Des paroles que des paroles.
Titre du 14/11/2021 : Des paroles que des paroles
Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)
Y : Yara Greyjoy
Yara Greyjoy
Yara Greyjoy & Myrcella Baratheon (Game of Thrones)
Prénom 67 : Marina
Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert
UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT
Quatre aspects de… Mes vrais enfants : Pat : Écrire sur un couple lesbien ou sur quelqu'un qui vit dans un monde dangereux
137) 100 façons d'écrire du drama
257) 50 nuances de personnages LGBT
11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, duos improbables, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Myrcella ne pouvait pas revenir en arrière, voyager avant l'instant où des gens qu'elle croyait pourtant raisonnables avaient commencer à débiter tout un tas d'inepties auxquelles il lui était impossible de croire.
Elle aurait aimé, vraiment, ne pas avoir entendu un seul de ces mots insensés, pouvoir oublier tout ce qu'ils venaient de lui dire (ironique dans une ville où tout le monde, inconsciemment, ne souhaitait qu'une seule chose, se souvenir), ne jamais avoir entendu parler des marcheurs blancs ou du fait que Stannis prétendait que sa petite-amie était sa fille.
C'était de la folie, tout simplement.
Mais…
Mais d'une certaine manière, ce que Lancel lui avait dit était juste.
Plus rien n'était vraiment pareil à Kintzheim depuis qu'elles étaient arrivées.
Tout avait changé, comme si les habitants s'étaient enfin réveillés d'un long, très long sommeil, comme d'un coma, et qu'ils avaient repris le contrôle de leur vie en même temps que celui de leur corps.
Vère avait fui et avait été réunie avec son petit-ami, était sortie de cette cage dans laquelle son immonde père avait voulu la retenir prisonnière, et c'était partiellement grâce à Marina et à…
Elle ne savait même plus comment l'appeler désormais à vrai dire.
Et s'il n'y avait eu qu'elle…
Sansa qui avait fini par être enfin écoutée après avoir passé une éternité à hurler à plein poumons dans le vide (et elle-même n'avait rien vu, elle avait été si aveugle alors qu'il s'agissait de la petite-amie de son frère. Elle aurait dû le savoir, faire mieux, être là pour elle), Theon qui était libre lui aussi et qui commençait enfin à se reconstruire, peu à peu, Catelyn ouvrant les yeux sur ce qu'était réellement son mari et le quittant.
Et Myrcella avait vu le changement de comportement de son père, la manière dont il semblait plus vivant depuis quelques temps, lui qui avait fini par se changer en un fantôme qu'elle ne reconnaissait plus.
Et sa mère…
Sa mère et les flammes dans ses yeux, sa rage, sa colère qu'elle ne s'expliquait pas et que la mairesse avait de plus en plus de difficulté à cacher, la peur, et tout le reste, la façon dont son comportement n'était plus le même.
C'était… très troublant, elle devait le reconnaître.
Mais ça ne prouvait rien.
La magie, la malédiction, les marcheurs blancs, d'autres mondes, tout ça…
Ça n'existait pas.
Ça ne pouvait pas exister.
Elle refusait d'y croire un seul instant.
Elle regarda alors Yara Greyjoy (autant la nommer ainsi puisque c'était apparemment comme ça qu'elle se prénommait) droit dans les yeux.
« Alors dis-moi dans ce cas, Yara… si tout ce que tu dis est vrai, je voudrais savoir… où étais-tu ? Pourquoi n'étais-tu pas là, avec nous ? Pourquoi est-ce que toi tu te souviens ? Pourquoi n'es-tu pas arrivée ici en même temps que nous tous ?
- Parce que j'ai eu la chance de pouvoir passer par un portail qui menait droit à ce monde avant que la malédiction ne soit lancée. J'ai atterri dans une autre région de la France, j'étais seule, perdue et presque sans ressources et je ne savais pas où aller… j'ai mis deux ans à trouver le chemin de Kintzheim, acheva-t-elle d'une voix brisée par la lassitude.
Et Yara laissa transparaître dans son regard ce que Myrcella avait déjà vu quelques fois en la croisant en ville mais qu'elle n'avait jamais été capable de complètement bien interpréter.
Ce n'était pas seulement de la tristesse, réalisa-t-elle soudainement en entendant son récit.
C'était du désespoir.
Que ce qu'elle dise soit vrai ou non, ce désespoir, cette détresse qu'elle avait ressentie et qu'elle ressentait encore, elle était bien réelle.
Et Myrcella ne put s'empêcher de se sentir infiniment désolée pour elle.
Puis, la durée qu'elle venait d'évoquer la frappa et elle sursauta.
- Attends… tu es en train de me dire que… cette malédiction, si elle est réelle… ça fait deux ans qu'elle a été lancée ?
Deux ans…
Deux longues années qui s'étaient écoulées sans qu'ils ne se rendent compte de rien, sans qu'ils ne se souviennent, sans qu'ils ne se doutent de quoi que ce soit, deux ans qui leur avaient été volés et qu'ils ne retrouveraient jamais.
Ça semblait tellement absurde.
Et Yara en entendant la stupeur dans la voix de son interlocutrice, faillit éclater de rire en songeant aux vingt-huit ans auxquels Storybrooke avait été condamnée et songea que deux ans ça semblait à la fois si long tout seul et si court en comparaison à presque trois décennies.
(En son for intérieur, elle savait d'avance qu'elle n'aurait pas réussi à tenir pendant aussi longtemps.)
- Oui… Et si pour moi le temps a passé, ce n'était pas le cas ici, le temps s'est juste… arrêté. Il ne s'est remis en marche que lorsque Marina et moi nous sommes arrivées. C'est pour ça que ta mère ne veut pas de nous ici, parce qu'elle a peur que nous ne brisions sa si chère malédiction.
Il était vrai que Cersei tenait plus que tout à ce que les deux femmes s'en aillent et quittent Kintzheim le plus vite possible, mais…
Mais elle devait bien avoir ses raisons pour vouloir cela, pas vrai ?
Brusquement, Myrcella se tourna alors vers Marina.
- Et toi ? Tu viens également de ce Westeros ? Toi aussi tu as pu miraculeusement t'échapper tout comme Yara par je ne sais quel moyen magique improbable ? Ironisa-t-elle.
À sa grande surprise, l'autrice de fanfictions éclata de rire.
- Non, absolument pas, moi je suis juste une terrienne qui vient de Dunkerque.
Dunkerque…
Myrcella connaissait cette ville du Nord de la France, située assez loin du département dans lequel la ville de Kintzheim se trouvait.
Quand Yara avait mentionné le fait qu'elle avait atterri ailleurs dans le pays, elle n'aurait jamais pensé que ça puisse être aussi loin…
- Mais si tu vis là-bas à l'origine, commença-t-elle d'un ton hésitant, alors qu'est-ce que tu fais ici ?
Marina sourit.
- J'ai rencontré Yara un moment après son arrivée à Dunkerque, elle était devenue serveuse, elle tentait de survivre tout en essayant de trouver un moyen de retrouver l'endroit où la malédiction vous avait envoyés et nous sommes devenues amies puis colocataires. Et un jour, elle m'a avoué la vérité sur qui elle était, d'où elle venait, j'ai fait des recherches, j'ai découvert l'existence de Kintzheim et quelques détails étranges à son sujet et j'ai décidé de l'emmener et… voilà.
Myrcella la regarda comme si elle venait de lui annoncer qu'elle avait sauté d'un train en marche.
- Tu… tu es en train de me dire que… qu'une femme que tu connaissais à peine t'a dit qu'elle venait d'un autre monde, qu'elle avait été amenée ici par une malédiction, que tous les gens qu'elle connaissait avaient perdu la mémoire et qu'elle devait les retrouver et toi… tu l'as crue, juste comme ça ?
- Je ne l'ai pas crue tout de suite, nuança Marina, mais je… J'ai fini par le faire, même si ça semblait totalement fou. Et je sais maintenant que j'ai eu raison.
Elle le dit avec un tel aplomb, une telle certitude, que Myrcella fut presque tentée de la croire.
Presque.
- Il y a autre chose que tu dois savoir, reprit alors Yara, afin de pouvoir comprendre toute cette histoire.
Puis elle lui parla du Trône de fer, de Game of Thrones, elle lui montra les livres sur lesquels il n'y avait absolument plus rien d'écrit, elle lui expliqua tout ce qu'elle devait savoir à ce sujet, et le cerveau de Myrcella disjoncta complètement.
Qu'on lui dise qu'elle venait d'un autre monde, c'était une chose…
Mais affirmer qu'ils étaient des personnages de romans et d'une série télévisée, en revanche…
Rien de tout ça ne semblait réel ou vrai.
- Aux dernières nouvelles Yara, lui dit alors Myrcella avec froideur, ton nom n'est pas Henry Mills.
- Et pourtant je dis bien la vérité.
- Mais si c'était vrai alors on devrait s'en être rendus compte ! Nous portons les mêmes noms que les personnages de l'histoire, si quelqu'un d'extérieur venait en ville, nous aurions dû avoir des réflexions, des questions, ce genre de chose, non ? S'exclama-t-elle, emplie d'espoir.
Elle savait que quelque chose n'allait pas en ville.
Mais admettre que toute sa vie, son existence entière, n'était qu'un mensonge forgé par sa propre mère et qui avait rendu des milliers de personnes malheureuses ?
Non, elle ne pouvait aucunement s'y résoudre.
Stannis lui adressa un sourire peiné.
- Myrcella… Depuis deux ans que nous sommes ici, je peux t'assurer avec certitude que je n'ai vu personne d'extérieur à la ville entrer à Kintzheim. Pas une seule fois.
- Marina est bien entrée pourtant ! Protesta-t-elle.
- Nous ignorons encore comment elle y est parvenue, la contra Yara, si c'est parce qu'elle était avec moi ou parce qu'elle croyait que la malédiction est réelle. Personne ne peut sortir et personne ne peut entrer. Point. Tu peux essayer de quitter la ville si tu veux. Tu n'y arriveras pas.
C'était un mensonge.
Ce n'était pas vrai.
Sa mère n'avait rien fait de mal et ils avaient tort, ils mentaient, ils se trompaient, ils étaient fous, c'était…
C'était…
Elle n'avait même pas de mot pour qualifier ça.
C'était trop pour elle.
- Ça suffit ! Ordonna-t-elle, et durant un bref instant, Yara et les autres purent voir à nouveau en elle la princesse qu'elle avait pu être autrefois.
Elle se leva.
- Myrcella… tenta Lancel, mais elle le foudroya du regard, et il se tut.
- Je ne sais pas ce que je croyais, ou ce que j'espérais, mais… certainement pas ça. Je… je vais m'en aller et aucun de vous ne me parlera plus de cette histoire. Plus jamais.
Elle tremblait de rage, le regard dur.
- Je n'aurais jamais dû venir ici, termina-t-elle, amer.
- Myrcella… Lui intima alors Yara. Il ne faudra pas que tu parles de ça à ta mère ou à un de ses alliés. Il ne faut surtout pas que l'un d'eux apprenne que tu es au courant.
La blonde renifla avec mépris.
- Ma mère me rirait au nez si je lui disais une chose pareille, et elle aurait raison.
Oh que non, elle ne rirait pas, se dit Yara, navrée que la jeune femme n'ait pas réussi à sortir du déni dans lequel la malédiction les maintenait tous enfermés depuis deux ans.
Mais au moins, elle savait et c'était mieux que rien.
- Je te le répète, je t'en prie… ne lui dis rien.
Le regard de Myrcella s'adoucit.
- C'est d'accord. Je ne dirai rien à personne, je te le promets. »
De toute façon, ce n'était pas comme si elle allait y penser un tant soit peu dans un futur proche…
Non, elle l'oublierait vite, sortirait ça de sa tête, et essayerait d'en faire de même avec sa mélancolie absurde et tout irait bien à nouveau.
Du moins essaya-t-elle de s'en persuader, de toutes ses forces.
Puis elle partit sans rien ajouter d'autre et Yara, Stannis, Marina et Lancel se regardèrent avec tristesse.
« Elle ne nous a pas crue, soupira Yara, bien consciente qu'elle ne faisait qu'énoncer une évidence qu'ils avaient tous très bien compris.
- Oui, approuva Stannis, mais Yara… au moins nous avons essayé.
- Oui, répéta-t-elle en tentant de sonner la plus optimiste possible, alors qu'elle n'avait qu'une envie, s'enterrer dans son lit et ne plus jamais en sortir, au moins nous avons essayé. »
Elle aurait aimé que ce soit suffisant, que ce soit assez pour faire la différence.
Mais ça ne l'était pas, pas encore.
Peut-être qu'un jour, ça le serait…
Elle l'espérait de tout son cœur.
A suivre…
