Heya ! Nouveau chapitre !

J'ai passé un mois un peu chaotique, mais j'ai quand même pensé à vous !

Merci énormément à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice et à ma grande sœur pour son assiduité à lire les chapitres :)

Merci également à Yemesera et magali-journet pour le follow ! Bienvenue dans la bande !

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !


Emerald inspira un grand coup en ouvrant les yeux dans un sursaut. Au-dessus d'elle était penché le visage flou du professeur Lupin.

- Emerald, vous m'entendez ? demanda-t-il avec douceur.

- Je… Je vous entends… répondit-elle d'une voix rauque.

Alors qu'elle reprenait peu à peu ses esprits, elle réalisa qu'elle était allongée par terre, que les lumières étaient revenues et que le train s'était remis en route. Le professeur Lupin l'aida doucement à se redresser, et quand la demoiselle se passa la main sur le visage, elle lui revint humide.

- Vous avez pleuré pendant que vous étiez inconsciente, l'informa le professeur.

La jeune adolescente sentit ses joues s'empourprer honteusement et essuya les dernières traces de larmes avec sa manche.

- Comment vous vous sentez ? lui demanda Lupin.

- Misérable, répondit-elle franchement dans un souffle.

Emerald regarda les autres élèves présents dans le compartiment.

- Je… Personne d'autre n'a perdu connaissance ? demanda-t-elle.

- Si, moi… fit Harry qui semblait tout aussi peu fier.

Avec un sourire compatissant, le professeur Lupin l'aida à se relever pour retourner s'asseoir sur la banquette d'où elle avait glissé. Elle sentit un frisson lui parcourir le dos, couverte de sueur froide. Le Survivant leva les yeux vers la porte et elle l'imita avec une certaine angoisse. La créature à l'origine de son malaise avait disparu.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Harry. Où est cette... cette chose ? Qui a crié ?

- Personne n'a crié, dit Ron, de plus en plus inquiet.

- Si… Quelqu'un a crié, je l'ai entendu aussi… fit Emerald en resserrant ses bras autour d'elle, frissonnant toujours.

Les regards des adolescents se mirent à osciller entre le Survivant et la Serpentard. Neville et Ginny semblaient tous deux très pâles, eux aussi. Un craquement soudain les fit sursauter. Le professeur Lupin était en train de casser en plusieurs morceaux une énorme tablette de chocolat.

- Tenez, dit-il en distribuant les morceaux aux élèves. Mangez ça, vous vous sentirez mieux.

Emerald prit le chocolat, mais ne le mangea pas, l'estomac et la gorge noués.

- Qu'est-ce que c'était que cette chose ? demanda-t-elle au professeur.

- Un Détraqueur, répondit Lupin qui distribuait son chocolat aux autres. C'était l'un des gardiens d'Azkaban.

Tout le monde le regarda. Le professeur Lupin froissa le papier qui enveloppait le chocolat et le mit dans sa poche.

- Mangez, répéta-t-il. Ça vous fera du bien. Excusez-moi, il faut que j'aille dire quelque chose au machiniste...

Il passa entre Harry et Emerald et disparut dans le couloir.

- Vous êtes sûrs que ça va, vous deux ? demanda Hermione en les regardant d'un air angoissé.

- Je ne comprends toujours pas... Qu'est-ce qui s'est passé ? répondit Harry en essuyant la sueur sur son front.

- Cette... cette chose... le Détraqueur... est resté là et a regardé partout, enfin j'imagine qu'il regardait puisqu'on ne voyait pas du tout son visage, et toi... vous, tu... J'ai cru que vous aviez une attaque, ou je ne sais quoi, dit Ron qui avait l'air effrayé. Tu es devenu tout raide et puis tu as glissé par terre et tu as commencé à avoir des spasmes… La même chose est arrivée à Emerald au même moment.

- À ce moment-là, le professeur Lupin vous a enjambé, il s'est avancé vers le Détraqueur et il a sorti sa baguette magique, poursuivit Hermione. Et puis, il lui a dit: « Personne dans ce compartiment ne cache Sirius Black sous sa cape. Allez-vous-en. » Mais le Détraqueur n'a pas bougé, alors Lupin a marmonné quelque chose, un truc argenté est sorti de sa baguette et le Détraqueur a fait volte-face et il est parti comme s'il glissait sur des patins...

- C'était horrible, dit Neville d'une voix plus aiguë qu'à l'ordinaire. Tu as senti ce froid quand il est entré ?

- J'ai eu une sensation bizarre, dit Ron en remuant les épaules, visiblement mal à l'aise. Comme si j'allais perdre à tout jamais l'envie de rire...

Recroquevillée dans son coin, Ginny, qui semblait aussi affectée que Harry et Emerald, laissa échapper un sanglot. Hermione s'approcha d'elle et la prit par l'épaule pour la réconforter.

- Mais personne à part Harry et moi n'avons perdu connaissance… remarqua sombrement Emerald.

- Non, dit Ron en les regardant à nouveau d'un air anxieux. Mais Ginny s'est mise à trembler comme une feuille...

Elle détestait ça. La jeune fille se sentait malade, continuant de frissonner à cause du froid qu'elle continuait de ressentir, comme si elle avait attrapé une mauvaise grippe. Et aussi, elle était mortifiée. Non seulement elle s'était évanouie, mais elle avait pleuré devant les autres.

Le professeur Lupin revint dans le compartiment. Il s'arrêta un instant devant la porte, regarda autour de lui, puis dit avec un faible sourire:

- Rassurez-vous, je n'ai pas empoisonné le chocolat.

Avec un soupir déconfit, la jeune fille regarda le morceau de chocolat qui avait commencé à fondre dans sa main, et finit par croquer dedans sous le regard insistant du professeur. Contre toute attente, la sensation de froid commença à s'estomper et à la place, elle sentit une chaleur agréable se répandre dans son corps.

- Nous arriverons à Poudlard dans dix minutes, annonça le professeur Lupin. Ça va, Harry ? Emerald ?

La demoiselle hocha doucement la tête tandis que le Survivant murmurait une affirmation, gênés tous les deux. Jusque là, Emerald ignorait que même la honte pouvait être partagée entre amis.

Ils ne parlèrent pas beaucoup pendant la fin du voyage. Au bout d'un long moment, le train s'arrêta enfin à la gare de Pré-au-lard et les élèves se précipitèrent sur le quai dans une grande cohue. Les hiboux hululaient, les chats miaulaient et le crapaud que Neville avait caché sous son chapeau lançait des coassements sonores. Sur le quai, il faisait un froid glacial et un rideau de pluie fine et froide tombait sans relâche.

- Les première année, par ici, lança une voix familière.

Le quatuor se retourna vers la gigantesque silhouette de Rubeus Hagrid qui se tenait à l'autre bout du quai et faisait signe aux nouveaux élèves apeurés de le suivre pour la traditionnelle traversée du lac.

- Ça va, tous les quatre ? cria Hagrid de loin.

Ils lui firent de grands signes de la main, mais la foule était trop compacte pour qu'ils puissent s'approcher de lui. Le petit groupe suivit les autres élèves sur un chemin boueux où une centaine de diligences les attendaient. Tirant les diligences, il y avait de grands et majestueux chevaux squelettiques qu'Emerald avait remarqués l'année précédente. Des Sombrals. Hagrid et elle en avaient beaucoup discuté. Elle aurait volontiers fait un geste pour celui qui tirait la diligence dans laquelle elle s'apprêtait à monter, mais elle savait qu'il valait mieux qu'elle fasse semblant de ne pas les voir.

Harry fut le dernier à monter. Il referma la portière, et la diligence se mit aussitôt en marche, cahotant le long du chemin en une longue procession. Une vague odeur de paille et de moisi flottait à l'intérieur. Emerald se sentait mieux depuis qu'elle avait mangé le chocolat, mais se sentait toujours faible. Ron et Hermione ne cessaient de leur lancer des regards de côté à elle et Harry, comme s'ils avaient peur qu'ils ne s'évanouissent à nouveau.

Lorsque la diligence s'approcha en bringuebalant du magnifique portail en fer forgé, flanqué de colonnes de pierre surmontées de sangliers ailés, la demoiselle se figea en voyant les hautes silhouettes, masquées par des cagoules, de deux autres Détraqueurs qui montaient la garde de chaque côté. Une vague glacée et nauséeuse l'engloutit à nouveau et elle se pencha par la fenêtre de la diligence pour régurgiter le contenu de son estomac. Hermione vint à sa rescousse en lui retirant les cheveux hors du visage, et l'aida à se rasseoir dès que ses haut-de-coeurs s'arrêtèrent.

- Est-ce que ça va ? lui demanda-t-elle avec inquiétude.

- Je me dis juste que ça pourrait être pire… marmonna la Serpentard.

La diligence prit ensuite de la vitesse le long de l'allée en pente douce qui menait au château. D'un œil vitreux, appuyée contre la fenêtre de la portière, Emerald contemplait les innombrables tours et tourelles qui se rapprochaient. Enfin, la diligence s'arrêta en oscillant sur ses roues et Hermione descendit, suivie de Ron et de Harry qui lui tendit une main.

- C'est gentil, mais je devrais pouvoir descendre seule, refusa-t-elle.

Le Survivant attendit néanmoins à côté du marche-pied. Quand elle fut enfin sortie, une voix traînante et enjouée résonna à ses oreilles.

- Alors, il paraît que tu es tombé dans les pommes, Potter ? C'est vrai ce que dit Londubat ? Tu t'es vraiment évanoui ? Et la Sang-de-Bourbe avec ?

Malefoy écarta Hermione d'un coup de coude pour barrer le chemin à Harry et Emerald sur les marches de l'escalier de pierre. Il avait le visage réjoui et une lueur narquoise animait ses yeux pâles.

- Dégage, Malefoy, dit Ron, les dents serrées.

- Ronald vous donne un conseil d'ami, je ne suis pas d'humeur à supporter vos démonstrations de faiblesse et de mesquinerie, siffla Emerald.

- Qu'est-ce qui se passe, ici ? demanda alors une voix douce.

Le professeur Lupin venait de descendre d'une autre diligence. Malefoy se tourna vers lui, contemplant d'un air insolent sa robe rapiécée et sa vieille valise.

- Oh, rien... heu... professeur, répondit-il d'un ton légèrement sarcastique.

Puis il adressa un sourire goguenard à Crabbe et à Goyle et monta l'escalier en leur faisant signe de le suivre. Poussés par Hermione, les trois autres membres du quatuor se joignirent à la foule qui monta les marches, franchit la gigantesque porte de chêne et s'engouffra dans l'immense hall d'entrée éclairé par des torches enflammées. Là, un magnifique escalier de marbre donnait accès aux étages.

À droite, une porte ouvrait sur la Grande Salle où ils suivirent les autres élèves. À peine Emerald avait-elle eu le temps de jeter un coup d'oeil au plafond magique, sombre et nuageux ce soir-là, qu'une voix appela:

- Potter ! Granger ! Coldstone ! Je voudrais vous voir tous les trois !

Surpris, le quatuor se retourna. Le professeur McGonagall, qui assurait les cours de Métamorphose et occupait également la fonction de directrice de la maison des Gryffondor, leur faisait signe de la rejoindre. C'était une sorcière d'apparence sévère, les cheveux retenus en un chignon bien serré, les yeux perçants derrière des lunettes carrées. Avec une certaine appréhension pour Harry et une certaine confusion pour Emerald, le petit groupe se fraya un chemin parmi la foule.

- Inutile d'avoir l'air si inquiet, je voulais simplement vous parler dans mon bureau, leur dit-elle. Vous pouvez rester ici, Weasley, je n'ai pas besoin de vous.

Ron regarda le professeur McGonagall s'éloigner de la foule bruyante en compagnie des trois autres. Ceux-ci la suivirent dans le hall d'entrée, puis dans l'escalier de marbre et le long d'un couloir. Lorsqu'ils furent arrivés dans son bureau, une petite pièce avec un grand feu de cheminée, le professeur McGonagall fit signe aux jeunes sorciers de s'asseoir avant de s'installer elle-même derrière sa table.

- Le professeur Lupin m'a envoyé un courrier par hibou spécial pour m'informer que vous avez eu un malaise dans le train, dit-elle d'emblée.

Avant qu'ils n'aient eu le temps de répondre, quelqu'un frappa discrètement à la porte et Madame Pomfresh, l'infirmière, surgit dans la pièce. La Serpentard poussa un soupir intérieurement. La dernière fois qu'elle s'était retrouvée à l'infirmerie, elle s'était faite menacer d'avoir un lit gravé à son nom à cause de la gravité de chacune de ses visites. Et voilà qu'elle avait de nouveau affaire à l'infirmière alors que l'année n'avait même pas encore commencé.

- Ah, c'est vous, dit Madame Pomfresh en se penchant sur les deux incriminés pour les observer de près. Vous avez encore fait quelque chose de dangereux, j'imagine ?

- C'est un Détraqueur qui a provoqué le malaise, dit le professeur McGonagall.

Elles échangèrent un regard et Madame Pomfresh hocha la tête d'un air désapprobateur.

- Poster des Détraqueurs autour d'une école, marmonna-t-elle en posant une main sur le front de Harry. Il n'est pas le premier à s'évanouir. Ah oui, il est un peu fiévreux, je le sens. Terribles, ces créatures. Elles ont un effet désastreux sur les personnes un peu fragiles...

Emerald eut l'impression qu'un coup de poignard venait de lui être infligé.

- Je ne suis pas fragile ! s'exclama Harry avec colère.

- Bien sûr, bien sûr, dit Madame Pomfresh d'un air absent en lui prenant le pouls.

- De quoi a-t-il besoin ? demanda le professeur McGonagall d'un ton cassant. De repos ? Peut-être devrait-il passer la nuit à l'infirmerie ?

- Mais je vais très bien ! protesta Harry en se levant d'un bond.

- Harry, calmez-vous s'il vous plaît… souffla une Emerald déconfite, et surtout peu en forme. Un peu de pitié pour votre amie réellement fragile.

Le jeune homme s'excusa doucement alors que madame Pomfresh examinait ses pupilles.

- Il faudrait au moins lui donner du chocolat, dit-elle.

- J'en ai déjà eu, répondit Harry. Le professeur Lupin m'en a donné, il en a même donné à tout le monde.

- Ah, très bien, approuva Madame Pomfresh. Nous avons enfin un professeur de Défense contre les forces du Mal qui connaît les bons remèdes.

- Vous êtes sûr que vous vous sentez bien, Potter ? demanda sèchement le professeur McGonagall.

- Oui, assura Harry.

- Dans ce cas, attendez-moi dehors le temps que miss Coldstone soit examinée.

Le Gryffondor hocha la tête et sortit du bureau avec un dernier regard compatissant vers la Serpentard. Madame Pomfresh s'approcha d'elle et posa une main sur son front.

- Par Merlin ! Vous êtes brûlante de fièvre ! s'exclama-t-elle.

- Elle a vomi quand on était en route pour le château, informa Hermione.

Emerald grimaça dans sa direction. Que ce soit pour son bien ou pas, non seulement c'était humiliant, mais ça voulait aussi dire que sa première nuit au château allait forcément se passer à l'infirmerie…

Et ça ne manqua pas. La médicomage finit rapidement de l'examiner.

- Miss Coldstone passera la nuit à l'infirmerie, déclara-t-elle.

- Très bien, j'en informerai Severus, acquiesça McGonagall.

- Allons-y, miss Coldstone.

Madame Pomfresh et la demoiselle sortirent dans le couloir où Harry attendait, et se dirigèrent en direction de l'infirmerie. Emerald se vit donner une chemise de nuit qu'elle enfila, cachée derrière le rideau qui entourait le lit où elle passerait la nuit. Une fois changée, elle se glissa sous les couvertures et se vit donner quelques potions ainsi qu'un bouillon de légumes qu'elle dût avaler sous la surveillance de la médicomage.

Après ça, elle eut à peine le temps de s'allonger qu'elle s'endormit.


Le lendemain matin, Emerald fut de nouveau examinée, et réussit à obtenir l'autorisation d'aller prendre son petit déjeuner dans la Grande Salle. Quand elle s'approcha de la table des Serpentard, cependant, Drago Malefoy était occupé à raconter une histoire apparemment désopilante à tout un groupe d'élèves de leur Maison. Quand elle passa devant lui, les membres de son audience firent mine de s'évanouir, ou encore de vomir avec de grands gestes ridicules et tout le monde éclata d'un rire tonitruant.

- Hé, Coldstone~! cria d'une petite voix aiguë Pansy Parkinson, une élève de Serpentard avec une tête de pékinois. Les Détraqueurs arrivent ! Tu vas pleurer ?

Emerald serra le poing, faisant blanchir ses articulations.

- Apparemment je suis un être humain avec des émotions, qui l'aurait cru, lâcha-t-elle d'une voix monocorde.

- Aaaanw ! Elle va vraiment pleurer ! minauda Parkinson.

- Est-ce qu'on peut vraiment m'en vouloir ? Je vois vos têtes tous les jours, n'importe qui finirait en dépression, répliqua-t-elle avant de s'en aller.

Elle repéra le trio de Gryffondor et vint se laisser tomber entre Harry et Fred Weasley.

- Bonjour, quel honneur nous vaut le plaisir de ta présence à notre table ? demanda Fred avec un petit sourire.

- L'asile politique, répondit laconiquement la demoiselle en se versant un bol de chocolat chaud. Madame Pomfresh m'a déjà donné mon emploi du temps alors je n'ai pas besoin de supporter ces crétins.

- Les Serpentard ne respectent même plus les Serpentard… fit mine de se désoler George, qui était assis face à son jumeau.

- C'est surtout qu'ils ne respectent pas la Serpentard Sang-de-Bourbe, et pourtant, les notes de Malefoy vont en descendant pendant que les miennes restent en haut du classement, commenta la demoiselle en attrapant un petit pain au lait. Comme quoi le sang ne fait pas tout.

- Bien dit, ma Lady, sourit Fred de toutes ses dents.

- Arrêtez ça, répondit Emerald d'un air blasé.

Les jumeaux laissèrent échapper un ricanement avant de jeter un œil en direction de la table des Serpentard où Malefoy recommençait à mimer un évanouissement. La blague était-elle encore drôle après autant de fois, ou les membres de son public avaient-ils de graves problèmes de mémoire ? Personne n'aurait su le dire…

- Ce petit crétin, dit George d'une voix calme. Il était beaucoup moins fier, hier soir, quand les Détraqueurs sont venus fouiller notre compartiment, tu te souviens, Fred ?

- Il a failli faire pipi dans sa culotte, dit Fred en jetant à Malefoy un regard de mépris.

- Je n'étais pas très à l'aise non plus, dit George. Ils sont vraiment horribles...

- On dirait qu'ils te gèlent les entrailles, tu ne trouves pas ? dit Fred.

- Mais toi, tu ne t'es pas évanoui ? demanda Harry à voix basse.

- Laisse tomber, Harry, dit George en essayant de le réconforter. Un jour, Papa a été obligé d'aller à Azkaban, tu te souviens, Fred ? Il nous a raconté que c'était l'endroit le plus effrayant qu'il ait jamais vu. Il en tremblait encore quand il est revenu... Ces Détraqueurs ont le chic pour désespérer tout le monde. La plupart des prisonniers deviennent fous, là-bas.

- On verra bien si Malefoy sera toujours aussi joyeux à la fin de notre prochain match de Quidditch, dit Fred. Gryffondor contre Serpentard, première rencontre de la saison.

La première fois que Harry et Malefoy s'étaient trouvés face à face lors d'un match de Quidditch, Malefoy avait largement perdu. Harry sembla un peu consolé et remplit son assiette. Emerald continuait à manger tranquillement.

- Ah, très bien, on a des nouvelles matières, aujourd'hui, dit Hermione d'un air ravi en regardant son emploi du temps.

- Hermione, dit Ron en regardant par-dessus son épaule, ils se sont complètement trompés dans ton emploi du temps. Regarde, ils t'ont collé une dizaine de cours par jour. Tu n'auras jamais le temps de tout faire.

- Je m'arrangerai. J'ai mis tout ça au point avec le professeur McGonagall.

Emerald haussa un sourcil.

- Impossible, répondit Ron avec un grand éclat de rire. Tu as vu, ce matin ? Neuf heures: Divination. Et en dessous, neuf heures: étude des Moldus. Et...

Incrédule, Ron se pencha sur l'emploi du temps.

- Là, regarde ! Encore en dessous... Neuf heures: Arithmancie. Je sais que tu es brillante, mais personne ne peut être brillant au point de se trouver dans trois classes différentes à la fois.

- Ne sois pas stupide, répliqua sèchement Hermione. Bien sûr que je ne vais pas suivre trois cours à la fois.

- Alors ?

- Passe-moi la marmelade, dit Hermione.

- Mais...

- Ron, qu'est-ce que ça peut te faire si mon emploi du temps est un peu chargé ? lança Hermione, agacée. Je t'ai dit que j'ai tout mis au point avec le professeur McGonagall.

- Juste comme ça, Hermione, intervint la Serpentard. Pendant ma première année, je me suis retrouvée à l'infirmerie pendant plusieurs jours pour cause de surmenage. Croyez-moi, vous ne voulez pas vous retrouver face à Madame Pomfresh dans cet état.

Au même instant, Hagrid entra dans la Grande Salle, Il portait son long manteau en peau de taupe et tenait dans son énorme main un cadavre de putois qu'il balançait machinalement.

- Ça va ? demanda-t-il en s'arrêtant à leur table. Vous allez assister à mon premier cours ! Tout de suite après le déjeuner ! Je me suis levé à cinq heures du matin pour tout préparer... J'espère que ça se passera bien... Moi, professeur ! Si j'avais pu me douter…

- Oh, vous êtes devenu professeur ? s'étonna Emerald. Félicitations !

Hagrid cligna des yeux.

- Emerald était à l'infirmerie hier soir, l'informa Harry.

- Oh ! Je vois. Eh bien merci beaucoup Emerald ! J'ai hâte de vous montrer les créatures que je vous ai dégotées !

Il eut un large sourire et poursuivit son chemin vers la table des enseignants en balançant toujours son putois mort.

- Je me demande ce qu'il a préparé, dit Ron d'un ton un peu inquiet.

- C'est un cours que nous avons en commun, répondit Emerald en regardant son emploi du temps. Dans le pire des cas, je serai là pour les premiers secours.

Les Gryffondor échangèrent un regard interloqué tandis que les jumeaux Weasley étaient pris d'un fou rire. Peu à peu, les élèves commencèrent à quitter la salle pour se rendre à leur premier cours. Ron vérifia son emploi du temps.

- On ferait mieux d'y aller, dit-il, le cours de Divination se passe tout en haut de la tour nord. Il faut bien dix minutes pour aller là-bas.

- Je commence par Métamorphose, dit la Serpentard.

Ils se dépêchèrent de terminer leur petit déjeuner, puis sortirent de la salle. Lorsqu'ils passèrent devant la table des Serpentard, Malefoy fit à nouveau semblant de s'évanouir et les éclats de rire les suivirent jusqu'au pied de l'escalier de marbre.

La demoiselle se sépara du groupe pour aller attendre devant la classe de Métamorphose. Le professeur McGonagall ouvrit la porte et put constater que les autres élèves n'étaient pas encore arrivés.

- Comment vous sentez-vous, Miss Coldstone ? demanda-t-elle.

- Beaucoup mieux, merci professeur.

Quand le reste de la classe fut arrivée, ils allèrent s'installer dans la salle, et le silence retomba, laissant le cours débuter.

- Aujourd'hui nous allons évoquer les Animagi, déclara le professeur McGonagall. Quelqu'un sait-il ce qu'est un Animagus ?

Les mains de plusieurs élèves se levèrent, mais pas celle d'Emerald.

- Bien, très bien. Miss Greengrass ?

- Un Animagus est un sorcier capable de se changer en animal, répondit Greengrass.

- Tout à fait correct. Et qui peut me dire comment il est possible de reconnaître un Animagus ? Monsieur Zabini ?

- La forme animale de l'Animagus a toujours un détail qui le relie au sorcier, comme un paterne ou une couleur particulière.

- C'est bien cela. Dix points pour Serpentard, merci à vous deux.

Elle remonta l'allée des pupitres pour rejoindre son bureau et s'y appuyer.

- Maintenant, parlons plus en détail. Devenir un Animagus demande beaucoup de travail, du courage, et surtout de la patience. Un sorcier ne peut pas se réveiller un jour et décider de devenir un animal de son choix. C'est un processus long et extrêmement difficile, et si mal fait, il peut aussi être très dangereux. Il y a aussi la question de l'animal.

Malefoy leva la main.

- Monsieur Malefoy ?

- Je me souviens avoir déjà lu quelque part qu'il existait des techniques pour choisir sa forme animale.

- Eh bien j'ai le regret de vous informer que c'est totalement faux, monsieur Malefoy. C'est la raison pour laquelle je vous recommande toujours de faire des recherches lorsque vous êtes curieux sur ce qui touche à la Métamorphose.

McGonagall s'éclaircit la gorge avant de reprendre.

- Lors de sa première transformation, l'Animagus n'a pas le loisir de prendre la forme qu'il veut. C'est obligatoirement l'animal qui convient le mieux à sa personnalité, mais il ne peut pas savoir la forme qu'il prendra avant la fin de son apprentissage. Apprendre à être Animagus est très difficile et nécessite très souvent plusieurs années d'apprentissage pour un sorcier diplômé. C'est la raison pour laquelle le ministère de la Magie surveille de très près ceux qui cherchent à le devenir. Il est également obligatoire, si vous devenez un jour Animagus, de vous déclarer auprès du ministère, sans quoi vous risquez d'encourir une peine de prison à Azkaban.

Emerald prenait activement des notes, son enthousiasme était remonté en flèche. La demoiselle leva la main.

- Miss Coldstone ?

- Comment fonctionne cette transformation ? Pas l'apprentissage, mais la transition entre l'humain et l'animal ? demanda-t-elle avec des étoiles dans les yeux.

McGonagall afficha un sourire devant la passion évidente qui se dégageait de la jeune adolescente.

- Et bien voyez plutôt, répondit-elle.

Un instant plus tard, la forme du professeur fondit et à sa place, il y eut un chat perché sur son bureau. L'animal avait une belle fourrure grise aux reflets bleutés, rayé de noir, et avait gardé la forme carrée des lunettes de McGongagall autour des yeux.

Les élèves se mirent à applaudir avec enthousiasme devant la démonstration et le professeur reprit sa forme humaine avec un petit "pop !", comme le bruit d'une bouteille de champagne qu'on débouche.

- Merci beaucoup, sourit-elle devant les acclamations des élèves. À présent, revenons à notre cours.

Emerald écouta très attentivement pendant tout le reste de la leçon, prenant des notes sans s'arrêter. Le professeur McGonagall venait de devenir une héroïne à ses yeux, ayant remonté son moral en un clin d'œil. Sans même le réaliser, elle venait de donner une raison supplémentaire à la jeune adolescente d'aimer les cours, mais surtout le monde magique.