Heya ! C'est le 15 du mois !
Comme toujours merci à tous les lecteurs, ceux qui commentent comme ceux qui ne disent rien !
Merci également à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice, sans qui la qualité de cette fic serait probablement très mauvaise !
Et merci à Dalaenor pour le follow-fav ! Bienvenue dans la bande !
Sur ce, je vous souhaite à tous une excellente lecture~~!
- Je peux m'asseoir ?
Emerald releva la tête qu'elle avait enfoncée dans ses genoux, dos appuyé contre l'enclos des hippogriffes. Le professeur Lupin lui adressa un sourire bienveillant. La demoiselle finit par hocher la tête et l'adulte s'assit à son tour, lui laissant assez d'espace pour respirer et ne pas lui donner l'impression d'envahir.
- Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé pendant le cours, j'aurais dû réagir plus vite.
Elle ne répondit pas.
- Cet homme, c'est celui qui vous a fait cette cicatrice ? demanda-t-il avec précaution.
La demoiselle leva la main droite pour passer le bout des doigts sur la marque de brûlure de sa joue. Après quelques secondes, elle hocha la tête.
- Je vois. Vous savez, les miennes m'ont aussi été infligées par quelqu'un quand j'étais enfant.
- Ce sont des griffes d'animal qui vous ont lacéré le visage, répondit Emerald d'une voix rauque.
- C'est vrai, mais pourtant c'était bel et bien une personne derrière cet animal.
- Un Animagus ?
Le professeur eut l'air d'hésiter un instant avant de pencher la tête sur le côté dans un semblant d'acquiescement.
- Plus ou moins.
Il y eut un léger silence, avant que la demoiselle ne se retrouve avec un emballage de Chocogrenouille sous les yeux.
- Le chocolat n'est pas bon uniquement après une attaque de Détraqueur, sourit Lupin. C'est aussi très bon pour remonter le moral.
Emerald prit le chocolat dans sa main, mais n'ouvrit pas la boîte tout de suite.
- Je vais simplement rester ici avec vous pour regarder le paysage, déclara le professeur. Si vous sentez le besoin de parler, je vous écouterai, sinon, nous pouvons juste profiter du calme et de ces magnifiques créatures qui sont derrière nous.
La jeune adolescente sentit les larmes lui monter aux yeux, mais parvint à les retenir, battant des paupières. Pendant de longues minutes, ils restèrent en silence, à regarder le paysage, le parc, le lac noir, le château. En relevant la tête, elle put constater que Buck la regardait par-dessus la barrière avec curiosité. La jeune fille leva la main, lui demandant implicitement l'autorisation de le caresser, ce que la créature accepta.
- C'était mon père.
- Pardon ? demanda nonchalamment le professeur.
- L'homme qui est apparu, c'était mon père, répéta Emerald. Il m'a recueillie quand j'avais 5 ans, il m'a nourrie, logée, et appris beaucoup de choses. Grâce à lui, j'ai découvert ma vocation de croque-mort, et l'importance de ce que nous faisons. Je l'aime beaucoup, mais…
Lupin attendit en silence qu'elle trouve ses mots.
- Je… Je ne sais pas pourquoi c'est lui qui est apparu. Je m'attendais plutôt à autre chose, comme un Basilic ou un Détraqueur…
- Vous m'avez dit vous-même qu'il vous avait blessée, Emerald, répondit le professeur. Même si vous aimez votre père, vous ne pouvez pas ignorer qu'il vous a fait du mal. Peut-être qu'au fond, malgré l'amour que vous avez pour lui, vous le craignez.
- Je…
Emerald se tut, se mettant à réfléchir.
- Dernièrement… Je me mets à lui cacher des choses… murmura-t-elle. Il voulait que je me rapproche de Harry pour profiter de son influence, mais je le considère vraiment comme un ami… Et je… Quand il m'a demandé de…
- De ? relança Lupin.
- Promettez-moi que vous ne le direz à personne…
- Je le jure, assura-t-il.
La jeune adolescente inspira profondément.
- Pendant trois ans, tout ce que je voulais, c'était de retourner vivre avec lui, et reprendre mon apprentissage, comme avant. Mais cet été quand il m'a dit qu'il avait un plan pour sortir de prison… Je me suis surprise à vouloir… rester à l'orphelinat, et retourner à Poudlard, et je voulais qu'il reste enfermé.
Le professeur Lupin sembla profondément perdu dans ses pensées quand elle leva les yeux vers lui.
- Vous commencez à sortir de son influence.
- Comment ? s'étonna-t-elle.
- Votre père vous a élevée pour lui ressembler, n'est-ce pas ?
- … Oui. Il voulait que je parle et que je me tienne d'une certaine façon, que je suive son exemple à toute occasion…
- Eh bien je pense que pendant ces trois années loin de lui, loin de son influence, vous avez commencé à devenir une autre personne, expliqua doucement le professeur. Au lieu d'être une simple copie de votre père, vous avez commencé à devenir Emerald. La vraie Emerald. Celle qui a ses propres idées, ses propres passions, des amis, mais aussi ses propres peurs.
La demoiselle resta silencieuse.
- Quand votre père a dit qu'il comptait s'évader, vous avez imaginé retourner vivre auprès de lui, et perdre tout ce que vous avez gagné depuis qu'il n'est plus là. Vous l'aimez, mais vous savez au fond de vous qu'il n'acceptera pas que vous soyez une personne différente. Que vous soyez vous-même.
- … Je crois… Que vous avez raison…
- Emerald, je veux que vous reteniez bien ce que je vais vous dire.
Elle leva à nouveau les yeux vers le professeur.
- Vous n'êtes pas votre père. Vous n'êtes pas la propriété de votre père. Et vouloir qu'il reste loin de vous ne fait pas de vous une mauvaise fille.
La Serpentard resserra la main sur la boîte de Chocogrenouille, faisant protester l'animal en chocolat à l'intérieur. Le professeur Lupin lui tendit un mouchoir avec un sourire de compréhension, et c'est là qu'elle se rendit compte qu'elle s'était mise à pleurer.
En très peu de temps, la Défense contre les forces du Mal était devenue le cours préféré de la plupart des élèves. Seuls Drago Malefoy et sa bande de Serpentard trouvaient matière à critiquer le professeur Lupin.
- Regardez dans quel état sont ses vêtements, disait Malefoy à voix basse mais suffisamment fort pour se faire entendre lorsque Lupin passait devant lui. Il s'habille comme notre vieil elfe de maison.
Mais personne d'autre ne s'intéressait à l'état d'usure des robes du professeur Lupin. Les cours suivants se révélèrent tout aussi intéressants que le premier. Après les épouvantards, ils étudièrent les Chaporouges, d'horribles petites créatures semblables à des gobelins qui s'embusquaient dans tous les lieux où le sang avait coulé, les cachots des châteaux ou les champs de bataille désertés, attendant l'occasion d'assommer quiconque s'y perdait.
Des Chaporouges, ils passèrent aux Kappas, de monstrueux habitants des eaux qui ressemblaient à des singes couverts d'écailles avec des mains palmées avides d'étrangler les imprudents qui s'aventuraient dans leurs mares.
Peu après le premier cours, d'ailleurs, Rogue se montra particulièrement hargneux, et tout le monde savait pourquoi. L'histoire de l'épouvantard qui avait pris l'aspect de Rogue, affublé des vêtements de la grand-mère de Neville, s'était répandue dans toute l'école comme une traînée de poudre. Mais Rogue n'avait pas goûté la plaisanterie. Chaque fois que quelqu'un prononçait le nom du professeur Lupin, ses yeux lançaient des éclairs menaçants et jamais il ne s'était autant acharné sur Neville.
Après le fiasco d'Emerald face à l'épouvantard, toute l'école avait été mise au courant qu'un homme adulte était sa plus grande peur, mais heureusement personne ne savait de qui il s'agissait. Chaque fois qu'un élève venait lui poser la question, la jeune fille se contentait de faire comme s'il n'était pas là.
Personne n'aimait beaucoup la classe de Soins aux créatures magiques qui était devenue très ennuyeuse après l'épisode mouvementé du premier jour. Hagrid semblait avoir perdu confiance en lui. Même si Emerald était venue le voir à sa cabane dès qu'elle avait été autorisée à retirer son écharpe, il n'avait pas cessé de culpabiliser. Quoi qu'elle ait essayé de lui dire pour le rassurer n'avait pas fonctionné.
Les élèves passaient donc tous les cours à s'occuper de Veracrasses qui comptaient parmi les créatures les plus assommantes qu'on puisse imaginer.
- Qui donc peut bien s'intéresser à des animaux pareils ? dit Ron après avoir passé encore une heure à enfoncer de la laitue hachée dans le gosier gluant de quelques Veracrasses.
- J'ai fait tout ce que j'ai pu, mais rien à faire, soupira Emerald.
Le 19 septembre, la Serpentard se dirigea vers la table des Gryffondor, comme à son habitude, mais au lieu de s'asseoir directement, elle s'approcha d'Hermione.
- Bon anniversaire, lui dit-elle en lui tendant un paquet.
Hermione rougit un peu et la remercia avant de déchirer l'emballage et ouvrit de grands yeux. Emerald lui avait offert un livre de poche intitulé Les Né-moldus qui ont tout changé.
- Merci Emerald, sourit la brunette, ravie.
- Un livre, qui l'aurait cru, fit Ronald.
- De quoi vous plaignez-vous, vu que ce n'est pas à vous que je l'offre ? répondit Emerald en haussant un sourcil.
Harry s'éclaircit la gorge en tentant de retenir un sourire tandis que le bout des oreilles du rouquin se mirent à rougir.
Vers la mi-octobre, sur le panneau d'affichage de la salle commune des Serpentard, une note d'information avait été épinglée un matin. La première sortie à Pré-au-Lard pour les Troisième année et plus serait le 31 octobre. Emerald eut un reniflement amusé. Peut-être était-ce effectivement une bonne chose qu'Harry ne puisse pas y aller, Halloween semblait être un jour maudit pour le jeune homme.
Néanmoins, elle compatissait, sachant qu'il resterait seul au château pendant que ses amis iraient s'amuser. Elle vint lui proposer de faire une croix sur sa propre sortie pour lui tenir compagnie à la place, mais il refusa vivement, alors elle laissa tomber l'affaire.
Le jour de Halloween, Harry avait l'air complètement démoralisé lorsqu'il descendit prendre son petit déjeuner, bien qu'il fît de son mieux pour ne rien laisser paraître.
- On va te ramener plein de bonnes choses de chez Honeydukes, dit Hermione qui paraissait désolée pour lui.
- Ouais, plein, dit Ron.
- Je peux toujours annuler ma sortie, Harry, lui murmura Emerald.
- Ne vous inquiétez pas pour moi. dit Harry d'un ton qu'il essayait de rendre désinvolte. Je vous retrouverai plus tard. Amusez-vous bien.
La Serpentard n'était toujours pas convaincue, mais elle ne fit aucun commentaire. Le Survivant les accompagna dans le hall d'entrée où Rusard, posté à la porte, vérifiait que les élèves qui sortaient correspondaient bien à ceux figurant sur sa liste.
Elle laissa les Gryffondor mener la danse, visitant Derviche et Bang, le magasin d'objets magiques, puis Zonko, la boutique de farces et attrapes, dans laquelle ils croisèrent la route de Fred et George qui refaisaient le plein de boules puantes et de pétards du Dr Flibuste. Ensuite ils visitèrent la poste et Emerald fut impressionnée de voir les deux centaines de hiboux prêts à l'emploi.
En milieu d'après-midi, le vent se leva et le trio improbable décida de se rendre aux Trois Balais pour se réchauffer un peu. Il y avait beaucoup de monde à l'intérieur, et bien que la Serpentard se sentit un peu à l'étroit, elle fit bonne figure et laissa Hermione les guider jusqu'à une table libre. Une femme a l'air aimable vint les voir.
- Qu'est-ce que ce sera pour vous, les enfants ? demanda-t-elle.
- On va prendre trois Bièraubeurre, dit Ronald. Fred et George m'ont dit qu'ils adoraient ça, j'avais envie d'essayer, ajouta-t-il ensuite pour les filles.
Quand leurs boissons furent servies, Emerald y trempa les lèvres avec prudence. C'était peut-être un peu amer, mais ce n'était pas mauvais, néanmoins elle préférait encore un bon chocolat chaud pour se réchauffer.
Quand ils en ressortirent trois quarts d'heure plus tard, ils décidèrent de faire un tour chez Honeydukes, la confiserie des sorciers. Quand ils pénétrèrent dans la boutique, la demoiselle se dit que son père aurait détesté la voir dans un endroit pareil.
D'innombrables étagères débordaient des plus succulentes friandises qu'on puisse imaginer. Des nougats moelleux, des cubes de glace à la noix de coco, des caramels dorés, des centaines de chocolats différents disposés en rangées bien nettes. Il y avait aussi un grand tonneau rempli de dragées surprises de Bertie Crochue et un autre qui contenait des Fizwizbiz, les fameux bonbons et sorbets qui permettent de s'élever au-dessus du sol, et dont Ron avait parlé pendant l'été.
Sur un autre mur, on trouvait les bonbons à « Effets spéciaux »: des Bulles baveuses (un chewing-gum produisant des bulles mauves qu'il était impossible de faire éclater avant plusieurs jours), d'étranges fils dentaires qui déposaient du sucre à la menthe entre les dents, de minuscules Gnomes au poivre (« Crachez le feu devant vos amis ! »), des Souris glacées (« Vous entendrez vos dents couiner ! »), des pâtes de menthe en forme de crapauds (« Vous les sentirez sauter dans votre estomac ! »), de délicates plumes en sucre et des bonbons explosifs.
C'était un véritable chahut. Il y avait tellement d'élèves dans la boutique qu'il n'y avait pas moyen d'éviter de se faire marcher sur les pieds. Mais pour sa consolation, Emerald y trouva des centaines de variétés de bonbons sorciers différents. Plus qu'elle n'en avait jamais vu, honnêtement. Avec son argent en poche, la Serpentard s'autorisa une folie et prit un peu de tout ce qui l'intéressait.
Des gnomes au poivre, des Chocoballes fourrés à la crème et à la mousse de fraise, des Chocogrenouilles, des fils dentaires à la menthe, des Fondants du Chaudron, des Patacitrouilles, des Suçacides, des Papillons en sucre (semblables aux bonbons à la violette de son enfance), et enfin, simplement pour tester, une sucette au sang.
Quand ils eurent fini leurs achats et pris tout un assortiment pour Harry, les Gryffondor décidèrent qu'il était temps de retourner au château. Pourtant il restait bien deux bonnes heures avant qu'ils ne doivent rentrer, mais Emerald n'allait pas s'en plaindre. D'après ce qu'ils disaient, ils avaient rendez-vous à la cabane de Hagrid.
Hermione prit la main de la Serpentard lorsqu'ils passèrent à nouveau devant les Détraqueurs, et elle la remercia dans un souffle. Les jeunes sorciers rejoignirent la cabane du garde-chasse et frappèrent à la porte.
- J'arrive !
Le battant s'ouvrit sur le géant qui afficha un grand sourire.
- Vous voilà tous les trois, je commençais à me demander où vous étiez ! Entrez, entrez !
Une fois à l'intérieur, Emerald vit Harry qui était installé à la table avec une tasse de thé fumante devant lui. Ron et Hermione s'approchèrent du Survivant.
- Et voilà, dit Ron. On en a rapporté le plus possible.
Une pluie de bonbons aux couleurs étincelantes tomba sur les genoux de Harry.
- Merci, dit-il en prenant un paquet de minuscules Gnomes au poivre. Alors, c'est comment, Pré-au-lard ? Où est-ce que vous êtes allés ?
Ils commencèrent à lui raconter leur escapade tandis qu'Hagrid leur servait un peu de thé et semblait s'affairer dans sa petite cuisine.
- Et toi, qu'est-ce que tu as fait ? demanda Hermione. Tu as travaillé ?
- Non, répondit Harry, Lupin m'a offert une tasse de thé dans son bureau.
- Et voilà ! fit Hagrid d'un air joyeux, coupant court à leur conversation.
Il posa sur la table un gâteau au chocolat. Avec du glaçage, il avait écrit dessus "Joyeu aniversaire Emerald". La demoiselle haussa les sourcils, confuse.
- Surprise ! s'écrièrent les Gryffondor avec de grands sourires.
- Mais… fit la Serpentard. Comment vous savez que…
- Ben, maintenant que je suis professeur, j'ai accès aux dossiers des élèves, fit Hagrid. Alors j'en ai parlé à Harry, Ron et Hermione, et on a décidé de te préparer une petite fête.
Emerald se retrouva bouche-bée. Harry posa un paquet sur la table qu'il avait sorti de son sac.
- De la part de nous trois, avec un peu d'aide de Mrs Weasley, dit-il en souriant.
Avec des gestes lents, la demoiselle défit l'emballage et ouvrit la petite boîte en carton pour y trouver un serre-tête argenté accompagné d'une brosse à cheveux assortie.
- C'est un coiffeur universel, expliqua Hermione en sortant sa baguette. Donne un petit coup de baguette et ça peut devenir ce que tu veux tant que ça sert pour les cheveux.
Elle fit une démonstration et changea le serre-tête en ruban, puis en barrette à cheveux, puis en baguettes pour chignon, avant de lui rendre son apparence de serre-tête.
- On a remarqué que tes cheveux te gênaient souvent, alors on a pensé que ça règlerait le problème, fit Ronald.
- C'est… commença Emerald. Je ne trouve pas les mots. Merci. Merci beaucoup à tous les trois.
Sentant ses joues rougir, elle prit le serre-tête et le changea en élastique avec lequel elle attacha ses cheveux mi-longs en une queue lâche qu'elle laissa tomber sur son épaule gauche.
- J'ai un petit quelque chose pour toi, moi aussi, fit Hagrid.
Il fouilla un instant dans sa poche et posa devant la demoiselle une petite statuette en bois grossièrement taillée qui représentait un hippogriffe. Emerald prit l'objet dans ses mains, le caressant du pouce.
- C'est… Merci Hagrid fit-elle avec un sourire timide. C'est… Je n'avais pas fêté mon anniversaire depuis très longtemps. Merci à vous quatre.
Hermione gloussa légèrement et Harry bombait le torse avec fierté. Ronald semblait un peu plus détaché mais elle appréciait l'effort de sa part. Quant à Hagrid, il semblait qu'il n'avait plus été aussi joyeux depuis l'accident de son premier cours.
Ils coupèrent le gâteau et mangèrent joyeusement, se mettant à parler de tout et de rien, avant que l'heure ne soit venue de rejoindre la Grande Salle pour le dîner. Emerald rangea soigneusement ses cadeaux dans son sac à moitié plein de bonbons et suivit le groupe. Un sourire blasé apparut sur son visage quand elle réalisa que depuis trois ans qu'elle était à Poudlard, ce serait la première fois qu'elle assisterait au festin d'Halloween.
La Grande Salle était éclairée par des centaines de citrouilles évidées dans lesquelles brûlaient des chandelles. Des nuées de chauves-souris voletaient en tous sens et des serpentins orange ondulaient paresseusement comme des serpents d'eau sous le ciel magique.
Les mets étaient délicieux. Même en s'étant gavé de gâteau d'anniversaire, le quatuor n'hésita pas à se resservir. Harry jetait sans cesse des regards en direction de la table des professeurs pour une raison obscure, mais quand Emerald lui posa la question, il répondit qu'il leur expliquerait le lendemain quand ils seraient en cours de Soins aux Créatures magiques. La demoiselle ne put s'empêcher de jeter un œil elle-même. Lupin avait l'air joyeux et aussi bien que possible. Il parlait avec animation au minuscule professeur Flitwick qui enseignait les sortilèges. Était-ce un effet de son imagination ou bien Rogue regardait-il Lupin avec un peu trop d'insistance ?
À la fin du banquet, les fantômes de Poudlard offrirent un beau spectacle. Surgissant des murs et des tables, ils se mirent à voler en formation, décrivant des figures de voltige. Nick Quasi-Sans-Tête, le fantôme de Gryffondor, remporta un beau succès en mimant sa décapitation bâclée.
Ils avaient passé une si bonne soirée que Malefoy ne parvint même pas à assombrir l'excellente humeur du quatuor lorsqu'il cria au milieu de la foule des élèves:
- Les Détraqueurs t'envoient leurs amitiés, Potter !
Emerald se sépara du trio pour rejoindre son dortoir, restant euphorique de la journée qu'elle avait passée. Elle passa à la salle de bain pour un brin de toilette, échangeant son uniforme pour une longue chemise de nuit, et rangea son kit de coiffure avec sa boîte de peinture, posant sur sa table de chevet la statuette d'hippogriffe avec un sourire.
"Tous les Serpentards doivent se rendre immédiatement dans la Grande Salle." résonna soudain la voix du professeur Rogue.
La demoiselle haussa un sourcil, enfila ses pantoufles et glissa sa baguette dans la poche de sa chemise de nuit avant de sortir. Quand ils arrivèrent dans la Grande Salle, les Gryffondor étaient déjà là et Harry, Ron et Hermione la prirent immédiatement à part pour lui raconter ce qu'il se passait: Sirius Black avait réussi à entrer dans le château et avait massacré le portrait de la Grosse Dame qui gardait l'entrée de la salle commune des Gryffondor.
- Les professeurs et moi-même devons fouiller le château, annonça Dumbledore tandis que les professeurs McGonagall et Flitwick fermaient toutes les portes qui donnaient accès à la Grande Salle. Je crains que, pour votre propre sécurité, il soit nécessaire que vous passiez la nuit ici. Je demande aux préfets de monter la garde aux portes de la Grande Salle et je confie au préfet et à la préfète-en-chef le soin d'organiser les choses. Tout incident devra m'être immédiatement signalé, ajouta-t-il en s'adressant à Percy qui paraissait gonflé d'orgueil et d'importance. Vous demanderez à l'un des fantômes de me transmettre un message en cas de besoin.
Le professeur Dumbledore s'apprêtait à quitter la Grande Salle, mais il se ravisa soudain.
- J'oubliais, dit-il, vous allez avoir besoin de...
Il fit un geste négligent avec sa baguette magique et aussitôt, les longues tables s'envolèrent pour s'aligner contre les murs. Un autre coup de baguette et le sol se couvrit de centaines de gros sacs de couchage moelleux, d'une couleur violette.
- Dormez bien, dit le professeur Dumbledore en refermant la porte derrière lui.
Un grand brouhaha s'éleva immédiatement dans la Grande Salle. Les Gryffondor étaient en train de raconter ce qui s'était passé aux élèves des autres maisons. Emerald entendit un groupe de septième année de Serpentard s'esclaffer.
- Si les Morph Twins étaient encore là, les professeurs auraient pu penser que Serena aurait pris l'apparence de Black pour rigoler !
La demoiselle haussa un sourcil, mais finit par hausser les épaules. Rien de vraiment intéressant.
- Tout le monde dans les sacs de couchage ! cria Percy. Fini les bavardages ! Extinction des feux dans dix minutes !
- Venez, dit Ron.
Ils prirent des sacs de couchage et allèrent s'installer dans un coin.
- Vous croyez que Black est toujours dans le château ? murmura Hermione d'un air anxieux.
- Apparemment, Dumbledore en est persuadé, dit Ron.
- C'est une chance qu'il ait choisi ce soir pour se manifester, dit Hermione tandis qu'ils se glissaient tout habillés dans leurs sacs de couchage. C'était la seule soirée où on n'était pas dans la tour...
- Il a dû perdre la notion du temps à force d'être toujours en fuite, dit Ron. Il ne s'est pas aperçu que c'était Halloween. Sinon, c'est ici, dans la Grande Salle, qu'il aurait débarqué.
Hermione fut secouée d'un frisson.
Tout autour d'eux, les élèves se posaient la même question les uns aux autres: « Comment a-t-il fait pour entrer ?».
- Il a peut-être la faculté de transplaner ? dit un élève de Serdaigle. Tu sais, apparaître dans les airs comme si on venait de nulle part...
- Il s'est sans doute déguisé, dit un élève de Poufsouffle.
- Ou peut-être qu'il a volé jusqu'ici ? suggéra Dean Thomas.
Emerald, elle, se permit d'avoir une pensée égoïste et remercia mentalement Sirius Black de lui donner l'occasion de passer la nuit de son anniversaire avec ses amis.
- Est-ce que je suis vraiment la seule personne à avoir jamais pris la peine de lire l'Histoire de Poudlard ? dit alors Hermione avec colère.
- Probablement, répondit Ron. Pourquoi ?
- Parce que le château est protégé par autre chose que de simples murailles, poursuivit Hermione. Il existe de nombreux sortilèges qui empêchent d'y entrer clandestinement. On ne peut pas se contenter de transplaner dans un endroit pareil. Et j'aimerais bien savoir sous quel déguisement on pourrait berner les Détraqueurs. Ils gardent tous les accès à l'école et ils l'auraient aussi vu voler. Et puis, Rusard connaît tous les passages secrets, alors, tu penses bien qu'ils sont surveillés...
- On éteint les lumières, maintenant ! cria Percy. Tout le monde dans les sacs de couchage et plus un mot !
Toutes les chandelles s'éteignirent d'un seul coup. Les seules sources de lumière venaient à présent de la forme argentée des fantômes, qui flottaient dans les airs en s'entretenant gravement avec les préfets, et du plafond magique parsemé d'étoiles, à l'image du ciel. La rumeur des chuchotements, semblable au murmure du vent, s'ajoutait au ciel magique, donnant l'impression à Emerald qu'ils dormaient à la belle étoile, au son d'une brise légère.
À chaque heure, un professeur revenait dans la Grande Salle pour vérifier que tout était calme. Vers trois heures du matin, alors que la plupart des élèves s'étaient enfin endormis, le professeur Dumbledore entra à son tour. Percy n'était pas très loin du quatuor qui fit semblant de dormir lorsqu'ils entendirent les pas de Dumbledore s'approcher.
- Vous l'avez repéré ? demanda Percy dans un murmure.
- Non, pas encore. Et ici, tout va bien ?
- Nous avons la situation en main, Monsieur le Directeur.
- Très bien. Il serait inutile de les faire sortir maintenant. J'ai trouvé un gardien temporaire pour remplacer la grosse dame. Vous pourrez ramener les élèves dans la tour de Gryffondor dès demain.
- Et la grosse dame, Monsieur le Directeur ?
- Elle se cache dans une carte de géographie au premier étage. Apparemment, elle a refusé de laisser entrer Black sans le mot de passe, alors, il l'a attaquée. Elle est encore très choquée, mais dès qu'elle se sera calmée, je demanderai à Mr Rusard de la restaurer.
Emerald entendit le grincement de la porte qui s'ouvrait à nouveau, puis d'autres bruits de pas qui s'approchaient.
- Monsieur le Directeur ?
C'était Rogue. La demoiselle resta parfaitement immobile, l'oreille tendue.
- Le deuxième étage a été entièrement fouillé. Il n'y est pas. Et Rusard a inspecté les sous-sols, rien là-bas non plus.
- Et la tour d'astronomie ? La pièce du professeur Trelawney ? La volière ?
- Tout a été fouillé.
- Très bien, Severus. Je ne m'attendais pas à ce que Black traîne dans les parages.
- Avez-vous une idée de la façon dont il est entré ? demanda Rogue.
La Serpentard vit Harry soulever légèrement sa tête posée sur son bras pour dégager son autre oreille.
- J'en ai beaucoup et elles sont toutes aussi invraisemblables les unes que les autres.
- Vous vous souvenez de la conversation que nous avons eue, Monsieur le Directeur, juste avant le... le début du trimestre ? dit Rogue en baissant la voix, comme s'il voulait éviter que Percy l'entende.
- Je m'en souviens, Severus, répondit Dumbledore avec quelque chose dans la voix qui ressemblait à un avertissement.
- Il paraît... presque impossible que Black ait pu pénétrer dans l'école sans une complicité interne. Je vous ai fait part de mes inquiétudes lorsque vous avez nommé...
- Je ne crois pas que qui que ce soit dans ce château ait aidé Black à y entrer, dit Dumbledore d'un ton définitif qui fit taire Rogue. Il faut que j'aille voir les Détraqueurs, à présent. Je leur ai dit que je les préviendrais quand nos recherches seraient terminées.
- Ils n'ont pas proposé de nous aider, Monsieur le Directeur ? demanda Percy.
- Oh, si, répondit froidement Dumbledore. Mais je puis vous affirmer qu'aucun Détraqueur ne franchira jamais l'enceinte de ce château tant que j'en serai le directeur.
Percy paraissait quelque peu désarçonné au bruit qu'il laissa échapper. Dumbledore quitta la Grande Salle d'un pas rapide et silencieux. Rogue resta un instant immobile puis il s'en alla à son tour.
Emerald jeta un regard oblique vers Ron et Hermione. Eux aussi avaient les yeux ouverts.
- Qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ? murmura Ron.
