Commentaire de l'auteur : Comme j'avais publié avec un peu de retard l'autre chapitre, j'envoie celui-ci avec un petit peu d'avance !

Bonne lecture !

FINAL FANTASY — VERSUS XV

Fiche de lieu : Eos

Un vaste territoire, sur lequel s'agglutinent mers et continents. On dit parfois qu'il existe une incarnation même de cette Terre.

L'air du grand large pouvait parfois s'avérer bénéfique.

Depuis plusieurs heures maintenant, Stella Nox Fleuret en profitait pour mettre de l'ordre dans ses idées, dans ses pensées. Accoudée sur le rebord, à contempler les vagues douces de l'océan, la blonde se demandait encore comment procéder exactement, pour faire pencher le destin dans sa direction. Perdue dans ses pensées, la Prêtresse revint toutefois à la réalité, au bout de quelques secondes, dès lors qu'un jeune soldat du Lucis approcha, dans sa direction. Il s'agissait d'un jeune homme assez frêle, dont la gentillesse transparaissait sur son visage, vieux d'un peu moins de vingt ans probablement. Un garçon bien jeune, pour être embarqué dans pareil conflit.

« — Dame Stella, vous devriez peut-être vous reposer. Il commence vraiment à être très tard, et vous n'avez pas dormi de la nuit.

— À qui ai-je l'honneur ?

— Oh, pardon ! Je suis désolé, je me nomme Talcott Hester. Je suis nouveau alors …

— Ne t'en fais pas, je te taquinai simplement. C'est gentil de t'inquiéter pour moi. Sourit-elle faiblement. Mais je n'ai vraiment pas la tête à dormir.

— Ah … et bien …

— Je dormirai plus tard de toute façon. Et puis … »

[Yoko Shimomura — An Empire in Ruins]

Elle se statufia, dès lors que son regard lorgna sur l'horizon. Quelque chose d'étrange avait capté son regard. Talcott fit de même, et écarquilla à son tour le regard, pris d'effroi.

« — Qu'est-ce que … ? Balbutia-t-il. »

De la fumée.

Recouverte par les ténèbres de la nuit, elle n'apparaissait probablement que faiblement à l'horizon. Mais pour le navire du Lucis, qui avançait doucement dans cette direction, elle semblait désormais bien claire. Presque tout autant que leur cause même.

« — Ce … ce sont les bateaux qui venaient d'Altissia ?! Reprit Talcott, quelque peu paniqué.

— Effectivement. Murmura son interlocutrice, en plissant le regard.

— J-Je vais dire à grand-père de s'arrêter ! »

Accourant plus vite que jamais, le jeune soldat fusa vers la cabine du capitaine, tandis que Stella resta dans sa macabre contemplation. Elle ne percevait pas la moindre présence humaine, dans l'eau. Pas un homme à la mer, pas un corps qui témoignerait de ce drame. Et pourtant, il ne s'agissait pas d'un navire isolé. D'autres avaient subi le même triste sort, à quelques encablures.

La native de Tenebrae se retourna, quelques secondes plus tard, lorsque plusieurs soldats du Lucis arrivèrent, menées par le capitaine en question. Il s'agissait d'un vieil homme, enveloppé dans son uniforme noir et portant le nom de Jared Hester.

« — Bon sang … que s'est-il passé ici … ? Marmonna-t-il, en constatant l'ampleur du désastre.

— Je pense que vous le devinez. Rétorqua faiblement Stella. Les personnes qui voyageaient sur ces navires étaient des rescapés d'Altissia. En d'autres termes … elles ont vu la vérité. Elles ont vu le Lucis aider à l'évacuation … et représentaient donc des gêneurs, pour le Niflheim … »

Chapitre 23 : De biens mauvais présages

« — Ces mecs du Niflheim ne doutent de rien … hein … ? Murmura un Prompto, presque nerveux.

— Ouais. Ils se foutent de nous, carrément.

— J'aurai bien aimé que Noct soit réveillé pour écouter …

— Mouais. Il aurait encore péter un câble.

— Gladio, Prompto, essayez donc de vous reposer un petit peu. »

Sur Angelgard, l'île mystique, perdue entre le Lucis et le Niflheim, l'ambiance avait changé de façon significative au fil des secondes. Après l'immense déferlement de pouvoir consécutif à l'arrivée du Foudroyant Ramuh, Noctis s'était effondré depuis de longues heures, et sommeillait depuis lors. L'idée de quitter Angelgard au milieu de la nuit ne ravissait personne, alors les troupes Lucisiennes, sur ordre de Cor, passaient la nuit ici.

Pour le trio d'amis de Noctis, cette attente s'avérait on ne peut plus difficile. Trouver le sommeil dans de telles circonstances relevait du miracle. Surtout que la tente dans laquelle ils passaient la nuit ne brillait pas par son confort.

« — Tu peux parler, Ignis. Railla Gladio, mains derrière la tête. T'es aussi endormi que nous.

— Parce que vous parlez depuis tout à l'heure. Soupira l'intéressé. Heureusement que Noct dort tout seul d'ailleurs, il se serait sûrement réveillé depuis un bail.

— Et c'est bien, non ? Questionna un Prompto hésitant.

— Bien sûr que non. En l'espace de très peu de temps, il a reçu la grâce de deux divinités. Je pense que la moindre des choses serait un peu de repos. On parlera de tout ce que le Niflheim a fait lorsqu'il se réveillera.

— Mouais ... l'aube ne va pas tarder à se pointer.

— J'arrive pas à dormir. Lâcha le seul blond du groupe. »

Peine perdue, donc. Ignis lui-même trouvait le sommeil particulièrement inaccessible, après tout. Peu après l'épreuve reçue par Noctis, de la part de Ramuh, les troupes Lucisiennes avaient pu capter le petit discours tenu par Iedolas.

Et malgré tout le mal qu'elles pensaient de ce dangereux vieil homme, tous devaient bien admettre qu'il savait se montrer persuasif, de temps à autres. Le Maréchal Cor Leonis avait beau montrer une certaine fermeté à ce niveau-là, le fait qu'il soit en discussion depuis un long moment avec Clarus, démontrait déjà l'urgence de la situation. D'un œil discrètement placé vers l'extérieur, Ignis chercha un peu naïvement à retrouver sa présence.

Mais il ne perçut alors que des ombres, assez lointaine. En marge du groupe de soldats, attroupés dans un secteur assez restreint au sommet d'Angelgard, les deux plus hauts dignitaires de l'armée continuaient de peaufiner une stratégie qui, si elle ne s'avérerait jamais parfaite, prenait enfin une consistance digne de leurs ambitions.

« — Alors c'est décidé. Déclara Clarus, bras croisés et assis sur le rocher. Nous ne pourrons certainement pas faire machine arrière.

— Il était déjà trop tard, dès lors que l'Empereur a fait entendre sa voix. Rétorqua Cor, en fermant lentement les yeux. Nous avons trop d'objectifs différents pour pouvoir avancer de la même façon. Le Niflheim va sûrement envoyer des troupes un petit peu partout sur le Lucis, pour proposer leur « protection ».

— Oui. Il ne faut pas qu'Insomnia tombe entre leurs mains.

— Les Lames Royales sont déjà averties de la situation, mais ne pourront pas faire le poids en cas d'arrivée massive. Surtout si la population adhère à l'idéal d'Iedolas.

— Penses-tu sérieusement que le peuple va changer aussi vite sa façon de voir le monde ?

— Il n'y aura jamais de consensus. Mais le mal est déjà fait. Dès lors qu'une rupture aura lieu à Insomnia, alors le Niflheim n'aura qu'à prétexter agir pour éviter la guerre civile, et prendre le contrôle du Lucis tout entier.

— Hum. Alors appliquons le plan. Laissons-leur un peu de temps pour se reposer.

— Oui. Le soleil devrait se lever dans une heure environ. »

Et effectivement, le temps s'égrainait, petit-à-petit.

Seul dans sa tête, Noctis Lucis Caelum dormait à points fermés. Toutes ces récentes épreuves, couplées à sa nature même, suffisaient à lui faire plonger dans un bien lourd sommeil.

[Really Slow Motion — (Final Fantasy XV « Omen Trailer) — Endlessness]

Pourtant, il avait l'étrange impression de naviguer ailleurs, au même moment. Une chute, vers les abysses. Comme un puits sans fond. Il chutait, inlassablement. Sa compréhension ne donnait plus lieu à rien du tout.

Des images défilaient dans sa tête, à une vitesse vertigineuse. Il pouvait voir des formes connues. D'autres moins.

Il reconnaissait les longues routes du Lucis, qu'il aimait traverser sur la Régalia.

Il reconnaissait ces beaux paysages ruraux, qu'il aimait contempler de temps à autres.

Il reconnaissait Insomnia, joyau du Lucis dans toute sa splendeur, son architecture moderne et ses innombrables ruelles et bâtiments.

Il reconnaissait ces personnes aimées, avec lesquelles il aimait passer du temps. Ses frères d'armes, toujours à ses côtés.

Il reconnaissait son père, l'observant de loin.

Il reconnaissait Luna, dans sa belle robe de mariée. Il reconnaissait Stella, aussi élégante que sa sœur.

À cet instant, le monde paraissait plus beau que jamais. Il pouvait imaginer d'interminables instants de bonheur, en compagnie de ses proches.

Mais à ce beau panorama, une ombre au tableau. Un souvenir nettement plus reluisant, qui fit trembler son cœur tout entier. Il aperçut cet œil, celui de Ravus Nox Fleuret, dont la lame meurtrière coulait encore du sang de son père. Et à la seconde suivante, tout devint différent.

Ce rouge explosa, déversant sa teinte pour recolorer un monde qui se perdit ensuite le noir des ténèbres. Ainsi, les beaux paysages imaginés précédemment revinrent. Plongés dans les ténèbres. Et lui, le voici complètement seul.

Plus aucune trace de ses frères d'armes. Plus aucune trace de son père. Plus aucune trace de Luna. Plus aucune trace de Stella.

Non, à leur place, un nombre infini de monstres, sortis droit des pires cauchemars. Tous s'attelaient à le poursuivre. Alors il se mit à courir. Il se mit à courir plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Il fuit, fuit encore. Au cœur des ténèbres, là où la lumière ne passait plus, son cœur hurlait à l'aide.

Mais personne ne répondit. Parce qu'il se trouvait absolument seul.

Encore un flash.

Et le voici complètement ailleurs. Plus de monstres.

Du moins, fait de chair et d'os. Le voici face à d'immenses machines, ressemblant grandement à ce que les Magitek offraient en leur sein. Et ils tirèrent, tous, dans sa direction.

Encore une fuite. Désespérée, frappée par la solitude. Il chercha, encore tout autour de lui.

Il fuyait encore.

Fuyait l'horreur, fuyait la peur.

Et le voilà encore ailleurs. Le monde conservait ses bases. Mais il brûlait, d'un feu sorti droit des cauchemars. Il reconnut des ombres, des formes familières. Mais il ne fit que les traverser, d'une main désespérée. Sans jamais parvenir à son but, il continuait de fuir. Il ne savait même plus ce qui le poursuivait, pourtant son instinct lui dictait d'avancer.

Sans qu'il ne sache réellement comment ni pourquoi, le voici désormais sur une longue route. Sombre à souhait, elle n'était que faiblement éclairée, par le biais de lampadaires défaillants, ornant les différents côtés. Essoufflé, il ne courait plus. Tournant la tête à droite puis à gauche, rien ne lui parvint.

« — Hé ! Quelqu'un ! »

Mais seule la voix du silence lui répondit. Puis un souffle froid. Il grelotta, parcouru par un frisson mêlant l'effroi à la solitude. Et il se retourna de nouveau, dans le but d'avancer. C'est alors qu'il l'aperçut.

Cette ombre, postée au milieu de la voie, et qui ne bougeait pas d'un centimètre. Encapuchonnée et enveloppée par un long voile noir, dont le tissu touchait d'ailleurs le sol, cette ombre s'approcha. Noctis, lui, se glaça. Et ses membres refusèrent une nouvelle fois de lui obéir. Statufié sur place, il la vit parcourir, mètres après mètres, la distance les séparant, faisant battre son cœur à une vitesse toujours plus grande. Et l'effroi originel se transforma en une terreur incontrôlée.

Il distingua sur son visage pâle, un faible sourire. De plus près, elle ressemblait toujours plus à une femme. Et doucement, sa main se leva. Dans sa direction, vers sa tête. S'en suivit un murmure.

Il ne le comprit pas. Mais ces mots ressemblaient à une ode même au désespoir. Yeux écarquillés, Noctis Lucis Caelum perdit ses moyens et sentait presque la fin approcher.

« — Noct ! Noct ! »

… Jusqu'à son réveil. Ouvrant grand ses pupilles encore tétanisées, le jeune Prince se redressa brutalement, et constata son retour à la réalité.

« — Les … gars. »

Soulagé d'être sorti de ce monde plus sombre que jamais, Noctis voyait d'ailleurs une mine particulièrement inquiète sur le visage de ses trois amis, présents à ses côtés. Prompto fut le premier à rompre un silence presque gênant.

« — Ça va ? Ton cauchemar avait l'air dur.

— … Ouais, ça va. Soupira-t-il, en retour. »

Que signifiait-il, ce cauchemar ? Cela ne pouvait pas être uniquement dû à son anxiété. Avant de combattre Léviathan, il avait déjà eu l'impression d'avoir vécu quelque chose de similaire.

« — Tant mieux ! S'enquit Gladio, bras croisés. Tu te sens prêt à te lever ?

— … Ouais.

— Le Maréchal nous a dit qu'il avait un plan. Affirma Ignis, en relevant ses lunettes. Mangeons un petit peu et récupérons encore nos forces. »

Noctis hocha faiblement la tête, avant que ses camarades ne décident de sortir, en direction du lieu de rassemblement, là même où Cor préparait déjà le terrain. Cependant, avant de pouvoir franchir ce pas décisif, les trois camarades furent stoppés, par la voix même du Prince.

« — Les gars ... »

Une voix hésitante. Piqués dans leur curiosité, les amis de l'héritier lui lancèrent un regard interrogateur. Fermant finalement les paupières, Noctis se résolut.

« — Désolé. Lâcha-t-il. »

Un nouveau regard, échangé entre les frères d'armes. Et l'atmosphère changea progressivement. Ignis hocha la tête, avant de reprendre la parole.

« — Allons-y, Noct. On va être en retard. »

Quelques minutes suffirent, pour que tous soient enfin réunis au point de rendez-vous stratégique. Les troupes Lucisiennes, par plusieurs dizaines, encerclaient le secteur où Cor attendait simplement que tout le monde soit prêt afin de commencer. Un bref regard posé sur Noctis et ses amis lui permis de comprendre l'état actuel du Prince. Alors il ne souhaitait pas s'appesantir encore davantage.

« — Bien. Nous avons établi un plan. Débuta-t-il simplement. Nous avons une guerre sur de nombreux fronts à livrer. Nous ne pourrons pas rester unis partout à la fois. Première chose, le Prince Noctis et son groupe vont devoir continuer leur quête pour récolter la Grâce des Six ainsi que les Armes Fantômes. Nous, en revanche, nous devons repartir à Insomnia et être sûr de pouvoir conserver notre capitale.

— Comment ça ? Murmura Noctis, anxieux.

— Ignis t'expliquera la situation en détail, reprit Cor, en fermant les yeux. Pour l'heure, je vais continuer de détailler le plan. Les Lames Royales m'ont informé que la situation devenait compliquée à Insomnia. On peut donc légitimement supposer qu'il en sera de même ailleurs au Lucis. L'idée est de pouvoir unir correctement notre troupe et de résister, jusqu'à ce que le roi élu ait terminé son petit voyage. Une fois que ce sera fait, nous serons en mesure de lancer un raid contre le Niflheim et de récupérer l'anneau.

— Pourquoi rester continuellement à Insomnia … ? Cette zone est très difficile à défendre. Marmonna Ignis, hésitant.

— Non seulement c'est notre capitale, intervint Clarus, mais c'est aussi là-bas que se trouve le Cristal. »

Difficile de le contredire. Le jeune homme hocha simplement la tête, signe de sa bonne compréhension de la situation.

« — Il est toutefois difficile d'imaginer que l'on puisse tenir éternellement, tu as raison. Si le Niflheim décide de nous assiéger, nos forces seront bien trop limitées. Il va donc falloir, au bout d'un moment, rejoindre les zones protégées du Lucis. Le Clan Meldaccio restera fidèle à la couronne, nous pouvons compter sur les nombreux camps de chasseurs de Daemons pour nous aider.

— Et tout ça servira à quoi, alors ? Marmonna Noctis. On veut défendre le Cristal et après, on abandonne ? On compte sur nous pour faire vite ?

— Non. Nous déplacerons le Cristal. »

Une vague de surprise, chez tous. Déplacer … le Cristal … ? L'incompréhension et l'anxiété gagna les regards. Cor l'avait déjà anticipé. Évidemment qu'une telle décision ne pouvait faire un consensus immédiat.

« — C'est grâce au Cristal que ceux qui ont prêté serment au roi possèdent des pouvoirs. Articula lentement le Maréchal. S'il est détruit ou mis hors d'état de nuire, seul le Prince Noctis disposera alors pleinement de ses capacités de combat. Autrement dit, ce sera terminé. Il faut retourner à Insomnia et mettre le Cristal à l'abri. Pour l'heure, le Niflheim ne devrait pas attaquer. Ils doivent encore attendre un petit peu, que le désordre gagne nos villes pour le faire. Une fois que le Cristal sera récupéré et mis hors de portée, nous pourrons appliquer notre plan.

— Comment ça ? S'interrogea Gladio. On va cacher le Cristal ailleurs et on continue de défendre Insomnia, c'est ça ?

— Oui. Nous défendrons Insomnia tant que ce sera possible. »

En réalité, tous comprirent bien la nature des événements. Hormis Noctis, évidemment, qui se demandait toujours pour quelle foutue raison il fallait se résoudre à abandonner leur territoire natal.

« — C'est quoi ce délire ? Siffla-t-il.

— Je t'ai dit qu'Ignis t'expliquera la situation en détail.

— Comment je peux accepter un plan si je ne la connais pas ?

— Tout ce que tu dois comprendre, c'est que le Lucis ne nous est peut-être plus entièrement favorable.

— Quoi … ?

— Le reste, Ignis te l'expliquera. Maintenant, ne perdons plus de temps. Préparez vos affaires. Nous partons pour Galdina, où nous nous séparerons. »

Empire du Niflheim – Sommet de Graléa, capitale.

Une grande pièce spacieuse. Il s'agissait de la salle de réception habituellement bondée de personnes. Mais en l'occurrence, cette fois-ci, Lunafreya Nox Fleuret ressentait bien le vide. Vêtue d'une belle robe blanche, l'Oracle portait un œil plutôt hostile au vieil homme se situant de l'autre côté de la table. Iedolas afficha, quant à lui, un immense sourire de satisfaction.

« — Alors, Dame Lunafreya ? Vous ne mangez pas ?

— Je n'ai pas très faim. Déclara-t-elle, quelque peu sur la défensive.

— Eh bien moi, très chère, je compte manger à ma faim. Disons que je suis plutôt d'humeur pour. »

Luna observait avec un certain dégoût l'Empereur, se délectant de plats plus succulents les uns que les autres. Cette scène s'éternisa d'ailleurs, jusqu'à ce que la porte du fond ne vienne s'ouvrir, laissant apparaître Ardyn Izunia et sa démarche si insolente.

« — Je viens avec des nouvelles, Votre Majesté. Déclara-t-il, un fin sourire sur le visage.

— Alors ? Qu'en est-il de l'anneau ?

— Les Magitek continuent de le rechercher au fond d'Altissia. On finira bien par mettre la main là-dessus.

— Je vois. »

Lunafreya tiqua, intérieurement. Même si ses souvenirs étaient encore un peu floutés suite à son immense dépense d'énergie, la jeune femme se souvenait très clairement du moment où le Chancelier s'était emparé dudit anneau. Ce qui voudrait forcément dire …

« — Ah, Dame Lunafreya ! Toujours aussi resplendissante ! »

Dans de grands gestes théâtraux, Ardyn s'approcha, un sourire toujours mauvais aux lèvres.

« — Sa Majesté vous a prévenu, n'est-ce pas ? Il va falloir que vous nous fassiez quelques petites apparitions télévisées, histoire de rappeler que les dieux sont bien hors de contrôle. Terminez donc votre repas, et nous commencerons notre fabuleuse excursion.

— Pourquoi proférai-je un tel mensonge ?

— Têtue, hein ? Je ne vous savais pas comme ça. Disons qu'il s'agit d'une question de vie ou de mort.

— Je n'ai pas peur de mourir. Argua l'Oracle, en fronçant les sourcils.

— Je n'en doute pas. Mais vous savez, il existe des stratagèmes vieux comme le monde, qui nous permettent de parvenir à nos fins. Ce malheureux Ravus va peut-être en faire les frais. Ou bien votre propre sœur ?

— Que leur avez-vous fait ?!

— Rien, pour l'instant. Mais cette vérité pourrait devenir obsolète, selon votre réponse. »

Évidemment. Lunafreya se mordit doucement les lèvres, quelque peu résignée. Mais elle ne disait toutefois pas son dernier mot. Pas aussi facilement. Malgré tout, pour l'heure, il serait plus sage de ne pas commettre d'actes irréfléchis. Reprenant doucement son calme, l'Oracle soupira.

« — Je ne suis pas encore en très bon état pour de longs voyages. Affirma-t-elle, doucement.

— Oh. Eh bien, je suppose que vous devriez vous reposer encore un petit peu ? Nous partirons au plus tard ce soir, de toute façon. »

Décidé à ne pas s'éterniser dans les environs, le loufoque Chancelier tourna les talons pour se diriger vers la sortie.

« — Quelles étaient les nouvelles que tu me rapportais ? S'enquit Iedolas, en arquant un sourcil.

— Ah oui, j'allais oublier ! Ricana son interlocuteur. Je tenais juste à vous dire que les rescapés d'Altissia ont été balayés par nos vaisseaux avec succès. Les corps ont été récupérés et remis au docteur Verstael Besithia.

— Bien, le Lucis sera bientôt démuni. »

Devant l'horreur de ces propos, les yeux de Luna s'élargirent. Mais l'œil que lui portait alors Iedolas la dissuada de toutes paroles déplacées, et la jeune femme ne put que se mordre nerveusement les lèvres. Tant de personnes sacrifiées sur l'autel d'une idéologie mensongère … elle ne pourrait supporter cela encore longtemps.

« — Bien, sur ce, nous nous revoyons ce soir, ô Oracle ! »

Un regard.

Étrangement complice, d'ailleurs. Lunafreya se sentit quelque peu désarmée, et confuse devant le déroulement des événements. Mais il ne valait mieux pas ébruiter inutilement des affaires …

À suivre …