FINAL FANTASY — VERSUS XV
Fiche personnage : Clarus Amicitia
Caractère : Un homme sage et compatissant, qui est prêt à tout pour le bien de son royaume, d'une fidélité sans faille envers son roi.
Aime : La loyauté, ceux qui persévèrent malgré les difficultés.
N'aime pas : Les lâches, dans tous les sens du terme.
Style de combat : Bouclier du Roi, Clarus est doté d'une grande force physique malgré son âge avancé. Manie les épées avec dextérité, et maîtrise parfaitement l'utilisation des boucliers.
Une pluie fine tombait. Une pluie fine annonciatrice de bien des maux. Si la symbolique des événements représentait actuellement le cadet de ses soucis, Lunafreya Nox Fleuret, regardait avec une certaine angoisse ces éléments sombres, derrière la vitre de la voiture. À côté d'elle, son frère arborait une mine aussi aimable qu'à l'accoutumée, tandis que de l'autre côté, Stella ne disait également pas un mot. Autant dire qu'il s'agissait d'une véritable ambiance d'enterrement.
Devant, le chauffeur au service de la maison Nox Fleuret en était même plutôt gêné. Mais il fallait dire qu'après tout, la journée s'annonçait relativement peu attrayante. Au loin, sous cette pluie qui gagnait progressivement en intensité, la forme d'un vaisseau du Niflheim, posé à terre, devenait perceptible. Au sol, un homme soigneusement placé en-dessous de son parapluie. Ravus plissa légèrement son regard, en l'apercevant.
« — Ardyn. »
[Yoko Shimomura — Ardyn's Theme]
Le Chancelier du Niflheim afficha un large sourire, et s'approcha bien vite de la portière du véhicule, qui se stationna non loin du vaisseau. De son propre chef, il ouvrit la porte, du côté où se trouvait Lunafreya, laquelle descendit doucement.
« — Bonjour, très chère Dame Lunafreya. Sourit-il, en lui offrant la protection de son parapluie.
— Bonjour. Répondit-elle doucement, en soutenant à peine son regard.
— Il ne faudrait pas que la mariée tombe malade avant le début de la cérémonie, n'est-ce pas ? »
La belle femme hocha simplement la tête, d'un mouvement lent, avant d'accepter la demande de cet homme excentrique.
« — Je suis profondément désolé, Dame Stella ! S'enquit-il ensuite. Si seulement je pouvais me dédoubler, alors je serai assurément venu à vous pour faire la même chose !
— Ce n'est rien, je pourrai aisément m'en remettre. Déclara l'intéressée, en sortant de l'autre côté avec son propre parapluie.
— Ha ! Quant à vous, Grand Commandant, vous êtes suffisamment puissant pour résister à la pluie, n'est-ce pas ? »
Un regard froid, voilà tout ce que gagna l'encombrant bras-droit d'Iedolas. Ravus ne prit même pas la peine de répondre, avant de se diriger, dans son long et noble manteau blanc, vers l'entrée du vaisseau, qui attendait avant de s'envoler. Stella resta à distance respectable, en gardant toujours un œil sur sa cadette, escortée —si l'on pouvait dire cela— par Ardyn, jusqu'à la trappe du vaisseau, qui s'élèverait dès lors que tout le monde serait prêt.
Chapitre 10 : Sur la route d'Altissia
Les yeux bleus portés sur l'horizon, Stella Nox Fleuret observait avec un œil presque nostalgique sa terre natale, s'éloigner mètre après mètre. Un paysage qu'elle aurait aimé féérique mais qui ne représentait hélas qu'un amas d'espoirs déçus. Des espoirs frappés par le destin lui-même. Voyager quelques heures dans ce vaisseau appartenant au Niflheim représentait en soi une épreuve.
« — Oh, ne vous en faites pas. Comportez-vous convenablement, et vous reverrez fort bientôt ce paysage. Tenebrae est un lieu merveilleux. »
La belle femme se retourna doucement, pour planter son regard bleu dans celui plus que joueur du Chancelier, visiblement d'une humeur loquace aujourd'hui. Stella ne lui répondit alors que par un sourire poli.
« — Ces propos pourraient être mal interprétés, Chancelier.
— Oh ! Pardon, pardon. Mille excuses. Ricana l'intéressé. Je voulais dire que si tout se passe bien, et qu'en théorie tout devrait bien se passer, alors vous retournerez sur vos terres natales. »
Sans s'éterniser, Ardyn laissa la jeune femme, celle-ci se contentant de le suivre tranquillement du regard. Son frère et sa sœur étaient déjà partis rejoindre un dortoir, histoire de s'isoler de ce monde. Elle, avait besoin de respirer ne serait-ce qu'un petit peu. Parce qu'elle savait pertinemment que les jours à venir lui feraient perdre son souffle. Cela dit, Stella préférait ne pas perdre trop de temps ici et finit par quitter les lieux au bout de quelques secondes.
En arpentant les couloirs pour rejoindre la pièce dans laquelle sa famille se trouvait, la Princesse finit par arriver sur un petit pont, qui donnait un accès sur l'étage inférieur, là même où de nombreux soldats s'agglutinaient. Sans qu'elle ne puisse le voir venir, son cœur se mit bien vite à s'emballer. Et une sensation bien trop familière s'empara de son âme entière, avant qu'elle ne détourne son attention pour accélérer le pas. Avec une précipitation qu'on ne lui connaissait pas, elle arriva vite jusqu'à sa chambre, qu'elle ouvrit dans le même rythme, surprenant d'ailleurs Lunafreya et Ravus.
« — Stella ?! S'inquiétèrent d'une voix les deux concernés. »
Essoufflée, au regard teinté par cet or mystique, Stella s'affala contre la porte d'entrée, en cherchant à retrouver son calme. Ravus fut le premier à arriver, et l'attrapa par les épaules, cherchant à la calmer.
« — Calme-toi, Stella. Déclara-t-il, en la serrant doucement contre lui. »
Lunafreya, elle, se tenait juste derrière, une mine marquée par l'inquiétude. Sa sœur retrouvait toutefois peu à peu ses esprits, et posa sa tête sur l'épaule protectrice de leur grand-frère, en expirant légèrement.
« — Vous savez … la plupart du temps, ça arrive quand je reste avec des soldats. Murmura-t-elle doucement, les paupières closes. Et je perds pied, progressivement …
— Stella … tu devrais dormir un petit peu. Proposa Luna, en s'accroupissant à côté d'elle.
— Oui … je sais. Je vais le faire.
— Nous n'arriverons à Altissia que dans quelques heures. Repose-toi, en attendant. Ordonna littéralement Ravus, en l'amenant et l'allongeant sur le lit. »
La jeune femme poussa un nouveau soupir, avant d'ouvrir grand ses yeux bleus. Ils se remplissaient d'une certaine reconnaissance, aussi bien envers Ravus que Luna. Même lorsqu'ils n'agissaient pas spécialement, savoir qu'ils resteraient à ses côtés représentait à ses yeux un énorme boost au moral. Et au vu des événements à venir, il n'était pas de trop …
Continent du Lucis …
[Yoko Shimomura — Bros on the Road]
« — Pwaaaah ! Enfin, on arrive bientôt !
— J'ai l'impression d'avoir entendu les mêmes choses depuis des jours …
— C'est parce que les mêmes choses ont été répétées depuis des jours.
— Quel brillant sens de la déduction, t'es bien le futur roi ! »
Effectivement, la Régalia fusait sur les routes depuis un moment maintenant. Ignis —celui qui déplorait cet aspect répétitif chez les événements— conduisait toujours le bolide noir, sur ces routes désertes.
« — C'est cool d'avoir eu cette arme fantôme, quand même ! Se félicita Prompto, en lançant un large sourire à Noctis.
— Les armes fantômes utilisent l'énergie même de Noct. Manie-les avec précaution. Tempéra Ignis, en ne quittant pas la route des yeux.
— Ouais. Dommage surtout de ne pas savoir où se trouvent les autres.
— Hé ! Le Prince Charmant a-t-il oublié qu'il avait un mariage pas plus tard que demain ? Haha ! J'ai tellement hâte !
— Ça va, hein, j'ai pas oublié. Pas comme si vous le répétiez depuis notre départ.
— N'empêche, reprit Prompto, on s'est bien marrés ces trois derniers jours. Faudra répéter l'expérience !
— Tu rigoles ? On a failli se faire bouffer par ces Wyvernes tout à l'heure, juste parce que monsieur Prompto trouvait qu'il s'agissait d'une espèce hyper rare à prendre en photo ! Grommela Gladio, en cherchant à attraper le blondinet par sa coiffure. »
Problème : Gladio se trouvant à l'avant et son camarade à l'arrière, il se voyait forcé de se redresser sur son siège de façon bien dangereuse.
« — Si je freine, tu t'envoles et personne n'ira te rechercher. Avertit Ignis, en secouant négativement la tête.
— Attends, je vais lui faire bouffer ses cheveux !
— Arrête, tu vas me décoiffer ! S'esclaffa Prompto, en s'abaissant.
— Ignis, j'ai mis ma ceinture. Soupira légèrement Noctis, en fermant les yeux. Freine, vas-y, on peut continuer sans eux. »
La Régalia poursuivit son trajet, dans cette ambiance éternellement agitée —mais qui constituait également l'A.D.N de ce groupe— sous un soleil de plomb.
« — J'ai reçu un message de mon père, au fait. Déclara Gladio. Ils sont déjà partis et se trouvent sur Angelgard.
— Angelgard ? L'île perdue, là ? Marmonna Prompto, incrédule.
— Bah, pas si perdu que ça figure-toi. Affirma le colosse, en croisant les bras. J'avais lu l'autre jour que …
— Tu sais lire toi ?
— J'vais te casser en trois et on verra si je sais lire !
— Ah ! Tu n'utilises que la violence sur moi ! »
Loin d'être irresponsable lors de quelques échauffourées bien stupides, Noctis préférait cette fois-ci ne rien faire. Il connaissait Angelgard des récits de son père … et de Lunafreya, d'ailleurs. Il s'agissait d'une île sombre, dans laquelle sommeillerait un être ancestral : Ramuh, Dieu du Tonnerre. Mais qu'est-ce que son père irait faire, là-bas ? Le pouvoir de communiquer avec les Dieux n'appartenait pas au roi du Lucis, mais à l'Oracle de Tenebrae …
« — Je te sens perturbé, Noct. Déclara Ignis, pendant que les deux autres se chamaillaient.
— Pourquoi tu penses qu'ils sont là-bas ?
— Aucune idée. Mes connaissances sur Angelgard sont trop limitées pour affirmer quoi que ce soit. Cela dit, il est impensable qu'il n'y aille pas sans quelque chose derrière la tête. Posons-lui la question à Altissia.
— Ouais. De façon discrète. »
Un simple hochement de tête positif suffisait à faire comprendre que le conducteur partageait cet avis. Les minutes continuaient de s'égrainer, au fur et à mesure que la journée avançait.
« — Au fait, après cette histoire, faudra que je passe à Lestallum. Reprit Gladio. Iris est malade, d'après ce que j'ai entendu. Elle a donc besoin de moi.
— J'espère qu'on pourra aller voir ta sœur, alors … Articula Prompto, mains derrière la tête. »
Le blond finit par remarquer un regard plutôt inquisiteur de la part du futur Bouclier du Roi, posé droit sur son visage.
« — H-Hein ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— Si tu touches ne serait-ce qu'à un seul cheveu d'Iris, je ne te garantis pas qu'on te prenne pour un mec.
— Oh ! Du calme, je ne pensais pas à la voir de cette façon ! Je ne suis pas intéressé !
— Y'a intérêt !
— Qu'est-ce qu'elle a ? Demanda Noctis, de son côté.
— Apparemment, elle a juste une fièvre, mais ça dure depuis plusieurs jours. On va quand même pas déconner avec cette histoire. »
En tant que grand-frère protecteur, Gladiolus ne comptait pas laisser sa petite-sœur aux mains de n'importe qui, et surtout pas dans n'importe quelle situation. Noctis, lui, comprenait parfaitement ses inquiétudes. Il avait lui-même connu Iris bien des années auparavant, encore enfant et s'était lié d'amitié avec elle.
Le groupe continuait sa route, et le paysage commençait d'ores et déjà à changer. Même s'ils s'en trouvaient toujours à plusieurs kilomètres, l'air de la mer se ressentait déjà. Un bon vent frais, qui changeait tout de même de leur environnement habituel. Il y avait des quais, à Insomnia, mais rien de comparable aux flots d'une marée sauvage. Même si Galdina n'était pas, à proprement parler, dénué de civilisation, au contraire. On y trouvait un restaurant relativement huppé, là-bas.
De nouveau, un freinage. Cette fois-ci, il causa un hurlement de terreur chez Prompto, qui ne s'y attendait pas du tout. Gladiolus et Noctis non plus d'ailleurs, mais eux conservèrent un minimum de dignité après cet arrêt forcé du véhicule.
« — J'ai cru que j'allais mourir ! Couina Prompto, en essayant de retrouver son calme.
— Ignis, dis-nous quelque chose avant purée … Souffla Gladiolus, en secouant négativement la tête.
— Désolé. Mais regardez par vous-mêmes. »
Cherchant à se remettre un petit peu du choc, Noctis secoua la tête. Il remarqua cependant bien vite l'objet de ce freinage soudain : une femme avançait dans leur direction. Une femme qu'ils connaissaient tous, à l'intérieur du groupe. Le regard du Prince s'élargit d'ailleurs.
« — Gentiana ?! »
[Yoko Shimomura — Cosmogony]
La messagère divine avançait à pas lents, les yeux fermés, dans sa démarche digne. Les quatre membres du groupe se statufièrent légèrement suite à cette apparition digne d'une épiphanie.
« — L'heure approche, futur roi élu.
— D-De quoi ?
— L'union entre l'Oracle et le futur roi de la Lumière ouvrira un nouveau chapitre de l'histoire d'Eos. Les Six sont ramenés à notre époque. Les Portes du Valhalla doivent restés fermées. »
Gentiana avait une façon bien à elle de s'exprimer. Une façon qui rendait la communication parfois bien compliquée, d'ailleurs. Le quatuor, par respect, descendit de la Régalia, en espérant écouter et comprendre de nouvelles informations importantes provenant d'une femme qui l'était assurément.
« — Une fois uni à Lunafreya, tu devras remporter des batailles plus difficiles les unes que les autres. Murmura, d'un ton lent, la dernière venue. L'Hydréenne se réveille, tout comme les autres. Gagner leur faveur pour permettre au Valhalla de rester fermé, telle est la mission du roi de la Lumière. Il devra ensuite chasser l'incarnation des ténèbres, pour permettre au monde de respirer.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là … ? L'incarnation du mal ?
— L'usurpateur. Articula Gentiana. Obtient les pouvoirs du roi élu et sauve ce monde. Bientôt, il entrera dans un cycle d'obscurité si grand, que les hommes se demanderont si le soleil brillera de nouveau. »
Les autres se lancèrent de furtifs regards. Gentiana délivrait sans nul doute des messages d'une importance capitale, mais réussir à les déchiffrer relevait parfois du miracle. Raison pour laquelle personne ne se permettait le moindre commentaire déplacé en sa présence, d'ailleurs, en plus d'une prestance assez mystique et renforcée par ses paroles énigmatiques.
« — Le Niflheim est prêt. Le Lucis doit l'être. Cette rencontre sera la première pierre d'un monde nouveau.
— Ils nous tendent un piège, alors ?
— Le Niflheim est un piège à lui seul. L'Oracle et la Prêtresse y sont piégées. Pour ramener la lumière, le roi élu a besoin des deux. »
L'air paraissait être plus frais, pendant quelques secondes. Quelques secondes qui s'évanouirent, en même temps que la présence étrange de la messagère. Personne, parmi le quatuor, ne sut comment interpréter réellement la chose, d'ailleurs. Quelques secondes de flottement s'en suivirent, sans que personne ne dise rien.
« — Eh bah … au moins, ses entrées sont remarquées. Soupira Prompto, une main derrière le crâne.
— Pourquoi tu ne tenterais pas ta chance avec elle ? Marmonna Gladiolus, en retournant à sa place.
— Elle me donne des frissons. Grelotta faussement le blondinet. J'ai l'impression qu'à la moindre bêtise, je me ferai atomiser.
— C'est une messagère divine. Déclara Ignis. Elle n'est supposée que transmettre les paroles des dieux. Mais tout ce qu'elle a dit est un petit peu étrange.
— Tout ce que j'ai retenu, reprit Noctis, c'est que ces enfoirés comptent vraiment nous buter. J'compte pas laisser les choses se passer comme ça.
— Il est encore trop tôt pour tirer de telles conclusions. Objecta Ignis. Rendons-nous à Galdina, nous réfléchirons à tête reposée là-bas. »
Bonne idée. Voilà qui permettrait de souffler un minimum, après cette apparition ressemblant fortement à un mauvais augure.
Royaume d'Accordo — Capitale : Altissia.
« — Nous voici enfin à Altissia. Cette chère Camelia Claustra ne souhaite pas que les vaisseaux atterrissent au cœur de sa tendre cité. Nous amarrerons donc à l'entrée, pour ensuite rejoindre en bateau, l'intérieur des lieux. Voyez-vous une objection ? »
Ravus Nox Fleuret et ses sœurs restèrent silencieux. Le long voyage avait été suffisamment reposant pour l'une d'entre eux, permettant de recharger les batteries. Stella ne dit donc pas un seul mot, en se contentant de suivre les paroles données par un Ardyn toujours aussi peu rassurant. Devant le manque de réactivité provoquée par ses paroles, il se fendit d'un léger rire faussement gêné.
« — Alors, puisqu'il n'y a pas de réponse, allons donc rejoindre de ce pas cette merveilleuse cité ! L'Empereur est déjà arrivé, afin de rencontrer la secrétaire générale. Amusons-nous, en attendant ! »
Au cœur même d'Altissia, se trouvait l'un des hôtels les plus prestigieux —et onéreux— de tout Eos : l'hôtel Leville, réputé pour le luxe de ses chambres. C'est justement à l'intérieur de cet établissement plus qu'huppé que se retrouvaient littéralement les deux chefs d'État, dans une chambre allouée spécialement pour l'occasion. L'Empereur Iedolas, accompagné par les Généraux Loqi et Caligo, toutefois légèrement en retrait, faisait face à une femme relativement âgée, proche de la cinquantaine, à la chevelure blonde soigneusement coiffée. Assise derrière une table basse, sirotant un thé chaud, la première ministre fit signe à l'Empereur de s'asseoir, ce qu'il fit en esquissant un léger sourire.
« — Bienvenue à Altissia, Empereur Iedolas. Déclara-t-elle, d'un ton neutre. Je suis satisfaite de voir que ma demande ait été acceptée.
— Tout cela n'est-il pas normal ? Rétorqua l'intéressé.
— Pas nécessairement, depuis lors qu'Accordo reste sous la tutelle du Niflheim.
— Ce n'est pas entièrement faux. Mais venons en directement aux faits, quelles sont donc les garanties que vous souhaitez obtenir de ma part ?
— Ce n'est pas compliqué. Répondit calmement Camelia. Vous souhaitez conclure un mariage pour finaliser la paix entre le Niflheim et le Lucis, n'est-ce pas ?
— Exactement.
— Et vous souhaitez en plus éveiller l'Hydréenne pour procéder à la cérémonie permettant au roi élu d'obtenir ses pouvoirs ?
— Oui. Ainsi, nous travaillerons côte-à-côte avec le Lucis pour mettre l'homme au centre de ce nouveau monde. N'est-ce pas le meilleur vœu possible ? Réunir les hommes d'Eos sous un seul drapeau.
— Si vous le dites. Le Lucis est-il au courant ?
— Évidemment. Toutes ces informations ont été soigneusement transmises au roi Régis via un document confidentiel.
— Très bien. Parce que je ne souhaite pas assister à une guerre à Altissia.
— Oh, je n'y compte pas non plus. Le monde entier aura les yeux braqués sur ces événements, alors je ne veux pas ternir l'image du Niflheim, loin s'en faut.
— J'ai également accepté la présence de vos soldats, qui auront donc la tâche de maintenir l'ordre à Altissia, jusqu'à ce que la cérémonie soit achevée. Est-ce bien pour cette raison que vous les avez amenés ?
— Tout à fait. Mes hommes sont compétents et travailleront à sécuriser l'évacuation des citoyens avant l'éveil de l'Hydréenne. »
Camelia tapotait légèrement des doigts sur la table, en soutenant le regard posé par l'Empereur sur elle. Elle paraissait inflexible, sûre de son fait. Une impression que son caractère, forgé difficilement à travers son expérience, suffisait pour faire sauter la barrière hiérarchique séparant en théorie les deux interlocuteurs.
« — Pour que la garantie soit totale, je voudrais une copie du document que vous avez fourni au roi du Lucis. Déclara la première ministre.
— C'est en effet dans mes cordes. Affirma Iedolas, un léger sourire aux lèvres. Vous semblez manquer de confiance en nous, me tromperai-je ?
— Il n'est pas difficile d'en comprendre la raison, je suppose. L'Empire du Niflheim a annexé nombre de régions par sa force militaire.
— Et nous aurions très bien pu le faire avec Accordo. Nous ne l'avons pas fait. Nous vous demandons simplement de respecter votre part du marché, dans ce cas précis.
— Je respecte toujours mes contrats.
— Tant mieux, dans ce cas. Le mariage entre la Princesse de Tenebrae et le Prince du Lucis durera de 12 à 14 heures, et l'éveil de l'Hydréenne aura lieu à 18 heures. Cela laisse le temps d'évacuer soigneusement la population, n'est-ce pas ?
— Tout cela doit être rendu public dès ce soir.
— J'en conviens. Il vous suffit pour cela de signer.
— Vous de même.
— Alors notre accord est acté. Déclara l'Empereur, en plissant son regard. Une nouvelle ère commencera dès demain. Libre à vous de dire ce que bon vous semble, tant qu'il ne s'agit pas de propos calomnieux à notre égard. »
La ministre hocha lentement la tête.
L'accord entre le Niflheim et Accordo, déjà dans les vogues, se trouvait maintenant complété. Après ce court échange, les deux chefs d'état se quittèrent en « bons termes », même s'il ne fallait pas être devin pour comprendre que celle qui administrait les lieux ne portait aucunement Iedolas dans son cœur. À ce dernier, fut offerte la chambre dans laquelle siégeait Camelia.
Une fois un certain calme ramené, le Général Caligo frappa à la porte de la chambre, dans laquelle se reposait tranquillement Iedolas. Râlant légèrement, l'Empereur fit toutefois signe à son subordonné de rentrer.
« — Pardonnez mon intrusion. Déclara-t-il, en s'inclinant respectueusement. Mais je voulais savoir si les ordres ont changé, après cette courte entrevue.
— Pas le moins du monde. Souffla Iedolas, en plissant son regard. Ce sera demain l'occasion à ne pas rater. Les problèmes doivent être supprimés.
— Bien.
— Oh, et faites donc ce que nous avons convenu pour cette personne.
— À vos ordres. »
Un autre sourire malsain, naquit sur les lèvres du vieil homme, alors installé confortablement sur un fauteuil de luxe.
Continent du Lucis …
« — Enfin ! »
Oui, enfin. La Régalia se stoppa, devant une zone portuaire traditionnelle et plus qu'agréable. Noctis et son groupe laissèrent le vent frais caresser leur épiderme, en profitant d'une fraîcheur océanique.
« — Voici la Baie de Galdina. Déclara Ignis. Nous pouvons atteindre Altissia avant la tombée de la nuit.
— Je suggère de ne pas dormir là-bas ce soir. Objecta Gladio. On ne sait pas quel coup ils nous préparent. Attendons l'arrivée de la flotte royale, demain.
— Pour une fois que Gladio a raison … »
Le regard dur que ce dernier lança à Prompto suffit néanmoins à doucher les élans de rébellion croissant chez le petit blond, qui lui lança alors un large sourire. Noctis, lui, avança de quelques mètres, le visage rivé vers cet horizon. Il se remémorait les paroles encore récentes de Gentiana, empêchant son esprit de trouver la quiétude.
« — Luna … Stella … faites attention. Je ne laisserai pas le Niflheim agir à sa guise. »
À suivre …
