Heya ! Nouveau chapitre !
Je vais faire quelque chose de différent de d'habitude et vous demander votre patience, j'ai un message important à faire passer à la fin du chapitre.
Comme toujours, merci infiniment à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture~!
Harry et Emerald retrouvèrent très vite un excellent moral : tout d'abord, la promesse du professeur Lupin de leur donner des leçons de défense contre les Détraqueurs leur faisait espérer que jamais plus ils n'auraient à revivre les moments les plus horribles de leur vie. Ensuite la victoire écrasante de l'équipe de Serdaigle sur celle de Poufsouffle, à la fin du mois de novembre, laissait aux Gryffondor une chance de remporter la coupe, ce qui arrangeait bien le Survivant.
Cependant la demoiselle ne venait plus aux séances d'entraînement, s'étant platement excusée auprès de Harry. Celui-ci avait répondu qu'Hermione lui avait expliqué que la Serpentard avait difficilement supporté le match avant l'arrivée des Détraqueurs, et qu'il préférait la savoir à l'écart et à l'aise au lieu de se forcer à supporter la foule. Sur le moment, Emerald avait bien failli se jeter sur le jeune homme pour le prendre dans ses bras, tant elle lui en était reconnaissante.
Deux semaines avant la fin du trimestre, une clarté d'un blanc d'opale dissipa l'obscurité du ciel et un beau matin, le sol boueux se couvrit d'un givre étincelant. L'atmosphère qui régnait à l'intérieur du château annonçait Noël. Le professeur Flitwick, qui enseignait les sortilèges, avait déjà décoré sa classe de petites fées scintillantes comme des chandelles et les élèves parlaient d'un air ravi de leurs projets pour les vacances. Ron et Hermione avaient décidé de rester à Poudlard. Ron prétendait que c'était parce qu'il ne supporterait pas de passer deux semaines en compagnie de Percy, et Hermione affirmait qu'elle devait absolument aller à la bibliothèque pendant cette période, mais elle se doutait qu'en réalité, c'était parce qu'ils ne voulaient pas laisser Harry seul.
À la grande joie de tout le monde, sauf du jeune homme, d'ailleurs, une deuxième visite à Pré-au-lard était prévue pour le dernier week-end du trimestre.
- On va pouvoir acheter tous nos cadeaux de Noël là-bas ! dit Hermione. Mes parents seront enchantés que je leur envoie des fils dentaires à la menthe de chez Honeydukes !
Les parents d'Hermione étaient dentistes.
Emerald ayant déjà été à Pré-au-Lard à Halloween, elle assura à Harry qu'elle se ferait juste un passage à Honeydukes avant de revenir, mais tout comme la fois précédente, le Survivant avait refusé qu'elle sacrifie sa sortie pour lui. Restait à savoir si elle avait l'intention de le lui accorder.
Le samedi matin, jour de la sortie à Pré-au-lard, elle enfila donc plusieurs couches de vêtements chauds, sa cape, une écharpe et des gants, et suivit Ron et Hermione au village. La brunette lui tint la main quand ils passèrent les Détraqueurs. La neige avait commencé à tomber.
Le trio se dirigea donc vers Honeydukes et à nouveau, Emerald se dit que son père aurait détesté la voir dans un endroit pareil. Il y avait un peu moins de monde que la dernière fois, ce qui l'arrangeait bien. La demoiselle commença donc à refaire ses réserves, reprenant un peu de tout ce qu'elle connaissait déjà, puis rejoignit Ron et Hermione qui s'étaient arrêtés à la section "goûts bizarres".
- Oh, non, beurk, Harry n'aimera pas ça du tout, ce sont des sucettes pour vampires, disait Hermione en regardant le panier de sucettes au sang.
Emerald se contenta de tendre la main pour en prendre une poignée. Sous les regards interloqués des Gryffondor, elle haussa les épaules.
- Cela peut paraître étonnant, mais je trouve qu'elles ont bon goût, se justifia-t-elle.
- Euh… J'imagine qu'ils n'en vendraient pas si personne n'en achetait… fit Hermione.
- Et ça, tu penses que ça plaira à Harry ? demanda Ron en mettant un bocal de Nids de Cafards sous le nez d'Hermione.
- Oh, non, sûrement pas, fit la voix du Survivant derrière eux.
Ron faillit lâcher le bocal tandis qu'Emerald faisait volte-face pour voir le jeune homme les regarder avec un grand sourire.
- Harry ! s'exclama Hermione d'une petite voix aiguë. Qu'est-ce que tu fais là ? Comment... comment as-tu... ?
- Eh ben, dis donc ! s'écria Ron d'un ton admiratif. Tu as appris à transplaner ?
- Bien sûr que non, répondit Harry.
Il baissa la voix pour que les autres ne puissent pas l'entendre et leur raconta comment Fred et George lui avaient offert une carte magique qui connaissait presque tous les secrets du château. La carte du Maraudeur.
- Comment ça se fait que Fred et George ne me l'aient jamais donnée à moi ? dit Ron, scandalisé. Je suis leur frère !
- Mais Harry ne va sûrement pas la garder ! assura Hermione, comme si l'idée lui paraissait ridicule. Il va la donner au professeur McGonagall, n'est-ce pas, Harry ?
- Certainement pas, répliqua Harry.
- Tu es folle ? dit Ron en lançant à Hermione un regard effaré. Se priver de quelque chose d'aussi formidable ?
- Si je la donnais, il faudrait que je dise comment j'ai fait pour me la procurer, fit remarquer Harry. Et Rusard comprendrait tout de suite que c'est Fred et George qui l'ont volée dans son tiroir.
- Et Sirius Black ? chuchota Hermione. Il pourrait utiliser un des passages indiqués sur la carte pour pénétrer dans le château. Il faut que les professeurs soient au courant.
- Je pense que justement, la carte pourrait permettre à Harry de se protéger de lui, intervint Emerald. Si elle montre qui se trouve où à tout moment dans le château, c'est le meilleur moyen pour qu'il sache s'il est là ou non.
Ron montra un avis apposé sur la porte du magasin:
PAR ORDRE DU MINISTÈRE DE LA MAGIE
Il est rappelé à notre aimable clientèle que jusqu'à nouvel avis, des Détraqueurs patrouilleront dans les rues de Pré-au-lard toutes les nuits à partir du coucher du soleil. Cette mesure, prise dans l'intérêt de la population, restera en vigueur jusqu'à la capture de Sirius Black. En conséquence, nous vous recommandons de terminer vos achats avant la tombée de la nuit.
Joyeux Noël à tous !
- Tu vois ? dit Ron à voix basse. J'aimerais bien voir Sirius Black essayer d'entrer chez Honeydukes avec les rues pleines de Détraqueurs. D'ailleurs, les patrons du magasin l'entendraient si quelqu'un essayait de s'introduire chez eux en pleine nuit. Ils habitent juste au-dessus.
- Oui, mais... mais...
Visiblement, Hermione faisait tous les efforts possibles pour trouver une autre objection.
- De toute façon, dit-elle enfin, Harry ne devrait pas venir à Pré-au-lard. Il n'a pas d'autorisation signée ! Si quelqu'un s'en aperçoit, il sera dans les ennuis jusqu'au cou ! Et la nuit n'est pas encore tombée. Qu'est-ce qui se passerait si Sirius Black apparaissait maintenant ?
- Il aurait du mal à retrouver Harry là-dedans, répondit Ron en montrant d'un signe de tête les tourbillons de neige épaisse qui tombaient au-dehors. Ça suffit, Hermione, c'est Noël, Harry a bien le droit de s'amuser un peu.
Hermione, contrariée, se mordit la lèvre.
- Tu vas me dénoncer ? demanda Harry avec un sourire.
- Oh, bien sûr que non, mais enfin, quand même, Harry...
- Tu as vu les Fizwizbiz, Harry ? dit Ron en l'emmenant près du tonneau. Et les Gommes de Limaces ? Et les Suçacides ? Fred m'en a donné un quand j'avais sept ans – ça m'a fait un trou au milieu de la langue. Je me souviens que Maman lui a donné des coups de balai.
Ron contempla d'un air songeur la boîte de Suçacides.
- Tu crois que Fred mangerait quelques Nids de Cafards, si je lui disais que ce sont des cacahuètes ?
Lorsque les jeunes eurent fait leur choix et payé leurs achats, tous les quatre sortirent de chez Honeydukes et retrouvèrent le blizzard qui continuait de souffler.
Pré-au-lard avait l'air d'une carte postale. Les cottages et les boutiques étaient recouverts d'une couche de neige fraîche. Des couronnes de houx étaient accrochées au-dessus des portes et des guirlandes de chandelles magiques pendaient aux branches des arbres.
Harry frissonna. Contrairement aux trois autres, il n'avait pas de cape. Ils remontèrent la rue, penchés contre le vent.
- Ça, c'est la poste, dit Hermione à Harry en criant à travers son écharpe.
- Et là-bas, c'est Zonko, indiqua Ron.
- On pourrait aller à la Cabane hurlante...
- Et qu'est-ce que tu dirais d'aller boire une Bièraubeurre aux Trois Balais ? proposa Ron en claquant des dents.
Emerald, qui se sentait geler malgré toutes ses couches de vêtements, trouva l'idée excellente. Ils traversèrent donc la rue et pénétrèrent dans la minuscule auberge.
L'endroit était bondé, bruyant, chaleureux et enfumé. Une jolie femme aux courbes généreuses servait une bande de sorciers braillards accoudés au bar.
- C'est Madame Rosmerta, dit Ron. Je vais chercher les chopes, d'accord ? ajouta-t-il en rougissant un peu.
- Euh, Ron, l'arrêta Emerald. Pour moi ce sera plutôt un chocolat chaud.
- Ah ? D'accord, acquiesça le rouquin avant de partir.
Les trois autres s'avancèrent vers le fond de la salle où ils trouvèrent une petite table libre entre une fenêtre et le splendide sapin de Noël dressé près de la cheminée. Ron revint cinq minutes plus tard avec trois chopes de Bièraubeurre chaude et le mug de chocolat chaud d'Emerald.
- Joyeux Noël, dit-il en levant sa chope.
Emerald but une longue gorgée de sa boisson. Avoir du chaud dans l'estomac lui fit un bien fou. Un bref coup de vent ébouriffa les cheveux des jeunes. La porte des Trois Balais venait de s'ouvrir. Par-dessus le bord de sa chope, Harry jeta un coup d'œil aux nouveaux arrivants et faillit s'étrangler.
Dans un tourbillon de neige, les professeurs McGonagall et Flitwick firent leur entrée dans l'auberge, suivis de près par Hagrid, en grande conversation avec un homme trapu coiffé d'un chapeau melon vert et vêtu d'une cape à rayures.
En un éclair, Ron et Hermione posèrent les mains sur la tête de Harry et appuyèrent vigoureusement pour le forcer à s'accroupir sous la table.
Hermione sortit sa baguette et murmura: « Mobiliarbus ! »
Aussitôt, le sapin de Noël, près de la cheminée, s'éleva de quelques centimètres, se déplaça latéralement et retomba sans bruit juste devant leur table en les dissimulant aux regards. Emerald entendit les pieds de quatre chaises s'écarter de la table voisine, puis les adultes s'asseoir avec des grognements de satisfaction.
Madame Rosmerta s'approcha des nouveaux arrivants.
- Le jus d'œillet dans un petit verre ? dit une voix de femme.
- Pour moi, répondit la voix du professeur McGonagall.
- Quatre pintes d'hydromel aux épices ?
- Ça, c'est pour moi, Rosmerta, dit Hagrid.
- Sirop de cerise soda avec boule de glace et ombrelle ?
- Miam ! dit le professeur Flitwick avec un claquement de langue.
- Et le rhum groseille, c'est pour vous, Monsieur le Ministre.
Emerald se figea avec sa tasse à mi-hauteur. Le Ministe de la Magie en personne ? Cornelius Fudge ?
- Merci, ma chère Rosmerta, dit la voix de Fudge. Je suis ravi de vous revoir. Vous prendrez bien quelque chose avec nous ? Asseyez-vous donc.
- Merci beaucoup, Monsieur le Ministre.
La barmaid s'éloigna avant de revenir.
- Alors, qu'est-ce qui vous amène dans ce trou perdu, Monsieur le Ministre ? demanda la voix de Madame Rosmerta.
En se penchant légèrement, Emerald put voir Fudge pivoter sur sa chaise, comme s'il regardait autour de lui pour vérifier que personne d'autre que ses interlocuteurs ne pouvait l'entendre. Puis, à voix basse, il répondit:
- Sirius Black, bien entendu, qui d'autre ? J'imagine que vous avez appris ce qui s'est passé à l'école le jour de Halloween ?
- J'en ai vaguement entendu parler, reconnut Madame Rosmerta.
- Vous avez raconté ça dans toute l'auberge, Hagrid ? dit le professeur McGonagall d'un ton exaspéré.
- Vous pensez que Black est toujours dans le coin, Monsieur le Ministre ? chuchota Madame Rosmerta.
- J'en suis certain, répondit brièvement Fudge.
- Vous savez que les Détraqueurs ont fouillé mon auberge deux fois ? reprit Madame Rosmerta, un peu agacée. Tous mes clients sont partis terrifiés... C'est très mauvais pour le commerce, Monsieur le Ministre.
- Ma chère Rosmerta, je n'aime pas plus les Détraqueurs que vous, répondit Fudge, gêné, mais c'est une précaution nécessaire... C'est malheureux, mais c'est comme ça... Je viens d'en voir un, ils sont furieux contre Dumbledore parce qu'il refuse de les laisser entrer dans l'enceinte du château.
- Il a bien raison, dit sèchement le professeur McGonagall, comment voulez-vous qu'on donne des cours avec des horreurs pareilles autour de nous ?
- Très juste, très juste, couina le minuscule professeur Flitwick, dont les pieds ne touchaient pas le sol.
Emerald ne put s'empêcher d'être d'accord avec les professeurs. Les Détraqueurs étaient une abomination et étaient dangereux pour les élèves.
- N'oublions tout de même pas qu'ils sont là pour vous protéger d'un danger encore plus grand, objecta Fudge. Nous savons tous de quoi Black est capable...
- Je n'arrive toujours pas à le croire, dit Madame Rosmerta d'un air songeur. Jamais je n'aurais imaginé que Sirius Black prendrait le parti des forces du Mal... Je me souviens quand il était petit, à Poudlard... Si vous m'aviez dit à ce moment-là qu'il deviendrait ce qu'il est aujourd'hui, j'aurais pensé que vous aviez bu trop d'hydromel.
- Vous ne connaissez pas la moitié de l'histoire, Rosmerta, dit Fudge d'un ton abrupt. Les gens ne savent pas le pire.
- Le pire ? dit Madame Rosmerta d'un ton excité par la curiosité. Pire que d'assassiner tous ces malheureux ?
- En effet.
- Je n'arrive pas à le croire. Qu'est-ce qui pourrait être pire ?
- Vous avez dit que vous vous souveniez de lui quand il était à Poudlard, Rosmerta ? murmura le professeur McGonagall. Et vous vous rappelez qui était son meilleur ami ?
- Bien entendu, répondit Madame Rosmerta avec un petit rire. On ne voyait jamais l'un sans l'autre. Je ne compte plus les fois où ils sont venus ici... Ils me faisaient rire ! Ah ça, on peut dire qu'ils faisaient une belle équipe, Sirius Black et James Potter !
Harry lâcha sa chope qui tomba par terre avec un bruit sonore. Ron lui donna un coup de pied. Emerald, elle, lui tendit une main sous la nappe que le Survivant attrapa pour la serrer avec force.
- Justement, reprit le professeur McGonagall. Black et Potter, les chefs de leur petite bande. Tous les deux très brillants, bien sûr – exceptionnellement brillants, en vérité – mais je crois que jamais aucun élève ne nous a causé autant d'ennuis que ces deux-là.
- Je n'en suis pas sûr, dit Hagrid avec un petit rire. Fred et George Weasley peuvent également prétendre au titre. Sans oublier les Morph Twins, elles nous ont bien fait tourner en bourrique celles-là.
- On aurait dit que Black et Potter étaient deux frères ! intervint le professeur Flitwick. Absolument inséparables !
- Sans aucun doute, dit Fudge. Potter avait une confiance absolue en Black. Et c'était toujours vrai quand ils ont quitté l'école. Black était témoin au mariage de James et de Lily. Et c'est lui qui a été le parrain de Harry. Harry ne sait rien de tout cela, bien sûr. Vous imaginez l'effet que ça lui ferait ?
Emerald sentit sa main se faire écraser par la poigne du jeune homme, mais fit de son mieux pour ne pas réagir.
- Parce que Black s'est associé à Vous-Savez-Qui ? chuchota Madame Rosmerta.
- Encore pire, ma chère Rosmerta...
Fudge baissa la voix et poursuivit dans une sorte de marmonnement à peine audible:
- Rares sont ceux qui savent que les Potter étaient parfaitement conscients d'être la cible de Vous-Savez-Qui. Dumbledore, qui luttait sans relâche contre le Mage noir, disposait d'un bon nombre d'espions fort utiles. L'un d'eux l'a mis au courant et Dumbledore a immédiatement averti James et Lily. Il leur a conseillé de se cacher. Mais comme vous vous en doutez, il était difficile de se cacher de Vous-Savez-Qui. Alors, Dumbledore leur a dit que le meilleur moyen, c'était d'avoir recours à un sortilège de Fidelitas.
- Comment ça marche ? demanda Madame Rosmerta qui semblait passionnée.
Le professeur Flitwick s'éclaircit la gorge.
- C'est un sortilège d'une grande complexité, dit-il d'une petite voix aiguë. Il s'agit d'un procédé magique destiné à cacher un secret au cœur d'un être unique. L'information est dissimulée à l'intérieur même de la personne choisie, qu'on appelle le Gardien du Secret. Le secret devient alors impossible à découvrir, sauf bien sûr si le Gardien décide de le divulguer. Ainsi, tant que le Gardien du Secret refusait de parler, Vous-Savez-Qui pouvait toujours fouiller le village où James et Lily Potter vivaient depuis des années, il lui était impossible de les retrouver, même s'il avait collé le nez contre la fenêtre de leur salon !
- Alors, Black est devenu le Gardien du Secret des Potter ? murmura Rosmerta.
- Bien entendu, répondit le professeur McGonagall. James Potter a affirmé à Dumbledore que Black aurait préféré mourir plutôt que de révéler où ils se trouvaient et que Black avait lui-même l'intention de se cacher. Pourtant, Dumbledore restait inquiet. Je me souviens de l'avoir entendu proposer à Potter de devenir lui-même le Gardien du Secret.
- Il soupçonnait Black ? s'étonna Madame Rosmerta.
- Il était persuadé qu'un proche des Potter informait régulièrement Vous-Savez-Qui de leurs déplacements, répondit sombrement le professeur McGonagall. En fait, il pensait depuis longtemps que quelqu'un nous trahissait en fournissant des renseignements à Vous-Savez-Qui.
- Mais James Potter a insisté pour choisir Black comme Gardien du Secret ?
- En effet, soupira Fudge. Et à peine une semaine après que le sortilège de Fidelitas eut été pratiqué...
- Black les a trahis ? dit Madame Rosmerta dans un souffle.
- Exactement. Black s'est lassé de son rôle d'agent double, il était prêt à se déclarer ouvertement partisan de Vous-Savez-Qui et il semble qu'il avait prévu de le faire au moment de la mort des Potter. Mais, comme nul ne l'ignore, le pouvoir de Vous-Savez-Qui a été détruit par le petit Harry Potter. Privé de sa puissance maléfique, terriblement affaibli, il était condamné à disparaître. Black s'est alors trouvé dans une situation très désagréable. Son maître tombait au moment même où lui, Black, montrait son vrai visage. Il n'avait donc plus d'autre choix que d'essayer de fuir à tout prix...
- Misérable traître abject et répugnant ! s'exclama Hagrid d'une voix si forte que la moitié des clients interrompirent leurs conversations.
- Chut ! dit le professeur McGonagall.
- Je l'ai vu ! grogna Hagrid. Je dois être la dernière personne à l'avoir rencontré avant qu'il tue tous ces gens ! C'est moi qui suis allé chercher Harry dans la maison de James et Lily après leur assassinat ! Je l'ai tiré des ruines, le pauvre malheureux. Il avait une grosse plaie sur le front et ses parents étaient morts... Et voilà que Sirius Black apparaît sur la moto volante qu'il utilisait pour se déplacer. Je ne me suis jamais demandé pourquoi il était là. J'ignorais qu'il avait été le Gardien du Secret de James et de Lily. J'ai pensé qu'il venait simplement d'apprendre ce qui s'était passé et qu'il était aussitôt accouru pour voir s'il pouvait se rendre utile. Il était pâle et tremblant. Et vous savez ce que j'ai fait ? J'AI CONSOLÉ CE TRAÎTRE ASSASSIN ! rugit Hagrid.
Emerald retint un gémissement quand un fourmillement commença à se faire sentir dans sa main. Harry la lui serrait si fort que la circulation du sang semblait avoir été coupée.
- Hagrid, je vous en prie ! protesta le professeur McGonagall. Parlez moins fort !
- Comment pouvais-je savoir que ce n'était pas la mort de Lily et de James qui le bouleversait ? Tout ce qui lui importait, c'était le sort de Vous-Savez-Qui ! Alors, il m'a dit: « Donne-moi Harry, Hagrid, je suis son parrain, je m'occuperai de lui. » Seulement moi, j'avais reçu des instructions de Dumbledore et j'ai répondu à Black: « Non, Dumbledore a dit que Harry devait être confié à sa tante et à son oncle. » Black a essayé de discuter mais il a fini par abandonner. Il m'a proposé sa moto pour emmener Harry. « Je n'en aurai plus besoin, maintenant », m'a-t-il dit. J'aurais dû me douter qu'il y avait quelque chose de louche. Pourquoi me donner cette moto qu'il aimait tellement ? Pourquoi n'en aurait-il plus besoin ? En fait, elle était trop facile à repérer. Dumbledore savait qu'il avait été le Gardien du Secret des Potter. Black, lui, s'apprêtait à prendre la fuite cette nuit-là. Il savait que dans quelques heures, il aurait le ministère de la Magie aux trousses. Mais qu'est-ce qui se serait passé si je lui avais confié Harry ? Je parie qu'il l'aurait jeté à la mer depuis sa moto volante. Le fils de son meilleur ami ! Mais quand un sorcier passe du côté du mal, plus rien ne compte pour lui...
Un long silence suivit le récit de Hagrid. Puis Madame Rosmerta reprit la parole:
- Mais il n'a pas réussi à s'enfuir, n'est-ce pas ? demanda-t-elle avec une certaine satisfaction. Le ministère de la Magie l'a attrapé le lendemain !
- Si seulement nous avions pu ! soupira Fudge avec amertume. Ce n'est pas nous qui l'avons retrouvé. C'est Peter Pettigrow, un autre ami des Potter. Fou de chagrin et sachant que Black avait été le Gardien du Secret des Potter, il s'est lancé tout seul à sa poursuite.
- Pettigrow... C'était ce petit garçon grassouillet qui traînait toujours derrière eux ? dit Madame Rosmerta.
- Il avait un véritable culte pour Black et Potter, dit le professeur McGonagall. Mais il n'était pas du tout à leur niveau. Il m'est arrivé d'être assez sévère avec lui. Vous imaginez à quel point je... je le regrette aujourd'hui.
Tout à coup, on aurait dit qu'elle était enrhumée.
- Allons, Minerva, n'ayez pas de remords, dit Fudge avec sympathie. Pettigrow est mort en héros. Les Moldus qui ont assisté à la scène ont subi un sortilège d'Amnésie, bien sûr, mais d'autres témoins nous ont dit que Pettigrow a coincé Black et qu'il sanglotait en disant: « Lily et James ! Comment as-tu pu faire ça, Sirius ? » Il a sorti sa baguette magique, mais Black a été plus rapide. Il a réduit Pettigrow en miettes...
Le professeur McGonagall se moucha, puis dit d'une voix douloureuse:
- Quel idiot... Il avait toujours été très mauvais dans les combats en duel... Il aurait dû laisser faire le ministère.
- Moi, je vous garantis que si j'avais retrouvé Black avant Pettigrow, je ne me serais pas embarrassé de baguette magique... Je l'aurais mis en pièces à mains nues... grogna Hagrid.
- Vous dites des bêtises, Hagrid, répliqua sèchement Fudge. Seule la brigade d'élite des tireurs de baguette magique aurait eu une chance face à Black. A l'époque, j'étais directeur du Département des Catastrophes magiques et j'ai été un des premiers à me rendre sur place après la tuerie. Je ne l'oublierai jamais. Il m'arrive encore d'en rêver. Il y avait au milieu de la rue un cratère si profond que les canalisations des égouts avaient éclaté. Des cadavres jonchaient le sol, les Moldus hurlaient. Et Black riait aux éclats devant ce qu'il restait de Pettigrow: une robe de sorcier ensanglantée et quelques fragments de son corps...
La voix de Fudge s'interrompit. On entendit cinq personnes se moucher.
- Et voilà toute l'histoire, dit Fudge d'un ton grave. Black a été emmené par vingt sorciers de la brigade magique et Pettigrow a été décoré de l'Ordre de Merlin, première classe, à titre posthume, ce qui a représenté, je crois, un certain réconfort pour sa pauvre mère. Depuis ce temps-là, Black a été enfermé à Azkaban.
Madame Rosmerta laissa échapper un profond soupir.
- Est-il vrai qu'il est fou, Monsieur le Ministre ?
- J'aimerais bien pouvoir vous répondre qu'il l'est, en effet, dit lentement Fudge. Je crois que la défaite de son maître lui a fait perdre le sens commun pendant un certain temps. Le meurtre de Pettigrow et de tous ces Moldus ne pouvait être que le geste d'un désespéré. Un geste cruel... inutile... J'ai cependant rencontré Black lors de ma dernière inspection à Azkaban. La plupart des prisonniers passent leur temps enfermés dans le noir à marmonner des paroles dénuées de sens... Mais j'ai été frappé de constater à quel point Black paraissait normal. Il m'a parlé d'une manière parfaitement raisonnable. C'en était même déconcertant. On avait l'impression qu'il s'ennuyait, c'est tout. Il m'a demandé très calmement si j'avais fini de lire mon journal et si je voulais bien le lui donner... Il regrettait de ne plus pouvoir faire de mots croisés ! J'ai été stupéfait de voir que les Détraqueurs avaient eu si peu d'effet sur lui. Il était pourtant un des prisonniers les mieux gardés. Des Détraqueurs étaient postés devant la porte de sa cellule jour et nuit.
- Et qu'est-ce qu'il a l'intention de faire, à votre avis, maintenant qu'il est libre ? demanda Madame Rosmerta. Mon dieu, Monsieur le Ministre, ne me dites pas qu'il essaye de rejoindre Vous-Savez-Qu ?
- Malheureusement, je crois bien que c'est son... heu... son objectif final, répondit Fudge d'un ton évasif. Mais nous espérons bien le rattraper avant qu'il n'y parvienne. Car je dois vous dire que Vous-Savez-Qui, seul et sans amis, c'est une chose, mais rendez-lui son serviteur le plus dévoué et j'ai bien peur qu'il ne ressurgisse très vite des ténèbres...
Il y eut un petit bruit sur la table. Quelqu'un avait reposé son verre.
- Cornélius, si vous devez dîner avec le directeur, nous ferions bien de reprendre la direction du château, dit le professeur McGonagall.
Les adultes se mirent en mouvement. Madame Rosmerta disparut derrière le comptoir tandis que le reste sortait du pub dans un tourbillon de neiges et de capes.
- Harry ?
Le jeune homme ne répondit pas à l'appel d'Hermione, sa prise sur la main d'Emerald se déserra progressivement, mais il ne lâcha pas. Le quatuor ne prononça pas un mot et le silence s'étira pendant de longues minutes.
La Serpentard finit par décider qu'ils avaient passé assez de temps à Pré-au-Lard. Elle se leva après avoir bu d'une traite ce qu'il restait de son chocolat et donna à Ron de quoi payer la boisson de Harry et la sienne. Tirant le Survivant par la main, elle sortit du pub et marcha à pas rapides jusqu'à Honeydukes, laissant le jeune homme disparaître dans l'arrière-boutique. Après quoi, elle se mit en route vers l'entrée officielle de Poudlard, la respiration tremblante quand elle passa près des Détraqueurs.
Elle ne perdit pas de temps pour rejoindre le château et monter jusqu'au deuxième étage où se trouvait la statue de la Sorcière Borgne. Harry sortit d'un trou qui se situait derrière elle, puis la statue pivota pour cacher le passage secret.
Le jeune homme leva vers elle des yeux désespérés et brillants, mais ne dit toujours rien. Emerald hocha la tête. Elle comprenait.
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu !
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Pour les autres, on se retrouve le mois prochain !
- Misstykata
