Heya ! Nouveau chapitre !
... Bon, je suis un tout petit peu en retard, j'admets .
Grand merci à Yemesera et magali-journet pour le follow ! Bienvenue au club !
Merci également à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice, mais aussi à Nitroshield qui m'a aidée à trouver le titre fantastique de ce chapitre !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture~!
Après son cours d'Histoire de la Magie, Emerald descendit déjeuner à la table des Gryffondor avec le trio. Après tout, pourquoi s'encombrer des brimades immatures de sa Maison quand elle avait au moins un ami dans celle-ci ?
- Allez, Ron, souris un peu, conseilla Hermione en poussant vers lui un plat de ragoût. Tu as bien entendu ce qu'a dit le professeur McGonagall.
Ron remplit son assiette et prit sa fourchette, mais il ne mangea pas. Et c'était vraiment anormal étant donné que le rouquin avait un comportement de glouton, d'ordinaire.
- Il s'est passé quelque chose ? demanda la Serpentard.
- Pendant le cours de Divination, le professeur Trelawney a dit qu'il y avait un présage de mort sur Harry, expliqua Hermione. J'étais déjà sceptique, mais ensuite, pendant le cours de Métamorphose, le professeur McGonagall nous a expliqué que chaque année, Trelawney racontait qu'un élève allait mourir, et ce n'est jamais arrivé.
Emerald haussa un sourcil. Cette Trelawney était-elle une pseudo-Lockhart ?
- Si j'ai quoi que ce soit à dire sur le sujet, c'est que connaître l'avenir ne m'a jamais intéressée, répondit-elle.
- Harry, dit Ronald à voix basse et d'un ton grave, tu n'as jamais vu de grand chien noir, n'est-ce pas ?
- Si, répondit Harry. J'en ai vu un le soir où je suis parti de chez les Dursley.
Ron laissa tomber sa fourchette.
- Un chien noir ? s'étonna Emerald. C'est ça le fameux présage de mort ?
- Un Sinistros… souffla le rouquin avec un air sombre. C'est un chien fantôme qui hante les cimetières, ceux qui le voient sont condamnés à mourir…
- Nous mourrons tous un jour, Ronald, pointa la Serpentard.
- Sans doute un chien errant, éluda Hermione, très calme.
Ron regarda la brunette comme si elle était devenue folle.
- Hermione, si Harry a vu un Sinistros, c' est... c'est très mauvais signe, dit-il. Un jour, mon... mon oncle Bilius en a vu un et il est mort vingt-quatre heures plus tard !
- Simple coïncidence, répliqua Hermione d'un ton léger en se versant un peu de jus de citrouille.
- Tu dis n'importe quoi ! s'indigna Ron qui commençait à se mettre en colère. La plupart des sorciers sont terrifiés par les Sinistros !
- Voilà l'explication, dit Hermione d'un air docte. Quand ils voient le Sinistros, ils meurent de peur. Le Sinistros n'est pas un présage, c'est la cause de la mort ! Et Harry est toujours avec nous parce qu'il n'est pas assez stupide pour se dire: « Puisque j'en ai vu un, je n'ai plus qu'à rentrer six pieds sous terre ! »
Ron ouvrit la bouche sans rien dire et Hermione tira de son sac son livre d'Arithmancie qu'elle appuya contre la carafe de jus de citrouille.
- La Divination, c'est très vague, dit-elle en cherchant sa page. Tout ça, ce sont des devinettes, rien de plus.
- Le Sinistros au fond de cette tasse n'avait rien de vague ! s'emporta Ron.
- Tu n'en avais pas l'air aussi sûr quand tu as dit à Harry qu'il s'agissait d'un mouton, répliqua froidement Hermione.
- Le professeur Trelawney a dit que tu n'avais pas d'aura ! Pour une fois qu'il y a une matière pour laquelle tu n'es pas douée, ça t'énerve !
Emerald eut une grimace. Elle n'était peut-être pas très proche d'eux, mais suffisamment pour savoir qu'il avait touché un point sensible. Hermione referma son livre d'Arithmancie avec une telle violence que des morceaux de carotte et de viande volèrent en tous sens.
- Si être doué pour la Divination signifie faire semblant de voir des présages de mort dans un tas de feuilles de thé, alors je crois que je ne vais pas continuer très longtemps à l'étudier ! Ce cours était d'une nullité totale par rapport à ce qu'on apprend en classe d'Arithmancie !
Elle saisit son sac et s'en alla d'un pas décidé. Ron la regarda partir en fronçant les sourcils.
- Qu'est-ce qu'elle raconte ? s'étonna-t-il. Elle n'a encore jamais mis les pieds dans un cours d'Arithmancie.
- Vous voulez bien me raconter ce qu'il s'est passé ? demanda Emerald.
Ron se mit donc à lui raconter leur cours de Divination, comment Trelawney avait prédit en avance que Neville Londubat allait casser des tasses, comment elle avait dit que ce que Lavande Brown redoutait arriverait le 16 octobre, et le moment où elle avait analysé la tasse de Harry pour conclure que le Sinistros était sur lui.
La demoiselle y réfléchit posément en mâchant un morceau de steak.
- Tu manges de la viande ? s'étonna Harry.
- Depuis l'année dernière, oui. répondit-elle distraitement. Je pense que j'en sais assez pour me faire un avis sur ce qu'il s'est passé. Le professeur Trelawney a un don, c'est indéniable quand on constate le coup des tasses, mais il est également possible que son don soit limité, ou qu'elle ne sache pas toujours comment interpréter correctement ce qu'elle voit. Harry, quand vous avez vu ce chien, c'était..?
- Le soir où je me suis enfuis de chez les Dursley, répondit le jeune homme. Il était dans un buisson quand je l'ai vu. Et il y avait aussi un chien presque identique sur la couverture d'un livre chez Fleury et Bott.
- Titre du livre ?
- Euh… Je crois que c'était un livre qui permettait de reconnaître et identifier les présages de mort… balbutia-t-il.
Emerald appuya ses coudes sur la table, joignant ses mains pour y poser son menton.
- Tout s'explique. Je suis d'accord avec Ronald sur le fait que le professeur Trelawney ait un don de voyance, bien qu'un peu limité. Mais pour ce qui est du présage de mort, je pense que je suis avec Hermione et que ce n'est qu'une coïncidence si ce chien a été vu dans votre tasse. Au minimum je suis partagée.
- Mais… commença à protester le rouquin.
- Ronald, vous avez dit vous-même que votre oncle est mort dans les vingt-quatre heures après avoir vu le Sinistros. Harry l'a vu il y a plus de deux semaines, et il est encore parmi nous. L'explication que j'aurais à donner, c'est que ce chien errant qui ressemble au Sinistros a marqué Harry à cause de la situation dans laquelle il se trouvait. Quand il a vu l'illustration du Sinistros sur le livre qui parle de présage de mort, il a pensé qu'il y avait peut-être un lien entre les deux, mais ce n'est pas forcément vrai.
- Mais le présage ?
- Vous m'avez dit que le professeur Trelawney avait fait des tas de prédictions négatives aux élèves pendant tout le cours avant cela. Quand on joue sur la paranoïa, il est facile de faire des liens et de conclure que seul le pire peut arriver.
Elle se pencha vers les garçons.
- Tous les chiens ne sont pas le Sinistros, Ronald.
Après le déjeuner, Emerald sortit dans le parc en compagnie du trio. Harry semblait se sentir mieux après leur discussion. La pluie qui était tombée la veille avait cessé. Le ciel avait pris une couleur gris clair et l'herbe était souple et humide sous leurs pas tandis qu'ils se rendaient à leur premier cours de Soins aux créatures magiques.
Ron et Hermione ne se parlaient plus. Les deux autres marchaient en silence à côté d'eux sur la pelouse qui descendait en pente douce jusqu'à la cabane de Hagrid, en lisière de la forêt interdite. La demoiselle poussa un soupir en apercevant trois silhouettes familières qui les précédaient. Elle n'y comptait pas trop, mais elle espérait que les élèves de sa Maison se comporteraient avec un minimum de respect pour le premier jour de Hagrid. Malefoy parlait avec vivacité à Crabbe et à Goyle qui pouffaient de rire et il n'était pas très difficile de deviner le sujet de leur conversation.
Debout devant la porte de sa cabane, Hagrid, vêtu de son grand manteau, Crockdur, son molosse, à ses pieds, attendait les élèves. Il avait l'air impatient de commencer son cours.
- Venez, venez, dépêchez-vous ! lança-t-il. Vous allez avoir une bonne surprise ! Vous n'allez pas vous ennuyer, croyez-moi ! Tout le monde est là ? Très bien, suivez-moi !
Pendant un instant, Emerald crut que Hagrid les emmenait dans la forêt interdite. Chose qui n'aurait sans doute pas été très sage étant donné la peur que cette forêt et ses nombreux dangers inspirait aux élèves. Mais fort heureusement, Hagrid resta en bordure des arbres et, cinq minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant une espèce d'enclos vide.
- Rassemblez-vous le long de la barrière ! cria Hagrid. Voilà, comme ça... Il faut que tout le monde puisse bien voir. Alors, première chose, vous allez ouvrir vos livres...
- Comment on fait ? demanda la voix glaciale et traînante de Drago Malefoy.
- Quoi ? dit Hagrid.
- Comment on fait pour ouvrir nos livres, répéta Malefoy.
Il sortit son exemplaire du Monstrueux Livre des Monstres qu'il avait ficelé avec un morceau de corde. D'autres élèves sortirent également les leurs. Certains, comme Harry et Emerald, les avaient attachés avec une ceinture, d'autres les avaient serrés dans des sacs étroits ou les avaient fermés avec d'énormes pinces.
- Personne n'a... n'a réussi à ouvrir son livre ? demanda Hagrid, stupéfait.
Le quatuor se mit à caresser le dos de leurs exemplaires et les livres s'ouvrirent docilement avec un frisson. Le professeur débutant en sembla grandement rassuré.
- Bravo à tous les quatre ! Vous voyez ? Il suffit simplement de leur caresser le dos !
- Oh, sommes-nous bêtes, dit Malefoy d'un ton goguenard. Il suffisait de les caresser ! On aurait dû le deviner tout de suite !
- Malefoy, le professeur Hagrid a tous les droits de vous sanctionner si vous lui manquez de respect, trancha Emerald d'un ton sec.
Le jeune blondinet la regarda avec un mélange de colère et de mépris.
- Bien, alors... reprit Hagrid qui semblait avoir perdu le fil. Donc, vous... vous avez vos livres et... et maintenant, il ne vous manque plus que des créatures magiques. Je vais aller vous en chercher. Attendez-moi...
Il s'éloigna et disparut dans la forêt.
- Vraiment, cette école est tombée bien bas, dit Malefoy d'une voix forte. Voilà que ce bon à rien est devenu professeur ! Mon père va avoir une attaque quand je lui raconterai ça...
- Seulement votre père a été renvoyé du conseil d'administration, intervint de nouveau Emerald. Je pense que cela en dit long sur votre légitimité à vous plaindre.
- Tu n'es pas en droit de me dire quoi que ce soit, miss tourne-de-l'oeil.
- Je me suis peut-être évanouie, mais au moins je n'ai pas uriné dans mon pantalon, répliqua la demoiselle avec flegme.
- Qu- Je ne me suis pas fait dessus !
- Ce n'est pas ce que l'on m'a dit, mais vous n'avez pas à avoir honte, Malefoy, ça peut arriver à tout le monde, insista Emerald.
Le blondinet vira à l'écarlate, mais garda le silence alors que les rires et les murmures s'élevaient.
- Ooooooooooooh ! s'exclama soudain Lavande Brown d'une voix suraiguë en pointant le doigt vers l'extrémité de l'enclos.
Une douzaine de créatures étranges qu'Emerald n'avait encore jamais vues trottinaient dans leur direction. Elles avaient le corps, les pattes arrière et la queue d'un cheval mais leurs pattes avant, leurs ailes et leur tête semblaient provenir d'aigles monstrueux dotés de longs becs d'une couleur gris acier, et de grands yeux ambrés. Leurs pattes avant étaient pourvues de serres redoutables d'une quinzaine de centimètres de long. Les créatures portaient autour du cou d'épais colliers de cuir attachés à de longues chaînes dont Hagrid tenait les extrémités dans sa main immense.
Emerald ouvrit de grands yeux, le souffle coupé par la beauté et la majesté de ces créatures.
- Allez, en avant ! rugit Hagrid en agitant les chaînes pour faire entrer les monstres dans l'enclos.
Les élèves derrière et autour de la Serpentard reculèrent d'un pas lorsque Hagrid attacha les créatures à la barrière devant laquelle ils étaient rassemblés.
- Ce sont des hippogriffes ! annonça Hagrid d'un ton joyeux. Magnifiques, n'est-ce pas ?
- Oh oui, souffla Emerald.
Elle avait les yeux rivés sur l'éclat chatoyant de leur plumage qui se transformait en pelage, chacun d'une couleur différente: gris-bleu, vert bronze, blanc rosé, marron-rouge ou noir d'encre.
- Bien, dit Hagrid en se frottant les mains, le visage rayonnant, si vous voulez bien vous approcher un peu...
La demoiselle ne se fit pas prier, mais personne d'autre ne semblait en avoir envie. Harry, Ron et Hermione finirent par la suivre, avec beaucoup de prudence, cependant.
- La première chose qu'il faut savoir, c'est que les hippogriffes font preuve d'une très grande fierté, dit Hagrid. Ils sont très susceptibles. Surtout, ne les insultez jamais, sinon ce sera peut-être la dernière chose que vous aurez faite dans votre vie.
Malefoy, Crabbe et Goyle n'écoutaient pas. Ils parlaient à voix basse et Harry souffla à Emerald qu'il avait la désagréable impression qu'ils cherchaient le meilleur moyen de provoquer un incident.
- On doit toujours attendre que l'hippogriffe fasse le premier geste, poursuivit Hagrid. C'est une créature très attachée à la politesse. Il faut s'avancer vers lui, le saluer en s'inclinant et attendre. S'il vous salue à son tour, vous avez le droit de le toucher. Sinon, je vous conseille de filer très vite parce que, croyez-moi, leurs griffes font du dégât. Alors ? Qui veut essayer le premier ?
Pour toute réponse, la plupart des élèves reculèrent encore davantage. Même Harry, Ron et Hermione n'étaient pas très à l'aise. Devant eux, les hippogriffes secouaient la tête d'un air féroce en remuant leurs ailes puissantes. Ils ne semblaient pas beaucoup apprécier d'être attachés à la barrière.
Emerald leva la main avec enthousiasme. Derrière elle, on entendit des exclamations étouffées. Elle ne leur prêta aucune attention et enjamba la barrière de l'enclos.
- Bravo, Emerald, rugit Hagrid. Bon, alors, voyons... c'est ça, tu n'as qu'à essayer avec Buck.
Il détacha l'une des chaînes, tira l'hippogriffe gris clair à l'écart des autres et lui enleva son collier de cuir. De l'autre côté de la barrière, les élèves retenaient leur souffle. Malefoy observait la scène en plissant ses petits yeux méchants. Harry, lui, semblait regarder avec un mélange d'inquiétude et de fascination.
- Attention, maintenant, Emerald, dit Hagrid à voix basse. Tu as croisé son regard, essaye de ne pas ciller... Les hippogriffes se méfient quand on cligne des yeux trop souvent...
Sans vraiment de difficulté, Emerald garda les yeux ouverts sans cligner. Buck avait tourné sa grosse tête pointue dans sa direction et ses yeux ambrés la fixaient d'un regard féroce.
- C'est ça, très bien, dit Hagrid. Maintenant, incline-toi...
Emerald obéit, étant habituée à cet exercice, elle s'inclina avec grâce, comme son père le lui avait appris, avant de se redresser doucement.
L'hippogriffe continua de la regarder d'un air hautain sans faire le moindre geste.
- Ah, dit Hagrid qui semblait contrarié. Bon... recule, maintenant. Il ne faut rien brusquer...
Mais à cet instant, à la grande surprise de tous, l'hippogriffe plia soudain ses pattes de devant et s'inclina profondément.
- Bravo, Emerald ! s'exclama Hagrid, enchanté. Vas-y, tu peux le toucher maintenant ! Caresse-lui le bec !
Emerald s'approcha doucement de l'hippogriffe et posa la main sur le bec de l'animal, commençant à le caresser comme elle le faisait si souvent avec Hel. Buck ferma paresseusement les yeux, comme s'il y prenait plaisir.
Les élèves applaudirent à tout rompre, sauf Malefoy, Crabbe et Goyle qui paraissaient terriblement déçus.
- Parfait, dit Hagrid, je crois qu'il va te laisser monter sur son dos, maintenant !
Emerald sentit sa confiance descendre un peu. Elle n'était jamais montée sur le dos d'un cheval, ou même de tout autre animal qui pourrait supporter son poids. Elle n'était pas certaine de pouvoir chevaucher un hippogriffe.
- Grimpe sur son dos, juste derrière les ailes, dit Hagrid, et fais bien attention de ne pas lui arracher de plume, il n'aimerait pas ça du tout...
La demoiselle retint un soupir, ne voulant pas offenser la créature, et posa un pied sur l'aile de Buck pour se hisser sur son dos. L'hippogriffe se releva et elle s'accrocha immédiatement aux articulations à la base de ses ailes.
- Comme ça ? demanda-t-elle à Hagrid.
- Essaie plutôt de mettre tes bras autour de son cou. Ne t'inquiètes pas, tu ne risques pas de l'étrangler.
Emerald obtempéra, et la position était effectivement plus supportable.
- Allez, vas-y, rugit Hagrid en donnant une tape sur l'arrière-train de la créature.
Et soudain, des ailes de quatre mètres d'envergure se déployèrent de chaque côté d'Emerald et se mirent à battre. Elle eut tout juste le temps de réaliser qu'il n'allait sans doute pas se contenter d'une promenade sur le sol que celui-ci s'éleva dans les airs. Ce n'était pas du tout la même chose que le cours de vol de première année et Emerald sut immédiatement ce qu'elle préférait. Elle pouvait sentir bouger les muscles de l'animal sous elle, en remontant légèrement ses jambes, les plumes des ailes cessèrent de les lui cogner à chaque battement.
Buck décrivit un cercle au-dessus de l'enclos puis il piqua vers le sol. Lorsque la créature baissa le cou, elle l'accompagna en se penchant jusqu'à l'instant où elle sentit un choc sourd: les pattes dépareillées de l'hippogriffe venaient de se poser par terre. Emerald put alors se redresser, les cheveux ébouriffés, mais un sourire de huit kilomètres sur le visage.
- Beau travail ! s'exclama Hagrid, tandis que tout le monde, sauf Malefoy, Crabbe et Goyle, applaudissait bruyamment. Quelqu'un d'autre veut essayer ?
Enhardis par le succès de la demoiselle, les autres élèves pénétrèrent prudemment dans l'enclos, Harry à leur tête. Hagrid détacha un par un les hippogriffes et, bientôt, tout le monde s'inclina devant les créatures avec une certaine appréhension.
Malefoy, Crabbe et Goyle avaient choisi Buck. Celui-ci s'était incliné devant Malefoy qui lui caressait le bec d'un air dédaigneux.
- C'est très facile, dit Malefoy de sa voix traînante, suffisamment fort pour être sûr que le quatuor l'entende. C'est forcément facile, si la Sang-de-Bourbe y est arrivé...
Emerald rejoignit le Serpentard à pas vifs.
- Je parie que tu n'es absolument pas dangereux, ajouta-t-il en s'adressant à l'hippogriffe. N'est-ce pas, espèce de grosse brute repoussante ?
Tout se passa alors en un éclair. La griffe de l'animal fendit l'air, Malefoy poussa un hurlement perçant et, une fraction de seconde plus tard, Hagrid s'efforçait à grand-peine de remettre son collier à Buck qui essayait de se jeter sur Malefoy. Ce dernier était recroquevillé dans l'herbe et tremblait de tout son corps. Emerald était avachie sur le jeune homme, trois grosses déchirures dans la manche gauche de sa robe de sorcière qui s'imbibait lentement de sang.
- Est-ce que ça va ? demanda-t-elle calmement à Malefoy.
Le blondinet ne répondit pas, comme paralysé. Quand l'adrénaline commença à redescendre et la douleur à se faire sentir, le visage d'Emerald se crispa et elle perdit ses couleurs. Le trio de Gryffondor se précipita auprès de la demoiselle.
- Emerald, tu vas bien ?!
- L'os n'a pas été touché, se contenta–t-elle de répondre.
Avec un coup de baguette, elle découpa les lambeaux de sa manche et s'en servit comme bandage de fortune pour arrêter le sang qui gouttait sur l'herbe.
- Aidez-moi à me relever… demanda-t-elle.
Harry passa son bras valide autour de ses épaules pour la soulever. Malefoy la regardait, toujours aphone et pâle comme la mort.
- Voilà ce qui arrive quand on se pense au-dessus de tout le monde et de toute chose, lui dit-elle calmement.
Hagrid hissa sans peine la demoiselle dans ses bras et se mit à courir en direction du château. Il l'amena rapidement jusqu'à l'infirmerie où il manqua de défoncer les portes. La Serpentard afficha un air blasé. Elle en sortait à peine et voilà qu'elle devait déjà y retourner.
L'infirmière dû se dire la même chose quand elle sortit en trombe de son bureau et la vit dans les bras de Hagrid, couverte de sang.
- Par Merlin, qu'est-ce que vous avez encore fait ?! s'exclama-t-elle. Mettez-la sur ce lit, Rubeus.
Le géant déposa la blessée avec une douceur infinie, il semblait mortifié. Madame Pomfresh s'approcha pour découper la manche de sa robe de sorcière et de sa chemise d'uniforme et examiner les trois longues et profondes griffures.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- C'est… C'est un hippogriffe qui l'a blessée pendant qu'elle p-protégeait un élève.
La médicomage se pencha à nouveau sur la blessure et écarta les bords des plaies pour mieux voir à l'intérieur.
- Tout a été déchiré, mais heureusement l'os n'a pas été touché. Je peux vous remettre sur pieds rapidement, déclara la médicomage. Mais il va encore falloir que vous passiez la nuit ici.
- Est-ce que j'aurai une cicatrice ? demanda la jeune fille.
- Non, rassurez-vous, je m'assure toujours de ne laisser aucune trace.
- Est-ce que je pourrais garder la cicatrice, s'il vous plaît ?
Madame Pomfresh regarda Emerald comme si elle était folle. Néanmoins, elle ne chercha pas plus loin et commença à lui administrer des soins magiques à l'aide de sorts compliqués. Pendant ce temps, Hagrid pleurait silencieusement, pâle comme la mort derrière sa barbe hirsute.
- Je suis vraiment désolé… murmura-t-il.
- Hagrid, ce n'était qu'un accident, vous n'êtes absolument pas fautif, répondit Emerald. Vous avez clairement expliqué qu'il ne fallait jamais insulter un hippogriffe, c'est Malefoy qui est en faute pour avoir ignoré cette règle.
Elle s'interrompit quand son bras lui envoya une décharge électrique.
- Votre cours était passionnant, j'ai vraiment adoré, et pour être honnête j'espère que je pourrai revoir Buck à l'avenir.
Le géant sortit un mouchoir de la taille d'une nappe de sa poche et se moucha bruyamment.
- Merci Emerald…
- Hagrid, cette jeune fille a perdu beaucoup de sang, elle a besoin de repos, dit soudain Madame Pomfresh. Vous feriez mieux de retourner auprès de vos élèves, je vous informerai quand j'en aurai fini avec Miss Coldstone.
Le géant hocha brièvement la tête et fit volte-face pour sortir de l'infirmerie à grands pas. Emerald grimaça à nouveau en sentant une brûlure dans son bras, comme une inflammation.
- Ce sont les nerfs qui se reconnectent, lui dit la médicomage. S'ils font mal, ça veut dire qu'ils fonctionnent. Je vais vous donner une potion pour ça.
Elle resta penchée sur son bras encore deux minutes avant de se redresser.
- Pourquoi voulez-vous garder la cicatrice ? demanda-t-elle.
- … J'ai grandi avec l'idée qu'une cicatrice était le témoin de l'histoire qu'a vécu une personne, répondit Emerald après quelques secondes. Et même si la magie le permet, je n'aime pas l'idée d'effacer une partie de mon histoire. Si une blessure doit disparaître totalement, je préfère que ce soit de la façon naturelle.
De sa main valide, elle montra son bras gauche. Dessus, en dehors de la blessure infligée par Buck, il y avait une demi-douzaine de cicatrices très fines, des vestiges d'entailles profondes et contrôlées. Deux ans auparavant, il y en avait bien plus, qui avaient fini par s'estomper et disparaître avec le temps.
- Vous êtes vraiment la patiente la plus inhabituelle que j'ai vue, Miss Coldstone, soupira Madame Pomfresh.
Après avoir bu une potion pour aider à la production de globules rouges, une autre pour la douleur et un somnifère, Emerald dormit tout l'après-midi. Quand elle se réveilla le soir venu, il y avait une boîte en métal sur sa table de chevet.
Curieuse, elle tendit son bras valide pour en regarder le contenu. Il y avait tout un tas de petits gâteaux qui semblaient coûter assez cher, à voir leur forme et leur variété. Il en manquait un ou deux, mais sinon la boîte semblait intouchée. La demoiselle chercha une carte, mais il n'y en avait pas, et ce n'était certainement pas le trio de Gryffondor ou Hagrid qui pouvaient se permettre une telle folie. Étrange.
