FINAL FANTASY — VERSUS XV
Précédemment …
La traversée de la Grotte de Greyshire se révèle plus difficile que prévu. Néanmoins, Noctis et Gladio parviennent à secourir Ignis et Prompto, mis en difficulté par les Psychomanciens.
« — C'est une demi-surprise de vous voir ici, Dame Stella. »
Alors qu'une pluie fine tombait depuis des cieux grisâtres, Stella Nox Fleuret clignait des yeux. Descendant de son Chocobo prénommé Noel, la belle femme tomba nez-à-nez avec deux vieilles connaissances.
« — Jared, Talcott. Je suis heureuse de voir que vous êtes en vie.
— C'est un honneur que vous vous souveniez de nous, lâcha précipitamment Talcott, en offrant un signe de respect visuel.
— Ce n'est vraiment pas nécessaire … mon titre ne signifie vraiment plus rien aujourd'hui. »
Jared Hester et son petit-fils, Talcott, faisaient partie des troupes affiliées à Insomnia. Mais ils ne participaient définitivement pas aux combats armés. Après la dernière bataille sanglante ayant enflammé Insomnia, tous deux avaient décidé de prendre la fuite, incapables d'agir de façon convenable. Voilà en tout cas le récit que le vieil homme raconta à la princesse, qui hocha simplement la tête.
« — Et finalement, reprit le vieil homme. Cid m'a contacté et m'a informé de vos projets. C'est pourquoi je vous attendais ici.
— C'est fort aimable, remercia la jeune femme avec sincérité. »
Il fallait dire que malgré son optimisme, Stella Nox Fleuret ne goûtait encore que peu à la vie en solitaire sur les vastes routes du Lucis. Même si elle se retrouvait toujours accompagnée de cet aimable Chocobo.
« — Si vous comptez vous rendre jusqu'au Niflheim, il vous faudra un bateau pour traverser la mer.
— Je le sais, déclara la Princesse. Mais j'admets avoir quelque peu laissée la question de côté …
— Nous sommes à quelques kilomètres de la côte, l'un des navires royaux nous attend. »
D'abord plutôt dubitative sur l'évolution de la situation, Stella finit par hocher la tête. Les deux hommes originaires d'Insomnia se dirigeaient ainsi à pas rapides vers la camionnette plateau qu'ils avaient vraisemblablement emprunté pour venir la retrouver.
Noel, le Chocobo, reposait tranquillement à l'arrière du véhicule, en picotant brièvement son plumage diaphane. Pendant ce temps, Stella Nox Fleuret se retrouvait à l'avant du véhicule, à la place du passager avant.
« — Avec la perte de notre partie, il est devenu vraiment difficile de trouver un sens à notre existence, murmura faiblement Jared Hester.
— Je comprends, articula son interlocutrice. Cela fait longtemps que je n'ai plus vu Tenebrae non plus …
— Est-il possible de sortir de cet âge sombre ?
— C'est pour ça que nous nous battons, j'imagine. »
En repensant aux lourdes batailles livrées jusqu'à présent, la princesse ne pouvait s'empêcher d'y trouver une forme de courage, de détermination supplémentaire, afin de ne pas chuter. Trop de sacrifices avaient déjà été nécessaires, alors pas question d'échouer.
Assez soudainement cependant, la tournure des événements prit un nouveau bord. Jared fronça distinctement les sourcils, en apercevant des formes sombres qui fonçaient dans la direction de la camionnette.
« — Des Daemons, souffla la Princesse. Mettez-vous à l'abri. »
Chapitre 64 : Limites mentales
Yoko Shimomura — Bros on the Road 2
« — Je suis désolé … Ignis. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé …
— C'est bon, ça ira. »
L'affrontement entre le groupe de Noctis Lucis Caelum ainsi que les Psychomanciens venait enfin de toucher à son terme. Retrouvant péniblement leur souffle, les jeunes camarades prenaient un moment pour respirer tranquillement. Mais pour Prompto, le sentiment de culpabilité rongeait son être tout entier. Son incompétence aurait pu causer une sacrée catastrophe. Tout du moins, voilà la vision qu'il s'offrait à lui-même.
« — C'est vrai qu'on te voyait écroulé comme un nourrisson, se moqua Gladio. Qu'est-ce que le Psychomancien t'a fait voir ? Des mecs ?
— Arrête, c'est pas drôle, lâcha le principal concerné, dépité.
— Je t'ai déjà dit que je ne t'en voulais pas, articula simplement Ignis. Tu étais sous le pouvoir du Psychomancien, cela pouvait arriver à n'importe lequel d'entre nous. L'important, c'est d'avoir remporté ce combat.
— Mais … »
Un claquement résonna directement dans les parois de la grotte, dès lors que Gladiolus venait de frapper l'arrière du crâne de Prompto, dont le visage se déforma momentanément sous l'effet de la douleur.
« — Aïe ! Ça fait mal ! Qu'est-ce qui te prend ?! »
Le regard dur que lui adressait Gladio coupait cependant les maigres velléités de rébellion qui germaient dans son esprit.
« — Arrête de faire ta fillette, siffla-t-il. On est une équipe, non ? Si l'un de nous tombe, c'est normal pour les autres de venir le protéger, quitte à se prendre des coups à sa place ! Alors ne commence pas à pleurer, c'est chiant. La prochaine fois, ce sera à toi de te battre pour nous. C'est comme ça qu'on a survécu jusqu'à présent ! C'est ça, se faire confiance ! »
Il arrivait parfois que le robuste Lucisien prenne ses responsabilités. Prompto abaissa doucement son regard.
La confiance … ?
Quid des images entraperçues, dans ce cas-là … ?
« — Oui … c'est vrai … tu as raison.
— Évidemment. Maintenant, on repart ! »
À quelques mètres d'encablure, Noctis finit par se lever à son tour. Cette histoire de confiance restait également dans son esprit. Même s'il accordait bien du crédit à Gladio sur l'instant, le Prince admettait tout de même qu'une partie de cette idée restait bafouée par ses soins.
Et cela concernait cet artéfact sacré. Celui qu'il portait autour de son doigt.
« — Noct ! Tu dors ou quoi ? L'arme fantôme ne va pas venir toute seule, hein !
— Hmpf. Je réfléchissais à l'avenir, c'est tout. »
L'appel de son bouclier sortit le roi de sa période de songes.
Il laisserait au temps de répondre à ces questions insolubles. Pour l'heure, une autre mission l'attendait. Même si, inévitablement, tout repousser vers un avenir incertain contribuait à accroître ce sentiment d'anxiété. L'heure viendra où Noctis devrait choisir.
Yoko Shimomura — Somnus Legatum (1'20 – 1'55)
« — C'est une Masse … »
Le protocole habituel suivi lors de la récupération des Armes Fantômes s'était déroulé sans le moindre accroc particulier. Noctis voyait ainsi flotter une arme particulière, une masse argentée et qui donnait l'impression d'être lourde, sans même poser un doigt dessus. Comme les autres avant lui, le trésor tournoya autour du Prince avant de disparaître dans un halo enchanteur.
« — Eh bah, t'es sûr d'avoir les bras assez larges pour la porter ? Lâcha un Gladio sarcastique.
— T'as peut-être les bras, mais t'es pas assez digne pour la manier.
— Pff ! Tu te la joues, en plus ! »
L'important résidait cependant ailleurs.
Et tous en avaient globalement bien conscience : avec le Bouclier de la Juste et dorénavant la Masse du Démon, l'arsenal fantôme du Prince se complétait graduellement. Il y avait donc de quoi envisager l'avenir avec davantage d'optimisme, à défaut de pouvoir être serein.
Et en parlant d'avenir, un seul se greffait véritablement aux yeux de Noctis : celui qui menait directement vers le Niflheim.
« — Les gars … il est temps de rentrer. »
Yoko Shimomura — Neverending Nightmare
Sous un ciel relativement sombre et désormais chargé de pluie, Stella Nox Fleuret traversa en un éclair l'espace la séparant d'un monstre difforme, qui comptait s'en prendre directement au petit groupe. Son sabre trancha en un rien de temps dans la chair du Daemon, qui s'écroula en poussant des cris terrifiants. La jeune femme pivota ensuite rapidement pour éviter le coup de ce qui ressemblait à un démon violet à la queue fourchue, un Alberich.
Enchaînant rapidement, la native de Tenebrae parvint à s'en débarrasser assez aisément. En revanche, lorsque son regard bleuté se posa sur le reste de cette armée sombre, l'optimisme ne pouvait pas non plus régner. Stella comptait bien une dizaine de ces créatures, jaillissant dans un flot continu. Cela ne constituait en soi pas une menace énorme pour elle-même, mais elle ne pouvait assurer que les passagers du véhicule s'en sortent sans dommage.
Elle envisagea alors les solutions à sa portée. Faire durer la bataille ne jouerait définitivement pas en sa faveur. Sans doute pourrait-elle ouvrir une voie à ceux de derrière afin de leur permettre de filer le plus rapidement possible loin de cette périlleuse zone. Derrière, les coups de feu retentirent d'ailleurs : Talcott et son grand-père maniaient plus ou moins les armes à feu, en particulier pour le petit-fils. Mais les balles tirées par des mitraillettes classiques ne suffiraient certainement pas à vaincre cette horde de créatures enragées et assoiffées de sang.
La bataille engageait même Noel, le Chocobo, qui frappait à coups de bec et de serres, repoussant momentanément les daemons de taille plus modeste. Une idée germa alors dans l'esprit de la Princesse. Même si elle pouvait s'avérer risquée. De toute manière, poursuivre cette bataille en représentait déjà un gros.
Évitant les griffes d'une créature hostile, d'un pas vers l'arrière, la jeune femme trancha rapidement sa gorge, laissant le daemon agoniser sur le sol.
« — Jared, Talcott ! À mon signal, accélérez et ne vous arrêtez pas !
— Pardon ?!
— Faites-moi confiance ! Noel, remonte à bord du véhicule ! »
Le Chocobo s'exécuta sans trop broncher. Quant aux deux humains, après un léger moment d'hésitation, la décision fut prise d'obtempérer. Même si pour le coup, Stella se retrouvait complètement seule contre cette horde. Jared appuya ainsi rapidement sur l'accélérateur, lançant la camionnette. Ils ne disposaient que de quelques mètres, avant de rencontrer le premier Daemon sur leur passage. Malgré la peur évidente de son conducteur, le véhicule ne se stoppa pas, jusqu'à quasiment atteindre la bête, qui surplombait les environs.
Les daemons disparaissaient littéralement, un à un ?
« — Qu'est-ce que … ? »
Les yeux éclatants de Stella Nox Fleuret témoignaient de l'utilisation de ses pouvoirs. La jeune femme devait bien admettre qu'ajuster son timing pour ouvrir et fermer les Portes du Valhalla à chaque fois représentait un exercice bien difficile. Mais elle ne pouvait pas prendre le risque de l'utiliser sur la camionnette elle-même, qui sait ce qui pourrait advenir ? Alors elle n'avait pas le choix, conformément à ses attentes, les daemons attaquaient directement, dès lors que la possibilité se présentait. Mais ils échouèrent tous, un à un, laissant un boulevard ouvert.
« — Dame Stella ! S'époumona Talcott. Rejoignez-nous, vite ! »
Passer le plus clair de son temps à attendre et récupérer ses forces ne plaisait clairement pas à Lunafreya Nox Fleuret. Mais la nécessité absolue de le faire rendait toute autre option caduque. Après avoir effectué quelques tâches quotidiennes d'une banalité sans nom pour une femme de son statut, la jeune femme s'adossa sur le fauteuil, en contemplant simplement l'horloge, qui lui donnait l'impression de tourner au ralenti, piégé dans un temps devenu soudainement beaucoup trop lent.
Elle savait que Cindy et Iris se trouvaient à l'extérieur, en train de récolter différentes ressources et provisions, en compagnie de Cid. La proposition lui fut faite de venir à leurs côtés, mais l'Oracle déclina alors, préférant patienter ici et s'assurer de pouvoir participer à la prochaine véritable expédition. Elle ferma alors ses beaux yeux bleutés, laissant libre court à son esprit de voyager pendant que son corps ne le pouvait pas.
Un esprit qui donnait pour le coup l'impression de réellement s'évader. Comme dans un rêve inconnu, durant lequel rien ne donnait de sens, mais qui pourtant, provoquait un malaise certain chez un cœur qui peinait à comprendre le déroulement des événements.
Luna eut l'impression qu'une voix cherchait à s'adresser à elle. Elle ne discernait alors qu'un maigre son, au milieu de ténèbres insondables. En tournant la tête dans toutes les directions, la jeune femme ne parvint pas à en trouver l'origine.
Assez brusquement, elle finit d'ailleurs par rouvrir les yeux, frappée par un inexplicable sursaut. En jetant un vif coup d'œil à l'horloge, la jeune femme se rendit que cet étrange songe ne fut l'affaire que de quelques maigres minutes. Pourtant, le malaise s'immisçait encore profondément en elle.
Ces pensées s'évanouirent toutefois relativement vite. À l'extérieur, le soleil commençait d'ores et déjà à se coucher, après une longue journée de labeur. Le Prince Noctis et ses acolytes ne tarderaient certainement pas à rentrer. Elle l'espérait tout du moins.
« — C'était un plan très risqué, Dame Stella … »
De longues minutes après l'éreintante bataille contre cette horde de daemons, Stella Nox Fleuret retrouvait un petit peu de souffle, assise à côté de Jared Hester.
« — Oui, mais ça a fonctionné … murmura-t-elle. Disons que c'est l'essentiel.
— En effet. »
Les routes du Lucis ne pouvaient plus être qualifiées de sûres dorénavant. Voilà une éclatante démonstration que d'autres problèmes pourraient s'accumuler le cas échéant. Cela dit, au rayon des bonnes nouvelles, les voilà sortis momentanément d'affaire, en se dirigeant vers la côte.
« — Vous êtes encore blessée … murmura Talcott, en voyant le bras gauche sur laquelle la Princesse appliquait soigneusement un bandage.
— Un manque d'attention de ma part, rétorqua-t-elle. Mais rien de grave.
— On y arrive, d'ailleurs. »
L'air du large. En fermant les yeux, ils pourraient tous jurer entendre le son des vagues frappant paisiblement les côtes, comme elles le faisaient indistinctement depuis des millions d'années. Ce spectacle, figé dans le temps, avait quelque chose d'apaisant. En arrivant sur la place, le petit groupe resta d'ailleurs quelques instants sur la colline, surplombant une large mer, aux allures paisibles.
Une petite brise fraîche caressa leurs visages, pendant qu'ils déposaient un regard rempli d'espoir vers un futur qui pouvait encore être sauvé.
« — Le bateau royal est en bas, déclara alors Jared. Dame Stella … j'aimerais que l'on vous accompagne de l'autre côté.
— Ça ira, sourit-elle simplement.
— Qui sait ce que l'empire du Niflheim peut vous réserver … ? Renchérit Talcott.
— J'ai besoin de vous ici, murmura la Princesse. J'aimerais que vous guidiez ensuite le Prince Noctis et ses compagnons pour que nous puissions nous retrouver, de l'autre côté. C'est une mission éminemment importante. »
À mille lieux, l'espoir ne faisait même plus partie du champ lexical. Et ce, depuis encore plus longtemps que les impressionnantes colonnes de fumée à l'extérieur ne le suggéraient. Mais ces frivolités n'intéressaient de toute façon plus particulièrement Ardyn Izunia, qui descendait tranquillement les escaliers de la plus grande tour de Graléa, capitale de l'empire.
Contrairement à l'enfer du monde extérieur, les locaux se révélaient particulièrement calmes. Désespérément calmes et vides, d'ailleurs. Pas un seul employé, que ce soit humain ou Magitek. Progressivement, cette luxuriante capitale se vidait du concept même de vie. Pourtant, au milieu de cette lugubre pénombre, le Chancelier parvenait encore à entendre quelque chose. Un mélange entre des râles de souffrance et de rage. Comme si une âme cherchait encore à se battre. Non pas pour survivre. Mais plutôt pour ne pas sombrer seul.
Arrivant directement face à une vitre plus que solidifiée, donnant directement vers une pièce isolée de toutes, Ardyn afficha un sourire sombre et sinistre, comme il savait si bien en offrir.
« — De toute ma longue expérience, c'est certainement la première fois que je vois un homme tenir si longtemps, Ravus Nox Fleuret. »
Les grognements, de plus en plus inhumains, résonnaient continuellement dans la pièce voisine. Ardyn pouvait facilement diffuser sa voix dans pratiquement toutes les pièces de la grande tour, via cette salle de contrôle. Et le simple son de sa voix suffisait à raviver l'éclat de folie qui brûlait dans les pupilles de Ravus.
Autrefois fier et grand Commandant des armées impériales, le voilà désormais dans un état désastreux, à mi-chemin entre un humain et un daemon. Prostré sur le sol, le visage à moitié déformé et quelques parties de son corps ayant déjà subi le processus, il serrait les dents, crachait de temps à autres des gerbes de sang devenus pourpres. De son corps, jaillissaient régulièrement d'étranges miasmes noirs.
« — Ardyn … siffla-t-il. Salopard … libère … moi ! »
Ses mots, prononcés avec une férocité particulière, démontraient malgré tout qu'il parvenait encore à conserver suffisamment de conscience pour ne pas sombrer totalement. Pendant quelques instants, Ardyn se contenta de l'observer, en songeant à son existence passée. Le destin se révélait parfois bien taquin. Qu'un homme comme lui, qui autrefois sauvait un nombre incalculable de vies contre ce fléau démoniaque, se retrouvait à éprouver un plaisir malsain en regardant les mêmes humains sombrer face à l'obscurité … voilà une bien belle preuve de dépravation.
Ravus, de son côté, luttait de toute son âme. Un ultime acte de désespoir, pour ne pas sombrer vers des abysses qui ne lui laissaient pourtant pas l'ombre d'une chance. Il désirait tenir. Tenir encore plus longtemps. Ses objectifs lui paraissaient trop lointains.
Pourtant, il ne désirait pas disparaître. Il ne voulait pas définitivement pas mourir. Il devait encore veiller sur Lunafreya et Stella. Il devait s'assurer qu'elles vivraient, dans un avenir sans contrainte.
Elles doivent vivre.
Elles doivent vivre …
Pour sa seule famille, il pouvait encore braver l'impossible.
Depuis trop longtemps, maintenant, ils vivaient dans la souffrance, tous les trois. Depuis trop longtemps, ils enduraient ce qu'aucun être humain ne devait endurer. Porter le poids du destin sur ses épaules, comme ses sœurs le faisaient continuellement, en accepter chaque conséquence …
Son regard empli de folie continuait de se perdre dans les limbes d'un monde duquel il ne pourrait revenir. Mais non. Il devait encore les revoir, rayonnantes toutes les deux. Il ne pouvait pas disparaître ainsi.
« — Je dois … les … je dois … les revoir ! »
Yoko Shimomura — Ardyn IV
Ardyn esquissa un sourire perfide, dont il avait dorénavant la bien fâcheuse habitude.
« — Oh, je vois. Ce sont donc à ces souvenirs que tu t'accroches pour essayer de tenir. C'est très touchant. »
En un rien de temps, le Chancelier se retrouvait dans la même pièce que son captif, qui lui lançait le plus sombre des regards. Entravé par des chaînes qui limitaient grandement ses mouvements, Ravus ne pouvait théoriquement pas l'atteindre.
« — Mais hélas, mon cher Commandant … souffla Ardyn. Tu n'es rien d'autre qu'un simple humain. »
Un râle de douleur des plus intenses résonna, dans lors qu'une lame rouge immatérielle, se planta directement dans le ventre de l'aîné de la fratrie Nox Fleuret.
« — Un humain avec des limites physiques. »
L'hémorragie se résorba d'ailleurs fort rapidement, entourée par ces miasmes noirs qui s'y agglutinaient. Mais au lieu de retrouver la chair simple et humaine de Ravus, on y distinguait alors une peau presque halée, frappée par cette infamie. Une malédiction que personne ne connaissait mieux qu'Ardyn en personne.
Ravus chercha à se débattre, en cédant toujours plus à cette obscurité qui s'élançait dans tout son être.
« — Mais surtout un humain avec des limites mentales. »
Le Chancelier s'avança lentement, pour déposer un regard plus qu'entendu à son ancien subordonné.
« — La question est de savoir si elles vont se briser tout de suite ou non.
— Ardyn … !
— Ravus Nox Fleuret. Pendant que tu es encore un petit peu lucide, je vais te faire un cadeau précieux. Je vais te dire de quoi l'avenir sera fait. »
Ravus ne comprenait évidemment pas où cet homme voulait en venir. Mais il ne trouvait pas la force nécessaire afin de formuler une phrase cohérente. Tout dans son être appelait à un soulagement immédiat, à une disparition qui ferait office de libération.
« — Et plus particulièrement … ton propre futur. Une fois que tu seras transformé en daemon, tu n'auras pratiquement plus aucune conscience humaine et tous tes souvenirs disparaîtront. Alors … profites-en bien. Car je vais te renvoyer dans un lieu qui t'est cher. »
Les pupilles de Ravus s'écarquillèrent, toujours embrumés par une folie et une douleur qui lacéraient continuellement son corps.
« — Oh ? Alors tu sembles avoir compris, hein ? »
Entre l'homme qui se transformait progressivement en monstre et celui qui se délectait visiblement de la situation, se posait réellement la question de savoir qui se révélait être le plus inhumain.
« — Tu vas rejoindre ta chère patrie, à Tenebrae. Je suis certain qu'il y a là-bas des personnes que tu as envie de revoir. »
Non …
« — Cela dit … je me demande si Tenebrae va t'accueillir dignement. Mais je suis certain que tout va se passer correctement, n'est-ce pas ? »
À suivre …
