FINAL FANTASY — VERSUS XV
Précédemment …
Alors qu'il s'apprêtait à reprendre la route pour Graléa, le groupe de Noctis tombe directement sur un visiteur inattendu : Ardyn Izunia en personne, qui décide de leur livrer une bataille violente au milieu de la jungle.
Noctis finit par faire appel aux pouvoirs de Titan, pour essayer de reprendre la main dans un combat qui lui échappait progressivement.
La terre tremblait avec insistance. L'Archéen n'allait pourtant pas faire d'apparition directe : Noctis empruntait simplement sa force, qui inhibait maintenant son prochain coup. Autrement dit, l'épée qu'il maniait actuellement détenait la force colossale de Titan, mais cela ne pouvait pas se faire gratuitement.
Premièrement, la force emmagasinée serait moindre, fort logiquement.
Deuxièmement, les effets sur son corps restaient encore aléatoires.
Mais dans la situation actuelle, cela n'importait que peu.
Noctis se lança, presque les yeux fermés, en direction de cet homme perfide aux intentions sinistres.
La jungle à proximité de Graléa subit alors un effroyable tremblement, qui causa l'effondrement de plusieurs séquoias géants à proximité, ainsi qu'une faille tellurique béante qui ne cessait plus de grandir. Par la même occasion, une incroyable envolée de poussière se déploya dans tous les alentours. Stella Nox Fleuret rapprocha Lunafreya d'elle-même, afin de la protéger, tandis qu'Ignis, Gladio et Prompto faisaient de leur mieux pour ne pas avoir trop à souffrir de ce formidable amas de puissance.
« — Wow … Noct n'y est pas allé de mainmorte. »
Une partie de la zone venait effectivement de s'effondrer. Gladio venait d'attraper Prompto pour le sortir hors d'une zone trop tumultueuse, tandis qu'Ignis avait accouru vers les princesses de Tenebrae pour vérifier leur état. Fort heureusement, pas d'inquiétude supplémentaire à avoir de leur côté.
« — Tout va bien pour nous, murmura Lunafreya. Mais … le Prince Noctis … ? »
Ces questions méritaient un éclaircissement évident. La zone entière avait été ravagée par le pouvoir de Titan et s'avérait difficile à analyser. Avant toute chose, Ignis décréta surtout un rassemblement général, histoire de ne pas finir avec de mauvaises surprises. La prudence restait de mise, au vu du contexte et sur ce point, seule l'absence de Noctis constituait une ombre au tableau.
Finalement, l'intéressé refit son apparition, par le biais d'un simple Éclipse. Visiblement épuisé, il reçut bien rapidement l'aide de Gladiolus.
« — Hé, tu tiens le coup ?
— … Ouais, ça ira. Mais je ne pense pas en avoir fini avec lui.
— C'était un sacré coup quand même, déclara Ignis.
— S'il voulait voir tes progrès, c'est bien chose faite, renchérit Prompto. »
Avec un certain soulagement, Lunafreya s'approcha également du Prince, en compagnie de sa sœur.
« — Prince Noctis … »
Cependant, leur marche fut interrompue.
De la plus brutale des façons possibles.
Une immense colonne de feu explosa depuis le dénivelé, dans le dos de Noctis et de ses compagnons, dont les regards se figèrent.
Chapitre 93 : Un incident, dix ans auparavant …
Yoko Shimomura — Hellfire
« — Ah, le pouvoir des dieux … il est effarant, n'est-ce pas ? Depuis les temps anciens, ils n'ont eu de cesse de faire plier le monde selon leur bon vouloir … mais même lorsque l'on fait appel à leurs pouvoirs, il ne faut pas oublier de se protéger, hein ? »
Parce que le Chancelier excentrique, Ardyn Izunia, venait déjà de réapparaître, à une dizaine de mètres de la petite troupe. Cet événement constituait en soi déjà une désagréable surprise, puisqu'il avait de fait réussi à s'en sortir, face aux terrifiants pouvoirs de Titan.
Mais ce fait-là restait presque anecdotique, à côté de ce que son apparition impliquait.
La stupeur, palpable à travers les yeux de tous ses opposants, lui faisait un bien aussi fou que malsain.
« — Parce que moi aussi, je suis déjà entré en communication avec eux, tu sais ? »
Au cœur de ce torrent de feu, une silhouette humanoïde se détachait alors progressivement.
« — C'est impossible … souffla Ignis.
— C'est le Calcinateur, Ifrit … murmura Lunafreya, hébétée. »
Pourtant, au vu de l'histoire racontée plus tôt par Shiva, elle ne devrait pas être surprise de voir Ifrit apparaître de la sorte. Ce dieu ancestral au pouvoir de feu capable de tout consumer, représentait à lui seul les maléfices et les excès de l'Humanité.
« — Bougez, vite ! »
Le Calcinateur sauta dans les airs, en brandissant son immense lame embrasée. De cette épée mystique et antique, jaillirent d'immenses flammes, qui engloutirent les environs tout entier, transformant la jungle en une véritable fournaise.
« — Luna ! »
Stella attrapa directement sa sœur et disparut à l'aide des Portes du Valhalla.
Tout le monde ne put néanmoins pas avoir cette chance : trop lent pour échapper à cet assaut, Gladio n'eut par exemple d'autre choix que de mettre son bouclier en opposition : une mesure qui valait mieux que rien, sans toutefois lui permettre de provoquer un exploit.
« — Gladio ! »
Ignis courait dans tous les sens, en appelant son ami. Il cherchait d'abord à échapper à cet incendie qui prenait de plus en plus de place. Comment réussir à trouver une stratégie, dans l'immédiat ?!
« — Te souviens-tu, Noct ? Ton ''accident'' d'il y a dix ans, qui a conduit ton père aux portes de Tenebrae, pour demander l'aide de la bonne famille Nox Fleuret … »
Noctis serra les dents en se remémorant cet événement.
À l'époque, cet incident avait été placé sous le couvert d'une simple et malencontreuse attaque de daemons.
Mais en fixant cette entité flamboyante qui prenait place dans le dos du Chancelier, Noctis comprit bien vite.
Ifrit avait été le responsable de son accident.
Shiva avait déjà conté une histoire similaire, mais voir le Calcinateur en chair et en os ne faisait que lui confirmer ces paroles, qu'il ne remettait de toute façon pas en cause.
« — Rends-toi à l'évidence, Noct. »
Ifrit commençait déjà à saccager les alentours, en disparaissant parfois, pour littéralement se téléporter sur d'autres zones. Il poursuivait ces malheureux, qui osaient le défier.
Son immense lame ne pouvait être contrée aisément et le feu infernal qui en surgissait ne faisait qu'accroître les dégâts.
Voilà maintenant le géant face aux sœurs Nox Fleuret. La guerrière d'Etro se saisit alors de son sabre, sous l'œil attentif du Chancelier.
« — Arrête ! »
Évidemment, Noctis ne pouvait se résoudre à rester sur place.
Il prit alors la décision de foncer sur Ifrit, pour le défier dans un duel aussi insensé que désespéré. Sautant derrière la tête du monstre, le Roi-élu invoqua une arme fantôme, l'Épée du Conquérant.
Puisant dans toutes ses forces, il abattit alors sa lame. Techniquement, Noctis parvint à toucher le géant de feu. Mais pas suffisamment pour en faire beaucoup plus. Au contraire : Ifrit se retourna alors et une lourde colonne de feu engloutit irrémédiablement son assaillant.
« — Prince Noctis ! »
Carbonisé avec une intensité palpable, le Prince chuta lourdement, en direction de ces fossés creusés par le pouvoir de Titan.
« — NOCT !
— On ne bouge pas, souffla alors Ardyn, devant le mouvement synchronisé des trois compagnons du Prince. »
Yoko Shimomura — Ardyn IV
Comme pour appuyer ses propos menaçants, Ardyn déploya plusieurs lames supplémentaires, non pas dirigées vers Ignis et les autres, mais juste au-dessus de la tête d'un Noctis dans les vapes, plusieurs dizaines de mètres plus bas. D'ici, personne ne pourrait empêcher ces épées de perforer l'héritier du Lucis.
« — Votre petit Prince est encore vivant, murmura-t-il. Mais s'il prend une autre épée dans la tête, je crois que ce sera terminé.
— Enfoiré, grogna Gladio. Qu'est-ce que tu veux ?!
— Ah, bah voilà une question plus polie, déjà …
— Réponds !
— Oh, je devrais retirer ce que je viens de dire, ricana Ardyn. Mais trêve de plaisanteries, pas vrai ? Ma proposition est des plus simples. Je vous rends la belle aux bois dormants, mais pas gratuitement.
— Comment ça, ''pas gratuitement'' ? S'interrogea Ignis, en fronçant les sourcils.
— Hélas, je demanderai à Dame Lunafreya de faire le chemin inverse.
— Pardon ?!
— Hé, pas de panique ! Il y a encore quelques petites choses dont nous devons parler, en privé. Ah, et j'embarquerai également le petit blond.
— Moi ?! Pourquoi ?!
— Oh, ne me pose pas la question, c'est Verstael qui me l'a demandé, alors avant qu'il ne boude … mais si vous préférez, je peux laisser le soin au Calcinateur de tout détruire. J'aime les spectacles pyrotechniques également, à vrai dire. »
Théâtralement, Ardyn leva le bras en direction des compagnons du Prince.
Les voilà maintenant face à un cruel dilemme. Livrer Dame Lunafreya contre la vie de Noctis … ce terrible choix, aucun d'entre eux n'aurait pu songer à pareille scénario, quelques minutes encore auparavant.
« — J'ai conscience que la requête formulée peut-être déroutante, alors aussi vais-je être bon ''Prince'' et vous laisser une minute de réflexion. Au-delà du temps écoulé, ou si jamais vous tentez une attaque avant, je crains que la vie de Noct ne s'achève prématurément.
— Je croyais que tu ne voulais pas le tuer ?! S'esclaffa Ignis, qui s'efforçait de rester le plus calme possible.
— Tu apprendras mon pauvre ami qu'on ne peut pas toujours faire ce que l'on veut dans la vie, lâcha son interlocuteur. »
Bluffait-il ?
La question méritait certainement d'être posée.
Mais parier sur une telle issue s'avérerait bien trop risqué, au vu du tempérament excentrique d'Ardyn.
« — Très bien. Je viens. »
… Les paroles de Lunafreya brisèrent la forme de silence pesant qui prenait progressivement place.
« — L-Luna ?! Qu'est-ce que tu racontes ?! »
Sa sœur ne semblait pas particulièrement ravie par cette décision.
« — Nous n'avons pas tellement le choix, Stella, murmura l'intéressée. Celui qui est en position de force actuellement, c'est bien cet homme. Si je ne le fais pas, le Prince Noctis risque de mourir et toutes nos péripéties n'auront servies à rien. »
L'argumentaire de l'Oracle se tenait parfaitement. Mais cette vérité, Stella Nox Fleuret ne semblait toujours pas capable de l'accepter.
« — Oh, vous êtes une dame bien intelligente ma foi, se félicita Ardyn. À présent, si vous voulez bien nous excuser, j'aimerais ne pas passer trop de temps ici. »
Gladio jeta un coup d'œil rapide à ses amis. Même pour Ignis, prendre une décision semblait difficile.
Avant qu'il ne prenne la parole, la main de Prompto se posa alors sur l'épaule fébrile de Stella, tandis que sa voix retentit.
« — C'est bon pour moi aussi, souffla le blond.
— Prompto … !
— Ne vous en faites pas, Dame Stella. Je vous promets de protéger votre sœur du mieux que je le pourrai … mais ne tardez pas trop. »
Passées les quelques secondes de stupéfaction, Prompto prit une décision avec un sang-froid qu'on ne lui connaissait pas forcément.
Il se disait simplement que s'il faisait partie de la monnaie d'échange, peut-être pourrait-il trouver un moyen de gagner en utilité.
« — Attends, Luna … ! »
Stella ne voulait visiblement pas lâcher l'affaire.
Elle avait le terrible pressentiment qu'accepter conduirait vers des affres sans fond.
Mais là encore, que pouvait-elle opposer à la volonté de sa sœur ?
Laisser le Prince Noctis mourir ? Cette idée serait absurde.
Mais si elle utilisait les Portes du Valhalla pour embarquer Lunafreya au loin, et abandonnait les compagnons du Lucis … ?
Momentanément, le regard de la jeune femme se déchira, face à une forme inconnue de folie. En regagnant ses esprits, Stella se rendit compte à quel point ses pensées pouvaient être malsaines et égoïstes.
Ardyn plissa légèrement son regard, en conservant son sourire, tandis que Lunafreya et Prompto marchaient doucement dans sa direction.
« — Rendez d'abord le Prince à ses compagnons, demanda la belle Oracle.
— Huh ? Le rendre ? Ils peuvent bien aller le chercher, non ?
— C'est une requête de ma part. L'extirper des bas-fonds risque d'être difficile pour eux.
— Vous n'êtes pas tellement en position de force pour exiger quoi que ce soit, Dame Lunafreya.
— Comptez-vous réellement le laisser mourir là-bas ?
— Hmm. Soit, mais reculez donc, amis du Prince. Même chose pour vous, Dame Stella, même si je me doute que vos Portes du Valhalla pourraient vous mener facilement à moi. Toutefois, si vous tentez quoi que ce soit … sachez que je serai plus rapide. »
Elle bouillonnait.
Le désir de porter secours à sa sœur faisait presque vibrer son corps tout entier. Pourtant, elle ne bougea pas. Pas encore, tout du moins. Laisser Lunafreya entre les mains de ce monstre … cette idée la dégoûtait au plus haut point.
Ardyn récupéra ainsi ''gracieusement'' Noctis, en ne le remettant toutefois pas immédiatement à ses compagnons, qui fulminaient à l'idée de le mettre en pièces. Mais la présence menaçante d'Ifrit à proximité et leurs états respectifs ne pouvaient permettre une telle intrépidité.
« — Ne vous en faites pas. Votre séparation ne durera pas bien longtemps. Une fois que j'aurai fini ce que j'ai à faire, vous n'aurez qu'à me rejoindre à Graléa, plus exactement dans la forteresse de Zegnautus. Je vous attendrai là-bas, mes chers invités.
— Quid de l'état du Prince Noctis ? Je dois le soigner.
— Oh, oui. Faites donc, Dame Lunafreya. »
Que manigançait réellement cet homme … ?
Lunafreya se racla légèrement la gorge.
Prince Noctis, Stella ... je suis certaine que tout finira par s'arranger.
L'accord contraint fini par être achevé.
Stella regardait la silhouette de Lunafreya rejoindre Ardyn, sans dire un mot supplémentaire. Elle n'entendait d'ailleurs plus aucune parole aux alentours, seul le son et lourd des battements de son cœur faisant office de son, qui résonnait lentement dans ses tympans.
Ardyn la regarda alors brièvement et esquissa un faible sourire.
« — Je vous l'ai déjà dit, Dame Stella. Vous êtes comme le Prince. Vous n'êtes pas prête. »
Lunafreya prit quelques instants pour soigner son amant, avant qu'Ardyn ne lance littéralement ce dernier vers Stella. Obligée de l'attraper, elle ne pouvait pas faire grand-chose sinon le réceptionner.
« — Il est temps pour nous de tirer notre révérence. Nous nous reverrons très bientôt, chers amis du Roi. Il y a encore beaucoup d'obstacles qui vous attendent à Graléa, alors j'espère que vous serez capables de les franchir. Mais faites-donc bien passer un message auprès de Noct, lorsqu'il se réveillera : ''tu n'es pas prêt.'' Merci bien ! »
Ces paroles résonnaient en écho à une amertume profonde chez les Lucisiens.
Les flammes d'Ifrit entourèrent alors Ardyn, Lunafreya et Prompto.
Lorsqu'elles s'estompèrent, il ne restait plus aucune trace d'eux.
« — Noct … ! »
La victoire du Chancelier avait été absolue.
Yoko Shimomura — The Aggressors
Plusieurs longues heures s'écoulèrent. Au-dessus de l'empire du Niflheim, au passé glorieux mais révolu, le soleil brillait dorénavant assez faiblement, ses rayons étant obstrué par un amoncellement de nuages discontinu.
Prompto ne disait pas grand-chose.
Que pouvait-il dire, d'ailleurs ? Menotté par une technologie l'empêchant d'agir, il ne pouvait que regarder avec nervosité ce qui se tramait autour de lui.
Première chose qu'il remarqua : l'armée Magitek, soigneusement alignée en plusieurs rangées. Cette dernière occupait dorénavant la majeure partie des grandes ruelles de Graléa.
Autrefois, cette immense métropole donnait l'impression de pouvoir concurrencer Insomnia, aussi bien grâce à son paysage urbain qui s'étendait à perte de vue, que par les activités diverses et variées qu'elle proposait. Hélas, ce joyau de l'empire ne brillait dorénavant plus. Pas depuis le soulèvement engendré par Ardyn Izunia en personne, pour mettre la ville à feu et à sang.
L'Oracle Lunafreya se retrouvait sensiblement dans la même situation, mains attachées dans son dos, contrainte de suivre les pas d'Ardyn, tandis que de nombreuses machines offraient une surveillance accrue.
« — Où nous rendons-nous … ? Demanda-t-elle finalement, en continuant de suivre la cadence.
— Allons, ma chère. Vous l'avez bien entendu, la première fois, non ? Je vous ai dit que j'allais vous conduire à Zegnautus. Mais pour l'heure, un petit saut dans la grande tour centrale de Graléa ne devrait pas faire de mal.
— … Où est l'empereur Iedolas ?
— Hmm ? Oh, Sa Majesté se trouve bien sûr ici, dans sa capitale.
— J'ai du mal à croire qu'il ait pu laisser la ville être réduite à ce triste état, déclara la belle femme, en plissant son regard. Que lui avez-vous fait ?
— Voilà de bien lourdes accusations, dame Lunafreya !
— Répondez à ma question.
— Techniquement, je n'ai pas levé un doigt sur l'empereur.
— Pourquoi ne fait-il donc rien pour sauver sa capitale ?
— L'empereur ne pense qu'à deux choses : le Cristal du Lucis et l'anneau de la même lignée. Il n'a pas d'intérêt réel pour son empire, croyez-le ou non. »
Cela faisait maintenant deux fois que Lunafreya se retrouvait emprisonnée par cet homme.
Cependant, cette seconde excursion au cœur des terres ennemies apparaissait comme étant encore plus difficile que la première fois. La mort de Ravus, causée indirectement par Ardyn, en expliquait une grande partie. Mais au-delà même de ce tragique événement, Lunafreya ressentait comme un lourd pressentiment qui pesait de tout son poids sur ses épaules.
L'apparence même de cette cité, autrefois fière de sa réputation, jouait également beaucoup. Elle put voir de nombreuses rues complètement ravagées, d'autres occupées par des daemons qui arpentaient les mètres impunément … que se passait-il donc, ici ?
« — … Vous contrôlez les daemons, Chancelier ?
— Allons, un petit effort. Je suis sûr que vous pouvez poser des questions plus intelligentes. »
Lunafreya ne répondit pas à la provocation.
Elle comprit en voyant cette ville, plongée dans un effarant désespoir.
« — … Y'a-t-il des survivants … ?
— Ah, voilà des paroles plus sensées. Je vais vous montrer, ne vous en faites pas. Il y a encore des survivants, bien entendu. Je serai bien cruel que de laisser un tas d'innocents mourir, non ? »
Le ton burlesque qu'il employait ne collait vraiment pas à la situation, mais plutôt bien au personnage que Lunafreya avait, malgré elle, apprit à connaître.
Ils s'approchaient au fur et à mesure, de l'immense tour métallique qui tenait encore debout. Néanmoins, leur marche finit par être interrompue, lorsque la voix d'un homme retentit.
« — Ah, voilà donc une pêche des plus prolifiques. »
Ce vieil homme, Verstael Besithia, marchait dans leur direction, accompagné par une troupe de soldats Magitek toujours lourdement armés. Prompto fronça distinctement les sourcils, en apercevant la silhouette de ce savant fou, déjà responsable de plusieurs attaques envers les troupes du Lucis.
« — Ah, Verstael. Tu vois comme je suis meilleur que toi ? Après trente-six échecs, je n'ai eu besoin que d'une seule tentative pour m'accaparer de joyeux trophées.
— Hmpf, je t'ai déjà dit que l'erreur faisait partie inhérente du progrès scientifique. Mais soit, je vois que tu es fidèle à ta réputation. Où est le petit ? »
Un rire sinistre accompagna sa dernière question.
« — Qu'est-ce que tu me veux, espèce de taré ?! »
Prompto siffla, en essayant de paraître le plus solide possible.
Pourtant, la situation n'invitait clairement pas à jouer sur ce ton. Au contraire.
Ardyn esquissa un faible sourire, en se retournant vers le blond.
« — Je suis désolé mon petit, mais notre chemin se sépare ici. Je vais avec dame Lunafreya et toi, tu accompagneras Verstael.
— Quoi ?! Pas question ! Je reste avec la Princesse ! C'est mon devoir de la … »
Un coup de genou violent finit par clouer Prompto sur le sol. Il avait été donné par l'un des soldats Magitek qui suivait la marche depuis un long moment.
« — Tu prendras la parole lorsqu'elle te sera donnée, la prochaine fois, lâcha Verstael, d'un air mauvais.
— D-Dame Lunafreya !
— Tu ne comprends donc pas ? Même un chien obéirait mieux. »
L'ordre fut rapidement donné et voilà désormais Prompto affublé d'autres coups, plus violents les uns que les autres.
« — Cessez ! Réclama Lunafreya. Cette violence est inutile !
— Oh là, que vois-je. Cette bien aimée Oracle est toujours aussi niaise. Est-elle sous ta protection, Ardyn ?
— Pour le moment.
— Hmpf, vous êtes bien chanceuse, Princesse. On se reverra comme prévu, Ardyn.
— Fais donc. Il y a encore beaucoup de travail sur la planche.
— L-Lâchez-moi ! »
Tiré vers l'arrière, Prompto chercha à se débattre du mieux possible. Mais ses maigres coups de pied ne pesaient pas bien lourds, contre la cuirasse métallique des soldats, qui l'embarquèrent sans grande difficulté, dans le sillage de Verstael, en laissant traîner un liquide rougeâtre et macabre sur toute l'allée en question.
Grande Tour de Graléa — Quartiers du Chancelier.
Yeux et mains bandés, Lunafreya avança lentement, tandis qu'Ardyn se trouvait juste dans son dos, en guidant chaque pas, chaque direction savamment orchestrée.
La belle femme finit par être relâchée, devant la porte d'une chambre.
« — Dame Lunafreya, il y a beaucoup de choses dont j'aimerais discuter avec vous. Mais il y a des façons de traiter une Princesse de votre rang, même au vu du contexte actuel. Vous savez que je sais être très maniéré, n'est-ce pas ?
— La dernière fois, vous m'aviez demandé de choisir qui devait être épargné parmi vos prisonniers.
— Oh, mais ça remonte à loin, n'en parlons plus, voulez-vous. Toujours est-il que je vous propose gracieusement de vous doucher, vous changer et même de manger avec moi. Parce que nous avons un certain nombre de choses à nous dire. »
Ardyn tendit alors plusieurs robes blanches différentes à sa prisonnière, qui le regardait sans rien dire, l'espace d'un furtif instant.
« — Elles sont certainement à votre goût, n'est-ce pas ?
— Ce n'est pas le problème, argua l'intéressée.
— Je suis un homme maniéré, je vous l'ai dit.
— À qui sont ces vêtements ?
— Ils étaient en ''vente'', donc à personne. À moins que vous ne préfériez rester dans ces vêtements devenus impropres ? »
Elle soupira intérieurement, avant de récupérer les robes tendues dans sa direction.
« — Que va-t-il arriver à Prompto ? Demanda-t-elle alors.
— Vous posez vraiment beaucoup de questions, déclara le Chancelier. Personnellement, j'espère qu'il s'en sortira bien. Mais je ne peux pas assurer sa sécurité, maintenant que Verstael l'a récupéré. En revanche, vous vous doutez bien que si vous tentez quoi que ce soit, je peux demander l'inverse.
— Je l'avais compris.
— Sur ce, profitez donc de mon hospitalité, dame Lunafreya. Nous nous retrouverons dans une heure. »
Ardyn verrouilla alors la porte depuis l'extérieur. De toute façon, Lunafreya ne chercherait pas à braver le diable en fuyant inopinément. Elle resta un moment à regarder la chambre dans laquelle elle se retrouvait maintenant enfermée. Spacieuse et luxueuse, elle apparaissait pourtant bien terne pour une personne captive.
Elle n'abandonnerait pas.
