FINAL FANTASY — VERSUS XV
Précédemment …
Puisant au fond de ses ressources, Noctis Lucis Caelum finit par venir à bout de l'Arme Omega en utilisant le sort Alterna de l'anneau des Lucii. Mais les dégâts sont nombreux …
Yoko Shimomura — In the Light Of the Crystal
« — Noctis Lucis Caelum. »
Un monde étrange et lointain …
« — Noctis Lucis Caelum. »
Il ne reconnaissait pas grand-chose.
Ses sens, complètement anesthésiés et son esprit, flottant dans des contrées inexplorées, ne permettaient pas de distinguer clairement ce qui se déroulait autour de lui.
Tout au plus, il vit cette ombre gigantesque, sans comprendre la teneur de ses propos.
« — Tu as déjà obtenu la grâce de trois des Six. Ton destin est en marche. »
Il n'entendait pas clairement les paroles.
Sa fatigue l'emportait, plus que tout.
Alors il sombra. Il sombra une nouvelle fois, au milieu même de l'Obscurité. Il sombra vers des songes qui paraissaient toujours plus irréels.
« — Mais des épreuves t'attendent, Roi élu. »
Tout cet horizon, cette voix étrange …
« — Des épreuves plus douloureuses encore que celles que tu as déjà traversées. »
Il ne parvenait plus à y mettre le doigt.
« — Parce que pour que naisse la plus éclatante des lumières, il faut plonger au plus profond des Ténèbres. »
Chapitre 54 : Aube lointaine
Yoko Shimomura — Sunset Waltz
Lorsque les pupilles du Prince s'ouvrirent faiblement, l'intéressé ressentit immédiatement l'envie de les refermer sur-le-champ. Et pour cause, voilà une lueur matinale qui l'aveugla de façon fort désagréable. Exactement le type de réveil qu'il ne désirait pas.
« — Oh merde … »
Son corps entier lui faisait un mal horrible. Jamais, au cours de son éphémère existence, Noctis n'avait eu une telle impression de lourdeur parcourant l'intégralité de ses membres. Elles dépassaient de loin tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent, y compris les périodes douloureuses faisant suite aux épiphanies. Même sa vue semblait capricieuse, déformant toutes les choses l'entourant à tel point que plus rien ne semblait posséder la moindre consistance. Sur ce point, le jeune Prince du Lucis n'eut pas particulièrement l'impression d'être sorti de ses songes obscurs. Là encore, il naviguait à vue dans un brouillard constant.
Il ne saurait d'ailleurs dire précisément combien de temps cet état léthargique dura. Mais enfin, après une longue traversée du tunnel, le voilà en train d'émerger. Progressivement, il réussit à comprendre dans quel environnement il venait de tomber. Il reconnut des murs faits de bois, dans une chambre relativement spacieuse malgré une modestie évidente. Quelques meubles, composés de la même matière, remplissaient un vide relatif mais qui s'harmonisait relativement bien avec le reste de la pièce.
Noctis cligna doucement des yeux. Ces derniers continuèrent leur progression et finalement, il se rendit compte que lui-même se trouvait dans un lit plutôt douillet, enveloppé dans une couverture blanche. Qui plus est, une autre vérité s'imposa.
« — L… Luna … ? »
Paisiblement endormie, Lunafreya Nox Fleuret se trouvait à ses côtés.
Le jeune homme ne comprit pas.
Comment ? Pourquoi ?
Le flux de questions contradictoires embrouillait un esprit qui n'avait d'ailleurs certainement pas besoin de ça pour se perdre. La belle Oracle portait des traces évidentes de blessures : les nombreux bandages qui ornaient son corps l'attestaient suffisamment. Par ailleurs, Noctis se fit une remarque qu'il jugeait lui-même un peu idiote, mais il ne se souvenait pas d'avoir déjà vu la belle femme avec les cheveux totalement détachés, lesquels se perdaient gracieusement dans le lit. À moitié couverte par les draps, la jeune femme portait visiblement —comme toujours— une robe blanche. Mais à en juger par son état plutôt propre, elle devait avoir été changée.
Cette pensée le ramena d'ailleurs sur un autre point : lui-même. Noctis fronça les sourcils, en voyant qu'il ne portait d'ailleurs plus sa veste, probablement annihilée suite aux effroyables combats, aussi bien contre Titan qu'Omega. Non, seul son t-shirt noir demeurait, en compagnie d'un bas du même acabit. Sur les flancs du lit, le Prince remarqua également ses bottes. Qui plus est, lui-même portait un certain nombre de bandages, y compris en-dessous même de son haut. De quoi lui faire nourrir quelques soupçons.
L'idée même de savoir qu'Ignis, Prompto ou Gladio auraient pu le ''déshabiller'' pour le soigner relevait d'une certaine forme de folie.
Mais d'un autre côté, il ne savait pas s'il préférait que ce soit Stella, qu'il ne voyait pas dans les alentours, qui en soit responsable. Frappé par un dilemme totalement ridicule, Noctis secoua la tête pour chasser ces pensées futiles.
Mais que s'était-il réellement passé, au juste ? Et où se trouvait-il ? Les derniers événements survenus dans son esprit concernaient justement ces batailles affreuses. Il ne reconnaissait pas cet endroit. À en juger par l'architecture générale, cette chambre ne ressemblait d'ailleurs pas non plus à celles que l'on pouvait trouver dans les zones proches de Lestallum, seule grande ville des environs.
Hélas, ces fameuses réflexions ne menaient à rien. Noctis se rapprocha simplement de la belle femme se trouvant à ses côtés. Il fallait bien vérifier son état de santé, après tout. Doucement, presque avec une timidité coupable, le Prince déposa sa main dépourvue de gant, sur le front encore chaud de la Princesse de Tenebrae. Celle-ci ne réagit d'ailleurs pas vraiment. Mais en l'observant inspirer et expirer doucement, Noctis eut au moins le mérite de confirmer qu'elle restait bel et bien en vie. Quelque peu soulagé, il se retira doucement, en se perdant momentanément dans une forme de contemplation qu'il qualifierait lui-même d'idiote.
Lunafreya était sans aucun doute une très belle femme, lui-même devait l'admettre, malgré sa nature récalcitrante sur le domaine.
Noctis se surprit lui-même, après quelques instants, à passer sa main dans cette chevelure soyeuse et blonde, en descendant finalement jusqu'au pouls de la Princesse. Il finit par se retirer précipitamment, en ayant la furieuse impression de profiter de l'état de l'intéressée.
De toute façon, il finit par braquer son regard sur la porte, qui venait de s'ouvrir.
Et à cet instant précis, il croisa le regard d'une personne qu'il n'imaginait pas revoir de sitôt.
« — Cid … ?
— Ça fait longtemps, Noctis. Est-ce que tu arriverais à te lever ? On a sûrement pas mal de choses à se dire. »
Cid Sophiar faisait partie du cercle d'amis privé du défunt Régis Lucis Caelum. Autrefois, Noctis le côtoyait encore plus souvent, mais sans que lui-même ne comprenne réellement pourquoi, son père et cet homme pourtant aimable ne se fréquentaient plus depuis longtemps.
Il le voyait encore, occasionnellement, notamment pour tout ce qui concernait la Régalia. La dernière fois, ce fut sa petite-fille, Cindy, qui avait pris soin du bolide royal, pendant que Noctis et ses amis se dirigeaient vers Altissia. Le Prince revoyait ces événements en ayant l'impression qu'ils s'étaient déroulés il y a une éternité. Finalement, pour laisser Lunafreya tranquille, Noctis rassembla ses forces pour suivre le vieil et homme et s'installer dans la pièce voisine.
« — Tu es plutôt matinal, Noctis, je suis assez surpris. »
En ricanant faiblement, le vieil homme s'installa sur une chaise, à côté d'une table relativement grande, sur laquelle s'entreposaient divers livres, cartes et autres objets plus ou moins utiles. Noctis arborait une mine plutôt dubitative, loin de comprendre ce qui se déroulait.
« — Explique-moi, lâcha le jeune homme, en s'asseyant.
— Quoi donc ?
— Je croyais que tu étais aux mains des troupes du Niflheim ? Aux dernières nouvelles, ils avaient débarqué à Hammerhead, non ?
— Ah, ça c'était avant qu'ils ne se tirent depuis un moment. Je ne sais pas ce qu'ils ont préparé, mais depuis des jours ils ont envoyé des troupes un peu partout. Du coup, des chasseurs du Clan Meldaccio ont réussi à libérer Hammerhead et j'en ai profité pour me tirer avec Cindy.
— Et là ? On est où, en fait ?
— On est au Cap Caem. »
Le Cap Caem ?
Cela faisait une sacrée traversée, non seulement par rapport à Hammerhead, mais également par rapport au Disque de Cauthess, dernier lieu dans lequel le jeune Prince pouvait retrouver quelques souvenirs.
« — Mais … que s'est-il passé ? Hoqueta-t-il légèrement. Où sont passés les autres ?
— Ne t'inquiète pas, trancha directement le vieil homme. Tes amis dorment encore. Je te l'ai dit, tu es plutôt matinal.
— Mais …
— De ce que j'ai compris, vous avez combattu l'Archéen il y a une semaine.
— U… Une semaine ?! Je …
— Tu étais évanoui depuis une semaine. »
Noctis admettait volontiers qu'il avait du mal à y croire. Une semaine complète ?
« — Comment … tu savais que j'étais au Disque de Cauthess ?
— Iris nous m'a appelés, le jour même du combat.
— Iris ? Elle est aussi ici ?
— Pas toujours, elle s'est mise en tête d'aller chercher le plus de rescapés possibles autour. Mais oui, elle revient souvent ici. Actuellement, est quand même partie avec Gladiolus, pour chercher quelques minéraux que je leur ai demandés au passage. Ils reviendront dans l'après-midi, je pense.
— Ah … »
Pourquoi avait-il l'impression qu'un tas d'événements s'était produit à son insu ? Noctis se maudit lui-même d'avoir été si faible pendant tout ce temps.
« — Et Luna ? Elle s'est réveillée ? »
Le visage de Cid, plutôt enjoué jusqu'à présent, se raidit quelque peu. Il secoua ainsi négativement la tête, sous l'air quelque peu accablé de son interlocuteur.
« — Ponctuellement, elle a déjà ouvert les yeux, affirma le vieil homme. Mais elle n'a jamais été vraiment capable de le faire très longtemps. Sa sœur nous a dit que c'était à cause des rituels, qui l'affaiblissaient. »
Soudain, il s'en remémora.
De ces paroles aussi chaleureuses que désespérées, que Luna lui avait offert, quelques secondes seulement avant le dernier round du combat l'opposant à Omega. Oui … des propos qui sonnaient comme un implacable et inévitable sacrifice à offrir afin d'ouvrir la voie au destin.
Noctis ne voulait pas y penser. Il ne voulait pas envisager cette perte supplémentaire. Que le destin soit tracé ou non, il refusait de laisser une telle voie s'ouvrir sans se battre. Après quelques secondes de silence, Noctis finit par hocher négativement la tête.
« — Je l'empêcherai de souffrir davantage, lâcha-t-il, d'un air déterminé. Peu importe ce qu'il faudra faire. Je ne laisserai aucun de mes proches mourir.
— Tu ressembles de plus en plus à ton père. »
Ces quelques mots suffirent à jeter une forme d'ambiance sur la discussion. Noctis savait que Cid et son père partageaient un lien puissant, mais jamais il n'avait été mis au vent du désaccord entre eux, ayant poussé le mécanicien à s'exiler au loin. En portant son regard sur le vieil homme, il y décela une tristesse réprimée, ainsi que des regrets.
« — À l'époque, il fonçait toujours pour mettre d'abord ses proches en avant, plutôt que son royaume.
— Hmm …
— Même durant son règne, il a toujours essayé de faire passer sa famille avant le reste. »
Cid porta un œil à l'anneau, qui ornait désormais la main du Prince, posée sur la table.
« — Mais il n'a jamais fui ses responsabilités non plus. »
Des responsabilités qui pesaient désormais sur ces jeunes épaules.
« — Alors continue de vivre la tête haute, comme lui. »
Noctis hocha positivement la tête, doucement. Se remémorer ces quelques souvenirs heurtaient toujours son cœur. Inlassablement, il désirait le venger. Mais progressivement, après tous les récents événements survenus … la rage qui animait son cœur à l'évocation de ce décès laissait place à autre chose. Il ne savait pas comment l'expliquer lui-même. L'effet du temps ? La raison ? Difficile à dire.
« — Et comme lui … tu as aussi des amis sur qui tu peux compter. Tu ne dois pas les négliger.
— Je sais, murmura Noctis. »
Évidemment.
Combien d'amis dans le monde pouvaient prétendre venir affronter le monde entier à ses côtés ? Affronter des dieux, l'empire entier du Niflheim, sans jamais se retourner et fuir ? Noctis ne les remercierait sans doute pas directement en face, ce moment serait probablement trop embarrassant pour eux tous. Mais son cœur, lui, ne mentait pas. Ses frères d'armes resteraient à ses côtés jusqu'au bout, il le savait pertinemment.
Cid hocha simplement la tête.
« — Ils seront là, non pas pour appuyer chacune de tes décisions, mais pour que tu ne te perdes jamais. Ce seront comme des frères pour toi. »
À son tour d'acquiescer.
« — Je le sais aussi, souffla-t-il, en se redressant. On fera tomber Ardyn et le Niflheim ensemble. On sauvera ce monde.
— Voilà des paroles un peu naïves, mais ça fait sûrement partie du devoir d'un roi, sourit Cid. Sur ce point, tu ressembles aussi à ton père. »
Le mécanicien attrapa un rapide verre d'eau, qu'il engloutit rapidement. Son regard, quelque peu adouci, se reposa sur son interlocuteur.
« — En revanche, tu as aussi hérité de ses mauvais traits.
— Quoi ?
— Tu es aussi peu doué avec les femmes, m'a-t-on dit !
— H-Hein ? Qui a dit ça ?
— Tes amis, qui d'autre ? Et à en juger par la tête que tu faisais quand je suis venu dans ta chambre, je dirai que c'est vrai.
— N'importe quoi, trancha Noctis en détournant le regard. Et puis quelle idée de me mettre avec Luna ici ?! Elle aurait pu faire une attaque en se réveillant !
— Tu plaisantes ? C'est toi qui allais faire une attaque, haha ! Et puis ne t'inquiète pas, tout le monde était plutôt pour. Même si à mon avis, la présence de Dame Stella aurait pu te perturber davantage. Mais tu as de la chance, elle est par contre vraiment matinale.
— Q-Quoi ?! Mais c'est quoi ces histoires ?!
— On ne pouvait pas la séparer de sa sœur, c'est logique non ?
— Et alors ?! On aurait pu me mettre ailleurs, dans ce cas-là ! Vous êtes tous tarés !
— Haha, je savais que tu réagirais comme ça. »
Saleté de vieil homme ! Et que dire de ses « frères », alors ? L'héritier du trône préféra secouer négativement la tête, en sortant de sa tête toutes les images néfastes à son esprit. Le déclic lui vint alors.
« — Mais au fait, où est Stella ?
— Sortie à l'extérieur. Elle a fait, il y a une deux jours, une tombe à cet homme que je ne connais pas. Un Glaive, si j'ai bien compris. Ce n'est pas très loin d'ici, on le voit en contrebas. »
Un Glaive ?
Noctis comprit rapidement. L'homme qui accompagnait les Princesses de Tenebrae, en tant que garde du corps improvisé : Nyx Ulric.
Sans réellement le connaître, le Prince avait tout de même pu se montrer reconnaissant du travail fourni jusqu'à présent.
« — Je vois, murmura-t-il. Bon … merci, Cid.
— Hm ?
— Je vais sortir prendre l'air un petit peu. Je crois que j'en ai besoin.
— Tu fais bien. Mais ne force pas trop. Ton corps est devenu encore moins performant que le mien. J'espère pour toi que ça ne va pas durer.
— Hmpf. Au fait … j'ai une dernière question. »
Cid arqua un sourcil, alors que le jeune homme s'apprêtait pourtant à quitter la pièce.
« — … Qui m'a soigné ?
— Oh ? C'est ça que tu crains ?
— J'ai pas dit que le craignais, marmonna le jeune homme.
— À d'autres, ricana de nouveau Cid. C'est moi, évidemment ! Tu pensais bien que je n'allais pas laisser des mourants soigner d'autres mourants ! Alors arrête de craindre pour des idioties. Dame Stella n'a pas pu voir ton corps, si tu veux.
— J'ai jamais dit ça, répliqua Noctis. Et puis je ne suis pas plus satisfait que ce soit toi !
— Idiot, j'en ai déjà vu d'autres, ce n'est pas ton corps gringalet qui allait m'impressionner. J'étais bien plus fourni dans ma jeunesse. »
Mais que racontait encore ce vieux fou ? Noctis préférait secouer la tête, en adressant au passage quelques remerciements, et respirer un petit coup à l'extérieur. À peine un pied posé à l'extérieur, le jeune homme profita d'un air matinal frais comme il en goûtait rarement. Il fallait dire que sa fâcheuse habitude d'un sommeil lourd n'aidait pas particulièrement. Il ne savait pas s'il s'agissait d'un sentiment du aux événements récents, ou s'il mûrissait progressivement dans sa conception du monde, mais il trouvait cet air particulièrement reposant.
Tout autour du Cap Caem, régnait une certaine harmonie. Comme une bulle, isolée du monde cruel et sanglant qu'Ardyn et les siens continuaient de véhiculer. Ici, une végétation luxuriante entourait cette maisonnette, située aux abords d'une falaise, donnant directement une vue magnifique sur le vaste océan bordant le Lucis.
Mains dans les poches, Noctis en profita pour marcher et se dégourdir un tant soit peu les jambes. Il ne savait pas exactement où se trouvait Stella, mais finirait sûrement par tomber sur elle, tôt ou tard. La première rencontre effectuée fut toutefois plus surprenante à ses yeux.
« — Toi … ? »
Garée sur un petit parking artisanal et sans emplacement réel, mais où d'autres véhicules prenaient place, Noctis aperçut irrémédiablement le véhicule qu'il pensait disparu pour toujours : la Régalia.
« — Ah, Prince Noctis ! Je suis contente de voir que tu t'es finalement réveillé !
Noctis sursauta presque, en voyant une ombre sortir de la voiture royale.
« — Cindy ? »
La petite-fille de Cid s'attelait à la tâche, dès le matin ?
« — Quoi ? Tu n'es pas satisfait de me voir ? Sourit largement la mécanicienne, en se rapprochant.
— Si, désolé, lâcha l'intéressé. Mais tu as réussi à retaper la Régalia ?
— Eh bien, elle était dans un triste état, la pauvre. Mais depuis qu'on la récupérée, on se démène pas mal pour trouver ce dont elle a besoin.
— Sérieusement ?
— Il faut dire que vous étiez tous les quatre pas forcément en forme pour faire autre chose. La chasse aux Daemons avec des éclopés, ce n'est pas envisageable.
— Pas faux. »
Un petit break pour tout le monde, en somme.
Mais malgré tout, il faudrait bien reprendre un jour la marche funèbre d'un conflit qui devait s'arrêter. Et pour ce faire, prendre des petites vacances reposantes semblait inenvisageable. En une semaine, comment imaginer ce qu'Ardyn ait pu manigancer ?
« — Dis-moi, tu sais où se trouve Stella ?
— La Princesse est plus bas, là-bas, rétorqua Cindy, en pointant une zone en contrebas. Elle aime l'air libre, ça c'est sûr.
— Et tu es réveillée depuis combien de temps, toi ?
— Dès le lever du soleil, l'air est plus agréable pour travailler.
— Hmpf, tu vas sûrement faire du bon boulot.
— Tu essaies de me charmer, mon Prince ?
— N'importe quoi, marmonna l'intéressé, en secouant négativement la tête.
— Ah, si on ne peut même plus te taquiner ! »
Cette femme s'amusait peut-être même un peu trop. Au fond, Noctis et ses amis ne la connaissaient d'ailleurs pas si bien. Mais ils avaient tous une certaine dette envers elle, vu qu'elle s'était déjà occupée de la Régalia plus tôt. Cette fameuse dette ne risquait pas de s'éteindre si jamais elle parvenait à rafistoler l'ancien joyau de Régis.
Prenant rapidement congé avant que la situation ne devienne plus embarrassante encore, Noctis se dirigea vers la zone indiquée plus tôt. Progressivement, il y devina la silhouette bien connue de la Prêtresse de Tenebrae.
Yoko Shimomura — Tenebrae
Stella Nox Fleuret s'abaissait légèrement, pour déposer un objet. Une arme, pour être plus précis : la dague du défunt Nyx Ulric. Sur une petite tombe plutôt bancale, l'objet se mariait pourtant relativement bien. La belle femme aussi, affichait clairement quelques stigmates d'une rude bataille, en témoignait les bandages qui resserraient son corps sur quelques parties. Elle ne portait d'ailleurs plus son boléro habituel mais optait aujourd'hui pour une robe assez longue et relativement simple, totalement immaculée. De cette façon, elle ressemblait d'ailleurs à sa cadette.
Stella s'assied légèrement, n'ayant visiblement pas peur de se salir sur l'herbe fraîche de l'aube.
« — Je suis heureuse de te voir réveillé, Noctis. »
Ces paroles furent prononcées, sans même que le Prince ne puisse énoncer le moindre mot.
« — Je suis devenu si peu discret ? Soupira le jeune homme, en arrivant à côté de l'intéressée.
— Disons que tu as la démarche d'un homme blessé, murmura son interlocutrice. Et que ça n'est pas particulièrement discret.
— Il faut croire … »
Un léger silence s'empara progressivement des environs, seulement entrecoupé par le sifflement irrégulier d'un vent frais.
« — Tu sais … je ne le connaissais pas si bien, reprit doucement la belle Princesse. Mais cet homme, Nyx … il a beaucoup sacrifié pour nous. Et il n'a jamais rien demandé en retour. »
Baissant doucement son regard de jais, Noctis observa cette petite tombe, sans trop savoir ce qu'il devait répondre.
« — Alors je voulais le remercier, d'une quelconque façon … par un quelconque signe. Même si c'est insignifiant. La dague que Cid Sophiar a trouvé sur le chemin est le seul souvenir restant. Mais je crois qu'elle serait plus utile si quelqu'un l'utilisait, non ?
— Je suppose, soupira Noctis, en s'asseyant à côté de la belle femme. Et sans même le connaître, je n'ai pas franchement l'impression qu'il serait vraiment du genre à se morfondre. »
La belle Princesse esquissa l'ombre d'un sourire.
« — Tu as raison. Il donnait toujours l'air de jouer aux durs. Mais je crois qu'il avait vraiment bon fond. »
Difficile pour le fils de Régis de dire quoi que ce soit là-dessus.
« — Je ne peux pas laisser toutes ces personnes disparaître vainement, articula la belle femme.
— On ne le fera pas, renchérit son interlocuteur. »
Stella baissa doucement les yeux, jusqu'à ce que son regard ne vienne se poser sur l'anneau des Lucii, au doigt du jeune Prince assis à ses côtés. Noctis ne saurait décrypter correctement les sentiments entraperçus dans ses yeux azurs. Mais il devinait déjà que la joie ne s'y trouvait pas.
« — Tu as été brave, murmura-t-elle, en baissant les yeux.
— C'était nécessaire. »
Tous deux faisaient référence aux conséquences de cette nouvelle acquisition. Noctis savait pertinemment que la cruelle voie tracée par le destin pourrait peser encore davantage sur ses épaules. Mais il fallait continuer. Non pas parce que le choix s'imposait à lui, mais parce que ses propres choix le menaient sur cette voie.
« — Que vas-tu faire, maintenant ? Demanda Stella.
— Attendre que tout le monde se remette sur pieds. Ensuite, je pense partir à la recherche d'Ardyn pour le vaincre.
— Tu n'as pas encore obtenu toutes les grâces divines … »
Le silence qui s'en suivit en disait assez long sur le problème qui se posait. Tous les deux connaissaient le sort funeste réservé à Lunafreya, dès lors que la cérémonie divine sera achevée. Noctis finit par se redresser, sous l'œil interrogatif de son interlocutrice.
« — Je ne laisserai pas Luna mourir, souffla-t-il. Je ne laisserai plus personne mourir. »
Stella baissa doucement son regard. Elle se doutait bien qu'il lutterait encore de toutes ses forces, contre la fatalité. Elle-même, ayant toujours suivi un tracé clair, ne saurait exactement comment appréhender la situation. Elle désirait accomplir son devoir, ramenant ainsi l'harmonie sur ce monde tourmenté. Mais elle ne voulait pas perdre ses proches, encore moins sa précieuse cadette. Se redressant à son tour, elle finit par poser un regard mêlant espoir à tristesse.
Yoko Shimomura — Melancholia
« — Je vais récupérer les derniers pouvoirs de la déesse, souffla-t-elle. Actuellement, je suis trop faible pour pouvoir vaincre le Chancelier. Je l'ai déjà affronté, à Insomnia … et je ne fais pas le poids.
— Tu penses que j'ai une chance avec l'anneau ?
— Si c'est toi … murmura la belle femme. Je crois … que tu peux tout accomplir. Mais il te faudrait davantage d'Armes Fantômes. Cet homme est aussi dangereux que perfide. »
Foncer tête la première ne suffirait certainement pas. Elle avait raison.
« — J'irai en chercher d'autres, sur mon chemin. Mais je ne peux pas laisser Ardyn continuer ses petits jeux. Tu as déjà une piste, de ton côté ?
— Ce ne sont que de petites pistes. Mais je n'ai rien d'autre, alors autant les essayer. D'ailleurs, je crois que ton ami Cid Sophiar a des informations sur au moins une autre Arme Fantôme.
— Il ne m'a rien dit à ce propos … mais je suppose qu'il allait le faire, marmonna le jeune homme. Mais tant pis. On réussira, Stella. On les sauvera. Tous. »
Elle lui répondit par un simple hochement de tête.
« — On réussira … »
Elle ne voulait pas flancher. Elle désirait choisir l'espoir. Elle désirait continuer la bataille.
Malgré tout, elle finit par déverser son lot de larmes, inhérentes à sa faiblesse. Ses mains recouvrant son visage, comme pour dissimuler des sanglots évidents, la jeune femme s'excusa.
« — Pardonne-moi, murmura-t-elle. Je …
— Tu n'as pas besoin de t'excuser.
— Je ne veux … pas la perdre …
— On ne la perdra pas. »
Ramenant la Princesse jusqu'à lui, Noctis lui offrit une épaule réconfortante, contre laquelle elle déposa faiblement la tête. Il passa sa main dans son dos, comme pour la rassurer pour cet avenir incertain.
Même si lui-même continuait de marcher dans le brouillard.
Ailleurs ...
« — Ardyn Lucis Caelum. »
Une ville effondrée, frappée par d'innombrables flammes, porteuses d'un message clair de désespoir.
« — Ardyn Lucis Caelum. Cela suffit. »
Depuis les cieux, un jugement net, implacable et inéluctable, mettant un terme à une sédition devenue incontrôlable.
Du moins pour les humains …
Il se réveilla alors. Voilà de biens curieux souvenirs, qui émergeaient tout à coup. Pourquoi y songer maintenant ?
Sans d'ailleurs réellement savoir à quel moment son esprit avait sombré dans les bras de Morphée, Ardyn Izunia contempla la pièce froide autour de lui. Le voilà effectivement dans une chambre peu recommandable, au cœur même de l'empire du Niflheim, dans sa capitale désormais close : Graléa. Se craquant légèrement le cou, le Chancelier poussa un léger soupir.
« — Il est bientôt l'heure, on dirait. »
Ce monde obscur allait changer.
Posant un pied sur le parquais froid, il s'avança, jusqu'à la fenêtre relativement large de l'immense building qui trônait encore au milieu d'un certain nombre d'autres édifices. À l'extérieur, la ville entière paraissait relativement calme.
Un état passager, sans aucun doute. Le regard d'Ardyn, lui, lifta directement vers un appareil affilié aux troupes du Niflheim, un aéronef, qui volait en direction de lui-même. Un léger sourire défigura alors son visage.
« — On dirait que l'on va avoir de la compagnie … »
Depuis les hauteurs de ce ciel qui s'assombrissait progressivement, le décalage horaire avec le Lucis se faisant ainsi, le vaisseau amorça un mouvement de descente particulièrement marqué.
« — Vous êtes sûre que c'est une bonne idée, Madame ?
— Vous devriez y réfléchir. »
Bras croisés en-dessous de sa voluptueuse poitrine, Aranea Highwind affichait un air plutôt nerveux. Même parmi ses connaissances, peu de personnes pouvaient se targuer d'avoir déjà vu pareil spectacle. En l'occurrence, Biggs et Wedge, ses fidèles compagnons de toujours, qui se souciaient plus que quiconque de son état, aussi bien physique que mental.
« — Il va bien falloir finir par crever l'abcès, articula-t-elle. Attendez-moi ici. »
Sautant directement depuis les hauteurs, elle parvint à poser un pas sur le toit de l'immeuble central de Graléa.
Yoko Shimomura — Ardyn II
Rapidement, l'ombre qu'elle recherchait l'attendait en ces lieux devenus hostiles. Ardyn Izunia affichait toujours le même sourire à la limite du supportable.
« — Aranea, lâcha-t-il. Vous êtes toujours ravissante.
— Épargnez-moi ce genre de propos, marmonna l'intéressée.
— Oh, vous n'êtes pas tout à fait de bonne humeur, il semblerait ?
— Il y a des choses étranges qui se déroulent dans cet empire, affirma simplement Aranea. Je suis venue poser la question directement puisque vous ne répondez jamais à mes appels.
— Alàlà ! J'en suis confondu, désolé. Mais il fallait dire que j'étais assez occupé ces derniers temps.
— Pourquoi Graléa ressemble-t-elle de plus en plus à une ville fantôme ?
— N'êtes-vous pas au courant ? On a demandé aux habitants de rester sagement le plus cloîtré possible. Des Daemons apparaissent de plus en plus dans les alentours.
— Dans ce cas, ne devrai-je pas être ici ? Pourquoi ai-je été assignée à des centaines de kilomètres ? »
Ardyn lâcha un petit rire amusé. Un fait qui ne faisait que renforcer un certain agacement chez la belle guerrière, qui ne goûtait que peu à cet humour des plus douteux. Le Chancelier s'avança d'ailleurs jusqu'à elle, pour lui offrir un regard qui donnait l'impression de la rendre tout de suite bien plus vulnérable. Il ne s'y appesantit toutefois guère longtemps, avant d'aller plus loin, à quelques encablures du rebord. Histoire d'avoir une vue plongeante vers la capitale du Niflheim, autrefois luxuriante.
Aujourd'hui, les quelques lumières des néons accompagnaient un silence des plus morbides.
« — Vous ne devriez pas désobéir aux ordres, vous savez.
— En parlant d'ordres, on se demande tout de même bien où est passé l'Empereur. Ça fait un moment que je ne l'ai plus vu.
— L'Empereur est mort.
— Q-Quoi ?!
— Mais ne vous en faites pas, très chère. Ses vœux seront tous exaucés. Et vous allez avoir bien d'autre chose auxquelles penser, très rapidement. »
Des explosions soudaines et simultanées frappèrent différents endroits dans la ville même de Graléa, sous les yeux alertés de la Commandante. Mais que se passait-il, à la fin ?!
« — Une fois que vous aurez mis ces personnes à l'abri, j'aimerais que vous alliez transmettre un message au Prince Noctis.
— Espèce de déchet ! Qu'est-ce que vous avez fait ?! »
Par un réflexe plus incontrôlé qu'autre chose, Aranea venait de commettre un acte qui ne pouvait rester sans conséquence : sa lance dangereuse déployée, s'abattit droit sur Ardyn.
« — Oh. Ce n'est pas ainsi que l'on s'adresse à son Chancelier. »
Mais elle manqua son coup. Parce que sa cible disparut, littéralement, en ne laissant qu'une rémanence de lui-même.
« — Cela dit, je vous pardonne, ancienne Commandante. Vous avez du travail qui vous attend. Rappelez bien au Prince Noctis … »
Mais où cet homme voulait-il en venir … ?!
Avant de pouvoir y songer beaucoup plus longtemps, elle reçut un coup de pied directement sur la hanche, l'expédiant droit dans le vide.
« — … Que le premier round se déroulera sur Zegnautus. »
À suivre …
