Ohayo mina !

Bon... si Kid vous a manqué, il revient vous faire un petit clin d'oeil sur ce chapitre, profitez-en, ça va être rare !
Quelques (longues) lignes vont nous renseigner sur les origines de Luffy...

Je vous souhaite une bonne lecture, et...

Enjoy it !


Chapitre 46 :

Jour 131. Défi.

Louisiane, près d'Ostrica. Sous-sol.
23h00.

Ace poussa les portes vitrées de la piscine, boîte à outils sur l'épaule, déjà las d'avance à l'idée de devoir passer sa dernière heure à patauger dans le chlore, et se figea en voyant Bonney penchée au-dessus de l'eau, perche à la main, occupée à ramener les accessoires qui traînaient à la surface depuis la dernière séance commune qui avait eu lieu avant le dîner – un moment mémorable, Sugar ayant pratiquement réussi à noyer Shachi avant que Teach ne les sorte tous les deux de l'eau par le maillot de bain.

Fouillant dans sa poche, il sortit la copie du planning du jour, vérifiant d'un coup d'œil le programme du soir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lança Bonney avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, sa voix se répercutant en écho dans le silence de la pièce.

- Toi, qu'est-ce que tu fais là, répliqua-t-il en agitant sa feuille. T'es pas prévue sur ce créneau-là.

- Mes fesses. Regarde mieux.

Têtue, comme toujours.

Posant sa caisse sur le banc le plus proche, il longea le bassin pour la rejoindre, s'efforçant de ravaler la boule dans sa gorge à mesure qu'il s'approchait d'elle – dire qu'ils s'évitaient depuis plusieurs jours était un euphémisme, s'arrangeant pour se rendre disponibles sur des tâches différentes à des horaires totalement décalés. Incapables d'avoir une discussion ferme sur les consignes de Law et ce qui en découlait.

Il déplia le papier devant ses yeux, la vit froncer les sourcils, perplexe.

- J'ai pas le même que toi.

- … on a tous le même planning, Bonney.

- Me parle pas comme si j'étais demeurée, siffla-t-elle en se redressant pour sortir, à son tour, son planning de son short pour le lui coller contre le torse. Vérifie par toi-même.

Bien obligé de reconnaître qu'elle avait raison – ou qu'il avait tort, pas vraiment de différence en fin de compte – en voyant que lui n'était pas programmé pour la maintenance de la zone ce soir-là.

Pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour savoir d'où venait le problème, qui n'en était pas vraiment un ; de toute évidence, Law cherchait la petite bête, et avait mis son grain de sel là où il n'était ni requis, ni attendu. Aucune raison que Tashigi et Teach se soient trompés sur les attributions.

- Je suppose que notre cher directeur est aux caméras… ? marmonna-t-elle.

- C'est là qu'il était avant que je vienne… je vote oui.

Roulant des yeux, Bonney empila les plaques de mousse sur son chariot et le poussa vers la remise, luttant contre la tension qui lui serrait le ventre et faisait trembler ses doigts alors qu'elle déverrouillait le loquet, sentant le regard d'Ace sur elle.

Law avait été limpide sur le sujet – pour lui, leur relation était une impasse, et il suggérait de tailler dans le vif tant qu'il était encore temps ; sauf que ce temps-là était depuis longtemps révolu, et que trouver l'équilibre entre leurs échanges professionnels et ce qu'ils ne pouvaient plus avoir à l'écart des autres relevait du tour de force.

Inspirant profondément, elle quitta l'obscurité des étagères pour retourner près du bassin, où Ace n'avait pas bougé de place, semblant aussi peu à l'aise qu'elle dans cette situation, lui rappelant les instants où ils se cherchaient encore et où la limite était floue ; la seule différence, loin d'être anodine, étant l'excitation qu'elle avait pu ressentir à ce moment-là, et la peine qu'elle avait à présent.

Il se pencha pour récupérer la perche laissée sur le bord, la lui tendant avec l'air de ne pas savoir quoi faire de ses mains – pas du tout son genre, en contraste total avec l'assurance qu'il dégageait à chaque instant.

- … Law nous regarde.

- Je sais. Ignore-le, murmura-t-il.

Le geste était symbolique, elle le savait, mais elle était beaucoup trop perturbée pour lui donner suite ; elle agrippa la barre et la tira à elle d'un coup sec : Ace la lâcha comme s'il s'était brûlé, et elle regretta un instant qu'il n'ait pas suivi le mouvement, avant de se détourner pour reprendre sa tâche un peu plus loin.

Il la regarda s'éloigner, se sentit de trop dans la pièce pourtant immense, mais n'avait absolument pas le courage de partir – il avait besoin de s'occuper l'esprit et les mains, n'importe quoi qui lui permettrait d'échapper à ce qu'il ressentait, récupéra sa boîte et ouvrit la porte qui menait à la machinerie, allumant les néons qui inondèrent les tuyaux et les filtres de leur lumière crue. Law voulait les forcer à cohabiter, soit. Il en aurait pour son argent, et pourrait constater que la tentative de les faire se parler depuis leur rupture forcée survenait beaucoup trop tôt.

Surtout quand il en était le premier fautif.

S'approchant des zones de chauffe, il s'accroupit pour les inspecter, sentant leur chaleur sur son visage, lui rappelant celle de la cigarette que Law lui avait accordée – ils avaient fumé ensemble, comme d'ordinaire, pendant de longues minutes de silence loin de l'agitation du repas commun et de la projection enfin terminée, tous les patients de retour dans leurs chambres pour la nuit. À ce moment-là, le psychiatre n'avait rien dit, et Ace se demandait à présent si son chef n'était pas déjà en train d'échafauder de nouveaux pans tous plus tordus les uns que les autres à son sujet, au cas où celui qu'il avait prévu ne fonctionnerait pas.

Impossible à savoir.

Agaçant au possible.

- Hé, Bonney… ! Il indique combien, le thermo ? cria-t-il par-dessus le bruit de la tuyauterie.

Argument purement professionnel, un terrain neutre sur lequel avancer, à l'image des échanges qu'ils avaient devant leurs collègues ou les patients, où ils mettaient de côté le personnel pour un masque de façade – le même qu'ils s'étaient habitués à porter ces derniers temps, mais qui était beaucoup plus amer à arborer désormais.

- Vingt-neuf.

Il tressaillit quand sa voix lui parvint depuis le battant, lui coula un regard en biais par-dessus son épaule, avisant son ébauche de sourire.

- … tu flippes ?

- Je t'attendais pas ici, rétorqua-t-il en ouvrant le boîtier des pompes pour y jeter un coup d'œil. Merci pour l'info.

Il s'efforça de ne pas remarquer son immobilisme, dans l'encadrement de la porte, gardant le focus sur ce qu'il avait sous les yeux – ou, tout du moins, juste ce qu'il fallait pour donner le change, quand bien même il était conscient que ça ne prendrait pas indéfiniment.

Fouillant dans la caisse, il attrapa une clé avec pour idée d'éprouver le serrage des boulons qu'il avait en face de lui : une tâche répétitive qui lui permettrait de ne pas penser, mais qu'il n'eut pas la chance de mettre à exécution. Il ferma les yeux quand les doigts de Bonney touchèrent ses cheveux, glissant entre ses mèches pour atteindre sa nuque et caresser sa peau ; tout ce qu'il fallait pour le décontenancer. Elle crocheta le col de son tee-shirt et le tira vers elle – toujours dotée d'une force qu'il ne lui aurait jamais soupçonnée, avec son gabarit et ses carences à répétition – l'obligeant à se redresser pour lui faire face et soutenir son regard.

- Bonney–

- Y'a pas de caméra ici, chuchota-t-elle en lui prenant la clé des mains pour la lancer dans la boîte, un fracas bref mais sonore qui sonna comme un glas.

- S'il voit qu'on ressort pas, il va–

Trop rapide pour lui, elle lui retira son allumette de la bouche et le fit taire d'un baiser, coupant court à sa tentative d'argument qui, il le savait, ne pesait pas lourd à cet instant.

- J'y arrive pas, d'accord… ? soupira-t-elle en prenant son visage entre ses mains pour plonger ses yeux dans les siens.

- Je sais. … et j'ai pas très envie d'y arriver non plus.

Pas plus qu'il n'avait envie de la lâcher – la sensation était vertigineuse, comparable à celle qui le dévorait quand il retrouvait, au détour des gazinières de Zeff ou du briquet de Penguin, une amorce de flammes qui le coupait du reste du monde.

Il savait que la retenue n'était pas l'aspect le plus remarquable de sa personnalité, voire même son point faible ; ses pulsions, quand elles daignaient se montrer, étaient beaucoup plus fortes que le reste, difficiles à garder au loin. Là, tout de suite, il se savait dénué de la moindre envie d'effort.

Pour avoir fréquenté des alcooliques notoires dans les rangs de sa propre unité, il savait que tout devait être noir au blanc, et qu'aucune zone grise n'était permise : soit il plongeait tête la première dans son eau-de-vie, soit il s'abstenait définitivement. Une binarité que Law n'avait peut-être pas le cœur à leur imposer, mais qui aurait pourtant été la seule issue à leur portée. Issue étouffée dans l'œuf, rien qu'à en juger la fougue avec laquelle il plaqua Bonney contre la paroi métallique la plus proche dans un bruit sourd pour lui rendre son baiser, ses mains trouvant la couture de son haut pour se glisser sur sa peau, cherchant à tout prix à retrouver cette sensation qu'il lui semblait avoir chassé des siècles durant.

- Dellinger sort dans 2 heures, argumenta-t-elle en faisant allusion à son planning à lui quand il s'arracha à ses lèvres pour tirer son propre tee-shirt par-dessus sa tête, fébrile, découvrant les longs pans de peau parsemées de taches de rousseur dont elle ne se lassait jamais.

- C'est bien plus de temps qu'il n'en faut, non… ?

L'idée eut à peine le temps de faire son chemin que son talkie grésilla, dans sa poche, arrachant un fou rire à Bonney quand la voix du psychiatre résonna dans la pièce pour lui demander de ne pas pousser sa chance. Exaspéré, il leva les yeux au ciel, amorça un geste pour le couper mais fut arrêté par une dernière injonction à sortir de la pièce – Bonney récupéra l'appareil, hésita un instant avant de confirmer et de réarranger sa tenue pour sortir, étouffant le feu aussi vite qu'elle l'avait fait naître.

- T'es pas toujours obligée de l'écouter, tu sais ? lança-t-il en la regardant s'éloigner.

- … c'est à toi qu'il parlait, sourit-elle en faisant signe à la caméra – invisible de là où il se trouvait. Sauf qu'il n'a toujours pas compris qu'on ne peut pas tenir l'entredeux qu'il voudrait qu'on ait. En tout cas… moi, je sais pas faire.

- Il me gonfle.

- Il sera ravi de l'entendre. …Et rhabille-toi.

Elle referma la porte, le laissant avec pour unique compagnie le chuintement des pompes et de l'eau dans les tuyaux, bruit de fond qu'il avait occulté l'espace de quelques instants et qui se rappelait à lui, mais pas assez pour l'empêcher de penser.

. . . . . . . . . .

Louisiane, près d'Ostrica. Chambre de Monkey D. Luffy.
04h00.

Quand Kid ouvrit les yeux, la première chose qu'il vit fut le faisceau cru qui balaya le plafond immaculé, un rai de lumière semblable à ceux qui fendaient les rues de Rio quand la police était de sortie. Il tourna la tête, contempla la pièce plongée dans la pénombre, distingua le carnet posé sur le bureau et la chaise à demi-tirée, signe que quelqu'un s'y était assis et l'avait volontairement laissée tournée de trois-quarts, dans une invitation tacite à s'y asseoir à son tour.

Jetant un coup d'œil au réveil, il se redressa et s'assit au bord du lit, lorgnant vers le coin où il ne pouvait ignorer la présence de la caméra, œil silencieux mais toujours rivé sur lui. Impossible de savoir si quelqu'un le surveillait ou non, et cette incertitude le bouffait autant que pouvait l'inquiéter la lente progression du psychiatre dans leur crâne.

Luffy était persuadé que Law n'avait pas parcouru tant de chemin que ça, mais Zoro était d'un avis contraire, à ce qu'il voyait dans les échanges du cahier ; Nojiko ne se prononçait pas, passant beaucoup trop peu de temps hors du cocon protecteur de leur tête pour être capable de jauger le changement depuis leur arrivée à l'asile, mais Kid en était tout aussi persuadé que son homologue – quand bien même il s'abstenait de toute écriture, à l'exaspération du trio qui avait fini par cesser de supplier pour son retour.

Il repoussa la couverture, se leva pour rejoindre le bureau et resta un long instant à contempler le carnet – le sien, à la couverture rouge cornée.

Pensif.

L'admettre lui faisait mal au cul, mais parler avec eux lui manquait au-delà du raisonnable ; ce que Shanks aurait pu appeler un crève-cœur, à se réveiller chaque nuit et fixer la première surface venue, sans bouger, juste là à penser sans exutoire à ce qui menaçait et qui semblait s'approcher chaque jour davantage, à chaque heure passée enfermé entre ces murs.

Kid ouvrir le cahier, feuilleta les dernières pages, avisa le stylo soigneusement laissé à la dernière rédaction – dès lors, il sut que sa venue était soit grillée, soit espérée : depuis sa tentative ratée avec Shachi – qu'il s'agisse de l'évasion ou de son intention d'éliminer au moins un de ses geôliers – le groupe était privé de communication nocturne, diminuant les chances du personnel de se faire agresser aux aurores, et celles pour eux de tenter quoi que ce soit. Retrouver ce privilège était soit la preuve que Law soupçonnait sa présence malgré son silence, soit un nouvel essai dans leur sens pour lui donner l'occasion de s'exprimer la nuit, loin de l'agitation diurne.

Dans tous les cas, il détestait sentir le coup de collier sur sa gorge.

Marquant un temps d'hésitation, il récupéra le stylo et parcourut la dernière page du regard, quatre mots en plein milieu, en lettres capitales.

« Fale comigo. Por favor ».

Il serra les dents et détourna le regard, les jointures blanchies autour du crayon.

S'il devait reconnaître quelque chose à Luffy, c'était sa capacité à jouer sur la corde sensible de ceux avec qui il habitait ; inutile d'en être outré, puisqu'il était le premier à se servir de ses traits avenants dégoulinants de candeur pour avoir ce qu'il voulait – quitte à lui avoir montré la voie, il serait mal de s'en plaindre.

L'admettre était un premier pas, il le savait, là où il aurait largement préféré tout envoyer paître en retournant le bureau au passage, mais il n'en avait pas – ou plus – l'envie ; cet endroit le rendait fou, lui ralentissait le cerveau et lui laissait de moins en moins de place dans la lumière : une perspective qui le terrifiait et le renvoyait à ses rares mais douloureux moments d'impuissance.

Un autre coup à sa fierté, dont il se serait largement passé.

Refermant le carnet, il ouvrit le tiroir pour en sortir celui du groupe, et quadriller les dernières pages du regard ; Zoro n'avait toujours pas digéré la Nouvelle-Orléans, positionnant l'issue du combat à 2 contre 2 – Nojiko se pliant aux envies de Luffy, leur autre alter farouchement opposé à l'idée de se faire décortiquer sans consentement.

Il trouva son nom, plusieurs fois, avec la conscience que son silence pesait sur leur dynamique complètement ébranlée depuis qu'ils avaient mis les pieds ici, dangereusement instable depuis leur sortie et la preuve que Law avait bien plus de pouvoir sur eux qu'ils ne voulaient bien l'admettre.

Il n'eut pas le temps d'y penser davantage, un éclat de voix à l'extérieur attirant son attention sur ce qui occupait une longue partie de ses nuits éveillées ; il délaissa l'écriture pour traverser la chambre, se hissant aux barreaux pour contempler la portion de cour qui s'offrait à lui, balayée par les projecteurs qui déchiraient le ciel d'encre. Il entendit un bref aboiement de chien, reconnut la voix de Gladius qui s'adressait à Dellinger. Plissant les yeux, il suivit la silhouette du regard, détaillant sa démarche, la tenue épaisse qu'il portait dans la nuit moite et qui ne laissait pas voir grand-chose, hormis ses éclatants cheveux blonds.

Kid aurait donné cher pour en savoir plus sur son acolyte – non pas que l'idée d'être associé à un autre être humain lui soit agréable, mais il savait qu'ils se situaient sur les mêmes barreaux de la chaîne alimentaire, à un ou deux échelons près. Il était intrigué, ni plus ni moins, et les maigres informations qui circulaient ne l'aidaient pas à satisfaire sa curiosité, Zoro n'en ayant strictement rien à faire, Luffy étant trop éloigné de ça, sans parler de Nojiko qui se fichait pas mal de ce qu'elle ne voyait pas.

Comme à chacune de leurs sorties nocturnes communes, le patient le plus invisible de la clinique se tourna dans sa direction, lui offrit un sourire énigmatique et un signe de la main, avant de se détourner pour reprendre sa promenade quotidienne ; Kid ignorait si, pour une quelconque raison mystique, l'insecte sentait sur lui son regard trop insistant, ou s'il avait lui-même pris l'habitude de jeter un coup d'œil vers la fenêtre de leur chambre, en espérant y voir quelqu'un. Ce qui serait l'irréfutable preuve qu'ils étaient tous les deux beaucoup trop obsessionnels pour leur propre bien, sans compter leur taré de psychiatre dans l'équation.

Enfermé dans sa propre prison, voilà ce qu'il était actuellement : désireux de sortir, plus qu'il n'en avait jamais eu l'envie, avec la possibilité d'abdiquer et de sortir en pleine journée, même sous bonne garde ; mais en même temps incapable de passer par-dessus la rage qui le consumait et qui l'empêcherait de maintenir la mascarade, même une brève poignée de minutes – après tout, il était le seul à imiter Luffy à la perfection, avec bien plus d'années de pratique au compteur que ne pouvait l'avoir Nojiko.

Mais la seule idée de devoir prétendre être quelqu'un d'autre le rendait malade.

Il quitta la fenêtre, constata à la raideur dans ses phalanges qu'il avait agrippé les barreaux à s'en faire mal, fit craquer ses jointures et se laissa lourdement tomber au bord du lit, agitant nerveusement sa jambe sans pouvoir s'empêcher de frapper du talon, portant son poing serré à sa bouche – il avait conscience que sa posture criait au doute, mais peu lui importait, que l'observateur à la caméra soit témoin ou non de cet instant où il pesait le pour et contre. Le regard fixé sur ce carnet dont la dernière demande le torturait.

Kid avait, au cours de sa vie, fait bien pire que la loi du silence observée depuis plusieurs semaines, et ce n'était pas là la durée la plus longue qu'il ait pu infliger à son entourage – à la différence près qu'il n'était pas question de faire sortir Shanks ou Sabo de leurs gonds, mais de Luffy et de son air qu'il imaginait suppliant. Pestant déjà contre lui-même, il s'arracha à la couche encore tiède et retourna s'asseoir au bureau, écartant les feuilles d'un geste sec pour retrouver les derniers mots de Luffy avant de prendre le crayon laissé à son attention et de griffonner un « Em breve » bref et concis, qu'il se refusait de développer davantage. Trop de possibilités se bousculaient dans sa tête, tout autant d'idées dont il ne voulait pas perdre le fil.

Il savait que s'il voulait obtenir le moindre petit résultat, il lui faudrait la coopération de tous les alters ; Luffy compris. Mais la distance entre lui et eux – invisible, et pourtant infranchissable – lui semblait plus grande encore jour après jour.

. . . . . . . . . .

Louisiane, près d'Ostrica. Bureau de Trafalgar Law.
05h30.

Law se réveilla en sursaut quand son portable vibra sur son bureau, un grincement sonore qui se répercuta dans chaque recoin de son crâne ; désorienté, il balaya la pièce du regard, pour au final constater qu'il s'était endormi sur son livret de comptabilité, les plis de la feuille profondément ancrés dans la joue. Les lueurs pastel, à l'est, lui indiquèrent que le jour était sur le point de se lever, mais ne lui donnèrent pas d'indication sur le nombre d'heures qu'il avait pu perdre alors que la fin du trimestre en cours ne lui laissait pas ce genre de loisir. Eteignant sa lampe de bureau brûlante, il se saisit de son téléphone et sentit de plein fouet la difficulté avec laquelle son cerveau fit le rapprochement entre l'indicatif 55 et ce qui pouvait pousser un numéro d'Amérique du sud à l'appeler ; prenant une gorgée de son café abandonné près de ses dossiers – froid depuis belle lurette et plus amer que jamais, parfait pour poursuivre le long chemin de l'auto-flagellation – il s'éclaircit la voix et décrocha, portant le cellulaire à son oreille.

- Trafalgar Law.

- Bom dia. Você pediu informações sobre Monkey D. Lu–

- Hum– si, si, espera un momento, balbutia-t-il dans un espagnol qu'il savait parfaitement désespérant ; son père le lui avait mille fois reproché.

Il quitta son bureau au pas de course, constatant au passage qu'il était en tee-shirt et pieds nus, mais il n'avait pas le temps pour d'autres considérations vestimentaires – il attendait ce coup de fil depuis trop longtemps pour prendre le risque de décliner.

Et bien sûr, la seule personne capable de lui servir de traducteur en ce moment était celle à ne pas prévenir…

Pressant le pas dans les escaliers en s'efforçant de ne pas se rompre le cou en glissant, il rejoignit le laboratoire de Magellan où il trouva, sans surprise, son chimiste affairé à préparer les piluliers du jour, ses mains immenses transvasant les cachets minuscules avec un soin tout particulier. Il regarda Law arriver dans sa tenue inhabituelle, haussa un sourcil incertain à son attention.

- Boss… ?

- Salut, désolé, j'ai besoin de toi. Maintenant, le coupa-t-il en claquant la porte derrière lui, attrapant au passage un des carnets du chimiste tout en claquant la porte du pied, le téléphone pressé contre son torse.

- … OK. Mais vous–

- J'ai un portugais à l'autre bout du fil. Il parlera pas un mot d'anglais et je suis nul quand il est question de langues étrangères.

- Mais je parle que l'espagnol, objecta le géant en lui tirant une chaise pour le laisser s'installer à ses côtés.

- Ça fera l'affaire.

Magellan n'insista pas, récupéra le téléphone et incita l'interlocuteur à poursuivre – il n'était pas étranger aux brésiliens, ayant régulièrement eu l'occasion de commercer avec eux à l'époque où il travaillait au Mexique, mais il était certain que le vocabulaire lié à la finance et au trafic de drogue ne lui serait pas spécialement utile à cet instant.

La voix était gutturale, et il devinait à ce qu'il entendait que la personne à l'autre bout du fil ne désirait absolument pas être prise à donner ce genre d'informations ; exactement le type de personnes à qui il avait eu affaire par le passé, et qui ne prendrait pas le temps de répéter quoi que ce soit.

- … alors ? le pressa le directeur, crayon au-dessus de la feuille, prêt à prendre note.

- Aguarde– ils ont les infos que vous avez demandées sur le gamin. Y'a aucun extrait de naissance, mais pas parce qu'il a pas été déclaré. Il manque une page dans le registre d'état civil de l'année où il est supposé être né d'après ce qui a été évalué par le service médical de l'orphelinat.

Donc, pas né dans la rue, en déduit le psychiatre en griffonnant ses conclusions à la hâte ; signe que Luffy avait été quelqu'un, avant de se faire avaler par les bidonvilles.

La seule question qui demeurait, c'était de savoir comment il s'était retrouvé à errer dans cet enfer par lui-même.

- Il a un tuyau, mais il est pas sûr de la fiabilité. 50-60%, récita Magellan sans lâcher le directeur du regard.

- Je prends quand même.

- … c'est un peu brouillon son truc. En gros pour lui c'est une histoire de rixe qui tourne super mal, c'est le seul truc qui colle. À cette époque y'avait– putain j'ai du mal à le suivre, hé ! Abrandar, grogna-t-il à l'attention du téléphone.

- Si tu le vexes–

- Ça va, il va s'en remettre, rétorqua le chimiste. Y'a deux journaux locaux qui ont parlé de ce bordel, les darons du gosse se seraient faits bousiller dans leur baraque en pleine nuit, c'a pas fait un pli.

- Mais pas Luffy ?

- Là y'a que de l'hypothèse, mais pour lui les gars envoyés pour tout nettoyer ont certainement pas eu le courage de buter un môme. Si on se base sur son âge présumé, il avait entre trois et quatre ans, ils ont dû se dire qu'il se rappellerait pas de grand-chose. Ou qu'il crèverait de faim au bout d'une semaine ou deux.

Pari délicat ; Law était bien placé pour savoir que la mémoire n'était pas un livre qui pouvait se parcourir à l'envi, d'autant plus quand deux personnalités comme Zoro et Kid prenaient soin d'en bloquer la moindre tentative d'accès.

À leur place – et Dieu le gardait d'y être un jour – il n'aurait pas pris ce risque et aurait pressé la détente.

- Etat de santé des parents ?

- Bizarre comme question, on verra s'il pige... ¿Salud de los padres ? … … … Pas facile à dire, ce genre de personnes va pas à l'hosto tous les quatre matins – il cherche, là – … ouais il a des infos pour la mère, sept entrées dans des cures de désintox en quatre ans pour PCP et héro majoritairement, et– oh ça va vous intéresser Doc– dont deux pendant sa grossesse.

Le psychiatre savait, par expérience, que sa satisfaction ne se lisait pas spécialement sur son visage, mais il avait parfaitement conscience qu'à cet instant, il était plus accessible encore qu'un livre ouvert.

Une partie de lui ressentait une légère once de culpabilité, celle qui était en complète empathie avec Luffy et ses débuts chaotiques dans la vie, mais une autre ne pouvait s'empêcher d'exulter, tant elle était confortée par ses recherches et par ce qui venait confirmer une de ses récurrentes théories : l'évènement traumatique dont il était incapable de se rappeler couplé à un organisme déjà fragilisé par un terrain biologique instable, les deux éléments nécessaires à la venue de Kid, alter pétri de ce qu'il avait connu de pire.

Question de culture générale croisée au fil de ses lectures, il avait appris qu'à Rio un adulte ne pouvait être retenu contre son gré, et que personne n'avait pu faire quoi que ce soit pour empêcher cette mère en devenir de prendre la mauvaise pente ; elle avait essayé, mais la volonté jouait un rôle mineur dans ce genre de schéma déjà alambiqué.

- Le gars pense que le père et la mère étaient pas des petits calibres et que c'est pour ça qu'ils ont eu droit à un traitement « approfondi » – c'est comme ça que j'le traduis. Ils sont quand même allés loin dans leur délire, mais le message était clair pour les autres : tu touches mon territoire, on t'éradique de la surface de la Terre. Y'a plus de trace d'eux dans l'administration, enfin sauf si tu grattes, mais votre gars a pas pu fouiller plus. Et il peut pas se permettre de remuer la merde plus que ça, s'il veut pas attirer l'attention.

- Il a des noms ?

- Dragon et Hancock. Il peut scanner une photo, mais c'est pas d'la haute qualité.

- Je prends. Remercie-le.

Magellan s'exécuta, laissant Law seul avec ses notes consignées à la va-vite – des informations qui sembleraient dérisoires mais qui, pour Luffy dont un tiers de sa vie n'était rien d'autre qu'une succession de flashs et de trous noirs, étaient d'une importance capitale.

L'homme raccrocha et lui tendit son portable, ramenant le silence dans la pièce, aucun des deux ne pipant mot pendant de longs instants, qui furent certainement des minutes ; le géant finit par le briser en lui demandant s'il avait déjà une idée de la manière de l'annoncer à son patient, mais Law ignorait si ce genre d'annonce lui ferait un choc, ou s'il possédait déjà ces informations sans en avoir l'air – après tout, Luffy s'était déjà parjuré lors de son procès en annonçant qu'il était dans un orphelinat depuis sa naissance, alors qu'il n'en était rien et qu'il en avait parfaitement conscience, quand bien même la temporalité exacte des évènements lui avait toujours échappé.

Kid, Zoro, Nojiko – chaque alter était percé à jour, chacun trainant ses casseroles sur son propre chemin, et Law n'avait plus qu'un pas à franchir pour les avoir définitivement sous contrôle : tout annoncer à Luffy, lui faire prendre la pleine mesure de ce qui l'attendait, de ce qu'il devrait accepter pour espérer pouvoir avancer, mais ce pas s'apparentait davantage à un bond considérable, qu'il n'était pas capable de réaliser du premier coup, mais qu'il devrait tenter jusqu'à réussir, parce qu'il n'avait pas d'autre choix que d'y parvenir.

Et là, seulement à cet instant, l'adolescent ferait partie des archives de sa galerie – une œuvre complètement exhumée, dont toute l'histoire en aurait été tirée et qui ne présenterait plus l'intérêt de la découverte, mais qui aurait pour seul point distinctif d'avoir été un monstre de rareté dans sa collection.

- … encore merci. Je te laisse travailler, conclut le psychiatre en se levant, rangeant la chaise sous la paillasse avant de lui tapoter l'épaule.

- Y'a pas de quoi. Je suppose que j'ai rien entendu et que cette conversation a jamais eu lieu ?

- Tu supposes bien. On se voit ce soir pour le débriefing ?

Magellan acquiesça, renfila ses lunettes sans cesser de lorgner dans sa direction – un regard que Law n'interrogea pas, sachant pertinemment que son adjoint ne voudrait pas spécialement développer ce qui pouvait se jouer dans son crâne à ce moment-là ; quittant la pièce, il se rendit directement dans la salle des soignants, traversant la salle commune plongée dans la pénombre, trouvant le planning déjà établi par Teach lors de sa veillée derrière les caméras. Luffy n'avait pas rendez-vous avec lui avant le dimanche à venir, mais il pouvait interchanger son passage avec celui de Hina au vendredi : il en était là dans son échange de post-it quand Ace émergea de la pièce d'à-côté, café à la main, une pile de dossiers dans l'autre, tous deux se figeant pour s'évaluer du regard ; le souvenir de la veille étant encore frais dans leur esprit respectif, Law dans sa piètre tentative de renouer le dialogue entre ses deux infirmiers, Ace dans son amorce de débordement qui aurait pu partir bien plus loin s'il ne s'était pas fait ramener à la dure réalité.

- … pourquoi t'as pas de chaussures ? finit-il par lâcher en désignant les pieds du directeur

- Une urgence. J'ai bougé le planning, ajouta-t-il en désignant le tableau.

- Tout seul comme un grand ? Mes respects.

Law ne releva pas ; pour premier à user de sarcasmes, il ne tolérait pas d'avoir droit à ce genre de traitement quand il était question de hiérarchie, mais il décida de laisser passer pour cette fois. Après tout, s'il devait considérer la situation d'un point de vue extérieur, c'était amplement mérité.

Son adjoint déposa sa tasse sur le comptoir, distribuant les pochettes colorées dans chaque bannette, lui tournant délibérément le dos dans une attitude on ne peut plus claire, et Law se surprit à s'abîmer dans sa contemplation d'un long cheveux rose en équilibre précaire sur le col de son pull, hésitant à lui faire une énième remarque ou laisser couler, lui – leur – accorder le bénéfice du doute pour cette fois ou le confronter. Il n'était pas du genre à fuir les conflits, mais il savait qu'il allait devoir conserver ce qu'il avait de patience et de combativité pour les thérapies du jour.

Il entendit des pas, dans les marches, le battant donnant sur la mezzanine s'ouvrit sur Shachi et Penguin, tous deux échevelés et les traits tirés par les marques froissées de l'oreiller sur leurs visages ; ils le saluèrent dans un islandais guttural, tous deux déverrouillant leur casier pour prendre le pilulier hebdomadaire préparé par Magellan et avaler sans broncher leur dose de médicaments, Law surprenant le regard d'Ace sur la boîte de Shachi, bien plus fournie que celle de son frère.

Il n'en était pas réduit à une camisole chimique, mais l'idée avait fait son chemin malgré tout, possibilité non négligeable mais que le psychiatre répugnait à mettre en place, croyant dur comme fer que son bras droit n'en avait pas besoin : la barrière mince mais si facilement franchissable, entre son égo qui se pensait capable de remplacer le meilleur des traitements et la pertinence médicale qui voulait qu'Ace soit en pleine possession de ses capacités, sans avoir besoin d'une quelconque aide synthétique pour se maîtriser.

- Bon matin, Doc', lança Gladius en passant la porte à son tour, ajustant ses lunettes à la luminosité des néons. Changement d'orga ?

- Rien de dramatique, tout le monde y survivra.

- Parle pour toi, bailla Penguin en s'étirant. Ça se voit que ce n'est pas à toi de gérer les déceptions des internés quand ils apprennent qu'ils auront « tricot » à la place de l'escalade.

- … y'a jamais eu d'atelier « tricot » ici, objecta Ace en s'asseyant à côté de Gladius occupé à peler sa pomme.

- Y'en a forcément eu un, quand on voit ce que tu portes, rétorqua-t-il en désignant son pull.

Law ne s'attarda pas dans la pièce, peu désireux d'entendre d'autres échanges tumultueux, les laissa à leur joute puérile avec pour idée de rejoindre Lami pour lui donner les informations enfin obtenues en ce qui concernait son patient, une des dernières pièces du puzzle qu'il pourrait bientôt admirer avec le recul nécessaire une fois entièrement complété.

Il savait que sa sœur, en plus de son travail quotidien, n'avait pas lâché l'affaire en ce qui concernait leur échange téléphonique sur les frasques de Kid, un autre sujet épineux qu'il avait préféré mettre de côté pour le lui déléguer entièrement, préférant resté focalisé sur ses propres résultats plutôt que sur cette part du passé qui, en un sens, ne contenait plus de secret en ce qui concernait son patient – lui permettant simplement de lever ses doutes sur le fait que le cas Néfertari n'était pas son coup d'essai, quand bien même il s'était magistralement foiré. Non, ce qui subsistait, c'étaient ces inexplicables trous dans la raquette, ces moments où l'alarme aurait dû sonner mais où Kid s'en était toujours sorti, contournant le système malgré lui – Law était persuadé qu'il était question d'une entremise extérieure, et qui de mieux que Shanks pour faire pencher la balance du bon côté ?

Law le premier était conscient que ce genre d'accusation n'était pas à faire à la légère, sachant pertinemment qu'une fois ses certitudes établies, il n'était pas déontologiquement tenu de garder le secret au vu de l'impact qu'elle représenterait – falsification de preuves, obstruction à la justice et complicité de meurtres pour un juge tatillon – et qu'il serait contraint d'en référer aux autorités compétentes, mais il était aussi le mieux placé pour savoir que Shanks était tout à fait capable de se rendre coupable de ce genre d'actes, son propre père, Doflamingo, ayant peut-être bien plus de sang sur les mains que n'importe qui d'autres dans un rayon de 200 kilomètres à la ronde.

Un fait qu'il avait accepté, lui-même étant loin de pouvoir montrer patte blanche.

Il monta jusqu'à la bibliothèque, carnet de Magellan toujours en main, en poussa les portes et s'aventura entre les rayonnages sans un bruit, le parquet silencieux sous ses pieds à mesure qu'il se rapprochait du bureau où Lami avait coutume de s'installer pour travailler – il fut surpris de l'y trouver profondément endormie au milieu des piles de livres ouverts, éclairée par l'écran de son ordinateur, les doigts encore posés sur le clavier.

Sans un bruit, il contourna le meuble et détailla ses recherches du regard – toujours sur les affaires non élucidées dont ils avaient parlé pendant son déplacement à la Nouvelle-Orléans – avant de soulever délicatement ses mains pour la faire basculer contre lui, la hissant dans ses bras pour la porter dans son canapé et la couvrir d'un plaid, dans lequel elle se recroquevilla dans un grognement qui lui arracha un sourire.

Law déposa ses notes sur le sous-main, contempla longuement la photographie dans l'unique cadre qui trônait dans l'immensité de cet endroit, la seule touche personnelle qui faisait de ce bureau un lieu d'étude dédié à sa propriétaire – une photographie prise à leur huitième anniversaire, tous deux sagement assis entre leurs parents qui, eux, souriaient à l'objectif, là où les jumeaux exprimaient plutôt leur façade réservée. Encore deux minuscules années restantes avant que leurs vies ne prennent un virage à angle droit, ramenant à la surface un sentiment qui lui était désormais tristement familier : du regret, amer et bien senti.

Il arracha son regard au cliché sous verre et verrouilla l'écran de l'ordinateur, retrouvant son chemin dans les allées jusqu'à la sortie, s'efforçant d'ignorer la déception qui pointait à l'horizon de ne pas avoir pu échanger avec sa sœur pour retrouver la solitude de son bureau, où l'attendait encore une montagne de travail. Exactement ce qu'il lui fallait pour échapper à ce qui menaçait son semblant de paix intérieure.

Sur son ordinateur siégeait une nouvelle alerte pour ses e-mails, dont l'un semblait provenir de son informateur à Rio ; il s'assit dans son fauteuil en attendant que s'ouvre la pièce jointe, contemplant l'écran qui mit de longues secondes à lui afficher son contenu : trois photographies, dont deux portraits et une prise à la volée, montrant un couple que Law savait désormais être les parents biologiques de Luffy. Absorbé par la contemplation de son imprimante qui s'affairait à présent à lui produire les images sur papier glacé, il se perdit dans ses pensées – il savait, d'expérience, que seul son patient était susceptible d'en garder de maigres souvenirs, aucun des alters n'étant présent avant le jour fatidique ; qu'ils étaient beaucoup trop vieux pour qu'il espère en faire quelque chose, à la différence près qu'il n'avait plus besoin de lui pour éclaircir le mystère. C'était à lui d'amener Luffy à accepter le fait que ses parents étaient décédés depuis bien longtemps, qu'il ne les reverrait jamais et que Kid n'avait désormais plus besoin d'être bourreau et sauveur. Il glissa soigneusement les photos fraîchement éditées dans le dossier de Luffy, qu'il déposa sur un coin de son bureau en vue de leur rendez-vous à venir ; le point de départ pour un travail de longue haleine, dont il était possible de ne jamais voir la fin, mais qui représentait encore un autre challenge pour lui.

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À bientôt pour la suite !