Heya ! Nouveau chapitre ! :D

Alors j'ai passé une semaine absolument infernale pour ma santé mentale comme physique, donc je vous avoue que c'est avec des maux de tête et beaucoup trop de vertiges que je poste ce chapitre, du coup si vous avez une 'tite review à poster, je dis pas non, ça fera un boost au moral :'3

Comme toujours, un grand merci à Andromeda pour avoir fait la bêta-lectrice, ton travail est fantastique !

Grand merci également à salmonelodie et Xailynae pour le follow ! Bienvenue dans la sect- euh, à Poudlard !

Sur ce, je vous laisse et je vous souhaite une bonne lectuuuure~~


Tout autour d'eux il n'y avait que le chaos. Les lutins se répandaient dans toute la classe en filant comme des fusées. Deux d'entre eux attrapèrent le pauvre Londubat par les oreilles et le soulevèrent dans les airs. Deux autres fracassèrent les carreaux et s'enfuirent par les fenêtres en répandant une pluie de verre brisé sur le dernier rang. Quant aux autres, ils entreprirent de dévaster consciencieusement la salle avec plus d'efficacité qu'un rhinocéros fou furieux. Ils attrapèrent les encriers et les renversèrent un peu partout, lacérèrent les livres et déchiquetèrent les pages, arrachèrent les tableaux des murs, retournèrent la corbeille à papiers, s'emparèrent des sacs et des livres encore intacts et allèrent les jeter par les fenêtres.

- Lashlabask ! lança Emerald vers les lutins qui tenaient toujours Londubat dans les airs et le faisait monter de plus en plus haut.

Le jeune homme retomba à terre, heureusement sans se blesser, et partit s'abriter sous une table, à l'instar de la moitié de la classe.

- Allons, allons, attrapez-les ! Vite, voyons, attrapez-les, ce ne sont que des lutins ! hurla Lockhart.

- J'aimerais bien vous y voir, moi, siffla Emerald entre ses dents.

Bien qu'il ne pouvait pas l'avoir entendue, il retroussa ses manches, brandit sa baguette magique et cria :

- Mutinlutin Malinpesti !

Mais la formule n'eut aucun effet. L'un des lutins arracha la baguette magique des mains de Lockhart et la jeta par la fenêtre. Le soi-disant professeur de Défense contre les Forces du Mal étouffa une exclamation et plongea sous son bureau, en évitant de justesse d'être écrasé par le lustre qui venait de tomber.

Lorsque la cloche sonna, ce fut la ruée hors de la classe. Dans le calme relatif qui s'ensuivit, Lockhart se releva, aperçut le trio de Gryffondor et Emerald qui s'apprêtaient à sortir à leur tour et dit :

- Je vous demanderai simplement de remettre ceux qui restent dans leur cage.

Puis il sortit de la classe en passant devant eux et referma la porte.

- Non, mais qu'est-ce que c'est que ce bonhomme ? rugit Weasley tandis que l'un des lutins lui donnait un coup sur l'oreille.

- Il a simplement voulu nous faire faire des travaux pratiques, dit Granger qui immobilisa aussitôt deux lutins à l'aide d'une formule magique et les enferma dans leur cage.

- Des travaux pratiques ? s'exclama Potter en essayant d'attraper un lutin qui lui tirait la langue. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il fallait faire !

- Tu dis des bêtises, répliqua la brunette. Tu as lu ses livres ? Tu as bien vu tous les prodiges qu'il a accomplis ?

- Ça, c'est ce qu'il prétend ! marmonna Weasley.

Emerald se baissa pour esquiver un encrier lancé dans sa direction.

- Je ne dirai pas ça très souvent, mais je suis d'accord avec Weasley, Granger, déclara-t-elle. Maintenant que j'ai vu Lockhart en action, je peux vous affirmer sans le moindre doute que ce n'est qu'un auteur de romans qui a laissé son orgueil prendre le dessus.

- Je suis sûre que ce n'est pas vrai, il veut juste voir ce dont on est capable ! protesta encore la brunette.

Le Serpentard sentit sa patience s'échapper.

- Il a le profil d'un narcissique. Vous avez vu son comportement avec Potter tout à l'heure et vous l'avez forcément vu ne pas réagir quand Londubat a failli se faire arracher les oreilles i peine dix minutes ! Il ne cherche qu'à se mettre en avant à tout prix ! Vous insultez votre propre intelligence en vous obstinant à croire tout ce que vous avez lu, il me semble pourtant que vous avez douze ans, pas six !

- Eh ! intervint Weasley.

- Navrée Weasley, mais je ne suis pas faite pour m'entendre avec les idiots, d'autant plus quand la stupidité est volontaire !

Le Survivant semblait vouloir dire quelque chose aussi, sans doute pour défendre son amie, mais apparemment il n'en eut pas la volonté. Granger, elle, eut les larmes qui lui montèrent aux yeux et il lui sembla un instant qu'elle allait partir en courant, suivant l'exemple du professeur qu'elle admirait tant, mais son courage de Gryffondor prit le pas sur le reste, et elle se mit rageusement à immobiliser tous les lutins qu'elle put.

Emerald s'affaira à l'aider tandis que les garçons remettaient les créatures immobilisées dans leur cage. Il leur fallut une vingtaine de minutes avant d'en avoir terminé, en nage et échevelés. La Serpentard s'appuya sur le dossier d'une chaise le temps de respirer.

- Je vais ramener cette cage à Hagrid et voir le professeur Dumbledore, souffla-t-elle.

Elle se leva pour aller prendre la poignée de la cage et sortit de la classe sans demander son reste.


Toc toc toc.

- J'arrive !

Emerald entendit quelques pas lourds sur un plancher de bois et la porte de la cabane s'ouvrit sur le garde-chasse de Poudlard.

- Emerald ? Je pensais que tu serais en cours, dit-il, étonné.

- Je saurai m'expliquer au professeur Binns, répondit la demoiselle. Je viens vous voir parce que j'ai besoin de votre expertise concernant les créatures magiques.

Pour mieux se faire comprendre, elle leva la cage pleine de lutins de Cornouaille. Les yeux de Hagrid s'arrondirent, les rendant plus grands qu'ils ne l'étaient déjà.

- Mais d'où est-ce qu'ils viennent ?

- De la classe du professeur Lockhart. Il nous les a lâchés dessus et Potter, Weasley, Granger et moi avons dû les faire rentrer nous-même après qu'il nous ait abandonnés sur place, répondit sombrement la Serpentard.

- Il n'a pas fait ça ?! s'indigna le garde-chasse.

La demoiselle cligna des yeux avec sa tête anormalement échevelée, le bleu qui commençait à être visible sur sa joue gauche à cause d'un projectile qu'elle n'avait pas pu éviter et la coupure sur son arcade sourcilière à cause des bris de verre qu'elle avait reçu lorsque les fenêtres avaient été cassées.

- J'ai l'intention d'aller voir le professeur Dumbledore à ce sujet.

- Et tu fais bien ! Tu peux me confier les lutins, je vais m'occuper de les relâcher !

Hagrid prit donc la cage et referma la porte en pestant à propos de Lockhart. Emerald prit donc la direction de la salle des professeurs et frappa à la porte. Ce fut bien heureusement le professeur Chourave qui vint lui ouvrir.

- Miss Coldstone ?

- Bonjour professeur Chourave, salua la demoiselle. Navrée de vous déranger, mais il faudrait que je parle au professeur Dumbledore, comment est-ce que je dois m'y prendre ?

La sorcière cligna des yeux.

- Eh bien, le directeur est généralement très occupé… Peut-être pouvez-vous me dire la raison pour laquelle vous voulez le voir ?

- Je viens d'amener à Hagrid une cage pleine à craquer de lutins de Cornouaille que le professeur Lockhart a lâché sur nous pendant son cours. Avec Harry Potter, Ronald Weasley et Hermione Granger, nous avons reçu l'ordre de les remettre en cage avant qu'il ne prenne la fuite.

La botaniste d'ordinaire si joviale avec tout le monde semblait fulminer alors que la demoiselle finissait sa phrase.

- Je comprends pourquoi vous tenez à en parler au professeur Dumbledore. Je peux vous assurer que je lui en toucherai moi-même deux mots.

- Merci professeur.

- Allez vite à l'infirmerie, Miss Coldstone, je m'occupe du reste !

Chourave referma la porte de la salle et Emerald se dirigea donc vers l'infirmerie du château. Elle n'aurait jamais le temps d'assister au reste du cours d'Histoire de la Magie qu'elle était en train de manquer, mais dans le pire des cas elle ferait des recherches à la bibliothèque pour rattraper son retard.

Lorsqu'elle revit le professeur Chourave en milieu d'après-midi pour son premier cours de botanique, celle-ci avait l'air d'être toujours un peu remontée. Voulant éviter les tentatives de sabotage de la part des autres Serpentard, la demoiselle prit pour partenaire une Serdaigle aux cheveux blonds et silencieuse du nom d'Angel. Toutes les deux se mirent au travail pour remporter les jeunes plants de Mandragore que leur professeur leur avait préparés, et le meilleur dans tout cela, ce fut qu'elles n'eurent à échanger que de rares mots.


- Emerald !

Après l'incident des lutins, la Serpentard n'avait plus parlé au trio des Gryffondor, aussi fut-elle surprise lorsque la voix de Potter retentit à l'angle d'un couloir quelques semaines plus tard.

- Potter, je peux vous aider ? demanda-t-elle avec neutralité.

- Non, c'est que…

Il se tourna vers ce qu'elle devinait être la position de ses deux amis qui devaient l'attendre.

- Hermione n'ose pas te le dire, mais elle a réfléchi à ce que tu as dit à propos de Lockhart, et elle voudrait s'excuser.

- Hm. Tant mieux si elle a décidé d'utiliser son cerveau, approuva Emerald.

- Et…

Le jeune homme sembla hésiter.

- Et ?

- Je voudrais savoir si tu serais intéressée de venir avec nous à l'anniversaire de mort de Nick Quasi-Sans-Tête le soir d'Halloween.

Emerald haussa franchement les sourcils, plus que surprise. Non seulement de l'invitation, mais surtout pour l'événement en soi. Mais sa curiosité en fut piqué. Elle n'avait jamais vraiment approché les fantômes du château, de part le fait qu'elle restait inconfortable avec le concept même de leur existence.

D'un autre côté, c'était une occasion sans doute unique, et elle pourrait essayer de se familiariser avec les morts. Sans compter qu'après leur différent, ce serait un moyen de recommencer à essayer de se rapprocher de Potter.


À sept heures le soir d'Halloween, au lieu de se rendre dans la Grande Salle, Emerald rejoignit le trio dans le hall, et tous les quatre prirent la direction des cachots.

L'étroit passage qui menait à l'endroit où se passait la fête de Nick Quasi-Sans-Tête était éclairé par des chandelles fines et noires dont la lueur bleuâtre leur donnait à eux aussi l'aspect de fantômes. Il faisait de plus en plus froid à mesure qu'ils avançaient. La Serpentard se surprit à frissonner légèrement. Bientôt, ils entendirent un son épouvantable, comme des centaines d'ongles crissant sur un énorme tableau noir.

- C'est de la musique, ça ? murmura Weasley.

Derrière un angle du couloir, ils virent soudain Nick Quasi-Sans-Tête qui se tenait dans l'embrasure d'une porte tendue de draperies noires.

- Mes chers amis, dit le fantôme d'un ton lugubre, soyez les bienvenus... Je suis si content que vous soyez là.

- Bonsoir… salua Emerald avec une certaine hésitation.

Il ôta son chapeau à plume et les invita à entrer en s'inclinant devant eux.

Un spectacle stupéfiant s'offrit alors à leurs yeux. Des centaines de silhouettes translucides, d'une couleur gris perle, glissaient autour d'une piste de danse bondée où d'autres formes spectrales valsaient au son terrifiant d'une trentaine de scies musicales jouées par des musiciens rassemblés sur une estrade tendue de noir. Au plafond, un lustre formé d'un bon millier de chandelles noires diffusait une lumière d'un bleu éclatant. De la buée sortait de la bouche des quatre vivants et Emerald se sentit nostalgique, d'une certaine façon. C'était comme s'ils avaient pénétré dans une chambre froide… ou une morgue.

- Allons jeter un coup d'œil, suggéra Potter.

- Fais attention de ne traverser personne, dit Weasley d'une voix inquiète.

Ils s'avancèrent alors dans la pièce et passèrent devant un groupe de nonnes à la mine funèbre, un homme en haillons couvert de chaînes et le Moine Gras, le joyeux fantôme de Poufsouffle, en grande conversation avec un chevalier dont le front était transpercé d'une flèche. Connaissant son statut particulier, même parmi les siens, Emerald ne fut pas surprise de voir que le Baron Sanglant, le fantôme de Serpentard, couvert de tâches de sang argenté, restait seul dans un coin, ignoré par les autres spectres.

La demoiselle décida d'aller le voir, se disant qu'elle pourrait tenter de lui parler. Elle n'appréciait pas tant que ça les foules, alors autant essayer avec les solitaires du lot. La Serpentard laissa donc les Gryffondor en pleine discussion pour rejoindre le fantôme de sa Maison. Elle n'engagea pas la conversation directement, cependant, attendant patiemment.

- Vous êtes de ma Maison, finit-il par remarquer.

- En effet, monsieur, répondit-elle poliment.

- Comment se fait-il que vous soyez ici ? Accompagnée par des Gryffondor, qui plus est.

- Je suis ici pour apprendre.

Le fantôme sembla intrigué.

- Apprendre ? répéta-t-il.

- J'ai reçu une éducation stricte de la part de mon père, il a fait de moi une croque-mort avant même que je ne sache que j'étais une sorcière.

- Une Serpentard née moldue ?

- En effet, monsieur, mais est-ce si important ?

- Non, bien sûr que non, répondit immédiatement le Baron Sanglant. Je suis peut-être rattaché à la maison de Salazar Serpentard, mais je ne partage pas toutes ses idées.

Emerald afficha un fin sourire.

- Ravie de l'apprendre.

Le silence retomba entre les deux, alors qu'ils observaient le bal des fantômes. De l'autre côté du cachot, une longue table était recouverte de velours noir. La Serpentard vit le trio de Gryffondor s'en approcher avant qu'ils ne se retrouvent figés avec une grimace horrifiée. L'odeur qui flottait dans la pièce laissait suggérer que tous les plats présents sur la table n'étaient sans doute pas très sains à consommer.

- Apparemment ils n'ont pas pensé au fait que vous n'avez pas besoin de manger, et donc n'auriez probablement pas de nourriture ici, remarqua-t-elle.

- Vous y avez donc pensé ?

- J'ignore beaucoup de choses sur vous, mais c'est de la simple logique. Celui qui est mort n'a en général pas besoin de se nourrir.

- En effet. Tout comme nous n'avons pas besoin de sommeil ou de chaleur, acquiesça le Baron Sanglant.

La demoiselle prit le temps d'analyser les informations.

- Qu'en est-il du "repos éternel" ? demanda-t-elle finalement.

Le spectre eut un reniflement sarcastique.

- Nous autres, esprits qui sommes encore ici bas, avons fait un choix. Nous aurions pu effectivement aller de l'avant et gagner l'autre monde pour nous "reposer", mais il en a été autrement.

- Comment cela ?

- Dans certains cas, c'est l'absence de sépulture décente, ou bien la peur de l'inconnu qui empêche d'avancer. Pour d'autres, c'est l'orgueil, ou encore les regrets qui les retiennent dans le monde des vivants.

Emerald eut le bon sens de ne pas faire de commentaires. Si le fantôme était présent, cela signifiait qu'il avait lui aussi son propre bagage. Elle laissa le silence s'étirer, plongée dans une profonde réflexion. Plus que jamais elle comprenait l'importance de sa vocation.

Son attention fut détournée, cependant, quand l'orchestre cessa de jouer. Le son d'un cor de chasse venait de retentir.

- Ah, les voilà, dit Nick Quasi-Sans-Tête d'un ton amer.

Une douzaine de chevaux fantômes traversèrent soudain le mur du cachot, montés chacun par un cavalier sans tête. Les invités applaudirent à tout rompre. En voyant la tête de leur hôte et suivant l'exemple du Baron Sanglant, Emerald s'abstint de les imiter.

Les chevaux galopèrent jusqu'à la piste de danse, puis s'arrêtèrent au milieu en se cabrant avec élégance. En tête de la troupe, un fantôme de haute stature tenait sous le bras sa tête qui sonnait du cor. Il descendit de cheval, leva sa tête à bout de bras pour jeter un coup d'œil à la foule qui éclata de rire et s'avança vers Nick Quasi-Sans-Tête en enfonçant sa tête sur ses épaules.

- Nick ! rugit-il. Comment vas-tu ? Ta tête tient toujours ?

Il éclata d'un rire sonore et lui donna une grande tape sur l'épaule.

- Sois le bienvenu, Patrick, dit Nick d'un ton raide.

- Ma parole, mais il y a des vivants, ici ! s'exclama Sir Patrick en voyant les Gryffondor.

Il fit semblant de sursauter et sa tête tomba à nouveau, provoquant l'hilarité générale.

- Très drôle, dit Nick d'un air sombre.

- Ne t'inquiète pas, Nick, dit la tête de Sir Patrick qui avait roulé sur le sol. Alors, toujours furieux de n'avoir pas été admis au club ? Mais aussi, regarde-toi un peu...

- Moi, dit Potter, répondant à un coup d'œil appuyé de son hôte, je trouve que Nick est très... effrayant et, heu...

- Ha ! Ha ! s'écria la tête de Sir Patrick, je parie que c'est lui qui vous a demandé de dire ça, jeune homme !

- Si vous voulez bien m'accorder quelques instants d'attention, c'est l'heure de mon discours, dit Nick d'une voix forte.

Il monta sur le podium baigné d'une lueur bleuâtre et glacée, mais il eut à peine le temps de prononcer quelques mots : Sir Patrick et ses compagnons venaient de se lancer dans une partie de hockey en utilisant leur tête en guise de palet. Nick essaya d'attirer à nouveau l'attention de ses invités, mais la tête de Sir Patrick lui passa devant le nez sous les acclamations de la foule et il renonça.

Voyant les trois autres vivants sur le point de partir, Emerald s'avança vers Sir Patrick.

- Excusez-moi ?

- Ah ! Une autre vivante, quelle surprise ! s'exclama la tête de l'homme qu'il remit sur ses épaules.

- Loin de moi l'idée de vous manquer de respect, monsieur, mais vous avez été aimablement invité par Sir Nicholas. Pourtant vous vous permettez de l'injurier et d'accaparer l'attention de tous, alors qu'il vous a expressément dit qu'il avait un discours à faire.

Le regard de la demoiselle se fit plus sévère.

- Si vous ne comptez pas montrer de respect au Seigneur de cette fête, partez.

Les fantômes se mirent à pousser des exclamations outrées envers la jeune fille, avant que de lents applaudissements ne se fassent entendre. Le Baron Sanglant quitta son coin solitaire avec un sourire amusé.

- Bien dit, jeune fille. Mes chers camarades, prouvons que nous sommes civilisés dans la mort comme nous l'étions dans la vie. Nous vous écoutons, Nicholas.

Alors que les cavaliers sans tête se contentèrent de partir avec des airs absolument indignés, Nick revint sur son estrade avec un sourire reconnaissant envers les Serpentard. Emerald tourna la tête quand Potter lui tapota l'épaule.

- On s'en va, dit-il.

Il devait se faire tard, et le froid commençait vraiment à engourdir ses membres, alors la demoiselle hocha la tête et salua respectueusement le Baron Sanglant avant de suivre les Gryffondor. Elle voulait sortir des cachots le temps de se réchauffer un peu avant de rejoindre les dortoirs, faire un peu de marche l'y aiderait.

- Peut-être qu'il restera encore du gâteau, dit Weasley avec espoir en hâtant le pas vers l'escalier qui remontait au rez-de-chaussée.

- Je pense que le festin est bientôt terminé, répondit Emerald. Si vous voulez quoi que ce soit, il va falloir vous dépêcher.

- T'as pas faim, toi ? s'étonna le rouquin.

- J'ai pris des sandwichs au déjeuner et je les ai mangés en sortant de la bibliothèque, avant de descendre. Je me suis dit qu'étant morts, ils n'auraient rien pour nous, et apparemment, j'avais raison.

Elle s'arrêta d'un coup lorsque Potter s'immobilisa et tendit l'oreille, en scrutant la pénombre du couloir.

- Harry, qu'est-ce que… commença Granger.

- C'est encore cette voix. Taisez-vous...

La Serpentard tendit l'oreille, mais elle n'entendit pas un bruit.

- Écoutez ! insista le Survivant.

Mais il n'y avait toujours rien. La demoiselle leva une main pour la poser sur le front du jeune homme, mais il ne semblait pas avoir de fièvre et chassa sa main avec une certaine nervosité.

- Vous n'entendez vraiment rien ? demanda-t-il, le teint pâle.

- Navrée, Potter, répondit Emerald.

Il recommença à regarder nerveusement autour de lui, avant de se mettre à courir en direction des escaliers de marbre.

- Par ici ! s'écria-t-il.

Il monta l'escalier quatre à quatre et se précipita jusqu'au premier étage, suivi des trois autres.

- Harry, qu'est-ce que...

- CHUT !

Le Survivant tendit à nouveau l'oreille dans le silence qui régnait.

- Il va y avoir un meurtre ! s'exclama-t-il, visiblement terrifié.

Il monta les marches quatre à quatre jusqu'au deuxième, Les trois autres toujours sur ses talons, puis il parcourut tout l'étage au pas de course, ayant l'air de chercher désespérément d'où pouvait venir la voix qu'il entendait. Enfin, ils arrivèrent dans un couloir désert et soudain, Granger poussa un cri.

- Regardez !

Relevant enfin ses yeux du visage pâle et agité de Potter, Emerald vit que quelque chose brillait sur le mur, en face d'eux. Ils s'approchèrent lentement, scrutant la pénombre. Tracée en grosses lettres entre deux fenêtres, une inscription scintillait dans la lueur des torches qui éclairaient le passage :

"LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L'HÉRITIER, PRENEZ GARDE."

- Qu'est-ce que c'est que ça, là, en dessous ? dit Weasley d'une voix tremblante.

Lorsqu'ils s'approchèrent un peu plus, Potter faillit tomber en glissant dans une flaque d'eau, mais ses amis le rattrapèrent de justesse. Ils se penchèrent alors sur une forme noire qui se dessinait sous le message et tous trois firent aussitôt un bond en arrière, les pieds en plein dans la flaque.

Miss Teigne, la chatte du concierge, était pendue par la queue à une torchère. Elle était raide comme une planche, les yeux grands ouverts.

Emerald s'approcha alors que les autres restèrent figés de terreur.

- Filons d'ici, dit enfin Weasley.

- On devrait peut-être essayer de... suggéra maladroitement Potter.

- Fais-moi confiance, il ne faut surtout pas qu'on nous trouve ici, répliqua le rouquin.

- Encore une fois, j'en suis la première surprise, mais je suis d'accord avec Weasley, déclara Emerald.

Mais il était trop tard. Un grondement semblable à un lointain coup de tonnerre, leur indiqua que le festin venait de se terminer. De chaque extrémité du couloir leur parvenaient les conversations joyeuses des élèves repus et le bruit de centaines de pieds qui montaient les escaliers.

Rapidement, Emerald se glissa dans les toilettes des filles dont la flaque d'eau semblait provenir. Si elle voulait garder profil bas, il ne fallait pas qu'elle soit vue ici et dans ces circonstances. Par le demi-centimètre d'ouverture qu'elle laissa, elle put voir un instant plus tard, un flot d'élèves se déverser dans le couloir.

Les conversations et les bruits de pas s'évanouirent peu à peu lorsque les premiers arrivants aperçurent la chatte pendue au mur. Les trois Gryffondor étaient seuls au milieu du couloir dans le silence qui régnait à présent. Autour d'eux, la foule se pressait pour contempler le sinistre spectacle.

D'une voix forte, quelqu'un rompit alors le silence.

- Ennemis de l'héritier, prenez garde ! Bientôt, ce sera le tour des Sang-de-Bourbe !

C'était Drago Malefoy, qui s'était faufilé jusqu'au premier rang. Ses yeux froids flamboyaient et son visage habituellement pâle s'était empourpré. Avec un grand sourire, il regarda longuement la chatte immobile, pendue au mur.