En sécurité

« Combien de temps ? demanda Christopher. »

Eddie avait amené Buck dans le seul endroit qu'il connaissait, où il serait parfaitement en sécurité : chez lui. Il avait paré au plus pressé pour que le jeune pompier soit introuvable.

Athena elle-même ignorait où ils se trouvaient.

Mais cela voulait aussi dire que Christopher devrait rester chez sa tante Pepa, jusqu'à ce que cette affaire soit réglée.

Eddie avait dû réfléchir vite et les deux heures de route qu'ils avaient passé à rouler à travers la ville, afin de semer toute personne ayant dans l'idée de les suivre, avaient largement contribué à lui faire élaborer un plan qui tenait la route.

La voiture de Buck était reconnaissable et il l'avait caché dans le garage, après avoir déconnecté tout système de traçage dont elle pouvait faire l'objet. L'un des trois était celui de l'assurance et un second l'œuvre d'Athena, elle-même, dont Buck connaissait l'existence.

Le troisième était inconnu des deux et Athena était en train de remonter la source du vendeur avec le numéro de série.

Buck était sonné après avoir découvert que son appartement avait été visité.

Athena avait été vérifier sa serrure mais elle n'avait pas été endommagée, la harceleuse de Buck avait sans doute réussi à obtenir un double, comme pour sa voiture et c'était terrifiant. Et encore, Eddie ne lui avait pas dit que son téléphone était lui-même équipé d'un traqueur facilement téléchargeable sur internet.

Il l'en avait débarrassé avant de l'éteindre et de le ranger dans son coffre-fort, avec son arme de service. Buck n'avait pas sourcillé d'être amputé de son téléphone, ce qui d'après sa mère, témoignait de son état de choc.

Eddie avait essayé de lui proposer de manger mais Buck s'était juste allongé quelques heures, après qu'il lui ait proposé sa chambre. Il avait bataillé quelques minutes mais Eddie avait prétexté que de toute façon, il ne dormirait pas vraiment jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée et hors d'état de lui nuire.

Il avait été le réveiller une heure plutôt et il avait fait semblant de ne pas remarquer ses yeux rouges et les traces de larmes séchées sur ses joues. Eddie avait seulement envie de le prendre dans ses bras et de lui assurer que personne ne lui ferait du mal.

Buck avait demandé s'il pouvait prendre une douche et Eddie l'avait laissé, le temps de lui préparer un sandwich. Puis, Buck était réapparu, encore humide, habillé seulement d'une serviette autour des hanches et Eddie avait été perturbé.

Très perturbé.

Buck était beau oui, mais aussi très bien bâti et Eddie s'était laissé envahir par une puissante vague de désir. Buck semblait incertain, dansant d'un pied sur l'autre, en indiquant qu'ils n'avaient pas, dans leur hâte à fuir son loft, pris de quoi se changer pour lui.

Eddie avaient alors repris le dessus et était allé lui sortir certains de ses vêtements les plus ample. Le gars n'était que légèrement plus grand que lui mais ses muscles étaient... plus développés que les siens.

Il l'avait donc laissé s'habiller dans la chambre et avait appelé son fils pour se calmer avant de faire quelque chose de stupide et de non approprié comme épinglé ce type sur son lit, ce qui avait eu l'effet escompté.

– Je ne sais pas encore, peut-être quelques jours. Je sais que j'avais promis d'être là plus souvent mais Buck est vraiment en danger. Quelqu'un est entré chez lui quand il n'était pas là et il a peur.

« Buck ? Quel genre de nom est-ce ? »

– Christopher !

– C'est un surnom, en fait, affirma la voix de Buck dans son dos, le faisant se tourner vers lui.

Voir Buck porter ses vêtements lui faisait quelque chose aux tripes, sans mentir.

Le jeune homme fit un geste de la main à l'écran de façon tout à fait craquante et Eddie lui fit signe de venir les rejoindre. Buck s'installa à ses côtés et Eddie partagea son ordinateur pour que Christopher puisse le voir, essayant d'ignorer comment ils se touchaient des épaules jusqu'aux genoux.

– Chris, je te présente Buck. Buck, mon fils Christopher.

– Oh et bien tu es l'artiste de la maison, affirma Buck. Je me disais que tous les dessins sur le frigo ne pouvaient pas être de ton père. Je ne pense pas qu'il soit aussi doué.

Christopher se mit à rire et confirma qu'il en était bien l'auteur.

« Alors, pourquoi on t'appelle Buck ? demanda son fils. »

– Chris, le prévint-il.

– Non c'est bon, ça va, lui assura Buck. En fait, je m'appelle Evan Buckley Carter Nash. Ouais, ça fait beaucoup, confirma-t-il en grimaçant. Buckley, c'est mon deuxième prénom. Je ne l'aime pas trop non plus mais quand j'étais au collège, il y avait trois Evan dans ma classe. Ils ont commencé à m'appeler Buck et en fait, j'aime bien.

« C'est cool, confirma Christopher. »

Eddie les observa quelques minutes interagir l'un avec l'autre comme s'ils le faisaient depuis des années et il aimait beaucoup la façon dont ça résonnait en lui.

Il était lucide.

Buck lui plaisait et la seule raison pour laquelle il ne l'avait pas encore invité à sortir, c'était parce qu'il devait le protéger. Ça et aussi Athena que le tuerait certainement s'il le faisait souffrir d'une manière ou d'une autre. Pas qu'il ait l'intention de le faire alors il était prêt à prendre le risque.

Et malgré ce que Buck disait, il savait qu'il lui plaisait.

– Ça va être l'heure, mijo.

« Je sais, soupira-t-il. Est-ce qu'on pourra aller à l'aquarium ce week-end ? »

– Nous y avons été la dernière fois, lui rappela-t-il. Tu ne voulais pas allez au zoo ?

« Je veux revoir les requins, affirma-t-il. Ils sont tellement cool. »

– Je suis d'accord, confirma Buck. Les requins sont cool. Mais, je préfère les raies Manta.

« Oh papa, Buck pourra-t-il venir avec nous ? »

– Chris, mon pote, commença-t-il. Buck a peut-être d'autres projets...

– Je... Non, je veux dire pas de projets, mais je...

– Alors viens, le coupa Eddie.

Buck eut un sourire magnifique avant de se tourner vers la caméra.

– Avec plaisir, mon pote.

Ils lui dirent au revoir et Eddie posa l'ordinateur sur la table basse.

Buck se tourna vers lui et baissa les yeux sur ses mains, se regardant s'arracher les cuticules.

– Merci, souffla-t-il. Pour me protéger, pour les vêtements, pour... pour tout en fait.

– Buck, le rappela-t-il pour le forcer à relever les yeux sur lui. Avec plaisir. Est-ce que tu as faim ?

– Euh ouais. Je pourrais manger.

Eddie lui sourit et ils se dirigèrent dans la cuisine où Buck s'empara d'un premier sandwich qu'il dévora sans demander son reste.

L'appétit lui était revenu et c'était une bonne chose.

– Alors ? Buckley, hein ?

– Euh... ouais, rougit-il. Pas tout à fait mon deuxième prénom. En fait, c'était le nom de ma famille biologique. Mes parents voulaient que je garde le lien, même après ce qu'ils ont fait.

– Quand ils t'ont abandonné ? demanda Eddie.

Buck fronça les sourcils comme si, il lui était poussé une deuxième tête.

– Euh... quand ils ont essayé de me tuer, Eddie. Attends, tu n'as pas lu mon dossier ?

Choqué, Eddie ne put que hocher la tête par la négative.

Il détestait lire des dossiers, il préférait apprendre à connaitre les gens en leur parlant, en collectant lui-même les informations. Ça rendait le profil beaucoup plus pertinent.

– Ouais, et bien ils se sont... suicidés, en fait. Ils ont foncé dans un ravin avec leur voiture. Mads et moi... On était à l'arrière.

– Buck, je...

– Ça va. Je ne me souviens pas d'eux. Maman ne veut pas en parler, peut-être parce qu'elle était la première sur place. Papa est arrivé après avec son équipe de l'époque. Mais tu sais, j'ai été chanceux. J'ai eu les meilleurs parents du monde à mes côtés pendant toute ma vie.

Eddie se contenta de lui sourire, en le regardant engloutir un second sandwich.

Buck avait été chanceux de s'en sortir, chanceux d'avoir des parents comme Bobby et Athena et Eddie se trouvait chanceux d'avoir rencontré quelqu'un comme lui.

Athena avait raison.

Buck méritait tout l'amour du monde et Eddie était plus que disposé à le lui donner.