Heya ! Nouveau chapitre !
D'habitude j'essaie de faire la papote, mais pour cette fois j'ai un peu trop la tête ailleurs pour avoir des idées x)
Merci à Sussu200 pour le follow, et je tiens également à remercier Andromeda_, ma toute nouvelle bêta qui s'est portée volontaire !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !
Cachée sous la cape d'invisibilité, Emerald se tendit et commença à marcher lentement, le plus discrètement possible, pour se cacher derrière l'un des piliers qui soutenaient le plafond de la salle circulaire. Elle se posta à un endroit pour observer le voleur qui semblait se contempler dans le même miroir qu'elle et Potter avaient trouvé. Celui qui montrait les désirs des gens.
Bientôt elle vit le Survivant surgir des flammes et le professeur ne l'avait pas manqué.
- Vous ! s'écria Potter choqué.
Quirrell sourit, le visage parfaitement calme.
- Oui, c'est moi, dit-il tranquillement. Je me demandais si vous alliez me rejoindre ici, Potter.
- Mais je croyais... Rogue…
- Severus ?
Quirrell éclata de rire, non pas du petit rire grêle et tremblant qu'on lui connaissait, mais d'un rire franc et glacial. Emerald savait bien que son bégaiement semblait faux.
- Oui, Severus faisait un bon coupable, n'est-ce pas ? Toujours en train de fondre sur tout le monde comme une chauve-souris géante ! A côté de lui, qui donc aurait pu soupçonner le p... p... pauvre et bé... bégayant p... p... professeur Quirrell ?
- Mais Rogue a essayé de me tuer ! protesta le garçon.
- Non, non, non, c'est moi qui ai essayé de vous tuer. Votre amie, Miss Granger, m'a bousculé par accident quand elle s'est précipitée pour mettre le feu aux vêtements de Rogue, pendant le match de Quidditch. À cause d'elle, j'ai perdu le contact visuel avec vous. Quelques secondes de plus et j'aurais réussi à vous faire tomber de ce balai. J'y serais même parvenu bien avant si Rogue n'avait pas marmonné des formules magiques pour essayer de vous sauver.
Le survivant sembla encore plus surpris. Emerald se contenta d'écouter, baguette en main, prête à agir si nécessaire.
- Rogue essayait de me sauver ?
- Bien sûr, dit Quirrell avec froideur. Pourquoi croyez-vous qu'il ait tenu à arbitrer le match suivant ? Il voulait simplement s'assurer que je ne recommence pas. C'est vraiment drôle... Il n'aurait pas dû se donner cette peine. Dumbledore présent, je ne pouvais rien faire. Tous les autres professeurs pensaient que Rogue voulait empêcher Gryffondor de gagner. Il est vrai qu'il n'attirait guère la sympathie. Mais tout cela n'était que du temps perdu puisque de toute façon, je vais vous tuer cette nuit.
Le professeur claqua des doigts. Aussitôt, des cordes surgirent de nulle part et ligotèrent solidement le Survivant.
- Vous êtes un peu trop curieux pour vivre bien longtemps, Potter. Quelle idée de vous promener dans les couloirs le soir de Halloween ! Il me semblait que vous m'aviez surpris pendant que j'allais voir ce qui protégeait la Pierre.
- C'est vous qui avez fait entrer le troll ?
- Bien sûr. J'ai un don avec les trolls. Vous avez dû constater ce que j'ai fait à celui qui se trouve dans l'autre salle, là-bas ? Malheureusement, pendant que tout le monde le cherchait partout, Rogue, qui me soupçonnait déjà, est monté directement au deuxième étage pour m'empêcher d'entrer dans le fameux couloir. Et non seulement mon troll n'a pas réussi à vous tuer, mais ce chien à trois têtes n'est même pas parvenu à arracher la jambe de Rogue. Et maintenant, laissez-moi tranquille, Potter, je dois examiner cet intéressant miroir.
Emerald aurait volontiers choisi le moment où il se retournait pour chuchoter un sortilège pour libérer Potter, mais elle décida d'attendre. Si elle se révélait trop tôt, ce serait un atout en moins pour combattre le professeur. Mieux valait attendre une occasion de s'emparer de la Pierre avant lui et que ce ne soit absolument nécessaire pour agir.
- Ce miroir est la clé qui mène à la Pierre, murmura Quirrell en le contournant pour s'y regarder. On peut faire confiance à Dumbledore pour manigancer ce genre de choses... Mais il est à Londres... Et quand il reviendra, je serai loin.
Le Survivant semblait avoir eu une idée de génie pour leur faire gagner du temps. Il le fit parler.
- Je vous ai vu avec Rogue, dans la forêt, lança-t-il.
- Oui, dit Quirrell d'un ton dégagé en allant examiner le dos du miroir. Il me suivait de près, à ce moment-là. Il voulait savoir où j'en étais. Depuis le début, il me soupçonnait. Il a essayé de me faire peur, comme s'il avait pu y arriver, alors que j'avais Lord Voldemort avec moi...
Quirrell scruta à nouveau le miroir d'un air avide alors qu'Emerald se déplaçait silencieusement dans la pièce pour rejoindre Potter.
- Je vois la Pierre... Je suis en train de l'offrir à mon maître... Mais où est-elle ? marmonna encore le professeur.
Le Gryffondor se débattait contre ses liens quand elle parvint à son niveau.
- Continuez de détourner son attention, je cherche un moyen de trouver la Pierre avant lui, j'interviendrai si ça devient trop dangereux, lui souffla-t-elle.
Potter hocha imperceptiblement la tête.
- Pourtant Rogue avait l'air de me détester, dit-il pour relancer la conversation.
- Oh mais, bien sûr, il vous déteste, répondit Quirrell d'un ton désinvolte. Il était à Poudlard avec votre père, vous ne le saviez pas ? Ils se méprisaient cordialement. Mais il n'a jamais voulu vous tuer pour autant.
- Je vous ai entendu sangloter, il y a quelques jours. Je croyais que Rogue vous menaçait...
Pour la première fois, pendant une fraction de seconde, les traits de Quirrell se décomposèrent dans une expression de peur. Emerald recommença à se déplacer silencieusement pour cercler la salle.
- Parfois, j'ai du mal à suivre les instructions de mon maître. finit par répondre le professeur. Lui, c'est un grand sorcier et moi, je suis faible.
- Vous voulez dire que votre maître était avec vous dans cette salle de classe ? s'exclama le Survivant avec horreur.
- Il est toujours avec moi, où que j'aille, répondit tranquillement Quirrell. Je l'ai rencontré quand je voyageais autour du monde. J'étais un jeune homme stupide, à l'époque, plein d'idées ridicules sur les notions de bien et de mal. Lord Voldemort m'a montré à quel point j'avais tort. Il n'y a pas de bien ni de mal, il n'y a que le pouvoir, et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher... Depuis ce temps-là, je l'ai servi fidèlement, bien que je l'ai laissé tomber à plusieurs reprises. Il a dû sévir, avec moi.
Quirrell fut soudain parcouru d'un frisson.
- Il ne pardonne pas facilement les erreurs. Le jour où je n'ai pas réussi à voler la Pierre, à Gringotts, il était très mécontent. Il m'a puni. Et il a décidé de me surveiller de plus près...
La voix de Quirrell faiblit, puis il poussa un juron.
- Je ne comprends pas. Est-ce que la Pierre est à l'intérieur du miroir ? Faut-il que je le casse ?
Les deux jeunes réfléchissaient à toute vitesse. Potter eut l'air d'avoir un plan, puisqu'il essaya de bouger sur sa gauche au lieu de se débattre. Emerald pointa sa baguette en direction des cordes qui lui enserraient les chevilles.
- Lashlabask. murmura-t-elle.
Et Potter fut libéré de ses entraves. Il fit deux pas sur la gauche, se regardant dans le miroir et fit mine de trébucher et tomber. La Serpentard se dit que c'était très bien joué, parce qu'il s'était mis hors de portée du miroir, empêchant Quirrell de voir son reflet alors qu'il tapotait sa poche. La demoiselle compris le message et s'approcha pour fouiller dans ladite poche, en tirant une sorte de cristal d'un rouge profond qu'elle cacha immédiatement sous la cape avec elle.
La Pierre Philosophale.
- Comment fonctionne ce miroir ? Quel est son secret ? Aidez-moi, maître ! entendirent-ils.
D'instinct, elle recula, ne voulant pas se faire prendre. Si elle voulait aider Potter à rester en vie, il fallait qu'elle reste dans l'ombre. Elle sentit son sang se figer lorsque la voix la plus terrifiante qu'elle n'ait jamais entendue se manifesta, et elle semblait provenir de Quirrell lui-même.
- Sers-toi du garçon... Sers-toi du garçon...
Cela ne présageait rien de bon. Quirrell se tourna vers le Survivant et frappa dans ses mains, faisant que les cordes qui le ligotaient s'évanouirent avant qu'il n'ait le temps de remarquer qu'il en manquait.
- Venez ici, Potter, ordonna-t-il.
Le jeune homme se releva lentement, mais resta en place, comme pétrifié par la peur, ce qui était compréhensible.
- Venez ici, répéta le professeur. Regardez dans le miroir et dites-moi ce que vous voyez.
Toujours lentement, le Gryffondor se mit à avancer vers le miroir. Emerald pouvait voir ses mains trembler. Ce n'était pas étonnant. La Pierre était déjà en leur possession, et ils ne savaient pas ce qui allait se passer à présent.
- Alors ? s'impatienta Quirrell après quelques secondes. Qu'est-ce que vous voyez ?
- Je me vois en train de serrer la main de Dumbledore, répondit le jeune homme. J'ai... J'ai fait gagner la coupe à Gryffondor.
Quirrell poussa à nouveau un juron.
- Poussez-vous, dit-il.
Mais il avait à peine fait quelques pas que la voix aiguë s'exprima à nouveau.
- Il ment... Il ment...
- Potter, revenez ici, cria Quirrell. Et dites-moi la vérité ! Qu'est-ce que vous avez vu ?
La voix aiguë s'éleva à nouveau.
- Laisse-moi lui parler face à face.
- Maître, vous n'avez pas assez de forces, dit Quirrell.
- J'en ai assez pour ça...
Potter sembla pétrifié par la peur encore une fois. Emerald devait bien avouer qu'elle n'en menait pas large elle non plus. Les deux enfants regardèrent le professeur lever les bras et commencer à défaire son turban. Bientôt, le tissu tomba et la tête de Quirrell parut soudain étrangement petite. Puis il pivota sur ses talons.
La Serpentard se mordit la langue pour s'empêcher de produire le moindre son qui trahirait sa présence, mais elle n'avait jamais vu de créature aussi effrayante.
Derrière la tête de Quirrell, au lieu de son crâne, il y avait un visage. Il était d'une blancheur de craie avec des yeux rouges flamboyants et des fentes en guise de narines, comme sur la tête d'un serpent.
Lord Voldemort leur rendait une petite visite.
- Harry Potter... murmura le visage. Tu vois ce que je suis devenu ? Ombre et vapeur... Je ne prends forme qu'en partageant le corps de quelqu'un d'autre... Heureusement, il en reste toujours qui sont prêts à m'accueillir dans leur coeur et leur tête... Le sang de licorne m'a redonné des forces, ces dernières semaines... Dans la forêt, tu as vu le fidèle Quirrell s'en abreuver pour moi... Et lorsque j'aurai l'élixir de longue vie, je pourrai recréer un corps qui sera bien à moi... Maintenant... Demande à ton camarade de me donner la Pierre.
Il savait donc qu'il y avait quelqu'un en plus... Potter changea son expression de terreur pour un air féroce.
- Ne sois pas stupide, dit le visage avec colère. Tu ferais mieux de sauver ta vie et de me rejoindre... Ou alors, tu connaîtras le même sort que tes parents... Ils sont morts en me suppliant de leur faire grâce...
- MENTEUR ! s'écria le Survivant.
Quirrell reculait vers lui pour que Voldemort ne le perde pas de vue. Le visage maléfique souriait, à présent.
- Comme c'est émouvant... siffla-t-il. J'apprécie toujours le courage... Oui, mon garçon, tes parents ont été courageux... J'ai d'abord tué ton père et il m'a résisté avec une grande bravoure... Quant à ta mère, je n'avais pas prévu qu'elle meure... mais elle essayait de te protéger... Alors, donnez-moi la Pierre sinon, elle sera morte en vain.
- JAMAIS !
Le jeune homme se mit à courir pour aller se cacher derrière l'un des piliers.
- Attrape-le ! cria alors Voldemort.
D'un geste, Quirrell saisit le poignet du garçon. Celui-ci se mit aussitôt serrer les dents, comme s'il ressentait une douleur atroce. Il se mit à hurler en se débattant de toutes ses forces et, à la grande surprise des deux enfants, Quirrell le lâcha.
Se plia en deux, se mettant à hurler à son tour, le regard fixé sur ses doigts qui se couvraient d'ampoules à vue d'œil, comme brûlés par une flamme. Emerald sentit ses cicatrices la démanger, mais elle leva sa baguette.
- Locomotor mortis. murmura-t-elle.
- Attrape-le ! ATTRAPE-LE ! répéta Voldemort.
Mais lorsque le professeur voulut suivre l'ordre de son maître, il fut incapable de faire un pas et tomba en avant, permettant à Potter de s'éloigner. Merci le maléfice du bloque-jambes.
- Son ami est derrière !
Emerald se mit en retrait derrière son pilier juste à temps. Le maléfice vert qui avait été lancé dans sa direction toucha la pierre à la place, faisant s'élever un nuage de poussière. Et le temps qu'elle se protège, Quirrell avait conjuré le sort qui l'empêchait de bouger les jambes, et s'était à nouveau jeté sur Potter.
Il le fit tomber à terre et l'immobilisa en l'écrasant sous lui, les deux mains serrées autour de son cou. Le professeur se remit à hurler à l'agonie alors qu'Emerald pouvait voir de la fumée s'élever depuis ses mains, lesquelles semblaient grésiller comme des tranches de bacon dans une poêle.
- Maître ! Je n'arrive pas à le tenir, gémit-il. Mes mains... mes mains !
Tout en maintenant le Gryffondor par terre avec ses genoux, Quirrell lâcha son cou et contempla d'un air incrédule les paumes de ses mains. Elles étaient complètement brûlées, écarlates, la chair à vif.
- Alors, tue-le, imbécile ! Qu'on en finisse ! couina Voldemort de sa voix suraiguë.
Quirrell leva le bras pour lancer un maléfice mortel, mais Emerald lança un nouveau sort.
- Diffindo !
Le professeur poussa un cri et plaqua ses mains brûlées sur son visage lorsqu'une entaille y apparut. Potter sembla s'inspirer de la Serpentard, et plaqua ses propres mains sur le visage de Quirrell.
- AAAAAAAAAARG !
Quirrell roula sur le sol, le visage également brûlé. Le sang de ses blessures commençait à se répandre sur le sol. La bonne nouvelle était que le professeur ne pouvait pas toucher le Survivant sans souffrir de terribles brûlures.
Potter se releva d'un bond, attrapa le bras de Quirrell et serra de toutes ses forces. Celui-ci poussa un hurlement en essayant de se dégager alors que les glapissements de Voldemort répétaient:
- TUE-LE ! TUE-LE ! !
La demoiselle vit le bras de Quirrell s'arracher et le jeune garçon s'effondra au sol, ayant perdu connaissance. Le professeur voulut en profiter, levant la main entre deux sanglots pour l'achever, mais elle ne l'entendait pas de cette oreille.
- Flipendo !
Quirrell se vit violemment repoussé en arrière et tomba sur les fesses.
- Sa complice ! Tue-la et prends-lui la Pierre ! siffla furieusement Voldemort.
Quirrell se releva, et alors qu'Emerald faisait un pas en arrière, la cape glissa sans qu'elle le remarque, laissant voir l'une de ses chaussures. Le professeur, lui, l'avait vue, et alors qu'elle s'attendait à ce qu'il lance un sort, il se mit à foncer en hurlant dans sa direction. Prise au dépourvu, elle tenta de lancer de nouveau le Repoustout, mais elle eut à peine le temps de sortir une syllabe qu'il y eut collision, sa tête se cogna violemment au mur qui se trouvait dans son dos.
Elle entendit un craquement sonore suivi d'une douleur sourde, et tout devint noir…
- …pierre… Quirrell ! C'est lui qui a volé la Pierre ! Vite !
Emerald poussa un grognement ensommeillé. Elle avait mal à la tête et elle voulait dormir, pourquoi est-ce qu'on criait…
Il fallut quelques secondes pour que les mots qu'elle venait d'entendre ne lui montent au cerveau, puis elle ouvrit les yeux pour se redresser soudainement.
- La Pierre… souffla-t-elle.
Elle se mit à fouiller frénétiquement dans… sa chemise de nuit ?
- Calmez-vous, les enfants, vous êtes un peu en retard, sourit le professeur Dumbledore qui se trouvait au chevet du Survivant. Quirrell n'a pas volé la Pierre.
- Mais il m'a vue, il m'a foncé dessus… objecta Emerald avant de porter une main à son front.
La douleur dans son crâne venait de subir un pic. Sans doute à cause du stress, mais ce n'était pas comme si elle pouvait le contrôler. Quand elle put à nouveau ouvrir les yeux, elle regarda autour d'elle et put constater qu'elle se trouvait à l'infirmerie. Son lit se trouvait en face de celui de Potter. Celui-ci avait d'ailleurs une montagne de friandises sorcières au pied du sien.
- Quelques cadeaux de la part de tes amis et admirateurs, dit Dumbledore en souriant quand le Gryffondor les remarqua.
- Quelle bande d'hypocrites, s'entendit-elle prononcer.
- Je vous demande pardon ? s'étonna le directeur en se tournant vers elle.
- Avant qu'on ne parte protéger la Pierre, tous les élèves crachaient sur Potter à cause des points qu'il a fait perdre à Gryffondor, et maintenant ils font les gentils en lui offrant tout ça, expliqua-t-elle en pointant les friandises.
Le vieux mage hocha lentement la tête, avant de reprendre son sourire chaleureux.
- Ce qui s'est passé dans les sous-sols du château, entre Quirrell et vous, est un secret absolu, par conséquent, toute l'école est au courant. Je crois que ce sont tes amis Fred et George Weasley qui t'ont envoyé un siège de toilettes en pensant que ça t'amuserait. Mais Madame Pomfresh a trouvé que ce ne serait peut-être pas très hygiénique et elle l'a confisqué.
- J'aurais été de son avis, mais s'il était neuf, il n'y a pas vraiment de problème, marmonna Emerald en se massant les tempes.
- Depuis combien de temps on est là ? demanda Potter.
- Trois jours. Mr Ronald Weasley et Miss Granger vont être grandement soulagés de voir que tu es revenu à toi. Ils se sont terriblement inquiétés à ton sujet.
- Mais la Pierre...
- Je vois qu'il est inutile d'essayer de te distraire. Très bien. Alors... La Pierre, le professeur Quirrell n'a pas réussi à te la prendre. Je suis arrivé à temps pour l'en empêcher, bien que vous vous soyez admirablement débrouillé tout seul, je le reconnais.
- Vous étiez là ? Vous avez reçu le hibou d'Hermione ?
- Nous avons dû nous croiser dans les airs. J'étais à peine arrivé à Londres qu'il m'est nettement apparu que ma place était à l'endroit que je venais de quitter. Et je suis revenu juste à temps pour t'arracher à Quirrell...
- C'était vous ?
- J'avais peur qu'il soit trop tard...
- Vous êtes arrivé juste à temps. Il venait de me fracturer le crâne, je n'aurais pas pu l'empêcher plus longtemps de tuer Potter ou de me prendre la Pierre… soupira Emerald.
Le vieil homme poussa un soupir à son tour.
- L'important, ce n'est pas la Pierre. C'est vous, ce que vous avez fait aurait pu vous faire tuer, et j'ai bien cru pendant un moment que c'était le cas. Quant à la Pierre, elle a été détruite.
Le Gryffondor et la Serpentard eurent des réactions totalement opposées.
- Détruite ?! s'exclama le jeune homme.
- Bien, se contenta d'approuver la demoiselle.
- Mais votre ami… Nicolas Flamel…
- Je pense que monsieur Flamel sait ce qu'il fait, Potter. Il a triché avec la mort pendant trop longtemps, et il a réalisé à quel point la Pierre qu'il a créé peut être dangereuse, déclara Emerald.
Elle rouvrit les yeux pour voir le Survivant et le directeur la regarder fixement.
- Ce n'était pas une insulte à son égard, au contraire, s'empressa-t-elle de préciser. J'admire sa décision de mourir alors qu'il aurait pu continuer à vivre en cachant la Pierre ailleurs.
- Après tout, pour un esprit équilibré, la mort n'est qu'une grande aventure de plus, sourit tristement Dumbledore.
Il se passa quelques secondes de silence avant que Potter ne se décide à parler de nouveau.
- Monsieur ? dit-il. Je me demande... Même si la Pierre n'existe plus, Vol... Je veux dire, Vous-Savez-Qui...
- Tu peux l'appeler Voldemort, Harry. Nomme toujours les choses par leur nom. La peur d'un nom ne fait qu'accroître la peur de la chose elle-même.
- Voldemort va chercher d'autres moyens de revenir, n'est-ce pas ? Je veux dire qu'il n'a pas complètement disparu ?
Emerald se fit attentive à la réponse du vieil homme.
- Non, en effet. Il est toujours là, quelque part, peut-être à la recherche d'un autre corps à partager... Comme il n'est pas vraiment vivant, on ne peut pas le tuer. Il a laissé mourir Quirrell. Il montre aussi peu de pitié pour ses partisans que pour ses ennemis. Tu as sans doute réussi à retarder son retour au pouvoir, Harry, mais il se trouvera bien quelqu'un pour reprendre un combat qui semble perdu... Pourtant, si à chaque fois, on continue à le retarder, alors il est possible qu'il ne reprenne jamais le pouvoir.
Le Survivant hocha la tête, mais il s'interrompit aussitôt en grimaçant. La Serpentard compatissait parfaitement à sa douleur.
- Il y a d'autres choses que j'aimerais bien savoir, dit-il, si vous pouvez me les dire… continua tout de même le jeune Gryffondor. J'aimerais bien connaître la vérité sur ces choses-là.
- La vérité, soupira Dumbledore. Elle est toujours belle et terrible, c'est pourquoi il faut l'aborder avec beaucoup de précautions. Mais je veux bien répondre à tes questions, sauf si j'ai de bonnes raisons de ne pas le faire, auquel cas, je te demande de me pardonner. Mais bien sûr, je ne te mentirai pas.
- Alors, voilà: Voldemort a dit qu'il a tué ma mère uniquement parce qu'elle essayait de me protéger. Mais pourquoi donc voulait-il me tuer ?
Cette fois, Dumbledore poussa un profond soupir.
- Hélas, la première question que tu me poses fait partie de celles auxquelles je ne peux pas répondre. Aujourd'hui, en tout cas. Un jour, tu sauras, mais pour l'instant, chasse cette pensée de ton esprit. Quand tu seras plus grand... Je sais que tu n'aimes pas ce genre de phrase... Disons plutôt que quand tu seras prêt, tu comprendras.
Et les deux enfants savaient qu'il était inutile de discuter.
- Pourquoi Quirrell ne pouvait-il pas toucher Potter sans se brûler ? demanda Emerald.
- Sa mère est morte pour lui sauver la vie, répondit Dumbledore avant de se tourner à nouveau vers le Survivant. S'il y a une chose que Voldemort est incapable de comprendre, c'est l'amour. Il ne s'est jamais rendu compte qu'un amour aussi fort que celui que ta mère avait pour toi laisse sa marque. Pas une cicatrice, ou un signe visible... Avoir été aimé si profondément te donne à jamais une protection contre les autres, même lorsque la personne qui a manifesté cet amour n'est plus là. Cet amour reste présent dans ta chair. Quirrell était plein de haine, de cupidité, d'ambition, il partageait son âme avec Voldemort et c'est pour cela qu'il ne supportait pas de te toucher. Toucher quelqu'un qui a été marqué par quelque chose d'aussi beau ne pouvait susciter en lui que de la souffrance.
Dumbledore manifesta un intérêt soudain pour un oiseau qui venait de se poser sur le rebord de la fenêtre, ce qui donna le temps au jeune homme d'essuyer ses yeux larmoyants avec son drap.
- Et la cape d'invisibilité ? demanda-t-il, lorsqu'il eut retrouvé sa voix. Vous savez qui me l'a envoyée ?
- Ah... Il se trouve que ton père l'avait laissée en ma possession et j'ai pensé que tu aimerais peut-être l'avoir. C'est parfois utile... Quand il était au collège, ton père s'en servait pour se glisser jusqu'à la cuisine et voler des tas de choses à manger. J'étais un peu surpris de la retrouver sur miss Coldstone, on ne voyait qu'un bras dépasser. J'ai bien failli ne pas vous voir.
- C'était son idée. Elle restait cachée pour m'aider sans que Voldemort ne le remarque, répondit Potter avant qu'elle n'en ait le temps. Elle m'a sauvé la vie.
La demoiselle s'intéressa également à l'oiseau à la fenêtre lorsqu'elle sentit ses joues chauffer.
- J'ai encore une question… fit encore le Gryffondor, la sauvant de son embarras.
- Vas-y.
- Quirrell a dit que Rogue...
- Le professeur Rogue.
- C'est ça, lui... Quirrell a dit que s'il me détestait, c'était parce qu'il détestait aussi mon père. C'est vrai ?
- En effet, ils se haïssaient cordialement. Un peu comme toi et Mr Malefoy. Et ton père a fait quelque chose qu'il n'a jamais pu lui pardonner.
- Quoi ?
- Il lui a sauvé la vie.
Emerald haussa un sourcil. Comment pouvait-on en vouloir à quelqu'un pour une telle raison ? Le professeur Rogue avait-il été suicidaire dans sa jeunesse ?
- Comment ? s'étonna Potter.
- Oui, dit Dumbledore d'un air rêveur. C'est curieux comme les gens réagissent, n'est-ce pas ? Le professeur Rogue ne supportait pas d'avoir une dette envers ton père... Je suis sûr que s'il a fait tant d'efforts pour te protéger, cette année, c'est parce qu'il a pensé qu'ainsi ton père et lui seraient quittes. Alors, il pourrait continuer à haïr son souvenir en paix...
Il se passa encore quelques secondes de silence avant que le Survivant ne semble abandonner l'idée d'y réfléchir.
- Encore une dernière chose, dit-il. Comment se fait-il que la Pierre soit passée du miroir dans ma poche ?
- Je suis content que tu m'aies posé cette question. C'était une de mes idées les plus brillantes, ce qui n'est pas peu dire, entre nous... Seul quelqu'un qui désirait trouver la Pierre—la trouver, pas s'en servir—pourrait la prendre, les autres ne verraient que leur reflet fabriquer de l'or et boire l'élixir de longue vie. Mon intelligence me surprend moi-même, parfois... Et maintenant, assez de questions. Si tu entamais ces friandises ? Ah, les Dragées surprises de Bertie Crochue ! Un jour, quand j'étais jeune, j'en ai trouvé une qui avait le goût de poubelle. Depuis, j'ai peur d'en manger, mais toi, ne t'en prive surtout pas ! Enfin, je pense que je ne risque rien avec un caramel.
Il sourit et mit la dragée d'un brun doré dans sa bouche. Puis il se mit à tousser.
- Quelle horreur ! De la cire des oreilles !
Après une intervention de Madame Pomfresh pour chasser le directeur et donner à Emerald une potion contre la douleur, celle-ci s'était rendormie et nageait dans le bonheur simple du sommeil sans rêve. Lorsqu'elle ouvrit les yeux à nouveau, elle fut surprise de voir sur sa table de nuit une boîte de Chocogrenouille.
- Ron et Hermione sont passés, lui dit Potter qui était déjà réveillé. Je leur ai tout raconté et Hermione a jugé que toi aussi tu méritais quelque chose.
- … c'est gentil de sa part, répondit-elle, un peu confuse.
- Je comprends pas pourquoi j'ai reçu autant de cadeaux alors que toi, rien du tout. Pourtant on était deux contre Quirrell.
Elle esquissa un léger sourire, avant de se redresser dans son lit.
- C'est vous qui êtes célèbre, pas moi. Et honnêtement, j'espère bien que mon nom n'a pas traversé tout le château, je préfère la discrétion.
Le jour du festin de fin d'année, Madame Pomfresh accepta enfin de les laisser sortir. Ce fut avec un certain soulagement qu'Emerald descendit dans la Grande Salle pour y passer son dernier repas de l'année.
La salle avait été décorée aux couleurs de la maison Serpentard, qui était en tête sur le comptage des points de maison. Personne ne sembla réagir à sa présence pour son plus grand soulagement. Cependant, lorsque Potter fit son entrée, il y eut un soudain silence, puis les conversations reprirent toutes en même temps.
Heureusement, Dumbledore arriva à son tour et la rumeur des conversations s'évanouit.
- Une autre année se termine, dit joyeusement Dumbledore, et je vais encore vous importuner avec des bavardages de vieillard avant que nous entamions enfin ce délicieux festin. Quelle année ! Fort heureusement, vos têtes sont un peu plus remplies qu'auparavant... et vous avez tout l'été pour les vider à nouveau en attendant le début de l'année prochaine... Le moment est maintenant venu de décerner la coupe des Quatre Maisons. Le décompte des points nous donne le résultat suivant: en quatrième place, Gryffondor avec trois cent douze points. En troisième, Poufsouffle avec trois cent cinquante-deux points. Serdaigle a obtenu quatre cent vingt-six points et Serpentard quatre cent soixante-douze.
Un tonnerre d'applaudissements, d'acclamations et de trépignements explosa à la table des Serpentard. Emerald haussa un sourcil en voyant Malefoy frapper des deux poings sur la table. Tu parles d'une éducation.
- Oui, oui, très bien, Serpentard, reprit Dumbledore. Il convient cependant de prendre en compte des événements récents.
Il y eut alors un grand silence et les sourires des Serpentard devinrent moins triomphants.
- J'ai quelques points de dernière minute à distribuer, poursuivit Dumbledore. Voyons... Oui, c'est ça... Je commencerai par Mr Ronald Weasley...
Le rouquin devint écarlate. Il avait soudain l'air d'un radis qui aurait pris un coup de soleil.
- Pour la plus belle partie d'échecs qu'on ait jouée à Poudlard depuis de nombreuses années, je donne à Gryffondor cinquante points.
Les acclamations des Gryffondor atteignirent presque le plafond enchanté. Les étoiles au-dessus de leur tête parurent frémir.
Le silence revint.
- J'en viens maintenant à Miss Hermione Granger... Pour la froide logique dont elle a fait preuve face à des flammes redoutables, j'accorde à Gryffondor cinquante points.
La brunette enfouit sa tête dans ses bras. Tout autour de la table, les Gryffondor ne se tenaient plus de joie. Ils avaient cent points de plus.
- Enfin, parlons de Mr Harry Potter, reprit Dumbledore.
Un grand silence se fit dans la salle.
- Pour le sang-froid et le courage exceptionnels qu'il a manifestés, je donne à Gryffondor soixante points.
Le vacarme qui s'ensuivit fut assourdissant. Ceux qui étaient en état de faire des additions tout en s'égosillant savaient que Gryffondor avait à présent quatre cent soixante-douze points; exactement le même nombre que Serpentard. Ils étaient ex aequo.
Dumbledore leva la main et le silence revint peu à peu.
- Le courage peut prendre de nombreuses formes, dit-il avec un sourire. Il faut beaucoup de bravoure pour faire face à ses ennemis mais il n'en faut pas moins pour affronter ses amis. Et par conséquent, j'accorde dix points à Mr Neville Londubat.
Quelqu'un qui se serait trouvé à l'extérieur de la Grande Salle aurait pu penser qu'une terrible explosion venait de se produire, tant le vacarme qui s'éleva de la table des Gryffondor était assourdissant. Les Gryffondors se levèrent pour acclamer Londubat qui avait le teint livide et disparut bientôt sous les embrassades. Emerald se moquait bien de la coupe des Quatre Maisons, tout comme elle se moquait qu'on ne lui ait pas accordé de points supplémentaires comme aux autres, mais elle eut la curiosité de regarder vers Malefoy. Abasourdi et horrifié, il semblait figé sur place comme s'il avait subi le maléfice du Saucisson.
- Ce qui signifie, poursuivit Dumbledore en essayant de couvrir le tonnerre d'applaudissements. (car les Serdaigle et les Poufsouffle étaient ravis de la chute des Serpentard) Ce qui signifie que nous allons devoir changer la décoration de cette salle.
Il frappa dans ses mains et en un instant, le vert et argent se transforma en rouge et or, et le grand serpent disparut, remplacé par le lion altier des Gryffondor. Rogue serra la main du professeur McGonagall avec un horrible sourire qui n'avait rien de naturel.
Le reste de la journée fut belle, et Emerald pu la passer au calme, dans le parc du château. Malgré toutes les folies qui s'y étaient déroulées, elle se surprit à regretter que l'année scolaire ne prenne fin.
Avant le départ, elle eut les résultats de ses examens grâce au professeur Flitwick et sentit la satisfaction s'installer en voyant les notes qui s'alignaient sur le parchemin. Ce n'était pas la perfection, mais presque. Dans la journée, son armoire fut vidée et sa valise remplie. On distribua aux élèves des avis qui les prévenaient que l'usage de la magie était interdit pendant les vacances. Hagrid leur fit traverser le lac dans ses barques et ils s'installèrent dans le Poudlard Express qui les ramenait à Londres. Tout le monde parlait et riait tandis que le paysage devenait de plus en plus verdoyant.
Emerald s'était trouvée un compartiment vide, comme lors du voyage de début d'année, mais cette fois, elle ne sortit pas de manuel à lire. Au lieu de ça, elle fouilla un instant dans sa poche pour en sortir la boîte de chocogrenouille qui lui avait été offerte. Avec un sourire, elle l'ouvrit pour la déguster.
Ils mirent un certain temps pour quitter le quai. Un vieux gardien ridé les faisait passer par groupes de deux ou trois pour qu'ils n'attirent pas l'attention en surgissant soudain au milieu de la barrière. Inutile d'affoler les Moldus, sans doute.
Lorsqu'elle put passer à son tour, Emerald repéra instantanément madame Duke et s'approcha.
- Bonjour madame Duke.
- Bonjour Emerald, alors, comment c'était ? demanda gentiment l'éducatrice en la guidant vers sa voiture.
Emerald se permit un regard en arrière, en direction du mur qui menait à la voie 9¾.
- Fascinant.
