que nous ne sommes pas légitimes ? Alors que les lois britanniques n'ont plus aucune valeur devant la Magie ? Depuis quand un lycan veut se soustraire à la loi de son peuple pour se soumettre à celle d'un autre qui bafoue toujours un peu plus la Magie chaque jour ?!

Pour toute réponse, Fenrir baissa la tête.

Brocéliande, lieu magique de l'ouest de l'Europe, accueillait régulièrement des cérémonies magiques comme des rencontres de haute importance, en tant que site béni par la Magie. Ce qui était moins connu, c'est qu'il pouvait également servir pour des procès significatifs.

Ici, celui de Fenrir Greyback.

Le loup garou au service de Voldemort avait été capturé puis livré aux lycans, seul peuple légitime à juger les leurs et les loups garous. La Grande Bretagne, sous l'impulsion d'Albus Dumbledore, avait massacré les lycans sur son territoire. Les survivants, fous de douleurs, avaient mordu de nombreuses personnes, aveuglés par la vengeance, créant de nombreux loups garous, des potentiels lycans qui n'acceptaient pas ou qui n'avaient pas appris à écouter leur loup intérieur. Heureusement, Garrick Ollivander s'était proposé pour exfiltrer du pays les enfants fraîchement mordus en faisant croire qu'ils étaient morts sur le coup et avait permis à des traqueurs de prendre sa boutique comme pied-à-terre pour sillonner l'archipel et récupérer les loups garous avant qu'ils ne se fassent enrôler de force dans la guerre qui déchirait le monde sorcier.

Mais aucun d'entre eux n'aurait imaginé pouvoir mettre la main sur Fenrir Greyback, le plus dangereux d'entre eux. En effet, Fenrir avait totalement accepté son loup … mais celui-ci était clairement avide de sang et satisfait de répandre le chaos. Cela avait interpellé les plus anciens car même leurs pires criminels n'avaient jamais montré autant de fourberie, de sadisme et d'envie de faire du mal à autrui, peu importe le peuple.

Les examens auxquels ils avaient pu soumettre l'accusé leur avaient donné raison. Ces derniers avaient révélé que Fenrir avait été torturé à un très jeune âge, vraisemblablement durant quelques années après son kidnapping – car oui, pour ajouter au macabre, les anciens avaient découvert que Fenrir n'était pas un lointain membre de la meute Greyback, l'une des meutes lycans les plus importantes de Grande Bretagne jusqu'au début du siècle et la montée en puissance de Dumbledore, mais le fils de l'alpha qui avait été envoyé à l'étranger pour sa protection – avant d'être relâché totalement fou dans un pays qui commençait à apprendre sur les bancs de l'école à haïr les autres peuples magiques et ce n'était pas la seule mauvaise nouvelle. La folie pouvait expliquer la scission entre la partie purement humaine et la partie loup mais les guérisseurs avaient découvert qu'en fait, cette scission avait été créée et maintenue par un rituel magique particulièrement sombre, rituel qui le bloquait sur certains schémas de pensée également, comme mordre en priorité les enfants ou encore croire que c'était en se montrant violent qu'il verrait les loups garous se faire accepter par le peuple le plus intolérant du monde magique. Les druides, dont ils avaient requis l'aide, avaient été stupéfaits par un tel niveau de manipulation et il leur avait été très aisé de mettre un nom sur l'auteur de ce crime.

Mais même avec ces éléments, les druides et les guérisseurs avaient mis en lumière le fait que Fenrir était conscient que ce qu'il faisait était mal, sa structure mentale lui permettait d'agir autrement mais il n'avait strictement rien fait et ça, ça ne pardonnait pas. Ce n'était pas le fait que quelques sorciers avaient été massacrés mais surtout qu'il avait durement porté atteinte à la réputation de leur peuple à travers le monde. Ils n'en avaient rien à faire de ce que la Grande Bretagne actuelle pouvait bien penser d'eux – ils avaient l'intention de déserter l'archipel pour quelques générations, le temps que ça s'assainisse – mais ils refusaient que leurs efforts dans le reste du monde soient mis à mal par un imbécile manipulé par un sorcier qui bafouait autant la Magie. Ça avait été donc une aubaine qu'on leur ait livré ce loup garou devenu fou.

Flash-Back

Fort des enseignements reçus de la meute dans la dimension des elfes noirs, Harry se mit à la recherche de Fenrir Greyback. Contrairement à Lucius et à Bellatrix, le loup garou et les siens n'étaient pas parqués dans les mêmes endroits que les mangemorts sorciers. Si celui ou celle qui utilisait les mangemorts comme de vulgaires marionnettes avait une once de jugeote, il aurait caché Fenrir avec assez de protection pour ne pas se faire dévorer au moment où on devait le libérer pour une mission.

Dans le plus grand secret, Ragnok avait rassemblé la liste des biens immobiliers d'Albus Dumbledore, qu'il en soit officiellement propriétaire ou non. Discrètement, Harry les avait visités pour pouvoir mettre la main sur Fenrir sans fanfare ni trompette. Malheureusement, les seuls moments où il était possible de le voir était lors des attaques toujours plus violentes ordonnées par Voldemort. Comme il était hors de question de le capturer à la vue de tous, le brun avait décidé de les suivre après une attaque. Par précaution, il avait laissé un sort de traçage sur un autre loup garou et les avait suivi physiquement plusieurs fois, pour être sûr de la localisation, puis s'y rendit franchement trois jours après une attaque.

Alors qu'il s'approchait de leur refuge, Harry s'arrêta net et examina les alentours.

-Ainsi, c'est comme ça qu'ils ont fait … souffla Harry.

Sur certaines pierres, des runes de contention étaient gravées, interdisant les loups garous de sortir du périmètre. D'autres avaient des runes d'isolation, ou encore d'éloignement … assez pour maintenir des loups garous furieux d'être enfermés. Il aurait cru qu'avec la disparition des mangemorts des maisons où on les avait parqués, les protections auraient été réhaussées mais non … comme si les loups garous n'en valaient pas la peine.

Après une nouvelle vérification et la modification de quelques runes pour ne pas se faire piéger, Harry entra dans la zone et farfouilla un peu partout pour identifier les personnes qui étaient dans le camp. A sa plus grande surprise, il n'y en avait qu'une demi-douzaine à peine, ce qui était une bonne chose pour l'elfe noir. Les lieux étaient délabrés, comme si les locataires s'étaient défoulés dessus, mais certaines traces laissaient penser qu'on ne les entretenait pas non plus correctement. Et sans matériel de nettoyage à l'horizon, visiblement, on ne leur permettait pas non plus. Ne parlons pas du garde-manger qui était largement insuffisant pour des loups garous et trop juste si ça avait été des humains à leur place. Cela voulait dire que Dumbledore – ou Voldemort, peu importe – n'était pas aussi convaincant qu'il ne voulait le faire croire.

Harry haussa des épaules. Si on ne les estimait pas assez, ce n'était pas lui qui allait lui faire remarquer cette erreur.

Mais alors qu'il s'apprêtait à tendre quelques pièges aux loups garous endormis, le brun fut interpellé par une plaie purulente sur l'un d'entre eux, ce qui l'avait figé. Les écrits sur les loups garous lui avaient indiqué que leur sang coagulait immédiatement. Or, la dernière bataille avait eu lieu plusieurs jours plus tôt et la pleine lune distante d'encore deux semaines, il n'y aurait pas dû avoir de plaies qui saignaient encore.

Harry n'eut pas le temps d'approfondir sa réflexion car il se fit attaquer. Il fut violemment expulsé de la cabane branlante qui eut le mérite de ne pas s'écrouler sur le coup.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?! gronda une voix grave

Harry se redressa et se retrouva nez à nez avec Fenrir Greyback. Loin de sa fureur guerrière, il était le seul à être à peu près en forme et surtout, à peu près conscient. L'elfe noir se promit d'étudier plus attentivement les runes qui entouraient le camp de fortune car il était clair que leur somnolence n'était pas totalement naturelle.

Le loup garou n'attendit pas sa réponse à sa question et attaqua directement. Se souvenant des enseignements de Ben et de Bella, le couple de lycans, Harry esquiva du mieux qu'il pouvait, traçant discrètement un cercle de runes pour le restreindre. Ce dernier eut rapidement de l'effet puisque le loup garou devint moins vif mais cela l'alerta quand même car sa fureur décupla. L'elfe noir dut commencer à répliquer, non sans faire attention à ne pas blesser les autres loups garous qui étaient venus voir qui se permettait de les déranger ainsi. Les coups plurent tant et si bien que la nature profonde de l'elfe noir s'émoustilla et le poussa à s'investir encore plus dans le combat. Mais la faiblesse des habitants du camp se fit ressentir et très vite, Fenrir se prenait de plus en plus de coups. Harry préféra abréger ses souffrances et porta une série de coups qui finit par le neutraliser. Il endormit les autres grâce à une potion sorcière puis les sortit un à un du camp pour pouvoir utiliser un portauloin à quelques kilomètres de là, dans une zone sorcière importante pour brouiller les pistes. Après plusieurs voyages à travers le pays, le groupe quitta l'archipel et Harry put enfin confier les loups garous à leur peuple qui découvrirent que leurs crimes n'étaient absolument pas de leurs faits mais qu'ils avaient été manipulés, Fenrir Greyback le premier.

Fin Flash-Back

Quelques mois avaient donc été nécessaires pour pouvoir lui rendre son intégrité psychique et psychologique. Les loups garous avaient été effarés des extrémités auxquelles un être magique était venu pour pouvoir dénigrer librement tout un peuple mais ce n'était pas pour autant que cela dédouanait Fenrir Greyback de tous ses actes. Ses juges étaient conscients que sa partie loup était désespérée d'avoir autant agi contre sa nature et surtout, que l'accusé aurait dû ne faire qu'un avec sa partie loup sans qu'un sorcier n'ait estimé nécessaire de manipuler l'un des leurs.

Le procès sous l'égide de la lune avait permis à tous d'étudier attentivement tous les crimes dont Fenrir Greyback s'était rendu coupable selon la loi des loups. Quand ce dernier avait déclaré que son peuple n'était pas légitime à le juger, il venait de voir toute sa vie défiler sous ses yeux et même lui savait qu'il était fini.

-FENRIR GREYBACK ! rugit le loup. Chaque crime dont tu t'es rendu coupable te vaudrait la peine ultime pour les nôtres. Nous concédons qu'avec les soins appropriés, tu pourrais redevenir l'un des nôtres mais tu devras d'abord payer. Nous te condamnons donc à participer à la Chasse sous forme humaine et sans ta magie. Si au lever du soleil, tu es encore vivant, alors nous te soignerons et nous te permettrons de réintégrer notre communauté. La Lune en soit témoin !

La magie s'abattit sur le loup qui s'écroula. Deux hommes loups le relevèrent pour le traîner dans sa cellule où il attendrait la prochaine pleine lune. Il ne fit même pas attention au fait qu'il croisait le chemin d'un autre loup garou encore plus mal en point que lui, un loup garou qu'il connaissait bien pour l'avoir croisé sur les champs de bataille en tant que chien de compagnie de Dumbledore.

-Remus Lupin ! tonna de nouveau la voix. Vous êtes ici pour avoir sciemment mis en danger un enfant en lui transmettant des enseignements bien au-dessus de son niveau sans prendre en compte son état de santé et son état psychologique. Vous êtes également accusé d'avoir mis volontairement en danger toute une école en refusant de vous munir de l'agrément obligatoire pour enseigner dans toute école qui atteste de votre capacité à garder sous contrôle votre transformation en loup sous l'action de la Lune …

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Amelia Bones soupira lourdement alors qu'elle gagnait enfin son bureau.

Depuis la déchéance d'Albus Dumbledore, elle avait décidé de s'occuper de tout ce qu'il avait bloqué, à commencer par un jugement équitable et non biaisé de tous les mangemorts. Lors de la disparition de Voldemort au domicile des Potter seize ans plus tôt, le vieux sorcier avait entrepris de prendre absolument tout en charge concernant les jugements et porté par ses responsabilités dans la communauté sorcière, personne n'avait sourcillé. Or, quand elle s'y était penché – surtout après que Sirius Black ait prouvé son innocence – elle avait découvert plusieurs faits récurrents : les mangemorts les plus riches avaient eu la possibilité de bénéficier des peines les plus faibles en échanges de pots-de-vin et avaient payé des amendes mirobolantes que le ministère n'avait finalement jamais vues, le reste, après des peines à Azkaban disproportionnées, s'était vu dépouillés de tous leurs biens et avaient été soumis à des travaux d'intérêts généraux sous la conduite d'Albus Dumbledore. Dans tous les cas, l'influence qu'il avait prise dans cette affaire, en plus d'être illégale, même s'il était à l'époque président du Magenmagot, était, à tête reposée, particulièrement louche. A raison puisqu'après que Lucius Malfoy lui ait livré ses camarades et la face cachée de leurs actions, il s'était avéré que tous les mangemorts condamnés par les bons soins du vieux sorcier avaient fait de parfaits boucs émissaires.

Dès qu'Albus Dumbledore avait été suspendu de toutes ses fonctions puis renvoyé pour certaines d'entre elles, Amelia Bones avait tout organisé dans le plus grand secret. Les procès des mangemorts reconnus avaient répondu à une question qui avait son importance : si l'ancien directeur de Poudlard s'était permis de ne pas remplir ses obligations notamment en ne protégeant pas ses élèves, sur quels autres points s'était-il montré aussi désinvolte ? S'il y avait un autre domaine que l'éducation où son influence avait drastiquement augmenté, c'était dans la lutte contre Voldemort et l'après Voldemort. A froid, toutes les personnes qui ne buvaient pas ses paroles pouvaient se rendre compte que ses actions s'étaient révélées être inadaptées voire incomplètes. Mais seules quelques-unes avaient découvert que les conséquences n'avantageaient que le vieux sorcier et nul autre.

Dans cette nouvelle vague de procès, Amelia Bones n'avait reculé devant aucuns moyens légaux pour obtenir la vérité. Elle avait ainsi restauré les cercles de vérité et l'usage de véritasérum – tous les deux interdits par Dumbledore parce que d'après lui, cela pouvait blesser les sorciers qui y étaient soumis, alors que toutes les études internationales prouvaient le contraire, surtout dans les conditions préconisées – et y avait passé tout le monde, accusés comme témoins, en posant les questions les plus précises et complètes possibles.

Ces procès avaient suivi un autre but : si les mangemorts officiels étaient jugés et condamnés, alors les attaques qui avaient eu lieu par la suite ne pouvaient pas leur être imputé, car dans l'incapacité physique d'y prendre part. Quand Lucius s'était présenté au ministère vierge de toute marque des ténèbres, tout un pan de la guerre s'était révélé au grand jour, mettant en lumière que les méchants n'étaient pas forcément ceux qu'on désignait comme tels et vice-versa. Découvrir que ceux qui massacraient les populations n'étaient pas des mangemorts avait été révoltant et Amelia comptait bien faire payer celui ou celle qui alimentait la guerre pour son propre bénéfice.

-Commençons, gronda Amelia.

Acte II, scène 1, pensa Amelia dans son for intérieur.

Comme l'acte I était de donner un véritable procès aux mangemorts, l'acte II était de juger ceux qui avaient agi sous leur nom pour leurs crimes. En effet, les mangemorts en prison ou exilé selon l'application de la loi, les personnes arrêtées après les attaques qui leur étaient imputées ne pouvaient plus se cacher. Ça avait été un travail de fourmi pour trouver leurs collègues éparpillés à travers le pays, de leur arracher des informations puis de retrouver les suivants et ainsi de suite. Contrairement à ce qu'elle aurait cru, une bonne partie d'entre eux avaient suivi Dumbledore – c'était d'ailleurs le seul point sur lequel ils s'étaient tous mis d'accord – par goût du sang. Certains faisaient partie des pires criminels arrêtés ces dernières années et remis en liberté dans le plus grand secret car déclarés morts. Quand elle l'avait appris, Amelia avait serré les dents en maudissant Albus Dumbledore sur plusieurs générations. Mais maintenant que la justice avait pu leur remettre la main dessus, elle comptait bien les neutraliser définitivement et sans que les personnes que ça ne concernait pas ne puissent y fourrer leur nez.

Pour cela, Amelia Bones avait réuni plusieurs équipes dont les membres n'avaient pas de liens directs avec Albus Dumbledore, peu importe leur bord politique. Certains avaient rassemblé les preuves de leurs crimes, d'autres devaient mener l'accusation, ou au contraire, les défendre – la directrice de la justice avait pris exemple sur le monde moldu qui avait légiféré le fait que chacun avait droit à une défense devant la justice – ou encore devaient les escorter au tribunal ou à la prison. D'ailleurs, puisque Azkaban avait été profané plusieurs fois ces dernières années, elle avait réussi à négocier un partenariat avec les autres départements de la justice sorcière du continent pour transférer ses prisonniers chez eux jusqu'à ce que la prison britannique soit sécurisée ou qu'une nouvelle prison soit construite. Au passage, elle avait également appris que le conseil magique avait sommé Dumbledore de libérer les détraqueurs, même s'ils étaient nés d'un accident magique, et de réformer l'organisation de la prison. Comme toujours, le vieux sorcier n'en avait fait qu'à sa tête, d'autant plus qu'ainsi, il pouvait recruter les mercenaires pour agir sous le nom des mangemorts.

Amelia se secoua. Ce n'était pas le moment de songer aux conséquences des actes d'Albus Dumbledore.

-La séance est ouverte, décréta Amelia.

Tandis que les procès se déroulaient les uns après les autres sous sa surveillance – et enregistrés avec le concours du département des Mystères, dans le cas où on contesterait ses décisions – la directrice se remémorait toutes les précautions qu'elle avait prises. Serments de secret, barrières de magie, lieux inusités pour instruire les procès … elle refusait de laisser la possibilité aux pions de Dumbledore de continuer à semer le chaos. Et si en plus, ça l'empêchait de compter sur des alliés lorsqu'il affronterait son destin, alors elle signait tout de suite.

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Albus Dumbledore serrait à en déchirer le papier le journal où la une était sans équivoque.

Vous Savez Qui vaincu !
Alors que jusqu'à récemment, les mangemorts ravageaient le pays, le département de la justice a décidé d'en finir avec Vous Savez Qui, si ce n'est avec la majorité de ses partisans. Pour cela, ils ont demandé l'autorisation de lord Potter d'utiliser la propriété de Godric's Hollow – celle-là même où ses parents sont morts et où lui-même a survécu – pour y attirer Vous Savez Qui et l'y piéger. Pour éviter les fuites, tous les aurors présents avaient été placés sous sceau de secret ainsi que les éventuels rapporteurs qui ont confirmé que l'opération s'est déroulée de manière tout à fait légale.
Outre la neutralisation de Vous Savez Qui, les forces de l'ordre nous ont fait part de la mort de plusieurs mangemorts et de nombreux blessés. Les noms ne seront divulgués qu'après que les responsabilités de chacun soient établies …

-Comment est-ce possible ?! éructa Albus

Non loin, Eutar observait son « allié » devenir fou de rage, un sourire aux lèvres. Tous les deux s'étaient étonnés de voir courir des rumeurs concernant la mise en place d'un rituel d'augmentation de pouvoir dans le petit village sorcier et s'étaient doutés qu'il s'agissait en fait d'une provocation à un duel, surtout quand certains éléments connus de seulement Dumbledore étaient arrivés jusqu'à ses oreilles. C'était d'ailleurs pour cela qu'il y avait envoyé Voldemort à sa place, pour éradiquer toutes les personnes voulant remettre en cause son projet de domination du monde. Mais visiblement, Eutar était le seul à avoir supposer que ce fameux Harry Potter refuserait catégoriquement d'affronter son adversaire à la loyale – alors que ce dernier s'en passait admirablement – et qu'il s'entourerait sûrement d'un soutien conséquent, tous unis dans le but de faire tomber le tyran. Dumbledore, lui, n'imaginait même pas qu'il ait pu avoir autant de personnes qui s'opposerait à son plan pour le plus grand Bien.

Eutar leva les yeux au ciel. Lui-même en avait fait l'expérience, ce n'était pas parce que rien ne filtrait que la révolte ne grondait pas. Quel que soit l'étincelle qui avait fait exploser sa propre révolte, Dumbledore ne semblait plus être objectif sur ce qui l'attendait et désormais, il devait faire sans sa force de frappe. Après avoir perdu Poudlard puis sa réputation, ses titres et sa réserve de magie – Eutar avait compris que s'il avait enfermé Gellert Grindelwald, c'était parce qu'il ne lui servait plus à rien sur la scène politique – c'était un nouveau coup dur dont il serait difficile de se relever. Lui-même en fuite, Eutar ne pourrait pas lui être d'une grande aide contre des armées levées pour se venger de son allié, sauf s'il devait neutraliser discrètement les leaders, et encore. Il ne devait pas oublier que maintenant que l'âme-sœur de Ric Agni était libre, ce dernier le traquerait sans relâche, qu'importe la dimension. Et comme c'était la première fois qu'il venait dans la dimension des humains et qu'il n'avait jamais eu à faire avec la magie ambiante, après des semaines après son arrivée, il n'était pas au meilleur de sa forme, malgré le rituel sanglant qu'il avait pu réaliser. Si Ric Agni s'était en plus allié aux ennemis de Dumbledore, il n'avait aucune chance de faire face à un guerrier elfe.

Le claquement de la porte sortit Eutar de ses pensées. L'elfe s'étira doucement avant de se lever. Il savait reconnaître une situation quand elle était désespérée. Mais lui n'allait pas abandonner sans se battre. Malheureusement, quand il avait confié Shanleigh RoseSang à Albus Dumbledore, il avait promis sur sa magie de porter assistance à ses nouveaux ravisseurs. Il était donc coincé avec Dumbledore, même pour très peu de temps. L'elfe noir ne pensait pas une seule seconde que son allié survivrait à la coalition qui s'était dressée contre lui. La stratégie qu'elle avait adoptée était finalement très simple mais diaboliquement efficace : au lieu d'attendre que leurs adversaires soient définitivement vaincus, elle avait décidé d'entreprendre les changements essentiels pour la pérennité de leur société sans que Dumbledore ou Voldemort ne puissent s'y opposer. Il était certain que si Dumbledore tenait encore le gouvernement entre ses mains, jamais elle n'aurait vaincu sa marionnette.

Eutar sortit du manoir et se rendit dans le petit bois non loin. Il avait besoin de réfléchir correctement à son prochain mouvement. Son allié était désormais seul et lui n'étant pas d'une grande aide dans sa guerre, l'elfe noir devait trouver une solution pour pouvoir passer de l'autre côté avec les honneurs. Si … enfin quand Agni le retrouverait, il devrait s'estimer heureux qu'il ne joue pas avec lui, ayant un sens de l'honneur et une fierté qui l'en empêcherait totalement. En revanche, il en était moins sûr s'il s'agissait de son compagnon qui prenait les décisions importantes.

Soupirant lourdement, il sortit de quoi écrire et coucha sur le papier que qu'il voulait faire savoir. Il ne pouvait pas déclencher un duel à la manière elfique mais il était temps qu'ils en finissent, en espérant que cela ne se finirait pas au cimetière. Un affrontement à mort serait la meilleure solution et ainsi, la magie ne considérerait pas qu'il trahirait son allié – son boulet actuellement – s'il venait à chuter.

La lettre qu'il venait d'écrire n'était pas le jet final mais au moins, il contenait les idées principales qu'il tenait à faire apparaître. Cela lui permettait aussi de cadencer son entrainement pour qu'il n'ait pas à rougir le jour où il se dresserait contre Ric Agni et qu'il devra répondre de ses actes dans les deux dimensions.