Pairing : BKDK (mais triste)
Atelier n°2 : "Si j'avais su"
Le personnage vient de perdre quelque chose/quelqu'un, ou d'apprendre une terrible nouvelle. En pleine introspection, le personnage se parle à lui-même, envahi par les regrets/la peine/la peur/..., et remet en question chacun de ses actes et décisions, qui l'ont mené à cette situation.
Il s'imagine ce qu'il aurait fait de différent s'il avait su où il se trouverait aujourd'hui.
Note : cela spoile les mangas. J'ai tenté de mettre des figures de style et de rendre ça poétique, mais je ne suis pas vraiment sûre d'y être arrivée. Plus je réfléchis aux figures de style que je dois mettre et moins j'en trouve ! Bref, l'exercice était quand même sympa, même s'il m'a fait pleurer.
Si j'avais su.
Ici tout sent la mort comme si on était tous condamné, on essaye de cacher l'odeur des médicaments et la puanteur de cadavre vivant à travers des produits de nettoyage, mais ça nous colle à la peau, ça s'imprègne sur nos vêtements, nos lits, nos chambres. La mienne est tellement blanche et vide, qu'on pourrait croire que je n'ai de vivant que le mot, ce qui est plutôt le cas à bien y réfléchir. Pas de rideaux aux fenêtres condamnées, pas de couverts, pas de stylo non plus, rien de tranchant, rien qui dépasse, rien qui pourrait m'aider à mourir pour de vrai, seulement à me laisser mort à l'intérieur. Il paraît qu'on peut faire des dégâts avec un simple objet trop pointu, on me retire même mes draps et mes couvertures, parce que ce serait trop facile de se pendre avec. Je ne suis pas le seul à avoir le droit à ce traitement, encore que mon ingéniosité comme tenter d'accrocher un tee-shirt à mon cou et à la poignée de porte pour m'étrangler a eu pour conséquence de ne pouvoir porter qu'une blouse d'hôpital en papier et de ne plus avoir de poignée à ma porte. La faute à ma trop grande imagination. Je ne peux pas aller me doucher seul non plus, j'ai perdu toute intimité, tout ça parce qu'on peut très bien se pendre avec le tuyau de la douche, ou se noyer dans une baignoire.
Donc tout sent la mort, sauf peut-être ma psychiatre qui cocote le parfum, comme si elle essayait d'y échapper, quand moi je voudrais l'embrasser à bras ouvert et que l'on m'en empêche. Parlons-en de la psychiatre. Élégante même derrière sa blouse blanche, ses cheveux blonds coiffés dans un carré parfait, elle porte des chaussures à talons et du maquillage, elle a la quarantaine quelque chose comme ça, et un petit sourire comme si elle savait un truc que j'ignore. Elle veut me persuader de guérir, mais guérir de quoi ? Je ne suis pas malade, je suis seulement vide. À quoi bon maintenir de force en vie une personne qui n'a plus rien que le néant à l'intérieur de lui-même ?
Ça fait pleurer ma mère, je le sais. Elle n'a pas le droit de venir me voir, ni elle, ni personne, pour le moment, parce que je suis « trop instable » selon les médecins. Mais je les connais bien tous, ma maman, mes amis, ils doivent trembler de peur à l'idée que je disparaisse. Ils espèrent tous que je vais arrêter de me noyer, que je vais retrouver la surface, que je vais me cramponner à une bouée.
Alors que tout ce que je désire, c'est que tout s'arrête.
Parce que ça fait trop mal.
Parce que c'est trop dur.
Parce que plus rien ne compte vraiment.
Je m'appelle Izuku Midoriya, j'ai dix-sept ans, et si j'avais su… Peut-être que rien ne serait arrivé. Je ne sais pas exactement où je me suis trompé, mais je sais que tout est de ma faute et ça me bouffe de l'intérieur.
Ma psychiatre n'est pas d'accord bien évidemment, elle me répète sans cesse que je ne suis coupable de rien.
Mais elle a tort.
Ma première erreur c'est d'être né. Bon disons que ça, je ne l'ai pas trop contrôlé, mes parents voulaient un enfant, ma mère est tombée enceinte, et je suis arrivé, voilà tout. Si je n'avais pas été là, si je n'avais pas gagné la course des spermatozoïdes, alors rien ne serait arrivé, ni pour moi, ni pour lui, ni pour les autres. La psychiatre a raison de me dire que mourir ne changera rien, bien sûr maintenant c'est trop tard, les choses sont arrivées. Si seulement j'avais pu ne pas naître du tout… Si seulement j'avais le pouvoir d'effacer mon existence entière, rien ne serait pareil – et après tout je ne manquerais à personne puisque je n'aurais pas été vraiment là.
À partir de ma naissance, tout a dégénéré. Mon père n'a jamais été vraiment là, preuve qu'il devait inconsciemment se douter que j'étais une catastrophe ambulante. Ma mère m'a toujours élevé du mieux qu'elle pouvait.
Je l'adore bien sûr, c'est ma mère, mais aussi un peu ma superhéroïne. Elle n'est pas parfaite, mais elle m'aime de tout son cœur et fait de son mieux pour me rendre heureux. Elle l'a toujours fait. C'est pour ça que des fois j'ai des remords de la faire souffrir ainsi, que je voudrais être un bon garçon, un enfant sage, bien prendre mes médicaments, acquiescer à tout ce que dit la psychiatre et rentrer chez moi. Mais tout le monde le sait, si on me lâche à l'extérieur, je trouverai cent mille façons d'en finir. N'oublions pas qu'ils m'ont même retiré les stylos !
Depuis tout petit j'avais deux héros. All Might d'abord, parce qu'il était ultra cool, il sauvait tellement de gens, il arrivait toujours au bon moment et avec le sourire, et il ne demandait rien en échange, il encourageait seulement les autres. All Might maintenant, avec tout ce qui lui reste de super-héroïsme en lui, n'a pas encore trouvé le moyen de me sauver de moi-même. Il n'a pas trouvé les mots magiques. Tout simplement parce qu'il n'y a rien dire et que j'ai beau l'aimer et l'admirer, il n'est pas suffisant.
Mon deuxième héros, c'était Katsuki Bakugo. Kacchan. Tellement intelligent, tellement doué, tellement puissant, tellement super-héroïque. Un vrai meneur, je ne pouvais pas m'empêcher d'être émerveillé par tout ce qu'il faisait. On était amis même si les choses ont mal tourné. Je pense que le rencontrer a été ma deuxième erreur. Si nos routes ne s'étaient jamais croisées, si nous n'avions pas été dans la même crèche, que nos mères n'avaient pas sympathisé, si nous n'avions pas grandi ensemble, alors sans doute que rien ne serait arrivé.
Kacchan a découvert son Alter hyper vite. Son super pouvoir qui était tellement génial, époustouflant et ferait de lui un super-héros hyper puissant, personne n'en doutait. Surtout pas moi. J'avais hâte d'avoir le mien, de lui montrer, d'être aussi cool que ce gamin que j'avais pris pour modèle malgré moi.
Mais la vie est ainsi faite, j'étais une erreur génétique, j'avais une phalange en trop, et donc je n'avais pas le droit d'avoir d'Alter comme les quatre-vingts pour cent de la population. J'avais perdu au tirage de la loterie. Je devins donc le gamin nul sans Alter qu'on pouvait montrer du doigt en rigolant le plus fort possible. Et Kacchan était de ceux-là.
Je ne peux pas dire que je m'en fichais, ça me faisait mal. Déjà que je n'avais pas le droit d'avoir des supers-pouvoirs, mais en plus on me le faisait payer, comme si j'y étais pour quelque chose. J'étais la risée du monde entier, enfants comme adultes, même ma mère n'avait pas su trouver les bons mots pour me consoler. Seulement, j'étais un gamin têtu, j'ai tenu bon, je me suis redressé et j'ai pris exemple sur Kacchan, parce que dans ma petite tête d'enfant, il faisait un merveilleux super-héros et si je lui ressemblais, même juste un peu, je pourrais le devenir aussi.
Si j'avais su. Si j'avais su bordel.
Si j'avais su je l'aurais laissé tranquille, j'aurais fait ma vie de sans Alter, je serais devenu, je ne sais pas moi, éleveur de lapins. Nos vies auraient divergé, Kacchan serait entré à Yuei, et moi j'aurais eu tous ces lapins tout pelucheux et j'aurais bien pris soin d'eux pour qu'ils deviennent les plus jolis et heureux lapins du monde avec un poil tout soyeux.
C'est ce que je dis à la psychiatre. Que j'aurais dû devenir éleveur de lapins ! Elle me sourit parce que je fais un peu d'humour, c'est peut-être le signe que je commence à aller mieux, alors que c'est juste le signe que je me hais de ne pas avoir pensé à ces foutus lapins plus tôt. Si seulement, si seulement ma psychiatre était en fait ma marraine la fée et que d'un coup de baguette magique elle pouvait tout changer, alors je pourrais sourire à nouveau, je pourrais vivre. Mais je ne peux pas, je ne peux plus, elle n'est qu'une simple humaine qui essaie d'aider les gens à surmonter leurs traumatismes ou leurs maladies, elle ne peut rien changer à la réalité du monde. Elle ne peut pas changer ma réalité. Et moi, je n'ai rien envie de surmonter du tout, de devenir escaladeur et de remonter la pente, je ne veux pas voir le bout du tunnel, sauf si c'est la lumière qui m'emmène hors de ce monde.
Kacchan a grandi, j'ai grandi pas loin de lui, de ses brimades, de ses excès de colère, et de sa fierté. J'aurais pu le détester, j'aurais dû le détester, je n'ai jamais réussi. Ma pire erreur, je crois. J'avais là les moyens, les raisons, tout, pour disparaître de sa vie, l'éviter, et faire en sorte de ne plus jamais le côtoyer. Mais je ne pouvais pas, Kacchan était trop génial et je savais que sous ses airs de sale gamin gueulard, il y avait le désir de devenir le meilleur super-héros possible. Meilleur que notre idole commune : All Might. En fait, quand Kacchan m'a dit de sauter du toit, j'aurais dû le faire. Ce n'était que de la provocation, il ne pensait pas ses paroles. Je le sais. Pourtant si j'avais su, si j'avais pu savoir alors j'aurais sauté les yeux fermés sans même y réfléchir plus longtemps.
La psychiatre secoue la tête quand je lui dis des choses pareilles.
— Il aurait culpabilisé, me dit-elle, et vous croyez qu'il aurait été mieux ?
— Peut-être pas mieux, mais en tout cas il aurait été sans moi.
— Et ça l'aurait rendu heureux ?
Je me mords le pouce.
— Heureux ou pas heureux qu'est-ce qu'on s'en fout ? Au moins il serait toujours là.
— Ou peut-être qu'il aurait été dans votre situation et qu'il n'aurait jamais pu se pardonner.
Je n'en sais rien.
Je n'en sais vraiment rien.
Je voudrais chialer, mais j'ai l'impression que mes larmes se sont taries, je suis un foutu désert.
Après, tout s'est accéléré, j'ai rencontré All Might, j'ai essayé de sauver Kacchan d'un monstre qui l'avait pris pour cible, et cela même sans super pouvoir. Grâce à (à cause de) mon courage, mon obstination, j'ai obtenu un Alter de la part de mon idole de toujours et j'ai pu entrer à Yuei.
Je pensais égoïstement qu'avoir le One for All ferait de moi un super-héros, qu'avoir un Alter n'était pas une mauvaise chose. Je n'étais qu'un gamin sensible, assez stupide, insouciant, si insensé, irréfléchi, je n'ai fait que mettre la vie du monde entier en danger. Et plus précisément celle de ma mère, de mes amis, et celle de Kacchan. Surtout celle de Kacchan. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Même si j'ignorais tout du One for All et du All for One, cet ennemi qui désirait tous les pouvoirs dont celui dont j'étais le dépositaire, c'était ma faute quand même.
J'aurais voulu ne jamais avoir d'Alter.
J'aurais voulu ne jamais rencontrer All Might, peu importe combien je l'aimais et je l'admirais.
J'aurais voulu que tout soit différent quitte à ce que je sois malheureux.
Parce qu'aujourd'hui je n'étais pas seulement malheureux, j'étais aussi complètement détruit. Et Kacchan n'était plus là.
Depuis quelque temps je ne parle plus à la psychiatre, je n'ai plus rien à lui dire, elle sait déjà tout et ce n'est pas pour autant que je me sens mieux. Quand elle vient dans la chambre, je regarde par la fenêtre en silence. Elle s'inquiète parce que ça fait plusieurs jours que je mange à peine, de moins en moins, et comment j'arriverais à avaler quoi que ce soit alors que je n'ai pas faim, que je n'ai pas envie de continuer ?
Je ne sais pas à quel moment je suis tombé amoureux de Kacchan. Quand il est venu me chercher alors que j'avais quitté Yuei pour tenter de protéger les gens ? Quand nos regards se sont croisés alors que j'étais sans doute sur le point d'abandonner la lutte contre les vilains ? Quand il s'est excusé ? M'a rattrapé dans ses bras ? Quand il a veillé sur moi ensuite ? Avant ? Après ?
Mon cœur battait déjà la chamade en sa présence avant que je ne comprenne qu'il ne s'agissait pas juste de l'admiration que je lui portais, mais des sentiments que j'éprouvais. Si ça se trouve, je l'aimais depuis le début.
Est-ce que ça aussi c'était une erreur de ma part ? Est-ce que les choses auraient pu changer pour lui, pour moi, pour nous si je n'avais rien éprouvé du tout à son égard ?
Ce n'est même pas moi qui ai fait ma déclaration en premier. En fait je ne l'aurais pas faite du tout. J'étais trop timide, trop maladroit, pas suffisamment confiant. Contrairement à Kacchan.
Avant la guerre contre les vilains, avant notre ultime combat pour « sauver le monde », tandis qu'on profitait de nos derniers instants de paix sans savoir si on allait s'en sortir vivant, Kacchan était venu toquer à la porte de ma chambre. Je n'arrivais pas à dormir, et plus bizarre, lui non plus. Parce que Kacchan était un couche-tôt qui dormait d'un sommeil profond et que ce jour-là ce n'était pas le cas. Normal non ? On était sur le point de mettre nos vies en jeu, difficile de roupiller sur ses deux oreilles quand on ne savait pas ce qui nous attendait si on perdait le combat. Kacchan s'était juste assis sur le bord de mon lit en silence. J'étais allongé et je ne voyais que son dos, sa nuque, l'arrière de son crâne pleins de cheveux blonds en bataille.
Oh bon sang, comme j'aurais aimé sortir du lit, l'attacher quelque part et l'empêcher de participer à cette guerre. Comme j'aurais voulu être le seul à me battre. Mais Kacchan était têtu et il était persuadé qu'on serait plus fort à deux, avec les autres.
J'aurais dû… Je ne sais pas.
Lui dire de ne pas venir. Il serait venu quand même.
Le supplier de rester en vie. Mais il ne pouvait pas contrôler ça.
Le garder prisonnier par quelques subterfuges.
À la place, je l'ai regardé et c'est tout. C'est lui qui a parlé en premier.
— Je t'aime Izuku.
Il a dit ça en tournant son visage vers moi et en me fixant avec tendresse. Une expression que je n'avais jamais vu avant. Mon cœur s'était mis à battre comme un dingue et les mots sont restés bloqués dans ma gorge.
J'aurais pu crier « si tu m'aimes, ne participe à cette guerre », à la place je me suis redressé, approché de lui et je l'ai embrassé. Il était ma bouée, mon ancre, j'étais cette petite étoile de mer accrochée à son rocher. Le baiser fut à la fois maladroit, tendre et fantastique. Merveilleux. Je sens encore parfois sa bouche contre la mienne, je me souviens de ce moment, il est comme figé dans le temps. Mais les sensations disparaissent quand même petit à petit, un jour, je ne saurai plus vraiment ce que ça fait d'être embrassé par Kacchan. Par moment j'ai même l'impression d'oublier sa voix, et que sans photo de lui, je ne saurais bientôt plus reconnaitre son visage. Ça me fout la trouille, parce que si je l'oublie que restera-t-il de lui ?
Ce fut notre seul baiser.
Il m'offrit son sourire ce jour-là, et je me disais qu'il y aurait des centaines d'autres jours où je pourrais le voir ainsi. Des centaines de jour où je pourrais l'aimer à en crever et l'embrasser, l'embrasser, l'embrasser encore.
Mais bien sûr, c'était une nouvelle grosse erreur de le croire.
Si j'avais su…
Si j'avais su est-ce que je l'aurais embrassé bien plus ou pas du tout ?
Je l'ai entraîné vers sa mort, je suis seul responsable, personne n'a rien pu faire et je suis arrivé trop tard. Trop tard. Trop tard. Il y a des jours dans la vie où on doit avoir le timing parfait, et moi j'ai été comme cet idiot de lapin dans Alice, je n'ai pas couru assez vite. Le One for All avait tué Kacchan, telle la reine de cœur et sa passion pour la décapitation.
Je me fichais tellement de gagner la guerre après ça, j'ai juste perdu les pédales et on l'a gagné quand même. Peu m'importait ce qui m'arrivait ensuite, je voulais seulement le rejoindre. Kacchan. Il était désormais dans un monde où je n'étais pas, j'étais dans un monde où il n'était plus. Séparés par la grande dame noire et sa cruelle faux.
La mère de Kacchan, Mitsuki, m'a serré tellement fort dans ses bras quand elle a su la nouvelle. Elle pleurait et me serrait jusqu'à m'en étouffer. J'aurais voulu qu'elle me frappe, qu'elle me hurle dessus, qu'elle m'en veuille et me déteste, comme je me détestais. À la place elle m'a dit que rien n'était de ma faute et qu'elle savait que jusqu'au bout Kacchan s'était battu pour moi.
C'était pire.
Il n'aurait pas dû partir, pas quitter la partie à cause de moi. Les rôles auraient dû être inversés. Il était plein de vie, il bouillonnait littéralement, il était le soleil et moi, je l'avais éteint, détruit. Ne restait plus que la nuit et le silence.
— Midoriya, m'appelle la psychiatre, s'il vous plaît restez avec nous.
Seulement, je ne suis plus là, mon corps bouge mécaniquement, mais j'ai perdu la vie en même temps que Kacchan ce jour-là. Plus rien n'a de sens. On me retire tous les objets dangereux, on me force à manger, on me maintient résolument dans ce monde et tout ça pour quoi ? Qu'est-ce que je pourrais bien faire maintenant ?
Sans lui ?
Sans Kacchan à mes côtés.
C'est comme une vie sans vie, un cauchemar sans fin, un livre dont on aurait arraché toutes les pages. Ne reste que le corps, la coquille, et le vide. Et quoi qu'en disent la psychiatre, les médecins, ma famille, mes amis, je ne pourrai jamais « guérir » de ça. Je suis perdu. Je voudrais simplement qu'on me débranche.
Je l'ai tué, parce que je suis né, je l'ai rencontré, j'ai eu le One for All, je suis tombé amoureux de lui et il s'est retrouvé mêlé à une guerre qui ne concernait que moi. Il ne s'en est pas sorti et moi oui. Et tous les jours du reste de ma vie je vais devoir supporter le fardeau de son absence comme la pire des punitions et je voudrais que ça dure le moins longtemps possible. Je ne suis pas Sisyphe, je ne peux pas passer l'éternité à pousser ma pierre.
— N'abandonnez pas, supplie presque la psychiatre, vous avez des gens qui vous aiment, vous n'êtes pas seul.
Et comme pour me le prouver, ils autorisent enfin les visites. Ma mère retient ses larmes, mes amis font semblant d'être joyeux, All Might est nul pour cacher sa souffrance aujourd'hui. Je n'ai qu'une envie, leur dire adieu.
Ma vie a été assez longue.
Je suis prêt à partir.
Adieu.
Je lâche prise. Je me fonds dans le décor de la folie, dans ses murs qui suintent la mort, je n'écoute plus, je n'entends plus. J'attends que ça s'arrête. Et qu'un jour, un jour peut-être, une main se tendent vers moi. Celle d'un garçon aux cheveux blonds en pétard à l'air un peu énervé, et je prendrai sa main, je fermerai les yeux et je ferai le grand saut.
Fin.
L'autatrice : voilà c'était pas joyeux, joyeux, mais l'exercice ne se prêtait pas à la joie aha.
