Bonjour, Bonne année 2024 (et bon anniversaire à notre Severus national !)

Pour fêter ce jour, quoi de mieux que de commencer la publication d'une nouvelle histoire ?

(Bon, y'a clairement mieux, mais c'est tout ce que j'ai à proposer XD)

Aujourd'hui au programme, le premier chapitre d'une histoire un peu différente (bien que toujours un snamione).

Les personnages sont les mêmes, la magie est bien là, mais comme dit dans le synopsis... le siècle n'est pas le même.

Alors si le coeur vous en dit, plonger dans cette aventure du siècle victorien.

Bienvenue dans les années 1890 !

OoOoOoOoOoOoOoO

Chapitre 1 : La courageuse et intrépide prétendante

Qu'est-ce qui pourrait être pire que de naître en 1879 ? Peut-être bien être une femme en 1898 ! À moins que ce ne fusse d'être une sorcière à cette même époque ? Non, plutôt d'être une sorcière née de parents sans pouvoir magique… oui, c'était ça le pire et c'était ce que devait vivre au quotidien Hermione Granger.

À cette époque troublée, les damoiselles n'avaient pas grands avantages dans la société, pourvue ou non de magie. Elles se devaient d'être mariées et de vivre au bon vouloir de leur époux, en priant pour qu'ils soient suffisamment gentils pour leur donner accès à des droits qui semblaient pourtant fondamentaux à la jeune femme progressiste qu'elle était. Hélas, avec ses cheveux châtains indomptables, ses yeux marrons d'une banalité sans nom et ses dents de devant trop longues, la jeune sang impur n'avait pas grand-chose pour plaire, surtout pas son statut social de base. Quand bien même ses parents avaient de bonnes positions dans la société non magique, être médecin et infirmière ne leur donnaient pas de plus-values aux yeux des sorciers.

Heureusement, son intellect lui avait apporté quelques points de plus pour espérer améliorer sa situation. Comme tous les enfants sorciers de son époque étant nés au Royaume-Uni, elle avait eu la chance de pouvoir intégrer l'école de sorcellerie de Poudlard, où elle avait su se montrer digne de ses pouvoirs. Son intelligence et sa soif d'apprentissage lui avaient alors permis de rapidement mettre en avant ses capacités et ainsi de la propulser au rang de major de promotion, durant chacune de ses sept années d'études. Mieux encore, elle avait réussi à s'entourer d'amis précieux qui, en plus d'avoir aidé à son intégration, avait toujours cru en elle et l'avaient aidée à plus d'une occasion à se défendre face à ses détracteurs.

Harry Potter, fils de sorciers, n'avait pas eu la chance de connaître ses parents. Son père, un Lord puissant, avait fait l'erreur d'épouser une femme de la même condition sanguine qu'Hermione. Moins de deux années après ce mariage, alors que leur fils avait à peine un an, ils se sont fait froidement assassiner par un groupuscule de suprématistes sang-pur. Heureusement, dans ce malheur, Harry avait survécu grâce à l'intervention de son parrain, Lord Black, arrivé juste un peu trop tard pour sauver ses meilleurs amis. Le statut du jeune Lord Potter, survivant d'une attaque sanglante, l'avait propulsé sur le devant de la scène, faisant de lui le symbole de l'inégalité entre sang-pur et sang de bourbe. Cette sombre affaire avait engendré un début de modification des mœurs.

Hélas pour le jeune Lord Potter, la célébrité ne faisait pas tout et le malheur s'acharna sur lui. En 1889, alors qu'il n'avait pas encore 10 ans, son parrain fut arrêté et jeté en prison pour le meurtre de sa fiancée. Bien que Lord Black n'eut de cesse de clamer son innocence, il fut envoyé à Azkaban, la prison sorcière la plus sordide de l'histoire de l'humanité. Harry, bien que persuadé que son parrain n'avait rien à voir dans ce meurtre, fut dès lors obligé d'aller vivre chez les derniers membres de sa famille encore en vie, la sœur de sa mère et son époux, des moldus racistes envers les sorciers, effrayés vis-à-vis de la nature magique de leur neveu, ce qui n'aidait pas vraiment à redorer le blason des non magiques.

Ronald Weasley, lui, était un sang-pur de longue lignée et son statut n'était entaché que par la pauvreté de sa famille. Pourtant, malgré leur manque de moyens flagrant, les Weasley étaient une famille respectable et respectée par la communauté magique. Il y avait de quoi, que ce fussent pour leur gentillesse ou par leurs combats pour une société plus moderne, ils étaient le modèle de beaucoup de famille modeste et plus encore d'Hermione, elle-même. L'argent ne faisait pas tout et Arthur et Molly le prouvaient chaque jour !

Ce ne fut néanmoins pas grâce à eux que la jeune femme devînt célèbre, même s'ils y avaient contribué à leur façon. En effet, les années 1890 étaient le théâtre d'une affaire sordide, à en faire pâlir le meurtre des Potter. Durant des années, des femmes innocentes étaient retrouvées mortes régulièrement dans le vieux Londres. Chaque fois avec le même scénario morbide, les damoiselles étant retrouvées nues mais surtout atrocement mutilées. Il était clair qu'une forme de magie était à l'origine de ces massacres et les Aurors du ministère de la magie œuvraient sous couverture avec les policiers non magiques. Mais la clé de cette histoire fut trouvée par nulle autre qu'Hermione elle-même, alors à peine âgée de 17 ans au moment des faits.

Au cours des grandes vacances devant la mener en septième et dernière année d'étude, Hermione avait eut l'horreur de se trouver mêlée à cette histoire. Son père étant médecin avait, en effet, été réquisitionné pour intervenir sur le corps d'une femme retrouvée décédée dans une ruelle de la capitale. Comme souvent durant ces périodes, la jeune sorcière aidait ses parents au mieux. Cela n'était pas toujours simple mais elle pouvait ainsi apprendre énormément de choses intéressantes sur des sciences qui lui seraient interdites si elle était née dans d'autres circonstances. Aidant sa mère infirmière à nettoyer le corps après une autopsie qui n'avait rien révélée, la lionne remarqua un détail… deux orifices infimes qui se cachaient sous la poitrine de la victime. Cela fit tilt dans l'esprit d'Hermione qui avait eu l'occasion de lire grand nombre de livres sur les créatures magiques : un vampire était la cause de ce décès !

Bien sûr, elle avait immédiatement prévenu le ministère qui avait fait envoyer des Aurors et des agents du département de régulation et de protection des créatures magiques. Ils en déduisirent directement que la morte avait en effet été attaquée par un vampire et allaient ainsi classer l'affaire. Mais Hermione leur fit remarquer deux détails : le premier étant que le témoin avait retrouvé la victime encore chaude, preuve qu'elle venait de trépasser. Le second, une légère entaille au ventre de la damoiselle qui n'avait rien à faire ici. L'hypothèse de la jeune sorcière était claire : le tueur en série de Londres était le même vampire qui brouillait les pistes en tailladant ses victimes pour ne pas laisser les marques de ses crocs en évidence. Cette fois-ci, il n'avait juste pas eu le temps de terminer son œuvre macabre.

Si Hermione n'avait pas été reconnue comme étant l'amie du célèbre Harry Potter et une proche de la famille Weasley, sa parole n'aurait pas value grand-chose. Heureusement, ses deux amis s'étaient montrés convaincants auprès du ministère pour que les messieurs qui y travaillaient l'écoutent et prennent en compte ce qu'elle avait à dire. Il ne fallut ensuite pas longtemps au département de protection et de régulation des créatures magiques pour admettre que la piste était sérieuse. Encore fallait-il le retrouver et attraper ledit vampire pour pouvoir l'interroger et confirmer ou infirmer celle-ci.

Là encore, ils purent compter sur la jeune sorcière – trop - érudite pour leur proposer une idée, non sans risques mais qui avait le mérite de pouvoir être efficace. Les découvertes d'Hermione étant restées secrètes, le ministère n'ayant pas eu l'intention de divulguer de simples suppositions sans être sûr d'eux, l'intrépide Gryffondor voulut en profiter. En effet, si de simples rumeurs commençaient à se reprendre dans Londres, concernant une damoiselle de sang impure qui aurait des informations sur le meurtrier, celui-ci serait sûrement amené à la faire taire…

Cela n'avait pas fait l'unanimité, surtout auprès de sa famille et de ses amis, mais rien ni personne ne pouvaient l'en dissuader alors qu'elle savait, au fond d'elle-même, que cela sauverait d'innombrables vies ! Ainsi servit-elle de leurre. Cela ne prit pas longtemps, les rumeurs étant si simples à propager et à faire grossir au sein de la société. Un soir, sachant le danger que cela représentait bien entendu, elle sortit sous couvert d'aller chercher des ingrédients au chemin de traverse. Elle était restée sur le qui-vive bien qu'elle sût que des agents du ministère étaient cachés non loin, et bien lui en prit.

Au détour d'une ruelle, le vampire apparut et attrapa la jeune sorcière qu'il pensait sans défense. Il avait transplané quelques mètres plus loin, à l'abri des regards, espérant la faire taire à jamais dans un endroit calme. Bien que derrière elle à lui tenir les mains, l'empêchant d'attraper sa baguette, elle conserva son calme et se souvint de ce que ses parents lui avaient appris pour se défendre des agresseurs potentiels. Elle avait alors jeté sa tête en arrière, déstabilisant le vampire qui ne s'était pas attendu à un coup de tête de la sorte. Hermione avait alors pu se tourner, même s'il lui agrippait toujours un poignet en pestant des menaces qu'elle n'écoutait pas.

Vampire ou non, elle constata sans grande surprise qu'il s'agissait d'un homme bien bâti. Sans plus réfléchir, elle lui asséna alors un coup de pied bien placé qui le fit relâcher sa prise pour de bon. Bien sûr, cela n'était pas suffisant pour arrêter une créature en chasse. Il s'était vite redressé, crocs en avant, prêt à la mordre avec une fureur ardente visible dans ses yeux devenus rouges. Mais elle avait sorti sa baguette et l'avait stupefixé juste à temps. Ce ne fut qu'à ce moment là que les agents avaient retrouvé leurs traces et avaient réussi à arrêter le vampire, non sans s'excuser auprès de celle qui aurait, sans son sang froid, finit en repas.

Sous veritaserum, celui qui se faisait appeler Sir Herbert Varney fut alors contraint d'avouer ses méfaits, bien plus nombreux que ce que le ministère avait imaginé au début. En effet, le vampire expliqua avoir commencé à perdre le contrôle dès son premier emménagement dans la capitale dans les années 1880, son appétence pour le sang humain devenant de plus en plus grand chaque jour. Au départ capable de laisser ses victimes en vie, leur prélevant juste assez de sang pour se sustenter sans qu'elle ne puisse le voir et le reconnaître, il tua accidentellement une première femme en 1889, ne réussissant pas à s'arrêter à temps dans son repas. Il avait alors paniqué puis poignardé à plusieurs reprises sa victime pour camoufler son crime avant de s'enfuir. Quand il eut appris, plusieurs années plus tard, que le fiancé de sa victime avait été enfermé à sa place, il avait compris qu'il pourrait recommencer, tant qu'il faisait en sorte qu'on ne remonte pas jusqu'à sa nature monstrueuse.

Dès lors, la notoriété d'Hermione ne plut pas à tout le monde, mais c'était un fait, la sang de bourbe, amie du survivant, était devenue à son tour célèbre pour elle-même et non plus simplement pour ses relations.

Pourtant, malgré son nom et sa photo dans les journaux sorcier du pays, malgré sa place de major de promotion pour la septième année consécutive quelques mois plus tard, il lui était impossible d'entrer au ministère pour y travailler, comme elle en rêvait tant… ainsi était-elle destinée à garder sa place de femme, de sorcière impure, née en 1879 et devant accepter son sort, toujours identique en 1898.

- Miss Granger, auriez-vous un instant à me consacrer ?

- Oui monsieur le directeur, que puis-je pour vous ?

Albus Dumbledore était un vieux sorcier à la barbe et aux cheveux aussi longs qu'ils étaient blancs. Il souriait et observa la jeune sorcière par-dessus ses lunettes en demi-lune, ses yeux bleus pétillants d'une malice qui ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose : il avait une bonne nouvelle à lui annoncer.

- Vous avez fait part au professeur McGonagall de votre intérêt pour un poste à Poudlard.

- Oui, admit-elle en souriant.

Être professeur était l'un des seuls métiers accessibles à une femme sans avoir à passer par un époux, l'enseignement aux jeunes étant considéré comme étant majoritairement le rôle des damoiselles. Pour ce qui était de diriger une école en revanche, il fallait avoir trois choses supplémentaires entre les jambes, bien sûr ! Enfin, elle ne pouvait pas se plaindre du directeur de Poudlard. Cet homme était probablement le plus progressiste de tous et prônait des valeurs qui ne plaisaient guère aux membres haut placés du ministère. Il aurait fait un bon ministre s'il n'était pas aussi mal vu par ses pairs.

- Je me ferai un plaisir de vous embaucher dès la rentrée prochaine, le poste de professeur d'histoire pouvant vous revenir si vous le souhaitez.

- Vraiment ? tenta de ne pas hurler la Gryffondor qui n'aurait imaginé pouvoir avoir un avenir avant de devenir officiellement vieille fille.

- Bien entendu, dit-il non sans ajouter, néanmoins, j'avoue être surpris…

- Pourquoi donc ?

- Je vous imaginais plutôt vouloir entrer au ministère.

- J'aurais aimé, avoua-t-elle. Cependant, vous n'êtes pas sans savoir que pour ce faire, la célébrité n'est pas suffisante. Seules les dames de sang-pur peuvent y entrer, si tant est qu'elles aient l'autorisation de leur mari ou de leur représentant légal, pour celles qui sont vieilles filles ou veuves.

- Eh bien, vous n'avez pas totalement tort… mais pas non plus totalement raison.

- Plaît-il ?

- Ce ne sont pas uniquement les sang-purs qui peuvent travailler là bas, les Lady peuvent en effet elles aussi trouver un poste au ministère.

- Désolé de vous décevoir monsieur, mais les Lady sont toutes des sang-purs… ou des sang-mêlés à la limite.

- Il est vrai qu'il s'agit là d'une majorité, mais ce n'est pas une obligation légale.

Dumbledore eut un sourire malicieux puis s'approcha de la fenêtre la plus proche pour observer au dehors avant de continuer :

- Techniquement, vous êtes donc en droit d'épouser un Lord malgré votre naissance Miss Granger. Et si cela devait être le cas, alors aucune loi ne pourrait interdire à votre époux de vous permettre de travailler, quand bien même cela serait au sein du ministère. Bien entendu, les têtes pensantes du magenmagot sont encore têtues mais je ne doute pas un instant que plusieurs directeurs de départements seraient ravis de vous compter parmi leurs effectifs.

Dans les faits, le vieillard avait raison, mais dans la réalité, comment pourrait-elle atteindre le titre de Lady ?

- Nombres de Lords sont encore cœurs à prendre, ajouta le directeur en répondant en partie à sa question silencieuse.

- Mais aucun ne serait assez intéressé par moi, et encore moins assez bête pour défier la société en épousant une sang impur comme l'avait fait le père de Harry à l'époque.

- Les années ont passé ma jeune enfant, dit Albus en se tournant vers elle d'un air triste et sérieux. Ce qui est arrivé à James et Lily est une tragédie mais elle a eu des effets dont la mère de votre ami serait fière. Ainsi, personne aujourd'hui ne s'opposerait à une union entre vous et un Lord.

- Encore faudrait-il qu'il y ait un Lord pour me demander en mariage ! Le problème reste toujours le même, dit Hermione en souriant néanmoins. Mais je vous remercie de vouloir m'aider…

- Et si je vous disais qu'il existe un Lord qui pourrait vous aider ?

- Qui donc ? demanda Hermione en haussant un sourcil circonspect. J'espère que vous ne pensez pas à Harry, il est déjà amoureux et jamais je…

- Je parle de son parrain, répondit Albus.

- Sirius Black ? s'étonna la jeune sorcière.

Il était vrai que Lord Black était un homme libre, dans tous les sens du terme. Après que Sir Herbert Varney eut avoué ses crimes, le parrain de Harry avait été relaxé et pour cause, la première victime du vampire n'était autre que la fiancée de ce dernier. Il avait ainsi passé des années derrière les barreaux pour un crime qu'il n'avait pas commis…

- Vous n'êtes pas sans savoir que les Lords doivent normalement trouver épouses avant leur 30ème anniversaire. Dans le cas de Lord Black, et au vu de sa tragique histoire, cette obligation a été repoussée mais demeure valable avant sa 40ème année.

- Non content de l'avoir emprisonné pour rien, le ministère le force maintenant à se marier ?

Elle n'avait pas le droit d'avoir de tels avis et encore moins de les dire, mais Dumbledore se contenta de sourire face à la fougue de la jeunesse dont elle faisait preuve.

- Bien sûr, le ministère a une drôle de façon de s'excuser, mais au moins ne se voit-il pas exclu de la Lorderie sorcière. De plus, même si cela n'épongera jamais sa peine, il me semble que la compensation financière qu'il a perçue l'aidera à repartir sur de très bonnes bases.

- C'est une façon étrange de s'excuser en effet, mais soit… néanmoins monsieur… je doute sincèrement que Lord Black puisse accepter de m'épouser.

- Le mieux serait de le lui demander. Lord Black, pourriez-vous entrer je vous pris ?

Le susnommé entra alors dans la chambre de préfète d'Hermione, la porte s'ouvrant à la demande du directeur. Le sorcier salua Hermione en inclinant la tête de façon cordiale, faisant tomber un instant ses long cheveux ondulés de part et d'autre de son visage fin. Sa barbe et sa moustache camouflaient la maigreur de ses joues mais ses cernes restaient la preuve des horreurs qu'il avait vécues plusieurs mois auparavant et ce durant des années…

- Miss Granger, je suis enchanté de faire enfin votre connaissance ! Harry m'a souvent parlé de vous dans ses lettres et, je l'avoue, j'ai eu le plaisir d'entendre parler de vos exploits dans la gazette du sorcier.

- Oh heu… je… enfin… bafouilla-t-elle alors qu'il prit sa main pour lui faire un baise main gentleman.

- Je ne saurais vous remercier assez de tout ce que vous avez fait pour moi, Miss Granger. Je sais néanmoins que je pourrais à mon tour vous être utile et cette idée me réjouit, dit-il en souriant gentiment.

- Vous… vous accepteriez de…

- Bien entendu, dit-il avec sérieux. Mais pour ce faire, sans même parler du protocole qui exige que je vous courtise dans les règles et vous demande votre main lors d'un bal, je veux m'assurer que vous êtes d'accord avec cette idée. Alors, qu'en dites vous ?

- Comment pourrais-je refuser ?

Oui, comment aurait-elle pu refuser alors que ce plan était la clé de l'avenir radieux qu'elle n'avait osé imaginer que dans ses rêves les plus fous ! Si un mariage était nécessaire, alors soit, c'était parfait. Et si pour en arriver là elle devait patienter encore plusieurs mois, tout en apprenant les très nombreuses règles de Lorderie, alors elle le ferait avec plaisir.

Bien sûr, ses parents n'avaient pas sauté de joie, ces derniers ayant toujours espéré un mariage d'amour pour leur fille unique. Mais Hermione, de son côté, n'y avait jamais cru. Certes ses parents s'aimaient, c'était indéniable, mais combien de fois cela arrivait-il ? L'amour n'avait pas sa place dans cette société où les femmes n'étaient que marchandises au pire, une plus value au mieux. Alors épouser un homme honnête et bon, que pouvait-elle rêver de mieux ? Le parrain de son meilleur ami était, de plus, assez bel homme, ce qu'elle considéra être comme un avantage de plus, surtout si une progéniture devait voir le jour dans les années à venir.

Elle n'en était pas encore là, certes, et heureusement. Pour l'heure, elle devait encore apprendre tant de choses qu'elle ne savait plus où donner de la tête, et qu'est-ce qu'elle aimait ça ! Pour suivre ses nouveaux cours particuliers, Hermione s'était installée chez son ancienne directrice de maison, Mme McGonagall. Celle-ci, ainsi que ses domestiques -pour la plupart des elfes de maison attentionnés- lui servaient alors de chaperon pour conserver la pureté de la jeune femme. C'était la première leçon qu'elle eut d'ailleurs à apprendre : une femme se devait d'être considérée comme pure pour prétendre à un mariage avec un Lord. Elle se devait donc de ne jamais se retrouver seule avec un homme avant la demande en mariage en elle-même.

Pour ce qui fut des autres leçons, Lord Black était venu quotidiennement pour les lui apprendre. La politesse, la hiérarchie, les repas, les danses, tout y passait dans les moindres détails. Sirius – car elle finit avec le temps par l'appeler ainsi, dans l'intimité -permise sous les yeux de ses chaperons – se montrait attentif et prévenant. En plus d'être bel homme, il savait se montrer intéressant et, même si la lecture et le théâtre n'étaient pas de ses passe-temps favoris, ses aventures passées ne cessaient d'ébahir la jeune femme. Et si…

Avec les mois passant, Hermione se plut à croire à l'impossible. D'autant que le regard du sorcier face à elle semblait dire qu'elle ne rêvait pas ! Se pouvait-il, ne serait-ce qu'un peu, qu'il puisse avoir pour elle des sentiments ? Ce jour là en tout cas, un froid vendredi du mois de mai, elle voulut le croire :

- Sirius… puis-je vous demander quelque chose ?

- Tout ce que vous voudrez Hermione, répondit-il en lui prenant délicatement la main.

- Je me demandais… enfin… je me disais… est-ce que vous…

Sa question mourut dans sa bouche alors que la porte du salon s'ouvrit. Sirius se recula et lui lâcha la main tandis qu'un homme entra. Vêtu entièrement de noir, de sa chemise à son veston en passant par ses chaussures et sa veste longue, l'intrus regarda le sorcier et la jeune sorcière avec un œil mauvais.

- Par Salazar, si j'avais su que Minerva avait un chien en sa demeure, je me serais abstenu de toute visite, souffla-t-il alors avec une impolitesse qui n'avait d'égale que son air dédaigneux.

- Tu aurais en effet dû t'abstenir Servilus, si ce n'est pour toi, au moins pour notre bien-être à tous !

Il était clair que les deux hommes se connaissaient et même, sans avoir peur des mots, se détestaient. Hermione garda le silence, non pas parce que la bienséance le lui demandait tant qu'un homme ne lui avait adressé la parole, mais juste car elle se sentit incapable d'ouvrir la bouche face à ce sombre individu.

McGonagall entra à son tour d'un pas pressé, comme inquiète, tout en regardant ses invités. Constatant que rien n'avait explosé, elle put enfin sourire :

- Lord Rogue, que me vaut le plaisir de votre visite ?

- J'étais de passage dans le coin, expliqua-t-il en se penchant cordialement vers son hôtesse. Je me suis dit qu'il était de bon ton de venir saluer une amie, mais je n'imaginais pas que vous seriez déjà occupée.

- Voyons Severus, quand bien même serais-je occupée, je me ferais toujours un plaisir de vous accueillir. Venez donc, laissons cette demoiselle à son cours et allons parler dans mon bureau.

Tout en demandant à Willy, le plus vieux des elfes de la demeure, d'apporter du thé dans son office, Minerva prit le chemin de ce dernier. Le sombre sorcier tourna de nouveau le regard vers elle et Hermione se figea plus encore, si cela était humainement possible. Les yeux noirs de cet homme étaient en accord parfait avec sa tenue et ses cheveux de jais qu'il avait coiffés en une queue de cheval stricte. Il l'observa avec une intensité étrange et la pâleur de son visage, seul élément presque blanc qui colorait un peu l'individu, donnait une impression de ténèbres à son regard.

- Miss, la salua-t-il simplement en se penchant pour lui dire au revoir.

Ignorant totalement Sirius, il suivit ensuite McGonagall. Hermione oublia tout ce qui l'entourait et repensa au nom de cet homme : Severus Rogue. Elle avait déjà entendu ce nom quelque part, mais où exactement ?

- Vous allez bien Hermione ? s'inquiéta Sirius.

- Oui… oui je vais bien, répondit-elle en reprenant pied dans la réalité. Dites moi, qui est cet homme ?

- Un sorcier qu'il vaut mieux éviter de croiser, si vous voulez mon avis.

- Pourquoi son nom ne m'est pas inconnu ? demanda-t-elle.

- Sûrement à cause de la réputation qui le précède, souffla Sirius avec une hargne qu'elle n'avait jamais vu chez lui.

- C'est-à-dire ?

- Il est connu pour être un mage noir, répondit Sirius. Les histoires le concernant sont toutes aussi sinistres les unes que les autres.

- Dites-vous vrai ? s'étonna la jeune sorcière.

- Est-ce que vous avez déjà entendu parlé du Lord ténébreux ?

- Oui, bien entendu, frémit Hermione en entendant ce surnom.

- Eh bien, c'est son petit fils, dit Sirius qui ajouta, mais croyez moi Hermione, il n'a rien à envier à son ancêtre.

- Vous le connaissez ?

- Nous étions étudiants à Poudlard à la même époque, mais pas dans les mêmes maisons. Vous vous doutez bien qu'il était à Serpentard !

Hermione se souvint alors pourquoi ce nom ne lui était pas inconnu. Déjà car le ténébreux était un mage sanguinaire qui avait sévi le siècle dernier, mais aussi parce-que la réputation de son descendant n'était pas mieux. Elle se souvint d'histoires qu'elle eut entendues à propos de ce Severus et, Sirius avait raison, il ne valait pas mieux que son grand-père.

Il aurait un jour attaqué un pauvre marchand qui aurait eu l'audace de mal le regarder. Il lui aurait alors brisé tant d'os que la magie n'avait pas suffit à le guérir et l'avait alors laissé impotent. Il aurait aussi arraché la langue d'une divinatrice qui parlait un peu trop à son goût. Sans oublier le fait qu'il aurait plus d'une fois été vu en compagnie de sorciers connus pour avoir fait partie du groupuscule responsable de la mort des Potter.

- Mais, pourquoi Minerva le traite comme un ami ? s'offusqua d'un coup Hermione.

- Parce que Dumbledore a confiance en lui… il l'aurait aidé à arrêter ceux qui ont tué James et Lily, mais je suis sûr qu'il y a lui-même participé d'une façon ou d'une autre…

- Mais Monsieur Dumbledore est pourtant suffisamment intelligent pour savoir à qui faire confiance !

- En règle général oui… mais il s'est déjà laissé berner, une fois, à cause de son grand cœur et de ses sentiments. M'est avis qu'il fait la même erreur avec ce monstre.

Hermione ne savait trop quoi en penser… mais si un homme comme Sirius se méfiait de Rogue, elle devait clairement en faire autant. Cela n'allait pas être compliqué en même temps, vu la réaction naturelle de son propre corps face à ce sombre sorcier, elle serait forcément sur ses gardes sans même avoir à faire attention !

La saison des bals allait bientôt débuter par la fameuse célébration des débutantes. Hermione en avait beaucoup entendu parler, à l'époque où la magie ne faisait pas encore partie de sa vie, et elle fut étonnée d'apprendre que presque la même chose existait chez les sorciers. Bien entendu, quelques différences étaient à noter, comme le fait que les débutantes en question étaient toutes majeures, que le bal n'était pas donné en l'honneur de la reine et que la majorité des damoiselles présentes étaient déjà plus d'une fois apparues en société avant cette célébration.

En revanche, il était là aussi de coutume que les jeunes femmes à marier se mettent en valeur dans une tenue d'apparat la plus resplendissante possible, pour se montrer sous leur meilleur jour aux yeux de l'aristocratie sorcière. Le représentant du pays, le ministre de la magie en personne, était présent pour l'occasion avec sa femme qui faisait office de « dame de la saison », à savoir celle qui donnait le coup d'envoi pour les premières demandes en mariages nobles de l'année.

Le début du mois de juin se montrait clément et Hermione profita d'une éclaircie bienvenue pour se rendre aux jardins et profiter du soleil pour lire. Sirius avait terminé ses cours et elle n'avait plus qu'à attendre la semaine suivante pour le jour fatidique du bal et surtout, de sa demande en mariage. Elle essayait de ne pas s'imaginer la façon dont Lord Black allait lui demander sa main, mais elle était néanmoins pressée de se retrouver à son bras aux yeux de tous. Il allait bien sûr la laisser danser un moment, pour que son entrée dans le grand monde se fasse officiellement, mais elle espérait qu'il ne trainerait pas trop.

Assise sur un banc face au petit étang de la résidence McGonagall, Hermione lisait les aventures de la jeune Alice qui parcourait un monde de merveilles. Alors qu'elle s'amusait de la représentation de la magie dans cet œuvre, elle entendit un bruit derrière elle. Pensant que Minerva arrivait, elle se tourna avec un sourire franc pour lui exposer son amusement face à sa lecture.

- Rare sont les fois où quiconque m'a souri de la sorte, s'amusa Severus Rogue en s'approchant d'elle.

La jeune sorcière perdit sa bonne humeur alors que son corps entier se figea face au sombre mage qui s'approchait d'elle d'un pas assuré.

- Ah, voilà qui est plus usuel ! dit-il avec un souffle moqueur.

Une fois à sa hauteur, tout en conservant une distance respectable avec la jeune damoiselle sans chaperon, il s'inclina. Hermione regretta l'absence de l'un des elfes de la maisonnée auprès d'elle, car même s'il n'était pas nécessaire en temps normal qu'elle soit surveillée, elle se serait indéniablement sentit plus en sûreté. Alors qu'il s'inclinait pour la saluer, la jeune femme garda le silence, observant cet homme qu'elle trouvait encore plus intimidant vue de près.

- Il semblerait que vos cours de bienséance ne vous ait pas appris qu'il est d'usage de saluer en retour, se moqua-t-il.

- Il semblerait que votre statut ne vous ait pas appris qu'il est d'usage de vous présenter avant d'attendre une quelconque réponse de ma part… Monsieur.

Elle avait répliqué avec condescendance et se rappela trop tard qu'elle n'aurait pas dû le faire. D'une part car c'était une jeune femme, d'autre part car l'individu était un Lord mais surtout, parce qu'elle ne savait pas ce qu'un monstre comme lui pourrait lui faire pour cette outrance.

Alors qu'elle s'attendait à le voir s'énerver, elle s'étonna de le voir arborer un sourire narquois. Il posa sa main droite sur son torse et s'inclina à nouveau :

- Vous m'en voyez gêné Miss Granger, il me semblait que vous connaissiez déjà mon identité. Si ce n'est mon nom, au moins la réputation que Lord Black a dû se faire un plaisir de vous conter !

- Je sais qui vous êtes, Lord Rogue, je ne vous ferais pas l'affront de vous mentir en disant que je n'ai pas entendu parler de vous. Je constate néanmoins que vous me demandez de me présenter alors même que vous savez déjà qui je suis.

Pourquoi diantre utilisait elle encore son ton condescendant ? Voulait-elle se retrouver avec la langue arrachée ? Si elle transplanait maintenant, aurait-il le temps de lui lancer un maléfice ? Sapristi, pourquoi n'avait-elle pas pris sa baguette avec elle !

- Votre réputation et votre histoire vous précède aussi, s'amusa une fois de plus le sombre sorcier qui la regardait maintenant tel un prédateur. Vous êtes, mademoiselle, la seule et unique personne de votre sang à avoir le privilège d'accéder à la saison des bals de la Lorderie et ce depuis plus de deux décennies. Ceci n'aurait pas été possible sans l'appui de Dumbledore, mais je trouve cela surprenant que vous souhaitiez entrer dans ce monde-ci.

- Est-ce parce qu'il vous parait insensé qu'une née moldue accède aux hautes sphères de la société sorcière ?

- Disons plutôt que j'ai en tête ce qui est arrivé à la dernière femme qui y est parvenue.

- Serait-ce des menaces ? tenta de ne pas s'offusquer Hermione qui aurait pourtant bien aimé lancer son livre dans la tête de l'importun.

- Une simple constatation, répondit le sorcier qui haussa les épaules avec dédain avant de reprendre avec acidité, enfin, force est de constater que vous ne manquez pas d'audace ni de courage, une vraie Gryffondor en somme. Je ne sais, en revanche, pas ce que Lord Black vous trouve… et inversement.

- Vous êtes venu jusque là pour m'insulter ou bien comptez-vous vaquer à vos occupations ?

- Ma halte faisait partie de mes occupations. Et sachez que vous avez été… divertissante ! Hélas, je vais devoir abandonner cette conversation pour retourner à des activités plus nécessaires. Je n'ai pas la chance de pouvoir me montrer aussi oisif que votre ami Black.

Sans lui laisser le temps de répondre, Lord Rogue inclina la tête et lui tourna le dos avec panache pour retourner jusqu'à sa monture. Hermione le regarda monter sur le dos d'un immense cheval aussi noir que son maître, tel un cliché ambulant. Quoi qu'elle l'aurait plutôt vu partir à dos de sombral qu'à dos de frison, voire même partir en vrai sorcier qu'il était, en transplanant.

Cet homme était aussi antipathique que sa réputation laissait entendre… à l'exception qu'Hermione le trouva bien moins violent. Certes, ses paroles étaient aussi acerbes que son sourire était narquois, mais bien que ses verbes pouvaient être mauvais, il n'en demeurait pas aussi cruel que ce que ses histoires sanguinaires laissaient transparaître. Enfin, il était tout de même le petit fils du Lord ténébreux, il devait y avoir du vrai dans les comptes rendus à son sujet, sinon pourquoi ces bruits courraient-ils ? De toute façon était-ce si important ? Vu la mésentente totale entre ce sorcier et son futur fiancé, il était clair qu'elle n'aurait pas à le supporter chez eux.

Le grand jour arriva enfin. Hermione était devant son miroir pendant que les elfes de maison s'affairaient autour d'elle pour mettre en place son corset, ses jupons, sa robe et ses cheveux. Le but était de paraître la plus élégante et la plus pure possible, ce qui semblait réussir à la jeune femme qui ne put retenir un sourire en s'observant. Certes, ses dents restaient trop longues, ses yeux étaient toujours aussi banals, mais ses cheveux étaient moins désordonnés et surtout, sa prestance lui donnait l'impression d'appartenir déjà à la société qu'elle convoitait tant. Peut-être pourrait-elle avoir un poste bien placé au sein du ministère si elle ne dénotait pas trop avec ceux déjà en poste là bas.

De fort bonne humeur, McGonagall et elle se rendirent jusqu'au lieu du bal qui, exceptionnellement, avait lieu cette année à Poudlard. Dumbledore avait donné l'autorisation au ministère d'utiliser l'école comme lieu d'ouverture de la saison et, elle en était certaine, cela avait un lien avec le fait qu'elle avait eut elle-même l'autorisation de participer à celle-ci. Oui, Albus Dumbledore était un grand homme.

Arrivée à destination, la jeune femme s'émerveilla de la décoration qu'arborait la grande salle qu'elle connaissait pourtant déjà si bien. Tout était spectaculaire, plus encore que pour le bal de Noël de sa quatrième année, et les invités et leur classe naturelle aidaient à la magnificence du lieu. Seule ombre au tableau, Hermione aurait aimé que ses parents soient avec elle… ils comprenaient pourquoi elle n'avait pas pu rentrer auprès d'eux et la soutenaient avec un amour si puissant qu'elle se sentait capable de tout, mais la distance se faisait sentir. Minerva dut le sentir car elle la prit dans ses bras quelques secondes et lui dit avant de la laisser dans ce bain de foule :

- Vous êtes extraordinaire ma chère enfant, vous ferez la fierté de vos parents, de vos amis et de toutes les personnes qui vous soutiennent et pour qui vous vous battez.

Requinquée, elle retrouva bien vite Harry et même Ron qui avait le droit d'être ici de part son appartenance à une longue lignée de sang-pur. Ils étaient pauvres certes, mais la pureté de la magie prévalait sur tout le reste. Même lui savait que c'était horrible dans un sens, mais les choses finirait bien par évoluer.

Sirius apparût à son tour peu après et Hermione lui sourit. Elle aurait aimé aller jusqu'à lui mais sans même s'en rendre compte, bon nombres de gentlemen s'approchèrent d'elle pour avoir la chance d'apparaître sur son carnet de danse… elle ne s'était pas attendue à cela. Quand son prétendant arriva enfin vers elle, il prit la majorité de ses danses restantes bien sûr :

- Vous avez du succès ce soir Miss Granger…

- Je n'aurais pas cru cela possible ! admit-elle. Mais il n'y pas de Lord à part vous.

- Auriez-vous aimé avoir plus de choix ? s'amusa Sirius.

- Non, aucun autre sang pur ni aucun Lord ne peut vous surpasser, je le sais déjà !

Le sourire qu'il lui offrit valait tous les plus beaux discours du monde. Elle se sépara de lui pour honorer son carnet de danse mais priait déjà pour avoir la chance de le retrouver rapidement. Quand la première danse avec lui commença, elle se sentit plus stressée qu'avec les autres, mais tout se passa à merveille… il n'y avait plus qu'à attendre qu'il la mène à un endroit plus calme pour enfin lui faire sa demande !

Après sa dernière danse, Sirius fut prit d'assaut par d'autres Lords mais le regard qu'il lui lança ne pouvait vouloir dire qu'une chose : « je reviens vite ». Tournant le regard, Hermione vit Harry et Ron, tous deux assaillit quant à eux par une horde de jeunes prétendantes. Même si le survivant n'avait d'yeux que pour une femme, qui n'était pas encore en âge de l'épouser, nombreuses damoiselles tentaient leur chance. Le jeune Weasley, lui, pouvait choisir à loisir et il semblait comme un coq dans une basse-cour ! C'était amusant.

- Miss Granger ?

Hermione sursauta alors qu'un elfe de maison se pencha vers elle comme pour s'excuser de lui adresser la parole. Bien qu'elle tenta de le rassurer, la créature ne dit pas un mot de plus et se contenta de lui donner une petite missive avant de partir en faisant d'autres courbettes. Pauvres elfes… et encore, ils n'étaient pas les plus mal lotis à Poudlard ! Sans plus se torturer l'esprit, la jeune femme ouvrit le mot :

« Les fleurs les plus belles sont souvent celles qui ne sont pas les plus regardées, à tort. À Poudlard, elles sont d'ordinaires au bord du lac, à l'orée de la forêt, entre la lumière et l'obscurité. Ce soir pourtant, la plus belle d'entre elles se trouve dans cette salle de réception, loin de ses consœurs, là où j'espère pourtant la retrouver, avant que le reflet de la lune ne disparaisse de l'eau pour se perdre derrière les arbres. »

Le cœur d'Hermione s'accéléra de façon indescriptible. C'était si beau et si fin et si… romantique ! Si sa mère pouvait être là, elle serait probablement la plus heureuse des femmes en constatant que sa fille s'apprêtait à sauter le pas de sa jeunesse pour devenir femme auprès d'un homme qui faisait battre son cœur à la chamade.

Regardant Sirius une dernière fois, il la regarda avec un sourire charmeur. Il aurait bientôt terminé avec ses amis Lords, elle n'avait donc plus qu'à se rendre au lieu souhaité. Elle savait très bien où c'était et adorait ce lieu. Elle avait l'habitude de s'y rendre pour lire quand elle était encore étudiante, elle ne savait pas comment il pouvait le savoir, mais peut-être que lui-même aimait simplement cet endroit !

En moins de temps qu'il fallait pour enfiler une robe de bal, Hermione arriva au pont naturel qui séparait le parc de la forêt, éclairé par la lune et son reflet dans le lac qui était de part et d'autre de ce bout de terre fleuri. Il y avait là quelques pivoines rouges dans un par terre de cosmos tricolore, blanche, rose et violette. Hermione n'avait jamais eu l'occasion de voir cet endroit aussi fleuri et cela émerveilla ses yeux tout autant que son être. Que pouvait-elle souhaiter de mieux pour une demande en mariage ?

Hermione se tint à cet endroit et observa le reflet de la lune qui tendait à disparaitre, lentement mais sûrement. Sirius n'allait plus tarder… elle ferma les yeux un instant pour écouter le bruit de vent léger qui faisait frémir les arbres de la forêt d'un côté, l'herbe de l'autre, et les fleurs à ses pieds. Elle entendit aussi le bruit blanc de l'eau et se sentit apaisée et légère. Puis, elle sursauta légèrement en sentant deux mains délicates se poser sur ses paupières déjà closes.

Voulait-il lui faire une surprise particulière ? À moins qu'il soit simplement timide, ce qui était possible, en tout cas le devenait-elle elle-même alors que ses joues s'empourpraient tandis qu'elle sentait le souffle chaud de son prétendant dans sa nuque. Il était juste derrière elle, calme et tendu en même temps au vu de ses gestes incertains. Il retira ses mains sans bouger alors qu'elle garda ses yeux fermés, souriante mais en même temps incapable de le regarder alors qu'il se mit à ses côtés.

Doucement, il posa un doigt sur ses lèvres… Hermione se sentit défaillir ! Allait-il l'embrasser avant même sa demande ? Cela aurait été indécent non ? Alors pourquoi espérait elle qu'il le fasse ? Il n'attendit pas plus car elle sentit enfin ses lèvres contre les siennes, délicates et douces. Son cœur s'emballa plus encore qu'à la lecture du mot, plus encore qu'à l'idée qu'il la demande enfin en mariage… elle répondit à ce baiser sans vraiment savoir si elle se devait de le faire ou non, mais il sembla content car il lui caressa la joue avant de se reculer, à regret pour elle comme pour lui vu la lenteur avec laquelle il prit sa distance. Hermione ouvrit alors enfin les yeux et… son corps entier se tendit :

- Lord Rogue…