Heya, nouveau chapitre les gens !

Désolée, pas trop de papote aujourd'hui, j'ai pas vraiment le moral

Merci à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice

Merci aussi à mathyssiab pour le fav

Je vous souhaite une bonne lecture


Le lendemain, Emerald se réveilla à l'aube, comme à son habitude. Une fois habillée, elle attendit calmement, écoutant la circulation du côté moldu de la rue, bien qu'il soit invisible. Quand Hermione et Ginny ouvrirent les yeux à leur tour, elle leur laissa le temps de se préparer, et toutes les trois descendirent prendre le petit déjeuner.

Les parents Weasley s'y trouvaient déjà, Mr Weasley absorbé par l'exemplaire du jour de La Gazette du Sorcier et Mrs Weasley en train de se tartiner un toast.

Les jeunes demoiselles vinrent s'installer et Emerald se servit un peu de thé alors que la matriarche commençait à faire la conversation aux deux autres. Elle resta distraite, repensant à la conversation du couple qu'elle et Harry avaient surpris la veille.

- Et vous savez, j'ai déjà fabriqué un filtre d'amour quand j'étais jeune !

Emerald manqua de recracher le thé qui s'était infiltré dans sa gorge contre son gré et fut prise d'une quinte de toux qui attira l'attention des filles.

- Tout va bien ma chérie ? demanda Mrs Weasley avec inquiétude.

La jeune adolescente prit une serviette pour essuyer sa bouche, puis la table qu'elle avait un peu éclaboussé.

- Je crois que je ne m'habituerai jamais au fait que les philtre d'amour soient autorisés par la loi sorcière… dit-elle avec un léger froncement de sourcil.

- Bien sûr qu'ils sont autorisés, mais où est le problème ? s'étonna la matriarche.

Emerald prit le temps de réfléchir à sa formulation, remarquant au passage que Harry et le reste de la famille Weasley venait d'arriver.

- Je vais donner un exemple, se lança-t-elle. Imaginons qu'un homme décide qu'il a envie d'une jeune fille. Elle ne le connaît pas, ne lui a jamais parlé, ne l'a probablement jamais remarqué. Un jour, elle boit un thé avec des amis, et en passant sans se faire remarquer, cet homme glisse un peu de son philtre d'amour dans la tasse de celle qu'il convoite. Elle en tomberait donc folle amoureuse, au point qu'elle serait prête à lui céder toutes ses envies. De là, cet homme, quelles que soient ses intentions, aurait le loisir de lui faire tout ce qu'il veut. Et tant qu'il continue à lui faire boire cette potion, elle ne pourra jamais s'en défaire. Condamnée à être son esclave.

Un silence pesant tomba sur la table, Mrs Weasley ayant viré au vert en regardant sa fille.

- Navrée, je ne pensais pas vous choquer à ce point… s'excusa Emerald par pure politesse.

- Non, tu… Tu as raison, réfuta la matriarche. Je comprends mieux ton point de vue. Dans le monde sorcier, faire un philtre d'amour est tellement banalisé que je n'avais pas réalisé… La façon dont on pouvait l'utiliser.

Sachant qu'elle venait de ruiner l'ambiance pour probablement tout le reste du repas, Emerald se concentra sur son petit déjeuner, ne remarquant pas que les jumeaux échangèrent un regard et un discret hochement de tête.


Leurs valises étaient entassées devant la porte du Chaudron Baveur, avec les cages d'Hedwige, de Hel et d'Hermès (le hibou de Percy) posées dessus. À côté de la montagne de bagages, il y avait un petit panier d'osier d'où s'échappaient des crachements furieux.

- Du calme, Pattenrond, susurra Hermione penchée sur le panier, je te laisserai sortir quand on sera dans le train.

- Certainement pas, trancha Ron. Tu oublies ce pauvre Croûtard !

Il montra sa poche dont le renflement indiquait la présence du rat. Misère, ce pauvre chat allait être la source de bien des problèmes…

Mr Weasley, qui était resté dehors pour guetter l'arrivée des voitures, passa la tête à l'intérieur.

- Elles sont là, dit-il. Viens, Harry.

Mr Weasley accompagna Harry sur le trottoir jusqu'à la première des deux voitures vert foncé à la carrosserie un peu démodée, conduites par des sorciers à l'air furtif et vêtus d'un uniforme couleur émeraude.

- Entre, dit Mr Weasley en jetant des regards des deux côtés de la rue bondée.

Harry s'assit à l'arrière de la voiture où il fut bientôt rejoint par Hermione et Ron. Emerald négocia avec Percy pour avoir le droit de prendre la dernière place, et le préfet-en-chef finit par accepter pour le plus grand plaisir de son petit frère.

Le trajet jusqu'à la gare de King's Cross se déroula paisiblement. Les voitures du ministère de la Magie semblaient presque ordinaires, bien qu'elles fussent capables de se glisser dans des espaces où madame Duke aurait été bien en peine de s'aventurer. Ils arrivèrent à la gare avec vingt minutes d'avance. Les chauffeurs du ministère leur trouvèrent des chariots à bagages sur lesquels ils disposèrent leurs valises, puis ils soulevèrent leur casquette pour saluer Mr Weasley et s'en allèrent en s'arrangeant pour se retrouver les premiers au feu rouge, malgré l'intensité de la circulation.

À l'intérieur de la gare, Mr Weasley ne lâcha pas Harry d'une semelle.

- Comme nous sommes très nombreux, on va passer deux par deux, dit-il en surveillant les alentours. Je vais franchir la barrière le premier avec Harry.

Mr Weasley s'avança vers la barrière magique, entre les quais 9 et 10, en poussant devant lui le chariot à bagages de Harry. Avec un regard entendu, il s'appuya négligemment contre la barrière. Harry l'imita.

Un instant plus tard, ils étaient passés à travers l'obstacle et avaient disparu de leur vue. Emerald et Hermione furent les suivantes, et une fois passées à travers le mur à leur tour, se retrouvèrent sur le quai 9 3/4. La locomotive à vapeur d'une couleur rouge vif soufflait des panaches de fumée qui flottaient au-dessus du quai encombré de sorcières et de sorciers venus installer leurs enfants dans le Poudlard Express.

Percy et Ginny, tout essoufflés, surgirent soudain derrière elles. Apparemment, ils avaient couru pour franchir la barrière.

- Ah, voilà Pénélope ! dit Percy en lissant ses cheveux, les joues légèrement rosés.

Ginny croisa le regard de Harry et tous deux se détournèrent pour cacher leur fou rire en voyant Percy s'avancer d'un pas conquérant vers la jeune fille aux longs cheveux bouclés. Il bombait la poitrine pour qu'elle ne puisse ignorer son insigne étincelant.

Lorsque le reste de la famille Weasley les eurent rejoints, Harry et Mr Weasley ouvrirent la marche jusqu'au bout du convoi où ils trouvèrent enfin un wagon qui paraissait vide. Ils chargèrent les valises à l'intérieur, ainsi que Hedwige et Pattenrond, puis redescendirent pour dire au revoir à Mr et Mrs Weasley.

Mrs Weasley embrassa ses enfants, puis Hermione et Emerald, et enfin Harry qu'elle serra contre elle.

- Fais bien attention à toi. lui dit-elle, les yeux étrangement brillants.

Elle ouvrit alors son énorme sac à main et ajouta:

- Je vous ai préparé des sandwiches. Tiens, pour toi, Ron. Ne t'inquiète pas. je n'ai pas mis de corned beef... Fred, où es-tu ? Ah, te voilà… Et pour toi Emerald, je t'ai fait des sandwichs sans viande.

- Harry, viens voir, j'ai à te parler, dit Mr Weasley à mi-voix.

Tous les deux s'éloignèrent et Emerald se contenta de les regarder de loin, comme elle savait déjà de quoi il s'agissait. La jeune fille fit ses au-revoirs à la matriarche et monta dans le train pour surveiller les valises.

- Arthur, vite ! s'exclama Mrs Weasley.

La locomotive lâcha un jet de vapeur et le train s'ébranla. Harry courut jusqu'à la portière du wagon que Ron avait gardée ouverte et sauta à l'intérieur. Ils se penchèrent alors à la fenêtre en faisant de grands signes de la main à Mr et Mrs Weasley jusqu'à ce que le train prenne un virage qui les déroba à leur vue.

- Il faut que je vous parle en tête à tête, murmura Harry à Ron, Hermione et Emerald.

- Va-t'en, Ginny, dit Ron.

- Merci, c'est gentil, répondit Ginny d'un air offensé avant de s'éloigner d'un pas raide et digne.

Le quatuor avança dans le couloir à la recherche d'un compartiment vide, mais ils étaient tous pleins, sauf le dernier, tout au bout du wagon.

Celui-ci n'avait qu'un seul occupant, un homme profondément endormi, assis près de la fenêtre. Les jeunes s'immobilisèrent à l'entrée du compartiment. D'habitude, le Poudlard Express était réservé aux élèves et ils n'avaient encore jamais vu d'adultes parmi les passagers.

L'homme portait une robe de sorcier miteuse, rapiécée en plusieurs endroits. Il semblait malade et épuisé. Bien qu'il fût encore jeune, ses cheveux châtains étaient parsemés de mèches blanches. Emerald s'approcha discrètement de l'homme endormi, intriguée par les cicatrices de griffure qu'il avait au visage.

- C'est qui, à votre avis ? murmura Ron, tandis qu'ils s'asseyaient à l'autre bout du compartiment après avoir refermé la porte coulissante.

- Le professeur R. J. Lupin, chuchota aussitôt Hermione.

- Comment tu le sais ?

- C'est écrit sur sa valise...

Elle montra le filet à bagages dans lequel était rangée une vieille valise cabossée, entourée d'une longue ficelle soigneusement nouée. Sur un des coins de la valise était écrit « Professeur R. J. Lupin » avec des lettres qui commençaient à s'écailler.

- Je me demande ce qu'il enseigne, dit Ron, les sourcils froncés, en observant le visage livide du professeur Lupin.

- Ça me paraît évident, murmura Hermione. Le seul poste vacant, c'est la Défense contre les forces du Mal.

Tous les quatre avaient déjà eu deux professeurs dans cette matière et chacun d'eux n'était resté qu'une seule année. D'après la rumeur, c'était un poste maudit. Emerald retourna tirer sa lourde valise pour la caler à ses pieds sous la banquette. Aucun d'eux n'auraient jamais la force de la soulever assez haut avec ce poids, donc elle oubliait le filet à bagage. Cependant, elle put y percher la cage vide de Hel qui devait sans doute déjà l'attendre à Poudlard.

- J'espère au moins qu'il sera à la hauteur, dit Ron sans grande conviction. On a l'impression qu'il suffirait de lui jeter un sort pour qu'il rende le dernier soupir. Alors, qu'est-ce que tu voulais nous dire ? ajouta-t-il en se tournant vers Harry.

Le jeune homme leur résuma la discussion qu'il avait surprise entre Mr et Mrs Weasley et l'avertissement que Mr Weasley venait de lui donner. Lorsqu'il eut terminé, Ron paraissait abasourdi et Hermione avait les mains plaquées contre sa bouche en signe d'effarement. Emerald resta parfaitement calme et s'était même permis de sortir de sa malle son livre des créatures fantastiques imaginaires.

- Sirius Black s'est évadé pour te tuer ? dit enfin Hermione. Harry, cette fois, il faut vraiment que tu sois prudent. Ne cherche pas les ennuis...

- Je ne cherche aucun ennui, répliqua Harry, agacé. Généralement, ce sont les ennuis qui me trouvent.

- Il faudrait vraiment qu'il soit idiot pour aller chercher un cinglé qui veut le tuer, dit Ron d'une voix tremblante.

Harry sembla surpris de leur réaction: Black semblait leur faire beaucoup plus peur qu'à lui.

- Personne ne sait comment il s'y est pris pour s'évader d'Azkaban, reprit Ron, mal à l'aise. Personne n'avait réussi à le faire jusqu'à maintenant. En plus, il était dans un quartier de haute sécurité.

Emerald se figea un instant aux mots du rouquin, mais se reprit très vite et fit mine d'être plongée dans l'étude des Nargoles.

- Ils vont bien finir par l'attraper, non ? dit Hermione d'un ton grave. Les Moldus aussi le recherchent.

- Qu'est-ce que c'est que ce bruit ? dit soudain Ron.

On entendait en effet une sorte de sifflement métallique. Ils regardèrent autour d'eux.

- Ça vient de votre valise, Harry, dit Emerald en levant les yeux de son livre.

Le jeune homme se leva rapidement pour fouiller dans ses bagages. Un instant plus tard, il en sortit une sorte de petite toupie en verre. L'objet tournait à toute vitesse dans sa paume en émettant une lumière brillante.

- C'est vraiment un Scrutoscope ? demanda Hermione d'un air intéressé en s'approchant pour mieux voir.

- Plaît-il ? demanda la Serpentard.

- C'est un gadget sorcier qui détecte les personnes avec de mauvaises intentions, les intrus, expliqua Ron. Celui-là est plutôt bon marché, il s'est mis à tourner sans raison quand je l'ai attaché à la patte d'Errol pour l'envoyer à Harry.

- Est-ce que tu avais de mauvaises intentions au moment où ça s'est passé ? demanda Hermione.

- Non ! Enfin... normalement, je n'avais pas le droit d'utiliser Errol... Il ne supporte plus les longs voyages... Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre pour envoyer son cadeau à Harry ?

- Remettez-le dans la valise, conseilla Emerald, alors que le Scrutoscope sifflait de plus en plus fort. Sinon, il finira par réveiller notre professeur.

Il remit l'objet dans la valise, entre deux chaussettes qui étouffèrent le son.

- On le fera examiner quand on ira à Pré-au-lard, suggéra Ron en se rasseyant. Fred et George m'ont dit qu'ils vendent ce genre de trucs chez Derviche et Bang, le magasin d'objets magiques.

- Qu'est-ce que tu sais sur Pré-au-lard ? demanda Hermione avec avidité. J'ai lu que c'est le seul village d'Angleterre où il n'y a pas un seul Moldu...

- Oui, je crois que c'est vrai, répondit Ron d'un ton dégagé, mais ce n'est pas pour ça que je veux y aller. Moi, ce qui m'intéresse, c'est d'aller faire un tour chez Honeydukes !

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Hermione.

- Une confiserie, répondit Ron avec un regard rêveur. Il paraît qu'ils ont absolument tout... Des Gnomes au poivre, qui te font souffler de la fumée quand tu les manges, et d'énormes Chocoballes pleines de mousse à la fraise et aussi des plumes en sucre qu'on peut sucer en classe en faisant semblant de réfléchir...

Alors que les deux Gryffondor continuaient leur échange effréné, Emerald jeta un œil en direction de Harry, lequel faisait une tête d'enterrement. Il était vrai que le jeune homme n'avait pas pu obtenir de signature pour son autorisation de sortie, il était coincé au château. Du moins, officiellement.

- Mais Pré-au-lard est un endroit passionnant, non ? insista Hermione. Dans Les Sites historiques de la sorcellerie, on dit que l'auberge du village a servi de quartier général à l'époque de la révolte des Gobelins en 1612 et la « Cabane hurlante » est une des plus impressionnantes maisons hantées du pays.

- Il y a aussi de grosses boules de sorbet qui permettent de s'élever à quelques centimètres au-dessus du sol quand on les lèche, poursuivit Ron qui n'avait pas écouté un mot de ce qu'avait dit Hermione.

Celle-ci se tourna vers Harry.

- Ça va être bien de sortir un peu de l'école pour visiter Pré-au-lard.

- Sûrement, soupira le Survivant. Vous me raconterez quand vous en reviendrez.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? s'étonna Ron.

- Moi, je ne pourrai pas y aller. Les Dursley n'ont pas signé mon autorisation et Fudge a également refusé de le faire.

Ron sembla horrifié.

- Tu n'auras pas le droit de sortir ? C'est impossible... McGonagall ou quelqu'un te donnera bien la permission...

Harry eut un rire amer. Le professeur McGonagall, la directrice de la maison de Gryffondor, était particulièrement stricte. Emerald en doutait fortement, elle aussi. Le désir le plus profond de la vice-directrice de Poudlard était la sécurité des élèves, jamais elle n'accepterait d'enfreindre le règlement pour une simple sortie.

- Ou alors, on demandera à Fred et George, ils connaissent tous les passages secrets qui permettent de sortir du château… continua le rouquin.

- Ron ! s'indigna Hermione. Je ne crois pas qu'il serait très prudent pour Harry de sortir clandestinement du château avec Black à ses trousses.

- C'est sûrement ce que me répondra McGonagall quand je lui demanderai la permission, marmonna sombrement Harry.

- Mais si on est avec lui, dit Ron à Hermione d'un ton enjoué, Black n'osera jamais...

- Ne raconte pas de bêtises, répliqua sèchement Hermione. Black a déjà assassiné tout un tas de gens au milieu d'une rue pleine de monde, alors il ne se gênera sûrement pas pour attaquer Harry simplement parce que nous serons là.

Tout en parlant, elle tripotait la fermeture du panier dans lequel elle avait transporté Pattenrond.

- Ne laisse pas sortir ce truc-là ! protesta Ron.

Mais il était trop tard. Le chat se glissa hors du panier, s'étira, bâilla et sauta sur les genoux de Ronald. La poche de Ron se mit à trembler et il repoussa Pattenrond d'un geste furieux.

- Fiche le camp !

- Ron ! Arrête ! s'exclama Hermione avec colère.

Le rouquin s'apprêtait à lui répondre lorsqu'ils entendirent le professeur Lupin bouger. Tous les quatre l'observèrent avec inquiétude, mais il se contenta de tourner la tête, la bouche légèrement entrouverte, sans se réveiller.

Emerald fut un peu étonnée, mais accepta sans broncher lorsque le chat de la brunette vint s'installer sur ses jambes en ronronnant.

Le Poudlard Express poursuivait son chemin vers le nord et le paysage, au-dehors, devenait plus sauvage, plus sombre aussi à cause des nuages qui s'amoncelaient. D'autres élèves passaient et repassaient devant leur compartiment au gré de leurs déambulations dans le couloir. Pattenrond était toujours sur les jambes d'Emerald, son museau écrasé tourné vers Ron, ses yeux jaunes fixés sur la poche où se trouvait Croûtard.

La demoiselle le regardait régulièrement avec un mélange de curiosité et de confusion. Ce chat faisait une hyperfixation sur le rongeur et ça lui semblait anormal.

À une heure, une petite sorcière replète apparut, poussant un chariot rempli de boissons et de nourriture.

Emerald regarda ce qui se présentait sur le chariot. Pour une fois qu'elle avait de l'argent, elle avait envie d'essayer un peu de ces friandises. Après quelques secondes de réflexion, elle prit quelques Ballongommes du Bullard, des Chocogrenouilles, des Fondants du Chaudron et des Patacitrouilles. Il y a avait aussi des Dragées surprises de Bertie Crochu, mais elle connaissait le piège avec ces bonbons là. Le professeur Dumbledore lui en avait fait une belle démonstration à la fin de sa première année.

- Vous ne croyez pas qu'on devrait le réveiller ? suggéra Ron en montrant le professeur Lupin d'un signe de tête. Ça lui ferait peut-être du bien de manger quelque chose.

Hermione s'approcha de lui avec précaution.

- Heu... Professeur ? dit-elle. Excusez-moi, professeur ?

Il ne bougea pas.

- Ne t'en fais pas, ma chérie, dit la sorcière qui tendait à Harry un gros paquet de gâteaux. S'il a faim quand il se réveillera, je serai en tête du train, avec le machiniste.

- J'imagine qu'il est simplement endormi, dit Ron à voix basse lorsque la sorcière eut refermé la porte du compartiment. J'espère qu'il n'est pas mort ?

- S'il était mort, je serais la première à le savoir, Ronald, fit Emerald en examinant une Patacitrouille avec curiosité.

Sa compagnie n'était peut-être pas passionnante, mais la présence du professeur Lupin dans leur compartiment avait ses avantages. Vers le milieu de l'après-midi, alors que la pluie commençait à tomber, brouillant le paysage de collines que le train traversait, ils entendirent à nouveau des bruits de pas dans le couloir et trois personnages qu'ils appréciaient peu se montrèrent à la porte: Drago Malefoy, encadré de ses deux inséparables gorilles, Vincent Crabbe et Gregory Goyle.

Drago Malefoy et Harry se détestaient cordialement depuis la première année. Malefoy, le visage en pointe et l'air méprisant, appartenait à la maison de Serpentard, tout comme Emerald. Il jouait comme Attrapeur dans l'équipe de Quidditch des Serpentard, le même poste qu'occupait Harry dans l'équipe des Gryffondor. Crabbe et Goyle ne semblaient avoir d'autre utilité dans la vie que d'obéir à Malefoy. Tous deux étaient massifs et musclés. Crabbe, le plus grand des deux, avait une coupe au bol et un cou très épais. Goyle portait les cheveux raides et courts et ses longs bras lui donnaient une silhouette de gorille.

- Tiens, regardez qui voilà, lança Malefoy de son habituelle voix traînante en ouvrant la porte du compartiment. Potter et son poteau.

Crabbe et Goyle s'esclaffèrent avec un rire de troll.

- Alors, Weasley, j'ai entendu dire que ton père avait enfin réussi à se procurer un peu d'or, cet été, dit Malefoy. J'espère que ta mère n'est pas morte sous le choc ?

Ron se leva si brusquement qu'il fit tomber par terre le panier de Pattenrond. Le professeur Lupin émit un grognement.

- Qui c'est ? demanda Malefoy en reculant machinalement d'un pas à la vue du professeur.

- Un nouveau prof, dit Harry qui s'était levé à son tour au cas où il aurait fallu retenir Ron. Qu'est-ce que tu disais, Malefoy ?

Drago Malefoy plissa ses yeux pâles. Il n'était pas suffisamment idiot pour provoquer une bagarre sous le nez d'un professeur.

- Venez, marmonna-t-il à Crabbe et à Goyle d'un ton hargneux.

Et tous trois s'éloignèrent dans le couloir. Harry et Ron se rassirent.

- Cette année, je suis décidé à ne pas me laisser faire par Malefoy, dit Ron avec colère. Et je ne plaisante pas. Si jamais il fait encore une remarque sur ma famille, je lui casse la tête...

Ron fit mine de donner un violent coup de poing.

- Ron ! chuchota Hermione en montrant le professeur Lupin. Fais attention…

- Hermione a raison, commenta Emerald qui était retournée à sa lecture. Si vous voulez vous venger de Malefoy, faites-le de façon à ce que personne ne sache que ça vient de vous.

Harry fut secoué d'un léger rire. Il devait sans doute se rappeler le jour où Emerald avait glissé du laxatif dans le verre de Malefoy.


La pluie s'était intensifiée, recouvrant les fenêtres d'une surface grise et luisante qui s'obscurcissait peu à peu à mesure que la nuit tombait, tandis que des lanternes s'allumaient dans le couloir et au-dessus des filets à bagages. Le train grinçait dans un bruit de ferraille, la pluie martelait les fenêtres, le vent sifflait, mais le professeur Lupin continuait de dormir.

- On doit être presque arrivés, dit Ron en se penchant vers la fenêtre pour essayer de voir quelque chose à travers la vitre devenue complètement noire.

À peine avait-il fini de parler que le train commença à ralentir.

- Parfait, dit Ron qui se leva pour jeter un coup d'œil dehors en contournant soigneusement le professeur Lupin. Je meurs de faim. Vivement le festin !

- Ça m'étonnerait qu'on y soit déjà, dit Hermione en regardant sa montre.

- Alors, pourquoi on s'arrête ?

Le train continuait de ralentir. À mesure que le bruit des pistons s'estompait, on entendait plus distinctement la pluie et le vent se déchaîner contre les vitres.

Harry, qui était le plus près de la porte, se leva pour aller regarder dans le couloir. Le train s'arrêta brusquement et des chocs lointains indiquèrent que des bagages étaient tombés de leurs filets. Puis toutes les lampes s'éteignirent d'un coup et le convoi fut plongé dans une totale obscurité.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda la voix de Ron.

- Ouille ! s'exclama Hermione. Ron, tu m'as marché sur le pied.

Harry retourna s'asseoir à tâtons. Emerald ne dit rien, mais sortit sa baguette de sa poche. Quoi qu'il se passait avec le train, ce n'était pas normal.

- Tu crois que le train est en panne ?

- Je n'en sais rien...

Il y eut une sorte de couinement et elle distingua la silhouette sombre de Ron qui essuyait la fenêtre du plat de la main pour essayer de voir au-dehors.

- Il y a du mouvement, commenta Ron. On dirait que des gens montent dans le train.

La porte du compartiment s'ouvrit soudain et quelqu'un tomba lourdement sur les genoux de Harry.

- Désolé. Vous savez ce qui se passe ? Ouille ! Pardon… fit la voix reconnaissable de Neville Londubat.

- Salut, Neville, dit Harry en le soulevant par un pan de sa cape.

- Harry ? C'est toi ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Aucune idée ! Assieds-toi...

Il y eut alors un sifflement enragé et un gémissement de douleur alors que le jeune homme tentait de s'asseoir sur Emerald et Pattenrond.

- Faites un peu attention ! protesta la demoiselle en caressant le chat pour le calmer.

- Je vais aller voir le machiniste pour lui demander ce qui arrive, dit la voix d'Hermione.

Emerald sentit qu'elle passait devant elle, puis entendit le bruit de la porte suivi de deux cris de douleur.

- Lumos, souffla la Serpentard.

L'extrémité de sa baguette s'illumina, éclairant suffisamment le compartiment pour que les jeunes gens puissent voir ce qu'il se passait. Et il s'avérait qu'Hermione était accidentellement rentrée dans Ginevra.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda la brunette à la rouquine.

- Je cherchais Ron.

- Entre et assieds-toi.

La plus jeune Gryffondor se glissa entre Emerald et Harry pour aller s'asseoir à côté de Neville.

- Ne faites pas un bruit, dit soudain une voix rauque.

Le professeur Lupin semblait enfin s'être réveillé. Tout le monde se tut pour le regarder à la lueur de la baguette d'Emerald qui illuminait son visage gris et fatigué. Il avait les yeux vifs, cependant, et un regard en alerte.

- Restez où vous êtes, dit-il de sa voix rauque.

Il se leva lentement, mais la porte du compartiment s'ouvrit avant que le professeur ait eu le temps de l'atteindre.

Debout dans l'encadrement, éclairée par le sort de lumière, se dressait une haute silhouette enveloppée d'une cape, le visage entièrement dissimulé par une cagoule. Le nouveau venu était si grand qu'il touchait presque le plafond. Emerald resta figée, regardant le nouvel arrivant de bas en haut en sentant son cœur s'accélérer. Elle baissa les yeux et ce qu'elle vit lui fit comprendre que la chose n'était probablement pas humaine. Une main dépassait de la cape, une main luisante, grisâtre, visqueuse et couverte de croûtes, comme si elle s'était putréfiée dans l'eau...

Elle ne fut visible que pendant une fraction de seconde, cependant. Comme si la créature avait senti les regards, la main disparut dans les plis de l'étoffe noire.

Alors, l'être dissimulé sous la cagoule prit une longue et lente inspiration qui produisit une sorte de râle. On aurait dit qu'il essayait d'aspirer autre chose que de l'air.

Un froid intense envahit le compartiment. Emerald eut l'impression que l'air dans ses poumons venait de geler. Le froid lui traversait la peau et se répandait dans tout son corps. Un crépitement semblable à une chute d'eau retentit dans ses oreilles. Elle avait l'impression qu'on la tirait par les pieds à mesure que le grondement de l'eau s'intensifiait...

Alors, venus de très loin, elle entendit un bris de verre, suivit de terribles hurlements, des cris terrifiés et implorants. La voix lui était familière. Trop familière. Elle voulait s'enfuir en courant de toutes les fibres de son corps, mais elle était paralysée... Elle ferma lentement les yeux alors qu'elle avait l'impression d'être recouverte par un brouillard.