Il est beau mon titre, hein ? Il reflète tellement mon inspiration délirante...

Ce sont les cinq thèmes alternatifs du Sicktember 2022 (j'ai interchangé le 11e thème - les urgences/ambulances - avec le 5e - "peux-tu être courageux pour moi ?" - vu que ça ne collait pas à l'univers de initial de Zelda). Vous pouvez très bien lire les 30 thèmes principaux (Sicktember 2022) avec celui-ci, mais aussi de manière séparée, car ils sont indépendants.

En effet, malgré mon épuisement et mon état de santé déplorable lors du NaNo de 2022, je n'ai rien trouvé de mieux que de traiter ces cinq thèmes dans la foulée, mais aussi de récréer univers et lore. Applaudissez-moi (ノ◕ヮ◕)ノ*:・゚✧

Par contre, ce sera plus... caliente car je me défais du règlement du Sick ;) (d'où la différence de rating mais aussi la raison pour laquelle je publie à part)

Disclaimer : L'univers de Zelda appartient à Nintendo.

Bonne lecture !


— T'es ridicule.

— Tu t'es pas vu dans le miroir, alors.

Puérilement, il lui tira la langue et rabattit sa capuche sur son visage, permettant aux deux longues oreilles pelucheuses d'être semi-dressées sur sa tête.

Lorsqu'ils s'étaient installés en colocation, au début et après s'être apprivoisés mutuellement, ils avaient instauré des soirées de relâche et celle du mardi soir était celle où ils se calaient sur le lit d'un des deux, un ordinateur en équilibre instable entre eux pour mettre en route le film qu'ils avaient l'intention de voir, accompagnés de nourritures, que ce soit des friandises à grignoter ou leurs dîner. Leur mise en couple leur avait juste permis de trouver une activité supplémentaire à ajouter, ainsi que la possibilité de se glisser sous la couette et donc d'arborer leurs plus beaux pyjamas.

Ou leurs plus ridicules, ils hésitaient encore sur la motion.

Sans se concerter, leurs choix s'étaient donc portés sur un kigurumi moelleux. Après, vu la panne de chauffage, c'était sans doute le plus astucieux car ils étaient doublés et bien chauds.

Poussant Link avec amusement, Lavio se fit une place entre lui et le mur, tirant la couette sur lui et se creusant un peu d'espace.

— L'idée c'est de me mettre par terre ?

— Si ça arrive, je te promets de bien m'occuper de ton lit.

Son petit ami préféra lever les yeux au plafond tout en souriant, alors qu'il mettait en route le film, ajustant les paramètres, puis se cala contre son épaule. Le contact doux du tissu violet sous sa joue était très agréable, mais il n'avait nullement l'intention de lui en faire part. Il pourrait croire qu'il approuvait ses goûts douteux et peut-être même qu'il en conclurait que c'était le cadeau idéal pour lui !

Un lapin violet, franchement ?

Lui arborait fièrement un kigurumi d'ours bleu avec un jabot blanc, cadeau d'un ami quelques années auparavant. Il commençait à se faire vieux et s'il n'avait pas été un tant soit peu compétent avec une aiguille à coudre, nulle doute qu'il aurait dû lui faire ses adieux quelques années auparavant.

Enfouie sous les couvertures jusqu'au menton, pratiquement, le couple s'amusait du vieux navet qu'ils avaient sélectionné. Hormis la tête de Link sur l'épaule de Lavio et leurs mains entrelacées sous la couette, ils étaient très sages, grignotant leurs confiseries.

Quand le générique de fin retentit, Link s'était calé plus confortablement dans l'étreinte de son petit ami, les paupières lourdes et la tête dodelinant. Il le remarqua, pressant un baiser contre sa tempe.

— On s'arrête là ou tu penses pouvoir tenir le suivant ?

Un marmonnement incompréhensible passa ses lèvres et Lavio décida de l'interpréter comme un encouragement. Vu son mauvais caractère, de toute façon, c'était le plus facile à vivre.

Adroit par habitude, il changea le DVD et démarra le nouveau film.

Il n'y prêta pas particulièrement attention, préférant profiter de la langueur dans laquelle Link était plongé pour déposer de petits baisers un peu partout sur son front, ses cheveux, sa tempe, sa joue…

Il obtint des grognements à diverses intensités, augmentant son amusement.

Quand il était épuisé, son compagnon était incapable de garder son armure en place et se montrait comme il l'était réellement : un être lascif à la recherche de proximité physique et de contacts tendres. Et qui n'assumait pas quand son énergie lui revenait, les batteries suffisamment chargées pour redevenir distant et cinglant.

Mais que ce soit cette facette ou l'autre, c'était lui, c'était Link. Celui qu'il aimait, que ce soit quand il faisait sa tête de cochon ou le bébé koala.

Le film se finit tout seul, dans l'indifférence générale, l'ordinateur manquant de peu de finir au sol, rattrapé in extremis et fermé, avant d'être déposé sur la chaise servant de table de chevet.

Attrapant le bord de la couette, Lavio la releva, la tirant plus encore sur eux, afin de les couvrir, alors qu'il les glissait tous les deux contre les oreillers, entourant Link de ses bras tandis qu'il se blottissait contre lui, gémissant d'inconfort avant de se caler correctement, le nez enfoui dans le tissu pelucheux du kigurumi, une main l'agrippant comme un doudou.

Habituellement, il l'aurait bordé puis aurait rejoint son propre lit, mais avec les radiateurs qui les avaient lâché deux jours auparavant, ils avaient décidé de dormir ensemble, partageant leurs chaleurs corporelles. Ils n'allaient pas mentir, l'un comme l'autre profitait de cette situation, même s'il aurait été plus agréable que ce soit pour une autre raison, comme l'avancée naturelle de leur relation.

— Bonne nuit, chantonna-t-il.

Ils sombrèrent dans de doux songes.


— Debout, debout petit ange.

Grognant, Link balaya aveuglément de sa main avant qu'elle ne retombe sur le matelas, rebondissant un peu.

S'y attendant, Lavio avait reculé juste à temps, les doigts frôlant tout juste le bout de son nez.

— Allez, petit cœur, il est l'heure de se lever !

Sans ouvrir les yeux, le blond se retourna, se roulant en boule comme pour se protéger de cet ignoble acte qu'était le réveil.

Loin de s'avouer vaincu, son petit ami tira sur la couverture et lui chatouilla la plante des pieds, évitant de peu le réflexe défensif, et poursuivant jusqu'à ce qu'il finisse par lâcher un soupir de défaite.

— Putain, Lav', il est trop tôt.

— Navré d'avoir à te briser le cœur, mon trésor, mais tu es pratiquement en retard, en fait. Je t'ai emballé ton petit-déjeuner et ta gamelle est dans ton sac. Le reste est entre tes mains.

Le coup de fouet suffit pour le faire se redresser, chancelant, les cheveux en auréole autour de la tête et l'air aussi engageant qu'une porte de prison. Une vraie gueule d'amour.

— Bonjour, petite fleur, le salua-t-il en aplatissant les mèches rebelles.

— Non, Lav', il est vraiment trop tôt. Arrête.

Au lieu de lui répondre, il lui plaqua une bise sur la joue et quitta le lit, terminant de se préparer pendant que son partenaire commençait sa propre routine, rythmée par les jurons à chaque fois que ses yeux tombaient sur l'heure.

Quand il fut temps de quitter leur appartement, Link avait tout juste réussi à dompter ses épis après une toilette sommaire, récupérant son sac des mains de son ami, celui-ci verrouillant la porte derrière eux.

— C'est parti pour une nouvelle journée, déclara celui-ci d'une voix joyeuse.

— Je comprendrai jamais comment tu fais pour être du matin, grommela-t-il. C'est pas hylien. Un jour, je découvrirai ton secret, j'en fais la promesse.

— Mon secret, c'est une vraie bonne hygiène de vie. Ce concept qui t'est tant étranger, tu vois ?

Au lieu de lui répondre, il ouvrit la voie, les poings enfoncés dans les poches et traînant les pieds, tout en lui criant la fatigue, surtout dans les cernes qu'il n'avait pas pu cacher comme à son habitude.

Leur trajet jusqu'à l'université était majoritairement silencieux, en-dehors des échanges nécessaires et banal du quotidien, où ils se quittèrent après un dernier baiser.

La journée était froide et Link ne put que regretter d'avoir eu à quitter son matelas confortable et sa literie encore chaude, surtout lorsqu'il dut s'asseoir sur les bancs glacés à chaque matière, frissonnant de bout en bout.

Et il regretta d'autant plus quand il rejoignit leur appartement, le souvenir de la panne lui revenant à l'esprit.

— T'as passé une bonne journée ?

— … T'as ressorti le lapin ?

— T'as eu le mémo sur la température ? C'est la meilleure idée actuellement. L'étape suivant, c'est de lancer le four et de laisser la porte ouverte.

— Tu me fais une petite place ?

Au lieu de lui répondre, il écarta la couverture pour l'inviter à le rejoindre, ce qu'il fit, se roulant en boule contre lui, à la recherche de chaleur.

— Des nouvelles du proprio ?

— Comme d'hab', il ne comprend pas pourquoi le chauffagiste ne s'est pas pointé comme il l'avait promis et nous conseille de serrer les dents. Compte pas sur un geste amical de sa part. Si on branche des radiateurs électriques, on n'aura pas de réduction sur le loyer.

— Ce gars est une foutue pince, grogna Link.

Il s'était enroulé dans une autre couverture, en plus de celle dont il l'avait couvert, blottit contre son petit ami, regardant par-dessus son épaule, confus par ce qu'affichait l'écran de son ordinateur.

— Mais au moins, on n'est pas loin du campus, alors mettons notre mouchoir dessus.

Ils se turent, Lavio continuant de taper sur son clavier avec concentration, sous l'observation de son ami.

— Tu travailles sur quoi ?

— Tu veux vraiment le savoir ou tu veux juste parler ?

— … Ouais, parler.

La dernière fois qu'il avait tenté de lui expliquer en quoi consistait son champ d'étude, Link avait eu l'impression de sentir les tentatives de fuite de son cerveau, submergé par toutes ces inconnues et, depuis, avait pris l'habitude de rester superficiel dans ses questions sur le déroulement de sa journée, après avoir avoué son incapacité à saisir son domaine d'intérêt.

Lavio sourit simplement, pressant ses lèvres contre la courbe de son front, puis entreprit de raconter ses cours, mais côté élève, pas leur contenu. C'était le compromis qu'ils avaient trouvé après plusieurs frictions naissant de leur incompréhension mutuelle sur les études de l'autre.

— T'as encore oublié ton Tupperware, avoue, le taquina-t-il à un moment.

— Quoi ? Absolument pas ! se défendit l'hylien.

Mais il perdit toute crédibilité en croisant les yeux verts pétillants de malice.

— Okay, qu'est-ce qui m'a vendu ?

— Tu l'as encore oublié. Et comme mon nom est noté dessus, il m'a été rapporté.

Il ricana en l'entendant gémir. Aussi carré et organisé qu'il pouvait être, Link était un vrai tête en l'air sur beaucoup de choses, dont ses repas et ce qui pouvait les constituer. Il avait bien vite appris qu'il ne fallait jamais lui confier les courses alimentaires, il était capable de revenir les mains dans les poches, égarant le cabas au passage, de manière parfaitement innocente.

Pour se venger, le moqué leva le bras pour tirer sur une des oreilles molles comme s'il essayait de les arracher, ce qui provoqua un cri aigu de protestation et une tentative maladroite de lui faire lâcher prise sans abimer l'élément pelucheux mais aussi sans jeter au sol l'ordinateur portable et ses cours des dernières années enregistrés dans sa mémoire.

— Non, mais, sérieusement, comment en es-tu venu à choisir un lapin violet ? Je n'aurais jamais cru que ça existait, de prime abord, et surtout, je me serais plutôt attendu à ce que ça n'existe qu'en taille enfant !

— Hé ! Est-ce que je remets en doute ton ours bleu, moi ?

— Moosh est un choix parfaitement adulte !

Il eut beau croiser les bras et redresser la tête, le nez en l'air, il était peu crédible dans sa posture dédaigneuse et la perdit d'ailleurs rapidement quand un coude pointu le cogna dans les côtes, lui vidant les poumons au passage.

— Dois-je t'appeler « mon gros nounours », dans ce cas ?

— Essaye seulement, et je me charge du dîner.

La menace étant parfaitement sérieuse - en plus d'effleurer une compétence inexistante - il préféra clore son bec d'une façon audible, reprenant ses calculs.

À ses côtés, Link commençait lentement à sombrer. Il savait qu'il ferait mieux, lui aussi, de passer quelque chose de plus chaud, ne serait-ce que ces ignobles mais si douillettes chaussettes en laine que lui avait envoyé sa grand-mère, mais ça signifiait abandonner la chaleur conjointe de la couverture et des côtés de Lavio, traverser la froideur de l'appartement, se déshabiller… Non, franchement, le résultat ne valait pas autant d'effort.

Il s'installa plus confortablement, ignorant les claquements de langue qui lui étaient adressés en réaction aux mouvements qu'il lui imposait, envisageant l'option d'une petite sieste afin de rattraper sa grasse matinée écourtée.

Quand il rouvrit les paupières, il était seul, solidement saucissonné par tout ce qu'ils possédaient en plaid, allongé sur le canapé. Toutes les lumières étaient éteintes et par la fenêtre, il était possible de capter la lueur des réverbères. Il ne faisait pas foncièrement très tard, mais il l'était suffisamment pour que son colocataire soit allé se coucher.

Un court instant, il envisagea de nouveau le trajet jusqu'à sa chambre afin de jouer le ver dans son cocon sur son propre lit (trop de risque de chutes sur le divan), mais il n'était pas plus motivé, même s'il restait dans sa carapace de polyester et de laine.

Sauf que sa vessie commençait à se faire connaître…

Aller dans la salle de bain faillit l'achever et il battit des records de vitesse pour se glisser auprès de Lavio, dans le lit de celui-ci, frissonnant et s'enterrant dans la literie comme un tout petit voulant s'échapper du monstre qui souhaitait le manger.

— Je dois appeler Ghostbusters ou le chauffagiste ? commenta platement le colocataire des lieux, plongé dans sa lecture du soir.

Il perdit sa ligne quand un coup de pied brouillon atterrit douloureusement contre son tibia.


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