Chapitre Quatre

Les journées devenaient de plus en plus courtes et les nuits de plus en plus longues à Winterfell. Une semaine s'était écoulée depuis l'incident du Chenil. Une semaine où Ramsay n'était pas venu la voir, une semaine où elle était restée cloîtrée dans sa chambre et où elle n'acceptait que la présence de Theon à qui elle avait pansé les plaies elle-même.

Non pas que Ramsay acceptait que son épouse porte un si grand intérêt à son animal de compagnie, mais il pensait que si Sansa guérissait les plaies de Schlingue, et qu'il laissait celui-ci tranquille pendant un temps, elle reviendrait d'elle-même à lui. Et alors il la ferait payer…

Lorsqu'elle daignait sortir de sa chambre, Sansa était toujours accompagnée de sa servante, Yvana. Elle allait voir sa jument, ou discutait avec les habitants de Winterfell. Elle était aimée, il le voyait. Les gens étaient heureux de la voir, de lui parler, les enfants courraient lui offrir des présents et elle les recevait toujours avec un sourire tendre. Winterfell était sa maison. Pas la sienne. Mais par leur mariage… Winterfell était devenu sa maison, à lui… Non ?

Il l'observait régulièrement, à son insu, du haut d'une tour ou depuis le Chenil. Il avait fait également mettre deux gardes supplémentaires au niveau des portes de Winterfell, même si la jeune femme ne s'en était plus approchée.

Mais là où elle passait le plus de temps était dans la crypte, vers son père et son frère. Ramsay n'y avait jamais été, une sorte de superstition qui le freinait. Et de toute façon, qu'irait-il faire dans la crypte où gisaient les cadavres des Stark ? Il n'était nullement l'un d'entre eux.

Et il y avait ce matin-là, où il l'avait aperçu. Sa chevelure flamboyante tressée, son dos droit et sa peau laiteuse. Elle était enveloppée dans un manteau de fourrure noire et regagnait sa chambre après une sortie en extérieur comme le témoignait la neige à peine fondue dans ses cheveux.

Ramsay avait regagné sa chambre ensuite et fixait désormais le plafond tout en tapotant sa dague sur le bois de lit. Il pensait… Il repensait à ses courbes, son ventre plat couvert de morsures, à ses seins bleutés par ses coups, les griffures sur ses hanches et ses lèvres légèrement enflées et encore sanguinolente… C'est ainsi qu'il craqua, que son envie de la voir, de la toucher, de lui parler était devenue plus forte que sa fierté.

Il se leva alors, la mâchoire crispée il quitta sa chambre, croisant Schlingue dans le couloir, celui-ci détalla à une vitesse folle tel un lièvre voyant les limiers. Et sans même se soucier de sa créature, Ramsay rentra dans la chambre de son épouse sans frapper. Et elle était là, en robe de dessous blanche, prête à se changer pour des vêtements secs. L'espace d'un instant, tout deux restèrent coi. Sansa outrée d'une telle infraction dans sa vie privée, Ramsay ne sachant plus vraiment ce qu'il devait dire…

« Que faites-vous ici ? »

Sa voix était glaciale, mais cela n'atteignit nullement le Lord qui claqua la porte encore ouverte.

« Vous êtes mon épouse, je fais encore ce qui me plaît ! »

La jeune femme ne se démonta pas, même si dans le fond de ses yeux régnait une peur que Ramsay remarqua immédiatement.

« Vous n'avez rien à faire ici. Vous êtes un monstre. »

Les mots touchèrent le Lord plus qu'il ne l'aurait souhaité, douleur et délice s'insinuèrent en lui. Il aimait la voir effrayée ainsi, elle était en position de faiblesse et qui plus est dans une tenue qui la rendait plus que vulnérable. En revanche, il n'aimait pas qu'elle le prenne pour un monstre. Il l'était, tous le savaient. Mais il n'aimait pas qu'elle le lui dise.

« Comme si vous l'ignoriez.

- Partez ! »

Ramsay balaya sa demande de la main avant de renchérir.

« Regarde la vérité en face, Sansa. Tu le savais depuis toujours. Dans mes actes, mes paroles, je ne l'ai jamais caché. Tu voyais les punitions de Schlingue… Ce que j'ai pu te faire… Les hurlements de certains, le soir… Tu l'as toujours su, au fond de toi. »

Plus il parlait, plus il s'approchait d'elle, et plus elle reculait, jusqu'à ce que le dos de la jeune femme heurte le mur. Elle était bloquée, à sa merci et Ramsay la dominait de toute sa stature.

« Alors maintenant, Sansa, réponds-moi, et fais attention, je n'aime pas les mensonges. Pourquoi avoir changé ainsi ? »

La jeune femme le regardait avec terreur. Mille choses passèrent dans son regard que Ramsay ne sut décrire, elle réfléchissait… Et soudain, sa voix s'éleva dans l'air, plus tremblante encore qu'avant.

« Je ne comprends pas…

- Ô, si tu comprends ! Pourquoi es-tu soudainement si forte, si tenace, si libérée ?! »

Il lui avait pris le poignet si violemment qu'il en arracha un cri de douleur à la jeune femme qui pour autant ne baissa pas le regard. Il en avait cure de lui faire mal, il souhaitait une réponse.

« Réponds ! »

Sa familiarité soudaine témoignait de sa frustration. Ses barrières morales s'étaient effondrées, elle était face à la bête et rien d'autre. Chacune de ses réponses serait gage de vie ou de torture. Sansa le savait. Mais son esprit était si embrouillé qu'elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Elle avait terriblement mal au poignet. Et alors qu'il ouvrait la bouche pour hurler à nouveau, des mots sortirent de celle de Sansa qu'elle-même ne comprit qu'une fois qu'ils furent prononcés.

« Je ne veux qu'être votre alliée ! »

Tous deux restèrent interdits devant ce que la jeune femme venait de dire. Elle tremblait, ses yeux toujours larmoyants tandis que Ramsay fronçait les sourcils d'incompréhension.

« Comment ? »

La jeune femme posa sa main libre sur son torse tout en essayant de le repousser, mais le Lord ne bougea pas. Alors, elle soupira, reprenant contenance, tout s'orchestrait dans son esprit. Alors sa voix résonna à nouveau dans la chambre, plus calme, plus douce.

« Je voulais que notre mariage marche, devenir votre épouse, une bonne épouse pour vous. Non plus être votre victime. »

Et reprendre Winterfell…

Les iris bleues de Sansa se plantèrent dans celle de givre de Ramsay. Tous deux se fixèrent longuement et le cœur de la jeune femme se mit à battre si fort dans sa poitrine qu'elle frôla le malaise. S'il décelait le mensonge, elle perdrait sa langue, comme Grogne. Le sang battait dans ses tempes avec une telle force qu'elle crut un instant ne pas entendre la réponse du Lord.

« M'aimes-tu ? »

La voix de Ramsay était redevenue douce, trop douce, trop mielleuse. Comme à chaque fois qu'il posait cette question. Mais cette fois, la réponse fut ferme, sans trémolo apeuré dans la voix :

« Oui. »

Elle n'avait pas détourné le regard non plus, elle le fixait avec amertume et douleur. Mais Ramsay sembla y croire au vu du trouble qui régna dans ses yeux l'espace d'un instant. Il plaqua son corps contre le sien, son bras droit entourant son corps avec fermeté, et brutalement, il prit possession de ses lèvres. Ce fut un baiser passionné, mais à l'arrière-goût de souffrance et Sansa ne put retenir un gémissement de douleur tandis que la main gantée de Ramsay se plaquait violemment contre ses fesses pour la rapprocher plus encore de lui.

Une vague de chaleur vint nouer son ventre, et dans un geste incontrôlé, elle passa ses bras autour de son cou. Elle devait lui faire croire… Ou peut-être était-ce une réelle envie ? Leurs lèvres se séparèrent, et à bout de souffle, il vint loger son visage dans son cou, son souffle caressant la peau laiteuse de la jeune femme.

« Cesse de me fuir, Sansa. »

Elle sentit son époux se tendre dans ses bras, elle sentait que deux parts de lui se battaient avec véhémence tandis qu'il lui parlait d'une voix presque tremblante…

« C'est moi qui devrais te tourmenter, non le contraire. »

La jeune femme sentit sa gorge se nouer. Son esprit s'embrumait. Elle avait la sensation que ses jambes devenaient coton. Était-ce un aveu à demi-mot qu'il lui faisait ? Lentement, ses mains glissèrent sur ses joues et dans un murmure, elle continua :

« Tu me fais peur, Ramsay. »

Pour la première fois, elle osa la familiarité, et pour la première fois, elle osait l'honnêteté. Son cœur parlait pour elle, parfois, il fallait se livrer un peu pour pouvoir mieux mentir ensuite…

« Jamais plus je ne te ferais de mal, je veux que tu sois mienne. Que tu m'appartiennes…. Sois à moi, sois mon alliée. »

Sansa écarquilla les yeux, choquée de cet aveu. Elle ne voyait pas le visage de Ramsay, toujours niché dans son cou. Elle ne savait pas s'il souriait tel un démon ou s'il était réellement sincère. Elle enserra simplement plus son corps contre le sien, et Ramsay répondit à son étreinte. Tout était si simple… Trop simple... Ramsay était donc plus bête qu'elle ne pensait ?

Et alors que les dents de son époux commençaient à se planter dans sa peau avec une douceur qu'elle ne lui connaissait pas, l'on toqua à la porte. Ramsay s'écarta immédiatement d'elle, comme si la peau de la jeune femme venait de le bruler. Et avant même que l'un d'eux ne parle, la porte s'ouvrit.

« Lord Ramsay est-il là ? »

La voix d'Yvana était tremblante, avait-elle de graves nouvelles ?

« Oui Yvana, je suis là. »

Ramsay avait repris son masque de froideur, fixant désormais la servante, il était dos à Sansa qui tentait tant bien que mal de reprendre contenance après ce qu'il s'était passé. Avait-elle rêvé à tout cela ? Elle douta l'espace d'un instant.

« La chienne Alys a mis bas. Et l'un des chiots était très faible… »

Yvana se balançait d'un pied à l'autre, elle semblait chercher ses mots.

« Est-il mort ?

- Non, monsieur, Myranda l'a séparé du reste de la portée. Ils sont en bas. »

Ramsay commença à partir sans un mot de plus. La curiosité de Sansa prit le dessus sur sa frustration et tout en mettant rapidement une robe de chambre noire et rouge elle suivit son époux.

Myranda était bel et bien dans le hall avec une caisse en bois sale. Ramsay s'avança et sans un mot sortit le chiot par la peau du cou. C'était un petit chiot gris, minuscule et fragile. Les yeux encore fermés. Il était clairement plus petit que les autres chiots que Sansa avait déjà pu voir par le passé. L'avorton de la portée… Ramsay interrogea du regard Myranda qui répondit froidement.

« Il s'est fait attaquer par un autre chiot de la portée, il lui a arraché l'oreille. Qui plus est, c'est un mâle, il était voué à mourir de toute façon.

- Teigneux, à peine né, c'est parfait. »

Le chiot était effectivement blessé au niveau de l'oreille et une partie de la tête ce qui fit frémir Sansa de dégoût. Ramsay attrapa sa dague, prêt à égorgé le chiot, mais Sansa l'en empêcha.

« Ne le tuez pas.

- Il va mourir.

- Je vous en prie… Ne le tuez pas. »

La jeune femme s'avança et prit le chiot des mains de Ramsay, celui-ci se mit alors à gémir, comme s'il manifestait son soulagement.

« Il faut le soigner !

- Ma très chère épouse, il va mourir. Maintenant, donnez-le-moi. »

Ramsay semblait excédé et tenta de reprendre le chiot, mais la jeune Stark se recula, l'empêchant ainsi de faire.

« Non, je ne peux tolérer qu'on tue un animal simplement parce qu'il est trop petit.

- C'est la loi du plus fort ! Cessez votre caprice d'enfant avant que je ne m'énerve.

- Mon Amour… Je vous en prie. »

Les quatre personnes dans la pièce, dont Sansa, restèrent coi. Que venait-elle de dire ? Sansa se mordit la lèvre inférieure avec violence, le rouge lui montant aux joues. Elle s'était souvenue que Catelyn appelait régulièrement son père ainsi, lorsqu'elle espérait le faire changer d'avis. Ce qui n'était généralement pas mince affaire tant Eddard Stark était droit dans ses idées. Mais ce simple mot doux avait généralement raison des dernières barrières de son père. Et au vu de l'air exaspéré de Ramsay, cela marchait sur tout homme…

« Laissez-moi seul avec mon épouse. »

Yvana disparue immédiatement, non sans lancer un regard désolé à sa Maîtresse. Quant à Myranda, elle regagna l'extérieur un sourire goguenard aux lèvres, persuadée que Ramsay allait battre sa femme pour tant d'impudence.

Une fois seuls, Ramsay planta un regard interrogateur dans ceux de Sansa qui commença à rougir de plus bel. Mais le Lord ne demanda aucune explication, il rangea simplement son couteau.

« Je le laisse en vie, mais à une seule condition.

- Dites-moi, je ferais tout ce que vous souhaiterez ! »

Elle regretta immédiatement ses paroles quand elle vit le sourire sadique qu'esquissa son époux.

« Faites attention à qui vous dites ces paroles, ma Lady.

- Je…

- … Je veux simplement pouvoir regagner mon lit. Notre lit. »

La jeune femme resta interdite un instant. Ramsay lui demandait-il réellement l'autorisation pour regagner leur chambre ?

« D'accord… »

Leurs yeux se lièrent un instant, et Sansa ne sut pas décrire la lueur qui brillait dans ceux de son époux. Mais le gémissement du chiot la ramena bien vite à la réalité.

« Aidez-moi à le soigner ! »

Et sans attendre de réponse, la jeune femme partie dans le couloir.

« Que faites-vous ? »

Elle se retourna un instant face à Ramsay qui la fixait d'un air curieux.

« Je l'emmène dans notre chambre ! Le pauvre a besoin de se réchauffer et de se reposer. Je vous attends pour le soigner ! Dépêchez-vous voyons ! »

Ramsay resta un instant hébété avant d'emboiter le pas à Sansa, lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre, elle s'empressa d'envelopper le chiot dans une couverture et de le bercer tel un enfant tout en s'asseyant au sol devant la cheminée. Pendant ce temps, Ramsay imbibait un linge propre d'alcool avant de lui-même s'agenouiller.

« Il va gémir, mais c'est normal. »

Ramsay appliqua la compresse d'alcool sur l'oreille ainsi que les plaies de l'animal qui hurla. Le cœur de Sansa se serra dans sa poitrine même si elle savait que tout cela était pour son bien.

« Maintiens la compresse sur son oreille. »

Sansa s'effectua et observa Ramsay sortir à nouveau son couteau et chauffer la lame au-dessus des flammes.

« Que faites-vous ? »

La panique transperçait sa voix, mais son époux lui répondit avec calme.

« Je vais simplement cautériser la plaie ainsi, elle ne s'infectera plus. »

Sansa hocha fébrilement la tête et ôta la compresse de la tête de l'animal tandis que le Lord appliquait le couteau rouge sur la plaie. L'animal hurla à nouveau et Sansa sentit son cœur se briser tandis que l'odeur de chair brûlée envahissait la pièce. L'Écorché passa une dernière fois le linge imbibé sur la tête du chiot avant de se relever.

« Il gardera ses cicatrices à vie, mais il survivra. »

Sansa acquiesça une nouvelle fois, fébrilement tandis qu'elle cajolait et réchauffait le chiot comme elle pouvait. Ramsay s'absenta ensuite quelques minutes et revint avec une corne et un bol rempli de lait. Il prépara une chevrette1 sous le regard observateur de Sansa et tandis qu'il versait le contenu ambré d'une fiole dans le lait, Sansa demanda :

« Qu'est-ce ?

- De l'infusion de sauge. Cela permettra qu'il n'ait pas de fièvre. »

Ramsay tendit ensuite la chevrette à Sansa qui fit téter le chiot. Celui-ci eut d'abord du mal, mais fini par boire goulument le lait et s'endormit aussi vite sur la peau de bête au coin du feu. Sansa était mi-allongée, continuant à laisser ses doigts courir dans le poil de ce petit-être né il y a de cela quelques heures à peine.

Ramsay ôta son plastron de cuir et ses bottes, exténué de la journée qu'il venait de passer, et d'un geste las, vint prendre place à côté de Sansa. Celle-ci se plaça immédiatement contre lui, et même s'il en fut étonné, il ne le souligna pas.

« Merci de l'avoir épargné.

- Nous avons passé un pacte.

- Et je tiendrais ma promesse. »

Ramsay esquissa un sourire tout en enfouissant son visage dans les cheveux roux de Sansa. Celle-ci continuait à fixer avec tendresse le chiot endormi.

« D'où tenez... Tiens... Tu ces connaissances en médecine ?

- Lorsque tu grandis seul, tu apprends à te soigner seul. »

Sansa ne répondit pas. La réponse était courte et claire. Il ne lui dirait rien de plus.

« Votre mentor arrive demain matin. »

La jeune femme se figea un instant, avant de se retourner pour planter son regard océan dans ceux de son époux. L'incompréhension se lisant sur ses traits. Cette fois, ce fut le Lord qui s'allongea sur la peau de bête, plaçant ses bras derrière la tête, il reprit :

« Lord Petyr Baelish vient pour le banquet en l'honneur de mon petit frère. »

Sansa se souvint du banquet, et caressa d'un geste qu'elle voulut tendre la main de Ramsay. Elle avait remarqué que la voix de son époux s'était brisée à la fin de sa phrase.

« Un membre de plus à la fête. Nous allons bien rire. »

Ramsay ria légèrement tout en saisissant les doigts de sa femme dans les siens. Ils se fixèrent longuement, et Sansa nota intérieurement que Ramsay redevenait familier avec elle à chaque fois qu'ils se retrouvaient seuls dans leur chambre. Comme si cette pièce était devenue leur cocon.

Après de longues minutes silencieuses, le Lord reprit :

« Je vais renvoyer Myranda à Fort-Terreur. »

Sansa fronça les sourcils d'incompréhension et Ramsay reprit.

« C'est à cause d'elle si…

- Vous vous en êtes pris à Theon…

- … Schlingue. »

Le regard courroucé que lui lança Ramsay la fit frémir. N'osant pas répondre la jeune femme l'interrogea simplement du regard. Et il comprit sa question muette.

« Elle m'a dit l'avoir vu dans notre chambre, dans nos draps. En train de caresser vos cheveux. Vous étiez nue qui plus est… »

Sansa se sentit troublée, elle n'avait aucun souvenir de cet instant. Ce regard se perdit un instant dans le vide, en quête de ce souvenir oublié, mais rien ne lui revint. Et tandis qu'elle reprenait peu à peu ses esprits, elle vit dans le celui de Ramsay une lueur qu'elle ne connaissait que trop bien. Il était jaloux. Lentement, elle vint s'allonger à ses côtés, caressant du bout des doigts son torse. Ramsay laissait entrouverte une brèche sans même s'en rendre compte, il était maintenant au tour de Sansa de s'engouffrer à l'intérieur. Ses lèvres se posèrent sur sa gorge puis remontèrent à sa mâchoire où la naissance d'une barbe lui piqua les lèvres.

« Montrez-lui qu'elle n'a plus aucun pouvoir sur vous. »

Ses lèvres remontèrent à son oreille, son souffle caressant celle-ci. Ramsay se crispa, saisissant les hanches de la jeune femme, il la fit basculer, se retrouvant ainsi en position de dominance. Les jambes de Sansa s'enroulèrent autour de sa taille ses doigts se perdirent sur sa joue, dans ses cheveux. Il se rapprocha d'elle, prêt à l'embrasser, mais la jeune femme le retint un instant.

« Prouvez-lui que désormais, vous êtes un Lord. »

Leurs lèvres se lièrent avec force, il n'y avait jamais douceur ou tendresse, tout était toujours animal. Ramsay savait ce qu'entendait Sansa par là. Il ne devait plus voir la fille du chenil. Mais cela ne l'atteignait guère. Il ne désirait plus Myranda, et cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas revu si ce n'était dans le cadre du Chenil. Il ne voulait que Sansa, elle et ses longues jambes fines, elle et son air froid et sauvage à la fois. Elle aurait été inatteignable pour lui, autrefois, lorsqu'il n'était que le bâtard de Lord Bolton. Désormais, elle était sa femme.

1 Une chevrette est l'ancêtre du biberon, c'était une corne trouée en son bout avec général un morceau de tissus formant à l'époque la tétine. Elle se nommait chevrette car les bébés étaient nourris au lait de chèvre (pas que, mais principalement), au Moyen-Âge l'on pensait que celui-ci était plus digeste que le lait de vache.