Chapitre 7

Aiolia se souvenait difficilement des dernières minutes passées à la taverne. Il n'en gardait que des flashs. Une immense colère s'était emparée de lui, brûlante comme du feu. Elle avait explosé en jets de lumière. L'électricité produite par son armure avait surpris tout le monde et mis fin aux hostilités avec autant de brutalité qu'une explosion. Le jeune lion avait profité de l'effet de surprise et de l'éblouissement de son attaque pour tirer Milo dans un des trous dans le plancher. Merci à Docrates.

Dedans, il faisait sombre. Des rats pullulaient. Ils entendaient les soldats s'agiter au-dessus et s'étonner de leur disparition. Aiolia savait que ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'ils comprennent par où ils s'étaient enfuis et tentent de les rattraper. Ils avançaient dans ce qui ressemblait à un couloir creusé dans la terre. Les deux amis couraient sans trop savoir où aller. Ils n'étaient même pas sûrs de la nature de ces conduits, étant donné qu'ils étaient un peu trop propres pour être des égouts.

— Bah tu vois, elle était pas si mal ton attaque ! fit Milo qui se faisait traîner par le bras. Une nouvelle technique ?

— On doit absolument trouver une sortie, dit Aiolia. Il faut trouver Mû avant que mon frère ne voie ton armure cassée.

— On arrivera jamais à cacher ça à ton frère. Mû à besoin de temps pour réparer une armure. Je vais être déchu de mon rang de chevalier d'or. Pagen a eu ce qu'elle voulait.

Aiolia soupira, il avait lui aussi cette inquiétude. Et il ignorait quelle réaction son frère aurait s'il découvrait l'état de sa jambière et de son épaulette.

— En attendant, on n'y voit rien, poursuivit Milo. Tu peux éclairer le chemin ?

— Tu me prends pour une lampe torche ? s'agaça Aiolia.

Les deux amis ne semblaient pas rassurés alors qu'ils avançaient dans l'obscurité. Ils sentaient que des bestioles grouillaient dans les murs autour d'eux. Les couinements des rats se faisaient de plus en plus forts alors qu'ils avaient la sensation de s'enfoncer dans un labyrinthe. Une odeur de pourriture semblait venir de la terre qu'ils foulaient du pied. Il y avait quelque chose de malsain dans l'air.

— On est encore sous le sanctuaire, tu crois ? interrogea Milo.

— On a dû s'éloigner du village des chevaliers, au moins.

Bientôt, la route se sépara en deux chemins, puis trois au bout d'un mètre. Les deux décidèrent de rester ensemble et se tenaient presque collés l'un à l'autre au cas où ils se perdraient de vue.

— Ta professeur, poursuivit Aiolia. Elle est tout le temps comme ça avec toi ?

— Oui… au début, je pensais qu'elle était juste sévère avec moi. Mais j'ai eu tort.

— Pourquoi ? C'est comme Jaki, Docrates, Gigas et les autres. Je ne comprends pas pourquoi ils sont comme ça avec tout le monde. Mon frère m'a toujours dit que pour devenir chevalier, il fallait avoir un cœur pur et l'âme altruiste. Ils n'ont rien de tout ça…

— Parfois, les gens sont animés par le mal… admit Milo. J'ai longtemps essayé de comprendre ce qui la motivait : la jalousie, le besoin de se venger de quelque chose… ou le plaisir de voir l'espoir de ses élèves s'éteindre. On ne peut pas toujours expliquer les actes de certains. Seul Hadès peut les comprendre.

Aiolia se souvenait de son altercation avec Aiolos un peu plus tôt. Le souvenir de sa main effleurant son arc lui donnait mal au ventre. Le Sagittaire n'avait jamais eu une once de méchanceté en lui. Alors, pourquoi cette nuit avait-elle été différente ?

— Nous devons probablement être cruels aussi pour survivre, ajouta Milo. Si à notre prochaine rencontre je ne parviens toujours pas à me défendre face à elle, je serais un homme mort.

Au bout d'un moment, le couloir qu'ils empruntaient commençait à s'élargir. Ils entendaient même de l'eau couler au loin et de curieuses plaintes. Les deux chevaliers pensaient au bruit du vent qui s'engouffrait dans le tunnel. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du flot, ils sentaient l'humidité apparaître sous leurs pieds sous forme de flaques de boue. Par ici, l'odeur y était encore plus nauséabonde et les cris plus dérangeants. Même les rats n'approchaient pas.

— On a atterri dans les évacuations ? demanda Milo.

— Je ne sais pas, répondit Aiolia. Mais le bruit qu'on entend ressemble de moins en moins à du vent.

— Oui, c'est vraiment bizarre. On dirait des pleurs. Des soldats sont peut-être blessés ? Ou alors on approche de la geôle sous l'arène.

C'est lorsque leurs pas les menaient devant une rivière à la couleur boueuse, qu'ils commencèrent à mieux y voir. Le chemin se poursuivait au bord de la rivière dans les deux sens. Les deux amis regardèrent un peu partout autour d'eux, cherchant leur chemin. Les plaintes semblaient venir de l'autre côté de la rivière, mais ils n'osaient pas traverser en vue de l'apparence de l'eau.

— Quelle odeur, se plaint Milo.

— Il y a quelque chose dedans… constata Aiolia en se rapprochant. On dirait que c'est… vivant ?

— Non… même des poissons n'y survivraient pas. C'est sûrement les eaux usées du sanctuaire.

Les deux osaient à peine s'approcher. Jetant des regards dégoûtés vers le liquide brun et vert qui s'écoulait devant eux.

— Besoin de traverser ? s'éleva une voix masculine à leur attention.

Milo et Aiolia furent étonnés de voir approcher une petite barque avec un homme à son bord. Sa forme évoquait une gondole de Venise alors que l'homme qui la manœuvrait portait une armure inquiétante ; sombre, avec de grandes ailes en arc dans le dos. Les deux amis ne reconnaissaient pas ce chevalier, mais ils supposaient qu'il était lui aussi originaire du sanctuaire.

— Si vous voulez embarquer, il faut payer avec une pièce d'argent, déclara le batelier en tendant sa main.

L'individu aux longues dents riait d'un air un peu sournois.

— Ils proposent des croisières sous le sanctuaire maintenant ? s'étonna Aiolia en cherchant une pièce dans sa poche.

— On a peut-être marché jusqu'à Venise, fit remarquer Milo. Plutôt mignon comme endroit pour conquérir le cœur de quelqu'un, non ?

— Vous pouvez rester ici si vous préférez, fit le batelier. Mais croyez-moi, pour sortir d'ici, il est préférable de monter dans ma gondole.

— Bah tu vas payer, j'ai pas un sou, dit Aiolia.

— Va falloir payer pour les deux, dans ce cas, dit le batelier en plaçant sa main devant Milo. Et comme je suis de bonne humeur, je vous chanterai même une petite chanson italienne.

Milo ne trouva aucune pièce dans sa poche non plus. Il avait déjà tout dépensé dans la taverne. Il fit une grimace en secouant négativement la tête. Aiolia jeta en même temps un œil vers le plafond, pour réaliser qu'il était bien plus haut et curieux après la rivière. Il ressemblait à un dôme sombre où la nuit était couverte et sans étoiles. Il dégageait une lumière lugubre et violacée.

Son instinct lui criait de faire demi-tour.


La lune était claire cette nuit-là et formait un croissant argenté. Le vent chaud de Grèce s'engouffrait dans la chambre où dormait Kanon. Le souffle souleva ses rideaux en soie, et caressa les draps de son lit. Il dormait paisiblement, seul, dans une chambre spacieuse, décorée sur des thèmes de l'océan. Au loin, on pouvait entendre le chant des grillons, le hululement d'une chouette et les pas d'une femme marchant dans le couloir. Son esprit était bercé par les sons de la nuit. Puis, il réalisa doucement qu'il se trouvait dans un songe. Agréable, merveilleux.

Son esprit s'évadait ailleurs. Il n'était plus sur Terre. Il se trouvait sur une terrasse qui possédait une vue époustouflante sur le cosmos. Les étoiles scintillaient autour d'une lune imposante. Même le décor semblait irréel, avec des murets couverts de dorures. Des cristaux dans les coins, et des piliers en marbre brun à veines d'or se dressaient tout autour. Des personnes chuchotaient au loin et se pressaient. Kanon vit passer une femme d'une grande beauté en compagnie d'une autre. Cette première était grande, avec une robe de la couleur de la lune et un sceptre qui évoquait ce même astre. Une jeune fille un peu plus petite marchait à ses côtés, avec des cheveux couleur lavande et un sourire espiègle. Kanon avait la sensation de la connaître. Il resta un petit moment à les observer, alors qu'elles rejoignaient un autre groupe de personnes.

Je ne devrais pas être ici, pensa Kanon.

— Vous auriez dû me laisser me réincarner, lâcha la fille aux cheveux lavande. Avec la situation actuelle, nous ne pouvons plus descendre contacter les terriens. Une réincarnation est peut-être notre seule chance.

— Il est trop tard pour te réincarner, répondit la porteuse de lune. L'Olympe a sous-estimé les pouvoirs d'Hadès, il a déjà mis en place ses pions sur Terre. Nous n'y avons plus aucun droit.

— Et donc, nous allons rester les bras croisés ? Laisser la Terre se faire engloutir par les enfers ? Il faut reconduire Hadès dans son royaume. Nous devons prévenir la Terre.

Kanon ne savait pas s'il devait se montrer. Il avait besoin d'en entendre plus. Il voulait comprendre de quoi elles parlaient. Alors qu'il reculait d'un pas, les deux femmes tournèrent la tête vers lui. L'aînée au sceptre de lune esquissa un sourire.

— Un mortel ne peut pas venir ici… ils n'ont pas le droit. Mais le fils d'un dieu, oui.

— Alors c'est lui, l'un des fils de Kèr ?

— Oui, toi, dit l'ainée à l'attention de Kanon. Tu dois retrouver l'urne d'Hadès, et la remettre aux enfers. Ils doit retourner là-bas. Il le faut. L'équilibre du monde en dépend.

Kanon souleva ses sourcils de surprise. Mais son rêve prit brutalement fin. Le regard de cette mystérieuse inconnue restait gravé dans son esprit, ainsi que l'aura douce et bienveillante de celle qui l'accompagnait. Qui étaient-elles ?

Il resta un moment, à se demander si c'était qu'un simple rêve, ou autre chose. Puis, il préféra se rendormir en laissant cette vision de côté. Remettre l'urne d'Hadès aux enfers serait de la folie. Cela signifierait le retour des guerres saintes. Et kanon savait déjà ce que son frère et Aiolos en penseraient.

Les aurores n'étaient pas encore là lorsque Aiolos fut réveillé. Deux soldats tambourinaient à sa porte et le pressaient de se lever. Réveillant en même temps tous les habitants du temple du pope ainsi que les rats dans le mur. Saga ne tarda pas à le rejoindre en entendant le vacarme de la chambre voisine. Le gémeaux avait tenté de récupérer son corps, mais Arès était parvenu à reprendre à nouveau le dessus ; se montrant avec ses cheveux blanc platine et ses yeux rouges. Un sourire malveillant en coin.

— Il y a eu une bagarre à la taverne du loup. Un chevalier y a mis le feu, nous sommes actuellement en train de l'éteindre.

— Qui est impliqué ? s'agaça Aiolos en attrapant sa toge pour s'habiller à la hâte.

Il montra un visage encore endormi à la porte, et retrouva Arès qui écoutait silencieusement les explications d'un des soldats.

— Milo, votre jeune recrue ainsi que votre frère Aiolia. Des soldats les ont vus boire et provoquer leur professeur qui venait les rappeler à l'ordre.

Aiolos ne pouvait y croire. La colère aux talons, il s'engouffra dans un couloir pour rejoindre la sortie. Arès le colla de près jusqu'au lieu encore en feu. Ils constatèrent d'eux-mêmes les dégâts : au milieu des petites maisons délabrées, la taverne était en train de s'écrouler. Son toit était déjà parti en fumée et des chevaliers s'activaient avec des seaux d'eau pour éteindre l'incendie. Kanon ne tarda pas à les retrouver dans l'aube pour constater aussi le désastre. Il avait été lui aussi tiré de son sommeil et ne portait qu'une légère tunique sur le dos ainsi que le premier pantalon qu'il avait pu trouver. Décidément, la nuit était agitée pour lui.

— Où sont-ils ? cria Aiolos. Où sont mon frère et Milo ?

— Que comptes-tu faire ? questionna Arès. Celui qui a fait ça ne doit pas rester impuni.

— Vous accusez Milo et Aiolia ? s'étonna Kanon. Non. Ils ne dégraderaient jamais un bâtiment du sanctuaire.

— Je veux leur version, gronda Aiolos. Celle de tout le monde.

— Et tu vas les croire ? ricana Arès. Tous ?

Kanon fronça les sourcils en voyant que son frère n'était pas dans son état normal. Il avait déjà compris que le lémur parlait à sa place. Pourtant, il ne cherchait pas à le contredire. Les soldats qui accusaient ses deux amis mentaient peut-être. Kanon ne pouvait qu'être d'accord avec la face maléfique de son frère.

— Saga n'a pas tort, dit Kanon. Tu connais Aiolia mieux que personne, tu sais qu'il ne ferait pas une telle chose.

Aiolos serait les poings. La colère en lui augmentait toujours plus. L'idée qu'on accuse son petit frère d'un crime qu'il n'a pas commis le dérangeait. Hors de question qu'on traîne dans la boue celui qui partageait son sang. C'était son honneur et celui de leur famille dont il était question.

Le Sagittaire tourna la tête vers le propriétaire de la taverne. Il s'occupait du comptoir ce jour-là. Il avait été au premier rang pour assister à la bagarre. Son regard sur la situation devait probablement être neutre.

— Dis-nous ce que tu as vu, ordonna Aiolos.

— En début de soirée, Milo est venu avec deux soldats pour commander un verre, raconta le soldat. Aiolia est arrivé peu de temps après et ils ont discuté un moment. Puis Pagen est arrivée avec deux de ses élèves et quelques amis… Jaki, Docrates et Ennetsu. Elle semblait soucieuse de voir Milo ici alors qu'il venait de rater son examen. Je l'ai vu tenter de discuter avec lui pour qu'il quitte la taverne, mais lui et Aiolia ont déclenché une bagarre qui a mal fini. Il faudrait mieux les recadrer ces jeunes. J'ignore quand je vais pouvoir rouvrir mon établissement, maintenant. Tout a été endommagé.

Kanon n'était pas convaincu. Il savait que Pagen ne possédait aucune bonne intention vis-à-vis de Milo. Mais Aiolos ne partageait peut-être pas son avis. Il hochait la tête en écoutant son histoire.

— Ils ont oublié ça aussi, avant de partir, ajouta le tavernier.

Il tendit un morceau d'armure au pope. Aiolos le reconnaissait : c'était un fragment de l'épaulette du scorpion.

— Bien… nous allons tirer tout ça au clair, lâcha Aiolos d'une voix grinçante.


Les événements de la nuit dernière ressemblaient à un lointain cauchemar. Le jour s'était levé et le sanctuaire revenait à sa petite vie normale. Les soldats retournaient surveiller les lieux. Dans le temple, le vieux Dohko s'était entretenu avec kanon pour avoir la permission de rentrer en Chine et voir sa fille adoptive. Il voulait passer un peu de temps dans ses montagnes pour revoir sa famille, ce qui lui fut accordé. Une fois cette affaire réglée, Kanon partit retrouver la petite Saori. L'enfant se trouvait dans la grande bibliothèque du palais, et étudiait un livre avec Camus : un homme de l'âge d'Aiolia assez chétif, coiffé de longs cheveux bleu glacé. Le chevalier du Verseau se montrait très patient avec la petite, mais aussi avec Seiya. Le petit garçon avait été accepté dans le palais à la demande d'Aiolos qui pensait qu'un ami aiderait Saori à se sentir moins seule.

Kanon salua le chevalier d'or sans trop faire de bruit. Les lieux : démesurés, avec des étages qui croulaient sous les livres, devaient rester silencieux. Mais ce n'était pas gagné en vue des deux enfants qui riaient et chahutaient sur les genoux de Camus. Assis à une table, il tentait de leur faire découvrir des classiques de la littérature avec un livre de Proust. Ce qui ne semblait pas trop les intéresser.

— Tu as l'air de savoir y faire avec les gosses, ria kanon d'une voix basse.

— J'essaye, soupira le Verseau. Mais j'imagine qu'un livre de Lewis Carroll les intéresserait un peu plus.

— Tu es nerveux, car Aiolos veut te confier des élèves ?

— C'est, en effet, une grande responsabilité, admit Camus dans son air le plus sérieux.

Saori quitta la table, et partit en courant en riant vers les étagères. Seiya s'empressa de la suivre pour jouer à chat. Ils filèrent à toute vitesse pour disparaître au fond de la gigantesque salle. Ils entendirent une montagne de livres s'écrouler suite à leurs jeux. Kanon en profita pour questionner Camus à propos de son meilleur ami qui n'était pas rentré depuis la veille.

— Tu n'as pas vu Milo depuis hier soir ? questionna Kanon.

— Non, et puis je n'ai pas très envie de le voir, soupira Camus. On devait fêter notre entrée officielle en tant que chevaliers d'or. Mais comme d'habitude il n'écoute pas et il a raté son examen.

Il secoua négativement la tête, l'air déçu. Il n'avait pas profité de la soirée et était rapidement retourné dans ses quartiers.

— Des soldats pensent qu'il est impliqué dans l'incendie d'une taverne. Tu es au courant de quelque chose ?

— Pas vraiment, dit Camus d'un air fermé. On m'a juste demandé de m'occuper de Saori ce matin. Je ne sais pas où est Milo.

Ne se souciant pas des problèmes des adultes, Saori continuait de chahuter avec seiya. Ils avaient monté un escalier qui donnait sur d'autres étagères remplies de vieux livres. Les fenêtres à cet étage étaient bien plus grandes et laissaient entrer beaucoup de lumières. Ils avaient même une vue sublime sur les jardins d'Athéna. La petite colla son nez à la fenêtre pour admirer le paysage. Elle n'avait jamais vu un si beau jardin. Bien plus verdoyant et coloré que ceux à Athènes ou dans le reste du sanctuaire. Ils étaient bien entretenus et arrosés par la main d'Aphrodite. Le chevalier des poissons aimait les fleurs, et en avait fait pousser de toutes sortes, en plus de magnifiques rosiers. La petite trépignait de joie devant le paysage féérique, et proposa à seiya de s'y faufiler.

Le petit s'empressa d'attraper un tabouret caché au milieu des vieux livres, et arriva à atteindre le loquet de la fenêtre pour l'ouvrir. Ils se glissèrent dehors sans trop de mal, utilisant le lierre pour descendre sans se faire mal.

— C'est si beau ! fit Saori d'une voix enchantée. Regarde toutes ces fleurs !

La petite se mit à courir jusqu'aux bordures recouvertes de toutes sortes d'asters et d'echinaceas. Leurs pétales roses, oranges et jaunes, attiraient de nombreux insectes. Seiya s'approcha alors que la jeune déesse cueillait des fleurs pour continuer son bracelet. Elle en confectionna un second qu'elle attacha autour du poignet de Seiya. Lui adressant un sourire radieux.

— Tu le garderas toujours, hein ? s'enjoua Saori.

— Je te le promets, sourit Seiya en admirant le cadeau.

Saori se remit à rire, et à crapahuter dans le jardin. Seiya la suivit avec un sourire joyeux. Ils voulaient jouer à cache-cache. Mais leurs jeux furent rapidement interrompus. Un groupe de personnes à l'allure inquiétante venait de faire irruption derrière les grilles du jardin. Ils ne pouvaient pas entrer et restaient figés, à les observer. Seiya sentit la chair de poule le gagner en remarquant leur présence. Ils étaient cachés sous des capuches, et avaient une curieuse apparence morbide.

— Tu les connais ? questionna Seiya.

— Ils ne sont pas méchants, assura la petite. Ils viennent souvent me voir pour me dire bonjour.

Seiya n'en était pas convaincu. Ces personnes étaient bien trop bizarres pour ne pas s'en méfier. Malgré son jeune âge, il prenait conscience du danger, et attrapa Saori par la main pour la ramener dans la bibliothèque.